Écrit par HateWeasel

398. Son maître, implorant.

Durant les mois qui suivirent, la relation du duo s'était grandement améliorée. Après l'incident à Rio de Janeiro, une fois rentrés chez eux, les garçons avaient l'impression d'être sur la même longueur d'onde. Alois était toujours ouvert avec le bleuté, mais maintenant, le bleuté l'était tout autant avec lui. Les débuts étaient maladroits, alors qu'il avait l'impression d'être faible en essayant d'abattre les murs qui se tenaient devant la menace au lieu de se contenter de les rendre partiellement transparent, mais il avait découvert assez rapidement que c'était quelque chose qui lui apportait un grand sentiment de sécurité.

Se forcer à être capable de se confier au blond était l'une des tâches mentales les plus compliquées que Ciel avait eu à accomplir, mais une fois qu'il avait appris comment s'y prendre, il se sentait bien mieux. Il sentait une sorte d'étrange apaisement en lui, il devenait plus sincère, même s'il restait le même inspecteur hypocrite, cruel, et intransigeant au travail. Alois était très amusé de voir le Phantomhive être capable de lui ordonner de briser les doigts d'un homme un par un avec un sourire mauvais durant une interrogation, et de faire preuve de beaucoup de gentillesse, et même de timidité. Le blond avait toujours pris plaisir à être le seul pouvant voir ce genre de transition, mais maintenant c'était quelque peu différent, puisque Ciel commençait à baisser sa garde tout le temps.

Le Phantomhive restait cependant cette personne orgueilleuse, arrogante, et hautaine qu'il avait toujours été, se battant avec le blond pour savoir qui pouvait maîtriser une compétence le plus vite possible, et qui pouvait vaincre l'autre en combat. Le couple perfectionnait ses techniques de combat ensemble pour se préparer à faire face à Krampus et ses sbires de la Black Annis. Ils découvraient leurs forces et échangeaient pour améliorer les faiblesses de l'un et de l'autre.

Ciel sentait que esprit était bien plus léger durant les mois qui précédaient la fête. En se servant du livre d'Akeldama, ils avaient appris de nombreuses ripostes pour la majorité des sorts qu'ils pourraient affronter, dont celle qui leur permettait d'échapper à un piège à démon comme celui où le Phantomhive s'était retrouvé coincé. Ils se préparèrent correctement, et enfin, ils se sentirent prêts.

Mais, il y avait une dernière chose dont Ciel devait s'occuper au cas où tout ne se passait pas comme prévu. Il ne savait pas vraiment comment, mais il devait s'assurer que ce dernier petit détail marche, autrement il ne pourrait pas en finir avec cette soirée. Son problème étant que, il n'était pas sûr de comment s'y prendre.

Le Phantomhive avait besoin de faire une demande à nul autre que son majordome, Sebastian. L'homme le servait depuis plus d'un siècle, mais Ciel n'était pas sûr que le démon plus âgé accepte sa requête. Alors que le blond et lui se préparaient pour une soirée qu'ils n'oublieraient certainement pas, prenant une profonde inspiration, il appela l'homme dans son bureau.

Il avait répété ce qu'il allait dire d'innombrables fois ces derniers mois, depuis la nuit où il avait reçu l'invitation de Krampus. Même ainsi, il n'était pas sûr de savoir comment les choses allaient se passer. Il était réellement nerveux, au vue de son passé avec le majordome, mais il avait besoin que cette dernière chose soit prise en compte si tout ne se passait pas bien.

- Qu'y a-t-il, Monsieur ? demanda l'homme en entrant dans le bureau du Phantomhive.

Il leva les sourcils en voyant l'expression du jeune démon.

- Quelque chose ne va pas ?

- En quelque sorte, oui... répondit le bleuté en se levant de sa chaise.

Il marcha vers l'homme, gardant la face du mieux qu'il pouvait.

- J'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi.

- Quoi donc, Monsieur ? répondit l'homme. De quoi s'agit-il ?

Il observa d'un air perplexe et inquiet le garçon prendre une inspiration.

- Sebastian, commença le garçon. Je sais que nous n'avons jamais été particulièrement proche, et je sais que tu éprouves toujours une forme de rancœur envers moi après avoir été piégé par notre pacte, mais quoi qu'il en soit, il y a quelque chose que j'ai désespérément besoin que tu fasses.

- J'ai eu une centaine d'années pour repenser aux événements de ce jour-là, Monsieur, dit l'homme. Mon mécontentement a depuis longtemps disparu.

- Même si tu pouvais être libéré ? demanda le Phantomhive, surprenant l'homme. Ce n'est pas une simple histoire de maître et de servant.

- Monsieur... dit l'homme, son visage devenant grave. De quoi parlez-vous donc ?

- Ce soir, Jim et moi partons pour l'une de nos missions les plus dangereuses jusqu'à présent, dit Ciel. Sebastian, je t'en implore... si les choses venaient à réellement mal se passer...

Il marqua une pause pour déglutir et se reprendre en mains.

- Je t'en prie, s'il te plaît, prends soin des autres membres de ce foyer, finit-il, regardant l'homme d'un air désespéré.

Naturellement, cette requête était incroyablement choquante pour l'homme, comme il fallait s'y attendre.

- Même si tu devais être libéré de tes obligations envers moi ; même si tu devais être libéré de ton rôle de majordome, je t'en supplie... fais-le.

Pour la première fois, le démon plus âgé était bouche bée. Cette demande était ridicule, après tout. Si Sebastian venait à être libéré, alors il n'aurait plus aucune raison de s'y plier, même s'il acceptait maintenant. Le fait que le garçon demande une chose pareille était absurde. Qu'est-ce qui pouvait bien faire croire au Phantomhive que l'homme considérerait exaucer un vœu aussi excentrique ?

En réalité, Ciel n'y croyait pas. Il ne savait pas tout à fait à quoi s'attendre, mais il avait besoin que cela se fasse. Peu importe si Sebastian les emmenait avec lui pour explorer le monde et chasser des âmes, tant qu'ils étaient tous sain et sauf. C'était risible de voir que le noble chef des Phantomhive demande une chose aussi ridicule ; non, qu'il supplie. Mais, lorsque le garçon avait une idée en tête, il faisait tout pour l'accomplir. Il avait bien un plan de secours qui consistait à laisser le groupe entre les mains de H.E.L.L.S.I.N.G. Cependant, Integra n'était pas immortelle, et pour être franc, Ciel ne pouvait pas être sûr que la personne qui prendrait sa place traiterait les Macken correctement. Alors, Sebastian était son premier choix.

L'homme restait là, fixant le jeune démon un moment, essayant simplement d'encaisser la chose. Il n'avait pas vraiment pensé à ce qu'il ferait s'il était libre, étant donné que cette idée semblait être une illusion. Il reprendrait probablement son ancienne manière de faire en passant des pactes, mais il n'était pas certain de savoir comment il se réajusterait. Pour être tout à fait honnête, Sebastian commençait à apprécier la compagnie des enfants.

Ils l'admiraient, Alois inclus, celui qui l'avait mis dans cette position. Mais il ne détestait pas le garçon. Il ne détestait pas son maître, non plus. Le démon ressentait une sorte d'étrange sentiment d'affection pour le groupe, et il aimait les voir grandir. Il était fier de chacun d'entre eux lorsqu'ils faisaient quelque chose de bien, et il était déçu dans le cas contraire. Quoi qu'il en soit, il ne les voyait pas comme "inutile". L'homme n'aimait pas qu'ils soient contrariés, mais il trouvait les pitreries très amusantes. Elles le faisaient sourire.

Lorsque l'homme se rendait à sa visite médicale annuel chez H.E.L.L.S.I.N.G, il parlait souvent de son inquiétude vis-à-vis de ce comportement. Il ne le comprenait pas. Cela lui passait par-dessus la tête. Les docteurs lui disaient qu'il s'agissait d'un comportement normal chez les humains, mais ils n'en étaient pas tout à fait sûr pour un démon. Même après tous les tests qu'il avait passé afin de comprendre, les résultats ne dévoilaient rien. Il n'y avait aucune anormalités chez lui comparé, il était identique au duo de démons.

Cela l'effrayait. Oui, Sebastian pouvait ressentir de la peur, quoique ce soit rare. C'était inhabituel pour lui d'avoir des sentiments, et ça avait toujours été le cas, mais d'une certaine manière l'homme éprouvait une forme d'attachement pour ceux de la maison Phantomhive. Cela n'incluait pas seulement Luka et Revy, dont il s'occupait souvent, mais aussi Alois, qui l'avait condamné à cette vie, ainsi que son maître auquel il était subjugué. Ce qui était étrange, c'était qu'il n'était plus du tout contrarié par ce fait.

Il regarda le Phantomhive, un air confus sur son visage alors qu'il tentait de donner un sens à tout cela. Le garçon regarda son majordome en retour, nerveux à l'idée de ce que Sebastian pourrait bien dire. Bientôt, il reçut une réponse, mais pas celle à laquelle il s'attendait.

- Monsieur, commença Sebastian d'un ton étrangement sincère. Je ne sais pas grand-chose des émotions humaines, mais je sais que même moi, j'éprouve un certain attachement pour ceux de cette maison.

Il marcha vers le garçon, mettant ses mains sur les épaules du bleuté.

- J'accepte vôtre requête, reprit-il. Même si je ne suis plus votre majordome, je continuerai à m'occuper de la maison Phantomhive, pas seulement pour vous, mais aussi pour moi.

Sebastian sourit, forçant le Phantomhive à en faire de même inconsciemment.

- Merci, dit le garçon, ayant un rare instant de gratitude envers son domestique. Ça me touche beaucoup.

- Mais, vous reviendrez dans ce domaine, dit l'homme en lâchant les épaules du garçon. Une maisonnée ne peut simplement pas fonctionner sans son maître.

- Bien sûr que oui, lorsqu'elle est tenu par un diable de majordome, plaisanta le garçon et l'homme sourit de plus bel.

- Vous devriez y aller, Monsieur, répondit Sebastian. Être en retard est impoli.

- Tu as raison. Je peux partir du principe que tu t'occuperas de tout pendant que je serais parti ? demanda Ciel, et l'homme se courba.

- Yes, my lord.