Chapitre XLII
La dernière fois que Nathan avait dormi chez Mark, le jour de leur altercation avec les triplets Murdock, le défenseur s'était arrangé avec John pour qu'il bipe discrètement son badge à sa place. Tous les élèves possédaient un double de leur identifiant en cas de perte du premier exemplaire, mais l'école connaissait le stratagème et y prenait garde. Alors pour éviter à son camarade de courir à nouveau des risques qui leur auraient valu à tous deux des ennuis s'il s'était fait pincer, Nathan appela cette fois sa mère pour lui expliquer la situation et la convaincre de téléphoner à la Royale afin de faire savoir qu'elle autorisait son fils à passer les prochaines nuits chez un ami. Ce souci réglé, le défenseur annonça la bonne nouvelle au brun qui s'empressa de lui installer un futon. N'ayant initialement pas prévu de rester, Nathan dut se faire prêter des vêtements plus confortables que son uniforme. Ils ne fermèrent pourtant pas tellement l'œil, travaillant et révisant, révisant et travaillant, encore et encore, cette nuit-ci et les suivantes. Même si Sharon le ramenait le matin en voiture à la Royale (à pied, le défenseur ne serait jamais arrivé à l'heure en cours à moins de se lever si tôt que ça l'aurait vite achevé), le gardien et lui étaient aussi épuisés l'un que l'autre quand vint le week-end. Assis en tailleur sur le lit de Mark, ils piquaient du nez sur un quelconque exercice lorsque le portable de Nathan vibra. Il s'en saisit machinalement, lut le texto reçu sans vraiment intégrer son contenu, le relut… et fut tout à fait réveillé.
-Oh putain ! S'exclama-t-il en agrippant l'épaule du brun et en lui fichant l'écran sous les yeux. C'est David ! Il dit que Joseph est réveillé !
Le gardien mit quelques secondes à comprendre, son regard allant de ses équations au défenseur, sans passer par l'appareil ni bien voir le rapport. Puis son cerveau redémarra et il eut le réflexe enfantin d'étreindre joyeusement Nathan avant de sauter du lit. Tous deux alternaient entre sourires radieux et rires incontrôlables. Sans s'inquiéter des livres, feuilles et stylos qu'il avait envoyés valser, Mark attrapa le défenseur par la main et ils se ruèrent hors de la chambre. Tandis qu'ils dévalaient les escaliers, le brun jeta à sa mère ;
-Joseph a repris connaissance ! On va à l'hôpital !
Dans leur euphorie, ils n'attendirent pas la réponse de Sharon et coururent à travers la ville plutôt que de se faire conduire. Heureusement pour Nathan, on lui avait ôté son plâtre et, quoique s'essoufflant à cause de son long manque d'activité physique, il pouvait suivre le rythme du gardien et n'avait plus mal. En dépit de la fatigue accumulée, ils filaient sans se lâcher. Tout au bonheur de retrouver son ami, le défenseur fut épargné par l'habituelle confusion que lui infligeaient les démonstrations d'affection ou le contact de Mark. Lorsqu'ils débarquèrent dans la chambre de Joseph, hors d'haleine, ils se tenaient toujours aussi fermement mais n'en avaient même plus conscience.
