Hello à tous ! je tiens à m'excuser pour le manque de post samedi. Mais je me rattrape aujourd'hui avec ce chapitre.

Bonne lecture :)


Deux semaines défilèrent sans autre événement particulier. Le Manoir était relativement calme, les repas en compagnie des Malefoy, plutôt austères, et la relation entre la jeune femme et le blond atteignait des sommets d'indifférence. Dorea n'avait plus vu Drago en-dehors des dîners et elle le soupçonnait de ne pas avoir encore digéré son refus de céder et lui dévoiler son secret. Il était évident que le jeune homme prenait cela comme une trahison, mais Dorea ne pouvait rien lui révéler, au risque que cela puisse le mettre en danger.

Ce soir-là, la jeune femme remonta dans sa chambre d'un pas las, appréhendant la réunion du lendemain. Voldemort et Bellatrix seront de retour le matin, ce qui voudra dire que l'ambiance calme et légèrement affranchie qui avait régné dans le Manoir ces deux dernières semaines se bouleverseraient en une peur sourde de tous les instants.

D'ailleurs, elle se demandait dans quel but, le Seigneur des Ténèbres, faisait des voyages aussi longs ? Que cherchait-il ? Car il cherchait certainement une chose en particulier, qui ne devait, manifestement, pas se trouver dans le pays pour partir aussi longtemps ?

C'est sur cette question, qu'elle pénétra sa chambre et commença à se déshabiller pour revêtir une tenue plus confortable pour la nuit. Tandis qu'elle se brossait les dents, une fois de plus, ses pensées se dirigèrent vers le jeune Malefoy.

Il avait été si élégant, ce soir, avec son costume trois pièces. L'envie subite de le toucher, de l'embrasser, l'avait rongée durant tout le repas. Ça devenait de plus en plus dur de ne plus l'approcher. Et ce qui rendait l'épreuve d'autant plus délicate, c'était sans cesse ces images de leur dernier baisé. Ça avait été bestial et en même temps si voluptueux. Ça revenait fréquemment, tels des flashes dans son esprit. C'est donc avec amertume qu'elle constata qu'il l'avait rendue totalement accroc.

À son odeur, à son touché, à ses mains, à sa bouche, à sa langue…

Elle cracha le dentifrice dans l'évier et s'accrocha fortement au rebord marbré du meuble. Sentant son bas-ventre se réveiller, comme à chaque fois qu'elle revivait la scène, elle inspira et expira lentement, tâchant de calmer et surtout d'enfouir ce désir inassouvi. Car il était certain que si Narcissa Malefoy ne les avaient pas interrompus, il l'aurait sauvagement prise sur ce fichu fauteuil. Et elle ne se serait certainement pas refusé ce plaisir inavouable. Il n'y avait que lui pour la mettre dans état pareil.

Dorea releva la tête et observa son reflet à travers le miroir. Non, elle ne devait pas plier, rien de bon n'en ressortirait.

C'est sur cette pensée, qu'elle se dirigea vers son lit et s'enfouit dans ses draps, tâchant d'apaiser l'ardeur qui progressait en elle chaque fois qu'elle imaginait le blond la toucher de la plus érotique des façons.

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Drago, qui avait revêtu son bas de pyjama, lisait posément dans son lit quand son elfe de maison apparut devant lui dans un volute de fumée.

- Tiny ? dit Drago en levant le nez du grimoire alors que l'elfe se courbait en une révérence profonde. Que se passe-t-il ?

- Navré de vous déranger, maître Drago, fit la créature en se redressant, mais je crois qu'il y a un problème avec Miss Dorea.

Hâtivement, le blond posa l'ouvrage sur la table de chevet, et se redressa, l'expression paniquée.

- Il s'est passé quelque chose de grave ?

- Non, mais…

- Mais quoi ?! s'impatienta le jeune homme.

- Eh bien, elle ne cesse de pleurer depuis plus d'une heure. J'ai bien tenté de la calmer. Mais je n'ai pu rien faire jusque-là.

- Pourquoi pleure-t-elle ?

- Je ne saurais vous dire pourquoi, mais elle vous réclame. Elle assure qu'il n'y a que vous pour l'apaiser.

Drago observa son elfe et expira fortement. Si une chose était certaine, c'est qu'il n'y avait que lui pour la maîtriser lorsqu'elle était dans un état proche de l'hystérie. Elle redoutait certainement la réunion du lendemain. La réalité revenait cruellement à eux…

- Je vais aller la voir, je te remercie Tiny, dit Drago en se dirigeant vers la porte.

L'elfe disparut et Drago sortit de la chambre, s'enfonçant dans l'interminable corridor sombre. Ses pas, camouflés par le chemin de tapis couleur gris anthracite, il eut l'assurance qu'il ne réveillerait pas ses parents qui devaient certainement déjà être endormis. Malheur si son père le trouvait dans les couloirs à près de minuit alors qu'il rejoignait la jeune femme. Même si c'était seulement pour la consoler.

Il espérait prendre son indépendance très vite. S'il ne retournait pas à Poudlard cette année, il pouvait être certain qu'il déguerpirait de ce Manoir aussitôt sa décision prise.

Il atteignit le second étage, nouvellement destiné aux invités, en l'occurrence Dorea, sa tante et les Carrow, bien que ces derniers ne fassent pas vraiment partie de cette catégorie. Il s'arrêta devant la porte de la rousse.

Il toqua une fois, tâchant de le faire discrètement. Durant un instant, seul le silence lui répondit, puis un cliquetis s'actionna et la porte s'ouvrit d'elle-même. Jetant un coup d'œil hésitant à l'intérieur, il entra toutefois perplexe de n'apercevoir aucune présence dans la pièce, qui était anciennement sa propre chambre.

Un sanglot, provenant de la salle-de-bain, déchira le mutisme des lieux. Il ferma promptement la porte et se dirigea vers la salle d'eau où il trouva Dorea recroquevillée au sol, la tête nichée entre ses jambes.

Alors qu'il s'approchait doucement de la jeune femme, il ne put se retenir de remarquer comme elle était désirable. En outre, elle portait une fois encore ce t-shirt informe, floqué au nom de Potter – ce qui l'agaçait prodigieusement – et pouvait même voir la naissance de ses délicieuses fesses arrondies.

Que Merlin l'en pardonne, mais là, sa volonté était rudement mise à l'épreuve. D'ailleurs, chaque jour, il endurait un calvaire, qui, le mettait à rude patience.

Toutefois, il ne pouvait se résoudre à succomber. Il souhaitait entamer une véritable relation sur des bases saines. Il y a peut-être quelques mois de cela, il aurait pris ce qu'il avait voulu et s'en serait lavé les mains aussitôt fait. Mais, l'année écoulée l'avait fait mûrir, l'avait même métamorphosé. Sans compter, que cette fille, là, tout juste devant lui, d'une étonnante fragilité, le chamboulait au possible. Elle lui avait chamboulé son monde, ses valeurs, ses idéologies, ses principes, son présent et son avenir… Car s'il y avait bien une chose qu'il tardait plus que tout au monde, c'était un avenir avec elle. Pour elle, il voulait être tout ce qu'elle pouvait espérer de mieux. Et c'était à commencer par devenir une personne de bien, intègre, droite. Et donc se sortir de ce bourbier le plus rapidement possible.

Les mots qu'avaient eus Albus Dumbledore sur cette tour d'Astronomie, avant qu'il ne meure, l'avaient fait grandement réfléchir. Chaque fois qu'il y pensait, il sentait son estomac se retourner sous la culpabilité qui le tourmentait. Peut-être… Peut-être que s'il avait obtempéré, s'il l'avait écouté, s'il lui avait demandé son aide, ils n'en seraient pas là. Ni lui, ni elle, ni sa mère. Ni même son père. Ils seraient en sécurité. Éventuellement dans un lieu hostile pour lui, mais auprès d'elle avec des personnes bienveillantes veillant sur son bien-être. Pas dans un lieu où chacune des personnes qui l'entourait souhaitait sa mort. Bref, s'il avait écouté ce vieux fou, il aurait été certain de deux choses : d'une, leur sécurité, à lui, à elle, à sa famille, de deux un avenir envisageable pour leur couple.

Néanmoins, malgré l'hostilité de leur environnement, il s'était promis de tout faire pour qu'ils aient un semblant de ce même avenir auquel il rêvait.

Mais avant de parler d'avenir, ils devaient tout deux régler le présent, et ça commençait par la de leur relation. Il n'y croyait pas une seule seconde à ce retournement de situation… Il la connaissait trop bien. Elle s'était tant battue pour lui l'année dernière. Elle s'était tant battue pour le ramener dans la lumière, qu'il serait étonnant qu'elle s'engouffre dans les ténèbres seulement pour son salut. Vraisemblablement était-ce l'une des raisons de sa présence ici, dans ce Manoir, au milieu des mangemorts les plus retors du pays. Mais il y avait autre chose. Il en était convaincu.

Drago s'avança doucement vers la jeune femme, puis quand il fut proche, il s'accroupit devant elle. Il posa donc ses mains doucement sur les cuisses nues de cette dernière. Le contact chaud la fit émerger de sa peine et elle redressa son regard émeraude brillant de larme pour l'observer avec surprise.

- Tu… tu es venu ? bredouilla-t-elle.

- Bien évidemment que je suis venu, soupira Drago avec un mi-sourire contrit. Dis-moi, ce qu'il se passe ?

Dorea secoua le chef puis haussa les épaules. Toutefois, elle garda le silence, continuant à pleurer silencieusement.

- C'est à propos de demain, c'est ça ? interrogea-t-il précautionneusement d'un ton qu'il ne se connaissait pas.

Elle tenta d'étouffer un autre sanglot, mais sans réussite. Drago s'installa sur le carrelage, près d'elle et l'enlaça d'un bras protecteur. Cette dernière posa sa tête sur son torse et renifla, puis essuya son nez et ses yeux coulants.

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- Qu'est-ce que tu fiches ici, Dott' ? souffla Drago avec dépit.

Pour toute réponse Dorea enfouit son nez dans le cou du jeune homme, humant et se délectant de son odeur musquée. Sans réfléchir, elle déposa un baiser aussi léger qu'un effleurement et elle sentit le blond cesser de respirer aussitôt. Ce dernier recula puis tourna la tête pour la fixer de ses orbes métalliques devenant progressivement dilatées de concupiscence à l'instar de la rousse.

- Qu'est-ce que tu fais ? murmura Drago.

La question prit au dépourvu la jeune femme, et elle sentit ses joues chauffées sous le malaise qui grandissait en elle.

- Euh… je… désolé, bredouilla-t-elle en baissant les yeux pour éviter ceux du jeune homme qui la dévisager étonné.

- Ne crois pas que je n'en ai pas envie Dorea. Bien au contraire. Si je pouvais te prendre et te baiser sauvagement sur ce carrelage, je le ferais de suite.

La rousse releva vers lui un regard ébaudie, ayant la sensation qu'une floppée de billywig s'envole dans son bas ventre à l'entente des mots crus du jeune homme.

- Mais je veux connaître la vérité, trancha-t-il.

Un silence pesant s'ensuivit, puis Dorea expira lourdement et dit dans un chuchotis :

- Ce que tu ne comprends pas, c'est que si je t'implique dedans, tu seras en danger à chaque instant lorsque tu te retrouveras en face de lui.

- Parce que tu ne l'es pas toi, peut-être ?

- Moi c'est différent !

- Différent ?! Différent ! s'exclama-t-il brusquement agacé en se levant du sol. En quoi est-ce différent ? Hein ? fit-il en se tournant face à elle pour la surplomber de sa hauteur. Parce que tu maîtrises mieux l'occlumencie que moi ? C'est ça ? Ne te fais pas de soucis, ajouta-t-il sèchement. J'ai été à bonne école. Ma tante m'a tout appris par la torture. Crois-moi ça a été réellement efficace ! termina-t-il sur un ton d'ironie.

- Je suis loin de plaisanter Drago.

- Moi également.

Dorea détourna son regard, secouant la tête désabusée. Que voulait-il qu'elle dise ? La vérité ? Seulement, la vérité sur sa présence dans ce Manoir ne l'impliquait pas seulement elle. Il s'agissait également du professeur Rogue. Une petite voix au fond d'elle lui signifia que l'implication de Severus Rogue n'était qu'une excuse. Car elle savait, au fond d'elle, que Drago ne les trahirait jamais. Ni lui, ni elle.

- Je désire vivre une véritable histoire avec toi Dott'. Je veux un avenir avec toi. Mais je ne peux l'envisager tant que tu me mens ouvertement.

- Un avenir avec moi ? Tu es sérieux ? As-tu pensé à ce que diraient tes parents si tu venais leur soumettre l'idée même d'un avenir avec moi ?

- Ma mère ne te déteste pas.

- Ta mère peut-être pas, mais ton père… Me voir six pieds sous terre serait l'équivalent d'un matin de Noël pour lui.

- Lui, je m'en fou, ça fait longtemps que je l'ai renié.

- Tu ne peux pas Drago, c'est ton père, dit-elle en relevant du sol carrelé à son tour. Quoi qu'il ait fait, quoi qu'il soit, il reste ton père ! se récria-t-elle. C'est peut-être un connard de la pire espèce, mais tu ne peux pas le renier comme ça ! Tu l'as aimé, tu l'as admiré. C'est un passé que tu ne peux pas effacer. Et je suis certaine qu'il regrette beaucoup de vous avoir, ta mère et toi, embarqué là-dedans. Je refuse d'être un obstacle entre vous.

Un silence s'abattu une fois de plus sur la pièce. Dorea essuya son nez humide.

- Tout ceci ne sont que des excuses. D'abord ton frère, puis Astoria, mes parents… Tout ce que je constate, c'est que jusque-là, tu n'as pas émis la moindre envie d'être avec moi.

- Oh, crois-moi, je le désire plus que tout au monde. Mais j'en ai plus que marre de tous ces barrages entre nous. Je n'ai pas envie de vivre une relation où l'on tentera constamment de nous séparer, que ce soit tes parents ou mon frère.

- Donc tu te préoccupes des états-d 'âme de ton frère ? Dis-moi, pour une personne qui clame haut et fort qu'elle n'a rien à faire de la survie de son propre frère, c'est un peu étrange, non ? dit-il sèchement.

Dorea ricana tristement, constatant que le blond ne lâchera pas l'affaire de sitôt.

- Je veux des réponses Dorea, poursuivit Drago. Si tu as un tant soit peu d'estime pour moi et pour nos antécédents, notre histoire, alors dis-moi la vérité. Je sais que tu n'es pas ici parce que tu as changé de camp. Tu es ici pour autre chose. Tu peux me faire confiance, insista-t-il en s'approchant un peu plus d'elle de nouveau d'elle. Je suis un bon occlumens, tu le sais, il ne m'arrivera rien. Mais je veux être préparé à certaines éventualités.

Il lui prit la main et caressa tendrement le dos de son pouce.

- Si je te le dis… - elle secoua la tête, retenant ses larmes – tout sera fini entre nous. Tu seras obligé de faire un choix. Moi ou tes parents. Et ça, je ne pourrais pas le supporter.

- Ça, c'est à moi d'en juger, Dorea. Comme tu l'as fait avec moi l'année dernière.

Une larme coula sur la joue de la jeune femme puis elle obstrua ses prunelles.

- Tu devrais partir Drago, marmonna Dorea.

Le blond dévisagea la jeune femme et son cœur se brisa en mille morceaux. Son secret était plus important que lui. Il lui lâcha donc la main et se recula jusqu'à être près de la porte. Il inspira profondément, une colère sourde montant soudainement en lui.

- Je te donne jusqu'à demain soir, pour me dire la vérité, Dorea. Si tu ne le fais pas, alors je te ferais sortir de ce manoir par les cheveux, s'il le faut et nous deux, ce sera fini pour de bon. Tu ne me reverras plus.

Dorea garda les yeux fermés tandis que Drago chemina vers la porte d'entrée. Puis il sortit et la porte se claqua brutalement, démontrant la rage que ressentait ce dernier. Ainsi elle se mit franchement à pleurer, ayant l'assurance que les derniers mots du blond n'étaient pas à prendre à la légère.

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Dorea était allongée sur le lit, fixant le ciel brodé du baldaquin. Elle tourna légèrement la tête vers la table de chevet et vit qu'il était près de cinq heures du matin.

Elle n'avait pas pu fermer l'œil de la nuit, les multiples pensées se bousculants dans son esprit. Les paroles du blond résonnaient en elle telle une litanie : « Je te donne jusqu'à demain soir, pour me dire la vérité, Dorea. Si tu ne le fais pas, alors je te ferais sortir de ce manoir par les cheveux, s'il le faut et nous deux, ce sera fini pour de bon. Tu ne me reverras plus. » Il la mettait devant le fait accomplis, ni plus, ni moins. Dorénavant, la balle était dans son camp. Mais que devait-elle faire ?

Elle n'avait aucun doute sur le fait de lui faire confiance, ce n'était pas la question. Non, le problème demeurait plutôt dans le fait qu'elle mettrait Drago dans une position délicate. Et il était hors de question qu'il se retrouve entre deux eaux, à devoir faire un choix entre elle et sa famille.

Elle inspira profondément puis expira. Elle n'avait donc plus qu'à plier bagage et partir sans laisser de traces. Naturellement, à peine cette idée eut-elle effleurée son esprit, qu'elle la trouva aussitôt stupide. Elle n'avait pas fait tout ce chemin pour laisser tomber à la moindre difficulté. Dans ces conditions peut-être que la seule solution était que…

Oui, c'était bien cela. Dorea n'avait plus le choix. Elle allait être tenu de dire la vérité à Drago.

La jeune femme se redressa sur ses coudes, examinant la chambre autour d'elle. Ses yeux se posèrent sur la malle posée juste devant son lit. Décidée, mais tout de même contrite par le choix qu'elle venait de faire, elle se leva de la couche d'un mouvement las et se dirigea vers la malle, pour s'accroupir devant. Elle ouvrit le coffre, puis commença à sortir quelques affaires pour déblayer l'intérieur et avoir accès au double-fond. Tirant sur la languette, elle découvrit un carnet rouge puis tout à côté un téléphone portable à antenne. Elle prit le carnet, tout en ignorant l'engin qui lui faisait de l'œil chaque fois qu'elle l'apercevait. Néanmoins, cette fois, elle s'immobilisa et tourna le chef vers le téléphone.

Se mordillant la lèvre nerveusement, elle se demanda si elle ne devait pas se lancer et finalement l'appeler. De surcroît, vraisemblablement, attendait-il de ses nouvelles. Ou peut-être pas… Les avaient-ils tous mit en sécurité ? Avait-il exécuté chacune de ses indications ?

Elle expira, relâchant les épaules comme si tout le poids du monde les alourdissaient. Ce n'était pas une coïncidence. Elle désirait entendre sa voix. Leurs voix… Jusque-là, elle avait tâché de faire comme si elle n'avait plus de famille ou bien d'amis, mais elle ne pouvait continuellement faire l'autruche. Elle avait une famille, qui se faisait certainement un sang d'encre pour elle… Et des amis à qui elle devait une véritable explication.

« Tout comme à Drago » lui dit sa conscience la jaugeant avec sévérité.

Elle attrapa alors le téléphone, une boule se formant dans sa gorge alors qu'elle ouvrait le clapet. Et s'ils réagissaient mal ? Et s'ils étaient au courant des événements sur la tour d'Astronomie ? Certainement, l'Ordre avait dû les mettre au courant, eux même informés par Harry. C'était bien la raison pour laquelle elle avait ignoré ce petit engin de technologie moldu que lui avait offert son père à l'entrée de sa quatrième année à Beaubâtons. Elle avait peur de leur réaction.

Inspirant une nouvelle fois pour se donner du courage, elle alluma le téléphone, jetant un œil méfiant à la porte d'entrée. La sécurité n'était jamais suffisante dans cette maison, bien que sa chambre soit déjà insonorisée et fermée tant qu'elle le voulait, elle attrapa sa baguette posée sur le drap au-dessus d'elle, puis lança un sort d'impassibilité sur la porte ainsi qu'un « collaporta », puis reposa sa baguette.

Elle vérifia le réseau sur la barrette en haut dans le coin à gauche. Il n'y en avait qu'une seule, ce qui voulait dire que le champ magnétique qui entourait le Manoir était si fort, qu'un objet tel qu'un portable moldu avait peu de chances de marcher. Surtout pour appeler de l'autre côté de l'Atlantique. Ce n'était pas grave, elle tenterait quand même sa chance. C'était probablement la seule occasion pour elle de les appeler.

La rousse composa le numéro d'un centre d'appels téléphoniques. Collant le combiné à son oreille, une sonnerie se déclencha, puis deux, puis trois…

Qu'elle était idiote : il était cinq heures du matin. Personne n'allait répondre à cette heure-ci. Alors qu'elle était sur le point de raccrocher, on décrocha.

- Centre d'appel de Paddington, que puis-je pour vous ?

- Bonjour, j'aimerais passer un appel transatlantique.

- Quelle ville ?

- New-York… Euh… Je veux dire Brooklyn.

- Le numéro

- 555 – 18 – 23

- Un instant, s'il vous plaît

Le brouilleur se déclencha et dura plusieurs secondes. Dorea retint sa respiration puis finalement une autre sonnerie apparut, puis une deuxième et il décrocha.

- Gabriel Kowalski à l'appareil, se présenta l'américain.

Dorea mit sa main devant la bouche, retenant ses larmes, une fois de plus. La voix de son ami était semblable à une véritable bouffée d'air frais.

- Qui est-ce ? demanda-t-il suspicieux.

- Gabriel, c'est moi, Dorea, fit-elle d'une voix chevrotante.

Un silence s'abattu à l'autre bout de la ligne. Un silence qui dura également plusieurs secondes. Finalement, l'auror reprit :

- Tu es vivante, fit-il dans un souffle soulagé. Comment vas-tu ? Où es-tu ?

- Je… je vais bien. Je suis actuellement au Manoir des Malefoy.

- Tu es… Dott', murmura-t-il dépité.

- Tu sais très bien que je ne peux te donner aucune explication Gabriel. Mais sache que je suis convenablement traité et que pour le moment, tout va bien pour moi. Je t'appelle simplement pour savoir si tout le monde va bien de ton côté ?

- Ils sont tous chez ta tante. Je crois que la cohabitation ne se passe pas très bien entre elle et ta grand-mère, donc tes grands-parents vont chercher un appartement assez rapidement.

- Grand-maman dépense de l'argent, c'est qu'elle est au mieux de sa forme, ricana tristement Dorea.

Elle sentit le sourire de l'américain à l'autre bout du fil.

- Vous avez pu vous échapper à temps ? reprit Dorea plus sérieusement.

- La nuit, qui a suivi la mort de Dumbledore. On a suivi à la lettre tes indications. On a pris le Magicobus jusqu'à Londres, puis un train moldu jusqu'à Paris pour effacer nos traces. Ensuite, on a récupéré tes grands-parents et toujours par la voie moldu, nous avons atteint New-York.

- Bien, c'est bien, souffla Dorea.

- Et nous n'avons rien dit à personne. Tout ce que je sais, c'est que les parents Greengrass ont récupéré Astoria, le surlendemain de la nuit de l'attaque et sont allés se réfugier en Allemagne et la mère de Blaise en Sicile.

- Ok, et… comment… - elle avala avec difficulté sa salive – comment ont réagi mes grands-parents et ma tante ?

- Ils sont furieux, bien évidemment. Contre toi, contre l'Ordre, contre le Ministère, contre tout le monde. Et si tu veux mon avis, ton copain n'a pas intérêt à leur faire face de sitôt. Je crois avoir entendu ta tante parler d'un bistouri ou un truc dans le genre. Bref, elle compte le découper en morceaux. Le mari de Deirdre a accepté de reprendre temporairement les affaires des Artwood. Ton grand-père est assez fatigué depuis quelque temps.

- D'accord, mais il va bien ?

- Il va bien Dott'. Je te l'assure.

- Et mes amis ?

- Daphné a pleuré pendant des jours, Zabini est enragé et Théo a l'intention de s'engager dans la résistance.

- Même si tout se passe bien ici, il vaudrait mieux qu'ils restent tous à New-York.

- Ça, ce ne sera pas une mince affaire. Ils ne supportent pas d'avoir été éloignés de la sorte. Ils ont la ferme intention de retourner en Angleterre, à Poudlard. Du moins Blaise et Théo. Daphné hésite encore.

Dorea soupira, exaspérée.

- Il faut les comprendre, Dorea. Tu as peut-être fait un geste héroïque en voulant les mettre en sécurité, mais ils ont besoin de comprendre ce qu'il se passe. Qu'est-ce que tu dirais si tu étais à leur place ? J'imagine que tu accourrais tout suite pour leur venir en aide ?

- Qu'ils ne fassent surtout pas ça. Cela les exposerait. Essais de les convaincre de rester à New-York.

- Je vais essayer, mais…

Il souffla de dépit.

- Tu es certaine que tu ne veux rien me dire ?

- Non, ce serait trop dangereux. Sache simplement que je vais bien, je suis correctement traité et que je sais ce que je fais.

- Je les vois demain, je leur dirais.

- Tu pourras leur dire aussi que je les aimes ?

- Tu leur diras toi, Dott'. Quand tu nous reviendras vivante. Ok ?

- Entendu, sourit tristement Dorea.

- Fais attention à toi, Dott'.

- Toi aussi.

Dorea, se défit du téléphone puis raccrocha. Ainsi, sa décision était prise, elle révélerait tout à Drago.