Merci à Dralya pour les favoris ! Quoi qu'il t'ait poussé à le faire, merci !

Journal des reviewers

Liline37 : C'est entre toi et moi aujourd'hui XD Peut-être que comme la phase « séduction ouverte » est finie entre les deux, c'est moins amusant. Ça se comprendrait.
Il y aura bien sûr d'autres échanges sur le rituel mais pas dans un futur immédiat car il y en a déjà eu pas mal dans les derniers chapitres. Il faudra attendre une certaine visite pour remettre le sujet sur le tapis. Terrain miné, en effet. Quand on joue un vrai gentil, c'est dur d'être mis face à la possibilité de tuer plein d'innocents dans le process et il faut avouer qu'Astarion met bien à mal les bonnes âmes.
Et oui notre Raphou revient dans la place entre deux instants truculents. XD

Personne ne ressortira indemne de la Caresse de Sharess... XD


CHAPITRE XLII – PROPOSITIONS INDÉCENTES

Les aventuriers quittèrent rapidement la Cambuse de Fraygo sans même prendre le temps de se restaurer ; la découverte d'un cadavre couplée à celle d'un complot bhaaliste les avaient suffisamment refroidis.

Ils n'eurent qu'à traverser la rue pour se présenter à l'entrée de la Caresse de Sharess, le bar surtout connu pour le bordel qui constituait le vrai fond de commerce de l'établissement.

Il était d'ailleurs assez comique de voir le large éventail de comportements des différents clients potentiels qui tournaient autour de l'entrée : parmi les quelques âmes affamées qui passaient le seuil avec impatience se trouvaient ceux ou celles qui hésitaient à franchir le pas ou qui jetaient des coups d'œils stressés par-dessus leur épaule, trop effrayés à l'idée d'être surpris en train de rôder vers ce genre d'endroit.

Parce qu'elle s'attendait à pénétrer dans une gargote glauque à l'ambiance crue et dépravée, Silesta fut très étonnée de fouler le sol parqueté d'une entrée plutôt élégante qui ne laissait rien paraître du type de commerce que le bâtiment abritait. De lourds tapis rouges longeaient le chemin menant au comptoir d'accueil sur la droite et vers celui du bar côté gauche. Les meubles de bois vernis et la lumière tamisée des candélabres et bougies laissaient planer une atmosphère à la fois chaleureuse et intimiste qui avait de quoi rassurer le client intimidé.

À peine arrivés, nos amis furent alpagués par la femme qui se tenait derrière le bureau de l'accueil. Ce devait être la mère maquerelle qui chapeautait le tout.

« Bienvenue à la Caresse de Sharess, l'oasis qui saura étancher votre soif, qu'elle ait besoin de vin ou de décadence, les salua cette ravissante femme à la crinière blond foncé rejetée en arrière par une tiare. Je suis Amira, pour vous conseiller vers l'extase. Oh ! Je distingue tant de profils différents dans ces visages éreintés en mal de décompression. »

Elle plissa avec attention ses yeux foncés sur ses hôtes en mordillant ses lèvres colorées d'un rouge à lèvres griotte puis elle pointa soudain l'index sur Gayle avec un sourire suave.

« Vous, très cher... Derrière cette apparence impeccablement soignée, je sens que vous savez apprécier l'ascendance d'une femme forte qui vous mettrait à genoux », subodora-t-elle en refermant lentement sa main avec sensualité.

L'image d'une splendide femme à l'aura envoûtante penchée par-dessus l'épaule d'un jeune homme brun pendant qu'il lisait un livre de magie vint à se peindre dans leur imagination.

Quand elle entendit Astarion étouffer un début de rire, Silesta lui donna un coup de coude dans les côtes pour le faire taire - même si elle-même ne pouvait s'empêcher de sourire. D'accord, cette femme avait un certain flair mais si l'on en jugeait la circonspection qui obombrait le visage de Gayle, ce dernier devait moyennement apprécier la bonne volonté de la maquerelle.

« N'en dites pas plus, poursuivit celle-ci, très sûre d'elle. C'est notre « bibliothécaire sévère » qu'il vous faut. » Nouveau coup de coude dans les côtes d'Astarion qui peina encore plus à se contenir. « Hélas, Firion n'est pas là aujourd'hui. Votre pénitence devra attendre. »

Ils clignèrent des yeux face à ce prénom.

« Firion ? Firion Creuselor ? tiqua le magicien en reprenant sa contenance. Une naine ? Si vous parlez d'elle, elle a été assassinée à la cambuse. »

Amira s'horrifia de ce qu'elle entendit, les mains plaquées sur sa bouche. Assassinée ? Pauvre petite ! Une employée si dévouée et efficace... Pourvu qu'elle n'eût pas souffert, elle ne le méritait pas. Quelle tristesse. Elle manquerait à la Caresse de Sharess... et à un nombre incroyable de clients.

« Sans elle, mes affaires vont en prendre un coup, je vais devoir la remplacer, se désola la patronne avant de se tourner vers Silesta. Vous, mademoiselle. »

La jeune femme se raidit, effarée. Quoi, elle ? Avait-elle une tête à faire commerce de ses charmes ?

« Votre silhouette. Vous êtes élancée, athlétique, en plus d'être plutôt jolie. J'ai un assez bon œil pour reconnaître quelqu'un qui sait se servir de son corps. Et les cheveux roux ont toujours leurs adeptes.

_ Je suis une danseuse et acrobate, se justifia une Silesta crispée.

_ C'est encore mieux. Les pirouettes avant les galipettes ! Vous feriez des ravages. »

Qu'est-ce qui était plus mortifiant en cette seconde entre une proposition à un poste de prostituée ou sentir sur elle le regard d'Astarion qui semblait bien trop absorbé à imaginer sa compagne en fille de joie ? Qu'importe, elle avait autant envie de hurler sur l'une que sur l'autre.

Malgré tout l'ironique amusement que cette situation incongrue générait en lui, le vampire prit son alliée en pitié et dévia la conversation en tentant de réclamer une petite récompense à Amira pour l'obtention du renseignement concernant Firion.

« Je n'ai pas beaucoup d'or mais ce que j'ai en abondance, c'est la luxure sous toutes ses formes, sourit la maquerelle. Allez donc trouver mes petites perles, les jumeaux drows, de la part de Mam'zelle Amira. Ils comprendront. Si vous vous sentez hardis, nous comptons actuellement dans nos locaux un diable qui m'a demandé de lui envoyer le plus de clients possible. »

Cette dernière information aurait pu leur passer loin au-dessus de la tête mais l'étrange sensation qui les étreignit tous au mot « diable » était si vicieuse qu'elle insinua le doute en eux. Partout dans leur esprit s'imprimait un même prénom familier.

« Ce diable, il vous a donné son nom ? se hasarda Ombrecoeur avec prudence.

_ Oui, il s'appelle Raphaël. Très bel homme, forte prestance et avec une voix de velours qui transformerait la pire des obscénités en poésie. Il occupe une chambre à l'étage mais il doit être encore occupé avec le githyanki qui est allé le chercher. »

Les cinq hôtes avaient tous à présent la même tête décomposée que Silesta avait eue une minute auparavant. Ce gredin de Raphaël était ici ? Que venait fouiner son nez de renard dans un endroit pareil ?

Lae'zel murmura aussi le nom de Voss avec effarement. Que faisait-il aussi avec ce diable ? Mieux valait ne pas perdre de temps.

Forts de tous ces renseignements – et d'une potentielle reconversion professionnelle pour Silesta (?) - le groupe traversa le reste du hall d'entrée pour vite se rendre à l'étage.

Nombreuses hôtesses qui n'étaient pas déjà affairées à converser avec un futur client tentèrent leur chance à leur passage par une œillade énamourée ou une apostrophe séductrice et le constat fut sans appel : les deux hommes de l'équipe avaient leur petit succès avec une légère avance chez Astarion qui s'en amusait beaucoup. Certes, le vampire avait fait lui aussi commerce de son corps d'une certaine façon mais dans le cas présent, il se gargarisait surtout d'être l'objet de l'attention, heureux de savoir que cette fois-ci, il n'était pas contraint de céder à de quelconques avances.

Après avoir grimpé l'escalier menant en haut, nos amis furent accueillis par des intonations ivres et chantantes venant d'une table toute proche.

« Je vous la dédie, Père Lorgan. Encore une enquête rondement menée. Hip hip hips ! Hourra pour Valéééééééria ! »

Ils s'immobilisèrent à l'entente du nom du Père Lorgan. Cet homme figurait parmi la liste des têtes à faire tomber par le culte de Bhaal et son nom en avait déjà été tristement barré.

Quand ils se tournèrent vers la dénommée Valéria, ils découvrirent un éléphanteau à la peau bronze dont les grandes oreilles étaient remplacées par des ailes suffisamment costaudes pour le faire voler au-dessus de son siège. Pipe en bouche et gobelet dans la trompe, il se balançait aussi joyeusement que roulaient ses yeux dans ses orbites embrumées.

« Vous avez mentionné le Père Lorgan ? l'interpella Silesta. Vous savez qu'il est mort ?

_ Et pas qu'un peu, dodelina la créature en reprenant une gorgée de sa boisson. Je sais même qui a fait le coup. Ces maudits réfugiés. Ils se font accueillir et aider et c'est comme ça qu'ils remercient la charité d'Ilmater ? En tuant l'un de ses prêtres ? Hips ! Et d'abord, qui êtes-vous ? Laissez-moi fêter la résolution de mon enquête.

_ Ce n'est pas important. Peu importe vos conclusions sur ce meurtre, elles sont forcément erronées. La mort de cet homme fait partie d'une conspiration de grande envergure perpétrée par le culte de Bhaal. »

Valéria grogna et eut un étrange mouvement de la trompe qui devait s'apparenter à un froncement de nez humain. Eux aussi, ils allaient s'y mettre ? Sa collaboratrice Devella la bassinait déjà depuis des mois avec ces histoires de Bhaal et de retour de son culte. D'ordinaire, elle ne prêtait pas attention à ses élucubrations mais son insistance était tenace et si maintenant, d'autres allaient aussi dans son sens...

« Ça commence à faire beaucoup de remises en question de mon travail, grommela l'oliphante. Vous vous croyez meilleurs que moi ? Très bien, je vous écoute. Quelle est votre théorie ?

_ Ce n'est pas une théorie, c'est vrai, insista Gayle en sortant le parchemin ensanglanté. Nous avons pour preuve ce document qui établit un lien direct entre Bhaal et...

_ Ah, inutile d'agiter votre papier sous ma trompe, j'ai déjà bien assez de paperasse. »

La bête soupira de mauvaise grâce, vaincue. Misère, Devella allait encore être plus insupportable quand elle apprendrait ça. Après tout, ils avaient l'air de penser comme elle, pourquoi n'iraient-ils pas directement traiter avec sa collègue ?

« Vous n'aurez qu'à voir avec elle, tiens. Elle doit être à la taverne du Chant de l'Elfe sur un autre meurtre. Montrez-lui la liste. Moi, je vais rester encore un peu ici pour en informer le Poing Enflammé, déclara Valéria en posant son gobelet pour leur tendre un petit parchemin roulé. Tenez, vous aurez besoin de ce laissez-passer si vous voulez accéder à la ville basse. Les entrées sont assez sélectives en ce moment avec l'adoubement du seigneur Gortash. »

Gayle récupéra le parchemin et le rangea dans sa besace. Ce document ne pouvait tomber à un meilleur moment.

Sur ce, Valéria retourna à ses festivités alcoolisées pendant que les aventuriers reprenaient leur avancée.

Ils remontèrent les couloirs ponctués d'échos tantôt lascifs, tantôt bestiaux, jusqu'à longer la promenade du patio extérieur où s'alignaient les portes de différentes antres du plaisir aux noms plus ou moins évocateurs. Enfin, un perron décoré d'un buste d'homme à la tête cornue leur confirma qu'ils étaient arrivés à destination.

Des voix se faisaient entendre depuis l'intérieur et laissaient deviner un échange quelque peu tendu entre les deux interlocuteurs. Quand ils poussèrent la porte, les visiteurs trouvèrent le kith'rak Voss en grande conversation animée avec Raphaël.

« Je ne reculerai devant rien, diable, insistait le githyanki avec véhémence. Je vous donnerai tout ce que vous voulez. Le sort de mon peuple en dépend.

_ Vous perdez votre temps, Voss, le rembarra froidement le diable qui remarqua avec plaisir ces nouveaux hôtes. Ces gens désirent la même chose que vous, à la différence que eux ont une réelle monnaie d'échange. »

Personne ne releva sur le coup, ils étaient trop intrigués et mal à l'aise par le regard avide que le cambion promenait sur eux. En voyant à son tour qu'il n'était plus seul, Voss mit un terme à son entrevue et se dirigea vers la sortie en prenant le temps de s'arrêter à la hauteur des arrivants. Il se pencha un peu vers Lae'zel mais parla assez fort pour que les autres entendent.

« Quelle que soit la teneur de l'échange qui vous attend, je dois tout savoir. Je vous attendrai au bar, en bas, dès que vous en aurez terminé. »

La githyanki lui répondit par un hochement de tête assertif et le laissa partir avant de renvoyer un regard féroce à Raphaël qui les invita poliment à approcher.

Peu importe si le diable avait pris ses quartiers à la Caresse de Sharess dans le seul but d'attirer à lui de nouvelles âmes désespérées avec lesquelles conclure de nouveaux marchés juteux, il avait quand même pris soin de décorer ses appartements.

Mobilier luxueux, décorations léchées faites de dorures ou de belles sculptures, un lit immense qui avait de quoi accueillir les ébats les plus vigoureux et que dire des harnachements faits de ceintures de cuir que l'on distinguait dans un coin ? Il régnait autant d'intimité que d'atmosphère empreinte de plaisir coupable dans cette pièce. Mieux valait ne pas imaginer ce qui pourrait se dérouler entre ces murs.

« Heureux de vous revoir, lança courtoisement Raphaël à ses hôtes. Pas jusqu'à ma porte, pas encore... » Silesta n'aima pas ce regard de biais furtif qu'il eut vers elle. « Oh, juste avant de commencer... »

Le gentilhomme claqua des doigts et le silence se fit. Pas le silence de la chambre qui était déjà vierge du moindre son, mais le silence psychique. Pour la première fois depuis qu'ils avaient quitté le nautiloïde, les cinq aventuriers ne percevaient plus la moindre présence discrète tapie dans un recoin sombre de leur esprit. Leurs pensées n'appartenaient plus qu'à eux.

« Qu'avez-vous fait ? demanda Ombrecoeur en portant la main à sa tempe, perturbée par cette nouvelle intimité intérieure.

_ Je vous ai temporairement isolés de votre petit compagnon spirituel. Ne sommes-nous pas dans un établissement prônant la discrétion, après tout ?

_ Trop aimable, ironisa Astarion. Alors ? Que nous vaut votre présence ici ? »

Le diable devait se l'avouer, il était fort impressionné de la ténacité de ses interlocuteurs pour avoir survécu jusqu'ici. Malheureusement, il fallait se rendre à l'évidence : la route qu'ils empruntaient droit vers le cerveau vénérable et son inéluctable affrontement ne les conduirait qu'à leur perte pure et simple. Dans le meilleur des cas, l'Absolue les tuerait avec le reste des habitants de la Porte de Baldur et dans le pire, ils finiraient assimilés à la conscience collective, sans plus assez de volonté pour souhaiter la mort.

« Mais mais mais... vous avez au creux de votre main le moyen de détruire ce grand ennemi, susurra-t-il en lorgnant sur la besace rebondie d'Ombrecoeur.

_ Orphéys, comprit tout de suite Lae'zel.

_ Quelle perspicacité. En effet. Et je peux vous donner le moyen de le libérer. »

Il y eut un blanc durant lequel Lae'zel s'était figée. Libérer le véritable souverain de son peuple ?

« Orphéys s'est montré quelque peu réticent à notre première rencontre, objecta Astarion avec ironie. Ses gardes, surtout. Il ne nous aime pas beaucoup.

_ Il déteste surtout les illithids, rétorqua Raphaël avec un rictus narquois. Il exécuterait l'Empereur dans la seconde, sans aucun doute. Mais pour vous qui êtes en guerre contre un cerveau vénérable, Orphéys est un allié. »

Ombrecoeur rappela sagement, n'en déplaise à ceux qui n'appréciaient pas cette réalité, que c'était grâce à l'Empereur qu'ils avaient survécu. Le diable balaya son argument du revers de la main. Faux : ce n'était pas l'Empereur qui était doté de la capacité d'annuler l'emprise psychique des flagelleurs mentaux mais le prince githyanki. Il était plus qu'évident que son geôlier illithid se servait d'eux pour atteindre son objectif, ni plus ni moins.

Silesta se mordit la joue. Elle détestait l'état d'esprit qui était en train de s'installer en elle. Elle haïssait Raphaël et ses manigances de filou autant qu'elle se méfiait de l'Empereur et pourtant, la voilà prise en étau. Qui les manipulait le plus dans cette histoire ? Un démon qui voulait incrémenter le nombre de ses débiteurs ou un flagelleur mental qui cherchait à assurer sa survie ? Ses pensées tournaient en boucle dans sa tête.

Pour Lae'zel, la réflexion ne nécessitait pas d'être poussée très loin car elle n'avait jamais cessé de fixer son objectif. Comment pouvaient-ils libérer Orphéys de sa prison ?

« Grâce au Marteau Orphique, annonça Raphaël avec délectation. Un artefact magique rarissime et puissant capable de briser les chaînes de votre cher prince. Et, oh ! douce coïncidence, il s'avère que cet objet se trouve actuellement chez moi, en lieu sûr.

_ Comme c'est commode, railla Gayle avec un sourire sarcastique.

_ N'est-ce pas ? Oserais-je pousser davantage la congruence en ajoutant que vous avez exactement ce que vous pourriez m'offrir en échange de ce marteau ? »

Silesta n'aimait pas ça du tout. Le cambion souriait encore plus sournoisement que lorsqu'il lui avait proposé son marché pour les cicatrices d'Astarion. Ce qu'il désirait devait être à la hauteur de ce flamboiement qui dansait sans ses yeux sombres.

« Je veux la couronne qui contrôle l'Absolue. »

Gayle manqua de s'étrangler quand il entendit ça. Donner cette couronne à Raphaël reviendrait à gaver un élémentaire de lave de poudre à canon runique des gnomes de Maindefer ! Il en était hors de question.

« Que savez-vous au juste à son sujet ? » s'enquit le magicien en plissant les yeux.

Le diable avoua désirer cette couronne fabriquée par l'archimage Karsus depuis qu'il avait assisté à la chute de l'empire du Néthéril, il y avait plusieurs siècles de cela.

Dévoré par une ambition démesurée, Karsus avait forgé une couronne aux pouvoirs magiques époustouflants capables d'élever au rang de dieu quiconque s'en coiffait. Des pouvoirs bien trop grands pour un seul homme qui le comprit au prix de sa propre vie et d'un empire tout entier qui s'éteignit alors qu'il était au summum de sa civilisation.

« Là où les bardes chantent la Folie de Karsus, j'y vois personnellement de l'espoir. L'espoir d'un homme qui rêvait d'un monde meilleur, assorti des périls qu'entraîne un orgueil démesuré. Cela vous parle, Gayle ? » ricana Raphaël, très fier de sa petite comparaison malheureuse.

Ce fut après avoir vu les cités volantes du Nethéril s'écraser que le diable comprit que la folie des mortels pouvait conduire au triomphe des diables. Avec cette couronne, il serait capable d'unir les Neuf Enfers sous la houlette d'un archidiable suprême : lui-même.

Le silence qui suivit pendant que les aventuriers se représentaient Raphaël en régent tout puissant d'un royaume infernal fut aussi dense et frémissant qu'il était possible de l'imaginer.

« Quelque chose m'échappe, minauda Astarion qui n'allait pas perdre une occasion de briller par son insolence, surtout envers le cambion. Comment se fait-il que le futur archidiable suprême n'ait pas déjà la couronne avec lui ? »

L'homme fronça du nez avec une grimace de dégoût assez marquée pour satisfaire le vampire.

L'archidiable Méphistophélès avait récupéré la couronne en premier et l'avait cachée pour en faire une pièce de musée. Une pièce de musée. Quel gâchis. La fureur passée, Raphaël s'était alors tapi dans l'ombre comme le renard qu'il aimait incarner pour attendre patiemment, longtemps, prêt à bondir à la moindre occasion pour mettre la main sur l'objet tant convoité. La providence finit alors par se présenter à lui sous la forme des élus des Trois Dieux Morts qui avaient remis la couronne en jeu.

« Ils ont fait appel à une diaboliste capable de créer des portails vers les Enfers, poursuivit-il. Comment ont-il réussi à attaquer la salle du trésor de Méphistophélès ? Je l'ignore, mais cela n'en reste pas moins impressionnant. Les élus seront bientôt morts, par votre main ou tués par l'Absolue. Une fois que aurez détruit le cerveau vénérable, la couronne de Karsus sera à votre portée. En échange de cette future donation, je vous donne le Marteau Orphique dès maintenant. Cela devrait vous faire plaisir, Lae'zel de K'liir.»

La soudaineté de cette proposition finale les prit tous de court. Les visages se tendirent en même temps que les cerveaux tournaient à plein régime. Sous couvert d'une simple transaction se jouaient des enjeux énormes dont il fallait peser toutes les conséquences. S'ils acceptaient, Orphéys serait libre - sans aucune garantie qu'il s'allierait avec eux - mais donner un artefact d'une puissance colossale à une fripouille comme Raphaël ? De l'autre côté, refuser reviendrait à priver le peuple de Lae'zel de sa véritable liberté mais ils s'assuraient encore quelques temps de leur survie mentale.

Silesta remarqua que Gayle et Lae'zel se regardaient intensément. Lui voyait la dangerosité d'un pouvoir attribué à un démon quand elle contemplait l'avenir de sa race. Le cœur de la saltimbanque se mit à battre à tout rompre. Peu importe qui de l'un ou l'autre allait s'exprimer en premier, il n'en résulterait que du chaos.

Ses synapses filtraient les informations à grand débit. Qu'est-ce qui était le moins pire de tout ? Quand elle repassa le film de l'échange dans son esprit, son attention s'arrêta sur un détail. Il était aussi infime que fou. Cela suffirait-il ?

« Plutôt détruire la couronne que de la laisser entre vos mains. »

La jeune femme perdit un bref instant la sensation de son corps tant elle se sentait happée par les regards de ses alliés sur elle et la colère de Raphaël.

« Quelle étroitesse d'esprit ! Vous devriez au contraire être soulagés que je l'emporte loin de votre plan d'existence.

_ Vous ne conclurez pas ce marché, Raphaël, asséna l'humaine qui refusait de céder encore devant lui.

_ Shka'keth ! siffla Lae'zel entre ses dents en assassinant son alliée des yeux. Comment osez-vous ! »

La fureur trahie de la githyanki fut aussi douloureuse à encaisser sur le moment que la pointe de douce ironie qui modéra le regard du diable. Une part de lui se consolait par la pensée d'un autre contrat scellé avec cette petite impudente qui finirait bien par lui remettre ce qu'elle cachait dans son corps.

« Soit, comme vous voudrez, accepta le diable de mauvaise grâce. L'heure tourne, mes amis, ne tardez pas à reprendre vos esprits. Si vous changez d'avis, je vous attendrai ici. J'ai tout le temps du monde. »

La saltimbanque ne perdit pas une seconde de plus pour quitter la chambre, les mains légèrement tremblantes par la montée d'adrénaline qui électrifiait son corps. Elle accueillit l'air du dehors comme un remède bienvenu dont l'action bienfaitrice fut vite écourtée par l'arrivée de Lae'zel qui attrapa son alliée au col pour la plaquer contre un mur.

« Vous ! Le moyen de délivrer mon prince et mon peuple de ses chaînes était à notre portée et vous l'avez refusé ! Pourquoi !

_ Lae'zel, arrêtez ! lui ordonna Ombrecoeur.

_ Pas avant qu'elle ne m'ait donné une explication !

Silesta eut mal en voyant tant de rage dévorer son alliée mais elle s'y était préparée. Retenant la main de la guerrière, elle planta ses yeux dans les siens.

« Il n'était pas question de donner satisfaction à ce renard mais je n'ai pas fait ça pour vous nuire, j'ai aussi pensé à vous, au contraire. Laissez-moi m'expliquer. »

Lae'zel lut la sincérité dans le regard de son alliée et relâcha son étreinte pour la laisser parler. Silesta soupira puis baissa la voix.

« Vous avez entendu Raphaël, il est possible de se rendre aux Enfers. Qu'est-ce qui nous empêche de priver ce gredin de sa couronne et d'aller récupérer le Marteau Orphique directement chez lui ? »

Si les yeux d'Astarion se mirent à pétiller d'allégresse à ce plan, Gayle et Ombrecoeur firent preuve de plus de réserve tant cela leur paraissait fou. Quant à Lae'zel, sa mine pincée fluctua très peu.

« Chk. Nous avions devant nous la voie dégagée mais vous avez préféré le sentier sinueux envahi de broussailles ? Cette idée est complètement insensée, asséna-t-elle avant d'étirer un sourire fourbe et victorieux. Cependant, je la trouve admirable.

_ S'infiltrer dans la Demeure de l'Espoir ? Voler Raphaël ? résuma Gayle, scié mais étrangement séduit. Moi qui pensais que la perspective de voir ce diable doté des pouvoirs de Karsus ne pouvait être plus chaotique. La fourberie d'Astarion a déteint sur vous, Silesta. Cela en est presque effrayant.

_ Vous ne sauriez me plaire davantage, ma douce, sourit le roublard, les prunelles énamourées de ravissement envers sa compagne. Damer le pion à un diable, surtout celui-ci... Je pourrais presque mourir en paix si nous arrivions à survivre à telle folie.

_ Cette potentielle nouvelle prise de risque mortelle est bien charmante mais comment allons-nous nous rendre à la Demeure de l'Espoir ? » contrecarra Ombrecoeur.

Astarion balaya sa crainte aussitôt. Ils étaient à la Porte de Baldur, après tout. La cité aussi merveilleuse que décadente où tout était possible. Il y avait fort à parier que ce passeur diaboliste vive dans la ville ; ils finiraient bien par le trouver. Il ne fallait pas sous-estimer l'efficience du réseau des ombres. Si eux-mêmes venaient à ne rien trouver, la population plus ténébreuse qui se cachait saurait les renseigner au besoin.

« Voss nous attend pour un compte-rendu, rappela Lae'zel, sa verve retrouvée. À nous ensuite de nous débrouiller pour nous rendre chez Raphaël pour lui prendre le marteau et libérer mon prince. Yisk Gith'ka tavki krash'ht ! Liberté pour le peuple githyan... ! »

La guerrière se tut en même temps que ses compagnons remuèrent faiblement de la tête. Une discrète sensation familière venait tout juste de se diffuser dans leur esprit.

« Ah, vous revoilà. Je pensais vous avoir perdus »

Ils échangèrent un regard et avouèrent de concert à l'Empereur que ce bref instant de calme et d'intimité ne leur avait pas déplu. Le flagelleur ne s'en offusqua pas, au contraire, il pouvait tout à fait les comprendre. Néanmoins, cette coupure psychique restait inquiétante, surtout quand on savait qu'ils étaient tout proches du cerveau vénérable.

« Savez-vous ce qui a provoqué cette coupure ? »

Il y eu un instant de flottement hésitant. Fallait-il se montrer honnête ? De toute façon, comme l'Empereur le leur avait déjà dit, il avait accès à toutes leurs pensées ; il finirait bien par connaître la vérité à un moment ou un autre.

L'illithid ne fut guère étonné quand Ombrecoeur lui expliqua qu'il s'agissait de Raphaël, lui-même avait bien cerné ce personnage avide de chaos naissant.

« Que vous voulait-il ?

_ Quelle importance ? Nous avons refusé, rembarra Lae'zel qui n'avait pas oublié que leur protecteur alien était contre la libération de son prisonnier.

_ C'est une excellente chose d'avoir refusé quoi qu'il vous ait proposé mais cela n'en demeure pas moins important. Toute menace envers notre alliance met aussi en péril nos chances de réussite face à l'Absolue. Je réitère donc : quels étaient les termes de cet accord ? »

Silesta se surprit à froncer les sourcils. Ils devaient faire absolument confiance à l'Empereur qui avait bien caché son jeu jusqu'à présent mais lui doutait facilement d'eux.

« Il voulait la couronne de Karsus que porte le cerveau vénérable, avoua Gayle avec gravité. En échange, il nous offrait le moyen de libérer Orphéys. Il n'était pas question que cette couronne échoit à cet homme. »

L'Empereur n'aurait pu plus aller en son sens et félicita ses alliés pour le juste choix qu'ils avaient fait. Toutefois, ils devaient rester vigilants. Raphaël était une vermine qui revenait toujours même quand on croyait s'en être débarrassé.

« N'oubliez pas qui est réellement de votre côté dans cette histoire. Sans moi, vous ne pourrez jamais vous approcher du cerveau vénérable, quoi qu'il puisse vous murmurer à l'oreille. »

Les aventuriers ne répondirent pas, cela devenait difficile à oublier tellement il le leur répétait...

Ils se hâtèrent de quitter les balcons extérieurs pour retourner à la Caresse de Sharess, direction le bar où les attendait le kith'rak Voss. Ce dernier s'était attablé dans un coin un peu plus reculé caché par un rideau pour garder le caractère secret du futur entretien – et sans doute aussi pour ne pas souffrir des assauts des prostituées qui devaient assurer le chiffre d'affaire. Quand il vit le groupe arriver, l'homme reposa la choppe de bière qu'il avait commandée et se leva pour les accueillir, ainsi que sa camarade de rébellion.

« Voss, ami de la Comète, le salua Lae'zel avec un signe de tête.

_ Lae'zel de K'liir, répondit-il en les invitant à prendre place. J'imagine que vous savez maintenant de quoi il en retourne réellement. Je vous en prie, dites-moi que vous avez accepté le marché du diable et que nous allons libérer notre prince. »

Il y eut un bref moment d'hésitation. Maintenant que l'Empereur était de retour dans leur esprit, il pouvait à nouveau tout entendre. D'un autre côté, il était coincé dans le prisme astral, il ne pourrait rien faire contre eux s'ils décidaient d'aller à la Demeure de l'Espoir...

« Nous avons bien assez à faire pour nous acoquiner en plus avec des diables, Voss », lança Astarion d'une voix traînante.

Apparemment, le roublard avait fait le choix de la cachotterie, à moins que ce ne fût juste pour faire enrager son interlocuteur. Si tel était le cas, cela fonctionna très bien car le githyanki bondit sur son siège en sifflant une interjection gith qui devait s'apparenter à un juron. Lae'zel ne cacha pas un certain malaise face à cette scène mais en son for intérieur, une part d'elle fut reconnaissante envers l'elfe d'avoir essuyé ce revers.

« Vous ne mesurez pas ce qui est en jeu, asséna Voss avec fureur. Je suis prêt à tout pour libérer Orphéys du prisme. Les marques que j'arbore en sont la preuve. »

Il pesta sa frustration. Hélas, le prisme astral n'était pas en sa possession. C'était donc à eux que revenait la tâche de briser les chaînes d'Orphéys.

« Je vous en prie, Lae'zel. Faites tout ce qui est en votre pouvoir pour vous emparer du marteau. De mon côté, je vais rassembler les membres survivants de la garde d'honneur d'Orphéys, nous aviserons ensuite. Je vous attendrai dans les souterrains si vous souhaitez me retrouver. »

Son homologue lui jura qu'elle ne faiblirait pas, visiblement affectée de devoir jouer le jeu du mensonge et lui donna leur carte pour qu'il lui indique où ils pourraient le retrouver. Pendant que Voss s'exécutait, la guerrière voulut se défaire d'une crainte qui ne l'avait pas quittée depuis qu'elle était sortie du prisme astral :

« Orphéys sait que nous sommes infectés par une larve et ses gardes ont voulu nous éliminer. Si nous le libérons, ne va-t-il pas nous attaquer directement ? »

Elle sentait encore la haine viscérale du prisonnier inconscient irradier sur tout son être.

« Le Prince de la Comète désire plus libérer notre peuple qu'il n'abhorre les ghaiks, lui répondit Voss avec conviction. Il sera sans doute ivre de rage quand vous le libérerez, cela en est même certain. Il vous maudira un temps mais il finira par entendre raison, j'en suis convaincu. »

Ses paroles semblèrent rasséréner sa jeune alliée qui s'autorisa un sourire soulagé. Silesta écoutait et ne savait quoi en penser. Entre l'Empereur qui certifiait qu'Orphéys les massacrerait à vue et Voss qui avait une confiance absolue dans le bon sens d'un homme enfermé depuis des siècles dans un prisme, qui aurait raison dans l'éventualité où le prince serait privé de ses chaînes ? Elle nageait en plein doute autant qu'elle se félicitait d'avoir trouvé le moyen de gagner un peu de temps avec ce plan de cambriolage à la Demeure de l'Espoir.

Après avoir remis une dernière fois ses espoirs entre les mains des aventuriers, Voss prit congé de ses hôtes qui se permirent quelques instants de répit. Ils n'auraient jamais cru que quelques heures aux portes de la ville suffiraient à les gratifier d'autant de nouvelles péripéties : un attentat gnome sur une usine, le Rite d'Ascension Profane qui se tiendrait directement sous le palais de Cazador, un complot bhaaliste sanglant, la couronne de Karsus, le Marteau Orphique... Cela en faisait presque trop et pourtant, leur petit doigt leur disait que ce ne serait que le début.

« Finalement, je me demande si je tiens vraiment à retrouver la mémoire, essaya Silesta, dépassée. Je n'aurai pas assez de ma tête actuelle pour tout encaisser. »

Ses amis ne la contredirent pas, eux-mêmes submergés par l'ampleur de ce qui les emportait. Après un temps de silence, Gayle finit par se lever.

« Ne nous attardons pas. Gortash va bientôt être nommé archiduc. Nous ne pouvons pas le laisser faire et nous devons récupérer sa pierre infernale. »

Ils opinèrent du chef et quittèrent la table.

Quand Silesta écarta le rideau qui fermait l'alcôve, elle manqua de se tamponner contre la personne qui passait par là dans le couloir.

« Oh, pardon.

_ Non, c'est moi, désolé. »

La jeune femme leva les yeux vers un très beau jeune homme drow au teint acier et dont le corps musculeux mis en valeur par sa tenue peu couverte avait de quoi faire concurrence à Astarion. À ses côtés, une jeune femme dotée des mêmes cheveux clairs et qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau leur sourit avec autant de charme séducteur qu'était outrageant son décolleté jusqu'au nombril.

« Nym et Sorn Orlith, se présenta la drow avec une inclinaison de tête polie en promenant ses yeux d'argent sur eux. Nous ne vous avons jamais vus ici, bienvenue à la Caresse de Sharess.

_ Ma sœur et moi-même pouvons-nous vous offrir nos services ? » proposa Sorn d'un ton affable, mais l'œil acéré.

Nos amis comprirent vite à qui ils avaient à faire. Voici donc les jumeaux drows vers lesquels la matrone les avait envoyés pour les remercier ? Les sourires des courtisans s'étirèrent d'un cran.

« Vous êtes trop drôles. Nous sommes le cadeau, traduisit Nym avec un léger rire. Amira vous offre une prestation gratuite avec Sorn et moi.

_ Si vous vous sentez l'âme audacieuse, je me ferai un plaisir de vous faire découvrir ma technique secrète de Menzoberranzan. »

Silesta se retrouva dans une hésitation bancale, à la fois capturée par le regard intense que lui lançait Sorn, la gêne de se voir proposer une passe dans un moment pareil et l'irrépressible et inavouable curiosité de se demander en quoi consistait cette technique secrète. Il n'en résulta sur son visage qu'un drôle d'embarras qui en fit glousser Astarion.

« Je vous ai connue moins hésitante, lui glissa le vampire moqueur.

_ Oh, c'est votre partenaire ? comprit Nym avec une œillade perçante sur l'elfe pâle qu'elle trouvait très à son goût. Quel couple ravissant... Je sens que nous pourrions trouver un arrangement.

_ Un arrangement ? »

Frère et sœur s'échangèrent un regard entendu avant de proposer à Astarion et Silesta de profiter de leurs délicieux talents ensemble, à quatre.

L'amusement du roublard se dissipa aussitôt mais il prit soin de ne pas froisser l'amabilité de ses interlocuteurs en conservant sa déférence polie habituelle.

« Navré, je ne me sens pas encore prêt à renouveler ce genre d'expérience. »

L'embarras de Silesta mourut dans une subite froideur dans ses entrailles. Elle épia son compagnon du coin de l'œil, interdite. Avec sa grandiloquence, ses sourires enjôleurs et cette assurance dont il ne se départait presque jamais, il en était facile d'oublier qu'Astarion avait traversé des moments douloureux dans le domaine de l'intimité. À quoi repensait-il quand il avait prononcé cette phrase et quelle souffrance revivait-il par la même occasion ? La jeune femme en avait mal rien que d'y penser et l'effet ne fit que s'accentuer quand le vampire la regarda à son tour. Il voulait se montrer détaché mais elle décela très nettement la pointe d'angoisse qui perçait ses iris rubis.

Elle voulut le gronder. N'avait-il toujours pas compris ?

« Jamais je ne vous imposerai une telle chose et vous le savez, lui assura-t-elle doucement avant de se tourner vers les jumeaux. Merci pour votre euh... offre, mais nous sommes pressés. »

Piqué au vif d'avoir été si facilement découvert, le roublard fit une moue gênée et renâcla.

« Ne soyez pas si aimable avec moi, ça me donne envie de faire de même... »

Nym et Sorn se désolèrent de ce refus mais ils le respectèrent ; après tout, chacun ses préférences. Dans le monde de la luxure, le jugement n'avait pas sa place, il en fallait pour tous les goûts.

« Si vous changez d'avis, vous savez où nous trouver, les invita Sorn d'un ton charmeur. Le marché tiendra toujours. »

Silesta avait envie de lui répondre qu'elle avait largement de quoi faire pour ne pas à leur donner du travail supplémentaire mais elle se garderait bien de donner du grain à moudre à Astarion. Et d'abord, pourquoi tout le monde dans cette maison close se liguait pour la faire plonger dans la luxure ? C'était un complot ou quoi ?

La saltimbanque se hâta de presser ses compagnons à partir d'ici, ils avaient plus urgent à faire.

« Allons nous ajouter à la liste des invités de l'élu de Baine. »


J'ai pris un immense plaisir coupable à faire tourner en bourrique Silesta à la Caresse de Sharess XD et Gayle aussi. Le délire autour de la femme dominante me faisait bien rire. Je suis sûre que Mystra est une pedobear en puissance.

Allez, désignez-vous, bande de coquins ! Dans quelles luxures avez-vous plongé ? J'accepte les expériences coupables sous save-scumming. J'avoue, je suis allée seule avec Sorn et j'ai pris l'option la plus banale. C'était à mourir de rire.

Je dis ça comme ça mais cette petite visite à la Caresse de Sharess aura une certaine conséquence sur notre petit couple. J'en dis pas plus XD