Chapitre 2 : Le secret de la Cité

Accompagnée de la prêtresse Daï, La conquérante de Dol Khamur prit la direction de la salle aux trésors, là où étaient entreposées toutes les richesses de la Cité désormais sous son contrôle.

Les combats s'étaient arrêtes il y a peu, se concluant par une victoire qui avait coûté cher en vie humaine. Bien que la Reine Orientale ne l'avouerait jamais à quiconque, cette décision d'attaquer aussi tôt l'ancienne capitale n'émanait pas totalement d'elle. Sa capture, bien qu'indispensable à son règne sur le long terme, n'était il y a encore quelques semaines pas dans ses projets immédiats. Si l'Ordre des Sayyadina n'avait pas autant insisté, il était certain qu'elle aurait encore attendu plusieurs mois avant de lancer l'attaque. Agir aussi précipitamment n'était pas dans ses habitudes, elle qui aimait planifier minutieusement toutes ses campagnes. Seulement Les Sœurs étaient devenues au fil du temps des alliées trop importantes pour rester sourde à leurs revendications. Une telle demande l'avait tout de suite intriguée, sachant qu'il y avait toujours une raison derrière les actions de cet Ordre aussi ancien que secret.

L'Honorée Matriarche Bénézia, la plus haute représentante Sayyad'nuur, s'était même déplacée en personne pour lui demander cette faveur. En contrepartie, et bien qu'elle en ignore tous les détails, cette dernière lui assurait d'être en mesure de lui fournir le moyen d'unifier sous sa seule bannière les Cité-Etats. Comment refuser une telle proposition tout en sachant qu'un refus risquait de lui faire perdre leur appui ?

Alors elle avait obtempéré, avançant ses plans au risque de subir plus de pertes que prévues.

Durant leur marche, les deux femmes croisèrent plusieurs soldats de la Reine en faction qui s'inclinèrent à leurs passages. Bien que difficile, cette bataille restait un coup d'éclat dans son ascension au pouvoir. Sa vision d'un Empire de l'Est uni était en bonne voie pour s'accomplir... Une vision que partageaient les Sayyad'nuur. Après tout c'est aussi grâce à elle que la guerrière en était arrivée là où elle était. Leurs conseils et leurs ressources avaient souvent était décisifs dans la guerre qu'elle menait.

En plus de la capture anticipée de Dol Khamur, l'Honorée Matriarche avait n'avait exigé qu'une chose : qu'on lui laisse emporter un objet bien particulier qui y était gardé.

Malgré son instance elle n'avait jamais eu la nature de ce que la Matriarche convoitait. Ludmilla pensait qu'il devait s'agir d'un artéfact magique. Un anneau peut-être ? Dans tous les cas elle avait donné sa parole et la respecterait.

Lorsqu'elles arrivèrent à destination, les deux Orientales entrèrent dans la salle. Elle était assez spacieuse, disposant de plusieurs grandes tables où de l'or et des bijoux étaient entassés. Plusieurs râteliers d'armes étaient pourvues d'anciennes armes aussi diverses que variées : allant de la lame Elfique à des amures antiques.

Bien que subjuguée par ce spectacle, Ludmilla gardait un œil sur la Sœur, attentive à ce qu'elle était venue prendre.

- Comme convenu vous pouvez choisir l'objet de votre choix.

- De mon choix... Murmura l'Orientale. Quelle qu'en soit sa nature...

- J'ai donné ma parole, confirma Ludmilla. Choisissez, mais n'oubliez pas ce que vous m'avez également promis.

La prêtresse hocha la tête avant de se mettre en quête de ce qu'on lui avait ordonné de récupérer. Très vite elle le repéra. Ce que l'Orientale cherchait se trouvait là, posé sur un cousin en velours de couleur écarlate : de loin semblable à deux gros rochers recouverts d'écailles en forme d'œufs. Lorsque Ludmilla comprit ce que c'était, elle lâcha :

- Des dragons...

Daï acquiesça.

- Dol Khamuur protégeait les derniers existants.

- Sont-ils viables ?

- Avec notre bénédiction oui... Et celle de Tavya. Ces œufs n'ont pas été corrompus par le Seigneur Noir. Ils sont l'avenir de l'espèce. Un avenir que nous partagerons avec eux.

La Sœur en prit un pour le donner religieusement à la Reine.

- Voici ce que la Matriarche vous a promis : le moyen d'assurer votre règne. Votre fils en sera le dragonnier le moment venu.

- Mon fils ? répéta Ludmilla.

- Votre héritier à naître, confirma Dai avec un sourire. Les Visions de la Matriarche sont claires sur ce sujet. Vous le portez actuellement. Mes félicitations.

Déstabilisée par cette annonce, Ludmilla caressa instinctivement son ventre pendant que la Sœur prenait possession du second œuf.

- Que faites-vous ?

- Vous avez donné votre parole que nous pourrions prendre un objet de cette salle.

- Qu'en ferez-vous ? demanda-t-elle soupçonneuse.

- Rien qui ne peut vous inquiéter. Vous êtes la Ory'Shya, celle qui est destinée à unifier l'Est et à la protéger.

L'idée que les Sœurs disposent d'un dragon était une source d'inquiétude pour la Reine mais se garda de s'y opposer. Elle ne pouvait pas contrarier de tels alliés cependant la Reine serait vigilante. Les plans des Sœurs restaient trop flous à ses yeux et elle n'était pas de celle qui accordait une confiance aveugle. Pour le moment Ludmilla avait d'autres choses à méditer. La naissance d'un héritier serait une bonne chose mais remettait également en cause certains de ses projets... Sans compter ce dragon. Ces créatures étaient difficiles à cerner et peu fiables la plupart du temps. Allait-il devenir un fléau ou un atout dans sa guerre ? Comment contrôler un cracheur de feu ?

L'avenir seul le dirait.