— Vous vous demandez sans doute, pourquoi je vous ai fait venir tous les trois ici ce matin. – commença le ministre en regardant les trois aurors.

Voyant qu'aucun des trois ne réagissait, il poursuivit :

— Depuis maintenant près de deux ans, nous recherchons activement les derniers partisans de Voldemort afin de s'assurer qu'il ne revienne pas définitivement. Cependant, je partage l'avis de Dumbledore, tant que nous n'aurons pas compris comment Tom Jedusor est devenu aussi mauvais, nous ne pourrons pas être persuadés qu'il n'y aura pas d'autre Voldemort. J'ai donc besoin qu'une équipe enquête sur la vie de Tom. Harry, je sais que Dumbledore et Rogue t'ont fourni de nombreuses informations qui t'ont permis en autre de retrouver les horcruxes. Tu sembles donc tout indiqué pour orienter les recherches, vu que tu es celui qui le connaît le mieux. Quant à toi, Hermione, ton intelligence et ton sérieux seront des atouts indéniables à Harry. Ta perspicacité vous a sorti à plusieurs reprises d'un mauvais pas. Quant à toi Drago, hormis le fait que tu sois l'un des aurors le plus prometteur de ta génération, tu as une expérience importante de la magie noire et tu peux sans doute mieux que personne, comprendre certaines choses. Mais si tu ne souhaites pas participer à cette mission pour des raisons personnelles, tu n'es pas obligé à te joindre au groupe.

— Une mission longue et difficile – fit remarquer Harry – je ne suis pas sûr de pouvoir la mener à bien, et je ne sais si déterrer d'aussi noirs secrets soit une bonne idée. Cela pourrait donner des idées à des êtres faibles qui recherchent le pouvoir.

— Il est intéressant que tu es la même réaction que moi, la première fois que Dumbledore m'en ait parlé. C'est un risque, mais je pense qu'il faut le prendre. Il est évident que le ministère a sous estimé la puissance de la magie noire ces dernières années. Et cela nous a conduit à une guerre qui a failli nous détruire. Il ne faut pas refaire les mêmes erreurs et il est utopique de penser que la magie noire n'intéressera plus personne dans les années qui viennent.

— Monsieur le ministre – ajouta Hermione – comment être sûre que ces informations ne seront pas utilisées par des personnes peu recommandables et dans ce cas-là, nous lui fournirions les informations sur un plateau. Le remède pourrait être pire que le mal.

Seul Drago restait silencieux. La proposition du ministre le mettait mal à l'aise. Certes, Harry connaissait son secret, mais Hermione non, et il était probable que leur recherche ne les mène directement dessus.

Kingsley observait les trois aurors finit par demander :

— Drago, qu'en penses-tu ?

Surpris Drago mis une ou deux minutes avant de répondre.

— Monsieur, je ne sais pas trop. La magie noire est puissante et on n'en ressort pas indemne, si jamais on réussit à s'en sortir.

— Je pense que l'on s'est mal compris, je ne vous demande pas de pratiquer la magie noire mais juste de l'étudier et de retracer l'itinéraire de Tom. – poursuivit Kingsley

— Même, juste en l'étudiant, on pourrait être tenté de l'utiliser. Il y a bien pire que les sortilèges impardonnables qui ne sont à mon avis que la partie immergée de la magie noire. Et il ne faut pas surestimer ses capacités à la repousser – conclut Drago.


Les trois autres regardèrent Drago bizarrement. La mise en garde de Drago avait fait son effet. Le ministre réfléchissait sur ce qu'impliquaient les révélations de Drago tant pour l'équipe que pour le passé de Drago.

— Dois-je comprendre, Drago, que vous pensez qu'il est difficile de sortir de son influence

— Oui Monsieur, j'ai mis plusieurs années à complètement m'en sortir et je pense en être réellement sorti, car j'ai pu faire ce que j'ai fait hier, ce qui aurait était impossible, il y a encore quelques mois.

— La prudence est alors de mise. Je ne souhaite pas avoir trois nouveaux mages noirs sur les bras. Et encore moins parmi les sorciers les plus puissants de leur génération.

Aucun des aurors n'ajouta quelques choses. Ils étaient surpris de la déclaration du ministre sur sa vision de leurs capacités. N'ayant pas de réponse, le ministre mit alors un terme à la discussion.

— Harry et Hermione, vous avez vos ordres, quant à toi Drago, tu as jusqu'à lundi pour donner ta réponse. J'ai une réunion importante et je vais devoir y aller. Une dernière chose avant de partir, cette mission dépend directement du ministre. En théorie, vous n'aurez aucune autre mission pendant un mois. J'attends votre rapport préliminaire dans quinze jours. S'il y a un problème au niveau de la mission, venez me voir directement. Votre chef en est informé.

— Bien – répondirent Harry et Hermione

— Monsieur le ministre, j'ai une chose à vous dire mais en privé. – répondit Drago, tandis qu'Harry et Hermione, après avoir salué le ministre, était en train de quitter le bureau

— Bien sûr, vous avez cinq minutes.

Drago attendit qu'Hermione et Harry soient sortis, puis il signala que la cicatrice avait bel et bien disparu. Les diagnostiques effectués par le guérisseur Touvabien avaient confirmé qu'il était apte au service. Le ministre ne sembla pas surprit de la nouvelle. Une fois de plus, il avait eu le compte rendu directement soit du guérisseur, soit de son chef.

— Merci de ta franchise, Drago.

— Sinon, j'accepte d'accompagner Harry et Hermione dans leur mission, mais à une condition. Si je sens que l'attrait de la magie noire reprends le dessus sur moi, je me retirerais. Une expérience de la magie noire, c'est largement suffisant.

— Parfait, Drago, je suis, on ne peut plus, d'accord avec toi. Ta condition est validée. Je te laisse le soin de prévenir tes collègues de ta participation et de ta condition. Bonne journée.

Drago salua le ministre et sorti de son bureau. Il se dirigea vers l'étage des aurors tout en se demandant s'il avait bien fait d'accepter.

Il fit un petit détour par la salle de repos avant de rejoindre ses collègues afin de se servir un bon café. Il le but lentement tout en réfléchissant à ce qu'il allait dire à Hermione concernant son secret. Il songea un instant à revenir sur sa décision et à refuser la mission.


Drago se dirigea vers le bureau d'Harry. Il y trouva les deux amis en train de discuter de la mission. Il était évident qu'Hermione ne semblait pas emballée par la mission et reprochait à Harry de ne pas s'être opposé plus vivement au ministre. Drago sourit, il savourait le fait de voir Hermione en colère et pour une fois pas contre lui.

— Harry, j'ai accepté la mission. Mais avant que l'on commence, j'ai deux mots à te dire Hermione. – dit Drago en se tournant vers elle.

Celle-ci fut surprise. Elle qui avait rougi quand elle avait compris que Drago avait assisté à une partie de son explication avec Harry, rougit encore plus en entendant la phrase.

— Tu n'as pas à te justifier, Drago. – balbutia-t-elle.

Drago fut surpris de la voir aussi rougir. Il lui connaissait beaucoup plus de caractère que ça. Mais il en avait cure, il y avait plus important à faire.

— Hermione, je dois aborder deux choses importantes : la première concerne la cicatrice. Je ne me justifierais pas sur les raisons qui m'ont poussé à le faire. Harry pense que tu dois savoir que le sort que j'ai utilisé pour transférer le sort, a les mêmes effets que le sort d'origine, douleur comprise. La deuxième chose, concerne mon passé. Harry connaît certaines choses qui se sont passées plus tôt. Il est lié par un serment inviolable et donc il est inutile de le torturer pour le savoir. Pour l'instant, je ne souhaite pas que tu le saches et comme je crains que cette mission nous ramène dessus, je te demanderais de ne pas poser de question et si je te le demande, de bien vouloir nous laisser tous les deux pour discuter de la chose.

— Comme tu voudras, Drago. Mais sache que je n'ai pas l'habitude de faire des cachotteries et que je te dirais ce que je pense. – répondit Hermione, blessée par le manque de confiance de Drago.

— Merci, Hermione.

Celle-ci fut encore plus surprise de la gentillesse de Drago.

— Harry, je pense que nous devrions commencer par les affaires de ma tante, non pas que j'apprécie cette idée, mais c'était son plus fidèle lieutenant. Elle ne l'a jamais trahi. C'est probablement elle qui en sait le plus. La majorité de ces affaires sont ici au ministère. Il doit sans doute en rester dans son coffre. Mais je n'y suis jamais allé et j'ignore si le ministère l'a perquisitionné ou pas. Mais je réitère ma mise en garde de tout à l'heure. La magie noire est puissante, et même si vous avez vaincu Voldemort, vous n'êtes pas pour autant incorruptible. J'ai vu des choses terribles mais puissantes. Sans vouloir te vexer Harry, mais pour moi, c'est plus la folie et son assurance qui ont tué Voldemort, que ton habileté ou ta puissance.

Hermione s'attendait à voir son ami bondir sur Malefoy, pour le faire taire, mais Harry ne bougea pas. Il tentait de saisir la profondeur de la réflexion de Drago. Certes, il n'avait pas tort même s'il n'avait pas complètement raison. Harry savait que sans la trahison de Narcissa, il n'aurait probablement jamais vaincu Voldemort.

— Une piste intéressante, Drago, qu'il va falloir approfondir. – répondit Harry.


Pendant le week-end, Harry s'était rendu à Poudlard, où il s'était longuement entretenu avec la directrice Mme McGonagall. à l'issue de cet entretien, elle lui avait remis une malle contenant de nombreuses fioles étiquetées.

Harry avait décidé de partager avec les autres, les différents souvenirs récoltés par Dumbledore, il y a plusieurs années déjà. Hermione en connaissait une partie, Drago ne devait même pas connaître leur existence.

Un douloureux voyage en perspective. Harry avait passé du temps à sélectionner de nombreux souvenirs sur la chasse aux horcruxes.

En ce lundi matin, une légère pluie tombait sur Londres. L'équipe devait commencer son inspection des affaires de Bellatrix. Drago discutait avec Harry quand Hermione arriva.

Harry annonça son intention à ses collègues tout en leur montrant la malle et une des pensives du ministère qui avait été amené dans son bureau.

Le visionnage des différents souvenirs allait prendre de nombreux jours, Harry ayant décidé de discuter de chaque souvenir à l'issue.

Pour les trois, il y eut des pincements à plusieurs reprises. Drago proposa plusieurs souvenirs venant du camp de Voldemort. Son point de vue permit de soulever de nombreux points d'ombre.

Hermione prenait de nombreuses notes, tout en consultant les différents livres traitant d'événements rattaché à la grande guerre. Drago se surprit à sourire la première fois.

— Hermione, nous ne sommes plus à Poudlard ni à l'école.

— Sûrement, mais qui va faire le rapport, toi peut être.

— Ce n'est pas impossible, en tout cas, je ferais les corrections qui s'imposeront.

— Oserais-tu penser que je ne suis pas impartiale – s'insurgea Hermione.

— Tout doux, Hermione et Drago – s'interposa Harry. Il n'est pas nécessaire de s'emporter.

— Hermione, c'était une boutade, ne démarre pas au quart de tour – sourit Drago, fier de son petit effet.

Hermione se renfrogna et retourna dans ces livres. Un silence un peu pesant s'était installé dans la pièce.

L'esprit de Drago s'était envolé dans ses souvenirs, mais ses yeux ne pouvaient se détacher de cette furie brune qui boudait derrière ces livres.

Harry, quant à lui, réfléchissait sur comment gérer ces deux zigotos sans avoir à choisir l'un ou l'autre. Lui aussi repartit de nombreuses années en arrière, sa première année à Poudlard, quand il avait fait connaissance d'Hermione et de Ron dont la relation était aussi compliquée à gérer.

Ron, cela faisait plusieurs années qu'il ne l'avait pas vu. Ron ne lui avait jamais pardonné d'avoir fait libérer Drago. Il avait même refusé de se rendre au mariage de Ginny et Harry. Il s'était installé Durmstrang, où il était devenu professeur de défense contre les forces du mal.

Ginny n'avait de nouvelle que par ces parents qui se rendaient une fois par an là-bas. Voyage devenu possible depuis que Mr Weasley avait reçu une promotion importante à la fin de la guerre. Il avait été nommé aux affaires avec les moldus et il était chargé de la validation des technologies moldu dans le monde sorcier. Une idée d'Hermione, que le ministère avait repris pour bien montrer le changement de direction de ce dernier.


Quinze jours avaient passé, l'heure était au premier compte-rendu. L'équipe avait fait une liste fort longue des lieux où avait séjourné Voldemort. Grâce aux informations fournit par Dumbledore, la frise temporelle de la vie de Voldemort était à peu près complète. Kingsley fut impressionné sur la quantité d'information qu'avait réuni Dumbledore.

— C'était vraiment un grand homme, combien de personne aurait pu être sauvé si le ministère l'avait écouté ?

— Sûrement beaucoup, Monsieur le ministre, mais il est inutile de vouloir réécrire le passé. Voldemort cherchait avant tout la peur et la destruction. Quoi qu'aurait fait le ministère, il y aurait eu un bain de sang.

— Tu as raison Harry, mais je ne peux m'empêcher de penser à tous les gens de bien que nous avons perdu.

— Honorer leur souvenir et s'assurer que leur sacrifice ne fut pas fait en vain, sont nos devoirs. Tenter d'éviter une nouvelle guerre est un de mes objectifs. La magie noire existera tant qu'il y aura des sorciers.

— Tu es un peu pessimiste Harry.

— Réaliste plutôt, monsieur le ministre. L'amour se conjugue souvent avec la souffrance. Il demande de se remettre toujours en cause, il demande d'être à l'écoute de l'autre et d'accepter que celui-ci ne suive pas le même chemin. Et malheureusement, de nombreuses personnes préfèrent la voie de la facilité et de la haine. C'est aux autres à les servir et non pas à eux de servir. Cela même directement à la magie noire.

— Cela ressemble à un bon début de rapport, Mr Potter.

— Le cas de Tom est différent. Plus terrible, plus meurtrier, le rejet de l'autre à cause de son propre rejet par les autres.

— Visionner toutes ses pensées, t'a rendu mélancolique Harry.

— Oui et non. Disons que je me demande comment j'aurais réagi à la place de Tom.

— Tu n'as pas eu un début vie facile.

— Oui, mais ma mère en se sacrifiant m'a fait un très beau cadeau.

— Tu aurais pu à plusieurs reprises basculer du côté de la magie noire pour pouvoir détruire Voldemort. Utiliser le mal pour détruire le mal.

— « Le vice fut pour moi une couverture, mais maintenant il me colle à la peau. » Ce n'était pas une solution viable à long terme. Et puis Dumbledore m'a beaucoup aidé.

— Par ce que tu l'as voulu. Tu as saisi bien des fois les perches qu'il t'avait données. Ce que Tom a toujours refusé. Et c'est la une des grandes différences entre toi et Tom, et ce sont ces raisons qui j'aimerais que vous trouviez.

Drago toussota deux fois :

— Si je puis me permettre, la magie noire possède un pouvoir d'attraction assez important sur des enfants qui ne sont pas éduqués avec amour. J'en sais quelque chose, et ceci malgré l'amour de ma mère. J'ai pendant un temps suivit les conseils de ma tante Bellatrix pour essayer d'avoir l'attention de mon père.

Le ministre fut pour une fois surpris et soupira. La mission ne se déroulait pas comme il espérait et il commençait à se demander si c'était une bonne idée de continuer.