Disclaimer: Je ne possède pas les droits d'Harry Potter, n'étant pas Mme Rowling. Bref, ça y est on a l'habitude.

fortinpatric: ;)

Sinon, chapitre classique, donc bonne lecture !


Cette soirée là, 22H54:

Alexander était un homme rongé par l'inquiétude. Depuis plusieurs mois, comme nombre de sorciers, il percevait un changement dans l'air, un tournant imminent. Pour l'heure, seules des rumeurs circulaient : une attaque de loup-garou égaré dans un village moldu par-ci, une disparition mystérieuse par-là. Pour ceux nés après la première guerre contre Voldemort, ces événements ne semblaient pas différer de la vie quotidienne.

Cependant, pour ceux qui avaient traversé cette époque sombre, comme Alexander, il était impossible de ne pas remarquer les similitudes troublantes entre la montée en puissance initiale du Seigneur des Ténèbres et les faits récents.

Un verre de vin à la main, il contemplait sa fille et sa femme au loin, tandis que de lourdes pensées pesaient sur son esprit. Ophélia, sa bien-aimée... Quelle œuvre d'art ! Il se souvenait encore du jour où il l'avait aperçue pour la première fois, lors de sa quatrième année à Poudlard. Elle avait conquis son cœur avant même qu'il ne puisse lui adresser la parole.

Leur histoire d'amour aurait pu figurer dans un roman moldu : rencontres secrètes, conversations au sommet de la tour d'astronomie... Tout était idyllique.

Mais bien sûr, toutes les bonnes histoires avaient une fin. En tout cas, c'est ce qu'il pensait.

En effet, un matin, son père l'avait convoqué et lui avait annoncé qu'un contrat de mariage avait été établi avec une héritière de sang pur, et qu'il devait se préparer à cette union.

Alexander se remémorait encore l'ascenseur émotionnel qu'il avait vécu ce jour-là. D'abord la tristesse et la colère à l'annonce de cette nouvelle, puis le bonheur immense en apprenant que l'élue était Ophélia, suivi d'un doute lancinant : était-elle consentante ?

Heureusement, le baiser qu'ils avaient échangé lors de leurs retrouvailles avait suffi à dissiper ses inquiétudes, apaisant son cœur pour de bon.

Malgré tout, c'était ce même jour qu'il avait fait le serment de ne jamais imposer un contrat de mariage à ses propres enfants. Il ne voulait pas qu'ils connaissent la souffrance qu'il avait endurée.

Cette promesse, il s'était assuré de la tenir. Enfin, cela jusqu'à l'attaque perfide de Nott et Malefoy contre son Manoir. Ce jour-là, accablé par le désespoir, il avait pactisé avec le diable, frôlant l'idée de vendre ses filles. Seule l'intervention des Potter l'avait sauvé de ce désastre absolu. Lorsqu'il avait retrouvé ses forces et sa raison, il s'était effondré, incapable de faire face à l'immensité de l'erreur qu'il avait failli commettre.

Conscient que le pardon de sa famille lui était acquis, Alexander ne pouvait s'empêcher de porter le poids d'une culpabilité tenace. Hadrian lui-même, dans une confidence partagée en secret, lui avait avoué avoir découvert des indices suggérant une altération de ses facultés mentales. Cette révélation, bien que soulageante, n'apaisait en rien le tourment qui le rongeait. C'est pourquoi il s'était fait la promesse indéfectible de protéger Hadrian et ses filles en retour, envers et contre tout. N'était-ce pas là le devoir d'un père et d'un Lord honorable ? Il ne les laisserait jamais tomber. Il ne pouvait plus se le permettre.

Son regard se porta ensuite sur Daphné, son aînée. Il devait l'avouer, il était admiratif de sa fille. En elle se cristallisaient les qualités les plus prisées de toutes les maisons de Poudlard. Elle possédait l'ambition, la ruse et l'intelligence de sa mère, qui lui ouvraient les portes de Serdaigle et de Serpentard. Mais à ces traits s'ajoutaient une force de caractère indéniable et une loyauté indéfectible envers ses proches.

Elle serait, sans aucun doute, une digne Lady Greengrass. Mieux encore, si le destin prenait la direction qu'il avait en tête, elle deviendrait une Lady Potter-Greengrass tout aussi respectable.

En effet, il avait remarqué l'attirance mutuelle qui liait les deux adolescents. Harry Potter avait été pour sa fille le sauveur qu'Hadrian avait été pour lui, à la seule différence qu'elle était tombée amoureuse de son camarade héritier. Lui-même, malgré toute son admiration pour Hadrian, avait déjà donné son cœur à la femme de sa vie après tout.

Au fond de lui, il espérait qu'elle puisse toujours compter sur lui, quoi que l'avenir lui réserve. Hadrian l'avait informé du funeste destin qui pourrait menacer Harry, et bien que son instinct paternel le poussait à intervenir, il ne put se résoudre à briser le cœur de sa fille, préférant la laisser suivre l'élu de son cœur.

Il savait également que Daphné souffrait terriblement de la perte d'Astoria. Le coma de sa cadette le préoccupait profondément. La raison ? Peu de maladies étaient incurables dans le monde magique, d'autant plus lorsqu'elles se manifestaient par des symptômes physiques. Alors, pourquoi Astoria ne se réveillait-elle pas ? Après de multiples discussions avec les Potter et le professeur Dumbledore, il avait réussi à formuler une hypothèse, mais aucune décision n'avait encore été prise.

En effet, selon les deux hommes, le coma d'Astoria, bien que déclenché par le sortilège de Ginny, pourrait être prolongé par l'influence du journal de Jedusor. Cet objet, ayant le pouvoir d'absorber la magie et la force vitale de son entourage et ayant été potentiellement utilisé par sa fille, laissait supposer qu'elle était maintenue au seuil de la mort, sa magie préférant la garder inconsciente pour favoriser la guérison de son âme, seule partie d'une personne que l'on ne peut pas réellement analyser.

Son unique souhait était le réveil imminent de sa fille. Il ignorait combien de temps il pourrait encore se montrer stoïque face aux larmes de son épouse, qui l'implorait de lui expliquer la raison de ce châtiment. Aussi tenace soit-il, aucun homme ne serait capable de rester éternellement fort face à cela.

Secouant la tête pour chasser ces pensées pesantes, il se remémora sa mission : "J'ai mon rôle à jouer !".

Au loin, il aperçut Hadrian conversant avec Lady Londubat, son sourire confiant éclairant l'assemblée. Cet homme était un phare d'espoir pour tous les sorciers présents. Même lui devait admettre son incompréhension face à la réelle puissance du sorcier. N'avait-il pas réussi à briser les protections ancestrales du Manoir Greengrass, renforcées par la magie de la malédiction, lors d'un duel singulier ? Quelle créature extraordinaire pouvait accomplir un tel exploit ?

Le puissant mage, doté d'une omniscience apparente, se tourna dans sa direction et lui adressa un signe de tête qu'Alexander lui rendit. "Les yeux de cet homme devraient être considérés comme des armes à eux seuls", murmura l'ancien Serpentard avant de s'approcher d'un visage familier.

"Madame Bones, quel plaisir de vous revoir ici !" l'accueillit-il en tendant sa main vers la femme qui la serra en retour. D'ordinaire, les conventions sociales auraient imposé un baiser sur sa main, mais, au vu de sa tenue sobre, il semblait que la chef du département de la justice magique était présente en sa qualité de fonctionnaire, et non de Lady Bones.

"Le plaisir est partagé, Lord Greengrass. Je vous suis, ainsi qu'aux Lords Black et Potter, infiniment reconnaissante pour votre soutien dans cette affaire. Durant une année entière, ces détraqueurs ont terrorisé nos enfants à Poudlard. Je suis sincèrement soulagée que ce calvaire prenne fin, même si cela implique la présence permanente d'Aurors au sein de l'école. Après tout, grâce au don de Lord Potter, nous avons pu accueillir un nombre accru d'élèves cette année, ce qui nous permet de supporter cette mesure", déclara-t-elle, ne cachant pas le soulagement qui l'envahissait.

Alexander savait que la nièce de la femme étudiait à Poudlard. Il comprenait donc aisément son inquiétude, étant donné que cette dernière avait plus que probablement côtoyé ces créatures monstrueuses dans l'exercice de ses fonctions.

"Ne vous en faites pas, je vous comprends parfaitement. Ayant ma propre fille scolarisée dans l'établissement, il était de mon devoir de soutenir Lord Potter dans sa décision", répondit-il en lui offrant un sourire rassurant.

L'expression de la femme se refroidit légèrement, un changement qu'Alexander perçut aisément. Après tout, Amélia et lui avaient fréquenté Poudlard ensemble. Bien qu'ils n'eussent jamais été des amis proches, il savait que cette réaction traduisait un mécanisme de défense chez la femme.

"J'ai également appris la situation tragique qui touche votre fille... Je vous présente mes sincères condoléances. N'hésitez pas à solliciter mon assistance en tant que chef du département de la justice magique si je peux vous être d'une quelconque utilité", déclara-t-elle en le fixant dans les yeux.

Alexander inclina la tête, ne pouvant dissimuler une légère grimace. "Je vous remercie infiniment, j'y réfléchirai." Il s'éloigna alors discrètement avec la femme, qui comprit son désir de converser en privé. Il posa son verre vide sur une table et l'observa disparaître avant de se tourner vers l'ancienne Poufsouffle.

"Et sinon, Amélia, ces rumeurs de disparitions, d'enlèvements et d'autres méfaits... Sont-elles fondées ?" demanda-t-il, inquiet.

Une nouvelle fois, le visage de son interlocutrice se crispa. "Hélas, oui. Nous avons même arrêté des vampires et des loups-garous venus d'autres continents. Des événements similaires se sont produits par le passé, certes, mais jamais à une telle échelle et en si peu de temps. Je crains que nous ne nous dirigions vers un avenir plutôt sombre", admit-elle en serrant les poings. Elle balaya ensuite la salle du regard.

"L'allée des Embrumes s'embrase, des rixes entre factions commencent à éclater... Soyez prudent, Alexander, car si les événements de cette époque se répètent, même le plus proche des amis peut devenir votre pire ennemi", déclara-t-elle d'un ton ferme.

Alexander hocha la tête, se rappelant encore le destin tragique des parents du jeune Harry, trahis par l'un de leurs meilleurs amis, qui se révéla finalement être l'un des disciples les plus dévoués du Seigneur des Ténèbres.

"Je serai vigilant", la rassura-t-il, avant d'être interrompu par une tape sur l'épaule. Alexander se retourna pour apercevoir un sorcier qu'il ne reconnut pas.

L'homme était grand et mince. Ses cheveux noirs gras étaient plaqués en arrière, comme s'ils avaient été coiffés à la hâte. Il avait des yeux gris perçants et un visage pâle marqué par des cicatrices, dont une profonde entaille sur le front.

"Puis-je vous être utile ?" demanda-t-il. "Oui, je suis un ami d'Hadrian. Pouvons-nous nous entretenir en privé quelques instants ? Il m'a confié un message pour vous."

L'espace d'un instant, une sirène d'alarme retentit dans la tête d'Alexander. Hadrian comptait peu d'amis et le seigneur de la famille Greengrass les connaissait tous, y compris ceux qui avaient combattu à ses côtés au Mexique.

Il tourna alors son regard vers Amélia, mais cette dernière était déjà repartie. Combien de temps avait-il été perdu dans ses pensées ?

"Bien sûr ! Venez, je connais un endroit calme", lança-t-il avec un sourire avant de quitter la grande salle à manger du Manoir Potter, faisant confiance à Hadrian pour superviser sa femme et sa fille.

Il décida de laisser ses inquiétudes de côté. Après tout, les protections du Manoir étaient presque aussi solides que celles de Poudlard. Alors si Hadrian avait laissé entrer l'homme, c'est qu'il lui faisait confiance.

"Je connais un endroit au sous-sol où nous ne serons pas dérangés. Le message d'Hadrian est-il important ?" demanda Alexander en guidant l'homme.

Celui-ci hocha la tête, ne répondant pas vocalement. L'ancien Serpentard se tut alors, préférant garder sa voix pour la discussion qu'il aurait avec l'homme.

Au loin, Hadrian, qui avait terminé sa propre discussion avec Lady Londubat depuis de longues minutes, esquissa un sourire narquois en voyant les deux hommes quitter la pièce.

"Le jeu démarre", murmura-t-il en levant son verre.

02/11/1994, 23H32, Poudlard, Ecosse:

Harry poussa la porte de la salle de classe abandonnée, ses yeux scannant rapidement la pièce à travers l'obscurité. Il repéra alors Daphné, assise dos à lui. Vérifiant une dernière fois qu'il n'avait pas été suivi, il annula le sort qui cachait sa présence, et pénétra dans la pièce.

Lorsqu'elle entendit le bruit de la porte de leur salle se refermer, la jeune femme blonde se retourna et aperçut Harry Potter s'avancer vers elle. Il s'assit sur une chaise qu'il avait approchée, face à elle. Un silence pesant s'installa entre eux, durant un laps de temps indéterminé. Secondes ? Minutes ? Heures ? Années ? Seuls leurs regards semblaient rythmer l'écoulement du temps.

L'atmosphère était lourde, et l'air ambiant paraissait si dense qu'on aurait pu le trancher au couteau. C'est finalement Harry qui rompit le silence en prenant délicatement la main de Daphné dans la sienne.

"Salut, ça fait longtemps, n'est-ce pas ?", murmura-t-il. Son chuchotement, en l'absence de tout autre son, résonna dans la pièce à la manière d'un cri.

"Oui, en effet...", soupira-t-elle, contemplant leurs mains jointes.

"J'ai entendu dire que tu avais traversé une période... difficile", laissa-t-il échapper, son regard se perdant dans les profondeurs des yeux céruléens de la Serpentard.

Daphné inclina la tête en signe d'assentiment. "Cette année a été la plus longue de ma vie, Potter. Je me suis sentie... seule", confia-t-elle, sa voix tremblante, comme si elle ne parvenait plus à maintenir le masque de froideur et d'impassibilité qu'elle arborait habituellement.

Harry, touché par sa confession, la serra dans ses bras. Il savait qu'aucun mot ne pourrait apaiser sa douleur. Sa sœur était toujours plongée dans un coma profond, son père s'était réfugié dans le travail avant d'être tragiquement assassiné l'été dernier, et pour couronner le tout, il l'avait abandonnée pour suivre son entraînement.

Des larmes coulèrent le long de son cou et imprégnèrent sa chemise. Harry ignorait que Daphné ne s'était jamais effondrée en larmes devant personne d'autre que lui, témoignant ainsi de la confiance absolue qu'elle lui portait. Il comprenait cependant qu'il était le seul à pouvoir la réconforter.

"Tout est fini maintenant, Daphné. Je suis là. Je ne te quitterai plus jamais. Je ne te laisserai plus jamais seule", promit-il avec conviction.

"C'est promis ?", demanda-t-elle d'une voix minuscule, presque inaudible. Son intonation fragile déchira le cœur d'Harry. Il espérait de tout son être qu'elle n'aurait jamais à implorer de la sorte.

"Je te le promets, Daphné", affirma-t-il en posant son menton sur sa tête.

Ils restèrent enlacés quelques instants de plus, avant de se séparer, à contrecœur.

"Tu as mouillé ma belle chemise", plaisanta Harry, tentant d'égayer l'atmosphère et de redonner le sourire à la magnifique jeune femme qui se tenait face à lui.

"C'est bien fait pour ta gueule, Potter. Que ça te serve de leçon !", s'exclama-t-elle en éclatant de rire face à son regard feint d'offense.

"Cette splendide chemise appartenait à mes ancêtres de l'ancienne et noble maison des Po-", commença-t-il avant qu'elle ne l'interrompt d'une tape sur le genou.

"Je m'en fou ! Elle pourrait avoir appartenu à Merlin lui-même que je m'en moquerais quand-même !".

Harry ne put réprimer un rire devant l'audace de la jeune femme blonde. Finalement, la tension s'apaisa et Harry put entamer une conversation plus sérieuse.

"Je sais que tu souhaitais me parler, mais avant cela, j'aimerais simplement te dire que tu m'as manqué. Je suis heureux de te voir en... aussi bonne forme", déclara-t-il avec un clin d'œil.

"Je suis ravie de te revoir également, Potter. Mais mes yeux sont plus hauts, tu le sais ça, hein ?", railla-t-elle, le faisant rougir tandis qu'il s'empressait de présenter ses excuses.

"Bref, tu as raison, je voulais te parler. Harry, je t'en prie, sois honnête avec moi... Étais-tu présent le jour où mon père est décédé ?", demanda-t-elle d'un ton grave.

Harry, remarquant le sérieux de la jeune fille, se concentra attentivement. "Si tu fais référence au jour où mon oncle a organisé cette soirée, alors oui. Cependant, je m'entraînais au sous-sol, donc je ne sais pas si je pourrai t'apporter une aide considérable", expliqua-t-il face à son regard inquisiteur.

Il observa la jeune femme plisser les yeux, lui faisant supposer qu'elle était légèrement contrariée par son absence, avant qu'elle ne pose une autre question. "Et tu n'as pas vu mon père ?", ajouta-t-elle en se penchant vers lui.

"En réalité, oui, je l'ai croisé. Mais il était encore tôt, alors je doute que cela puisse-". Elle le coupa brutalement. "Explique-toi !", lança-t-elle d'un ton sec.

Harry hocha la tête, préférant éviter la colère de la Serpentard. "D'accord, d'accord !", dit-il en levant les mains. "J'ai vu ton père passer au sous-sol pendant ma pause. Il était accompagné d'un homme, mais je n'ai pas pu distinguer clairement ses traits dans l'obscurité. Je sais seulement qu'il avait une cicatrice sur le front."

La jeune fille inclina la tête sur le côté, son regard perdu dans le vide. Elle semblait passer en revue tous les visages qu'elle avait croisés au cours de sa vie, à la recherche de celui que Harry avait brièvement décrit.

Le Gryffondor poursuivit son récit. "Nous avons brièvement échangé quelques mots. Il m'a dit que tu avais hâte de me revoir, et je lui ai répondu que ce ne saurait tarder. Ensuite, il est reparti avec cet homme. Je suis désolé, mais je n'ai pas plus d'informations."

Elle le fixa du regard, semblant vérifier ses dires, avant de reposer une question. "Tu n'as rien vu d'autre, tu es sûr ?"

Quelque chose d'étrange se passa alors. Daphné vit, l'espace d'une demi-seconde, le visage d'Harry se contorsionner, avant qu'il ne revienne à la normale. L'intervalle de temps fut si courte qu'elle décida d'ignorer ce qu'il venait de se passer, et de laisser le bénéfice du doute au garçon en qui elle avait confiance.

"J'en suis sûr. Je n'ai rien vu d'autre qui aurait pu être une menace pour ton père."

Daphné inclina la tête en signe d'assentiment et porta sa main libre à son menton, indiquant qu'elle était de nouveau plongée dans ses pensées. Un silence s'installa pour quelques instants, avant qu'elle ne daigne rompre le silence.

"Je te crois Potter", finit-elle par reconnaître. "Mais j'ai besoin de savoir ce qu'il s'est passé ce soir-là si je veux pouvoir passer à autre chose. C'est pour ça que j'aimerais te proposer une alliance."

Harry pencha la tête, visiblement intéressé par l'idée. "Je t'aiderai pour récolter des informations et te préparer aux épreuves du tournoi, et en retour tu m'aideras pour l'enquête sur la mort de mon père", continua-t-elle.

Le jeune héros du monde sorcier leva les yeux fixant le plafond de la pièce abandonné comme si celui-ci connaissait la réponse à son questionnement intérieur. Les échanges qu'il avait eu avec la jeune fille par le passé avaient été on ne peut plus fructueux, et il lui était évident qu'elle lui apporterait un soutien précieux, peu importe les épreuves à venir. Sans plus attendre, il plongea son regard dans les siens, d'une profondeur et d'une intensité qui ne laissaient aucun doute sur sa détermination. "Nous avons un accord, Mademoiselle Greengrass," affirma-t-il d'une voix ferme et résolue.

C'est alors qu'ils s'apprêtèrent à sceller leur pacte par une poignée de main vigoureuse qu'ils réalisèrent, avec un brin d'amusement, que leurs mains étaient encore étroitement liées. "Eh bien, je suppose que cela vaut pour accord ?" rigola-t-il en brandissant leur main entrelacée devant leurs visages, un sourire malicieux se dessinant sur ses lèvres.

Daphné, troublée par le rappel de cette proximité et de la chaleur qui émanait de sa main, ne put que rougir et acquiescer d'un hochement de tête timide. Laissant de côté les sujets délicats qui avaient pesé sur leur conversation, ils se retrouvèrent à échanger sur des thèmes plus légers, évoquant leurs entraînements respectifs, les voyages qu'ils avaient accomplis et les souvenirs de la troisième année de Daphné à Poudlard.

Harry semblait particulièrement captivé par les anecdotes de Daphné concernant Drago Malefoy, ce qui lui fit soudainement prendre conscience d'une absence notable. "Il n'est pas venu faire ses commentaires habituels tout à l'heure," remarqua-t-il, intrigué par ce changement d'attitude inhabituel. "C'est étrange maintenant que j'y pense..."

Daphné fronça les sourcils, pensive. "En effet, il a l'air plutôt distant depuis la rentrée. Il ne parle plus de son père, et passe la majorité de son temps tout seul. Tu penses qu'il s'est passé quelque chose au Manoir Malefoy cet été ?" demanda-t-elle, une pointe d'inquiétude dans la voix.

Elle ne ressentait aucune sympathie particulière pour le jeune Serpentard, et ne pouvait même s'empêcher d'éprouver une certaine satisfaction à le voir ainsi diminué, après toutes les insultes et moqueries qu'il avait proférées à son encontre et celui de sa sœur. Cependant, la gravité de la situation ne lui échappait pas. Si un événement survenu au Manoir Malefoy avait pu dompter l'insolence habituelle de Drago, il ne pouvait s'agir que d'un incident aux conséquences dramatiques.

"Je ne sais pas," répondit Harry, soupirant lourdement. "Espérons que nos suppositions sont fausses." Se levant d'un mouvement fluide, il relâcha délicatement la main de la blonde, son esprit déjà accaparé par la perspective des défis qui les attendaient.

"Je vais y aller Daphnée, il se fait tard, et la première épreuve arrive très rapidement", déclara Harry, ne cachant pas sa déception quant au fait de devoir se séparer temporairement de la Serpentard.

D'un mouvement gracieux, elle se leva à son tour, acquiesçant d'un hochement de tête élégant. Sa voix, lorsqu'elle prit la parole, s'était adoucie, adoptant des intonations mélodieuses qui contrastaient avec la froideur habituelle de son timbre. "C'était un plaisir de te revoir, Harry," affirma-t-elle avec sincérité.

Le Gryffondor, sur le point de faire une remarque ironique sur l'utilisation de son prénom, se ravisa et lui offrit en retour un sourire empreint d'une chaleur authentique. "Moi aussi, Daphné," répondit-il d'une voix douce. "J'espère que cette année nous réservera de nombreux moments agréables, à la fois pour toi et pour moi."

Alors qu'il s'approchait de la porte, il ne put s'empêcher de jeter un dernier regard à la jeune fille, un rictus narquois se dessinant sur ses lèvres. "D'ailleurs, tu es absolument magnifique," ajouta-t-il avec un clin d'œil malicieux. "C'est plaisant de constater que tu as... grandi."

Il s'attendait à une réaction courroucée de sa part, une insulte cinglante ou un sort lancé dans son dos. C'est pour cette raison qu'il avait attendu d'être près de la sortie pour formuler cette remarque osée. Cependant, à sa grande surprise, elle répondit simplement : "Tu n'es pas mal non plus, Potter. Cela dit, contrairement à toi, je ne peux pas vérifier si ça a grandi ou non..."

Sa phrase se termina sur un regard malicieux dirigé vers son entrejambe, laissant Harry stupéfait. Un rire incontrôlable s'échappa de ses lèvres, tant l'audace de sa réplique l'avait pris de court. Mais en tant que Gryffondor, il ne pouvait rester insensible face à un tel courage et à une telle répartie.

"Cette année promet d'être riche en rebondissements," pensèrent-ils simultanément alors qu'ils quittaient la salle de classe, chacun se dirigeant vers son dortoir respectif, le cœur léger et l'esprit rempli d'une anticipation joyeuse.

12/11/1994, 18H14, Novosibirsk, Russie:

Le spectre de l'angoisse planait sur Fortuna Moon. Depuis plus de deux semaines, l'homme qu'elle aim- son collègue et ami Hadrian Potter, s'était volatilisé sans laisser la moindre trace.

Leur quête commune pour traquer Alexei, entamée il y a dix-sept mois de cela, les avait conduits à travers des contrées lointaines et périlleuses. À plusieurs reprises, ils avaient croisé le chemin du mage noir, parvenant même à le blesser mortellement lors d'un affrontement mémorable. Ou du moins, c'est ce qu'ils croyaient.

Contre toute attente, Alexei avait refait surface, ses blessures miraculeusement guéries, plus puissant et redoutable que jamais. Face à cette résurgence inattendue, ils avaient décidé de se séparer momentanément afin de couvrir un plus grand territoire. D'après leurs informations, Alexei ne s'éloignait jamais des frontières russes. Ils s'étaient donc répartis le pays en deux zones, enchaînant les missions de reconnaissance sans relâche.

Fortuna avait pris en charge la partie nord, tandis qu'Hadrian explorait le sud. Chaque mission suivait le même rituel : départ, exploration minutieuse d'une zone précise, puis retour au Manoir Potter, où Fortuna avait élu domicile, afin de partager leurs découvertes.

Pendant plusieurs semaines, ce système avait fonctionné sans accroc. Cependant, depuis le départ d'Hadrian pour Novosibirsk, un silence assourdissant régnait.

Fortuna avait tenté désespérément de le joindre par hiboux, tout comme Lord Black et Remus Lupin, mais en vain. Même Hécate, le messager personnel d'Hadrian, tournait en rond dans son bureau avant de se poser sur son perchoir, la lettre toujours au bec.

C'est à partir de ce moment précis que l'inquiétude s'était emparée d'elle. Elle connaissait la force d'Hadrian Potter mieux que quiconque, et savait qu'il fallait plus qu'une simple armée de sorciers pour le vaincre. Sa confiance inébranlable en ses capacités l'avait empêchée d'envisager le pire.

Mais face à l'absence persistante de son ami, elle devait se rendre à l'évidence. D'abord, parce qu'un hibou trouve presque toujours sa cible, les seules exceptions étant des protections puissantes ou une mort tragique. Et pour elle, il était inconcevable qu'Hadrian cherche à se cacher du monde.

Mais surtout, l'autre raison qui la poussait à envisager le pire était l'état de la dernière ville visitée par le seigneur de la famille Potter : Novosibirsk.

"Cette putain de ville est une ruine," s'exclama-t-elle en soulevant habilement un tas de débris.

En effet, la cité autrefois animée était désormais réduite à un champ de ruines fumantes.

La peur glaçait le cœur de Fortuna. Elle se refusait à croire qu'Hadrian était tombé face à Alexei, mais le silence assourdissant et l'état de Novosibirsk lui murmuraient une terrible vérité.

Déterminée à retrouver son ami, elle se jura de ne jamais abandonner la recherche. Même face à l'obscurité et au désespoir, elle puisait dans sa force et son courage pour continuer à avancer, guidée par l'espoir de revoir un jour le sourire d'Hadrian.

Le spectacle qui s'offrait à ses yeux était d'une violence inouïe. Des débris jonchaient le sol, d'immenses flaques de sang séché témoignaient d'une bataille acharnée, et des corps de Moldus gisaient çà et là, brisés et tordus d'une manière inhumaine. Tout portait à croire qu'une guerre s'était déroulée ici.

Et la seule personne capable d'infliger de tels dégâts avant de succomber, elle la connaissait parfaitement. "Hadrian, bon sang, mais qu'est-ce qui s'est passé ici ?" s'exclama-t-elle, le cœur battant la chamade.

La situation lui échappait totalement. Au fond d'elle-même, elle savait qu'Hadrian était bien plus puissant qu'Alexei. Elle l'avait vu de ses propres yeux lors de leur premier combat contre le mage noir et son armée. Alors, qui pouvait bien être son adversaire ?

Balayant le regard sur les ruines qui l'entouraient, elle aperçut une petite maison effondrée, dont l'arrière donnait sur une cour intérieure. À première vue, cette information semblait insignifiante. Cependant, dans cette même cour, elle détecta des traces de magie. Des traces qu'elle reconnut sans l'ombre d'un doute.

"Alexei ! Alors il était bien ici !" gronda-t-elle en invoquant son balai et s'envolant en direction des traces magiques.

Son esprit était en ébullition. Pourquoi les journaux n'avaient-ils encore fait aucune mention de la destruction de la ville ? Pourquoi, malgré la présence de ces immenses taches de sang séché, elle ne parvenait à trouver aucun cadavre ? Et surtout… Pourquoi, à côté des résidus de magie d'Alexei, découvrait-elle ceux de l'homme dont elle était tombée amoureuse ?

Atterrissant dans la petite cour, elle remarqua aussitôt d'importantes marques de brûlures sur les murs. Mais cela ne collait pas. Le feu d'Hadrian, dont elle avait trouvé des traces lors de sa fouille, était d'une puissance dévastatrice, capable de consumer tout sur son passage, même les murs. Or, de telles marques ne pouvaient être l'œuvre d'un simple Incendio.

Si Alexei excellait dans la création de golems et la métamorphose en général, il n'avait jamais démontré la capacité de maîtriser correctement un Feudeymon. Alors, une fois de plus, la question brûlait ses lèvres : "Qu'est-ce qui s'est passé ici, bon sang ?!"

Ces derniers mois, elle avait trouvé Hadrian assez étrange. Depuis qu'ils travaillaient ensemble, elle avait remarqué une certaine froideur derrière sa façade agréable. C'était d'ailleurs l'un des aspects qui l'avait attirée vers lui. Cette détermination, couplée à sa force magique, faisait de lui l'homme parfait à ses yeux.

Mais les mois passés en sa compagnie juste avant sa disparition avaient été pour le moins troublants. Des hiboux entrant et sortant à toute heure de la journée, des départs précipités sans explications…

Elle avait essayé de le sonder, de comprendre ce qui le préoccupait. Mais l'homme se contentait de lui sourire et de la rassurer, feignant de tout contrôler.

Cependant, la scène qui se dressait devant elle aujourd'hui contredisait cruellement ses paroles. Fortuna se sentait perdue, submergée par un flot de questions sans réponses. L'homme qu'elle aimait était en danger, et elle n'avait aucune idée de ce qui lui était arrivé.

La mort de son ami Alexander l'avait profondément marqué. Depuis ce tragique événement, Hadrian semblait souvent distant, son regard se perdant parfois dans le vide pendant de longues minutes.

Pendant quelques jours, elle avait même douté de son identité, se demandant si un imposteur n'avait pas pris sa place. Mais quelques sorts discrets de diagnostic lui avaient permis de confirmer que le mage qui se tenait devant elle était bien Hadrian.

Sa puissance magique était toujours aussi inégalable, mais un changement profond l'habitait. Parfois, ses yeux brillaient d'une lueur inquiétante à travers son bandeau, le poussant à abandonner précipitamment ses occupations pour se réfugier dans son bureau.

Fortuna avait l'impression qu'il était submergé par les épreuves qui s'accumulaient. "Peut-être..." souffla-t-elle, la gorge serrée. Peut-être son emploi du temps était-il surchargé depuis la mort d'Alexander ? Gérer les affaires Potter, entraîner Harry, chercher un remède pour la jeune fille Greengrass, assumer ses responsabilités professionnelles et participer aux réunions avec ses alliés... Tout ce poids l'avait-il mené à une erreur fatale, un piège dont il n'avait pu s'échapper ?

Elle repoussa cette pensée funeste d'un revers de la main. "Ne sois pas stupide, Fortuna," se murmura-t-elle. Mais son souffle se coupa net lorsqu'elle aperçut une grande mare de sang séchée sur le sol.

Contrairement aux autres traces qu'elle avait observées, celle-ci portait des indices troublants. Des lambeaux déchirés d'une cape noire gisaient à côté d'un morceau de chair en décomposition qu'elle reconnut comme un fragment de jambe.

Leur propriétaire ne faisait aucun doute. Elle avait travaillé aux côtés de cet homme pendant plus d'un an.

"Hadrian..." murmura-t-elle, tombant à genoux devant les restes du vêtement. La conviction la frappa que le morceau de chair appartenait également à son collègue chasseur de primes. La botte qui y était attachée lui confirma son identification. Sous la semelle, elle reconnut les petites aiguilles empoisonnées qu'elle avait elle-même installées, après avoir remarqué son stock impressionnant de ces armes qu'il ne semblait jamais utiliser au combat.

Désespérée, elle fouilla la cape, sachant pertinemment ce qu'elle y trouverait. Ses doigts parcoururent les nombreuses poches jusqu'à s'immobiliser sur un couteau familier. C'était le sien, le même qu'il avait utilisé pour vaincre de nombreux adversaires.

Incapable de contenir son chagrin, elle s'effondra en larmes, pleurant pour la première fois depuis la mort de ses parents la perte d'un être cher. La douleur la submergeait, un mélange d'incompréhension, de culpabilité et d'une immense tristesse.

Elle se sentait perdue, seule, écrasée sous l'immensité de la ville en ruine qui l'entourait.

Soudain, une vague de terreur la submergea. Son cœur se mit à battre la chamade, ses poumons se serrèrent comme dans un étau, et elle eut l'impression de ne plus pouvoir respirer. Les débris autour d'elle se transformaient en monstres menaçants, les bruits du vent en rires maléfiques.

Fortuna s'affala sur le sol, tremblante et paniquée. Son esprit était envahi par des pensées noires et des images terrifiantes. Elle se sentait comme si elle allait mourir, comme si le monde entier s'écroulait autour d'elle.

Elle essaya de se calmer, de reprendre son souffle, mais son corps ne lui obéissait plus. Les larmes coulaient sur ses joues, mêlées aux quelques gouttes de sang de ses doigts frottant la pierre. Elle se sentait impuissante, vulnérable, perdue dans un océan de peur.

Fermant les yeux, elle tenta de se concentrer sur sa respiration. Elle inspira lentement par le nez, puis expira profondément par la bouche. Un à un, elle répéta ces mouvements, essayant de calmer son rythme cardiaque affolé.

Peu à peu, la crise commença à s'estomper. La vague de terreur recula, laissant place à une sensation de fatigue et d'épuisement. Fortuna ouvrit les yeux, les paupières lourdes. Le monde autour d'elle semblait moins menaçant, les bruits moins effrayants.

Des paroles d'Hadrian lui revinrent en mémoire, prononcées lors de leur retour après avoir laissé Alexei aux portes de la mort : "Fais attention. Même si Alexei est mort physiquement, il est toujours là. Il est là à travers ses hommes encore vivants, ses idéologies douteuses, et tout ce qui le caractérisait. Un mage ne meurt réellement que lorsque tout ce qui lui était associé, de près ou de loin, est oublié. Tant que cela n'est pas arrivé, reste concentré sur ton objectif."

Ces mots avaient profondément marqué la jeune femme. Aujourd'hui, elle les utilisait contre lui, transformant sa douleur en une détermination inébranlable. "Tant que je vis, tant que Harry Potter vit, alors tu vis aussi, Hadrian. Ce n'est pas fini, je te le jure. Je découvrirai la vérité !" murmura-t-elle à la cape dans ses mains.

D'un geste rapide, elle rétrécit la cape et la rangea dans sa poche. Elle récupéra ensuite le couteau, fit disparaître le morceau de chair et se transplana, un nouvel objectif brûlant dans son esprit. "Devenir plus forte peut attendre. Je dois comprendre ce qui t'a conduit à… ça !" déclara-t-elle au ciel, priant contre toute espérance que son message parvienne à l'homme qu'elle aimait.

La douleur la consumait, mais elle refusait de se laisser submerger par le désespoir. La flamme de l'espoir brûlait en elle, alimentée par l'amour qu'elle portait à Hadrian et par la conviction qu'il restait quelque chose de lui. Et elle était déterminée à retrouver ce quelque chose, quoi qu'il en coûte.