AVERTISSEMENT : Ce chapitre fait la description de crise d'angoisse + émétophobie
CHAPITRE 31 :
Elle devait toujours avoir de la glace à la fraise dans le congélateur et une bouteille de vin chez elle. Mais quand Hermione sorti de la cheminé, toute idée de noyer son chagrin dans l'alcool et un dessert fut sommairement anéantie.
Si elle n'avait pas vécu une crise émotionnelle toute la soirée, l'image qui l'accueillit dans sa cuisine l'aurait faite rire jusqu'à se briser une côte. Draco et Pattenrond occupaient tous deux une chaise autour de la table de sa cuisine, un tas de parchemin au milieu, ayant l'air de deux hommes en pleine conversation extrêmement sérieuse et sophistiquée au sujet de l'économie mondiale.
« – Mais ce que votre argument ne prend pas en compte, mon cher monsieur, c'est l'impact que cette législation aurait sur les relations d'exportation avec la Chine.
– Non, non, voyez-vous, vous devez comprendre que ça donnerait un coup de pouce au marché intérieur. C'est plutôt simple, vraiment. »
Deux paires d'yeux se tournèrent vers Hermione alors qu'elle passait le seuil, la sortant de sa rêverie absurde.
Draco se leva avec incertitude.
– Salut, dit-il doucement.
– Salut, répondit-elle faiblement en prenant immédiatement conscience de son apparence débraillée.
Ses cheveux étaient un vrai nid d'oiseau, ses vêtements étaient froissés d'avoir cheminetté et elle ne voulait pas savoir à quoi ressemblaient ses yeux à peine secs. Et pourtant Draco se tenait là, avec son costume bleu marine impeccable, aucune mèche de cheveux ne dépassant, ce qui frustrait Hermione en tout point. Pas qu'elle s'en plaigne habituellement, mais la beauté à toute épreuve de cet homme était injuste quand elle-même avait l'air d'un Fléreur qui se serait à moitié noyé.
– Comment était le dîner avec ta mère ?
C'était sorti plus amèrement qu'elle ne l'aurait voulu, mais Draco haussa simplement les épaules.
– Je n'en sais rien, je suis parti juste après toi.
La mâchoire d'Hermione se décrocha.
– Tu étais là pendant tout ce temps ?
Draco haussa les épaules de nouveau.
– Je crois que je t'ai loupé d'à peine deux minutes.
– Mais ça veut dire que tu... tu es là depuis des heures ! S'exclama-t-elle en jetant un coup d'oeil à l'horloge.
Draco ne répondit pas, la fixant simplement de son regard gris pénétrant. L'émotion pure de ses yeux la submergea et elle se retourna.
– Tu veux du thé ? Je crois que j'en aurais bien besoin.
Elle passa à côté de lui pour s'affairer avec la théière sur la gazinière, faisant tout ce qu'elle pouvait pour se distraire et éviter d'avoir à le regarder.
– Non, merci. Peut-être qu'on pourrait s'asseoir et discuter ?
Son comportement trop poli, trop calme, perturba à la fois les idées préconçues d'Hermione mais aussi toute envie de se concentrer sur le rituel mondain de préparer le thé. Pourquoi n'était-il pas fâché contre elle ? Pourquoi n'était-il pas en train de crier et de lui demander où est-ce qu'elle était passée ? Elle avait l'air d'une épave et pourtant il avait l'audace d'être parfaitement présentable.
Hermione agita sa baguette pour réchauffer la théière.
– Bien, dit-elle laconiquement en passant à côté de lui pour se diriger vers le canapé et s'asseoir avec raideur.
Elle savait que c'était injuste, mais le manque de réponse émotionnelle de Draco commençait à l'agacer. Ça aurait dû être lui qui sortait de ses gonds, pas elle.
Un Draco exaspérant et inhabituellement calme s'installa dans le fauteuil qui lui faisait face. Plus moyen d'échapper à son regard passionné à présent, tourner la tête aurait été admettre sa défaite.
– Est-ce que tu m'as vraiment suivit ? Demanda-t-elle, incrédule.
– Oui.
– Et qu'a dit ta mère au sujet de ma présence chez toi ?
– Rien d'important, déclara Draco en se penchant en avant pour poser ses coudes sur ses genoux. Ma priorité ce soir, c'était toi.
Hermione senti des larmes lui piquer les yeux et réorienta sa colère contre elle-même, se trouvant si mal préparée à faire face à cette douce sincérité qu'elle perdit de nouveau complètement le contrôle de ses canaux lacrymaux. Il l'avait faite passer en premier ce soir et elle, qu'avait-elle fait ? Elle avait fuit comme une enfant, s'était caché de ses problèmes. Dès la première difficulté, elle s'était enfuie alors que Draco était resté en retrait, attendant qu'elle se remette de sa crise immature. Comment était-ce arrivé ? Depuis quand se laissait-elle devenir aussi faible ?
– Je suppose que tu es allée chez les Potter ? Demanda-t-il doucement.
– Oui. J'avais besoin... J'avais juste besoin de parler à Harry et Ginny mais ensuite... Mais ensuite Ron est arrivé.
Le regard de Draco se durcit immédiatement.
– Je vois, dit-il d'un ton sec. As-tu passé une charmante soirée avec tous tes vieux amis ?
Enfin, il avait laissé échapper un semblant d'émotion. Elle n'avait pas loupé la rancoeur amer dans sa question à l'idée qu'Hermione avait courut vers Ron en cas de problème. Surtout un problème au sujet de leur couple spécifiquement.
– C'était horrible, en fait, aboya Hermione. Et je suis certaine que tu seras ravi d'apprendre que Ron a totalement pété les plombs quand je lui ai dit que nous étions ensemble !
Pourquoi diable voulait-elle à tout prix l'énerver ? Sa remarque sur Ron atteignit sa cible et elle vit la mâchoire de Draco se contracter.
– Au contraire, siffla-t-il, je suis assez inquiet de l'état dans lequel tu es arrivée. Est-ce qu'il t'a fait du mal ? Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
Une partie d'Hermione se réchauffa face au caractère possessif de sa question mais elle en avait assez que tous les hommes dans sa vie ravivent d'anciennes querelles ce soir. Elle se leva soudainement et croisa les bras sur sa poitrine.
– Il était furieux que je lui ai caché notre relation, et oui, il a eu quelques paroles peu aimables mais il essayait simplement de me protéger !
Hermione n'avait pas voulu excuser le comportement cruel de Ron, se surprenant même elle-même par la façon dont elle essaya de justifier ses intentions. Elle n'avait aucune idée de pourquoi elle défendait le comportement misérable de Ron auprès de Draco, mais tous ses craintes et douteux insidieux de tomber amoureuse de l'homme face à elle n'avaient pas l'air de vouloir disparaître. Avais-je tors à ton sujet ? Est-ce que je cherchais quelqu'un qui n'existait finalement pas ?
– Oh oui, je suis certain que Weasmoche était ravi de te rappeler tous mes péchés passés. Laisses-moi deviner, il est convaincu que je suis incapable de changer ? Pense toujours que j'existe pour pourchasser ceux qui ne sont pas de Sang-Pur ?
– Est-ce si mal de sa part ? Est-ce que tu lui as déjà donné une bonne raison de ne pas penser ça ?
Elle souhaita immédiatement que sa réponse insensible n'ai jamais quitté sa bouche. Draco paru piqué pendant un instant mais essaya rapidement de cacher qu'il était blessé. Il ferma les yeux, prit une profonde inspiration et passa une main dans ses cheveux. Dans l''affreux silence qui suivit sa méchanceté, Hermione se demanda si elle devait refermer la distance entre eux et le réconforter, mais ses membres semblaient ne pas vouloir bouger, la paralysant de honte et attendant les répercussions inévitables.
Draco bougea en premier, se mettant lentement sur ses pieds il baissa les yeux vers elle avec l'air peiné. Après quelques instants de silence il sorti sa baguette.
– Accio parchemin, dit-il à voix basse et Hermione ne manqua pas de voir que ses mains tremblaient légèrement.
La pile nette de parchemin qui se trouvaient sur la table de sa cuisine se dirigèrent vers ses paumes tremblantes. Le visage pâle de Draco était à la fois nerveux mais déterminé quand il lui tendit.
– Qu'est-ce que s'est ?
– Une raison.
Hermione déplia le paquet et lu la première ligne avec les sourcils froncés. Elle lu les mots écrits en noir et gras sur le haut de la première page une première fois, puis une deuxième et une troisième fois, son esprit habituellement vif ne parvenant pas à comprendre ce qu'elle lisait. Ses yeux scannèrent le reste de la première page de ce qui avait l'air d'être le contrat d'une fondation à l'origine de quelque chose d'extraordinaire et intitulé : Fondation Hermione J. Granger pour les Elèves de Parents Non-Magique.
Hermione leva les yeux vers Draco, troublée.
– Je ne comprends pas... Qu'est-ce que c'est que tout ça ? Pourquoi est-ce que cette fondation porte mon nom ? Je n'en ai jamais entendu parler !
Comme il ne répondait pas, elle feuilleta les pages, stupéfaite de découvrir qu'elles contenaient son plus grand rêve : un programme pour les futurs élèves de Poudlard. En fait, la plupart des termes et des idées avaient été pris mots pour mots de son carnet. Et en plus, elle remarqua en lisant au fur et à mesure, que quelques principes supplémentaires avaient été ajouté (s'assurer d'avoir de véritables créatures magiques à présenter aux enfants ? Brillant!) pour élargir la portée de son rêve initial.
Elle tenait un contrat, réalisa-t-elle finalement, quand elle atteignit le bas de la dernière page où se trouvaient deux espaces vierges pour deux signatures.
– Qu'est-ce que ça veut dire ? Souffla-t-elle, n'osant pas dire à voix haute son fantasme initial.
Draco attrapa une lettre dans la poche intérieure de son costume.
– Ça pourra aider à dissiper toute confusion, déclara-t-il, toujours nerveux.
Hermione déplia la lettre et lu :
Cher M. Malfoy,
C'est avec un plaisir sincère que je vous joins le contrat approuvé par le Ministère pour la Fondation Hermione J. Granger pour les Elèves de Parents Non-Magique. Vous pouvez garder cette copie pour vos archives. Une fois que vous et Mlle. Granger auraient signé, la copie en ma possession reflètera vos signatures et les fonds seront prélevés de vos coffres.
De la part des Professeurs, des Représentants et des futurs élèves de Poudlard, merci pour votre générosité. Plus personnellement, j'ai apprécié collaboré avec vous sur cette nouvelle aventure et j'espère sincèrement que Mlle. Granger appréciera tous vos efforts pour sa cause.
Je vous contacterai au sujet des préparatifs pour le gala inaugural.
Amicalement,
Minerva McGonagall
Directrice de Poudlard, Ecole de Sorcellerie
P.S : Quand vous verrez Mlle. Granger, transmettez lui mes salutations, en espérant qu'elle me pardonne d'avoir gardé tout cela secret.
Au moment où elle atteignait la fin de la lettre, Hermione avait de nouveau cédé aux larmes.
– Pourquoi... Pourquoi est-ce qu'il faut que je signe ? Demanda-t-elle faiblement.
Draco tapota l'une des lignes d'un doigt long et pâle.
– Parce que tu es la Directrice Exécutive et que rien ne se passe sans ton accord.
– Et, dit-elle en avalant le nœud dans sa gorge, l'autre c'est pour toi ?
Il lui prit délicatement le parchemin des mains.
– Je peux ?
Elle hocha silencieusement la tête et l'observa avec émerveillement brandir le stylo plume qu'elle lui avait offert à Noël et signer avec aisance son nom complet sous la ligne. Les lettres à l'encre noire inscrivant Draco Lucius Malfoy étincelèrent en doré à la seconde où il eu terminé puis réapparurent en noir de nouveau, indiquant cette fois Bienfaiteur Anonyme.
– Tu n'as pas à signer ce soir si tu veux y jeter un coup d'oeil plus attentivement, lui dit-il doucement. J'ai passé un accord avec McGonagall pour ne pas te le montrer jusqu'à ce que nous soyons sur que les Représentants de l'école et le Ministère soient partants. Si tu as des questions, je suis sûr que McGonagall sera plus qu'heureuse de –
Hermione arracha soudainement le stylo et le parchemin de ses mains. Plaquant le papier sur la table basse, elle griffonna précipitamment sa signature et posa ensuite le stylo triomphalement.
Draco l'observa, bouche bée, sous le choc.
– Mais... Tu ne veux pas passer en revu chaque ligne ? T'assurer d'être d'accord avec chaque point ?
– Pas besoin, souffla-t-elle. Je te fais confiance.
Elle fit un pas vers lui et l'embrassa furieusement. Alors que ses mains se frayaient un chemin vers ses épaules tendues, elle senti la tension se dissiper alors que son corps s'affaissait et qu'il se détendait sous ses baisers. Elle se recula à contre cœur mais le besoin de poser toutes ses questions devint trop grand pour être ignoré.
– C'était de ça dont il s'agissait ce soir, n'est-ce pas ? Tu – tu avais prévu de me le dire pendant le dîner ?
– Oui, confirma-t-il. Mais ensuite ma mère à malheureusement fait irruption juste avant que tu n'arrives et je n'ai pas eu le temps de lui expliquer quoi que ce soit avant de t'intercepter. Le timing n'était vraiment pas de mon côté ce soir.
Tout fit soudainement sens à Hermione et elle se senti de nouveau désespérément honteuse pour la façon dont elle s'était conduite. Elle avait gâché la magnifique soirée qu'il avait prévu et, au premier soupçon de conflit, elle avait fuit. Et le pire, au lieu de rejeter la faute sur elle, il l'avait suivi et avait attendu ici toute la nuit qu'elle reprenne ses esprit. Les mots sincères d'Harry résonnèrent dans son esprit : je crois qu'il n'a pas beaucoup de gens dans sa vie sur qui il peut compter.
Pendant qu'Hermione avait fuit en remettant en question la validité des quelques mois précédents, Draco était resté inébranlable dans sa confiance en leur relation – prêt à se battre pour elle, pour eux. Et comment l'avait-elle remercié ? Elle avait piétiné sa confiance, connaissant ses faiblesses, sachant qu'il ne baissait sa garde avec personne, elle l'avait quitté et pensé le pire de lui alors qu'il ne lui avait donné aucune raison de le faire.
Hermione senti ses yeux se remplir de larmes de nouveau et maudit sa propension à pleurer ce soir. Par Merlin, n'avait-elle pas déjà épuisé toute l'eau de son corps ?
– Depuis... depuis combien de temps est-ce que tu travailles sur cette fondation ?
Une légère touche de rose apparut sur les pommettes pâles de Draco.
– Euh... Je suis allé voir McGonagall pour la première fois pour lui présenter l'idée... ton idée, je veux dire... en octobre dernier.
– Octobre, répéta-t-elle faiblement.
Octobre. Avant qu'ils ne sortent ensemble, avant qu'ils ne se considèrent comme amis, avant qu'il n'ai le courage de lui demander pardon, Draco avait déjà commencé à travailler en silence pour renverser les attentes de la société à son sujet.
Il avait changé juste sous ses yeux et elle lui avait à peine accordé du crédit. Tous ces matins au café, quand elle se plaignait de l'épouvantable manque d'éducation des familles moldues avec des enfants sorciers, il ne s'était pas contenté de l'écouter à moitié ou de balancer des commentaires pour faire semblant d'être concentré. Il avait suffisamment été ému par sa passion pour créer une œuvre de charité avec ses idées.
– Draco, renifla-t-elle. C'est la chose la plus attentionné que l'on ai fait pour moi. Je – je suis tellement désolée d'être partie, s'il te plaît, pardonne moi. Je t'en prie, je suis tellement désolée.
Draco ne répondit pas, ayant l'air blessé en voyant d'avantage de larmes sur ses joues. Faisant un pas en arrière, Hermione essuya ses yeux gonflés et larmoyants.
– Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu as fait tout ça ?
– Parce que je... je...
Il semblait ne pas savoir comment répondre, ses yeux papillonnant dans la pièce.
– Parce que je savais à quel point tu voulais que quelque chose comme ça existe, mais tu avais à peine le temps ou les ressources pour le mener à bien.
Une bonne réponse, et très douce – surtout pour Draco – mais Hermione détecta une légère altération de la réalité. Elle savait ce qu'il se retenait de dire, ce qu'il avait presque dit. Je t'aime aussi.
Le laissant s'en tirer pour l'instant, Hermione enroula ses bras autour de lui et posa sa tête contre son torse.
– Je suis désolée d'avoir ruiné cette soirée, murmura-t-elle.
Des doigts forts et agiles caressèrent sa mâchoire et levèrent son visage. Le soulagement qui émanait de ses yeux ne fit qu'accroître sa culpabilité d'avoir été si cruelle et d'avoir douté de lui.
– Tu avais une crise d'angoisse, c'est totalement compréhensible.
Hermione secoua fermement la tête.
– Non, Draco, non. Je te dois des excuses –
– Non, s'il te plaît, ne t'excuse pas, tu ne me dois rien –
– Si! Le coupa Hermione sévèrement. Je suis désolée d'être partie. Ce n'était pas juste envers toi. Si je suis triste ou en colère contre toi dans le future, je te promets de ne plus partir. Je suis désolée.
L'inconfort se répandit sur ses traits, malgré tous ses efforts pour maintenir un air insensible.
– Tout va bien Granger, si j'avais su que ma mère était un élément déclencheur, j'aurais –
– Non, Draco, si cette relation doit fonctionner il faut que tu apprennes à accepter mes excuses quand je t'ai fait du tors. Et que l'on soit clair, dit-elle en se mettant sur la pointe des pieds pour l'embrasser doucement, je veux que ça fonctionne.
Ses yeux vagabondèrent sur son visage, absorbant ses traits comme pour la graver dans sa mémoire. Draco observait son visage souriant avec une combinaison contradictoire de faim et de satiété ; le regard d'un homme qui avait sincèrement cru la perdre et qui, même si elle se tenait à présent devant lui après lui avoir rappelé son engagement, ne pouvait toujours pas totalement accepter avoir mérité un bonheur stable et constant.
– J'accepte tes excuses, répondit-il d'un ton bourru.
Il avait évidemment besoin d'être rassuré d'avantage mais Hermione senti qu'il n'exprimerait pas ses insécurités ou ses besoins pour l'instant.
– Je ne te le dis pas assez, n'est-ce pas ? Demanda-t-elle, imitant sa question de l'autre nuit.
– Me dire quoi ?
– Que tu es un homme bien, Draco.
Un cri déchira le silence de la chambre. Hermione se redressa d'un bon, sa baguette déjà en main, prête à la fois à se défendre ou à attaquer. Clignant des yeux pour repousser les vestiges du sommeil, elle jeta un coup d'oeil rapide dans la pièce avant de baisser les yeux à côté d'elle vers Draco. Le hurlement terrifiant venait de lui et il laissa échapper un autre cri d'agonie, ses membres longs se contorsionnant et s'emmêlant dans les draps. Son visage était plus pâle qu'à l'accoutumée et tordu de douleur alors que ses mains étaient serrées en des poings si forts qu'Hermione ne craignait qu'il n'ai les paumes en sang à cause de ses ongles plantés dans sa peau.
– NON ! NON ! S'IL VOUS PLAÎT !
Hermione passa à l'action, jetant sa baguette sur le côté et posant ses mains fermement sur son visage trempé de sueur.
– Draco ! Réveilles toi ! Ce n'est qu'un rêve, réveilles toi !
Son corps trembla par intermittence pendant un moment avant que ses yeux ne s'ouvrent soudainement. Son regard se bloqua sur elle, paniqué et effrayé.
– Gra – Granger ? Bredouilla-t-il comme s'il ne comprenait pas qu'elle soit réellement devant lui et pas le fruit de son imagination.
– Je suis là, tout va bien, tu es en sécurité, ce n'était qu'un rêve, murmura-t-elle calmement en passant ses doigts dans ses cheveux.
Mais les yeux de Draco observaient la pièce avec frénésie, sa poitrine haletant alors qu'il respirait trop vite et trop fort. Son corps toujours tremblant, il s'assit brusquement et manqua de se cogner la tête contre celle d'Hermione. Elle se recula juste à temps alors qu'il passait ses longues jambes sur le bord du lit et vomissait brusquement sur le sol.
Hermione fit immédiatement disparaître les saletés et invoqua un sceau. Elle avait malheureusement vécu tellement de nuit similaire (à la fois comme victime et comme gardienne) pendant sa relation avec Ron que c'était comme une seconde nature.
Les épaules de Draco se secouèrent alors qu'il avait des hauts le cœur à nouveau et Hermione fit apparaître un gant qu'elle mouilla avec sa baguette. Le clair de lune filtrant à travers la fenêtre reflétait la peau luisante de son dos, et Hermione lutta contre son propre cœur brisé en voyant Draco en proie à ses propres cauchemars. Elle posa le linge sur sa nuque et, bien qu'il essaya de la repousser au début, un nouvel élan de nausée le traversa et il s'abandonna à son réconfort.
Elle caressa son dos de manière apaisante et repoussa ses cheveux de son front couvert de sueur pendant que son corps convulsait et qu'il continuait de vider le contenu de son estomac dans le réceptacle. Ses phalanges devinrent blanches, agrippées au rebord, et Hermione se demanda s'il casserait sous sa poigne. Elle alterna entre nettoyer le fruit de ses nausées et presser gentiment le gant contre son visage.
Finalement, son corps s'épuisa et Hermione arracha le sceau de sa prise et fit disparaître le tout. Elle fourra un verre d'eau entre ses mains à la place et continua de murmurer des mots réconfortants contre son oreille. Trop fatigué et embarrassé pour l'instant, il abandonna ses précédentes tentatives pour la repousser et s'écroula dans ses bras. Hermione se décala vers le bord du lit alors que le poids de Draco s'affaissait contre elle. Il ne parvint à boire que quelques gorgées d'eau, son corps toujours prit de convulsions. Hermione le serra plus fort en répétant encore et encore « je suis là Draco, tu es en sécurité ».
Quand elle senti quelque chose de chaud et humide couler sur son épaule, elle bougea pour attraper le tissus mais un rapide coup d'oeil à son visage révéla des larmes à la place. De ce qu'elle voyait du visage de Draco, ses yeux étaient fermés et sa mâchoire serrées, mais il ne pouvait plus retenir ses larmes.
– Dis moi, s'il te plaît. Je t'en prie Draco, qu'est-ce qu'il y a ?
Il prit une inspiration tremblante, au bord de l'hystérie. Hermione posa une main sur son torse et compta pour lui.
– C'était Bellatrix, railla-t-il finalement. Elle te tenait... Elle te tenait sous sa baguette et tu étais... tu étais...
Il s'interrompit avec un hoquet et se recula pour enfouir son visage dans ses mains. Son corps se balançait d'avant en arrière alors qu'il pleurait.
– Je ne te – te s – sauvais pas... Je ne te sauvais pas... Je ne te sauve jamais !
Draco craqua complètement et Hermione le serra contre elle avant qu'il ne puisse s'éloigner. Elle ne rencontra aucune résistance de sa part alors qu'il s'agrippait à elle, ses mains tremblantes cherchant à s'y accrocher, cherchant n'importe quelle partie de son corps qu'il pouvait atteindre. Elle guida sa tête contre son épaule pendant que son corps étaient pris de soubresauts et qu'Hermione se retenait de ne pas craquer non plus. Tout ce qu'elle pouvait faire pour Draco pour l'instant, c'était le laisser trouver le réconfort et la sécurité dans ses caresses. Ses bras s'enroulèrent autour d'elle fermement alors qu'il perdait le contrôle de ses émotions, pleurant en étouffant des excuses contre sa peau.
– Je suis désolé, je suis désolé, je suis désolé, je suis tellement désolé putain...
Pas pour la première fois, Hermione maudit le triste sort de sa génération. Une pensée traversa alors son esprit: combien de ses camarades sorciers et sorcières souffraient de la sorte ? Combien d'entre eux avaient l'aide dont ils avaient besoin ?
Hermione ne pouvait aider que le sorcier qui se trouvait dans ses bras et espérait suffire à combattre les ténèbres qui menaçaient de les engloutir tous les deux. Elle n'interrogea pas Draco davantage au sujet de son cauchemar – qui lui était familier après tout – et le laissa pleurer jusqu'à ce que ses larmes se tarissent. Elle continua de passer ses doigts dans ses cheveux délicatement pendant ce temps, ne cassant jamais son rythme pendant qu'il gémissait d'agonie.
Quelques instants plus tard, Draco se détendit sous ses bons soins et sa respiration fut plus régulière. Reniflant légèrement,, il se recula et essuya son visage avec la paume de ses mains.
– Je ne peux pas faire ça Granger, dit-il d'une voix rauque.
Hermione senti soudain une peur glaciale la parcourir, craignant le pire. Que voulait-il dire ? Parlait-il d'eux ? De leur relation ?
Draco secoua la tête qu'il tenait entre ses mains.
– Je ne peux pas faire ça... Je ne peux pas rester là. J'ai besoin de – j'ai besoin...
Il leva des yeux flamboyants vers Hermione ensuite.
– J'ai besoin de partir d'ici pendant un petit moment. On peut faire ça ?
Elle rencontra son regard intense avec indécision.
– Qu'est-ce que tu veux dire ? Aller où ?
Il prit soudainement ses deux mains dans les siennes.
– Je t'en prie Granger, supplia-t-il. Partons loins pendant un temps, une semaine max. Juste nous deux... Loin de l'Angleterre pour que je puisse enfin respirer putain.
– Tu veux que l'on parte en vacance ensemble ?
– Oui.
– Quand ?
– Maintenant.
Hermione retira ses mains des siennes.
– Quoi ? On ne peut pas simplement partir ! Et nos boulots ? Ou – ?
– Très bien, la semaine prochaine alors !
Elle se redressa et l'observa un moment.
– Tu es sérieux ? Comment est-ce que tu penses que l'on peut juste choisir et aller Merlin seul sait où et – ?
– Je t'emmènerai à Paris. Merde Granger je t'emmènerai sur la putain de lune... je t'en prie. Si je ne pars pas de cette maudite île minuscule où tout le monde, de ma mère au putain de Weasley, pense avoir le droit de commenter ma vie personnelle, alors je vais devenir cinglé.
Il l'observa avec tant de désespoir, les yeux vitreux et rouges, qu'Hermione se senti incapable de refuser. Elle ne pouvait pas se souvenir de la dernière fois où elle demandé à s'absenter du travail et, sincèrement, des vacances sonnaient plutôt bien. Pas de Ron en colère à gérer, pas de mère de Sang-Pur pour critiquer, juste Draco et elle.
– D'accord, on peut partir en voyage, acquiesça-t-elle. On en parlera demain matin. Rendors toi.
Le visage de Draco s'éclaira à son accord et il la laissa l'aider à se recoucher. Son corps tout entier s'affaissa de soulagement et d'épuisement tandis qu'Hermione coinça un oreiller supplémentaire sous sa tête.
– Est-ce que tu veux un Philtre de Paix ?
Il secoua la tête.
– Non, je ne crois pas que mon estomac supportera une potion pour le moment, répondit-il faiblement et Hermione pouvait voir que le sommeil l'appelait déjà.
Elle tapota gentiment son front une dernière fois avec le tissus froid alors que ses yeux se fermaient. Elle repoussa les idées sombres sur la façon dont Draco avait gérer ses terreurs nocturnes par le passé, reconnaissante qu'il se soit montré vulnérable devant elle.
Elle passa une main dans son cuir chevelu et brossa ses cheveux, surprise mais satisfaite qu'il se se laisse aller à ses caresses.
– Mmmh, merci mon amour, murmura-t-il d'un ton endormi et Hermione se figea.
Jamais, pas une seule fois, Draco ne s'était adressé à elle avec un terme affectueux.
Souriant pour elle-même, Hermione s'installa à ses côtés.
Je t'aime aussi.
