CHAPITRE 2

***Drago***

Il devrait être reconnaissant, reconnaissant qu'au lieu de dépérir dans une cellule d'Azkaban pendant les 20 prochaines années, il n'ait qu'à fréquenter Poudlard pour sa dernière année, réussir ses ASPIC, participer à un programme de réadaptation, conçu pour combattre ses préjugés enracinés et, de manière générale, évitez les ennuis. Il devrait être reconnaissant, mais Drago ne semble pas ressentir autre chose qu'un total désintérêt face à la perspective de l'année à venir.

Bien sûr, il avait juré à sa mère qu'il ferait tout ce qui lui serait demandé. Tout ce qu'il avait fait pendant et après la guerre avait été pour elle, pour assurer sa sécurité. Au moins, maintenant que son procès était terminé et que les transcriptions avaient été rendues publiques, avec les extraits les plus juteux parvenus dans la Gazette du Sorcier, il avait été légèrement racheté aux yeux du monde sorcier. Il n'était plus considéré comme le suprémaciste pur et dur qu'on pensait autrefois, mais comme un adolescent effrayé et un fils aimant qui avait agi pour protéger sa mère.

Malheureusement, tout le monde n'était pas aussi convaincu de la réticence de Drago à servir le Seigneur des Ténèbres. Il y avait des fractions dans le monde sorcier qui croyaient passionnément en sa culpabilité et allaient jusqu'à l'accuser d'avoir manipulé les souvenirs vus dans la pensine lors de son procès et d'avoir utilisé la magie noire pour résister aux effets du veritaserum qu'on lui avait donné. Drago savait que beaucoup d'étudiants de Poudlard avaient cet état d'esprit. Il ne s'était pas rendu service au fil des années en se pavanant dans l'école comme si l'endroit lui appartenait, en lançant des insultes et des malédictions occasionnelles. Mais il y avait une grande différence entre être un salaud arrogant au vocabulaire mordant et un puriste du sang participant à la répression de ceux jugés inférieurs.

Drago avait réalisé un peu trop tard que sa volonté d'utiliser certains termes désobligeants signifiait qu'il était trop facile pour les gens de supposer le pire de lui. Il n'avait pas entièrement compris la sévérité de ses paroles, en grandissant, le mot « Sang-de-Bourbe » avait été lancé par son père et les amis de son père. Il savait que ce mot était une insulte pour décrire quelqu'un d'origine moldue, mais il l'avait entendu utilisé avec une telle régularité qu'il l'avait mis dans la catégorie du traitement de quelqu'un d'imbécile ou de con. La première fois qu'il avait lancé l'insulte à une camarade de classe née-moldue en deuxième année, elle avait reculé avec une telle force qu'il avait été momentanément surpris. Ne voulant pas admettre qu'il n'avait pas compris la gravité de ses paroles, Drago ne recula pas et ne s'excusa pas, mieux valait paraître cruel qu'ignorant.

Maintenant, Drago se retrouve à Poudlard, obligé de subir un an parmi ceux qui pensent le pire de lui. Il ne leur reproche pas leurs opinions, Merlin sait qu'il a mérité leur vitriol. Ce qui déconcerte vraiment Drago, c'est la raison pour laquelle le ministère a pensé qu'il était approprié d'imposer la présence d'un ancien Mangemort au reste du corps étudiant. La ligne de conduite la plus logique aurait sûrement été de placer Drago en résidence surveillée pendant la durée de sa probation et de lui faire étudier ses ASPIC à distance.

Il y avait eu une réunion avant le retour à Poudlard pour les étudiants qui s'étaient retrouvés du mauvais côté de la guerre, soit directement, soit par association, expliquant que l'objectif du retour de tout le monde à Poudlard était d'éviter l'aliénation. Apparemment, le fossé apparu au sein de la communauté sorcière après la disparition de Voldemort en 1981 n'avait jamais été abordé ni réparé, alors quand il avait fait son retour, ceux qui avaient été ostracisés n'étaient que trop disposés à le soutenir. Pour éviter qu'un autre sorcier noir n'utilise la division à son avantage, le ministère avait décidé que ce serait une bonne idée que les fils et les filles des mangemorts et les sympathisants des mangemorts retournent à Poudlard, terminent leurs études et participent à un programme de réhabilitation. Si un étudiant choisissait de ne pas revenir, cela serait marqué sur son dossier permanent, dans le cas de Drago, non seulement cela apparaîtrait sur son dossier permanent, mais s'il refusait de revenir, il devrait effectuer 400 heures de travaux d'intérêt général non rémunérés ou se rendre à Azkaban. Si ses choix étaient de vider les bassines de lit à Sainte Mangouste ou Poudlard, alors Poudlard.

Jusqu'à présent, la première semaine de retour de Drago s'était déroulée sans incident. Il essayait de rester à l'écart, et il était déterminé à ne donner à aucun professeur ou étudiant des raisons de lui faire des reproches. Sans surprise, il avait reçu quelques chahuts alors qu'il se déplaçait dans le château de classe en classe, mais il savait que sa réputation d'ancien mangemort, qu'il le veuille ou non, inspirait la peur à la majorité des élèves, donc les « Sale Mangemort » avait été doucement sifflé au milieu d'un groupe de passage, ce qui rendait l'insulte assez facile à ignorer.

L'incident le plus troublant s'était produit la première nuit, lors du festin dans la Grande Salle. Le professeur McGonagall était au milieu de son éloquent discours de bienvenue, Drago avait écouté avec le respect que McGonagall méritait lorsqu'il eut le sentiment de picotement qui accompagne le fait d'être observé. Il avait essayé de l'ignorer et de rester concentré sur les paroles de la directrice, il s'était attendu à ce que son retour suscite une certaine curiosité. Mais la sensation de picotement commença à le démanger et Drago fut incapable de résister à l'envie de regarder ce qu'il supposait être un regard accusateur.

Drago tourna la tête dans la direction d'où il sentait que le regard venait et croisa immédiatement les yeux de la « Golden Girl » Hermione Granger. Il s'était attendu à ce qu'elle se comporte comme une personne normale et qu'elle détourne rapidement les yeux, mais elle avait simplement continué à le fixer. Tandis qu'elle le regardait, Hermione plaça distraitement sa lèvre inférieure entre ses dents, la mordant doucement avant de la relâcher lentement, ses dents traînant sur la peau. C'était putain d'indécent, ce regard rayonnant d'énergie sexuelle.

Qu'est-ce qu'elle faisait, bordel, pourquoi diable le regardait-elle comme ça ? Cela devait être une tentative pathétique de plaisanterie, mais la conclusion fut perdue pour Drago. Lorsqu'il haussa un sourcil avec ce qu'il espérait être une expression très ennuyée, Granger rompit brusquement le contact visuel. Si Drago ne le savait pas mieux, il aurait juré que le rouge lui inondait le cou et les joues. Il n'avait aucune idée de ce qui n'allait pas chez elle, peut-être qu'elle avait une sorte de mini-accident vasculaire cérébral qui l'avait amenée à s'évanouir et à avoir des bouffées de chaleur, il ne savait pas de quelle maladie il s'agissait, mais cela avait plus de sens que toutes les alternatives possibles.

Drago passa le reste de la semaine comme s'il était en pilote automatique. Il avait assisté à tous ses cours, dans l'espoir de faire passer l'année le plus rapidement possible, il s'était assuré de garder son emploi du temps chargé en prenant autant de matières qu'il pouvait gérer. Il ne fut pas surpris lorsqu'il remarqua Granger dans plusieurs des mêmes cours et fit de son mieux pour l'ignorer, il semblait qu'elle faisait la même chose.

Vendredi après-midi, Drago montait dans la tour pour aller à l'astronomie, son dernier cours de la journée. Il avait envisagé d'abandonner le sujet après ce qui s'était passé dans la tour d'astronomie à la fin de la sixième année, mais avec l'aide du guérisseur mental mandaté par le ministère, il fut capable de surmonter son appréhension, c'était l'un de ses sujets préférés après tout. Alors qu'il gravissait les marches à la fin d'une longue première semaine de retour, il remarqua une plutôt belle paire de jambes quelques pas devant lui. Drago laissa son regard s'attarder sur la peau légèrement bronzée, les chaussettes de l'école ne faisant rien pour cacher les chevilles fines qui se transformaient en muscles de mollet magnifiquement courbés. Ses yeux remontèrent de l'arrière des genoux jusqu'aux cuisses toniques qui ressortaient juste du bruissement de la jupe alors que la propriétaire des jambes montait les marches deux à la fois. Drago se sentit poussé à avancer, accélérant pour ne pas perdre de vue les jambes attrayantes. Drago avait bien l'intention de rester sur son meilleur comportement, mais c'était aussi un homme de 18 ans et il n'y avait aucun mal à simplement regarder.

Une fois qu'ils atteignirent le sommet de la tour et que les admirables jambes n'étaient plus au niveau des yeux, Drago fut consterné de découvrir que les jambes disparaissaient dans une jupe au-dessus du genou, suivie d'une taille ajustée, d'un dos droit et d'une chevelure brune ondulée. À l'instant où Drago réalisa qui il lorgnait, il rougit d'embarras, la dernière chose dont Granger avait besoin était de le voir baver sur elle. Et quand putain, était-elle devenue si sexy ?! Bien sûr, elle avait toujours été jolie, d'une manière douce et ringarde, mais quelque part au cours des deux dernières années, la fille courageuse s'était transformée en une femme. Elle semblait plus à l'aise dans sa peau, c'était sans aucun doute la confiance qui venait du fait d'être une célèbre héroïne de guerre.

Drago s'était senti tellement secoué par son accès inattendu de désir pour Hermione Granger qu'il avait décidé d'aller courir longtemps après le dîner pour brûler une partie de son énergie refoulée.

La course récréative n'était pas une pratique courante chez les sorciers, mais Drago avait commencé à courir régulièrement sur les conseils d'un instructeur de quidditch privé que son père avait employé après avoir appris qu'Harry Potter avait fait partie de l'équipe de Quidditch de Gryffondor au cours de sa première année. Pour ne pas être en reste, Lucius Malefoy avait engagé Robbie O'Brian, l'entraîneur récemment retraité des Appleby Arrows, pour donner des cours particuliers à Drago pendant les étés. O'Brian, un sang-mêlé, avait un père moldu qui avait été un marathonien et il était un ardent défenseur des avantages de la course régulière dans le cadre d'un entraînement complet des joueurs de Quidditch. Même si courir n'était pas nécessaire pendant une partie de Quidditch, cela aidait un athlète à réguler sa fréquence cardiaque, à augmenter son endurance et à concentrer son esprit.

Drago préférait généralement courir avant que les habitants du château ne commencent à bouger, mais il avait sauté sa course matinale ce jour-là, il ignorait parfaitement que quelqu'un d'autre dans l'école utilisait également les différents chemins comme piste de course personnelle. Il n'avait jamais rencontré personne d'autre sur aucun des sentiers alors qu'il faisait de l'exercice. Drago commença à accélérer le rythme, il avait terminé le tronçon d'échauffement qui l'avait emmené dans une légère pente près de la rive du Grand Lac. Alors qu'il se dirigeait vers ce qui allait être la section la plus épuisante de sa course dans la Forêt Interdite, il ôta son t-shirt et le rentra dans la ceinture de son short. Ce faisant, Drago ne put empêcher ses pensées de se demander ce que cela ferait d'avoir ces jambes meurtrières enroulées autour de sa taille nue, le serrant fort, tremblant alors qu'il glissait ses mains sur ses cuisses nues.

NON. Arrête ça ! Il ne devrait absolument pas penser aux jambes de Granger, ou à toute autre partie d'elle d'ailleurs… même si toutes ses autres parties semblaient tout aussi attrayantes. Drago n'avait aucune raison de penser à elle d'une manière ou d'une autre, même si elle était plutôt sexy, elle était aussi une personne insupportable, je sais tout ET elle avait un petit ami, le connard de roux. Ron n'avait probablement aucune idée qu'il dépassait sa catégorie, quel gâchis, Drago était certain que ce connard dégingandé ne saurait pas quoi faire avec une fille comme Granger.

Putain. Cela devenait ridicule. Si Drago avait la capacité mentale de rêver à ce que ça ferait d'être mêlé à Granger, alors il ne courait pas assez fort. S'engageant à se pousser plus fort, il contourna le grand chêne qui le ramènerait vers le château à travers la forêt, une branche basse pendante dépassait à la hauteur de ses yeux et alors qu'il penchait légèrement la tête vers la gauche pour passer en dessous, il fut violemment frappé à la poitrine par ce qui ressemblait à un Cognard maudit. Si les Cognards étaient de petites Gryffondors avec une quantité impie de cheveux bouclés.

Et soudain, il n'avait plus à se demander ce que ça ferait d'être mêlé à Hermione Granger.

La force de l'impact avait projeté Hermione au sol, Drago au-dessus d'elle, la coinçant poitrine contre poitrine, le vent les avait tous les deux frappés. Drago la regarda avec une totale perplexité, son visage rose et luisant, ses cheveux sauvages empilés sur sa tête en une queue de cheval haute haletant pour reprendre son souffle. Il ne pouvait s'empêcher de se demander si c'était à ça qu'elle pourrait ressembler en proie à la passion. Quelques instants s'écoulent avec Drago figé sous le choc, allongé sur Hermione, la regardant quand elle commence à parler, brisant sa transe.