Point de vue d'Éridanie
Une fois arrivée dans le bureau de la directrice, elle a fait en sorte de m'emmener rapidement à Saint-Mangouste et de prévenir mon père qui est arrivé quelques instants plus tard. De l'extérieur il semblait calme face à cette situation mais une personne aguerrie comme moi voit tout de suite lorsque quelqu'un est paniqué et il l'était, il l'était vraiment.
McGonagall a même dû le faire sortir de la pièce où j'étais à coups de sortilèges parce qu'il refusait de me laisser durant l'examen des médicomages. Ce dernier a d'abord révélé que j'avais bien été empoisonnée mais qu'heureusement j'avais été diagnostiquée à temps et que ce poison agissait très lentement, par conséquent je n'aurais qu'à prendre une potion à horaires réguliers durant une semaine pour être complètement guérie.
En entendant cela, mon père a refusé que je quitte Saint-Mangouste avant que la semaine ne soit entièrement écoulée, de peur que j'oublie de prendre ma potion ou qu'une quelconque complication ne survienne. Il était prêt à me veiller jours et nuit mais heureusement ma grand-mère a réussi à lui faire entendre raison lorsqu'elle est venue me voir à l'hôpital, par conséquent il s'est cantonné aux heures de visite.
Comme je craignais de m'ennuyer étant donné que mon père ne voulait pas que je quitte la chambre qu'on m'avait attribuée, j'ai écrit à Sally afin de savoir si elle pouvait m'envoyer ses cours durant la semaine, sauf qu'au lieu de recevoir une réponse par un des hiboux de l'école, c'est la directrice qui est venu en personne chaque soir avec les notes de ma meilleure amie. J'ai même eu la surprise de voir Scorpius l'accompagner le premier soir après qu'il se soit jeté dans mes bras pour un câlin. Il paraissait très angoissé par mon état mais heureusement les médicomages ont réussi à le calmer et il est reparti à Poudlard un peu plus rassuré.
La semaine est passée très tranquillement, mon père venait tous les jours et nous avons discuté de choses aussi diverses qu'intéressantes. On peut dire ce qu'on veut sur lui, il n'en reste pas moins très cultivé et j'en suis fière.
Maintenant la semaine est enfin écoulée et je suis de retour à Poudlard. Après avoir déposé toutes mes affaires dans le dortoir et rassuré mes amies et colocataires ainsi que mon petit frère son mon état de santé, j'ai retrouvé avec plaisir l'ambiance du château et les bons petits plats de la grande salle.
Par contre j'ai reçu durant la pause déjeuner une convocation dans le bureau de la directrice, aussi me suis-je dépêchée de finir mon repas afin de ne pas la faire attendre. Par conséquent je suis maintenant assise sur une chaise dans son bureau criant de couleurs écossaises, attendant de savoir pourquoi elle m'a fait venir.
– Bien mademoiselle Malefoy, permettez-moi de vous dire que je suis ravie que vous soyez de retour parmi nous en bonne santé.
En disant cela elle m'accorde un de ses rares sourires et cela me réchauffe le coeur.
– Ensuite si votre semaine d'absence en cours vous inquiète, je pense que vous n'aurez aucun mal à vous mettre à niveau rapidement, si ce n'est pas déjà fait au vu des notes qui me semblaient très complètes de mademoiselle Nott.
– Je pense qu'effectivement je n'aurais pas trop de problème. Fis-je avec un sourire fier.
– Parfait dans ce cas. Maintenant, venons-en à la raison de votre convocation.
L'atmosphère joyeuse et détendue change brusquement pour devenir beaucoup plus formelle et sérieuse.
– Je ne sais pas si vous le savez mais une enquête sur la raison de votre état a été lancé dès le lendemain de votre arrivé à Saint-Mangouste.
– Mon père m'en a parlé oui, mais je n'ai pas plus d'informations que cela.
– Ils se trouvent que les aurors envoyés à Poudlard ont réussi à trouver la source de votre empoisonnement et l'ont immédiatement retirée.
– Ils l'ont retirée...cela veut-il dire que c'était quelque chose que je manipulais au quotidien ?
– A vrai dire je n'en sais rien, ils n'ont pas voulu me le dire. Me répond la directrice d'un air pincé, clairement vexée par l'attitude des aurors. Par contre ils m'ont demandé s'ils pouvaient vous interroger.
– M'interroger ? Pourquoi cela ?
– Ils leurs manquent apparemment des détails qui pourraient s'avérer importants pour leur enquête, aussi ai-je accepté sous réserve que cela se passe en ma présence ainsi que celle de votre père, que cela se déroule à Poudlard et qu'évidemment vous soyez d'accord.
Je me mets à réfléchir à toute vitesse, je n'ai bien sûr pas spécialement envie de me faire interroger d'autant plus que les Malefoy et les aurors n'ont jamais fait bon ménage ensemble, mais d'un autre côté mon père et la directrice seront là et sans vouloir me vanter je pense qu'elle m'apprécie suffisamment pour me soutenir, ainsi que mon père si l'interrogatoire venait à prendre une direction qui ne me plairait pas.
– Très bien j'accepte, mais ne compter pas sur moi pour prendre des gants si l'auror en face de moi ne me témoigne pas la moindre politesse.
– Je n'en attendais pas moins de vous mademoiselle Malefoy. M'encourage McGonagall toujours en souriant. Et ne vous inquiétez pas, si l'auror se comporte mal, c'est moi qui le mettrais à la porte à grand renforts de coups de pieds au derrière.
Un léger rire m'échappe suite à sa dernière phrase, je crois bien que c'est la première fois que j'entends la directrice parler aussi familièrement. Elle sort ensuite sa baguette de sa manche et lance le sort du patronus. Un magnifique chat argenté sort de sa baguette et s'envole gracieusement par la fenêtre.
– Nous avons convenu avec le responsable de l'enquête que je lui enverrais mon patronus si vous acceptiez l'entrevue, je vous demande donc de patienter un instant, il ne devrait pas tarder à arriver.
La directrice se racle ensuite la gorge et reprend sur le ton de la conversation.
– Voulez-vous m'accompagner pour une tasse de thé en attendant mademoiselle Malefoy ?
– Oui, je vous remercie madame.
La directrice a à peine fini de remplir nos tasses qu'une gerbe de flamme verte sort de sa cheminée et j'ai la grande surprise de voir Harry Potter en compagnie de mon père en train de se disputer avec lui.
– Tout ce que je dis Potter c'est que ce cancrelat n'avait pas à parler de ma fille comme ça.
– Et moi je ne comprends pas en quoi le fait de dire que ta fille est très belle est un manque de respect.
– Personne et surtout pas un auror en couche-culotte n'a le droit de dire ça en regardant une photo de ma fille qu'il a piqué lors de l'enquête sur son empoisonnement.
La directrice se racle la gorge pour que mon père et Harry Potter sortent de la cheminée et cesse de se disputer mais elle n'aurait rien fait que cela aurait eu le même effet. Tous les deux sont bien trop pris dans leur querelle pour faire attention à quoi que ce soit d'autre.
– C'est bien pour ça que j'ai fait en sorte que tu ne sois pas poursuivi pour ce que tu as fait, mais franchement Malefoy, qu'est ce qui t'a pris de lancer un sort de magie noire sur cette recrue en plein dans le département des aurors ? Qu'est-ce-que tu vas faire s'il ne se débarrasse pas de tous ces furoncles hein ?
– Contrairement à ce que tu crois je ne suis pas assez idiot pour lancer un sort irréversible à la vue de tous. Ce gringalet en a juste pour trois mois.
– Il voit à peine à cause de la taille des furoncles sur son visage, je ne vais pas pouvoir l'envoyer en mission sur le terrain avant des semaines et c'est ta faute.
– Excusez-moi messieurs mais je vous prierais de régler vos comptes en dehors de cette salle. Tente à nouveau la directrice d'une voix sévère où s'entend un fort agacement face à une telle attitude de la part de deux supposés adultes.
– Tu viens de me donner une raison supplémentaire de me réjouir d'avoir lancé ce sortilège Potter. Ne compte surtout pas sur moi pour plaindre un tel blanc-bec incompétent, à se demander s'il n'a pas de la famille haut-placée qui lui a permis de réussir sa formation d'auror.
– Ne m'insulte pas Malefoy, c'est moi qui me charge de valider la formation de chaque recrue et je peux t'assurer que je ne fais jamais de favoritisme.
– Alors tu as dû fumer la moquette le jour de l'admission de ce type, je ne vois pas d'autres explications.
Dans d'autres circonstances, la dispute de mon père avec Harry Potter m'aurait fait rire mais là tout de suite, je m'inquiète pour eux vu le visage de plus en plus rouge de la directrice. Alors que je m'apprêtais à ouvrir la bouche pour tenter de les raisonner, McGonagall pointe sa baguette sur eux.
– Bloclang.
Le sort lancé par la directrice calme immédiatement l'ardeur des hommes qui n'ont toujours pas quittés l'âtre de la cheminée.
– Messieurs, je vous prie de cesser immédiatement vos enfantillages vous êtes ridicule.
Honteux mon père et monsieur Potter détourne le regard.
– Si vous avez finit de vous comporter comme des enfants, peut-être pourrirez-vous sortir de cette cheminée et démarrer l'entrevue.
Aussitôt, mon père se détourne de son compagnon de voyage et dès qu'il m'aperçoit se précipite dans ma direction. Comme sa langue est toujours collé à son palet il se contente de m'observer sous toutes les coutures et de me palper partout.
Derrière lui je vois Harry Potter se retenir de rire de voir mon père ainsi. C'est vrai que normalement il dégage une aura intimidante, presque glacée, alors le voir à genoux, la langue collée au palet peut être comique d'un certain point de vue, mais pas du mien.
– Excusez-moi monsieur Potter, mais il me semble que si l'un de vos enfants avait été empoisonné, vous auriez réagis de la même manière sinon pire.
Ma répartie lui coupe le sifflet et un sourire fier se dessine sur le visage de mon père, avant qu'il ne se tourne et envoie une œillade condescendante à celui qu'on surnomme encore aujourd'hui, l'élu ou le survivant.
Un raclement de gorge désamorce aussitôt la dispute silencieuse qui allait débuter et nous nous tournons tous les trois vers la directrice qui gratifie les deux adultes d'une expression froide et d'un visage sévère.
– Vous recommencez encore, c'est affligeant. Votre rivalité n'a plus lieu d'être messieurs, alors je vous prie de cesser immédiatement.
Le ton dur de la directrice fait déglutir les deux hommes de la pièce.
– Je sais parfaitement que vous ne vous appréciez pas, mais je vous ferais remarquer que nous sommes tous ici avec un seul objectif, celui de découvrir qui a empoisonné mademoiselle Malefoy. Aussi laissez-moi vous dire une chose à tous les deux.
Je jette un œil en direction de mon père et d'Harry Potter, leurs expressions similaires me font penser à celle de Scorpius le jour où maman a découvert qu'il chipait des bonbons dans la réserve pour les manger ensuite en cachette dans son lit.
– Monsieur Malefoy, je sais que vous ne montrez pas beaucoup vos sentiments mais lors des rares fois où je vous ai croisé, vous me sembliez plus concerné par vos enfants que durant la dernière demi-heure.
Outche, la directrice sait taper où ça fait mal. S'il y a bien une chose sur laquelle il ne faut pas énerver mon père c'est sur l'amour qu'il porte à sa famille. Je risque un œil en sa direction et constate que son masque de froideur s'est remis en place, mais pour quelqu'un qui le connaît bien comme moi je vois bien qu'il est furieux.
D'un geste discret, je pose ma main sur la sienne et la presse doucement pour lui témoigner mon soutient.
– Quant à vous monsieur Potter, en tant qu'auror en chef je m'attendais à plus de professionnalisme de votre part, mais si un empoisonnement envers une jeune fille innocente perpétué au sein de Poudlard n'est pas un crime suffisamment digne de vous, la porte est dans cette direction. Termine la directrice en pointant la sortie d'un geste sec.
Un serrement de mâchoire est tout ce qui indique que le chef des aurors a reçu et compris ce que McGonagall veut dire.
Quelques secondes passent et voyant que personne ne bouge, la directrice reprend la parole.
– Bien, maintenant que tout est clair messieurs, nous allons peut-être pouvoir enfin commencer.
Un coup de baguette plus tard et les deux hommes peuvent à nouveau parler normalement. Ils décident ensuite tous les deux de s'asseoir, à ma droite pour mon père, en face de moi pour Harry Potter. Ce dernier sort ensuite une liasse de papier de la mallette qu'il avait apporté avec lui et redresse ses lunettes sur son nez avant de planter son regard dans le mien.
Ses yeux verts me transpercent et j'ai l'impression qu'il peut lire en moi comme dans un livre ouvert. Il donne une impression complètement différente quand il est en mode travail. Vu sa dispute puérile avec mon père ma première impression de lui en tant que chef des aurors était plutôt négative, mais ce n'est qu'à cet instant précis que je me rends compte de toute la dignité et la prestance de cet homme.
Il a beau être en simple uniforme d'auror, il dégage un charme magnétique qui pousse au respect immédiat. Il donne envie de le suivre jusqu'au bout du monde. Je comprends mieux maintenant le leadership naturel de James et la prestance qui se dégage d'Albus depuis l'année dernière. Lily est encore un peu jeune mais il se dégage d'elle quelque chose de magnétique qui donne envie de lui faire plaisir.
Le fait que les trois enfants Potter ne puissent renier leur père me vient soudain à l'esprit. Outre ce que je viens d'énoncer, chacun a au moins un trait physique paternel. James les cheveux noirs perpétuellement en bataille et les deux plus jeunes les yeux verts qui sont parfaitement identiques à ceux du survivant comme je peux le constater.
Je jette un coup d'œil en direction de mon père. S'il n'a pas la prestance d'Harry Potter quand il revêt sa casquette d'auror, on ne peut ignorer sa grâce aristocratique dès qu'il entre dans une pièce. Un regard perçant de sa part et on se sent mit à nu.
En public mon père à une aura de charme glaciale qui ne fait que se renforcée lorsqu'il ouvre la bouche. Le ton de ses phrases, la justesse de ses mots et ses grandes connaissances donnent envie de l'écouter parler encore et encore, mais seul de rares privilégiés peuvent accéder à cette partie de la personnalité de mon père. Ce dernier est très secret et ne se dévoile pour ainsi dire pratiquement jamais, ce qui fait son charme selon la gent féminine de la sphère aristocratique.
Enfin ça et son physique si particulier dont mon frère et moi avons hérité. Des yeux bleu-gris en fonction de notre humeur, des cheveux blonds soyeux, presque blanc sous la lumière du soleil et des traits fins, caractéristiques de la famille Malfoy. En fait je crois que la seule chose qui nous vient de notre mère physiquement est la pointe de douceur dans notre visage qui vient atténuer la rigidité de nos traits.
– Tout va bien Éridanie ?
La question de mon père me sort brutalement de mes pensées.
– Oui excusez-moi père.
Un sourire indulgent est sa réponse et je me tourne vers Harry Potter qui semble avoir fini de sortir tous ses papiers. L'entretien peut donc commencer.
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Ouh les choses sérieuses commencent. Mais en bonne sadique que je suis, je vous laisse mariner jusqu'à la semaine prochaine pour savoir la suite. A votre avis les deux ennemis de toujours réussiront-ils à ne pas s'entretuer ? Aurons-nous un indice sur la personne qui essaye de tuer Éridanie ? N'hésitez pas à me faire part de vos réponses et passer une bonne semaine.
