Envolée
Lyrique
Melkor
Tant de fureur et de bruit, sur mes désirs accomplis.
Le couronnement d'un roi se veut-il à ce point haït ?
A nul autre que moi, ma voix n'accorda sa raison,
Quand de mes sons abscons, je bâtis des horizons féconds.
Brûlant de mille feux,
Couronné, enivré, animé d'un hymen* à vos yeux malheureux,
J'en appelle à mes vœux empourprés,
Et vous nuit contre ma volonté.
Un si brûlant dessein espère allumer quelques haines,
Vous qui retenez ma voix jusqu'à en perdre haleine.
A quelle gloire aurais-je dû obéir si ce n'était la mienne ?
Être né pour séduire se promet de me plaire.
Je m'y résous à la seule raison de parfaire,
Cette voix de stentor, du nom de Melkor !
Chantez Valar, et qu'en vos cœurs saillants s'écorchent mes vaillances.
Je saurai bien vaincre nos divergences.
Qu'à donc ma vue de si funeste,
Pour que ma partition n'en devienne palimpseste * ?
Pensez-vous que mes notes, en leurs seins vous insultent ?
S'il en est ainsi de cette vilénie,
Que le chaos défasse l'ordre établi,
Et que menaces s'en viennent sévir !
Vous aurait-il plu de me déplaire ?
Mais c'est en vous que le Mal , si cher,
S'y entendra pour creuser ses ornières.
Adieu Mon Père,
Que n'aviez-vous pensé pouvoir m'encenser.
En ce jour, je vous hais,
Et vous quitte à regret.
Longtemps admiré, à ce jour détesté,
Je m'en remets aux ombres,
Et leurs flatteries fécondes.
Oubliez désormais celui qui fut banni.
Condamné à l'exil, j'embrasse ma folie.
A vos pleurs mêlés, j'y joins les miens,
Ils seront les derniers à s'épandre sur vos mains.
Arakïell
Hymen : mariage, au sens littéraire du terme.
Palimpseste : parchemin dont on a effacé la première écriture pour pouvoir écrire un nouveau texte.
