La Fin est le commencement
Chapitre 6 - Réminiscence
25 Juin 1968,
Très cher journal,
Aujourd'hui, je viens d'avoir 15 ans, et tu es mon cadeau d'anniversaire ! J'imagine que mère espère que cela me détournera des éprouvettes de mon laboratoire et que cela m'incitera à m'adonner à des activités qu'elle estime plus "de mon âge". Heureusement, je sais que père me soutient et apprécie ma passion pour les sciences. Il a toujours été là pour m'encourager à explorer le monde fascinant de la découverte et de l'expérimentation.
En ce jour spécial, malgré les attentes peut-être un peu décalées de ma mère, j'ai été agréablement surpris par la manière dont ma famille a célébré mon anniversaire. Ils ont organisé une fête surprise avec mes amis les plus proches, et, bien que l'ambiance ait été animée et joyeuse, j'ai pu discerner dans leurs yeux un souhait sincère de voir mes rêves se réaliser, même si cela implique de passer des heures plongé dans les mystères de la science !
Les cadeaux ont été variés, mais c'est celui de père qui a particulièrement retenu mon attention. Il m'a offert un microscope dernier cri, un instrument qui va sans aucun doute enrichir mes expériences futures. Même si mère a esquissé un sourire poli, je sais qu'au fond, elle s'inquiète pour mon avenir et souhaite que je trouve un équilibre entre mes passions scientifiques et les activités plus conventionnelles de mon âge.
Cependant, je reste déterminé à suivre mes rêves et à poursuivre mes découvertes scientifiques. Peut-être que ce nouveau microscope sera l'outil qui me permettra de faire des avancées significatives dans mes projets de recherche.
En somme, malgré les différences d'opinions au sein de ma famille, je me sens comblée et reconnaissante pour cette journée d'anniversaire mémorable. Je suis prête à affronter une nouvelle année pleine de découvertes et d'expériences !
À bientôt, cher journal, pour la suite de mes aventures à la croisée de la science et de la vie quotidienne….
L.C
Vincent parcourut les premières pages du journal avec une vague de tendresse et de nostalgie. Il y découvrit la jeune femme telle qu'il l'avait imaginée à l'adolescence. Son amour pour les sciences l'avait guidée dans cette voie dès son plus jeune âge. Issue d'une famille plutôt aisée, elle avait eu l'opportunité de poursuivre des études dans ce domaine.
Même dans la rédaction d'un journal intime, Lucrécia Crescent faisait preuve d'une grande rigueur. Ainsi, elle consignait régulièrement ses pensées sur ces pages.
Plus tard, alors qu'elle n'était encore qu'une jeune scientifique, elle avait été recrutée sous la direction du propre père de Vincent, le Professeur Grimoire Valentine, afin de le seconder dans ses recherches sur Chaos et Omega…
21 Octobre 1973,
Cher journal,
Mes recherches au cours de ces deux dernières années ont finalement porté leurs fruits. Je viens d'être acceptée en tant qu'employée au sein du département scientifique de la célèbre entreprise, la Shinra Corporation. Cette opportunité promet non seulement d'améliorer mes conditions matérielles, mais elle ouvre également la voie à une progression significative dans mes recherches. C'est une étape cruciale dans ma carrière scientifique, et je suis impatiente de contribuer au progrès au sein de cette organisation renommée.
Mais ce n'est pas tout. Une nouvelle aussi excitante que surprenante, j'ai été choisie pour être l'assistante de laboratoire du très talentueux Professeur Valentine. C'est un honneur et une chance incroyable. J'ai toujours eu une profonde admiration pour ses compétences et son dévouement à la recherche scientifique. Les résultats de ses derniers travaux sur Omega ont été une véritable source d'inspiration pour moi, et travailler à ses côtés représente une opportunité unique d'apprentissage et de croissance professionnelle.
Je ressens à la fois l'excitation de ce nouveau chapitre qui s'ouvre devant moi et la responsabilité qui accompagne cette position. Les défis qui se présentent seront nombreux, mais je suis prête à les affronter avec détermination ! J'ai l'intention de mettre à profit cette expérience pour approfondir mes connaissances, développer de nouvelles compétences, et contribuer de manière significative aux avancées scientifiques de cette compagnie.
À bientôt, cher journal, pour la suite de cette aventure professionnelle passionnante.
L.C
Quelque temps plus tard, elle avait accompagné l'équipe au continent Nord, après la découverte de la créature. Sous l'égide du Professeur Gast et du Professeur Valentine, Lucrécia racontait son périple ainsi que ses déboires lors de ces longs mois passés dans cette contrée glacée : les vastes étendues de neige à perte de vue, les tempêtes féroces qui les assaillaient périodiquement, et les défis constants de l'équipe. Elle partageait avec eux les découvertes fascinantes qui éveillaient leur curiosité scientifique, mais aussi les moments difficiles où la nature impitoyable du continent Nord mettait leur détermination à rude épreuve….
3 Février 1975,
Cher journal,
Enfin, après un si long périple, me voilà à Icicle Lodge ! Il y fait un froid particulièrement glacial, et la neige ne semble pas prête d'arrêter de tomber. C'est comme si le paysage tout entier était recouvert d'un manteau étincelant de cristaux gelés. Malheureusement, ce froid extrême a engendré une panne inopportune : le chauffage du laboratoire de recherche où nous exerçons a décidé de rendre l'âme.
Il a fallu dégivrer la totalité des tubes à essais, une tâche qui s'est avérée bien plus complexe et laborieuse que prévu. Mes collègues et moi avons dû redoubler d'efforts pour maintenir une température adéquate afin de préserver nos précieux échantillons. Les réactions chimiques semblent ralenties dans ce froid mordant, ce qui complique davantage nos expériences.
Malgré ces difficultés, l'ambiance à Icicle Lodge est empreinte d'une atmosphère unique. Les habitants de cette région semblent résister stoïquement à la rudesse de l'hiver, et j'ai même eu l'occasion de participer à quelques-unes de leurs traditions locales. Les soirées passées autour d'un feu de cheminée, à déguster des plats réconfortants, m'ont permis de découvrir la chaleur humaine qui contraste avec le froid extérieur.
Je reste optimiste quant aux jours à venir, espérant que les réparations du chauffage se feront rapidement. En attendant, je m'efforce de tirer le meilleur parti de cette expérience polaire, m'immergeant dans la vie quotidienne de ce lieu enchanteur, où chaque flocon de neige semble renfermer une histoire à raconter !
À bientôt, cher journal, pour la suite de cette aventure glaciale.
L.C
Dans le dernier quart du carnet, L'ex-TURK s'abandonna entièrement à sa lecture. Lucrécia y détaillait ses recherches sur Chaos, puis évoquait l'incident tragique au laboratoire qui coûta la vie au père de Vincent. Ses remords et sa culpabilité imprégnaient chaque ligne….
8 Septembre 1976
Cher journal,
Je suis dans une détresse profonde. Par Gaïa, qu'ai-je fait ? Tout est de ma faute ! Un incendie dévastateur a ravagé le laboratoire, résultat de mon imprudence lors de manipulations avec des réactifs explosifs. C'est atroce. Mon mentor, celui que je chérissais tant, Grimoire, a été emporté par cette tragédie. Le poids insoutenable de la culpabilité s'abat sur moi, m'engloutissant dans un abîme de remords.
Il n'y a personne d'autre à blâmer que moi-même. Les cris déchirants des flammes résonnent encore dans mes oreilles, et les images de ce cauchemar hantent mes pensées jour et nuit. Je suis à présent dévorée par la culpabilité, incapable de trouver le sommeil sans être tourmentée par le souvenir de cette nuit funeste.
Je me demande comment je pourrai jamais réparer les dégâts que j'ai causés. Les flammes ont tout détruit, non seulement mes travaux, mais aussi la vie de celui pour qui j'avais une si grande estime. Le laboratoire n'est plus qu'un amas de cendres, symbole de mes échecs cuisants. Que reste-t-il de moi à présent, sinon une scientifique brisée, consumée par le remords et le chagrin ?
Je crains que mes jours ne soient désormais plongés dans une obscurité sans fin. Puisse cette confession sincère servir de témoignage à ma propre descente aux enfers.
À jamais tourmentée,
L.C
Vincent se replongeait avec une clarté déconcertante dans cet incident, la perte déchirante de son père. À cette époque, il était encore un jeune TURK, contraint de dissimuler son propre chagrin derrière un masque stoïque. Au moment du décès de son père, il ignorait totalement l'implication de la jeune femme dans cette tragédie. Ce n'est que des années plus tard, par un pur hasard, qu'il en prit connaissance. Malgré cette révélation tardive, il n'en tint jamais rigueur à Lucrécia. Il comprenait que c'était un accident, un caprice du destin qu'aucun d'eux n'aurait pu contrôler.
Par la suite, elle relata le début du projet Jenova, les circonstances de leur rencontre, le malaise qu'elle ressentit en découvrant sa filiation avec Grimoire Valentine, leur rapprochement, et le commencement de leur amitié, malgré tout….
8 Juillet 1976
Cher journal,
Mon équipe et moi-même venons tout juste d'arriver à Nibelheim pour entamer les recherches sur la Cetra. Mais, par Gaiä, quel terrible hasard ! Le TURK chargé de nous escorter et de veiller à la sécurité du Projet n'est nul autre que le fils de Grimoire ! Il a perdu son père à cause de mes erreurs. Comment pourrais-je espérer trouver le pardon ? Ses yeux…ses yeux couleur rubis sont exactement les mêmes que ceux de son père.
Mes recherches ont laissé un sillage de destruction, et chaque page de ce carnet semble être imprégnée de mes regrets.
Malgré tout, je dois aller de l'avant. La présence de Vincent à mes côtés est une constante et douloureuse piqûre de rappel de mes fautes passées. Chaque regard qu'il pose sur moi résonne comme un jugement silencieux, une réprimande muette. Pourtant, il est là, impliqué dans le projet.
J'ai également fait la rencontre de ce nouveau confrère. Il ne m'inspire guère confiance, mais pour la bonne continuation du projet, je suis prête à faire preuve de toute l'amabilité dont il sera nécessaire. J'avais déjà entendu beaucoup parler de lui. Son ascension au sein de notre département a été si fulgurante que tout un tas de rumeurs circulent à son sujet. Il semble posséder une certaine habileté à naviguer dans les méandres politiques de l'entreprise, bien que la véritable nature de son caractère reste enveloppée de mystère. Je reste sur mes gardes, prête à observer attentivement ses actions tout en maintenant une collaboration professionnelle pour le bien du projet.
Mes mains tremblent encore en manipulant les notes de mes recherches, mais l'excitation de la découverte et la soif de rédemption me poussent à poursuivre. La route devant nous est semée d'embûches, mais je m'accroche à l'espoir que mes actions présentes peuvent, d'une manière ou d'une autre, réparer les torts du passé.
La Cetra et ses mystères nous attendent, et je suis déterminée à comprendre, à apprendre, et peut-être, à trouver un moyen de réparer ce qui a été brisé.
À l'aube d'une nouvelle quête,
L.C
À mesure que Vincent progressait dans la lecture, les souvenirs affluaient, le journal révélant les mêmes moments, les mêmes fragments de vie, mais cette fois-ci, du point de vue sa bien-aimée…
24 septembre 1976
Cher journal,
J'ai surpris Vincent dans le parc aujourd'hui. Il s'était assoupi sous le grand chêne, dans le parc du manoir. Malgré la culpabilité que je ressens vis-à-vis de lui, je ne peux m'empêcher de le trouver si attachant, et de me sentir irrémédiablement attirée vers lui… Son visage paisible dans le sommeil semblait effacer temporairement les ombres qui assombrissent nos passés respectifs. Un sentiment étrange de réconfort et de compréhension mutuelle s'est emparé de moi en le regardant, remplaçant momentanément les tourments liés à mes erreurs passées. Cependant, il persiste une tension palpable entre nous, une barrière que je crains de franchir, mais qui semble s'effriter lentement au fil du temps…
Bien à toi,
L.C
Elle se livrait enfin sur les raisons qui l'avaient poussée à repousser le TURK, puis à accepter la demande en mariage de Hojo. Le cœur serré par l'émotion, le brun découvrit qu'elle l'avait toujours aimé, lui. Pas Hojo. Mais lui, Vincent….
28 décembre 1976
Cher journal,
Je suis partagée entre joie et désespoir infini. Aujourd'hui, Vincent m'a fait sa déclaration. Si seulement il connaissait mes sentiments pour lui. Mais je n'ai pas pu lui dire la vérité. J'ai promis ma main au Professeur Hojo. En échange de quoi, il m'a promis de ne jamais rien tenter pour compromettre la carrière de Vincent au sein de la Shinra…
Les tourments de ma décision pèsent lourd sur mon cœur. La promesse faite à Hojo, motivée par des circonstances complexes et des enjeux professionnels, semble maintenant être un fardeau insupportable. Vincent, sincère dans ses émotions, ignore les chaînes invisibles qui entravent notre destin. Mon engagement envers Hojo, c'est aussi l'acceptation d'une vie dont je n'ai jamais voulu, une vie déterminée par des arrangements plutôt que par l'amour véritable.
Les confessions de Vincent résonnent dans mon esprit comme une mélodie douce et douloureuse. Chaque mot qu'il a prononcé réveille en moi des échos de la vérité refoulée. Pourtant, je demeure captive des promesses faites, de la loyauté envers un homme dont l'ombre s'étend sur ma vie. Mon cœur est pris au piège entre le devoir et le désir, et l'avenir se dessine incertain, teinté de regrets inévitables.
Un sombre destin se dessine devant moi,
L.C
Vincent serra le poing, submergé par une vague de rage. Pourquoi ? Cette question, il se l'était maintes fois ressassée, à l'époque. Pourquoi n'avait-elle pas choisi de partager sa vie avec lui ? Pourquoi avait-elle préféré Hojo ? Cela n'avait eu aucun sens. Au début, il avait naïvement pensé qu'elle était heureuse, et il s'était résigné. Cependant, la réalité était bien différente...
Puis se présenta cette fameuse nuit. Dans le secret de sa chambre, alors que son époux avait dû s'absenter, leur désir mutuel les avaient submergé, et ils s'étaient aimés. La seule nuit qu'ils avaient partagée et qu'ils ne partageraient jamais….
13 mai 1977
Cher journal,
La nuit que je viens de passer hantera mon corps et mon cœur jusqu'à la fin de mes jours. Mes joues s'empourprent encore rien que d'y songer. Vincent, très cher Vincent… Ses lèvres ont tracé des chemins ardents sur les miennes, chaque baiser laissant une empreinte indélébile sur ma peau et dans mes pensées. Les émotions partagées dans l'obscurité de cette nuit, la passion émanant de nos étreintes, tout cela forme une toile complexe de désir et de promesses échangées.
La lueur des étoiles a été notre complice silencieuse et témoigne de chaque éclat de tendresse partagé. Vincent, avec sa présence envoûtante, a effacé les frontières de la solitude qui m'enveloppaient depuis trop longtemps. Cependant, une ombre plane, alimentée par les responsabilités et les choix qui se dressent devant moi comme des obstacles insurmontables.
Les battements de mon cœur résonnent encore avec l'écho de cette nuit, tandis que je me trouve piégée entre l'éclat passionné de notre union et les promesses faites à cet homme. Mon esprit est une mer agitée de doutes et d'incertitudes, mais au fond de moi, un feu s'est allumé, une flamme ardente qui refuse de s'éteindre.
Vincent demeure ancré dans mes pensées, et chaque regard échangé, chaque contact furtif, fait renaître le souvenir de cette nuit inoubliable. Cher journal, je crains que ma vie ne soit désormais un équilibre précaire entre la passion et les promesses engagées, entre l'amour et les compromis….
L.C
De sa plume, l'ex-TURK apprit que Hojo et elle n'avaient plus eu de relations intimes depuis des mois lorsqu'elle était tombée enceinte. Ainsi, Hojo savait dès le début que l'enfant qu'elle portait n'était pas le sien. Pensant que cela ne ferait que compliquer les choses s'il l'avait su, elle avait laissé Vincent dans l'ignorance….
15 juin 1977
Cher journal,
J'ai une grande nouvelle à t'annoncer. Je suis enceinte. Malgré la joie immense que je ressens, cette ombre plane toujours sur mon destin. En effet, cela fait des mois que le Professeur Hojo et moi-même ne partageons plus notre couche. Si, dans les premiers temps, j'ai accepté cette contrainte par obligation, j'ai vite mis un terme à nos "échanges" nocturnes.
Les nuits silencieuses résonnent de mon choix d'indépendance, de ma décision de briser les chaînes qui entravaient ma vie. Les draps du manoir portent le poids de mon acte de libération, mais la nouvelle vie qui grandit en moi apporte une lumière nouvelle à cette obscurité. La vie grandit dans le secret de mon être, une vie qui sera indissociable de l'ombre de mes choix passés.
Vincent, l'amour clandestin qui a éveillé mon cœur, ignore encore la nouvelle. Comment lui annoncer, alors que les liens qui me lient à Hojo subsistent, malgré ma tentative de les briser ? La route à venir s'annonce semée d'embûches, mais au creux de moi, la flamme de l'espoir brûle plus intensément que jamais. Cher journal, que mes écrits soient témoins de cette nouvelle étape dans ma vie, où la maternité s'entrelace avec les choix difficiles qui définiront mon avenir….
L.C
À cet instant, le carnet lui échappa des mains pour venir s'échouer par terre. Vincent se laissa tomber sur le lit d'Adonis et prit alors sa tête entre ses mains, submergé par le poids des révélations. Il avait la gorge serrée, le souffle court. Oh ! Bien sûr que cette pensée lui avait effleuré l'esprit ! Le début de sa grossesse coïncidait étrangement avec cette glorieuse nuit, quelques semaines seulement auparavant. Mais... mais... il n'avait jamais voulu y croire. Il n'avait jamais osé lui poser la question. Même s'il l'avait fait, lui aurait-elle avoué ? Et que serait-il advenu ensuite ?
Rongée par le remords et la culpabilité, Lucrécia avait alors accepté l'inacceptable, elle avait consenti à faire de son enfant, leur enfant, le cobaye des expériences de son mari.
Il ravala péniblement ses sanglots, se força à ramasser le manuscrit et à finir les dernières pages….
6 juillet 1977,
Cher journal,
Oh Vincent, me pardonneras-tu un jour ? Je ne puis me résoudre à t'avouer la vérité. Les conséquences seraient dévastatrices… Je n'ai fait que des erreurs… Pardonne-moi, mon amour.
"Si je suis sûre de moi ?", m'as-tu demandé hier. Comme j'aurais voulu tout t'avouer. Pourquoi ne m'as-tu jamais rien demandé !
Les non-dits emprisonnent mon cœur, une prison que je crains de briser par peur du chaos qui s'en suivrait. Mes silences, alimentés par la crainte des conséquences, se transforment en un poids insupportable. Chaque jour qui passe sans que je révèle la vérité approfondit le fossé entre nous. Mon amour, la vérité que je cache par crainte de te perdre semble désormais être le fardeau qui érode notre lien. J'aurais voulu te parler, déverser la vérité de mon âme, mais le courage me manque, et je m'enferme dans le remords.
Cependant, l'écho de tes paroles résonne encore dans mon esprit, et je regrette chaque instant où je n'ai pas saisi l'opportunité de te confier mes secrets les plus profonds. Les "pourquoi" et les "si seulement" tourbillonnent dans ma conscience, formant une mélodie douloureuse qui accompagne mes pensées nocturnes. Mon amour, je redoute le jour où la vérité éclatera, mais plus encore, je redoute de te perdre à jamais à cause de mes propres hésitations….
L.C
Par la suite, et ce jusqu'à la conclusion amère de ces lignes, quelques semaines avant que Vincent ne se retrouve perforé d'une balle près du coeur, sa bien-aimée était hantée par une culpabilité poignante et des remords dévorants. Elle regrettait amèrement chacun de ses actes. Le mensonge imposé à Vincent au sujet de ses sentiments, la trahison envers son époux, et même le consentement à utiliser leur propre enfant comme cobaye pesaient lourdement sur son âme meurtrie. La dernière page, rédigée peu après la naissance de leur enfant, était une sorte de testament poignant. La lecture de cet ultime témoignage lui arracha les larmes qu'il avait réussi à maintenir prisonnières au plus profond de lui jusqu'à présent….
3 Mars 1978
Cher journal,
Tout est fini. Je n'ai plus la force de continuer. Les ténèbres ont englouti ma vie, emportant avec elles le dernier souffle d'espoir qui me restait. Aujourd'hui, je me tiens au bord du précipice, regardant le vide sans la moindre lueur d'optimisme. Il m'a pris mon enfant. Mon fils, mon précieux Sephiroth, m'a été arraché, laissant derrière lui un néant insurmontable.
Comment pourrais-je trouver la paix lorsque mes bras restent vides, privés de l'étreinte que je n'ai jamais pu lui offrir ? Les ombres de la tristesse obscurcissent désormais chacun de mes pas, et l'écho de ses rires d'enfant résonne douloureusement dans le vide de ma solitude.
Le poids de l'agonie m'a accablé au point où même l'idée de l'au-delà ne me procure plus de réconfort. Les injections incessantes, véritables chaînes de ma propre prison, m'empêchent de trouver la libération tant désirée. Chaque blessure, chaque plaie, est condamnée à une guérison inexorable, prolongeant ma détresse.
Je me demande, désespérément, si un pardon existe dans le cœur de mon fils, là où je ne peux plus le rejoindre. Regret et culpabilité s'entremêlent dans l'obscurité de mes pensées, et je me demande si un jour l'absolution me sera accordée.
Oh, Gaïa, qu'ai-je fait pour mériter une telle destinée ? Les réponses se perdent dans le silence de ma propre tourmente, et chaque souffle devient une lamentation, une supplique silencieuse à un destin cruel. La douleur persiste, indomptable, et je reste là, pris au piège de ma propre existence, cherchant en vain une échappatoire à cette nuit éternelle.
C'est ainsi que se referme ce chapitre de ma vie, dans l'ombre de la douleur et de la désolation.
L.C
Ces révélations plongeaient Vincent dans un tourbillon d'émotions. Une heure s'était écoulée, et il avait totalement oublié de partir à la recherche du petit. Sa propre culpabilité semblait équivalente à celle de sa bien-aimée. Ils n'avaient fait que des erreurs, et cela avait coûté la vie à leur fils.
Leur fils…
Pas celui de Hojo….mais le sien…
Vincent demeura un instant, figé dans cette posture, la tête enfouie entre ses mains, absorbé par les révélations poignantes dévoilées dans le journal. L'écho des souvenirs et des émotions tourbillonnait dans son esprit, créant un tumulte intérieur qui le retenait prisonnier de ses propres pensées.
Soudain, le grincement de la grande porte d'entrée le tira de sa léthargie. Sélène était de retour. Vincent se releva, ramassa le carnet qui reposait à terre, le pressant contre sa poitrine comme s'il cherchait un réconfort dans ses pages. Puis, arborant une résolution nouvellement forgée, il se mit en quête de l'enfant.
Comme il l'avait pressenti, il découvrit le petit, dissimulé en bas de l'armoire dans la chambre de sa grand-mère. À force d'attendre que Vincent le trouve, l'enfant s'était assoupi. Tenant son doudou chocobo entre les bras, il dormait paisiblement.
L'ex-TURK souleva délicatement le petit corps endormi et le blottit tendrement contre lui. L'instant, empreint d'une douceur inattendue, contrastait avec la confusion émotionnelle qui régnait en lui.
Cet enfant-là, lui, était en vie. Le fils de son propre fils. Gaïa l'avait mis sur son chemin, certainement non sans raison….
Au même instant, à des milliers de kilomètres de là, un vieillard tombait nez à nez avec le corps inconscient d'un ancien SOLDAT….
Fin du chapitre
