Je continue de garder le rythme (à peu près 1 chap/jour) pour prendre un max d'avance avant que la saison 3 de Wow ne commence car j'aurai un peu moins de temps. Si je continue sur cette lancée, j'essaierai de poster 2 chap par semaine, les mercredi et dimanche. À vos agendas !
Dites, je suis la seule à m'ébahir devant la totale absence de fandom sur ce site concernant BG3 par rapport au déferlement de succès que ce jeu a ? Ou alors c'est que côté américain/anglais ? Je pensais que ce site allait crouler sous les fics mais non... Juste ahurissant.
Journal des reviewers :
Seulie : Oui, elle a plus de ressources que je ne laisse voir mais ça va venir très très vite. Peut-être dans ce chapitre... ?
RingoLemonadeCandy : Ah, je me demandais quand j'aurai de tes nouvelles:) Car oui, je sais que tu as mis une alerte ! Hé hé hé ! Un grand merci en tout cas. Chaque review me redonne confiance et encore plus l'envie d'aller jusqu'au bout. Silesta, une barde... Hmmmm * insérer voix de Raphaël * Une hypothèse très très intéressante. MAIS ! Il faut savoir que j'aime la difficulté. Je ne ferai rien d'aussi évident et conformiste :)
Jennalocked : Et voilà ma dernière alerte cachée ! Bienvenue à bord et grands mercis ! Woputain, une fan d'Astarion, j'ai intérêt à assurer pour ne pas te décevoir ! (Dis, ton homme ne serait pas le youtuber Krayn ? Il l'appelle aussi comme ça dans sa run lol). En tout cas, ravie d'avoir pu t'accrocher à mes délires ! Prends un siège et on est re-partis !
On commence tranquillou, avec quelques ébauches de réponses ici et là.
CHAPITRE IV – PETIT PAS...
Même une fois allongée sur son lit de fortune, Silesta ne put se résoudre à dormir tout de suite en dépit de l'épuisement qui la terrassait. Sa tête et son corps étaient de véritables feux d'artifice qui explosaient sans relâche, mis à feu par tous ces événements. Son regard allait et venait d'étoile en étoile tout en ressassant ce qui l'avait conduite là où elle était en cet instant. Elle eut la belle surprise de réaliser que la perspective de dormir à la belle étoile ne l'effrayait nullement, bien au contraire. Ce drapé céleste impénétrable piqueté de petits diamants lointains lui inspirait une beauté ineffable et presque familière ? Cet émerveillement naturel lui procurait une douce sensation d'aisance qui lui fit un bien fou. Sa bouche se fendit d'un immense sourire. Elle en était convaincue au plus profond d'elle : la nuit faisait partie de sa vie oubliée.
Sa joie se fracassa tout à coup sur une grimace.
« Si ça se trouve, Astarion a raison. Je suis peut-être une félonne qui s'en prend aux autres dans les ombres ? »
Elle serra les poings sur son thorax. Non. Non, non, non. Et quoi qu'en dise le rire aux intonations sadiques de l'elfe qui résonnait dans un coin de son esprit. Elle n'était pas une meurtrière, une mercenaire ou toute forme de renégate dangereuse.
Mêlées aux roulis de l'eau non loin, ses pensées à la fois heureuses et confuses finirent par s'unir dans une sorte de bouillie psychique qui l'emporta de fatigue.
Ce qui aurait dû être des songes n'en furent pas. Ce n'était qu'un brouillard d'une étrange clarté d'un bleu argenté qui l'auréolait et la suivait si elle cherchait à s'en éloigner, lui refusant la moindre image. Il lui semblait parfois sentir quelque chose de froid et de visqueux s'enrouler autour d'un poignet ou d'une cheville et remonter jusqu'à son cou puis sa tête dans une étreinte dégoûtante. Quand elle portait la main à l'endroit de ce toucher ignoble, ses doigts se refermaient sur rien mais toujours la chose finissait par lui cercler le front et une pulsation nauséeuse la prenait. Sa larve était-elle en train de voyager dans son cerveau ?
Était-elle vraiment seule dans cette vapeur lumineuse ? Si ses yeux demeuraient aveugles, des échos aussi lointains que s'ils étaient murmurés depuis la lune se faisaient entendre. Pas plus qu'elle ne percevait de formes, Silesta ne décortiquait aucun son intelligible, aucune musicalité d'une langue connue. Pourtant, de ces mélopées entremêlées émanaient des sentiments et des sensations tout aussi indigestes et contraires, passant de la légèreté de l'insouciance à l'empressement. Tout à coup, l'oppression indicible d'une terreur incommensurable.
« Ah ! »
Silesta se redressa d'un bond avec la violence du diablotin qui sortait de sa boite piégée, aussitôt arrêtée par une brève mais vive douleur au crâne. La jeune femme gémit et se massa le cuir chevelu. Coincés sous le poids de son corps, ces longs cheveux avaient fait office de lien de rétention au moment où elle s'était redressée.
La surprise passée, elle se mit correctement sur son séant afin de reprendre son souffle, encore retournée par la violence de ce qui lui avait tordu les entrailles.
« Bonjour. Nuit difficile ?
_ Bonjour, je dirais plutôt réveil brutal », répondit Silesta à Gayle qui rassemblait ses affaires non loin.
Elle profita de ce retour au concret pour chasser au plus vite son malaise. Elle rejeta les cheveux argile qui retombaient sur sa poitrine et se mit debout, emplissant ses poumons d'une revigorante bouffée d'air frais. L'effet fut immédiat et la jeune femme se sentit pleine d'énergie, prête à affronter la suite.
Une forme ronde et rouge apparut brusquement au coin de son œil gauche. Sans même y réfléchir, le bras de Silesta pivota et ses doigts se refermèrent sur le projectile lisse et brillant. Une pomme ?
« Joli réflexe, la félicita Ombrecoeur en passant près d'elle tandis qu'elle ajustait sa masse à sa ceinture. N'en déplaise à certaines personnes. »
Un courant d'air glacé caressa le dos de Silesta, ce qui constituait une sacrée performance au vu de l'épaisseur de sa chevelure. Lae'zel avait sans aucun doute très bien entendu ce petit pique de la prêtresse, aussi douce et légère fut pourtant sa voix. Le voyage promettait d'être quelque chose.
La jeune humaine mordit avec plaisir dans son fruit et profita de la bouffée de sucre qui emplit sa bouche, promenant son regard sur le camp et ses compagnons qui se préparaient.
Elle avala difficilement et le morceau de pomme sembla tomber directement au fond de son estomac. Préparaient leurs armes. La gifle de la réalité de sa condition fit mal : elle n'était pas plus avancée sur ce qu'elle pouvait apporter aux autres et cela ne ferait que la frustrer. Elle se sentait inutile. Gauche et inutile.
La vision de la queue de cheval tressée battant la nuque d'Ombrecoeur l'interrompit.
« Ombrecoeur ? »
La demi-elfe s'arrêta et se tourna vers Silesta d'un air interrogateur. Quelle détermination dans la voix.
« S'il vous plaît ? » lui demanda l'humaine en lui présentant une épaisse poignée de cheveux.
L'ombreuse prêtresse considéra sa requête silencieusement. Ombrecoeur était le contraire d'Astarion, toujours parée d'une janséniste retenue - quand d'autres pourraient dire une élégante hautaineté. Et pourtant, de ses traits délicats émanait une fragile douceur que Silesta ne savait à quoi l'attribuer. Ses gènes elfiques qui modelaient sa beauté ? Ou quelque chose de plus enfoui en elle ? Toujours était-il que Silesta aimait bien son alliée car elle lui inspirait une présence apaisante. Elle l'apprécia encore plus lorsque cette dernière lui rendit un sourire amusé.
« Approchez. »
Ni une ni deux, l'infortunée Raiponce prit place sur le tronc de bois flotté et jeta dans son dos d'un geste impatient la masse cannelle qu'elle tenait. Elle ne voulait plus de cette entrave qui ne ferait que lui créer des problèmes en l'état. À quoi pouvait-elle bien penser dans sa vie passée pour s'infliger cela ? Les questions sans réponse reprirent leur cheminement pendant que la jeune femme brune s'affairait à lui tresser les cheveux pour plus de facilité.
Le cliquetis d'une armure en mouvement leur parvint petit à petit jusqu'à les dépasser.
« Chk, pesta Lae'zel avec dédain en toisant les femmes de haut en bas avant de porter la main à sa ceinture. Je veux bien même vous aider, mais il va falloir vite, très vite, faire bien mieux que cela. »
À la parole, la githyanki joignit le geste en lançant en direction d'Ombrecoeur le fourreau d'une dague qu'elle venait de détacher. Les dents et les poings serrés, Silesta ne remua pas d'un muscle pour tenter d'attraper ou esquiver l'arme. Une bouffée d'amertume teintait sa bouche. Ce n'était pas tant l'animosité de Lae'zel envers elle qui la faisait bouillir mais surtout le sentiment d'incertitude qui flottait avec persistance autour de la moindre pensée qui s'apparentait à sa mémoire perdue. Malheureusement, son ressentiment silencieux devait ressortir de façon bien plus outrancière qu'elle ne le voulut une étincelle de défi embrasa tout à coup les iris citrine de la guerrière à la peau verte. Elle avait mal interprété.
« Mais qu'est-ce que vous faites ? »
La voix tragique d'Astarion mit aussitôt à quia les ébauches de tension qui menaçaient de s'enflammer. L'elfe approcha les femmes à mesure qu'il finissait de boutonner sa veste.
« Cela me paraît évident », répliqua Ombrecoeur en glissant la dague derrière la tresse rousse qu'elle tenait de l'autre main.
Silesta sentit la natte tendre son cuir chevelu puis un son de froissement métallique effleura sa nuque. La légèreté qui en découla fut un délicieux soulagement pour la jeune femme. À la vue de la tresse coupée au sol, Astarion porta la main à son cœur dans un drapé d'affliction dramatique.
« Couper les cheveux d'une dame, la source première de sensualité. Un tel gâchis. Les femmes aux cheveux courts manquent de ce je-ne-sais-quoi si particulier. Elles sont plus... enfin, moins... hésita-t-il d'un air pensif. Tenez, regardez Lae'zel par exemple! »
Silesta et Ombrecoeur firent aussitôt volte-face vers la githyanki qui fusillait l'elfe d'un œil noir.
« Lae'zel a quand même des cheveux longs... bredouilla la demi-elfe, incertaine.
_ Mais regardez-la quand même ! »
La notion de suicide oral n'avait jamais été aussi concrète si l'on en jugeait l'électricité qui irradiait de la guerrière prête à s'adonner à un odieux crime. Ce fut à ce moment-là que Gayle appela la petite troupe à finir de se préparer, ce qui fut l'interruption providentielle. D'une redoutable et rapide agilité, Astarion profita de cette diversion opportune pour attraper Silesta par la main et l'entraîna en quelques enjambées félines loin de l'épicentre des tensions. Ce fut à peine si sa captive avait eu conscience qu'il l'emportait.
« Que.. ?
_ Votre impatience est compréhensible mais prudence, lui glissa-t-il dans le creux de l'oreille. Pour l'instant, vous n'êtes pas prête à montrer les griffes. Concentrez-vous déjà sur ce qui vous êtes et non sur ce que vous êtes. Voyons un peu le résultat à présent. »
Une légère pression dans son dos la fit se tourner face à lui et la seconde suivante, Silesta sentit le flot de ses cheveux tout à coup dénoués s'éparpiller dans son dos et sur ses joues. Elle ne remarqua pas tout de suite qu'à présent ils dépassaient la clavicule elle était trop sidérée tant par l'imperceptibilité quasi aérienne du geste que par la profondeur des iris lie-de-vin d'Astarion dans les siens. Le cœur légèrement battant, la jeune femme retint sa respiration tandis qu'il détaillait sa nouvelle apparence. Ses yeux lui apparurent plus grands maintenant que le feu de ses cheveux ne monopolisait plus toute l'attention. Un ciel gorgé de pluie à l'arrivée de l'automne.
Il finit par détourner son attention d'une joue à l'autre de Silesta puis opina du chef.
« Juste ce qu'il faut. Cela étant, s'il vous plaît, rendez-vous service et mangez. On distingue vos veines de vos os. »
Ce fut sur ce « conseil » - qui sonnait plutôt comme un reproche presque dégoûté – qu'Astarion laissa une Silesta pantoise. Elle le suivit du regard et son corps d'abord raidi laissa tomber toute la tension dans ses chevilles. Que venait-il de se passer ? Devait-elle se réjouir d'avoir à présent la tête complètement vide ou devait-elle au contraire s'en inquiéter ? Elle lissa sa joue du bout des doigts. Il n'avait pas tort hélas, elle était maigre. Il était de plus en plus clair que le mystérieux elfe à la chevelure de neige n'avait aucun filtre sur ce qui lui passait par la tête. Quant à la forme...
Silesta se mordit le coin intérieur de la lèvre. Aussi étrange que cela pût paraître, ce curieux échange avait éveillé en elle quelque chose. Un sentiment ténu d'espièglerie, presque de jeu. Il était difficile de mettre le doigt dessus. Mais quelque chose lui disait que la large palette de couleurs caractérielles de cet homme ne faisait que commencer à l'intriguer. Peut-être s'agissait-il de la faible effluve d'un reste de passé ?
« Ce qui je suis... »
Le groupe d'aventuriers reprit son périple peu de temps après en même temps que le soleil entamait son ascension au-dessus de l'horizon. Le frais de la nuit s'évanouit au profit d'une douce chaleur qui ne ferait que monter et la nature environnante s'éveillait à son tour. Clairsemé du chant de différents oiseaux, le bruissement des arbres répondait au vent et le ronronnement de l'eau s'éloignait. Nos cinq compagnons d'infortune gardaient le silence pendant qu'ils marchaient. Il était inutile de converser, leur objectif n'avait pas changé : trouver ce campement évoqué par les tieffelins pour trouver un remède.
Silesta talonnait Gayle et Lae'zel qui ouvraient la marche, scrutant autour d'elle de temps à autre et prenait garde à ne pas trébucher. Il fallait dire que la robe qu'elle portait ne lui facilitait pas la tâche. Elle n'était pas à l'aise dans ce vêtement trop ample qui ne la laissait pas libre de ses mouvements. Cela ne lui correspondait pas. Elle se mit un point d'honneur à essayer de trouver autre chose de plus confortable dès qu'elle le pourrait.
Ses yeux gris perdus dans le vague se recentrèrent sur le dos de Gayle et une question lui parvint.
« Gayle, y a-t-il un moyen pour moi de savoir si je sais faire de la magie ?
_ La question pourrait paraître étrange si ce n'était pas vous qui me la posiez, répondit le magicien avec un coup d'œil par-dessus son épaule. La magie peut s'apprendre, certes, mais sa maîtrise se ressent. C'est une communion complète du corps, de l'âme et de l'esprit. Je pourrais vous faire tout un cours sur ce sujet. Votre interrogation est légitime mais vous devriez juste laisser parler votre mémoire sensorielle qui sera la plus susceptible de revenir en premier.
_ Ma mémoire sensorielle ?
_ Votre corps. Tout ce que vous avez accumulé dans votre vie et qui est resté gravé dans votre chair et vos sens. Un parfum, un son, une sensation. Vos traits de caractère aussi. Ils sont en grande partie construits sur ce qui traverse notre vie mais demeurent innés au fond.»
Silesta se tut un instant et constata qu'elle avait déjà plus ou moins expérimenté ce qu'il décrivait.
« Pourrait-on quand même vérifier ? Histoire d'être sure ? »
Elle désirait du concret, même négatif ; quelque chose sur laquelle s'accrocher avec un peu d'espoir. Gayle décela la pointe d'imploration dans ses mots et opina du chef sans se défaire de son assurance.
« D'accord, cela ne coûte rien. Essayons quelque chose de très simple. » Il ouvrit la paume devant lui. « Sol invictus.»
Une lueur orangée naquit et se concentra pour former une flammèche sans chaleur. Elle ondula quelques secondes puis mourut quand il referma ses doigts dessus. Silesta acquiesça en signe de compréhension et ferma les yeux, mains ouvertes – au point où elle en était, autant multiplier les chances – et récita la formule de la façon la plus juste possible.
Hélas, rien ne se produisit. Pas de frisson dans le corps pas plus qu'une flamme entre ses doigts. Le calme environnant devint lourd tout à coup.
« Je ne m'attendais pas vraiment à quelque chose et pourtant je suis déçu », soupira Astarion avec une pointe non dissimilée de moquerie.
La jeune femme rousse se résolut à prendre une inspiration silencieuse pour se retenir de répliquer à chaud. Elle préféra remercier Gayle et s'essaya à une plaisanterie : au moins, il conserverait son titre du plus grand magicien.
« Je suis désolé, regretta ce dernier. Je devine votre déception.
_ Ne le soyez pas. Si je ne peux user de la magie, je peux apprendre autre chose, au moins pour me défendre. Astarion pourrait m'enseigner quelques techniques à la dague par exemple. »
Elle gratifia l'intéressé en question d'un grand sourire sournois et un haussement de sourcils moqueurs. L'effet escompté ne se fit pas attendre :
« Excellente idée, encouragea aussitôt Lae'zel. Elle n'a pas la carrure ou la force pour manier des armes lourdes.
_ Excusez-moi mais je ne suis pas une nourrice ! s'insurgea le maître d'armes désigné.
_ Avez-vous autre chose de plus urgent à faire en attendant que l'on trouve un remède ? » ironisa Ombrecoeur.
Silesta se délecta de sa petite vengeance et offrit à l'elfe fulminant une révérence en guise de remerciement pour sa « collaboration ». Ce dernier n'eut d'autre choix que de s'y résoudre et félicita sa coéquipière d'un rictus carnassier. Petite maline...
« Il semblerait bien que le processus mémoriel ait déjà commencé, grinça-t-il d'une voix qui se voulait affable mais ne trompait personne. Espérons que votre agilité soit à la hauteur de votre insolence. Si nous essayions ? »
Sur ces mots, le roublard dégaina ses lames et attrapa la jeune femme dans le dos comme un voleur des rues bondirait sur un noble à détrousser, lame à la gorge. Le cerveau de Silesta ne fit qu'un tour et ses mouvements lui échappèrent. Elle vit son bras se plier et s'abattre avec force droit dans les côtes de son assaillant. Alors qu'Astarion étouffait une exclamation de douleur, son élève se libéra du bras qui la retenait et s'extirpa sur le côté avec en prime un magnifique croc-en-jambe qui acheva de lui faire perdre l'équilibre. L'elfe avait de l'expérience, ce ne fut pas assez pour le mettre complètement au sol mais il avait un genou à terre lorsque il leva son regard grenat sur Silesta. Lequel des deux semblait le plus surpris, impossible de le dire.
« Ho ho ho ! Ça, c'était bien envoyé ! » applaudit Gayle qui se retenait de rire.
Encore stupéfaite autant par l'attaque surprise que par son issue, Silesta proposa sa main à Astarion pour l'aider à se relever mais celui-ci préféra le faire seul en époussetant sa veste. Son expression était indéchiffrable.
« Vous savez vous défendre à croire que vous avez déjà fait de mauvaises rencontres. C'est assez pour déstabiliser et fuir un assaillant peu doué. Si j'y étais allé sérieusement, j'aurais fait de vos entrailles un tapis. »
Elle essaya de démêler le compliment de la menace, incertaine. Il était diablement sérieux. Était-ce un fond de cruauté réelle habilement tapie derrière un masque de calme ou une vexation égoïste de s'être fait avoir ?
« Alors, je compte sur vous pour m'en apprendre plus et que cela n'arrive pas. Désolée pour le coup dans... Astarion ? Vous allez bien ? »
Il n'écoutait plus son attention s'attardait ailleurs sur elle dans une tension palpable. L'humaine suivit son regard et remarqua que le revers de sa main était rayé d'un fin filet de sang. Elle avait dû se blesser dans sa cabriole.
« Ah, ce n'est rien du tout, assura-t-elle en enroulant sa main dans un pan de sa robe. Ça ne fait même pas mal.
_ Fort bien, répondit Astarion d'un air étrange en la dépassant sans un regard. Si la leçon est terminée, j'aimerais me re-concentrer sur le moyen de me débarrasser de ma larve avant de finir en poulpe. »
La jeune femme le laissa s'éloigner en silence, un peu dépitée. Ce qui venait de se passer était tellement étrange à bien des égards. Elle ne connaissait son compagnon de route que depuis peu et pourtant il était tellement changeant que c'était comme si elle l'eût fréquenté toute une vie. Quel homme bien mystérieux. En avait-il encore beaucoup caché dans le revers de sa manche ?
La voix revêche de Lae'zel la rappelant à l'ordre parce qu' « elle lambinait » la tira aussitôt de ses pensées et la fit se hâter à petites foulées vers le groupe plus loin. Silesta était remontée à bloc. Gayle et Astarion avaient raison : sa mémoire physique était là, quelque part et prête à se dévoiler. Si elle se débloquait, pourquoi le reste ne suivrait-il pas ?
Les aventuriers poursuivirent leur route vers le nord, slalomant entre des chemins couverts de végétation et des sentiers caillouteux bordés de roche calcaire. Par chance, le hasard mit au détour d'un carrefour les vestiges d'une charrette détruite sans doute par une attaque de pillards mais avec encore quelques caisses à son bord. Quand elle les vit, Silesta se dépêcha de grimper sur l'attelage et s'affaira à fouiller leur contenu. Hélas, elle ne trouva que deux bouts de ficelle bons pour des lacets et des bouteilles vides. Cela amusa Ombrecoeur qui lui fit remarquer qu'il était évident que ceux qui avaient attaqué ce convoi n'allaient pas laisser la moindre pièce d'or.
« On aime le qui-brille on dirait, se moqua la prêtresse. Si vous êtes sage, peut-être qu'Astarion vous apprendra aussi le vol à la tire. »
Son interlocutrice se sentit un peu bête. En effet, elle n'aurait pas dû espérer grand chose et pourtant, c'était plus fort qu'elle. Elle jeta un coup d'œil au roublard en s'attendant à le voir répliquer mais ce dernier n'avait pas décroché un mot depuis leur duel. Il voulait se donner l'air dégagé mais l'on pouvait voir poindre une sorte de malaise fuyant. Silesta n'insista pas. Elle fourra dans sa poche les ficelles trouvées - cela pouvait toujours servir - et reprit le chemin avec ses compagnons.
Le voyage était très calme et les conversations plutôt rares. Les quelques fois où Ombrecoeur et Lae'zel s'étaient adressé la parole n'avaient abouti qu'à des sarcasmes et Gayle – aussi agréable était-il – aimait bien parler, un peu trop au goût de Silesta qui tentait de se connecter à son for intérieur pour espérer le faire encore se manifester. Elle avait fermé ses oreilles pour ne garder qu'un bruit de fond confus et faire le vide. Ses doigts s'étaient emparé des ficelles et les trituraient de toutes les façons possibles, cela lui procurait un sentiment de concentration apaisant ardemment recherché au point d'en perdre la notion du temps et même la conscience qu'elle marchait sans vraiment regarder autour d'elle. Ce qui était surtout frustrant, c'était que plus elle se concentrait, plus elle sentait qu'elle s'éloignait de son objectif. N'y avait-il donc que l'inconscient qui pouvait...
« Que Vlaakith me retienne, allez-vous enfin cesser ? »
Tirée de sa torpeur, Silesta sursauta et se fit accueillir par une Lae'zel au bord de l'explosion. Un coup d'œil rapide aux autres lui confirma que c'était bien elle le sujet de son agacement.
« Je vous demande pardon ?
_ T'chaki ! Ça ! Ce mouvement avec vos mains ! Cela fait deux heures que vos moulinets me donnent le tournis. »
L'humaine baissa les yeux sur ses mains qui tenaient chacune une ficelle par un bout. Elle ne s'était rendu compte de rien.
« Quel genre de moulinets ? J'étais tellement dans mes... »
Des cris retentirent tout à coup plus loin devant eux.
Faites péter vos hypothèses, elle seront confirmées en partie (ou pas) au prochain chapitre !
