Bon ben finalement, je suis repartie sur un 3ème run en Durge et en tacticien... et je me fais déboîter XD J'ai au moins un mort par rencontre et je suis que niveau 4, même pas encore chez les gobelins. Ça promet...

Journal des reviewers

Liline37 : C'est vrai que c'est une rencontre bien sympa quand on sait comment le mode rush en s'épargnant les combats fonctionne bien.
Merci pour tes encouragements :) Je vais essayer de pas trop me mettre la pression et avancer comme je peux.

Shivarrior : Honk ! XD

Pas le temps de lambiner, on a un duc et des Gondiens à sauver !


CHAPITRE L – LE TRÔNE DE FER

Les aventuriers se précipitèrent vers la trappe qui descendait dans un sas de décompression et s'empressèrent d'ouvrir la seconde trappe qui donnait directement dans le Trône de Fer. Ils furent accueillis par le son de l'eau qui s'écoulait au loin à gros bouillons, des grincements de tôle sinistres, une odeur de feu, de vapeur et de fumée mêlée à celle de la mer et des cris affolés étouffés.

Ils descendirent la dernière échelle et se retrouvèrent au centre d'un carrefour de couloirs en croix, chacun s'enfonçant dans une allée de tôle à la lumière grésillante.

Quand elle posa le pied au sol, Silesta sursauta. Des coups sourds rebondissaient contre la ferraille autour d'elle et des appels résonnèrent.

« À l'aide ! Pitié ! »

Après un coup d'œil rapide circulaire, la jeune femme vit des visages derrière des petites vitres rondes de hublots. Elle accourut à la porte qu'elle tenta d'ouvrir, en vain. Une autre observation plus poussée lui fit remarquer la présence d'un levier juste à côté.

D'un geste impatient, elle tira dessus et la porte se débloqua dans une volute de vapeur pressurisée. Aussitôt, une femme sortit, visiblement exténuée et terrifiée.

« Par les dieux, merci ! s'exclama-t-elle.

_ Les autres prisonniers, où sont-ils ? Vite, tout va s'écrouler !

_ J-Je ne sais pas... On a été divisés à notre arrivée... »

Dans le dos de Silesta, Gayle s'occupait d'ouvrir à son tour une autre cellule toute proche et invita le gnome qui en sortit à vite monter l'échelle vers le submersible.

« C'était quoi, ces secousses ? demanda le prisonnier avec angoisse.

_ La prison sera bientôt engloutie, montez vite !

_ Je vous en prie, sauvez les autres ! Ils ont été emmenés plus loin ! »

Nos amis regardèrent autour d'eux. Quatre embranchements et ils étaient cinq.

« Il faut se séparer, décida Lae'zel. Nous couvrirons plus facilement la zone. Je pars à gauche.

_ Moi à droite, prévint Gayle.

_ J'irai au sud, dit Ombrecoeur. »

Silesta se joindrait à la prêtresse ; elle préférait ne pas la laisser seule avec sa peur de l'eau.

Le plan était limpide : ils faisaient le tour le plus rapidement possible, ouvraient toutes les cellules qui passaient à leur portée et ils revenaient ici dès que possible.

Après un dernier regard entre eux, chacun partit de son côté.

Le Trône de Fer était comme une marmite fermée qui tremblait sous la pression d'une ébullition prête à déborder. Les murs métalliques autour d'eux émettaient des grincements peu rassurants tandis que nombreux tuyaux qui courraient le long des plinthes et des plafonds lâchaient de temps à autre un jet de vapeur subit. Les lampes tubulaires crachotaient leur lumière mourante, s'éteignaient parfois complètement quelques instants avant de reprendre dans un vacillement incertain.

Très vite, une nappe d'eau épaisse joncha le sol, transformant les pas de course en clapotis traînants.

Silesta et Ombrecoeur avaient pris chacune un côté de couloir à surveiller dans l'espoir de trouver une nouvelle porte à hublot. Un tremblement de terre les fit chanceler, accompagné d'un nouveau grondement de tôle lointain. Combien de temps avaient-elles devant elles avant que tout ne s'écroule ? Quand elles relevèrent la tête, les deux femmes se tétanisèrent d'horreur.

Dans la pénombre plus loin devant elles s'avançait une horrible créature humanoïde à la peau verdâtre lisse comme une grenouille mais dont la tête et le reste de l'anatomie tenait d'un triton hideux. Un sahuagin.

Armée d'un trident rustique fait d'un reste de bois et d'arêtes, la bête plissa ses yeux noirs comme l'encre, un grognement sourd filtrant entre ses dents en échardes acérées. La seconde suivante, elle se jeta droit sur Silesta dans un cri enragé.

Sa vivacité fut telle que la jeune femme eut tout juste le temps d'esquiver, sans parvenir à se saisir de ses bolas tant la créature se montrait hargneuse et rapide.

Ombrecoeur attrapa la lance de Séluné pour aller prêter main forte à son alliée mais le monstre faisait preuve d'assez de férocité pour la tenir à distance tout en continuant de harceler Silesta. Sans surprise, il ne semblait aucunement entravé dans sa démarche par l'eau qui lui montait au-dessus des chevilles, contrairement aux deux humaines qui voyaient leurs mouvements ralentis.

Une nouvelle volute de vapeur intempestive qui gicla non loin de la tête de Silesta la fit sursauter et perdre son équilibre précaire. Elle se retrouva dans l'eau, encore plus à la merci de son assaillant.

Sans plus réfléchir, la jeune femme se jeta en roulade sur le côté pour éviter un coup d'estoc meurtrier pendant qu'Ombrecoeur tentait un nouvel assaut sur le sahuagin. La créature para son attaque d'un retour de trident assez fort pour briser l'élan de la prêtresse et repartir sur elle par une autre attaque au corps à corps.

« Ombrecoeur ! »

Silesta s'horrifia quand elle vit son amie basculer à son tour par terre sous le poids de l'amphibien. La lance de Séluné qui permettait à la demi-elfe de retenir son attaquant tremblait tant la force du trident qui frottait contre son manche l'oppressait. La cléresse serra les dents sous l'effort. La bête enragée à califourchon sur elle était dans un tel état de transe qu'elle cherchait à directement la tuer à coup de dents.

Manquant de glisser sur le métal lisse quand elle se remit debout, Silesta put enfin saisir ses dragonnes et attrapa une chaîne qu'elle commença à faire tournoyer. Quand elle jeta enfin son bras en avant, le sahuagin la prit de vitesse. D'un habile mouvement du trident, il enroula la pointe de son arme autour de la chaîne, brisant net le lancer en plus d'immobiliser la jongleuse. Elle était coincée !

Les yeux noirs furieux de la créature flamboyèrent à la vue de cette proie prisonnière qui n'eut pas le temps d'abandonner ses dragonnes pour se libérer. Le sahuagin ramena son trident à lui pour attirer sa victime à lui d'un coup sec, prêt à lui sauter à la gorge.

Silesta sentit tout son sang tomber dans ses chevilles quand elle vit en gros plan la gueule béante hérissée de crocs de piranha s'ouvrir devant son visage. Elle voulut crier mais elle était trop tétanisée.

Un rugissement féroce couvrit ses pensées affolées, suivi d'un râle étouffé. Silesta se heurta contre le corps du monstre, aussi raide que lui l'était quand il s'était figé.

Le souffle court, Ombrecoeur maintint encore quelques secondes sa poigne autour de la lance qu'elle avait plantée dans le dos du sahuagin avant de lâcher prise, trop exténuée. La créature retomba mollement sur le côté, emportant avec elle Silesta qui était toujours liée à lui.

« Vous allez bien ? haleta la prêtresse en se redressant lentement.

_ Oui, une chance que nous étions deux. »

La saltimbanque se dépêcha de démêler sa chaîne de bolas du trident puis alla aider son alliée à se remettre debout.

« Par les dieux, qu'est-ce que c'est que c'était que cette chose ? s'exclama-t-elle avec effroi.

_ Un sahuagin. Il a dû profiter d'une brèche pour se faufiler. Et je doute qu'il soit seul. »

L'humaine se raidit. Cette bête avait la hargne d'un chien enragé en plus d'avoir une grande force physique. Et si les autres tombaient sur ses congénères ?

Elle secoua la tête. Non. Tout se passerait bien. Ils étaient bien plus doués qu'elle. Lae'zel avait la férocité de cinq sahuagins, Gayle saurait les tenir en respect avec quelques sorts et Astarion... Elle frissonna. Comment son agilité tiendrait-elle face à autant de force brute ? Son estomac se contracta.

« Vite, le temps presse. »

Silesta se reprit en chassant ses angoisses du mieux qu'elle put et talonna de près sa camarade qui repartait dans le couloir dont la luminosité se faisait de plus en plus faible.

Après plusieurs mètres, le couloir s'ouvrit enfin en entonnoir sur une salle qui résonnait de nouveaux cris affolés. Derrière une porte, un homme à la peau chocolat appelait à l'aide en tambourinant de toutes ses forces.

« Duc Gardecorbeau ! »

Les deux femmes se précipitèrent sur le levier qu'elles tirèrent de concert. Un crachotement de vapeur plus tard et la porte s'ouvrit face au prisonnier dont les traits tirés et les nombreuses marques de maltraitance laissaient entendre qu'il était mal en point.

« Mais vous êtes... » commença-t-il en reconnaissant les anciennes invitées spéciales de Gortash.

Ombrecoeur le soutint quand il chancela et murmura une courte incantation pour lui prodiguer quelques soins rapides.

« Plus tard, les explications. Il faut... »

Nouveaux coups dans les murs et voix paniquées.

« S'il vous plaît ! Ne nous oubliez pas ! Aidez-nous ! »

À l'autre bout de la pièce, deux autres visages effrayés se pressaient derrière la vitre de leur cellule.

Silesta amorça un pas vers les prisonnières quand tout à coup, un fracas de tôle retentit au-dessus de sa tête et la fit reculer aussitôt. Une plaque métallique tomba du plafond, créant une ouverture pour laisser deux nouveaux sahuagins se faufiler.

Les deux jeunes femmes ne s'accordèrent pas le temps de se décomposer face à cet horrible contretemps. Ombrecoeur se mit devant le duc et Silesta attrapa ses bolas, le sang battant à ses tempes. Le temps qui filait, des prisonniers à gérer et deux hommes-poissons qui leur faisaient barrage. La situation pouvait-elle être pire ?

Trop heureux d'avoir trouvé si vite de nouvelles proies, les suahagins fondirent sur elles, toutes griffes et dents dehors.

« Que Heaum nous vienne en aide ! »

Bien qu'affaibli, Ulder Gardecorbeau n'en demeurait pas moins un soldat expérimenté et doté d'un grand sens du courage. Il s'empara d'une javeline qui traînait sur un râtelier voisin et alla soutenir Ombrecoeur.

Silesta était bien trop sollicitée par son instinct de survie face à son opposant pour avoir conscience de ce qui se jouait autour d'elle. Le sahuagin qui l'avait prise pour cible n'était pas armé comme son prédécesseur, ce qui lui conférait encore plus de rapidité dans ses assauts.

Un nouveau mouvement de terrain secoua le sol et désarma l'équilibre de la jeune femme. Une brûlure acide lui stria le bras en lui arrachant un gémissement de douleur.

« Silesta ! »

Elle vit un éclat de lumière s'abattre droit sur la créature rendue frénétique par l'odeur du sang qui excitait son instinct de tueur. Profitant de la cécité temporaire de la créature, l'humaine reprit ses esprits tout en essayant de ne pas prêter attention à la douleur qui pulsait dans son bras.

Ombrecoeur et le duc étaient encore en proie à leur combat ; elle devrait tenir encore un peu ou se débrouiller seule. Réfléchir. Réfléchir vite et intelligemment.

L'ébauche de son salut s'esquissa sous la forme d'un fin filet de vapeur qui sifflait depuis une énorme bonbonne accrochée contre un mur un peu plus loin. Le calcul fut vite fait : c'était très dangereux mais un sahuagin pris de frénésie sanguinaire l'était tout autant.

« Perdu pour perdu. »

Quand elle vit la créature se tourner de nouveau vers elle en poussant un cri strident enragé, Silesta comprit qu'elle ne devait plus hésiter.

Tout en se créant un bouclier de fortune par le mouvement de ses bolas autour d'elle, la jeune femme entraîna son adversaire dans l'autre recoin de l'espace. Elle grimaça. Avec l'eau de mer qui avait imprégné sa tunique, le sel sur sa plaie au bras rendait ses mouvements plus douloureux.

Le sahuagin devant elle était comme un chien fou, à bondir et à s'agiter comme un dément. Sa soif de sang était exacerbée par la frustration qui l'empêchait d'atteindre sa cible et se traduisait par des feulements suraigus et des mouvements de plus en plus erratiques. Parfait. Plus il serait furieux, moins il se méfierait.

« Désolée, mon sang est déjà réservé. »

Son cœur battait à tout rompre dans sa cage thoracique. Est-ce qu'Astarion allait bien ? Et Gayle ? Et Lae'zel ?

Son dos qui se heurta contre une surface lisse interrompit ses pensées. Si elle existait, que la divinité des idées chaotiques fût avec elle.

Silesta força un dernier mouvement offensif de bolas sur le sahuagin pour le faire un peu reculer puis interrompit ses mouvements, devenant ainsi la proie sans défense parfaite. Privée de toute entrave entre elle et sa cible, la créature rugit sauvagement et fonça droit sur elle, prête à la lacérer d'un coup de griffes-rasoirs.

Le souffle en suspens, l'humaine guetta centimètre par centimètre la face de piranha s'approcher tout en gardant un œil sur la main griffue armée vers elle. Une prière tapie dans un coin de son esprit, elle s'abaissa au dernier moment.

Emporté dans son élan, le sahuagin abattit ses griffes dans la bonbonne sous-pression. Des jets de vapeur sifflèrent des fissures et déversèrent leur flot bouillant droit sur la créature dont le cri stria l'ouïe de tous.

Sans perdre plus une seconde, Silesta contourna le monstre et lui asséna un double coup de boulets aussi puissant qu'elle le put. Nouveau hurlement furieux de l'homme-triton qui chancela sur quelques pas avant d'être arrêté définitivement par un coup de javeline du duc Gardecorbeau droit dans le cœur.

Le souffle rare et l'adrénaline bloquant tout autre message sensoriel, Silesta fut juste en mesure de constater que l'homme et Ombrecoeur étaient encore en vie et leur adversaire amphibien mort.

« Ombrecoeur, escortez le duc au submersible, haleta l'humaine en lui désignant le couloir d'un mouvement de la tête.

_ Et vous ?

_ Je m'occupe de l'autre cellule et je vous retrouve. Le duc aura besoin de votre protection si vous recroisez encore ces bestioles. »

Un vague doute traversa les iris clairs de la prêtresse mais elle dut se résoudre. Elle acquiesça et pria le duc de la suivre avant de disparaître avec lui dans le corridor menant à la sortie.

Réprimant une grimace douloureuse, Silesta traîna un peu les pieds dans l'eau quand elle s'approcha de la porte de la cellule. Une humaine et une gnome la guettaient derrière le hublot avec un soulagement couplé d'angoisse.

Pour la malchance de notre amie, le levier qui ouvrait cette prison était plus grippé que les autres et refusa de bouger avec la force de son seul bras valide.

« Comme si ça ne pouvait pas être pire... » bougonna-t-elle de mauvaise humeur.

Elle attrapa le levier de sa deuxième main et tira de toutes ses forces, non sans faire crier sa blessure. Enfin, le levier glissa et la porte grinça dans ses pistons.

« Merci, mille mercis ! s'écria la gnome en enserrant la jambe de sa sauveuse. Par Gond, vous... ! »

Elle se tut, livide. Plus loin derrière, une silhouette verdâtre se détachait dans la pénombre, ses yeux noirs vissés dans ceux des trois femmes qui la contemplaient avec horreur. Silesta perdit un instant le fil de sa pensée.

« Finalement, ça pouvait être pire. »

Elle attrapa un bout de chaîne dans chaque main et fit un pas en avant.

« Courez aussi vite que vos jambes vous le permettent. Tout droit et prenez l'échelle au croisement.

_ Mais...

_ Allez ! »

La jeune femme ancra ses iris droit dans ceux du sahuagin pour qu'il maintienne son attention sur elle jusqu'à ce qu'elle entende les pas précipités des Gondiennes se perdre dans le couloir.

Elle ferma les yeux et inspira lentement.


« Je ne suis pas un sac !

_ Ah, silence ! Vous êtes encore moins utile qu'un sac ! »

C'était avec un gnome sous le bras qu'Astarion remontait son couloir en courant tout en jetant des coups d'œils frénétiques par-dessus son épaule.

À son grand dam, le roublard n'avait pas trouvé le duc Gardecorbeau mais la cellule d'un gnome dont l'état physique ne lui permettait plus de prendre ses jambes à son cou. La seule solution que le vampire avait trouvée – autre que celle de laisser le prisonnier en pâture aux sahuagins pour gagner du temps – était donc de prendre le problème à bras le corps. Littéralement. Il en pestait en son for intérieur. Depuis qu'il connaissait Silesta, il s'adoucissait trop.

Des cris stridents retentirent dans l'écho derrière lui. Apparemment, le monstre marin croisé auparavant n'avait pas apprécié sa dérobade éclair qui l'avait privé de sa victime. Il fallait faire vite. Pas de temps à perdre avec des combats risqués et chronophages, il fallait retourner au submersible. La dernière gorgée disponible de sa potion de vitesse lui donna le coup de fouet final dont il avait besoin pour s'enfuir.

En approchant de l'échelle, Astarion vit des Gondiens qui débouchaient des autres couloirs avec l'énergie du désespoir et pila en manquant de rentrer dans Gayle qui revenait au même moment de son embranchement.

« Vous avez vu le duc ? s'enquit le magicien, le souffle court.

_ Non, et vous ?

_ Non plus. »

Gayle poussa tout à coup son acolyte sur le côté et tendit la main.

« Arure ! »

Un éclair électrique zébra l'espace et alla frapper de plein fouet le sahuagin qui accourait en arrière-plan. La bête se raidit dans un râle tressautant avant de s'effondrer dans la nappe d'eau qui avait servi d'excellent tapis conducteur.

Refusant de perdre la face devant son rival, le roublard haussa les épaules avec suffisance.

« J'aurais pu m'en défaire facilement.

_ Avec un gnome sous le bras ? »

Le vampire baissa les yeux sur son fardeau qui l'assassinait du regard.

« Ah. Oui.

_ Non, mais je vous en prie, railla le paquet vivant. Faites comme si je n'étais pas là. »

Sans plus de cérémonie, Astarion porta le gnome contre les barreaux de l'échelle comme on accrochait un jambon au clou pour qu'il puisse se mettre à l'abri avec ses congénères lorsque qu'une violente secousse se déclencha.

Une nouvelle symphonie de tôle pressée qui se gondolait et/ou cédait vibra dans les murs tout autour d'eux. L'eau qui remontait des couloirs ne tarderait plus à mouiller leurs bottes. Les deux hommes échangèrent un regard tendu. Le Trône de Fer n'en avait plus pour très longtemps.

Après un dernier coup d'œil vers les couloirs sombres, Astarion monta l'échelle et entendit Gayle appeler d'en bas Lae'zel qui devait approcher à son tour.

Quand le vampire regagna le sous-marin, il y trouva les otages qu'il avait libérés ainsi que ceux qu'il avait vus en arrivant. Pas de trace du duc ni des deux autres femmes. Gayle monta à son tour, aidant à sa suite une prisonnière pour grimper les derniers échelons, puis Lae'zel dont les traces de sang sur son armure laissaient entendre qu'elle avait aussi fait de mauvaises rencontres.

Les prisonniers prenaient place un à un dans les petits sièges qui longeaient le submersible, terrassés d'épuisement, ou tombaient dans les bras les uns des autres, trop heureux de se retrouver vivants.

Une fois extirpée à son tour, Lae'zel se laissa rouler par terre, à bout de souffle.

« Les autres ? »

Un silence pesant prit place parmi les exclamations soulagées des Gondiens. Soudain, un bruit de métal frotté attira leur attention en contrebas. Gayle accourut à la trappe.

« Duc Gardecorbeau ! »

Il attrapa la main de l'homme et l'aida à monter. Son sourire s'agrandit quand il reconnut ensuite les cheveux argentés d'Ombrecoeur qui venait littéralement de se jeter à son tour sur l'échelle.

« Vite, Ombrecoeur, tout va bientôt être détruit ! » l'appela le magicien.

La demi-elfe ne bougea pas, gardant obstinément le visage tourné en arrière avec angoisse en serrant les dents.

« Ombrecoeur ! »

Elle tressaillit et secoua la tête avant de s'engager à son tour sur l'échelle. Quand elle arriva, le soulagement de ses camarades ne dura que quelques instants avant de se faner et disparaître dans un constat pétrifié.

« Et Silesta ? »

Les trois regards se braquèrent sur la cléresse qui ne cachait plus son désarroi.

« Je ne comprends pas. Elle m'a dit de partir devant pendant qu'elle ouvrait une dernière... »

Nouveaux bruits métalliques provenant de l'échelle qui firent retourner tout le monde. Hélas, ces mains qui se hissèrent appartenaient à une autre humaine qui aidait sa comparse gnome à monter aussi. Quand Ombrecoeur les reconnut et leur demanda où était la jeune femme rousse qui l'accompagnait, les grands yeux apeurés qu'elles eurent gelèrent tout le monde sur place.

« Un monstre a surgi et... »

La gnome fut interrompue par un autre tremblement qui secoua le submersible mais ses quelques mots suffirent à distiller tout l'affolement qu'ils sous-entendaient pour l'auditoire. Ombrecoeur murmura sa frustration d'avoir laissé sa camarade derrière pendant que Lae'zel appelait vainement Silesta depuis la trappe. Gayle était perdu dans ses pensées confuses, à la recherche de la moindre solution et Astarion s'était statufié, la gorge si serrée qu'il en avait mal.

« Tout va bientôt céder, on décolle ! » beugla Masserouge en embrayant sur un levier.

Son élan prit sitôt fin quand une dague affûtée alla se presser contre sa pomme d'Adam. Le nain frémit et tressaillit encore plus fort quand il croisa les flammes incandescentes qui dansaient dans les prunelles meurtrières d'Astarion.

« Si cet appareil bouge d'un pouce, je vous saigne. »

Les landes glacées de la Rashéménie n'étaient rien en comparaison du gel qui entourait sa voix.

« Vous allez tous nous faire tuer ! » riposta Masserouge avec véhémence, encore plus effrayé par la perspective d'exploser avec le Trône de Fer.

Hors d'atteinte des interpellations de Gayle qui essayait vainement de lui faire entendre raison, le vampire était sur le point de rompre par lui-même le maigre fil de son bon sens qui le retenait de trancher la gorge qu'il tenait en joue lorsqu'un son étouffé lui parvint.

Il était lointain, presque inaudible et pourtant, il avait réagi aussi vivement que s'il s'était pris une flèche en plein cœur. Une odeur familière gonfla tout à coup ses poumons dans une inspiration profonde. Il fit volte-face.

Le bruit se concrétisa davantage. Des éclaboussures d'eau qui fendaient un tapis aqueux. L'odeur ferreuse douceâtre s'intensifia encore. L'elfe se précipita vers le sas et vit Silesta arriver en chancelant au pied de l'échelle. Pantelante et au bout de ses forces, elle leva un regard angoissé, craignant trouver une trappe fermée.

« Grimpez vite ! » l'appela Astarion.

Pendant que ses autres compagnons prévenaient Masserouge de se préparer à partir, le roublard tendit le bras vers la jeune femme et lui attrapa la main dès qu'elle fut à sa portée. Son impatience de vite la ramener à lui était telle que Silesta s'extirpa du sas pour retomber directement contre Astarion.

« Ah... doucement... » gémit-elle quand les bras du roublard se refermèrent trop fort autour d'elle et son bras blessé.

Elle se redressa comme elle put et fut arrêtée par les mains d'Astarion qui lui encadraient le visage.

Un capharnaüm d'émotions tempêtait dans ses yeux amarante, suffisamment dense pour encore parvenir à déstabiliser l'humaine même après tout ce temps.

Elle tenta de dissimuler son trouble par une nouvelle pirouette :

« Q-Quoi ? N'est-ce pas le propre des femmes de se faire désirer ? »

L'expression atterrée que l'elfe lui retourna alors la perça au plus profond de son âme.

« N'avez-vous donc rien écouté, hier soir ? »

Elle comprit et perdit aussitôt son masque de fausse désinvolture, soudain prisonnière de ce qu'elle venait de lire enfin dans les yeux de son compagnon. Elle qui avait justement isolé cette même terrible angoisse en elle pour pouvoir faire face à ce sahuagin, Astarion lui mettait le contre-coup en pleine figure : il avait eu peur pour elle. Vraiment peur. Tout comme elle avait été terrorisée de ne jamais revenir. Silesta se sentit bien petite tout à coup.

« Je suis désolée », lui murmura-t-elle simplement dans un faible sourire en posant son front contre le sien.

Le soulagement du roublard de la savoir en vie était bien supérieur à son envie d'objurguer sa témérité. Il se surprenait lui-même d'éprouver pareil apaisement quand il sentit sa peau contre la sienne. Elle était vivante...

« Ne recommencez jamais ça. »

La voix blême d'Ombrecoeur tira Silesta de sa bulle. L'humaine se remit debout, prête à s'excuser auprès de son alliée mais la cléresse la prit de court en l'étreignant subitement, légèrement tremblante.

« J'ai eu tellement peur pour vous », admonesta la demi-elfe à voix basse.

Silesta baissa les yeux, encore plus penaude. Cette étreinte digne d'une sœur lui faisait quelque chose. Qui l'avait déjà serrée si fort contre son cœur ?

Les regards soulagés teintés de joie de Gayle et Lae'zel finirent de l'achever d'un coup de lame culpabilisante en plein cœur. La gorge nouée d'émotion et ébranlée par le contre-coup de stress, l'humaine ne put que serrer son amie dans ses bras, heureuse de la savoir en vie aussi.

Des applaudissements soutenus d'exclamations d'allégresse s'élevèrent. Avec toute l'effervescence qu'avait provoquée cette fuite-éclair, nos aventuriers en avaient oublié qu'ils n'étaient pas tout seuls dans le sous-marin.

Pendant qu'Ombrecoeur s'occupait de guérir le bras blessé de Silesta, Gayle approcha le duc Gardecorbeau qui était encore chamboulé par son extraction sous haute tension. Même soumis à la domination du parasite qui voilait sa conscience d'un fin voile terne dans le regard, l'homme revenait de loin et en avait conscience.

« Vous êtes les plus éveillées des âmes, dit le duc qui évoluait dans de profondes limbes psychiques. Merci de m'avoir sauvé. »

Au travers de la pensée, le magicien demanda à l'Empereur de placer sous sa protection l'esprit du duc. Quelques secondes plus tard, les pupilles d'Ulder oscillèrent et son expression se raffermit, bien plus alerte.

« Que... Que m'est-il arrivé ? balbutia le Poing Enflammé d'un air hagard. Je me sens... Ce silence... »

Gayle s'attela à lui faire un résumé de la situation. L'homme fut horrifié par son récit mais la droiture de son âme s'indignait bien plus du plan ignoble de Gortash que du fait d'avoir été infecté par une larve de flagelleur mental. Dire qu'il avait donné les pleins pouvoirs à ce tyran !

« L'Absolue... Sa voix était claire comme le cristal, envoûtante comme une nymphe, se souvint le duc avec horreur. Vous m'avez délivré de sa noire influence, ma gratitude éternelle vous est acquise.

_ C'est surtout la Porte de Baldur qui aura besoin de vous.

_ Si nous survivons à tout ce qui nous attend encore », précisa Astarion comme s'il évoquait un menu détail.

À présent remise de ses émotions, Silesta put prendre le temps d'apprécier autour d'elle les Gondiens sains et saufs. D'après ses autres compagnons, aucune perte n'était à déplorer parmi les prisonniers, cela tenait presque du miracle. C'était une heureuse nouvelle mais hélas, ces malheureux n'étaient pas les seules victimes de ce monstre de Gortash.

« Les vôtres travaillent dans la fonderie, c'est bien ça ? »

La gnome à la peau brune assise à ses côtés opina du chef, l'air tendu malgré sa joie d'être encore en vie. Tous les Gondiens ici présents étaient retenus en otages afin d'obliger leurs familles à faire tourner la fonderie de la Garde d'Acier et continuer de construire les machines de Gortash.

« Maintenant que vous nous avez sauvé la vie, les nôtres n'ont plus de raison d'obéir aux ordres du tyran. Il faut les tirer de là ! Je vous en prie, aidez-les aussi. »

Les aventuriers se consultèrent du regard d'un air entendu. Après tout, ils n'étaient plus à une bisbille près avec l'élu de Baine, pas vrai ? Et puis, ils avaient une fonderie à faire exploser.


J'ai mis pas mal d'essais avant de comprendre qu'il ne fallait pas laisser Gayle partir tout seul vers le chemin du bas. Lol Et un coup sur deux, j'oubliais un gars dans sa cage ou un fuyard se faisait arrêter par un filet et tué dans la foulée. -_- Dommage qu'ils n'aient pas tous un TP automatique comme Omelum.

Et pour mon deuxième run, first try. * chef's kiss * Merci les contrôles du barde.

Prochain chapitre, je consens à soulever un touuuuuuuut pitit peu un voile de mystère. Mais petit petit, hein ?