La Fin est le commencement

Chapitre 10 - La chasse


Au sommet des cieux, là où les nuages dansent en harmonie, se dresse majestueusement le légendaire royaume de l'Arc-en-ciel. C'est un monde d'une beauté transcendante, où la magie imprègne chaque recoin. Les montagnes de guimauve, érigées comme des sentinelles célestes, semblent toucher le firmament, tandis que des cascades de lait chocolaté dévalent leurs flancs, créant un spectacle à couper le souffle. Les forêts de biscuits, aux branches dorées et aux feuilles croustillantes, s'étendent à perte de vue, et forment un écrin naturel autour du somptueux château de la ravissante princesse Shiva.

Cette dernière, aimée et respectée de tous, règne avec sagesse et bienveillance sur ce royaume où les habitants vivent en harmonie avec la nature. Les rires des Mogs résonnent à travers les clairières, tandis que les Chocobos galopent gracieusement sous la lueur argentée de la lune. Chaque brin d'herbe, chaque ruisseau scintillent sous le doux éclat de l'arc-en-ciel.

Aujourd'hui, tout le peuple est en liesse car la belle princesse Shiva célèbre son cinquième anniversaire. Tous ses meilleurs amis sont présents pour fêter l'évènement : Kupo, le Mog-licorne ; Kwak, le Chocobo d'or ; Ramuh, le grand sage ; et surtout Odin, le chevalier protecteur de la cité.

Alors que la joyeuse compagnie entonne la célèbre chanson de fête, la jeune souveraine, profondément émue par cette marque d'affection, s'exclame :

« Oh ! Merci mes amis ! Merci ! »

Quand, tout à coup, le ciel s'assombrit. Des nuages menaçants s'amassent. Des bourrasques violentes s'engouffrent dans les rues et arrachent les guirlandes de fanions suspendues autour du parvis du palais. Des éclairs zèbrent les cieux, annonçant l'arrivée imminente d'un évènement aussi mystérieux que redoutable !

Sous le regard inquiet de la princesse Shiva et de ses compagnons, l'atmosphère vibrante de joie laisse place à une tension palpable. Les ombres s'étirent sur le sol et obscurcissent les rires qui animaient les festivités l'instant d'avant.

Les éléments se déchaînent, comme s'ils étaient réveillés par une force ancestrale. Le vent hurle à travers les tours du château, faisant vaciller les flammes des bougies, et les branches des arbres alentour s'agitent frénétiquement. Les éclairs illuminent le ciel d'éclats sinistres, projetant leur lumière sur la scène apocalyptique qui se déroule en dessous. Odin, le chevalier protecteur, serre les poings avec détermination, prêt à défendre son royaume contre cette menace mystérieuse. Ramuh, le sage, cherche des réponses dans la foudre qui parcourt les cieux, tandis que Kupo et Kwak, les fidèles compagnons, se tiennent aux côtés de la princesse avec un courage indomptable.

Alors que le tumulte de la tempête atteint son paroxysme, un éclair d'une intensité éblouissante fend les nuages, pour atterrir à quelques pas de l'intrépide équipe. Là, au beau milieu d'une bourrasque de poussière, un gigantesque combattant émerge, tel un titan sorti des légendes les plus sombres. Ornée d'une imposante armure, la créature possède plusieurs bras, chacun pourvu d'une arme différente, dont la plus puissante, son épée emblématique, "Excalibur", qu'il manie avec une habileté redoutable lors des affrontements.

" Gilgamesh ! " s'écrie la princesse.

En poussant un rugissement féroce, l'impitoyable guerrier brandit sa lame en direction de la souveraine et….

Tapi dans sa cachette nichée au fond du parc du manoir, Adonis était plongé dans une aventure abracadabrante qu'il avait inventée il y avait près d'une heure.

Son repaire, qui se voulait secret, mais qui ne l'était absolument pas, était en réalité un assemblage brinquebalant de vieilles branches, enveloppé de mousse et tapissé de feuilles mortes. Malgré sa drôle d'apparence, il avait néanmoins investi tout son petit cœur d'enfant dans sa construction et aimait s'y réfugier dès que le temps le permettait.

Ce jour-là, il était venu accompagné de quelques-unes de ses figurines préférées, et il avait pris soin d'emporter un sac rempli de gros marshmallows roses, subtilisés discrètement dans le placard de la cuisine. Avec ingéniosité, il les avait empilés pour créer des montagnes imaginaires qui embellissaient son environnement de jeu.

Au rythme palpitant de son imagination débordante, il faisait vivre les personnages de son récit fantastique :

« Brrrrsss ! Bouummm ! Cling ! »

Les bruits simulés des combats résonnaient dans son refuge.

« Ah ! Ah ! Ah ! Princesse ! Donnez-moi les joyaux magiques ! » cria-t-il, prenant le rôle du méchant Gilgamesh.

« Jamais ! Nous te vaincrons ! Brssshh ! Cling ! Cling ! » répondit-il avec détermination, incarnant avec passion les héros de son histoire.

Oui, Adonis était indubitablement doté d'une créativité débordante, nourrie par une pléthore d'amis imaginaires.

Alors qu'il était sur le point de poursuivre la suite de son épopée, après avoir avalé avec gourmandise un bout de "montagne" ( la foudre s'était abattue sur les monts de guimauve ! ), un léger bruit l'interrompit, le ramenant brusquement à la réalité. Des voix, au loin, qui se rapprochaient du manoir. Souvent, sa grand-mère peinait à croire qu'il puisse capter certains sons lointains, qu'elle-même ne percevait jamais, et elle pensait à tort que l'esprit du bambin lui jouait des tours. Pourtant, il les entendait bel et bien, lui !

Délaissant aussitôt ses petits personnages en plastique, il se lança, plein d'entrain, dans un nouveau jeu passionnant : la traque furtive des intrus !

En un éclair, il saisit son arc et ses flèches - en jouets bien sûr - et enfila son fameux masque de Super-Méga-Chasseur-Dragon. Réalisé en papier mâché, avec l'aide de sa grand-mère, il était à l'effigie de Bahamut et ressemblait à tout sauf à Bahamut. Oui, Adonis était aussi accro aux déguisements, et il ne sortait jamais sans se transformer en quelque chose d'autre que lui-même.

Comme on pouvait s'y attendre, le domaine s'étendait sur plusieurs hectares. Bâti aux pieds des montagnes qui surplombaient le village, il était en partie bordé par les premières falaises échappées des monts, créant par conséquent une clôture naturelle du côté nord de la résidence. À l'opposé, une imposante grille en fer forgé marquait la frontière sud du parc.

De ce fait, le petit bonhomme avait la liberté d'explorer cet espace à sa guise. Cependant, sa grand-mère lui avait formellement interdit de franchir la grille. Mais Adonis, fidèle à sa nature espiègle, avait tendance à ne pas suivre les règles à la lettre. Non pas parce qu'il était enclin à la désobéissance, mais simplement parce que ses jeux l'amenaient toujours à dépasser les limites fixées par cette dernière. Ce qui, soit dit en passant, la rendait chèvre.

Ainsi, sans jamais qu'elle ne s'en aperçoive, le garçon avait trouvé le moyen de s'échapper tranquillement de son espace de récréation : dès que le dos de sa mamie était tourné, il glissait discrètement à travers les barreaux, emportant avec lui son inventivité débordante et son insatiable soif d'aventure.

Les voix qu'il avait entendues s'étaient tues quelques minutes à peine après les avoir perçues, et il était intimement convaincu d'avoir reconnu celle de Vincent ! Pas qu'il trépignait d'impatience à l'idée de revoir son compagnon de jeu, mais…bon si, il trépignait d'impatience ! Son ami lui manquait. Au fil du temps, il s'était irrémédiablement attaché au drôle de monsieur qui avait débarqué un soir dans leurs vies, à sa grand-mère et lui.

Mais voilà, c'était un chasseur ! Et un chasseur ne s'aventure pas à découvert ! Il piste, il traque, il débusque, et il surprend !

Dissimulé à travers les bosquets et les hautes herbes, le pisteur rampait, silencieux, discret, jusqu'au chemin pavé qui menait au portail de leur manoir. S'approchant furtivement, il repéra vite l'intrus. Ce dernier attendait, seul, au beau milieu du sentier. Ça devait être quelqu'un d'âgé car, de ce qu'il voyait, l'énergumène possédait une longue chevelure argentée, et sa mamie lui avait toujours dit que personne, à part lui et son papa, qui avait rejoint la Rivière de la Vie avant qu'il ne naisse, n'avait les cheveux de cette couleur sans avoir tout plein de vilaines rides partout sur le visage !

Bon, de là où il se trouvait, pelotonné au sol, il ne voyait pas grand-chose. Et impossible de surprendre l'importun. Avisant un gros pin dont les branches, assez nombreuses, s'étendaient au-dessus du chemin, une idée germa dans l'esprit de l'enfant. Assez en avance sur son âge, c'était un grimpeur déjà aguerri. Même si sa mamie lui interdisait formellement d'escalader quoi que ce soit. Ce serait peut-être la première fois qu'il grimperait aussi haut, mais, au moins, il parviendrait à espionner l'étranger de là-haut. Trop curieux et surtout trop intrépide pour résister, il se précipita, toujours dans la plus grande discrétion, au pied du pin. Avec une agilité simiesque, il s'agrippa aux branches et escalada l'arbre. Avec précaution, il se glissa le long d'une branche, puis avança vers une vue plus dégagée sur le mystérieux intrus. En équilibre, il attrapa son arc, encocha une flèche et….


Vincent et Sephiroth arrivèrent enfin à Nibelheim, bien plus tard qu'ils ne l'avaient prévu. Retardés par les intempéries qu'ils avaient rencontrées en survolant les montagnes dans la soirée, les conditions météorologiques avaient ainsi considérablement ralenti leur progression, les contraignant à atterrir seulement au petit matin. Ce qui contrariait Vincent. Il aurait préféré arriver la veille, tard dans la soirée, voire au début de la nuit, dans l'espoir de croiser Sélène sans risquer de réveiller Adonis, afin de pouvoir lui exposer calmement la situation. Malheureusement, cette opportunité s'était envolée. Il ne restait plus qu'à espérer que le jeune garçon soit occupé ailleurs. Vincent posa l'appareil sur l'héliport situé en amont du village, puis, après une courte randonnée d'une heure, ils gagnèrent la petite route pavée qui cheminait à travers les sous-bois jusqu'à l'entrée du domaine, en périphérie du bourg.

« Attends-moi ici s'il te plaît, sollicita l'ex-TURK.

- Pourquoi donc ?

- Je préfère d'abord essayer de discuter avec Sélène, la grand-mère de ton fils, en tête-à-tête.

- Très bien »

L'ex-SOLDAT se retrouva par conséquent abandonné au beau milieu du chemin, à quelques dizaines de mètres seulement de l'imposant portail. De là où il se trouvait, il pouvait distinguer les toits des habitations du bourg, juste en contrebas. Pour peu, il aurait pu se laisser croire que l'incendie dévastateur qui avait marqué ce lieu et dont il était l'unique responsable était un simple mirage, une illusion de son esprit épuisé. Depuis son réveil, des lambeaux de souvenirs s'étaient frayé un chemin dans sa mémoire tourmentée. Des souvenirs qu'il aurait préféré laisser enfouis. Son passage au sein du SOLDAT avait toujours été accompagné d'une volonté farouche de protéger les civils. Mais maintenant, les cris déchirants des habitants, tandis que les flammes engloutissaient leurs foyers, résonnaient en lui avec une netteté insoutenable. De même que leurs hurlements d'agonies lorsque Masamune les avait transpercés. Bon sang, il avait même décapité le maire !

Profondément perturbé, il baissa les yeux vers ses mains, paumes tournées vers le ciel. Malgré le fait qu'il se sache désormais tout à fait humain, ses actions continueraient de le hanter comme celles d'un monstre. Pourquoi avait-il sombré lors de cette mission? Pourquoi avait-il cédé à cette voix insidieuse dans sa tête ?

Parce qu'il avait atteint son point de rupture. Ce jour-là, il était déjà aux prises avec ses propres tourments émotionnels. Trahi autrefois par ses amis, pensant avoir été trompé par sa compagne, se croire dépourvu de toute humanité et n'être que le produit d'une expérience en cuve d'incubation avait été la goutte qui avait fait déborder le vase. Il avait senti son emprise sur la réalité se relâcher, écoutant attentivement cette voix séduisante qui lui chuchotait tout ce qu'il avait toujours désiré entendre. Lui qui n'avait pourtant aspiré qu'à mener une existence normale, banale, à être un homme ordinaire, se retrouvait l'héritier d'un peuple séculaire. Cette pensée l'avait grisée. Et il avait laissé la voix dans sa tête prendre le contrôle…

Bien que plongé dans ses pensées, il l'avait bel et bien discerné, ce léger bruissement s'infiltrant à travers les buissons, depuis quelques minutes déjà. Initialement, il l'avait attribué à la présence d'un animal et n'y avait guère prêté attention.

Cependant, dès qu'il reconnut le son caractéristique d'une corde d'arc se tendre, il comprit que cette "bestiole" était bien plus qu'une simple créature des bois.

Le minuscule chasseur décocha sa flèche, et en un éclair, les instincts guerriers de l'ex-SOLDAT prirent le dessus. Se retournant instinctivement, il attrapa le projectile en plein vol.

« Wouah ! C'est incroyable ! Comment t'as fait ça ? » s'extasia le jeune pisteur en herbe au travers de son masque en papier mâché, abasourdi par la réaction rapide et habile de sa cible.

Sans attendre, il décocha une seconde flèche, que le guerrier rattrapa de son autre main.

« Tu vises plutôt bien », commenta Sephiroth, un rictus amusé au visage.

L'enfant s'apprêtait à répliquer lorsque, soudainement, un craquement sinistre retentit, suivi de près par sa chute. Il avait avancé un peu trop loin et la branche, fragile, n'avait pas supporté son poids.

Le cri strident du garçon résonna à travers les bois, brisant momentanément le calme de la forêt. Avec une agilité surprenante, renouant avec ses anciens réflexes, le guerrier bondit en avant et attrapa le jeune pisteur dans ses bras, juste avant qu'il ne touche le sol. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres tandis qu'il serrait fermement le garçon contre lui, assurant sa sécurité.

« Tu vas bien ? » s'inquiéta-t-il.

Le petit, surpris, mais reconnaissant, hocha la tête. Son cœur battait encore un peu plus fort après cette épreuve.

« Oui, je crois que oui. Merci, monsieur. »

Soudain, quelque chose d'inattendu captiva l'attention de Sephiroth. La couleur de la chevelure de cet enfant, cachée derrière ce drôle de masque d'il-ne-savait-trop-quoi, était d'une teinte argentée étrangement similaire à la sienne. De plus, à travers les deux trous, un regard de jade aux pupilles si particulières le fixait tranquillement.

Pris de surprise, le jeune homme retira délicatement l'accessoire qui dissimulait le visage du bambin. Encore sous le coup de ses émotions, celui-ci le laissa faire sans broncher…


Par chance, l'ex-TURK avait retrouvé son amie, seule, dans la cuisine. Ayant eu la prévoyance de l'informer de son arrivée par le biais de leur PHS, la quinquagénaire ne fut donc pas surprise de le voir débarquer dans la demeure. Installée à table, elle savourait son thé chaud tout en parcourant le journal lorsque Vincent avait poussé la porte. Après avoir échangé des salutations chaleureuses, il lui avait immédiatement exposé les faits.

« Tu…Quoi ? s'étonna Sélène, ses yeux écarquillés par l'incompréhension.

- J'ai ramené le père d'Adonis », répéta Vincent, la voix grave.

Son amie, confuse, balbutia :

« Mais…mais…il est mort…

- Nous ne savons pas comment ni pourquoi, mais Il a été retrouvé, miraculeusement en vie, par les équipes de la WRO dirigé par l'un de mes anciens camarades, poursuivit Vincent avec sérieux.

- C'est pour cette raison que tu es parti ? » demanda-t-elle, essayant de saisir les évènements.

L'ex-TURK acquiesça.

« Je ne comprends pas. Pourquoi t'ont-ils contacté, toi ?

- Sélène…Sephiroth est mon fils », confessa-t-il d'une voix calme mais chargée d'émotions.

Sélène resta silencieuse un moment, son regard rivé sur son ami, incrédule.

« Attends là, nous parlons bien de cet ancien SOLDAT, n'est-ce pas ?

- Il n'y en a pas d'autres…

- Je…je ne comprends pas, avoua-t-elle, secouant doucement la tête.

- C'est une histoire compliquée, qui a débuté ici même, dans ce manoir… » expliqua Vincent. Résigné, il révéla brièvement les circonstances qui avaient conduit à la naissance de Sephiroth.

Sa voix tremblait légèrement alors qu'il évoquait les souvenirs douloureux qui remontaient à la surface. Il retraça le récit de sa rencontre avec Lucrécia, les expériences scientifiques menées en secret, et la vérité dérangeante sur l'origine du guerrier.

Sélène écoutait en silence. Petit à petit, son visage reflétait l'incrédulité et le choc dans lesquels elle se sentait plonger. Les révélations de Vincent soulevaient en elle une myriade de questions et de sentiments contradictoires.

« Si…si ce Sephiroth est ton fils…cela veut dire qu'Adonis est… » reprit-elle.

Ses yeux cherchaient des réponses dans le regard de son ami.

« Oui. C'est également mon petit-fils… » confirma ce dernier.

Elle resta muette un instant, absorbant cet aveu avec un mélange d'émotions indéfinissables.

« Pourquoi ne m'as-tu jamais rien dit ? finit-elle par demander, une pointe de reproche dans sa voix.

- Jusqu'à récemment, j'ignorais que j'étais son véritable père, admit-il. C'est en retrouvant par hasard le journal de sa mère que je l'ai appris. Et, jusqu'à aujourd'hui, je n'ai pas eu le courage de te confier toute cette histoire. »

Sélène baissa les yeux. Assimilant les mots de Vincent, elle pouvait sentir la sincérité dans la voix de celui-ci.

« Je comprends », murmura-t-elle finalement.

Consciencieusement, elle ôta ses lunettes pour les nettoyer à l'aide du petit bout de tissu qu'elle gardait au fond de la poche de son vieux gilet. Puis elle releva le nez vers le brun et poursuivit d'une voix plus sévère :

« Tu dis que tu as ramené son père. Cependant, dois-je te rappeler qu'il n'a pas voulu de son fils ! »

Vincent soupira. Les complications s'annonçaient.

« Pour tout te dire, il ignorait qu'il allait devenir père…

- Il l'ignorait ! Mmff ! C'est ce qu'il t'a dit ? », intervint-elle.

Son ton exprimait clairement sa perplexité.

« Il…ta fille et lui ont eu un quiproquo. Un malheureux quiproquo. Il est tombé sur la conversation entre Théïa et son ami, ce scientifique d'AVALANCHE, Berny. Il…il a cru qu'ils avaient une liaison et… », chercha à clarifier Vincent avant d'être brusquement interrompu par son amie qui protesta, l'horreur incrustée sur ses traits :

« Vincent, tu es en train de me dire…que…que ma fille est morte à cause d'un malentendu !

- Le décès de ta fille est un drame tragique. Mais ça n'est pas ce malentendu qui l'a tuée, et tu le sais très bien. Le fait que Sephiroth ait été présent auprès d'elle n'aurait probablement rien changé ! argumenta Vincent.

- Peut-être ! Mais si ce que tu dis est vrai, cela signifie que si ce garçon n'avait pas été assez stupide pour croire que ma fille puisse être une…une "traînée", il n'aurait pas mis un terme à leur relation ! Il serait resté avec elle ! Sa santé lui aurait alors permis de mettre au monde son fils sans le moindre risque ! » rétorqua-t-elle avec amertume, la douleur de la perte de sa fille encore vive.

Cherchant à la raisonner, Vincent plaida :

« Sélène, le passé ne pourra jamais être changé. Quoi qu'il ait pu se passer, nous n'y pouvons plus rien… mais pense à Adonis ! Il a la chance de pouvoir retrouver son père !

- Un père qui est responsable de la mort de sa mère ! proféra-t-elle avec colère, ses yeux brillant de larmes retenues.

- Sephiroth n'est pas responsable de la mort de ta fille ! » tenta-t-il de la convaincre, sa voix empreinte de conviction.

Lui aussi sentait son calme lui échapper, et cela n'était pas ce qu'il désirait. Il était conscient que maintenir son sang-froid était crucial ; s'il perdait le contrôle de la conversation, il risquait de ne plus pouvoir convaincre son amie de l'importance de donner une chance à l'enfant de retrouver son père.

« Tu dis ça parce que c'est ton fils ! accusa-t-elle, la tristesse et la colère mêlée dans sa voix.

- Je dis ça car… »

Brusquement, le cri perçant d'Adonis, venant de l'extérieur, les interrompit. Vincent et Sélène échangèrent un regard inquiet avant de se précipiter ensemble vers la porte….


À mesure que le masque se soulevait, les traits du visage de l'enfant se révélaient, dévoilant une ressemblance frappante avec ceux de Sephiroth. Les cheveux argentés encadraient une frimousse délicate, et les yeux d'un vert éclatant semblaient refléter un mélange de curiosité et de reconnaissance.

Sephiroth resta un instant figé, le souffle coupé, submergé par l'étrangeté de la situation. Devant lui se tenait une version miniature de lui-même, comme si le temps s'était replié, le ramenant à son enfance.

« Oh ! Ça alors ! s'écria tout à coup le garçon, tu es comme moi ! »

Loin d'être perturbé, le petit bout s'enthousiasmait d'avoir rencontré quelqu'un qui lui ressemblait, sans comprendre ce que cela signifiait réellement.

« Comme je te voyais mal de là-haut, j'ai cru que tu étais un vieux monsieur ! continua-t-il joyeusement, toujours blotti dans les bras de l'adulte. Mamie dit tout le temps que j'ai la couleur des cheveux d'un vieux monsieur, c'est pour ça ! Ah ! Maintenant je pourrais lui dire qu'elle avait pas raison mamie ! T'es pas vieux du tout ! Hein ? »

Le jeune homme le fixait, muet. Il n'avait absolument aucune idée de ce qu'il devait dire, ou de comment réagir. Il avait parfaitement compris que cet enfant était ce fils dont Vincent lui avait parlé, mais…

« Eh ! Tu peux me poser maintenant, tu sais ! »

La remarque eut l'avantage de le faire réagir et il reposa délicatement le garçon au sol.

« Comment t'appelles-tu ? demanda Sephiroth, tentant de reprendre un semblant de contrôle sur ses émotions.

- Je m'appelle…

- Adonis ! »

La voix de Sélène s'éleva soudain. Cette dernière accourait depuis l'entrée du domaine, précédée de près par Vincent. Tous deux avaient été alertés par le cri particulièrement perçant de l'enfant quelques minutes plus tôt et étaient sortis en toute hâte le rejoindre.

Parvenue jusqu'à eux, la grand-mère se précipita vers son petit-fils :

« Tout va bien ? chercha-t-elle à savoir, inquiète.

- Oui ! Oui ! » répondit Adonis avec empressement, sa bouille illuminée par un sourire radieux.

Sélène, le visage crispé, jeta un regard méfiant à Sephiroth. Son expression révélait une antipathie profonde envers celui-ci. Puis elle se tourna vers son petit-fils pour le sermonner :

« Que fais-tu ici, en dehors du manoir ! Et, par tous les démons, que s'est-il passé ? Nous t'avons entendu pousser un de ses cris !

- Euh…c'est juste que… » bredouilla le petit.

Il savait que s'il avouait à sa grand-mère qu'il était monté dans un arbre, il était bon pour être privé de sucrerie pendant toute une semaine ! Il résuma alors maladroitement :

« J'allais tomber et le monsieur m'a rattrapé !

-Ne le gronde pas. Il a dû m'entendre arriver tout à l'heure et a certainement dû vouloir venir à ma rencontre… » intervint Vincent qui essayait d'apaiser l'atmosphère tendue.

Le petit bonhomme, fou de joie, se précipita dans ses bras :

« Vinceeennt !

- Coucou toi ! Tu m'as manqué, tu sais ! »

L'ex-TURK attrapa le garçon et le porta pour lui faire une bise affectueuse sur la joue.

« C'est qui le monsieur avec toi, Vincent ? » demanda Adonis, débordant de curiosité.

La question, pourtant innocente, jeta brutalement un froid. Vincent et Sélène, interrompus dans leur discussion, n'avaient pas eu le temps de déterminer ce qu'ils devraient dire à leur petit-fils. La tension dans l'air était pesante alors qu'ils échangeaient un regard contrarié, cherchant rapidement une réponse appropriée. Sephiroth, quant à lui mal à l'aise, jeta un regard inquiet à son propre père.

« Bah alors ? Vous êtes bizarres ! Pourquoi personne me répond ? Il faut répondre quand on pose une question ! insista le garçon qui lançait des œillades circonspectes aux adultes autour de lui.

- Adonis…ce monsieur est ton papa, proclama Sélène sur un ton particulièrement réfrigérant.

- Mon papa ? Mais…mais, mamie, tu m'avais dit que papa, il avait rejoint la Rivière de la Vie ! rétorqua confusément le petit bout.

- C'est ce que nous avions cru, bonhomme, intervint à son tour Vincent. Mais, tu vois, ton papa a été gravement blessé lors d'une mission. Il a failli mourir. Il a dormi pendant plusieurs années, pour que la Rivière puisse le soigner » révéla l'ex-TURK. Après tout, ça n'était pas tout à fait faux.

Ce à quoi le garçonnet répondit subitement, plein d'espoir :

« Oh…et maman ? Elle va revenir, elle aussi ? »

Dans sa petite tête d'enfant, c'était la première réflexion à laquelle il avait songé. Si papa était revenu, peut-être que maman, elle aussi, pourrait revenir. Sa grand-mère, d'un regard chargé de ressentiment envers l'ancien SOLDAT, lui répondit tristement :

« Non, mon chéri. Ta maman, elle, ne reviendra pas… »

Adonis laissa échapper un soupir déçu :

« Oh... »

Sephiroth, quant à lui, baissa le front, englouti par ses remords. Il partageait intensément la déception de son fils. Il savait pertinemment qu'un père ne pourrait jamais remplacer une mère. Surtout lui. Il n'avait jamais été particulièrement doué dans ses relations avec ses semblables, et encore moins avec les enfants. Pourquoi la Planète avait choisi de le ressusciter, lui, plutôt que sa compagne ? Il aurait volontiers tout donné pour échanger leurs places. Il estimait sincèrement ne pas mériter la moindre forme de rédemption.

Après quelques instants, Sélène brisa ce silence oppressant et s'adressa à Vincent :

« Pour le bien d'Adonis, je lui laisse une chance. Une seule. »

Puis elle se tourna vers l'ex-SOLDAT et l'avertit durement :

« Quant à vous, faite un seul pas de travers, et je vous jure que je vous le ferai amèrement regretter ! Vous m'avez déjà pris ma fille, je ne permettrai pas que vous fassiez le moindre mal à son fils ! »

Elle récupéra Adonis des bras de Vincent, qui, sentant que quelque chose n'allait pas, n'émit aucune protestation. Puis, sans un mot de plus, elle fit volte-face et se dirigea vers le manoir d'un pas déterminé.

Fin du chapitre

Note de l'auteur : Bonjour. Si vous êtes arrivés jusqu'ici, c'est que vous appréciez cette histoire ( enfin j'imagine ^^; ), si c'est le cas, n'hésitez pas à laisser un petit commentaire, ça fait toujours énormément plaisir :))

Un petit mot juste pour dire que le prochain chapitre paraîtra le 7-03. Je vais essayé de me tenir au rythme d'un chapitre toutes les deux semaines. Comme Rebirth va bientôt sortir, je vais prendre un peu plus de temps pour écrire mes chapitres, entre deux parties de ps5 :p

Merci encore de me lire. A très bientôt.

Deedo