- Bon alors, si je résume bien, le journal de Jedusor a été brisé, ainsi que la bague des Gaunt. Il reste donc le médaillon de Serpentard, la coupe de Pouffsouffle et éventuellement une relique de Serdaigle. Ce qui fait cinq horcruxes, dont deux déjà détruit par ton frère et Dumbledore.

Drago faisait les cent pas, plongé dans sa réflexion. Le matin se levait à présent, des rayons de soleil commençant à s'infiltrer à travers les fenêtres de la chambre du blond. Dorea, allongée sur le lit, avait revêtu la chemise du jeune homme, tandis que ce dernier s'était contenté de son bas de pyjama. Néanmoins, aucun des deux n'avait dormi. Discutant, détaillant les notes que la jeune femme avait inscrites sur son carnet, qu'elle tenait d'ailleurs entre ses mains.

- Ce qui nous reste trois à détruire. Mais ça ne colle pas. Dumbledore émettait la possibilité qu'il y en avait un sixième. Cependant lequel ? Peut-être une relique de Godric Gryffondor, mais la seule que je connaisse, c'est l'épée. Et elle sert justement à…

- Détruire les horcruxes, souffla Drago en allant et venant sous ses yeux.

- Drago… On cherche depuis des heures. Peut-être devrions nous faire une pause…

Soudainement, il claqua des doigts vers elle, le regard édifié.

- Nagini, souffla-t-il.

Dorea ouvrit la bouche et observa son petit ami, pantoise.

- Nagini ? répéta-t-elle.

- C'est logique, il l'emmène partout avec lui. Et il contrôle même cet immonde serpent par sa pensée.

- Mais alors pourquoi il souhaite que l'on récupère l'épée ?

- Certainement qu'il se doute de quelque chose la concernant. Dans tous les cas, ça ne nous avance pas sur la recherche des autres horcruxes.

- À ma connaissance, Harry n'est pour le moment en possession d'aucun d'eux, soupira Dorea avec dépit.

- Vu l'entêtement du balafré, je suis certain qu'il mettra, un jour ou l'autre la main sur l'un d'entre eux, dit le blond simplement.

Dorea, voyant là un compliment dissimulé, eut un léger rictus espiègle.

- Quoi qu'est-ce qu'il te fait sourire ? demanda Drago en s'interrompant de se mouvoir pour lui faire face.

- Non rien.

Il plissa les yeux et s'approcha lentement d'elle d'un pas pesant et félidé.

- Vous moqueriez-vous de moi, Miss Artwood ? chuchota Drago, la voix captieuse.

- Cela dépend du châtiment auquel je serais soumise, Monsieur Malefoy, susurra Dorea en se mordillant la lèvre inférieure avec sensualité.

- Oh, je peux vous assurer Miss Artwood, qu'il sera difficilement supportable, si vous continuez à sourire bêtement, comme cela.

Alors qu'il montait à quatre pattes sur le lit, Dorea s'esclaffa de rire avant qu'il ne plaque sa bouche sur la sienne pour la faire taire. Puis Drago s'éloigna et caressa son nez sur le sien, descendit sur sa mâchoire et glissa vers son oreille dont il mordit le lobe avec une certaine délectation.

- Drago…, gémit-elle. Tu sais très bien que je ne veux pas le faire ici.

- Je ne fais… que t'embrasser, dit-il le ton haché entre deux baisers.

Dorea sentant l'excitation poindre, elle tourna la tête, posant son regard sur la table de chevet tandis que Drago embrassait son cou, l'effleurant de sa langue au passage.

Elle vit ainsi un livre posé sur la petite table qu'elle reconnut comme les contes de Beedle le Barde.

- Tu lis des contes pour enfants, exhala Dorea commençant à se tortiller de plaisir sous le blond.

- Quand j'ai lu le nom Peverell sur tes notes, j'ai voulu relire le conte des trois frères.

Drago remonta jusqu'à elle, puis l'embrassa, introduisant sa langue dans sa bouche approfondissant le baiser. Il se recula et entreprit de défaire sa propre chemise que la jeune femme avait revêtue.

- Tu as trouvé quelque chose qui pourrait nous aider ?

- À part le rapport avec la bague de Gaunt et la cape d'invisibilité de ton frère, rien. Ce n'est qu'une légende.

Il l'embrassa entre ses deux seins, mais Dorea le repoussa, se retenant soudainement de respirer. Drago, sentant la tension soudaine qui émana de la rousse, se redressa pour la surplomber et fronça les sourcils.

Le souvenir de cette soirée où elle était revenue de son cours particulier avec Dumbledore et où ses trois amis, l'attendant de pieds ferme, lui avaient demandés des explications sur ses fréquentes disparitions. Ils avaient alors parlé de la bague de Gaunt et du conte des trois frères, que Daphné lui avait lu entièrement.

0o0

« Savez-vous qui était Peverell ? demanda-t-elle dans un souffle.

Tous se jetèrent des coups d'œil, interloqués.

- Mais enfin Dott', tu as dû bien suivre des cours d'Histoire des grandes famille sorcière avec ton précepteur plus jeune, non ? dit Daphné.

- Sans compter que c'était un conte très connu dans notre enfance.

- Quel conte ?

- Celui des Trois Frères, dit Daphné. Le signe des reliques de la mort. Ça ne te dit rien ?

- Je… je ne m'en souviens plus.

Daphné se leva du fauteuil où elle était installée et courut presque vers les escaliers qu'elle grimpa d'un pas pressé pour disparaître dans les étages menant aux dortoirs.

- Où va-t-elle ? fit Blaise en plissant le front face à l'attitude étrange de sa petite amie.

Cette dernière apparut aussitôt et dévala les escaliers tout aussi rapidement qu'elles les avaient manqués. Dans sa main un petit livre bleu où rayonnait le titre des « Contes de Beedle le Barde » en lettre d'or. Quelque peu essoufflée, elle tendit le livre à la rousse.

- Ouvre à la page dix.

Dorea le prit en main et s'exécuta. Elle se mit alors à lire, ses amis tous à l'écoute.

« Il était une fois trois frères qui voyageaient au crépuscule, le long d'une route tortueuse et solitaire. Après avoir longtemps cheminé, ils atteignirent une rivière trop profonde pour la traverser à gué et trop dangereuse pour la franchir à la nage. Les trois frères, cependant, connaissaient bien l'art de la magie. Aussi, d'un simple mouvement de baguette, ils firent apparaître un pont qui enjambait les eaux redoutables de la rivière. Ils étaient arrivés au milieu du pont lorsqu'une silhouette encapuchonnée se dressa devant eux en leur interdisant le passage.

C'était la mort et elle leur parla. Elle était furieuse d'avoir été privée de trois victimes, car, d'habitude, les voyageurs se noyaient dans la rivière. Mais elle était rusée. Elle fit semblant de féliciter les trois frères pour leurs talents de magiciens et leur annonça que chacun d'eux avait droit à une récompense pour cette montré si habile à lui échapper.

Le plus âgé des frères, qui aimait les combats, lui demanda une baguette magique plus puissante que toutes les autres, une baguette qui garantirait toujours la victoire à son propriétaire, dans tous les duels qu'il livrerait, une baguette digne d'un sorcier qui avait vaincu la Mort! la Mort traversa alors le pont et s'approcha d'un sureau, sur la berge de la rivière. Elle fabriqua une baguette avec l'une des branches et en fit don à l'aîné.

Le deuxième frère, qui était un homme arrogant, décida d'humilier la Mort un peu plus et demanda qu'elle lui donne le pouvoir de rappeler les morts à la vie. La Mort ramassa alors une pierre sur la rive et la donna au deuxième frère en lui disant que cette pierre aurait le pouvoir de ressusciter les morts. Elle demanda ensuite au plus jeune des trois frères ce qu'il désirait. C'était le plus jeune mais aussi le plus humble et le plus sage des trois, et la Mort ne lui inspirait pas confiance. Aussi demanda-t-il quelque chose qui lui permettrait de quitter cet endroit sans qu'elle puisse le suivre. À contrecœur, la Mort lui tendit alors sa propre cape d'invisibilité.

Puis elle s'écarta et autorisa les trois frères à poursuivre leur chemin, ce qu'ils firent, s'émerveillant de l'aventure qu'ils venaient de vivre et admirant les présents que la Mort leur avait offerts. Au bout d'un certain temps, les trois frères se séparèrent, chacun se dirigeant vers sa propre destination. L'aîné continua de voyager pendant plus d'une semaine et arriva dans un lointain village. Il venait y chercher un sorcier avec lequel il avait eu une querelle. À présent, bien sûr, grâce à la Baguette de Sureau, il ne pouvait manquer de remporter le duel qui s'ensuivit. Laissant son ennemi mort sur le sol, l'aîné se rendit dans une auberge où il se vanta haut et fort de posséder la puissante baguette qu'il avait arrachée à la Mort en personne, une baguette qui le rendait invincible, affirma-t-il.

Cette même nuit, un autre sorcier s'approcha silencieusement du frère aîné qui dormait dans son lit, abruti par le vin, le voleur s'empara de la baguette et, pour faire bonne mesure, trancha la gorge du frère aîné.

Ainsi, la mort prit-elle le premier des trois frères.

Pendant ce temps, le deuxième frère rentra chez lui où il vivait seul. Là, il sortit la pierre qui avait le pouvoir de ramener les morts et la tourna trois fois dans sa main. À son grand étonnement et pour sa plus grande joie, la silhouette de la jeune fille qu'il avait un jour espéré épouser, avant qu'elle ne meure prématurément, apparut aussitôt devant ses yeux.

Mais elle restait silencieuse et froide, séparée de lui comme par un voile. Bien qu'elle fût revenue parmi les vivants, elle n'appartenait pas à leur monde et souffrait de ce retour. Alors, le deuxième frère, rendu fou par un désir sans espoir, finit par se tuer pour pouvoir enfin la rejoindre véritablement.

Ainsi, la mort prit-elle le deuxième des trois frères.

Pendant de nombreuses années, elle chercha le troisième frère et ne put jamais le retrouver. Ce fut seulement lorsqu'il eut atteint un grand âge que le plus jeune des trois frères enleva sa Cape d'Invisibilité et la donna à son fils. Puis il accueillit la mort comme une vieille amie qu'il suivit avec joie et, tels des égaux, ils quittèrent ensemble cette vie. »

- C'est le conte des Trois Frères, dit Théo. Et cette bague, qui était un héritage de Serpentard, et que tu nous as décrite est semblable en tout point à la pierre de Résurrection.

- Tout comme la Cape d'Invisibilité et la Baguette de Sureau.

- À quoi ressemblent ces deux autres reliques ? questionna Dorea, l'image de la cape de son père James Potter flottant dans son esprit.

- On ne sait pas. On dit qu'elles ont été perdues à tout jamais.

- Ce n'est qu'un conte pour enfant Dorea, dit Daphné. La bague est un héritage ancestral connu de tous et Beedle le Barde s'en est servi dans son histoire pour mettre un peu plus de mystère autour des Reliques de la Mort. Mais honnêtement qui y croient à ça ? pouffa-t-elle légèrement moqueuse.

- Oui, tu as raison Daph', murmura pensivement Dorea »

0o0

Drago la dévisageait, le front plissé, ne comprenant rien à ce soudain changement d'attitude.

- Quoi ?

- La…la cape de mon frère, chuchota Dorea…

- Eh bien, oui, ton frère a bien une cape d'invisibilité, non ? s'impatienta Drago. J'ai galéré pendant des années à vouloir lui prendre la main dans le sac avec toutes ses balades nocturnes. Même qu'une fois, je l'ai surpris à Pré-Au-Lard, la tête flottant dans les airs, je suis certain qu'il était sous cette cape, grogna-t-il agacé à l'évocation du souvenir.

- Ce n'est pas de ça dont je parle. Si la bague de Gaunt est bien une relique de la mort alors la cape de mon frère aussi ? Non ?

- Les reliques de la mort ne sont qu'une légende Dott'. Beedle le Barde s'en est simplement servi pour donner une leçon aux enfants que nous étions. C'est à ça que sert ce conte.

Dorea pensa à Daphné qui lui avait fait à peu choses près, la même réponse. Mais elle sentait qu'il était impératif de creuser plus profondément. Ce n'était peut-être pas qu'une légende pour effrayer les enfants.

- Mais les Peverell ont existés et la cape n'est simplement pas celle de mon frère. Elle s'est transmise de génération en génération chez les Potter. C'est mon père qui l'a légué à Harry.

- De génération en géné…

Les yeux du blond s'ouvrir en grand et brusquement, sans finir sa phrase, il sortit du lit et se précipita vers son bureau où il ouvrit un tiroir et en saisit un énorme grimoire, qu'il posa sur la table. Dorea le rejoignit tandis qu'il cherchait dans l'index sur la deuxième de couverture.

- Qu'est-ce que c'est ?

- « Histoire des plus grandes familles de sang-pur », dit-il. Je l'ai lu et relu, mais quand je suis tombé sur ta famille, ça ne m'a jamais fait tilter.

- C'est le registre des vingt-huit ?

- Non, il y en a beaucoup plus que ça dans ce livre. Ah voilà, Potter !

Il chercha la page sur laquelle était consacré l'histoire de la famille Potter. Lorsqu'il arriva sur celle-ci, un immense arbre généalogique s'étalait devant eux. Les noms brodés en fil d'or se reliaient entre eux par de multiples branches et se croisant et s'entrecroisant, dessinées à l'encre. Dorea vit son nom tout en bas aux côtés de son frère. Au-dessous, sa date de naissance était inscrite : trente-et-un juillet mille-neuf-cent-quatre-vingt, puis sa date de son présumé décès : deux août mille-neuf-cent-quatre-vingt. Mais ce n'était pas cela qui les intéressait. Drago remontait son doigt le long de l'arbre avant de trouvait le nom qui retenait leur attention.

- Howard Potter, marié à Iolanthe Peverell, lut-il. Treizième siècle. Elle-même petite fille de…

- Ignotus Peverell, termina Dorea.

- Le troisième frère qui détenait la cape, précisa Drago.

Tous deux se redressèrent lentement tout en se considérant. Dorea, le cœur battant sous le choc de cette nouvelle découverte, dit :

- Les Reliques de la Mort existent bien, alors ?

- J'en ai bien peur.

0o0

Des coups tambourinèrent contre la porte de la chambre et Dorea sursauta ainsi que Drago à ses côtés.

- Entraînement dans la salle d'armes, dans dix minutes ! cracha la voix de Lestrange derrière la porte.

Tous deux retombèrent sur les coussins alors qu'ils étaient allongés sur le lit. Ils s'étaient quasi écroulés de fatigue le matin même, après leur nuit blanche, et s'étaient donc endormis sur le lit du blond, la rousse se pelotonnant contre lui, la chaleur qu'il dégageait la réconfortant. En outre, elle n'avait jamais aussi bien dormi depuis son arrivée dans ce Manoir.

Elle sentit Drago se lever à côté d'elle et commencer à rassembler ses effets pour faire sa toilette. Dorea consulta sa montre et constata qu'il était approximativement deux heures de l'après-midi et son ventre gargouillant, elle réalisa qu'elle n'avait pas mangé depuis près de quarante-huit heures.

- Qu'est-ce qu'elle veut dire par « entraînement dans dix minutes » ? demanda la rousse en se relevant sur ses coudes, les sourcils froncés.

- Je m'entraîne habituellement aux duels. J'avais arrêté depuis l'année dernière. Mais quand mon père est revenu, il me l'a de nouveau imposé.

- Baguette ou épée ?

- Les deux, mais je suis moins bon à l'épée, dit-il en se levant pour ramasser ses affaires.

- Est-ce que je pourrais venir, un jour ?

- Je préfère t'affronter dans un lit plutôt qu'à l'épée, dit-il en lui lançant un clin d'œil entendu.

Dorea rougissant à vue d'œil, pouffa et il s'enferma dans la salle de bain. Quelques secondes, plus tard, l'eau de la douche résonna dans la pièce.

La jeune femme soupira, fermant les yeux de lassitude puis balança ses jambes en-dehors du lit pour récupérer ses affaires échouées au sol. Elle emprunta un bas de jogging à Drago qu'elle s'empressa de revêtir et se dirigea vers la porte. Un instant, elle hésita avant de poser sa main sur la poignée et ce fut avec soulagement qu'elle l'ouvrit sans encombre. Jetant un coup d'œil au-dehors, elle vit le couloir vide et en profita pour sortir, fermer la porte et courir silencieusement vers les escaliers pour rejoindre sa chambre à l'étage du dessous. Ce fut uniquement lorsqu'elle referma sa propre porte, qu'elle expira de soulagement.

L'idée de se libérer du carcan oppressant qui ambiançait ce Manoir et de trouver son indépendance lui traversa l'esprit alors qu'elle pénétrait à son tour la cabine de douche.

0o0

Le lendemain, Dorea et Drago se trouvaient dans la chambre de cette dernière, et avaient étalé un plan du ministère qu'ils avaient reproduit de tête. L'étudiant depuis plus d'une heure, Dorea se frotta les yeux et expira de fatigue.

- Ce qui est certain, c'est qu'entrer et sortir du Ministère ne seront pas le plus compliqué, fit Drago. Mais c'est pénétré dans le bureau de Scrimgeour qui va poser problème.

- Je ne vois aucune autre solution qu'utiliser le polynectar et demander l'aide de...

- Non, Dott' ! se récria Drago pour la énième fois depuis plus d'une heure.

La jeune femme était assise en tailleur à l'instar de Drago face à elle.

- Mais on va se faire repérer si on utilise nos véritables identités. Ils vont se demander ce que deux jeunes de seize et dix-sept ans font là.

- Tu as des pouvoirs, non ? Je ne compte pas demander de l'aide à Rogue, répliqua-t-il fermement.

- Pourtant, il t'aurait volontiers aidé l'année dernière, dit-elle en haussant les épaules.

- Tu sais que tu cherches réellement la merde, parfois ? s'énerva Drago.

- Oh, ça va ! Si on ne peut plus rire, murmura-t-elle en roulant des yeux.

Drago ne releva pas et reporta son attention sur la carte.

- Bon, alors on est d'accord que l'on partira d'ici demain soir, à minuit pétante, fit-il.

- Ensuite on transplane dans la cour du Chaudron Baveur, répéta Dorea.

- Puis on passe du côté moldus pour rejoindre le quartier du ministère et on arrive devant l'entrée des visiteurs.

- On atterrit dans l'atrium par la cabine téléphonique puis j'ensorcèlerais le contrôleur qui nous laissera passer. On prend les ascenseurs puis on monte jusqu'au niveau un. On contourne les bureaux administratifs puis on trouve le bureau du ministre…

- Qui est normalement, d'après mes souvenirs lorsque j'accompagnai mon père – Drago prit sa plume et traça un trait distinct sur le côté droit du plan – au bout de ce couloir.

- On entre en forçant la serrure…

- Si Scrimgeour n'y est pas déjà. Espérons que tes pouvoirs suffisent, coupa Drago avec dépit.

- Et on cherche le lègue de Dumbledore, poursuivit Dorea en éludant volontairement la remarque du blond.

- Lorsqu'on l'aura trouvé, et si on le trouve, on s'empare de l'épée. On en fait deux copies.

- Une qui restera au ministère

- Et une que l'on donnera au Seigneur des Ténèbres.

- La vraie, je la mettrai dans mon sac et on ressortira comme on est rentré.

Tous deux fixèrent le plan, l'air pensif.

- Simple comme le bonjour, dit Dorea coupant le silence qui s'était imposé depuis quelques minutes.

- À part que pendant tout ce temps, il faut éviter de se faire repérer. Ni par un employé, et encore moins par Scrimgeour en personne.

- Plus on sera rapide mieux ce sera. Mais là où est le souci, c'est de cacher l'épée par la suite.

- On peut la garder ici et la cacher dans mes affaires, suggéra Drago. Personne n'ira fouiner dedans. Toutefois, il s'avèrera très vite nécessaire de trouver une autre solution.

Le blond et la rousse échangèrent un regard contrit puis finalement décidèrent qu'il n'y avait rien de plus à en dire. Dorea replia le plan et Drago se releva sur ses jambes, contemplant distraitement sa petite amie ranger la carte dans sa malle.

- Je ne t'ai pas demandé au fait, mais… tu disais, dans une des lettres adressées à ton frère, que tu avais mis « tes amis » en sécurité. Qu'est-ce que tu voulais dire par là ?

Dorea, qui était toujours à genoux, se redressa à son tour puis se tourna vers Drago. Elle s'était demandé quand est-ce qu'il lui poserait la question.

- J'ai demandé à Gabriel Kowalski d'emmener Daphné, Théo et Blaise chez ma tante à New-York. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour les tenir à l'écart de tout ceci.

Le blond ne répondit pas, mais enfonça les mains dans ses poches et la jaugea de sa hauteur.

- Et… leurs parents ? Astoria ?

Dorea haussa un sourcil, l'air subitement méprisante à l'entente du prénom de la brune.

- La dernière fois que j'ai eu Gabriel au téléphone, il m'a dit que les Greengrass et Astoria – elle insista légèrement sur le prénom de la jeune fille – sont parti en Allemagne. Et Lucia Zabini en Sicile. Rassuré ?

Un sourire goguenard fleurit au coin des lèvres du jeune Malefoy.

- Tu vas sans cesse me le reprocher, n'est-ce pas ?

- Ça m'a énormément blessé.

- Qu'est-ce que je dois faire pour que tu me pardonnes ? dit Drago en penchant la tête sur le côté.

- Rien, c'est quelque chose qui me restera en travers de la gorge pendant un bon moment.

- Je te signale que j'ai fait ça pour te tenir justement à l'écart. J'ai fait ça pour te protéger.

- Oui, mais quand tu me demandes si elle est bien en sécurité, j'ai l'impression que tu te préoccupes toujours de son sort.

- Bien évidemment que je me préoccupe de son sort ! s'outra Drago.

- Donc tu penses toujours à elle ?! s'exclama Dorea tout aussi indignée.

- Parce que tu ne penses pas à Vaisey, parfois, toi ?

- Quelques fois, oui, avoua-t-elle. Mais j'ai la décence de ne pas le mentionner devant toi.

Drago ricana, désillusionné de cette réponse.

- Je peux savoir ce qui te fait rire ?

- J'étais en train de penser que de nous deux, c'est toi qui m'as fait le plus de mal à ce niveau.

- Que veux-tu dire ?

- Je crois savoir que Juajez s'est fait un plaisir de jouir de ton corps durant toute une nuit.

- J'étais saoul ! Et évite de parler de lui, siffla-t-elle entre ses dents, pointant un doigt menaçant vers lui.

- Il t'a touché et ça m'a rendu fou. Sans compter que j'imagine qu'entre Vaisey et toi…

- Quoi « entre Vaisey et moi » ? Tu crois vraiment que lui et moi, on a…

- Ne me prends pas pour un con ! Vous étiez ensemble, non ? Je suis certain que tu as adoré sa douceur et sa tendresse, ajouta-t-il dans une piètre imitation ridiculisant un peu plus leur dispute.

- Espèce de… Grrrrr tu m'énerve ! ragea Dorea en serrant les poings. Tu crois réellement qu'Aidan et moi, on a couché ensemble ?

- Et pas qu'une fois, je suppose.

- Et bien pour ta gouverne, sache qu'Aidan ne m'a pas touché une seule fois en trois semaines de relation. À cause de qui, à ton avis ?! Est-ce que je peux en dire autant de toi ? Tu veux que je les cite toutes ?

Drago leva les yeux au ciel, mais cela n'empêcha pas Dorea de poursuivre :

- Parkinson, Davis, Turpin, Parkinson, Jones, de nouveaux Parkinson…

- Toi

- Moi, continua Dorea en haussant le ton. Parkinson et enfin Greengrass. Sacré tableau de chasse si tu veux mon avis.

Dorea lui fit volte-face, se tournant vers le lit pour refermer sèchement sa malle qu'elle boucla d'un cadenas.

- Et si tu veux mon avis, Artwood, il n'y a plus eu personne d'autre depuis notre première fois.

À cet instant, Dorea se figea, puis alors qu'elle s'était baissée, elle se releva lentement pour faire face au blond qui affichait une expression des plus sincères.

- Depuis ce jour, je n'ai jamais pu toucher une autre fille. Il ne s'est rien passé entre Pansy et moi après que tu sois partie au Mexique, et je n'ai jamais été capable de franchir le pas avec Astoria. Même si elle est une belle fille, intelligente et extrêmement gentille, elle ne pourra, en aucune façon, te surpasser. Donc je ne vois pas pourquoi tu me fais une crise de jalousie, parce que je demande simplement si elle est en sécurité ? Des deux, j'estime que c'est elle qui souffre le plus. Elle était fiancée, un avenir tout tracé et du jour au lendemain, elle apprend que pendant tout ce temps, je n'ai jamais cessé de t'aimer… toi, Dorea Artwood. Elle ne méritait pas ça.

- C'est entièrement de ta faute, Drago. Je n'y suis pour rien. C'est toi qui l'as demandé en mariage. Pas moi.

- Et j'en suis le premier désolé. Mais évite de me faire une scène la prochaine fois que je prononce son nom. Je me sens assez coupable vis-à-vis d'elle, mais également de toi.

- Je m'excuse, mais mets-toi à ma place, Malefoy. Ce n'est pas facile.

- C'est du passé à présent. Encore une fois, nos fiançailles sont rompues. Il n'y en a plus rien à dire.

- Entendu, je vais m'efforcer de lâcher prise là-dessus. Je ne te le reprocherais plus.

- Je te remercie. Tu vois, on progresse. On discute, on trouve des solutions. Comme le ferait un véritable couple avec une relation saine.

- Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de Drago Malefoy ? demanda-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.

Ce dernier eut un rictus en coin et recouvra son air arrogant mais non moins charismatique.

- Tu désires que l'on règle ça d'une autre façon Artwood ? Moi, te faisant brutalement l'amour contre cette porte ?

- Je me disais bien qu'il n'était pas loin. Chassez le naturel et il revient au galop d'hippogriffe.

Tous deux se sourirent alors d'un air entendu.