Journal de la revieweuse :
Liline37 : Lol oui, pas facile de trouver de quoi rire avec le spectre de Silesta mais ça m'amusait aussi XD Mieux vaut en rire maintenant parce que ça ne sera plus trop le cas plus tard...
Last, not least !
CHAPITRE LVIX – LE SANG DE BHAAL
Dans un élan supplémentaire de générosité, Figaro Lacouture proposa à Gayle de faire déposer par porteur son précieux costume directement à la taverne du Chant de l'Elfe, ce que Silesta approuva avec joie avant même de laisser le temps au magicien de répondre. Il était tout bonnement hors de question de se risquer à ruiner avec du sang cette magnifique pièce de tissu qui lui avait coûté toutes ses économies.
Devella regretta une nouvelle fois de remettre une mission aussi dangereuse à des non-soldats mais elle n'eut hélas pas le choix. Officiellement, elle n'avait toujours pas le droit d'enquêter sur cette histoire de culte bhaaliste. Cependant, avec le témoignage de Figaro qui avait survécu, elle promit aux aventuriers de travailler la hiérarchie du Poing Enflammé au corps pour espérer déclencher enfin une enquête. Si par malheur ils venaient à ne pas réchapper de leur expédition chez le Dieu du Meurtre, Devella savait par où commencer pour finir le travail.
Nos amis repartirent donc dans les rues de la Porte de Baldur grâce aux indications de la Poing Enflammé pour les conduire aux Pierres Tombales de Chandecreux. Sur le trajet, ils réalisèrent une chose qui leur parut à la fois extraordinaire et terrifiante : s'ils parvenaient à se défaire d'Orin et lui prendre la pierre infernale enchâssée dans son poignard, ils récupéreraient le dernier composant de la couronne de domination de Karsus et par conséquent, la rencontre avec le cerveau vénérable n'en serait que plus fatidique. Cette pensée leur donna le tournis.
« Je me permets un petit rappel, glissa subtilement Astarion, mine de rien. Nous avons une autre grosse tête à visiter avant cette chère Absolue. »
Silence abattu qui fit fermer les yeux des autres. Raphaël et le Marteau Orphique à récupérer à la Demeure de l'Espoir. Si Lae'zel avait été encore parmi eux, nul doute qu'ils n'auraient jamais oublié cela car la githyanki ne respirait maintenant plus que pour libérer son futur souverain.
« Vous reprendrez bien un peu d'huile sur votre feu ? ironisa Ombrecoeur pour remercier son acolyte de ce charmant rappel.
_ J'espère juste que nous aurons assez de temps devant nous pour cette dernière escapade, fit remarquer Gayle en fronçant les sourcils. Le cerveau vénérable sera sans aucune influence des pierres pour le maintenir et il devient de plus en plus instable.
_ Nous prendrons ce temps. »
Gayle et Ombrecoeur tiquèrent au ton si assertif voire péremptoire que venait d'employer Astarion dans sa réponse, sans parler du rare sérieux qui habitait son visage.
« Lae'zel serait ravie d'entendre autant d'enthousiasme de votre part », plaisanta le magicien qui se méprenait sur l'origine de l'impatience de son allié.
Silesta rentra la tête dans les épaules sans oser regarder personne, le cœur battant. Bien que le passage chez Raphaël fût obligé pour récupérer l'artefact capable de détruire la prison prismatique d'Orphéys, elle ne pouvait s'empêcher de culpabiliser. Les chances de s'infiltrer et de quitter la Demeure de l'Espoir avec le marteau sans être repérés étaient bien minces – pour ne pas dire nulles – mais si son marché avec Raphaël était mis dans la balance, l'affrontement avec le diable en deviendrait inévitable et celui-ci n'était pas un petit adversaire.
Elle serra les dents. De toute façon, elle n'avait toujours rien découvert ni sur son passé ni sur ce qui était scellé dans son corps, il n'y avait aucune raison de chercher volontairement à combattre Raphaël. Elle ferait tout son possible pour essayer de raisonner Astarion quand elle en aurait l'occasion. Si le roublard était prêt à risquer sa vie pour elle, Silesta ne voulait pas mettre en danger ses compagnons. Personne ne devrait payer pour sa folie.
Leurs pas les menèrent dans une zone moins bondée de la ville, dans une ruelle déserte si étroite que la hauteur des bâtiments qui la composaient empêchait le soleil de l'éclairer. Astarion avait presque l'impression d'être encore le rejeton de Cazador qui arpentait les coupe-gorges les plus sinistres tellement la pénombre rendait l'endroit mal famé.
Ils longèrent un bâtiment à la façade aussi triste que ses volets et sa porte peints d'un bleu froid et terne. Les mauvaises herbes qui s'extirpaient de la pierre de l'escalier menant à la porte d'entrée démontraient que les lieux n'étaient plus entretenus depuis un bon moment. Sans même chercher à vérifier, tout indiquait que cette bâtisse était le commerce qu'ils recherchaient.
Ombrecoeur sortit la clé récupérée sur l'assassin de Bhaal et la glissa dans la serrure sans encombre.
Le groupe pénétra dans une première salle aussi lugubre et sombre que l'extérieur sobrement composée d'un bureau qui devait servir pour l'accueil de la clientèle. Personne ne s'y attarda ; il était impossible qu'un passage caché ne se trouve dans l'espace le plus exposé à des tiers.
Nos amis pénétrèrent donc la salle suivante, sans doute l'atelier. De nombreuses planches de bois destinées à la future fabrication de cercueils côtoyaient des blocs de granit prêts à être taillés et gravés d'épitaphes douloureuses.
« Cherchez un mécanisme sous la charpente », récita Silesta en passant la main sur toutes les poutres qui passaient à sa portée.
Gayle resta avec elle pour continuer de fureter tandis qu'Astarion et Ombrecoeur se rendaient dans la dernière pièce attenante. Quelques minutes plus tard, la voix d'Astarion appela ses comparses à le rejoindre. Il avait trouvé un mécanisme bien caché derrière un tableau et une porte venait de se dévoiler derrière la bibliothèque qui la cachait.
Une inscription en lettres rouges attira leur attention : « Tous ici sont attendus, tous promis à l'ultime étreinte, nul ne peut y échapper. »
« Même si l'on ne savait pas déjà ce que l'on cherchait, ce texte en donne une idée, frissonna Silesta.
_ Sicarius. »
La porte réagit aussitôt au mot de passe donné par Ombrecoeur et s'ouvrit dans un grincement sinistre.
Le passage s'enfonçait loin sous terre, si profondément dans l'obscurité que l'humidité et l'odeur nauséabonde qui montèrent vite aux narines des aventuriers leur firent comprendre qu'ils étaient descendus dans les égouts.
Un complex sous-marin, un cloître dédié à Shar, une sombre chapelle destinée à un rituel démoniaque, un repère d'assassins de Bhaal... Décidément, les sous-sols de la Porte de Baldur recelaient de nombreuses surprises.
« Et pourquoi pas aussi un dragon, tant qu'on y est ? ricana Astarion avec sarcasme. Allez, soyons fous : un dragon non-mort ! »
Une curieuse pression psychique arrêta le vampire ainsi que ses alliés. C'était comme si des mains glacées gantées de fer étaient venues enserrer leur esprit qui en avait frissonné. Cet état de terreur qui venait de les prendre était bref mais puissant. Qu'est-ce que c'était que ça ? L'aura de Bhaal qui imprégnait l'endroit à l'approche de son domaine ?
« Non, intervint la voix de l'Empereur dans leurs pensées. C'est le cerveau vénérable. Il est proche, caché quelque part dans ces profondeurs. »
Silesta n'aurait pas dû être surprise d'entendre cela, elle ressentit cependant une certaine peur à imaginer que l'horrible cerveau géant vu à la colonie de flagelleurs mentaux à Hautelune n'était pas loin. Cela était pourtant logique : où les trois élus auraient-ils pu dissimuler un tel monstre si ce n'était sous terre ?
« Ne pensez pas à l'Absolue. Restez concentrés sur Orin et sa pierre infernale. »
Les aventuriers ravalèrent leur angoisse et poursuivirent leur progression silencieuse. Au bout d'un moment, le décor changea et l'odeur de pourri devint fragrance de décomposition teintée de sang. Aux racines profondes des arbres qui s'étaient enfoncées loin sous terre s'ajoutèrent des bâtiments directement taillés dans la roche dont les pergolas de tissu déchiré étaient gorgées d'humidité. Le domaine de Bhaal n'aurait su se contenter d'une simple cachette dans les égouts, c'était carrément une petite citée – ou du moins ce qui en restait – qui se profilait devant eux.
Les morceaux de roche qui avaient fini par se détacher sous la pression des racines ou les mouvements naturels de terrain entravaient l'avancée de nos amis, les forçant ainsi à ralentir le pas et à tendre l'oreille. Ils étaient entrés en territoire ennemi et bien qu'Orin les attendait pour un duel final, il y avait fort à penser que ses sbires n'allaient pas leur faciliter la tâche.
Sans surprise aucune, l'endroit respirait la mort. Des restes de corps parsemaient le chemin jusque dans les hauteurs où pendaient des cadavres encore attachés à leur corde. L'escalier partiellement ravagé que descendaient les aventuriers finit par s'ouvrir sur l'immensité d'une grotte dans laquelle dormaient des ruines. Les quelques torches enflammées qui ponctuaient la route unique invitaient les visiteurs à continuer mais ceux-ci étaient gagnés par le malaise. Tous ces restes de hauts bâtiments pourvus de meurtrières, cet espace large et ouvert, ce silence si parfait... Cela sentait le guet-apens à plein nez.
Ses sens d'arpenteur des ombres en alerte, Astarion enjoignit ses alliés de rester prudents avant de s'adresser à Silesta.
« Si ça tourne mal, fuyez avec une potion d'invisibilité et cachez-vous. Vous êtes la plus vulnérable. »
La jeune femme lui rendit un hochement de tête et inspira profondément avant de se caler dans ses pas alors qu'il reprenait sa progression dans les marches. Le flacon qu'elle serrait dans ses mains glissait presque dans sa paume tellement elle était moite.
Quelques pas plus tard, une flèche siffla dans le silence et rebondit sur le bouclier magique que Gayle s'était appliqué par sécurité. Le petit dôme de lumière se brisa comme le verre et une voix s'éleva dans les hauteurs des ruines.
« Des intrus ! Que l'épreuve commence ! Pour Bhaal ! »
L'homme qui venait de parler était perché au sommet d'anciens remparts situés de l'autre côté d'un gouffre. Même avec la distance et la pénombre, il était facile de deviner la folie meurtrière qui l'habitait.
Le silence se fractura quand le bhaaliste commença à psalmodier une litanie dédiée à sa déité sanguinaire pendant que des pas résonnant sur la pierre bruissaient tout autour d'eux. Très vite, les rugissements assoiffés des assassins cachés dans les ombres éclatèrent pour lancer le départ de la traque sanglante.
Bien trop à découvert pour se risquer à quoi que ce soit, les aventuriers reculèrent aussitôt dans les marches pour se cacher, le temps d'analyser la situation. Heureusement pour eux, les fidèles du Dieu de la Mort étaient si obnubilés par leur envie de tuer qu'ils s'acharnaient tout de même à lancer leurs sorts et leurs flèches, permettant ainsi à leurs cibles de déterminer leur emplacement. Il faudrait néanmoins faire vite car les chasseurs finiraient par aller chercher leurs proies eux-mêmes.
Pendant que Gayle assurait ses arrières grâce à la production de doubles magiques pour duper leurs assaillants, Astarion attrapa son arc tout en resserrant sa vision sur sa future cible cachée qui avait le malheur de penser que l'étroitesse de sa meurtrière suffirait à le protéger.
« Silesta, faites ce que j'ai dit.
_ Soyez prudent. »
La jeune femme ne se résolut pas à partir tout de suite cependant. Elle observa ses alliés s'élancer droit devant, à la merci de leurs ennemis. Elle ne tira son flacon de potion d'invisibilité qu'après avoir vu Astarion abattre sa première cible et Gayle perdre un de ses clones. Elle n'avait hélas pas le choix que de jouer la prudence cette fois.
La saltimbanque vida le flacon d'une gorgée et se laissa absorber par la sensation de flou qui la traversa. Le doré des torches de feu se ternit de gris et elle quitta sa cachette de fortune au pas de course.
Les bhaalistes glapissaient comme des déments, des bêtes sauvages assoiffées de sang qui n'auraient de cesse de massacrer leur proie. Aux hurlements de folie se mêlaient les incantations de Gayle et les sifflements des flèches qui pleuvaient. Quant à Ombrecoeur, elle trouva en la personne d'un cultiste non-archer qui se précipitait sur elle une occasion de se battre tout en permettant à ses alliés plus à l'aise avec les combats à distance de briller. Au milieu de tout ce désordre, la voix de l'homme qui continuait d'appeler sa divinité apparaissait presque apaisante... si elle ne générait pas autour de lui une aura rouge qui dansait autour de lui comme un feu ardent.
La jeune femme bifurqua de sa trajectoire et emprunta le chemin de fortune qu'avait créé un éboulement de colonnes pour atteindre le côté du gouffre où se trouvait l'homme qui incantait. En pénétrant les ruines du bâtiment au sommet duquel le cultiste se tenait, Silesta manqua de rentrer droit dans un autre assassin qui se faufilait près d'une ouverture pour se trouver un meilleur angle d'attaque.
Comme lors du combat contre Ketheric, elle se retrouva face à un dilemme : rester cachée ou prendre un risque pour aider les siens. En fait, ce n'était pas un dilemme car la réponse était évidente. La saltimbanque tira sa dague de sa ceinture, serra les dents et abattit de toute sa force la lame droit dans la jugulaire de l'archer qui se pétrifia dans un gargouillis sourd avant de s'effondrer. Si Astarion avait été là, il aurait certainement jugé que la discrétion était à peaufiner et aurait hurlé face au manque d'élégance. Silesta trouvait qu'ils faisaient un beau couple de paradoxe : il était la finesse, elle était le chaos.
Les rares couleurs de son environnement étaient revenues quand s'en étaient allés les effets de sa potion d'invisibilité. Elle était sans protection. La jeune femme leva les yeux au ciel ; la voix du cultiste était juste au-dessus d'elle.
Sans réfléchir, elle grimpa les échelles de bois qui montaient vers les remparts tout en priant pour être suffisamment cachée par la pénombre pour ne pas être repérée. Enfin, le chant dévot résonna avec clarté à ses oreilles. Le souffle en suspens et les gestes ralentis, Silesta termina de se hisser en silence au sommet du rempart.
Le cultiste était juste là, dos à elle, les bras tendus vers le ciel pour implorer Bhaal. Son aura qui brûlait avec de plus en plus de ferveur fit l'effet d'une lumière dans l'esprit de la saltimbanque : c'était lui qu'il galvanisait les autres. Il fallait se débarrasser de lui au plus vite.
Ni une ni deux, Silesta attrapa ses bolas tout en minimisant l'ampleur de ses mouvements pour ne pas attirer l'attention. Une bonne petite poussée dans le vide devrait faire découvrir à cet homme d'autres hauteurs de notes.
Une fois prête, la jeune femme recula d'un pas, arma ses bras en arrière et balança ses bolas de toutes ses forces. À sa grande horreur, si l'aura de sang disparut, sa cible ne bascula pas dans le gouffre comme espéré. Les poids de fer de bolas avaient comme rebondi contre un mur invisible et n'avaient fait que brièvement chanceler l'assassin en plus de l'interrompre dans son incantation.
Quand celui-ci se retourna lentement vers Silesta, celle-ci se sentit tout à coup cernée par une oppression indicible et tout son être lui hurlait une seule et même phrase funeste : elle allait mourir ici.
Un soubresaut secoua tout à coup le corps de l'homme et son regard fou vacilla. Raide de surprise, Silesta vit son adversaire ployer sous une subite faiblesse et se désarticuler comme une poupée de chiffon avant de basculer en arrière pour s'écraser en bas des remparts.
De l'autre côté du gouffre, Astarion détendit sa posture et abaissa son arc pointé dans la direction de sa compagne.
« Je vais me fâcher, vous savez ? lui lança-t-il d'un ton réprobateur.
_ Ha ! Pourquoi est-ce que ça sonne comme une épreuve à mes oreilles ? » répliqua-t-elle avec une pointe de défi.
Le vampire lui rendit un sourire incisif qui signifiait à lui seul « Non, vous n'avez clairement pas envie de me voir vous punir » mais ne chercha pas à la réprimander davantage. Après tout, son intervention avait créé une diversion parfaite en plus d'avoir arrêté le meneur de la traque. De cause à conséquence, privés du soutien divin de leur comparse, les quelques assassins bhaalistes restants préférèrent se retirer dans les ombres et laisser leurs proies qui avaient réussi leur épreuve de passage.
Une fois remis de leurs émotions, nos amis reprirent leur exploration des ruines qui s'enfonçaient encore et encore dans les profondeurs de la terre. Elles étaient à l'image de leurs occupants : ravagées, inquiétantes et oppressantes. À moitié sur le ton du sarcasme, Astarion convint que si les lieux n'étaient pas aussi délabrés – et passablement aussi délétères que le palais Szarr – il aurait presque pu proposer aux rejetons de Cazador de venir s'installer ici pour leur éviter la faune hostile des Tréfonds Obscurs.
L'immensité de l'endroit avait de quoi faire la concurrence à Shar mais la Dame Sombre conservait le privilège du raffinement. Chez le Dieu du Meurtre, on ne s'inquiétait pas du faste décoratif. Tout était froid et brut comme la doctrine de la sanglante divinité. Tout était sombre, d'os, de toile rapiécée ou fait de pierre à l'instar de ces bustes hideux à la tête de mort émaciée démoniaque surmontée de cornes de bélier que les aventuriers croisèrent sur le chemin. Et que dire des traces de sang dont l'empreinte n'avait fait qu'un avec le sol. Toutes les nuances de rouge se retrouvaient, formant ainsi une frise chronologique macabre des meurtres qui les avaient produites.
Enfin, à la sortie d'un nouveau bâtiment en ruine, la grotte s'ouvrit sur l'étendue menant au saint des saints : le temple principal. En bas d'une descente en lacet par un escalier rongé, un pont aux créneaux érodés enjambait un gouffre pour mener le dévot au pied d'une immense porte surmontée d'un crâne monumental. Les profondeurs abyssales rayonnaient d'un rouge vif semblable au feu des Enfers... ou de la mer de sang des victimes de Bhaal. Orin se trouvait de l'autre côté de cette porte, c'était indéniable.
Le groupe continua jusqu'au pont sous la surveillance d'autres bustes de Bhaal qui constituaient une haie d'honneur sinistre. Sous chaque statue, un amoncellement de crânes servait d'ultime offrande. Jamais le souffle le la Mort n'avait paru si froid dans leur nuque. Une fois arrivés au pied de la porte épaisse et inviolable, nos amis marquèrent un temps d'arrêt. Comment allaient-ils entrer ?
Ombrecoeur grimaça et porta la main à son sac.
« Quelque chose est comme en train de me brûler... »
La prêtresse tira de sa besace un collier dont le gros médaillon était orné d'une tête de démon bhaaliste ; une prise de guerre qu'elle avait récupérée sur l'un des cultistes après le combat. Entre ses doigts, l'objet vibrait doucement comme un assassin extatique face à une victime sans défense. La demi-elfe apposa le médaillon contre la porte et celle-ci s'ouvrit dans un raclement sourd.
Le Temple de Bhaal aurait pu constituer une parfaite maison secondaire pour Yurgir tant l'horreur qui définissait l'endroit seyait à la nature sanguinaire de l'orthon tueur de Tribuns de la Nuit. Des bassins de sang baignaient des autels sacrificiels sur lesquels reposaient encore les squelettes des victimes, des cuves d'étain recueillaient des crânes par milliers telles des coupes de fruits macabres et quand elles étaient pleines, d'autres petits tas d'ossements bien compacts constituaient une certaine forme d'ornementation. Si la chambre de Balthazar avait eu de quoi retourner le cœur des aventuriers de par sa puissante odeur ferreuse, la demeure du Dieu du Meurtre surpassait tout. Cette fois-ci, Astarion eut à se boucher le nez.
« Trop de parfums différents dont certains sont trop rances, c'est insupportable, se plaignit le vampire avec dégoût. Je m'attendais cependant à ce qu'un temple dédié au meurtre soit plus amusant. »
Quand Silesta reçut sur son front une goutte tombée du plafond, elle pensa essuyer de l'eau à cause de l'humidité. Sauf que l'eau n'était pas rouge. Sa curiosité fut plus forte que son bon sens et la jeune femme se tétanisa d'effroi en découvrant les corps écorchés qui étaient suspendus au-dessus de sa tête. Sa mémoire sensorielle s'affolait en silence, envoyant à tout son corps des frissons et autres sueurs froides.
Nos amis se tendirent lorsqu'ils aperçurent des cultistes qui vaquaient non loin d'eux. À leur surprise, ces derniers ne montrèrent aucun signe d'hostilité ou de méfiance, juste une vague surprise tout au plus avant de reprendre cette expression neutre presque apaisée qui leur donnait l'impression d'être possédés. La sérénité réfléchie que créait la splendeur de la tuerie aux adorateurs de Bhaal était horrifiante à voir.
Enfin, ils trouvèrent les deux raisons pour lesquelles ils étaient là. Au milieu d'un gouffre se dressait une plate-forme circulaire où trônait un nouvel autel sacrificiel.
« Lae'zel... »
L'éclat argenté de l'armure de la githyanki ressortait presque avec violence au milieu de tout ce rouge qui nimbait l'espace. Silesta prit peur en voyant ainsi sa camarade inanimée sur la dalle de pierre. Était-il déjà trop tard pour elle ? Peut-être pas car la silhouette pâle vêtue de rouge qui tournait lentement autour de l'autel d'un air affamé faisait plus penser au chat qui voulait jouer avec une souris plutôt qu'une hyène autour d'une carcasse à dévorer.
Les aventurier se hâtèrent d'emprunter l'un des escaliers latéraux qui servaient de pont vers la plate-forme et approchèrent prudemment Orin qui était penchée sur la guerrière inconsciente. Elle pouvait encore le sentir. Le corps de Gortash nimbé de sang. Ses meurtriers approchaient. La femme se redressa et se tourna vers les arrivants. Ses yeux perle étincelèrent d'insanité.
« Ah, enfin. Voyez comme j'ai su me montrer patiente pendant que vous vidiez le tyran de tout son sang pour moi ? Vous m'avez fait attendre. Et ma lame n'aime pas rester exsangue trop longtemps... »
Lorsque la femme tira son kriss effilé pour en pointer l'extrémité vers le cou de Lae'zel, Silesta entendit le bourdonnement vibrer à ses oreilles avec violence.
« Je vous rendrai au centuple ce que vous lui ferez. »
Le timbre hiémal de l'ombre de Silesta fut l'étincelle qui embrasa la folie d'Orin. Celle-ci braqua son regard mort et pourtant si alerte en cette seconde sur la saltimbanque.
« Oui. Oui ! s'écria-t-elle dans un frisson d'extase. Faites-moi agoniser. Arrachez mes os de ma chair. Pelez ma peau jusqu'à ce que l'air ne fasse hurler d'agonie mes plaies ! »
Elle gloussa d'un rire dément. Voilà un magnifique agneau sacrificiel dont l'envie de tuer muette ne rendrait son sang que plus beau pour son dieu.
« Venez à moi, Père, appela Orin en renversant la tête en arrière alors qu'un cercle de runes écarlates apparaissait sous ses pieds. Disposez de ma chair pour votre dessein impie ! »
Une immonde bulle de sang naquit du cercle magique pour englober le corps d'Orin. Quand elle exposa, la femme à la peau de cire n'était plus et avait laissé place à une imposante horreur humanoïde que Silesta n'aurait osé esquisser dans ses plus sombres cauchemars.
La tête de la créature ne s'apparentait à aucune bête connue, sauf peut-être de très loin à un dragon démoniaque au nez court et sans gencives dont la bouche était scellée d'un pourtour de dents effilées. Ses doigts crochus étaient pourvus de serres plus affûtées que des rasoirs et les articulations de ses genoux et de ses deux paires de bras s'achevaient d'une énorme griffe.
Quand le monstre feula d'un cri strident, Silesta perdit tout l'appui de son spectre. La terreur que lui inspirait l'avatar de Bhaal allait bien au-delà du reste.
La poussée subite d'Ombrecoeur pour la faire dégager du passage la ramena brutalement au concret en plus de lui épargner un puissant coup de griffe. L'armure de la demi-elfe lui évita une plaie ouverte mais le vol plané qu'elle fit plusieurs mètres plus loin la sonna. Le temps pour Gayle de temporiser grâce à une salve de missiles magiques, Astarion alla aider Ombrecoeur à se relever et Silesta se précipita sur l'autel pour inspecter Lae'zel dans l'espoir que la guerrière puisse leur prêter main forte. Hélas, la githyanki demeurait plongée dans une sorte de coma qu'aucun appel de la saltimbanque ne parvint à troubler.
Elle serra les dents en voyant ses amis lutter face à leur adversaire transformée dont la puissance protectrice de Bhaal formait comme un bouclier qui amoindrissait le moindre impact magique ou projectile. Même les flèches habilement placées d'Astarion faisaient figure d'échardes pour ce monstre dopé à la folie meurtrière.
Silesta eut tout juste le temps de se jeter sur le côté quand Orin bondit tout à coup par-dessus l'autel pour essayer de l'atteindre. Dans sa cabriole, un petit objet glissa hors de sa besace pour rouler un peu plus loin. Ses yeux gris s'agrandirent.
« Silesta ! »
L'appel d'Astarion la fit réagir et la jeune femme se jeta ventre à terre pour récupérer le sachet de tissu qu'elle venait de perdre. Une forte poigne la retourna sur le dos et les bras puissants du monstre se resserrèrent sur ses bras avec tant de pression qu'elle en hurla de douleur. Ses os allaient se briser !
« Macte virtute ! »
Au commandement de Gayle, un dôme de lumière solaire se dessina au-dessus de la saltimbanque et força son adversaire à la relâcher. Orin poussa un cri de rage frustré et tenta de détruire le bouclier protecteur à grands coups de griffes furieux. Dans un coin de son esprit, Silesta entendit le magicien lui intimer de rester sous le dôme tant que lui pourrait tenir.
Ce court laps de temps permit à notre amie de réfléchir à toute allure, ce qui n'était pas chose aisée quand on avait un démon en train de s'agiter comme un fou juste au-dessus de sa tête. Un nouvel assaut coordonné d'Ombrecoeur et Astarion sur Orin força cette dernière à abandonner sa proie inaccessible et reporter son attention sur eux.
Le sachet de tissu étroitement serré contre elle, Silesta ignorait si la nouvelle idée complètement folle qui venait de germer dans son esprit marcherait. Comme à son habitude, elle était peut-être un peu extrême mais ce grain de folie qu'elle avait devenait nécessaire face à une psychopathe comme Orin.
« Gayle ! l'appela-t-elle. Brisez le bouclier et lancez un sort de graisse sur Orin ! »
Le magicien manqua de lâcher sa concentration et appuya plus fort ses doigts contre sa tempe tout en surveillant ses alliés qui poursuivaient leurs attaques sur Orin.
« D'un, j'ai arrêté de vous écouter après « Brisez le bouclier » et de deux, je doute que faire tomber cette chose par terre changera grand chose ! Je vous ai connue plus inspirée !
_ Ayez confiance en moi !
_ Est-ce encore une de vos idées chaotiques ? »
Silence. Il aurait mieux fait de se taire.
« La Destructrice des Décors est de retour, c'est ça ? »
Nouveau silence et grand sourire coupable de la part de ladite Destructrice.
Gayle serra les dents et pesta sa désapprobation. Quelle entêtée ! Cette femme n'avait-elle donc aucune considération pour la peur qu'il pouvait éprouver pour elle ?
Bon gré mal gré, l'homme interrompit son sortilège et le dôme se dissipa, permettant à Silesta de se relever rapidement, puis il tendit la main vers Orin.
« Attention vous autres, ça tache. Voco arvina ! »
Une pluie épaisse et dorée s'abattit sur Orin qui ne s'en préoccupa nullement, ce qui n'inquiéta pas Silesta. Ce n'était qu'une composante de son plan insensé. C'était là qu'elle allait se faire le plus détester de ses amis ; elle s'excusa par avance auprès d'eux dans son for intérieur.
La jeune femme fouilla ses poches et tira le dernier parchemin de pas léger qu'elle possédait. Elle respira un bon coup et arma sa voix de sa plus belle folie.
« Allez, venez Orin ! lança-t-elle en essayant de prendre les mêmes vibrations exaltées de l'élue de Bhaal. C'est l'heure du bouquet final ! »
Le monstre releva aussitôt la tête et se tourna vers elle, l'œil étincelant d'envie meurtrière, contrairement à Astarion et Ombrecoeur qui dévisageaient leur amie comme si elle avait perdu la raison. Le monstre délaissa ses cibles actuelles pour se diriger vers celle-ci qui faisait preuve de beaucoup d'aplomb délicieusement attrayant.
Sous la pression des regards affolés de ses alliés ancrés sur elle, Silesta leur ordonna de rester le plus loin possible d'elle et de ne pas chercher à intervenir. Même tout en conservant son attention sur Orin qui accélérait de plus en plus, Silesta sentait les yeux d'Astarion la transpercer de part en part. Elle allait vraiment le fâcher.
Quand le monstre fut assez prêt, elle plongea la main dans le sachet qu'elle tenait et lança le contenu de sa main devant elle. Une pluie de paillettes sombres voleta dans l'air et alla se déposer en une fine couche sur le corps brillant de graisse d'Orin. La bhaaliste remua brièvement de gêne avant de fléchir les genoux, prête à bondir sur sa proie pour la lacérer.
Silesta serra son parchemin. Une pression dans les chevilles de la bête. Son souffle se suspendit. Maintenant !
« Gayle, feu ! Ad alibi ! »
Le courant d'air de la main griffue qui frôla son visage disparut en même temps qu'elle.
« Ignis ! »
Alors qu'elle réapparaissait à l'autre bout de la plate-forme auprès de ses alliés en retrait, Silesta ne vit pas le trait de feu de Gayle partir mais elle fut témoin de sa conséquence : une explosion embrasa le linceul qu'avait formé la Brillante Réplique de Barcus sur la couche de graisse, drapant ainsi Orin d'un manteau ardent dont la détonation fit chanceler les aventuriers au point de les faire tomber sur les marches de l'escalier.
Dans un hurlement à attirer l'attention des dieux eux-mêmes, la posture du démon se brisa, le forçant à ramper pour espérer se rapprocher de ses adversaires. Hélas, son corps qui se désagrégeait dans une mare écarlate ne lui permit pas d'aller jusqu'au bout de son entreprise et la chose mourut en ne laissant dans son sillage qu'une traînée de cendres mêlée à du sang.
Leurs souffles encore bruyants à leurs oreilles, Gayle, Ombrecoeur et Astarion tournèrent lentement la tête vers Silesta qui se pinçait les lèvres d'angoisse. Elle allait se faire tuer. Mais Silesta allait-elle arrêter d'être Silesta ?
Elle haussa les épaules avec un sourire désolé.
« Quoi ? Je n'allais quand même pas laisser le dernier élu des Trois Funestes sans ma signature. »
Soupir de dépit, lever d'yeux au ciel et main sur la figure.
« Que les dieux me retiennent », grinça Astarion entre ses dents.
La survie de l'humaine tint bon grâce à Lae'zel qui reprenait doucement conscience sur son autel. Tous allèrent auprès de leur camarade qui ne cacha pas sa surprise quand elle découvrit autour d'elle que tout était fini.
« Que... Qu'est-ce qui...
_ Tout va bien, Lae'zel. C'est terminé. »
L'esprit encore embrumé par son état comateux, la githyanki eut un hochement de tête envers ses alliés.
« Il n'est pas dans la nature githyanki de dire « merci », avoua-t-elle d'un ton un peu bourru. Nous n'avons même pas de mot dans notre dialecte pour ça. Chraith'kan zharn serait ce qui s'en rapproche le plus. Cela veut dire « Que vos ennemis connaissent la souffrance ».
_ Je pense que notre fougueuse amie a déjà fait passer le message à Orin, se moqua gentiment Ombrecoeur avec un regard amusé à la saltimbanque. C'est elle qui a fait le plus gros. »
Les pupilles fendues de Lae'zel se dirigèrent sur la jeune femme rousse. Elle n'en revenait pas. Quand elle repensait à ses premiers jours avec Silesta, cela en était presque impensable. Et pourtant, cette dernière faisait montre d'une résistance admirable.
La guerrière inclina la tête vers sa camarade avec respect.
« Merci. Sincèrem... ? »
Lae'zel s'interrompit face aux grands yeux gris tout émotionnés qui la fixaient. Elle se tétanisa d'effroi quand elle comprit.
« Non.
_ Oh si », répliqua Gayle en s'empêchant de glousser.
Les meilleurs réflexes guerriers de la githyanki ne purent rien face au soulagement indescriptible qui poussa Silesta à prendre son alliée dans ses bras, juste le temps d'apprécier le fait de la savoir saine et sauve.
L'expression mi-ahurie mi-horrifiée qui contracta le visage verdâtre de Lae'zel fut la plus grande rareté jamais croisée que Gayle, Astarion et surtout Ombrecoeur prirent plaisir à graver dans leur mémoire. Tous leurs tourments ensemble avaient presque valu le coup juste pour assister à cette scène.
Téméraire mais pas suicidaire, Silesta ne se risqua pas à trop tirer sur la corde et libéra vite son acolyte tandis qu'Astarion s'occupait de récupérer le poignard d'Orin – quelle idée de laisser un si bel instrument sans propriétaire – pour faire sauter d'un coup de dague la pierre rouge qui était enchâssée dans son manche.
Un bref halo de lumière qui apparut dans leur dos attira l'œil des aventuriers. C'était l'Empereur qui venait les rejoindre.
« Enfin, la dernière pierre infernale est en notre possession, dit-il de sa voix grave. Vous avez fait de l'excellent travail. »
Bien que séparées, les pierres infernales dégageaient une énergie psionique qui imprégna leurs possesseurs pour les faire vibrer au diapason de son rythme. Les pulsations s'accélérèrent de plus en plus jusqu'à atteindre leur point d'orgue qui se centra sur une sensation éprouvée auparavant : un lieu. Vers le même endroit où ils avaient ressenti la présence de l'Absolue plus loin dans les égouts. Les pierres leur pointaient le chemin vers leur hôte dominé.
« À présent que les élus sont morts et que les pierres sont à nous, toutes les conditions sont réunies pour affronter le cerveau vénérable, déclara l'illithid. Quant à l'évaluation de nos chances de réussite, c'est une autre histoire... Mais je veux rester confiant.
_ Nous ne sommes pas encore prêts », coupa Lae'zel avec ferveur.
Même après avoir échappé aux griffes d'Orin, elle n'en avait pas oublié Orphéys dans sa prison.
L'empereur lui rendit un mouvement de tête compréhensif. Cette prudence les honorait. Personne n'oserait braver l'entité la plus puissante de tous les royaumes sans y être pleinement préparé. En outre, une fois qu'ils auraient tous pénétré dans le domaine de l'Absolue, il n'auraient plus la possibilité de faire demi-tour.
Silesta déglutit, la cage thoracique soudainement bien étroite pour son cœur et ses poumons.
« Terminez ce que vous avez à faire, je serai prêt quand vous le serez. Mais ne tardez pas trop. Plus le temps passe, plus le cerveau risque de recouvrer son autonomie. »
Sur ces mots, l'Empereur rouvrit un nouveau portail vers la dimension astrale et s'en retourna. Il y eut à sa suite un silence étourdi où chacun mesurait le peu de temps et de distance qui les séparaient du cerveau vénérable.
Après un temps, Lae'zel se tourna vers ses alliés.
« Trois pierres ? Vous avez donc réussi à récupérer celle de Gortash ?
_ Oh, ce n'était que l'affaire d'une usine ainsi qu'une tour de la forteresse du Roc du Dracosire à faire exploser, expliqua Astarion avec légèreté comme s'il contait une histoire d'une banalité affligeante. Vous n'avez pas raté grand chose. »
Le vampire haussa un sourcil circonspect face à la dense inspection dont la githyanki le gratifia tout d'un coup. Quoi ? Avait-il quelque chose sur le nez ?
« Quelque chose a changé chez vous. »
L'elfe fut un peu surpris face à cette redoutable perspicacité dont faisait preuve son alliée. Silesta alla à la rescousse de son compagnon qui ne savait trop comment reprendre son panache.
« Ce doit être la liberté qui le rend encore plus beau, s'amusa-t-elle en guise d'explication que Lae'zel comprit rapidement.
_ C'est une bonne chose pour vous. J'aurais aimé être aussi présente », regretta la githyanki.
Astarion eut un léger sourire. Deux bonnes paroles de l'impérieuse et autoritaire Lae'zel en moins de dix minutes ? Cela vaudrait le coup d'aller directement s'attaquer au cerveau vénérable tellement les augures semblaient être avec eux.
« Sur ce, maintenant que nous sommes à nouveau au complet et que la Destructrice des Décors n'a normalement plus rien dans ses affaires pour tout détruire, je préconise de quitter cet endroit de malheur, proposa Gayle.
_ Vous parlez toujours de mes plans comme si c'était une mauvaise chose. »
Silesta... N'enfonce pas le clou ^^''''
La tête de Lae'zel étreinte par Silesta mériterait un fanart XD
Est-ce que vous allez me jeter des cailloux si j'avoue que je me suis vraiment trituré les méninges pour essayer de caler quelque part un « trou de Bhaal » pour essayer un pitoyable trait d'humour ? Allez-y, je suis prête XD De toute façon, j'ai pas réussi. Je m'amuse autant à caler des Easter Eggs ici et là.
