Bon allez je me lance à nouveau dans la publication de mon histoire.
En 2014 ,je postais mon dernier chapitre de ma trilogie : "Enfin un Ancien sur Atlantis", qui donnait ma première fin pour cette longue histoire de 8 ans. Je vous avais déjà annoncé que j'avais écrit une deuxième fin (suite ?) dans la foulée. Elle traîne sur mon ordinateur donc depuis des années (2014 pour les premiers chapitres - 2019 pour les derniers je dirais). Or mon ordinateur ne sera pas éternel... Puis je me dis que peut-être des personnes pourront lire (désirer ?) et apprécier cette nouvelle aventure. Donc je me lance sur ce fameux Sequel d'un Ancien sur Atlantis.
A noter que certains personnages parleront russes donc je vous mets un petit lexique.
Lexique : russe/[prononciation /français] :
- дерьмовой жизни [Der'movoy zhizni, Vie de Merde]
« Mort à jamais ? Qui peut le dire ? » de Marcel Proust
Chapitre 1 : La résurrection d'un Titan (ex 12 du TOME 3)
Daniel était à côté de Mitchell et de Vala et tenait un bouquet de roses blanches à la main. Mitchell posa des plaques d'identification militaire sur une pierre tombale puis y déposa un baiser. Daniel y déposa à son tour le bouquet de fleur contre la stèle. Vala lui serra la main pour le réconforter. Il répondit à son étreinte.
- On leur a botté le cul, murmura Vala avec respect, à la tombe. J'ai un … Cadeau.
Elle sortit de sa poche un objet et la posa sur le côté, près du bouquet.
- C'est une fausse bougie. Sa flamme brûlera à jamais, expliqua Vala. Pour toi Angéla.
Elle avait trouvé et acheté l'objet chouette juste avant de venir.
- Merci, souffla Mitchell.
Vala soutint Daniel alors qu'elle le sentit faillir. Daniel était encore affaibli de sa rencontre avec la fille de Vala. Résultats : deux côtes cassées et un traumatisme crânien. Mais il n'aurait jamais loupé ce voyage.
- Elle aurait dû être encore parmi nous, finit Vala dans un souffle.
Elle posa la tête contre l'épaule de Daniel. Il soupira. Mitchell perçut une ombre dans le ciel. Il regarda alors que ses poils se dressaient. Rien. Il n'y avait qu'une allée d'arbres, de vieux chênes et des tombes à perte de vue. Pourtant il frissonna et ce n'était pas à cause de la température. Il connaissait cette sensation et ce n'était pas le froid le responsable. Dans l'allée, il aperçut un... cavalier ? ou simplement une feuille morte qui tombait rejoignant les autres. Mais il eut l'impression qu'une ombre les observait, au loin. Angéla ? Non c'était impossible. Anéa ? Il ne put le dire car l'ombre avait déjà disparu, rapide et il ne put l'identifier. Une illusion sûrement. Ce ne pouvait être son amie disparue. Ni Anéa d'ailleurs. Elle était loin de leur radar.
…
Longtemps après.
C'était une nuit d'hiver. Des flocons tombaient paresseusement sur le sol remplaçant les feuilles mortes d'automne. Le sol était déjà bien couvert d'une couche neigeuse. Un chant de fête résonnait dans le silence des lieux. C'étaient des chants de noël. La cloche d'une église tonna et résonna, au loin dans ce silence. De rares voitures débouchaient de temps en temps dans la rue, dans un crissement de pneus. Des retardataires sûrement rejoignaient leur famille, pressés. Nul ne voulait s'attarder ici, surtout proche des fêtes. Un brouillard noya le cimetière, où le voile entre les vivants et les morts était faible, et aminci. Un couple de drogués chahutait entre les tombes, sans famille. La cloche résonna encore. Le couple se mit à rire.
Troisième son de cloche.
La femme tituba avec une bouteille d'alcool à la main, ivre de joie. L'homme dansa autour d'elle alors qu'elle tournoyait sur elle même en tanguant, renversant au passage le liquide doux sur elle.
Quatre fois ou peut être le cinquième coup.
L'homme hurla sa joie à la face du monde.
Sixième fois.
Une voiture prit le virage et grilla un feu. La femme s'était assise sur une tombe devant une statue d'ange, une bouteille à la main.
Septième fois.
- On dirait que l'ange pleure ! déclara l'homme.
Une ambulance se fit entendre plus loin.
Huitième fois.
- Il veut peut-être boire quelque chose, rit la femme, en tendant la bouteille vers l'ange.
- Non, il est triste car tu as donné une dose à ce gosse alors que tu sais que tu ne dois pas le faire.
Neuvième fois.
- Mais non, ne soit pas bête.
Elle chercha quelque chose dans sa poche maladroitement. L'homme s'approcha de l'ange et grimpa sur le socle pour mieux l'observer.
Dixième fois.
- Mais c'est du sang ! cria l'homme. Il pleure du sang !
Onzième fois.
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Les anges ne pleurent pas et ne saignent pas, répondit la femme en riant.
L'homme descendit du socle avec précipitation. Pendant ce temps, la femme alluma son briquet et s'approcha de la statue pour l'observer.
- Mais non, l'ange sourit. Regarde ! remarqua la femme.
En effet, la statue avait changé d'expression. Un large sourire y figurait, un sourire effrayant presque démoniaque. L'homme recula, effrayé, étant sûr de ce qu'il avait vu.
Douzième fois.
Un cri retentit au loin. La femme sursauta et lâcha le briquet qui tomba sur son manteau. Celui-ci prit feu, imbibé d'alcool. Elle hurla d'horreur faisant écho au cri. L'homme effrayé tenta de l'aider. Soudain, le feu disparut. La femme tomba les yeux ouverts et figés vers le ciel, fixant un point lointain : la mort. Au loin, des flammes s'élevèrent.
L'homme se précipita au pied de sa compagne. Elle était morte, pétrifiée dans un masque de terreur. Il recula d'épouvante et trébucha sur une tombe. Au loin, il vit des flammes. Un feu ? Non, c'étaient des bougies allumées, bien rangées autour d'une tombe. Il était certain qu'elles n'étaient pas allumées auparavant. Il jeta un dernier regard à sa compagne morte. Il sortit son portable en tremblant et s'éloigna en titubant de la scène. Avec difficulté, il essaya de composer un numéro d'urgence, le 15. Puis son regard s'attarda sur la statue : le visage de l'ange était à nouveau neutre. Ce fut de trop. Il s'enfuit de la scène et ne se retourna pas un instant. Il passa devant la tombe éclairée par les bougies. Malgré la peur, il ralentit pour examiner la tombe, par curiosité. Une photo de la défunte y était gravée sur la stèle. C'était une femme en uniforme : un soldat. Il put lire Général Dana Ambroisieur alors qu'il passait devant dans sa fuite.
…
La nuit était paisible, depuis. Tout était redevenu calme. L'homme s'était éloigné en pleurant et en tremblant. Il ne savait pas où il allait, le téléphone toujours dans les mains. Minuit avait sonné. Le cimetière était à nouveau vide de vivants. Les feuilles marchèrent sur le sol grâce au vent et le sol fut balayer.
Soudain, elle ouvrit les yeux. Rien. Elle ne voyait rien. Etait-elle aveugle ? Ou faisait-il nuit ? C'était l'obscurité totale. De plus, elle ne pouvait plus bouger. Elle était coincée dans un espace très étroit, trop étroit. Et même si elle aurait pu bouger, chaque muscle de son corps était endormi et la faisait souffrir comme si des milliers d'aiguilles étaient enfoncées dans sa chair. Ces articulations ne lui obéissaient plus comme si son corps n'avait pas été le sien ou qu'il n'avait pas servi depuis un moment. Une douleur vive traversa sa poitrine, lui arrachant un cri étouffé alors qu'elle prenait le premier bol d'air depuis une éternité. Celui-ci lui brûla les poumons. Elle cria une nouvelle fois cette fois-ci plus fort comme un premier-né, goûtant les premiers instants du début de sa vie. Ses doigts bougèrent enfin, légèrement. Les sensations commençaient à revenir dans son corps. Elle devenait enfin maître de ses mouvements, des mouvements saccadés, et peu précis.
Elle respira bruyamment, chaque expiration lui était douloureuse. Elle tâtonna son environnement proche pour analyser la situation. Elle semblait être cernée par des murs partout. Non du bois. Affolée, elle tâta au dessus de sa tête. Un mur aussi. Paniquée, elle étouffa un cri. Une larme coula, le long de la joue, la lui brûlant. Ses yeux lui brûlaient aussi. Sa poitrine s'enflammait à chaque soulèvement et de même pour sa peau. Elle dirigea sa main vers sa poitrine et effleura un collier. C'était une grosse pierre. Celle-ci s'illumina d'un rouge écarlate à son contact lui brûlant encore plus la peau. Elle cria et commença à paniquer quand elle put enfin apercevoir le plafond de sa prison. Elle était dans un cercueil, son cercueil. Elle hurla et tambourina le couvercle du cercueil, agitée. Mais rien n'y fait. Le couvercle ne bougea pas. Elle se cassa les ongles en griffant le bois. Ses poumons s'enflammaient. Cette fois-ci non pas parce que l'air s'engouffrait dans ses bronches pour la première fois depuis longtemps mais plutôt parce qu'elle commençait à manquer d'air. Elle essaya de se calmer en examinant le reste du cercueil. Elle analysa la situation. Elle portait une belle robe d'époque, mais rien d'autres. A part quelques bijoux, des bracelets, collier, couronne. Elle tenta de diminuer sa respiration pour économiser l'air présent dans le cercueil. Le dioxygène était un gaz précieux à conserver et le temps lui était compté. Mais elle n'arrivait pas à se maîtriser. Elle tenta de pousser avec ses mains le haut du cercueil puis avec les genoux. Malheureusement l'espace était trop réduit. Rien ne bougea. Sans doute parce qu'elle devait être enterrée en dessous de mètre cube de terre, trop lourd à bouger. Elle étouffa un pleur de désespoir. La lumière rouge du collier lui faisait mal aux yeux mais la réconfortait tout de même. Elle ne pouvait pas l'enlever. Le collier semblait avoir fusionné avec sa peau. Mais que lui arrivait-il ? Elle ferma les yeux pour se soulager. Elle jura. Elle aurait dû mettre dans son testament « être enterrée avec un cellulaire » ou « veut se faire incinérer ». Un cellulaire ? Mais à quelle époque était-elle ? D'après ses habits, elle aurait estimé XIXème siècle. Pourtant, elle savait qu'un cellulaire n'était pas de cette époque. Tout se mélangeait dans sa tête. Elle frappa rageusement le plafond du poing, toujours les yeux fermés de frustration. Elle les ouvrit quand elle entendit le bois craquer sous la contrainte qu'elle avait exercée. Elle se mordit la lèvre pour retenir un cri de douleur. Ses os aussi avaient craqué sous la contrainte. Elle espéra qu'elle ne s'était pas brisée les phalanges. Suivant son instinct de survie, elle ignora la douleur et commença à frapper à nouveau du poing le couvercle du cercueil de toutes ses forces. Elle ferma les yeux pour rester concentrée sur sa tâche et ignora la douleur. Elle frappa ainsi sans relâche sa prison de bois alors qu'elle sentit sa peau s'écorcher et le sang dégoulinait sur ses jointures. Soudain, une poignée de terre lui tomba dessus, manquant de l'étouffer. Elle recracha la terre. Motivée par ce maigre espoir, elle passa sa main et tenta d'arracher le bois. Mais plus elle forçait, plus la terre s'infiltrait dans son espace déjà réduit. La terre étouffait le peu d'air qu'il lui restait. Elle allait mourir. Encore, étouffée par la terre au dessus de sa tombe. Ironie du sort. Elle se retint de rire et redoubla d'effort pour évacuer la terre qui pesait sur son corps. Elle voulait atteindre la surface. Au contraire, la terre l'enfonçait encore plus profondément dans les ténèbres. Finalement, elle réussit à se faufiler de son cercueil. A l'aide de ses jambes, elle se propulsa vers le haut. Elle commençait à manquer sérieusement d'air. Alors que quelques minutes plutôt, elle avait oublié ce que c'était de respirer. Sa main tentait de saisir quelque choses mais elle ne rencontra rien à part de l'air. De l'air ? Ce qui lui manquait le plus. Après un grand effort, elle réussit à refaire surface. Sa tête fit enfin surface alors qu'elle reprenait son souffle, lui brûlant les poumons. Elle se mit à tousser.
Elle se dégagea totalement de la terre avec difficulté et roula enfin sur le côté, vidée de ses forces. Affaiblie, elle se retourna sur le ventre et s'évanouit. Elle s'évanouit une ou deux heures, quand elle finit par se réveiller. Elle se mit sur le dos et observa les alentours. Sans surprise, elle remarqua d'autres tombes. Par contre, elle ferma les yeux quand elle vit des bougies enflammées autour d'elle. Les bougies lui piquaient les yeux. Qu'est ce qui n'allait pas chez elle ? Elle voyait bien mais elle ne supportait pas la moindre lueur. Elle préférait l'obscurité. Pourquoi tout lui était douloureux ? Respirer, voir, toucher… Tout lui semblait agression. Malgré ses jambes tremblantes, elle essaya de se relever mais tituba lors de ses premiers pas et se retint de justesse sur sa propre pierre tombale. Elle retint un rire nerveux. Puis épuisée, elle retomba à genoux sur sa tombe immense et essuya les inscriptions envahies par la mousse et la végétation.
Dana Angéla Kathleen Ambroisieur Calling. Mais qui était-ce ? Qui suis-je ? Mon nom ? Il lui semblait si étrange. Effarée, elle ne se rappelait pas de son identité. Perdue, elle s'éloigna de la tombe en titubant. Elle avait toujours des difficultés à respirer. Elle s'écroula à nouveau sur le sol après un ou deux pas. Elle cracha du sang. Tout son corps la faisait souffrir. Avec peine, elle se releva et essuya le sang de sa bouche. Elle devait faire peur à voir, vu son état : un zombie durant Halloween. Elle ne croisa personne. En même temps qui allait se promener dans un cimetière lugubre à minuit par ce temps neigeux. Les étoiles étaient bien visibles ce soir . Le silence régnait dans le cimetière et la lune était haute. Aucun être humain ne se manifesta. Les tombes s'alignaient à perte de vue comme des soldats au garde à vous. Un mur semblait isoler le lieu des morts. En plus, il faisait froid. La morsure du froid lui attaquait la peau, nue à certain endroit. A la clarté de la lune, elle put enfin voir sa robe puis son collier. C'était une longue robe bleu clair qui traînait sur le sol, avec de la dentelle. En quelle année était-elle ? Quelle saison ? Hiver ? Elle regarda la buée sortir de sa bouche. Ses mains étaient toutes desséchées et décharnées, la peau sur les os. Maladroite, elle marcha à travers les tombes, en retenant son souffle. Elle avait l'impression d'être surveillée, de voir une ombre à chaque tombe l'épiant. Elle atteint l'allée principale. Les cailloux lui éraflaient les pieds. Elle était pieds nus. Deuxième vœux sur le testament : « mettre des chaussures ». Qui enterrait son proche, habillé comme ça avec de tels bijoux, à moitié nue et pieds nus ? Ses bijoux de grandes valeurs ne la réconfortaient pas. Elle avait froid, gelée comme la mort. Les bras croisés pour se réchauffer, elle avança dans l'allée à la lueur de la lune, ignorant les graviers lui entaillant la voûte plantaire. Bientôt, elle allait saigner aussi des pieds. Ses genoux étaient déjà écorchés, la faisant souffrir à chaque pas. Grelottante, elle atteignit la grille. Elle la secoua pour les ouvrir mais les grandes portes ne bronchèrent pas. Aucune issue. Son estomac commençait à se tordre de douleur. Elle vomit à nouveau, c'était du sang. Elle décida de longer le mur pour trouver une sortie. Elle savait que dans les vieux cimetières, il y avait toujours des brèches effondrées, cachées par la végétation. Comment le savait-elle ? Elle l'ignorait. C'était une certitude pourtant, une intuition. Elle se reposa quelques secondes pour reprendre son souffle, en s'appuyant contre le mur. La respiration lui était toujours difficile comme si ses poumons n'assumaient pas ses fonctions ou qu'ils étaient trop petits pour absorber assez d'air. Ses mains et ses pieds étaient dans le même état. Puis elle repéra au loin une clarté. Curieuse, elle s'y approcha. Celui-ci apparut puis disparut rapidement. Elle s'approcha. Elle avait eu raison. La végétation cachait un trou vers l'extérieur du cimetière. L'éclat devait être une lumière de la civilisation. Elle s'écorcha le visage et les bras en franchissant le mur végétal. Des feuilles s'attachèrent sur sa chevelure. Elle les ignora alors qu'elle repéra une route goudronnée. Elle s'attendait presque à une calèche de passage. Mais rien le silence. D'où venait la lumière ? Elle marcha le long de la route de plus en plus inquiète d'être seule. Puis un bruit atroce lui vrilla les tympans. Sous la douleur, elle se plia en deux et se cacha les oreilles. Habituée au silence de la mort, le moindre bruit la meurtrissait aussi de la même manière que la lumière meurtrissait ses yeux. Puis des lumières l'éblouirent alors que le son approchait, lui arrachant un cri de douleur. Ce n'était pas une calèche qui approchait ni le bruit de sabots des chevaux martelant le sol. C'étaient plutôt des chevaux motorisés. Elle se cacha les yeux de son avant-bras, éblouie par les phares. Elle se retrouva au sol, recroquevillée sur elle-même, figée comme un lapin sortant d'une lisière de forêt. Elle entendit un bruit de pneu puis une odeur de gomme brûlée. Cela en était trop pour elle. Elle s'évanouit.
…
Elle somnolait. Elle n'avait plus froid. Une couverture rugueuse lui blessait la peau, déjà souffrante. Elle ouvrit doucement les yeux. Ses oreilles sifflaient. Le bruit était infernal.
- Hello ! La belle au Bois Dormant.
Elle regarda la personne assise à son côté gauche, qui conduisait le monstre bruyant, hébétée.
- Ce n'est pas un temps pour se promener dans cette tenue, lui reprocha l'homme.
Elle le dévisagea sans comprendre. Il était plutôt mignon. Quelle chance ? Elle rencontrait un bel homme et elle n'était pas présentable et à moitié nue.
- Par chance, je vous ai trouvé inconsciente sur le bord de la route. Je suis médecin, précisa l'homme. La belle a-t-elle un nom ?
Elle le regarda perdue puis la route.
- Agression… Bal masqué entendit-elle, vaguement.
Elle regarda à nouveau l'homme.
- Ok… Pas de panique… Vous devez être encore en état de choc… Le froid….
L'homme chercha quelque chose dans sa boîte à gants. Elle s'écarta légèrement pour le laisser faire.
- Tenez, cela va vous rafraîchir et vous rendre les idées plus claires.
Elle observa la bouteille, hébétée.
- C'est de l'eau, cru bien de préciser l'homme. Elle n'est pas encore ouverte.
Elle la saisit maladroitement mais ne sut pas quoi en faire. Il lui ouvrit d'une main tout en gardant un œil sur la route.
Elle but mais recracha sous la douleur. Mais que lui arrivait-elle bordel ?
- Ce n'est rien, reposez-vous, proposa l'homme un peu inquiet.
Il replaça maladroitement la couverture pour mieux la couvrir. Il n'était pas rassuré par l'état de santé de la Belle. Elle ignora ses coups d'œil rapides et se rendormit.
…
Quelqu'un lui ouvrit un œil. Une lumière passa furtivement devant les yeux. Une grande douleur résonna dans con crâne. Elle sursauta, et se dégagea. Elle était réveillée.
- Du calme… Du calme.
Elle s'agita. Elle hurla.
- Eteignez la lumière, ordonna un homme.
Il y eut une hésitation puis la lumière disparut. Soulagée, elle put ouvrir les yeux.
- Vous êtes à l'hôpital, informa une voix féminine, inconnue.
- Hôpital, répéta-t-elle, d'une voix rauque.
- Ah la Belle parle !
Elle regarda son interlocuteur. C'était le conducteur, un médecin, elle se souvint. Il avait les bras croisés appuyé contre la porte de sa chambre.
- Elle est fortement déshydratée, remarqua la femme. Je suis le docteur Neela.
- Elle n'a pas pu boire, elle a recraché, précisa l'homme sans nom.
Déshydratée ? Non sans blague. Normal pour une morte. Il s'approcha.
- L'air lui semble toxique aussi, rajouta Neela, soucieuse.
- Il faut faire aussi un kit de viol…
- Oui, oui, je le ferai. Mickael ton service est fini, je m'en occupe… coupa Neela, presque agacée.
Elle connaissait tout de même son boulot.
- Tu plaisantes ! J'ai trouvé un fantôme et tu veux que je …
- Mickael, insista Neela.
Elle regardait la Belle au Bois Dormant.
- Je… Vais mettre ma blouse, se décida l'homme. Mesdames, salua l'homme.
Il exécuta une révérence avant de partir.
…
Elle dormait encore quand une porte claqua. Quelqu'un ralluma la lumière. Elle cria de douleur.
- Désolé… J'avais oublié…
C'était Neela, de retour. Elle avait un plateau. Elle s'installa à côté du lit. L'inconnue suivait du regard le médecin.
- J'ai promis au docteur… De veiller sur toi, se justifia Neela, en s'installant. C'était la seule chose… Pour qu'il rentre chez lui.
L'inconnue la regarda avec insistance comme si elle essayait de comprendre le médecin. Elle lui proposa un yaourt mais l'inconnue le regarda sans bouger.
- Ecoute, soupira Neela. Tes sens ont l'air d'être hyper sensibles. Je pense que la situation va se stabiliser pour toi. Mais pour le bruit, je ne peux rien y faire.
Le fantôme regardait les machines autour d'elle.
Neela soupira.
- Puis le bruit fait partie de la vie de l'hôpital. Je suis désolée mais à part soulager ta douleur… Je pense que je vais parler toute seule aujourd'hui… Tu me comprends.
La jeune femme observait Neela. Le médecin soupira à nouveau. Sa pause était finie de toute manière. Elle posa un magazine sur le lit et régula la perfusion. Elle essayait de diminuer la douleur de sa patiente du mieux qu'elle put même ci cela la faisait plonger dans un sommeil profond. De toute façon, elle avait besoin de repos, vu son état général. Elle n'avait pas besoin de pousser très loin le bilan de santé pour comprendre que sa patiente n'était pas en forme. Elle avait remarqué que son corps avait subi de nombreux sévices et son esprit peut être aussi. De plus, sa patiente était très maigre comme un cadavre et son visage si dur sans expression était mûr et montrait qu'elle avait vécu beaucoup de choses. Et ses yeux… Ils reflétaient tant de douleurs. Justement ses yeux tombaient de sommeil. Neela fut soulagé de ne plus y lire la douleur. Enfin, sa patiente n'avalait rien ni solide ni liquide. Seule la perfusion lui permettait de se nourrir et de reprendre des forces. Par chance, aucun organe n'avait été touché par cette déshydratation et maltraitance extrême de ce corps.
Elle regarda une dernière fois sa patiente avant de quitter la salle. Elle devait affronter maintenant les services sociaux et les agents de police.
Elle serra contre elle le dossier médical. Mickael était déjà revenu. Il voulait être présent lors de la rencontre avec le service social et les policiers.
- Vous êtes le médecin en charge du dossier, salua un policier.
- Oui mais c'est le docteur… corrigea Neela.
- Oui, oui… J'ai bien compris, coupa l'homme d'un geste de la main, en prenant des notes. Estimation de l'âge ?
- je dirai entre 20 et 40 ans.
Le policier la regarda.
- Elle est très… Abîmée, ajouta Mickael.
- On ne peut pas être plus précis, confirma Neela.
Elle lui avait promis de ne pas utiliser le jargon médical lors du rapport d'enquête.
- Vous n'avez pas un moyen de savoir… comme l'étude des os, leur croissance, demanda l'agent.
Neela regarda Mickael. Pas de jargon médical pensa-t-elle.
- Il se trouve que le mot abîmé est le mot le plus approprié pour décrire la personne, ce qui implique les os aussi puis…
- Vous ne voulez pas dépenser l'argent du contribuable pour faire une recherche sur une inconnue, je comprends, poursuivit l'agent. Le problème est que la recherche d'empreinte n'a rien donné. Elle n'est pas dans nos fichiers. Pas d'existence. Pas de carte grise, de permis. Rien. Elle ne fait pas partie des personnes disparues ni victimes d'enlèvement récent.
- Une touriste ? proposa Mickael.
- Aucun passeport n'a été enregistré à l'aéroport avec son visage et aucun signalement de disparition. Pourquoi vous avez une piste ?
- Non mais elle ne parle pas un mot et elle aurait dû retrouver l'usage de la parole maintenant. Nous pensions qu'elle ne parle pas notre langue, expliqua Neela. Et le tatouage ?
- Aucune correspondance. Elle ne l'a pas effectué ici, répondit l'agent, désolé. Nous avons une parfaite inconnue, Jane Doe.
- Elle portait une balle de soirée. Y avait-il un bal en ville ?
- Avec la fête de Noël qui approche, probable mais aucun témoin. Navré. Personne ne l'a vu cette nuit-là. Puis très peu de gens sont passés devant le vieux cimetière surtout par ce temps. La route est assez dangereuse… Donc en résumé, nous avons une femme d'un certain âge, avec une robe de soirée, des bijoux… un tatouage en forme de dragon. Elle ne parle pas. Pas d'abus sexuel mais peut-être de la maltraitance, résume l'agent en tapotant sur son calepin avec son stylo. Elle n'a pas de marques sur les poignets ou les chevilles, comme des signes de séquestration.
- Kidnapping ayant mal tourné ou bien un vol à la tir, proposa Mickael. Les bijoux ont de la grande valeur.
- Je note cette hypothèse : Un vol qui a mal tourné mais une victime de ce genre n'est pas aussi amochée. Je penche plutôt sur du long terme. Les pierres sont en cours d'analyse. Et la pierre rouge ?
- Nous n'avons pas encore opéré. Elle semble fondue dans sa peau, indiqua Neela. Elle a rendez vous avec un chirurgien plastique. Nous en saurons plus.
- Les pierres sont vraies, réfléchit l'agent. C'est notre seule piste. Nous cherchons leur origine. Si vous avez du nouveau ou si elle se met à parler, n'hésitez pas à nous contacter.
L'agent tendit une carte à Neela. Elle la prit en le remerciant. Elle jeta un coup d'œil à la chambre avant de le suivre. Sa patiente n'était pas une personne disparue, elle n'avait pas de famille. Rien. Elle n'était rien. Une amnésique.
- Ah au fait ! Un traumatisme est-il possible ? demanda l'agent.
- Vu son état ? Oui, on peut le penser. Sa mémoire devrait revenir...
…
Neela vérifia les analyses médicales pour la énième fois de sa patiente. Rien ne clochait chez sa patiente. Ses analyses sanguines étaient presque revenues à la normale.
- Quelles sont les nouvelles ? demanda Mickael en s'accoudant au comptoir à côté d'elle.
- Rien. Les policiers semblent arrêter leurs recherches et elle va devoir évacuer la chambre.
- Elle n'est pas en état…
- Je sais, coupa Neela. Mais je n'ai pas le choix. On n'avance pas, elle ne paiera pas les frais médicaux et…
- As-tu fait le scanner ?
- Non.
- Tu avais dit…
- Non, elle a vu le psychologue. Elle ne l'a même pas regardé.
- Normal, il est laid !
- Le neurologue a testé ses réflexes. Rien. Aucun problème. C'est une coquille vide, poursuivit Neela. Nous ne pouvons pas faire cet examen.
Elle quitta le comptoir.
- Que vas-tu faire ? demanda Mickael avant qu'elle franchisse les doubles portes battantes.
Neela se retourna et croisa les bras autour de son ventre.
- Je ne sais pas. Je lui ai payé la télévision avec toutes les chaînes existantes. Peut-être qu'elle réagira… Et vite !
- Tu as appelé les services sociaux encore, comprit Mickael.
- Oui, je les ai rappelés…
- Et ils n'ont pas de place, conclut Mickael. Je …
- Non.
- Non quoi ?
- ôtes-toi cette idée de la tête. Elle n'ira pas chez toi et tu ne payeras pas son examen.
- Et si elle a un problème de pression au cerveau, traumatisme…
- Elle n'en a pas. Pas de vertige, pas de migraine, pas de troubles de la vision.
- Elle peut faire un blocage, un accident… Et comment peux-tu savoir ? elle ne communique pas ! dit Mickael.
- C'est non.
- Mais on ne peut pas la mettre à la rue, supplia Mickael.
Neela franchit la porte l'ignorant.
…
La jeune femme regardait les deux médecins discrètement du coin de l'œil : Neela et Mickael. Tour à tour, ils s'étaient occupés d'elle et lui parlaient sans cesse. Maintenant, ils étaient en dehors de sa chambre dans une vive conversation. Elle zappa les chaînes aléatoirement sans but. Elle le faisait depuis plus d'une heure. 360 chaînes à regarder défilaient devant les yeux, dans toutes les langues existantes sur Terre, de tous types : des films, documentaires… Elle zappait toutes les deux secondes pour passer à la suivante sans s'arrêter sur une chaîne en particulier. Neela franchit à nouveau la porte de sa chambre. Mickael était parti. Neela prit sa tension. La jeune femme l'ignora, absorbée par les multitudes d'images que son cerveau pouvait absorber. Il y en avait tant ! Tout avait changé depuis son départ, depuis ses derniers souvenirs. Elle avait des certitudes, ce qu'elle entendait, elle le comprenait et cela se bousculait dans sa tête. Il y avait un nouveau président à la tête des USA mais aussi de la France. Le président américain était maintenant noir. Mais où était passé le blanc ? Bush ? La gauche était passée au pouvoir en France. Pourquoi se renseignait-elle sur la France ? La dernière coupe du monde de football avait été gagnée par l'Allemagne. Mickael Jackson était mort probablement d'un complot, Whitney Houston l'avait suivi. La guerre éclatait un peu partout… Poutine était revenu au pouvoir. Les pays comme les USA continuaient à s'enliser dans des guerres et des querelles sans fin. Des tas de morts…
- дерьмовой жизни, jura la patiente.
Neela arrêta son geste brusquement. La malade continua à zapper comme si de rien n'était puis s'arrêta quelques secondes sur une autre chaîne et ainsi de suite…
…
Neela se précipita dans les vestiaires d'instinct et claqua la porte d'un casier ouvert : celui de Mickael.
- Oula ! Qu'est ce qui t'a piqué ?
Mickael eut juste le temps de s'écarter et d'enlever les doigts du casier.
- Elle réagit ! Je n'ai pas compris … Mais elle a parlé, couina Neela subitement.
- Quoi ?! demanda Mickael, puis comprenant ce qu'elle venait de dire. Elle a réagi à quoi ?!
Il posa sa blouse dans son casier.
- La 126.
Elle parlait du numéro de la chaine télévisée.
- C'est laquelle ? se demanda Mickael en haussant les sourcils.
- J'allais te le demander…
- Je ne sais pas, je ne vais jamais jusqu'à ces chiffres, lui apprit son collègue.
- C'était une chaine étrangère, confirma Neela.
- Oui, je dirai de l'Europe de L'Est, vue le code, réfléchit Mickael. Tu peux me répéter ce qu'elle a dit ?
- Der movou sisni, un truc comme ça, se remémora Neela. Allemand ?
- Non, cela ne sonne pas allemand, affirma Mickael.
- Je ne sais pas quel interprète demander. On ne peut pas les essayer tous.
- Tu peux éliminer le français, l'allemand, l'italien, l'espagnol… ce n'est pas méditerranéen. Europe de l'Est, maintient Mickael.
- Et elle n'a pas les yeux bridés, poursuivit Neela. Donc on élimine l'Asie. Chouette il me reste plus qu'une centaine de langue a éliminer.
- Oui.
Il aimait les défis surtout quand celui-ci paraissait impossible à résoudre.
- As-tu essayé de la faire écrire ? proposa son ami.
- Je te rappelle qu'elle n'est pas capable d'écrire. Les os de ses mains sont brisés, lui rappela Neela.
- Elle peut essayer de taper sur un ordinateur. Laisses lui un calepin et stylo à portée de main, elle pourrait essayer quelque chose.
- Je peux lui proposer le menu multi-langue pour qu'elle choisisse son repas, ajouta Neela.
- Tu es un génie ! conclut Mickael. Tu lui fais choisir et bingo ! Il y a peu de chance qu'elle parle un dialecte rare.
…
- Vous dites russe ? répéta l'agent de police, les sourcils froncés, sceptique.
La jeune femme n'était pas blonde.
- Oui, c'est certain. Elle parle russe, affirma Neela. Et son crâne est de type caucasien.
- Parler russe, ne veut pas forcément dire qu'elle soit russe, insista le policier. Mais le crâne nous apprend qu'elle est européenne ou russe.
- C'est vrai qu'elle n'a aucun accent particulier, intervint un homme à accent fort. Mais j'ai aucun doute, c'est un dialecte de Saint Petersburg.
- C'est notre interprète russe, indiqua Neela pour le présenter.
- Donc vous concluez qu'elle parle parfaitement russe, reprit l'agent, soucieux.
- Oui, nous avons peu échangé mais je peux le confirmer qu'elle parle russe même si c'est un dialecte rare.
- Ok, donc je me tournerai vers l'ambassade russe. Et j'ai tracé la robe. Elle est de confection française. Les pierreries sont très vieilles mais il semblerait qu'elle soit aussi française.
- La France est reconnue pour sa haute couture, ajouta Neela. Cela ne veut rien dire.
- C'est vrai, concéda l'agent. L'ambassade russe sera contactée et nous en apprendra plus.
- Et ensuite ? se renseigna Neela, inquiète.
- Peut-elle être déplacée ?
- Vous allez contacter le service d'immigration, comprit Neela.
- C'était déjà fait mais maintenant on sait pour quel pays. Si elle est russe et qu'il n'existe aucune trace d'elle, c'est une clandestine, une fille de l'Est. Elle a pu réussir à passer nos frontières de manière illégale.
- Vous pensez à une prostituée, comprit Mickael, qui ne croyait pas à cette hypothèse.
- Elle était bien habillée… Un peu trop dénudée pour la saison… Portée des bijoux de grandes valeurs… résuma le policier.
- Alors que faisait-elle près de l'ancien cimetière ? demanda Mickael.
- Un caprice d'un client, suggéra le flic. Un client riche.
- Elle n'a pas eu de rapport sexuel récent, intervint Neela.
- Ils n'ont peut être pas eu le temps d'aller plus loin... L'enquête nous donnera plus de précisions, finit le policier.
Ou pas pensa Mickael.
…
La jeune inconnue attendait patiemment dans un avion en plein vol. Deux hommes l'encadraient, assis de chaque côté. Ses oreilles commençaient à bourdonner. L'avion était en provenance de Paris vers la Russie. Elle était partie de l'aéroport Roissy-Charles-De-Gaule. Le voyage durait déjà 5 heures. Elle ne cessait de regarder à travers le hublot, ignorant ses deux gardes. Ces derniers n'avaient même pas tentés d'entamer une conversation avec elle. Ils fixaient droit devant eux, l'air dur. Chacun était armé. Ils appartenaient au service de l'immigration et étaient chargés de la ramener en Russie. Une crampe au ventre s'était installée dès le début du voyage. Elle souhaitait que celui-ci s'éternise. Elle savait que la Russie n'était pas sa maison. Ils venaient d'atteindre la deuxième couche de nuage et commençaient à perdre de l'altitude, à l'approche de leur destination. A basse altitude, ils traversèrent une partie du pays. L'hôtesse donna des consignes de sécurité en russe ainsi que des banalités comme le temps, la température et leur souhaitait la bienvenue. Elle poursuivit en anglais. La jeune inconnue observa son corps. Elle portait toujours la robe, celle qu'elle portait au cimetière. C'était une longue robe de soirée. Elle était sans doute la raison des regards curieux des autres passagers. Le souvenir du cimetière était encore bien vif. Elle se remémora de la souffrance qu'elle avait éprouvée. Maintenant elle souffrait moins. Elle porta sa main entre ses seins et se frotta la peau. Son cœur lui faisait encore mal. Il semblait vouloir sortir de sa poitrine. Elle se souvenait du paysage sinistre du cimetière, un vieux cimetière à l'abandon. Il y avait de nombreuses tombes familiales. Certaines faisaient la taille d'une maison. Il y avait aussi des statues… Les détails ? Tout était flou dans sa mémoire : statue, tombe, statue…
Elle sentit ses oreilles se déboucher alors que l'avion commençait à amorcer la descente. Ils étaient arrivés. Elle ne put s'empêcher de regarder l'hublot, y observer son futur. De nombreuses questions se bousculaient dans sa tête. Elle se dirigeait vers l'inconnu depuis qu'elle s'était réveillée. Tout était inconnu jusqu'à son identité. Comme si elle était née, il y a deux semaines dans ce cimetière. Son plus vieux souvenir datait de deux semaines. Elle frissonna alors qu'un des deux gardes contrôlait sa ceinture. Le contact était désagréable. Il arrêta son geste croyant la blesser puis il regarda son collège qui haussa les épaules. Il lui sourit légèrement pour la rassurer. Mais elle n'était pas du tout rassurer, elle ne savait pas ce qu'elle allait devenir.
Après quelques secousses, l'avion s'immobilisa. Un des deux agents l'invita à quitter son siège, en lui tendant la main. Elle la saisit avec hésitation, chaque fibre de son corps la faisait souffrir et lui disait de fuir. Elle ne dit toujours pas un mot. Les seuls mots qu'elle avait prononcés étaient ceux de l'hôpital et quelques échanges avec l'interprète. Elle ne comprenait pas tout le temps ce qu'on lui disait mais elle comprenait l'essentiel. Elle savait donc que les deux agents voulaient en finir au plus vite. Ils voulaient se débarrasser de leur fardeau le plus rapidement possible. Elle ne pouvait pas leur en vouloir. Elle n'avait pas de maison. Elle était perdue. Elle avait compris qu'elle était juste un travail pour eux. Et leur travail n'était pas de sympathiser avec les clandestins. Elle descendit maladroitement de la passerelle. Le bruit et l'effervescence des lieux lui arrachèrent une douleur dans la poitrine. L'air était chargé. Il allait pleuvoir. Même les regards des autres passagers la faisaient souffrir. Elle serra son unique sac de voyage contre elle. Les deux agents avaient décidé de cacher ses bijoux : couronnes, colliers dans un sac pour éviter d'attirer le regard des autres. Sauf un qu'elle portait encore contre sa poitrine, sous sa robe. Celui qui lui avait brûlé la peau. Les médecins n'avaient pas voulu lui enlever, craignant de lui causer trop de souffrances. Celui-ci rougeoyait sous sa robe et une veste qui la protégeait du froid. Le temps était rude. Les deux agents emmenèrent la jeune femme à l'écart des autres voyageurs vers la douane qui allait vérifier les papiers.
- C'est la clandestine ? demanda la douane sans même la regarder.
Elle était considérée comme un objet.
- C'est ce qu'on pense ? hésita l'agent.
Le douanier leva les yeux.
- Elle n'est pas habillée…
- Son patron était peut être riche, coupa le deuxième agent, pressé d'en finir.
- Sans doute, répondit la douane méfiant. Et ses bijoux ? Ils sont où ?
Il lisait le rapport.
- Dans le sac… Authentique… Non volé. Je ne sais pas où elle a pu …
Le douanier le regarda intensément.
- Son ADN est dessus, aucun doute. Sauf le contraire, ils sont à elle, précisa l'agent, en claquant de la langue comme un avertissement.
- Pas de signature ? demanda le douanier.
Tous les bijoux de grandes valeurs étaient signés par leur maître d'œuvre.
- Si… Mais inconnu.
Le garde chercha un document. C'était une photo et il la lui montra.
- Présente sur la couronne, le bracelet, décrit l'agent en donnant une deuxième photo.
La douane prit la photo.
- C'est français, hésita la douane. Le bracelet… Où est-il ?
L'agent montra le sac. La jeune femme le serra encore plus contre elle.
- Qu'y a-t-il ? demanda l'agent.
Il avait pensé que l'affaire allait être rapidement réglée. L'homme fixait la femme intensément qui se déroba sous son regard scrutateur.
- Qu'y a-t-il ? répéta l'agent. Un problème ?
- Non, pas vraiment. Français à coup sur, lâcha la douane. C'est étrange… Le collier…
- La signature est inconnue. Peut-être un nouvel artiste, coupa l'agent qui commençait à s'impatienter.
- On dirait un alphabet…
- C'est réglé ?
- Oui, oui tout est en règle.
Le garde signa les papiers en jetant des coups d'œil à la jeune femme. Le douanier signa à son tour comme s'ils régularisaient l'échange d'un vulgaire colis.
- Nous allons signaler sa présence et lancer les recherches, précisa la douane.
- Bien l'affaire est close alors.
Les deux gardes prirent les papiers et saluèrent la douane avant de partir, sans même regarder et laissant la jeune femme sur place qui ne savait pas quoi faire.
Fin du chapitre
Journal de bord :
chapitre 55 : Une décision difficile, écrit (20 pages).
chapitre 56 : Errance et Peur , écrit (22 pages).
