Jour 8 (08/05/2024)
- Prompt : Aromantisme
- Contraintes : stylistique : Récit au présent ; Potion : Polynectar ; Lieu : Godric's Hollow ; Personnage : Harry Potter
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Aromantisme
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— "Rose, je t'en supplie, avale ce biberon ! Allez, bébé… Bon. Ok. Tu veux que je te raconte quelque chose. Mouif. Y'a bien que ça qui te calme…
Ta mère t'a raconté pourquoi on fait une garde partagée, tes parents et moi ? Bon. Imagine-toi.
J'ai quinze ans, j'embrasse une fille pour la première fois. Cho. Elle est jolie et il parait que c'est ce qu'il faut faire, donc je le fais. On dirait pas, comme ça, mais j'suis conciliant, moi.
J'ignore la petite voix qui me dit que Cédric aussi est joli à regarder. Entre toi et moi, Rosie, il ne ressort rien de bon de cette histoire.
La vie prend le dessus. C'est le début de la guerre mais on va pas en parler. C'est trop tôt pour toi.
A cette époque, je suis malheureux. Et en colère.
Un peu moins de deux ans plus tard, je me convaincs que j'suis encore amoureux. De tatie Ginny.
Et oui. Et oui, mon bouchon.
J'essaye vraiment d'y croire. Tu sais, tatie Ginny est fantastique. Elle est belle. Drôle. Impétueuse.
J'ai vraiment, vraiment envie d'être amoureux. Et puis c'est important, d'être avec elle. Sauf que c'est un peu ma soeur, en plus d'être celle de ton papa. Tu te doutes que ça marche pas.
Tu es sûre que tu veux pas du bibi ? Bon.
La guerre nous sépare. J'arrive pas à être amoureux. Je ressens la même chose quand je trouve quelqu'un de beau. Fille ou garçon, c'est du pareil au même, ma Rosie. Je me dis que j'suis pas normal. Et que peut-être que j'aimerais mieux un garçon ?
J'aime beaucoup tonton Georgie, donc je me demande si j'dois pas… Et puis, je sais que non. J'ai pas le droit. Pas après tatie Ginny.
J'apprends à connaître Théodore. T'as pas encore vu Théo mais, Théo est un dieu grec, et pédé comme un phoque.
Oh ! Dis rien à maman, Rosie. Si elle sait que j'ai dit ça, elle me fait la peau.
En tout cas, je me dis : Vas-y, Harry, tente le coup !
Evidemment, ça donne rien. Je sors avec lui pendant plusieurs mois. Je le laisse dormir à la maison et en quelques semaines, il aménage à Godric's Hollow. C'est sympa mais pas nécessaire. Je crois pas que tu vois ce que je veux dire ?
On passe du bon temps, mais c'est la pression sociale qui fait que j'ai l'impression de ressentir des trucs. C'est le mimétisme mais, en vrai, si je m'écoute, tout ça disparaît.
Y'a rien. Mais, tu sais, Rosie ? Y'a rien mais y'a pas du vide !
Je déteste pas les rapports intimes. C'est comme… J'aime pas lire ! Mais j'aime bien lire des romances quand même… J'aime aussi les histoires de chevaliers ou de vampires, c'est pas pour autant que j'ai envie de le vivre moi-même. C'est pas pour de vrai et ça me va bien comme ça.
Le biberon ? Toujours pas, ma chouette ? Bon. T'es une vraie tête de mule. Comme ta mère.
Donc. J'aime bien vivre avec Théo, mais j'ai pas de désir. Tu sais pas ce que ça veut dire mais, je fais juste ce qu'il faut faire, quand il faut le faire. On a 22 ans, je comprends qu'on peut pas continuer comme ça. Je le laisse partir. Je peux pas lui faire ça, l'obliger à rester juste parce que c'est confortable de l'avoir à la maison.
Il se passe rien pendant 3 ans. Ta mère s'inquiète en premier. Puis ton père. Puis mamie Molly. Et tous les autres. J'suis pas normal. J'ai l'habitude. Je me pose même plus de questions. Ça me va de pas vivre d'histoire d'amour. Ça me manque pas. Parfois, j'ai envie de... Mince. Comment te dire ça pour pas vous choquer, ta mère et toi ? Parfois, j'ai besoin ou envie de faire marcher la mécanique.
Et c'est pas compliqué, ça, Rosie. C'est facile. Faut juste dire avant que tu veux pas plus. On te dit oui ou non. C'est simple.
Mais oui. Mais oui, c'est simple, ma Rosie. Ça te fait rire ? Oui ? Oui ? Ça te fait rire ? T'es bien comme ton père, tiens !
Tout ça pour te dire que, j'sais pas trop ce que je suis mais j'suis là et j'ai quand même vachement envie d'avoir un enfant. Et là dessus, t'arrive. Ton père pense que c'est une lubie. Ta mère est pas d'accord. J'crois bien que c'est la seule qui me comprend vraiment.
Tu sais pas ce qu'elle dit, à ton père ? Elle lui cite La Rochefoucault* ! Je te jure. Et puis, elle nous propose ça. Cette garde partagée. Pour prouver à tout le monde que c'est pas une lubie. Et vu comme je t'aime, toi, c'est sûr, ça n'en est pas une.
Ah. Bah quand même ! Tu te décides à le prendre, ce bibi ! C'est bien, ma Rosie !"
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* La Rochefoucault : "Il y a des gens qui n'auraient jamais été amoureux s'ils n'avaient jamais entendu parler d'amour."
