Chapitre VI

Ce jour-là, Nathan avait annoncé qu'il irait voir le match Raimon – Otaku. Il trouvait infiniment suspecte la défaite d'Occulte contre ce ramassis de geeks plus souvent dans leur café que la balle au pied. On pouvait dire ce qu'on voulait des progrès fulgurants de Mark et sa bande, eux au moins s'entraînaient assidûment. Le défenseur ne pouvant toutefois pas avoir les yeux sur toute l'équipe, il avait informé ses coéquipiers de son projet. John et Derek s'étant joints à lui, tous trois s'engageaient dans la ruelle menant au terrain d'Otaku lorsqu'une voix féminine cingla dans leur dos.

-Merde, alors ! Qu'est-ce que la Royale vient faire par ici ? Vous vous êtes perdus, mes agneaux ?

-Tu cherches à t'en prendre une, pétasse ? Riposta John en voltant.

Nathan posa une main sur l'épaule de son ami, le retenant et l'apaisant momentanément. Trois joueurs de Wild approchaient ; Adrian Speed, Steve Eagle et Cham Greenway. Guépard comptait parmi ces individus que la pratique intensive d'un sport, en particulier de super-techniques, faisait muter. Les transformations étaient plus ou moins esthétiques d'un joueur à l'autre, dépendant à la fois de l'environnement et de la personnalité du concerné. Le jeune homme s'en sortait franchement mieux que beaucoup, à l'instar de Troy Moon d'Occulte. Son rictus découvrit des crocs affilés.

-Tout doux, chaton ! Le tempéra Caméléon d'une grattouille derrière l'oreille avant de reprendre à l'adresse du trio d'en face. Mais sérieusement, qu'est-ce que vous foutez là ?

-Nous pourrions vous retourner la question, opposa Derek. Votre zoo est drôlement loin.

La jeune fille explosa de rire.

-Notre « zoo » ? Méfie-toi, demi-portion. Une bonne morsure se paie en points de suture.

Le défenseur sentait John bouillir à côté de lui. Le milieu avait toujours eu le sang chaud et ne faisait jamais le moindre effort pour éviter un combat. S'il ne voulait pas que cette journée finisse mal, Nathan allait devoir rapidement calmer le jeu. Le tout était de désamorcer le conflit sans paraître reculer devant la menace. En cela, il avait de la chance dans son malheur car il connaissait Aigle. Étant enfants, ils habitaient dans le même quartier et s'étaient fréquentés jusqu'à son entrée à la Royale. Le regard du brun le transperçait, plus inquisiteur que franchement hostile. S'il voulait bien l'aider, personne ne cracherait ses dents aujourd'hui. Ça valait le coup de tenter.

-Bonjour, Steve.