Tout en douceur

Le lendemain matin, Buck s'éveilla lentement, les contours flous de la pièce prenant forme autour de lui alors qu'il se débattait pour sortir de son sommeil.

Une chaleur familière l'enveloppait, une présence à ses côtés qui le maintenait ancré dans la réalité. Il cligna des yeux, son esprit encore embrumé par le sommeil, avant que les souvenirs de la nuit précédente ne se précipitent à nouveau dans sa conscience, dispersant les dernières brumes du sommeil.

Il était allongé dans son lit, dans les bras de Tommy.

Il loua le ciel qu'ils soient tous les deux encore habillés, même si la seule chose dont il se souvenait clairement juste avant de s'endormir était que le jeune homme tentait de l'apaiser.

L'aveu de sa peur, la crise de panique sur la jetée, et puis le réconfort doux et tendre de Tommy, l'entraînant loin de ses démons intérieurs, loin de l'océan menaçant et de ses propres tourments.

Buck se sentit pris d'une bouffée d'embarras, de honte même, en repensant à la manière dont il s'était effondré dans les bras du jeune homme, se laissant aller à ses larmes et à sa vulnérabilité.

Il se figea, craignant de bouger, de réveiller celui qui dormait à ses côtés.

Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir le contact chaleureux de son corps, la douceur de sa respiration régulière contre sa peau. Tommy dormait encore, paisiblement, et Buck se demanda comment il pouvait être si serein alors que son propre esprit était en proie au tumulte.

Il se glissa hors du lit avec précaution, faisant de son mieux pour ne pas le réveiller.

Il remarqua avec embarras qu'il avait odieusement baver sur le t-shirt du jeune homme en dormant, ce qui accentua son malaise.

Chaque mouvement était empreint de gêne, comme s'il craignait de briser un équilibre fragile, de dévoiler trop de ses propres émotions tumultueuses. Il enfila rapidement des vêtements propres, cherchant à mettre de la distance entre lui et cette intimité nouvelle partagée, entre lui et les souvenirs d'une nuit où il avait été trop vulnérable.

Mais Tommy se réveilla, émergeant lentement du sommeil, les yeux encore lourds de sommeil. Il étira ses bras, un sourire paresseux étirant ses lèvres alors qu'il se tournait vers lui.

– Hey, dit-il d'une voix rauque, la chaleur de son regard fixé sur lui.

Buck se sentait pris au piège, incapable de soutenir son regard. Il se sentait exposé, nu devant lui, et l'embarras le submergea.

– Hey, répondit-il, sa voix rauque aussi, comme s'il avait passé la nuit à pleurer.

Ce qu'il avait fait, pour être honnête.

Il détourna le regard, incapable de supporter le poids de l'attention de Tommy. Il se sentait comme un imposteur, comme s'il n'avait pas le droit à ça, à ce moment intime, avec Tommy à ses côtés.

– Est-ce que tout va bien ? demanda Tommy, sa voix douce et inquiète.

Buck hocha la tête, sans oser le regarder.

Il ne pouvait pas lui dire la vérité, lui dire qu'il se sentait comme un étranger dans sa propre peau, comme s'il n'était pas digne de son affection.

– Oui, tout va bien, mentit-il, sa voix tremblant légèrement sous l'anxiété.

Tommy semblait ne pas être convaincu, mais il ne poussa pas plus loin. Au lieu de cela, il se redressa sur le lit, passant une main dans ses cheveux ébouriffés.

– Tu veux parler de ce qui s'est passé hier soir ? demanda-t-il, son regard fixé sur Buck.

Buck hésita, déchiré entre le désir de tout garder pour lui et le besoin impérieux de partager le poids de ses propres tourments.

– Je... Je ne sais pas, murmura-t-il, luttant pour trouver les mots justes. Je... Je suis désolé pour hier soir. Je ne voulais pas... Je ne voulais pas te mettre dans cette situation.

Tommy secoua la tête, un sourire triste étirant ses lèvres.

– Tu n'as pas à t'excuser, dit-il doucement. Je suis là pour toi, Evan. Toujours.

Les mots de Tommy étaient comme un baume pour l'âme de Buck, apaisant ses craintes et ses doutes. Il se sentit un peu moins seul, un peu moins perdu dans ce monde de tourments intérieurs.

– Merci, murmura-t-il, sa voix à peine plus qu'un souffle. Je crois que j'ai besoin d'un peu de temps pour, tu sais ? Accepter le fait d'être… accepté ?

– Tout le temps que tu veux, d'accord ? Je sais ce que c'est que de devoir se cacher, de ne pas oser se montrer sous son vrai jour. Et tu avais raison, ce n'est pas parce que j'ai dépassé ce stade que tout le monde en a fait autant.

– J'ai essayé, tu sais ? admit-il. D'être moi-même. Et j'ai été juste… rejeté… à chaque fois. C'est quelque chose de tout à fait acceptable quand je me présente comme un ailier ou que je célèbre le mois de la fierté sur mon insta, on me félicite même, mais quand je dévoile ma bisexualité, ça devient un problème.

– Je sais ce que c'est, je t'assure, mais tu n'as pas à être quelqu'un d'autre avec moi et je sais qu'un jour tu parviendras à être toi-même, peu importe avec qui tu te trouveras.

Tommy lui sourit, un sourire doux et tendre qui atteignait ses yeux, faisant fondre le dernier de ses remparts.

– A mon rythme ? s'enquit-il sur le point d'être complétement convaincu.

– A ton rythme, lui promit-il.

Buck hocha la tête, sentant les larmes lui monter aux yeux.

Il avait trouvé en Tommy un allié, un ami sur lequel il pouvait compter, même dans les moments les plus sombres de sa vie.

– Est-ce qu'on peut parler de ta crise d'angoisse d'hier… ?

– Je ne sais pas ce qui s'est passé, admit-il paniqué. Je ne comprends pas, c'était la première fois…

– Buck, tu as survécu à un tsunami, dit-il, sa voix douce et rassurante. Ce n'est pas anodin et ça laisse des traces. Tu n'as clairement pas dépassé ça. Tu as besoin d'aide.

– Si Bobby l'apprend, je vais me faire virer, argumenta-t-il au bord des larmes.

– Il ne le fera pas, le rassura-t-il. Cet homme t'aime comme le sien. On va lui parler ensemble, si tu veux. Je ne compte pas te laisser affronter ça tout seul. Je sais que ça peut sembler difficile maintenant, mais je suis là pour toi. Tu n'as pas à porter ce fardeau tout seul. D'accord ?

– Merci, murmura-t-il, sa voix empreinte de reconnaissance.

Tommy lui sourit, ses yeux brillant d'une lueur d'espoir.

– Nous allons traverser ça ensemble, dit-il, sa voix pleine de détermination.

Buck hocha la tête, sentant un poids se lever de ses épaules. Il savait que le chemin serait long, parsemé d'embûches et de défis, mais il savait aussi qu'il ne serait pas seul.

– Maintenant, une question très importante, où est passé ton canapé ?

– Oh, rit-il gêné mais reconnaissant que Tommy change de sujet. C'est une espèce de tradition bizarre que j'ai. A chaque fois qu'une de mes relations amoureuses se termine, je trouve le moyen de me débarrasser du canapé.

– Une façon de tout reprendre de zéro ? le taquina-t-il. J'aime ça, lui sourit-il. Quand tu seras prêt, nous irons en choisir un ensemble. Et celui-là tu le garderas très, très longtemps.

En cet instant, avec Tommy à ses côtés, Buck savait qu'il pouvait affronter n'importe quoi.