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Alisone marchait pieds nus le long de la plage de Laytown, à moitié sur le sable, à moitié dans l'eau. La mer d'Irlande s'étendait à perte de vue, et la marée montait de plus en plus. Pourtant, la jeune femme n'admirait pas la mer brillante, mais la berge où ses pieds s'enfonçaient. Mick, son mari, souriait de la voir faire. Toutes les cinq minutes environ, Alisone se penchait pour ramasser des coquillages, les analyser rapidement, inventorier mentalement l'aspect et la classe dudit coquillage, jusqu'à décider de le prendre avec elle, ou de le laisser à la mer.
- Tu l'as déjà celui-là... rappela Mick, tout sourire, en se rapprochant de sa femme.
- Je les ai déjà tous. Tous les coquillages qui peuvent exister en Irlande sont déjà chez nous.
Mick sourit derechef, parce que la jeune Alisone avait totalement raison.
De retour dans leur Irish Cottage, Alisone se mit à l'ouvrage : elle sortit son matériel de nettoyage pour laver ses dernières trouvailles salées, encore rempli de sable ou parfois couvertes d'algues émeraude. Une fois rincé et séché, la petite sirène essaya de trouver une place sur son énorme meuble en bois blanc qui contenait son immense collection océanique.
Mick se glissa à sa droite et sourit en voyant sa femme bouger les coquillages de place, les serrer un peu plus, pour permettre aux nouveaux de se frayer un espace libre. La couleur de la commode n'était plus visible, engloutit sous les coquilles Saint-Jacques, les couteaux, les huîtres, les coques, les bigorneaux, les moules, les pétoncles, les praires, les escargots des mers, et tous les autres.
Une fois que les nouveaux bébés rejoignirent leurs homologues, Mick prit sa femme dans ses bras, en demandant tout sourire :
- Est-ce que j'aurais le droit à un seul coquillage ?
Alisone lui vola un baiser, avant de répondre :
- Bien sûr ! J'en ai un parfait pour toi...
Elle chercha un moment au milieu de ses trésors pour retrouver celui qu'elle avait en tête, puis elle l'attrapa, un peu couvert de poussière et de sable. Il était poli par les vagues et le temps, d'une couleur tout aussi délavée que sa structure, mais il avait désormais une forme plutôt spéciale.
Mick se mit à rire, en comprenant :
- Oh, il est en forme de cœur !
- Oui. Le cœur de l'océan. Mon cœur à moi.
Mick et Alisone s'embrassèrent.
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FIN
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27.06.2024
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