« …Non il ne s'est toujours pas réveillé, mais d'après l'infirmière, il n'a presque plus de fièvre. » Entendit Heiji encore à moitié endormi.

Il ouvrit les yeux progressivement, encore dans le flou, il ne savait pas la raison pour laquelle il se sentait si faible. Petit à petit, il vit un plafond blanc, qui ne lui indiquait en rien où il se trouvait. Il essaya de se redresser un peu, mais le simple fait de bouger une main, lui paraissait difficile.

« Heiji-kun, tu es réveillé ? » fit soudainement la voix qu'il avait entendu, au moment de son réveil.

« Obasan ? » toussa-t-il d'une voix rauque. Il reconnut la voix de la mère de sa petite-amie, il tourna lentement sa tête dans sa direction. La femme se trouvait assise à son chevet. « Où sommes-nous ? Dans un hôpital ? » demanda-t-il assez confus, après avoir remarqué que son bras était relié à une perfusion. Il essaya ensuite de se rappeler ce qui avait bien pu lui arriver.

« Tu ne te rappelles pas ? Tu t'es évanoui au commissariat de Tokyo. » intervint Ginshiro que l'adolescent n'avait pas remarqué. L'homme se trouvait en effet dans un coin de la pièce, adossé contre un mur et les bras croisé.

« Commissariat de Tokyo… » répéta-t-il d'un air concentré. A ce moment-là tout lui revint en mémoire, l'agression de Ran, la disparition de Kazuha, son enquête avec Kudô au théâtre, le moment où il se trouvait devant la salle d'interrogatoire et que les inspecteurs Takagi et Sato sont venus montrer la photo de… « Ka-Kazuha…la-la photo… » dit-il alors que la panique commença à se lire dans ses yeux.

« Calme-toi ! » fit Kagura en prenant tendrement sa main. « Kazuha n'est pas morte sur cette photo. » assura-t-elle alors qu'elle semblait confiante de ce qu'elle disait.

« Comment ça ? » répondit-il avec incrédulité en tentant de se redresser, mais il fut arrêté par la femme qui posa une main douce sur son torse.

« Doucement. Tu es encore faible. » Elle l'aida à se mettre en position assise.

« Comment ça Kazuha est en vie ? » insista-t-il.

« Kagu tu peux nous laisser seul s'il te plaît, je vais lui expliquer, j'ai également beaucoup de chose à lui dire. » demanda Ginshiro.

La femme hocha la tête et laissa son mari et le jeune homme seul. L'homme prit place sur la chaise qu'occupait sa femme.

Heiji se sentait toujours mal à l'aise de se retrouver près de Toyama, vu les réactions qu'il avait eues envers lui depuis la disparition de Kazuha.

« Détends-toi Heiji-kun, je ne suis pas là pour te reprocher quoi que ce soit. » dit-il en remarquant sa gêne.

« D'accord. » répondit-il alors qu'il essaya d'afficher un visage plus serein, bien que dans le fond il appréhendait ce que l'homme pourrait lui dire par la suite.

« Pour répondre à ta question si nous avons l'espoir que Kazuha soit toujours en vie, c'est grâce à ton père et à Conan-kun. »

« Kudô ? »

« Euh non Conan-kun. » L'homme fronça les sourcils. « Kudô c'est cet autre détective lycéen qui vient de Tokyo ? »

« Euh ouais, je me suis trompé, désolé. » s'excusa-t-il en réalisant sa bourde. Cependant, Ginshiro ne s'attarda pas sur le sujet et mis son lapsus sur le compte de son réveil récent.

« D'accord. Pour en revenir à ce que je disais, après que tu aies perdu connaissance, ton père aidé de Sato-keiji et Takagi-keiji sont allés t'installer à l'infirmerie du commissariat en attendant que l'ambulance arrive…


Flashback

Depuis le moment où Ginshiro avait vu la photo de sa fille, il était entré dans un état second, il s'était à peine aperçu qu'Heiji s'était évanoui et toute l'agitation qui avait suivi ce moment. Il était resté raide appuyé contre le mur le regard vide.

« Toyama-keibu…Je suis sincèrement désolé… » commença Megure en mettant une main amicale sur son épaule, bien qu'il n'était pas sûr que l'inspecteur d'Osaka l'écoute.

« Né Megure-keibu. » fit Conan.

« Conan-kun ? » L'inspecteur se retourna avec un air étonné. « Tu n'es pas allé voir comment allait Hattori-kun ? » demanda-t-il en sachant à quel point ces deux garçons étaient proches.

« Non, c'est vrai que je m'inquiète pour Heiji-niichan. » dit-il de son ton enfantin. Ce qui était la vérité, il ressentait une réelle inquiétude à l'égard de son meilleur ami qui avait perdu connaissance sous les yeux de tous, mais ne serait-ce que pour lui et Ginshiro, il avait quelque chose d'important à dire. « Mais…Avant qu'il ne s'évanouisse, j'ai remarqué des détails sur la photo de Kazuha-neechan et je tenais à vous informer…A mon avis, sur cette photo…elle est vivante. » déclara-t-il sérieusement.

« Quoi ?! » fit l'homme à chapeau avec un air choqué.

Les dires du faux-enfants avaient également fait réagir le subordonné d'Heizô, pour la première fois, après être resté plusieurs minutes sous le choc, un peu de vie était revenue dans ses yeux.

« Qu-Que veux-tu dire Conan-kun ? » réussit-il à demander.

« S'il vous plaît Megure-keibu, pouvez-vous s'il vous plaît me donnez la photo où l'on voit l'entièreté du corps de Kazuha-neechan, ? »

« Euh oui bien sûr. » Il la lui tendit.

« Regardez. » dit-il en montrant avec son index la main droite de la jeune fille. « Son pouce et son index forment un cercle tandis que ses trois autres doigts restent étendus.

« Oh oui tu as raison, ses deux doigts forment un cercle. » constata également le commissaire de Tokyo. « Et alors ? »

« C'est pas très courant, pour un corps vous ne trouvez pas ? Surtout que mettre ses doigts ainsi à une signification. »

« C'est vrai que ce n'est pas courant, mais nous ne savons pas dans quelle circonstance Kazuha a été… » commença Ginshiro alors qu'il sentit une boule dans sa gorge.

« Et concernant la signification de ce signe, il s'agit du symbole de l'argent si je ne me trompe pas. » poursuivit Megure avec un visage peiné, en pensant que pour une fois l'enfant semblait faire fausse route, alors qu'il semblait y avoir de l'espoir concernant le fait que l'adolescente soit en vie.

« Oui, en effet au Japon ce signe signifie argent, mais dans les pays occidentaux et pour les plongeurs, il signifie…je vais bien. »

« C'est vrai ça ! » firent les deux hommes.

« Et j'ai du mal à prendre ça pour une coïncidence. A mon avis quelqu'un à forcer Kazuha-neechan à se mettre dans cette position, mais elle a réussi à indiquer discrètement qu'elle était vivante. »

« Bonne observation Conan-kun. » surgit soudainement la voix d'Hattori Heizô, qui venait de derrière Conan.

« Hattori-san ! Vous n'êtes pas avec votre fils ? questionna Megure avec étonnement et en se tournant vers l'homme.

« Il est avec Sato-keiji et Takagi-keiji, ils s'occuperont de lui jusqu'à l'arrivée de l'ambulance. » répondit-il de son ton stoïque, alors qu'il avançait vers l'inspecteur avec une main dans la poche. « En ce qui me concerne, avant qu'Heiji ne perde connaissance, j'ai également remarqué une chose sur la photo où le visage de Kazuha-chan est mis en évidence. »

« Oh quoi donc ? » demanda l'homme au chapeau qui tenait toujours l'image en question dans les mains.

« Ses pupilles, elles ne sont pas dilatées, or quand un être humain meurt, sa pupille se dilate rapidement et la cornée s'opacifie. Si Kazuha-chan avait eu les yeux fermés, je n'aurais pas eu de doute, mais vu qu'ils sont ouverts... »

« Oh… » dirent les deux autres hommes en regardant l'image plus en détail.

« Tu as raison Heizô ses pupilles ne semblent pas être dilatées. » remarqua également son subordonné.

« A présent, nous devons interroger Muranishi et envoyer faire analyser ces photos à un médecin légiste afin qu'il confirme ma déduction. »

« Vous voulez toujours l'interroger, alors que nous savons quand même que ce n'est pas lui, qui détient Kazuha-chan ? » dit Megure.

« Rien ne nous prouve que celui qui a envoyé ces photos, n'a pas de complices et vu que nous avons cet homme sous la main et qu'il a déjà eu un comportement suspect, autant le cuisiné pour avoir le maximum d'informations sur ce qu'il a fait hier soir. » répondit-il froidement. « Megure-keibu, en tant qu'inspecteur, vous savez parfaitement qu'il ne faut écarter aucunes pistes. »

« Oh oui, vous avez raison. » dit l'homme chapeau presque au garde-à-vous face au ton glacial du surintendant d'Osaka.

« Tu te sens capable de participer à l'interrogatoire Toyama ? » demanda-t-il en se tournant à présent vers son ami.

« Oui. » répondit-il en hochant la tête et avec détermination, maintenant qu'il avait de nouveau espoir que sa fille ne soit pas morte.

Fin flashback


« …Après ça, nous avons enfin pu interroger ce Muranishi et vers la fin de la journée un médecin légiste à confirmer la déduction de ton père. Il nous a également dit qu'il soupçonnait que le sang qui sortait de la tête de Kazuha était factif. Vois-tu ces détails aussi infimes soit-il, nous ont redonné espoir. Et concernant, le signe que Conan-kun a remarqué et qui est utilisé par les plongeurs, je me suis souvenu que Kazuha et toi étiez allé à une initiation à la plongée sous-marine l'année dernière. J'imagine que c'est là-bas qu'elle a appris que ce signe pouvait signifier 'je vais bien'. » » termina Ginshiro.

« Ka-Kazuha est vivante ? » pensa-t-il abasourdi, les yeux écarquillés. « Kazuha est vivante ! Oui je dois m'accrocher à cette éventualité. Il le faut, il le faut… » se répéta-t-il en serrant sa couverture avec ses mains, alors que son expression déterminée était revenue.

« Ça va Heiji-kun ? » questionna l'homme constatant que le jeune homme ne l'écoutait plus.

« Mais pourquoi voudrait-on la faire passer pour morte ? » se demanda-t-il à voix haute.

« On suppose que c'est parce que… » Il soupira et son visage s'assombrit. « Ce type veut la garder auprès d'elle. On pense aussi, qu'il a envoyé ce mail, après avoir entendu le message de Kagura à la radio. Il a dû en conclure que la police était activement à sa recherche et… »

« S'il ose la toucher ou lui faire le moindre mal je… » dit l'osakien alors qu'il commença à se lever tout en tremblant de colère, mais son levé brutal lui provoqua une vague de vertige. Il ferma les yeux et mit une main sur sa tête pour essayer de les calmer.

« Doucement. » conseilla l'homme en mettant ses mains sur les épaules d'Heiji pour le remettre en position coucher. « Tu es encore faible, j'aurais dû appeler une infirmière à la seconde où tu t'es réveillé pour qu'elle t'apporte de quoi manger. » dit-il alors qu'il appuya sur le bouton d'appel qui se trouvait près du lit.

« Je vais bien, je vais bien. » tenta-t-il de convaincre en rouvrant ses yeux. « C'est juste que je n'ai pas envie de rester ici…Maintenant que j'ai l'espoir sur le fait que Kazuha soit vivante, je refuse de rester les bras croiser. »

« Je te comprends, je sais que c'est difficile, mais si tu te précipites comme ça dans ton état, tu risques de t'effondrer encore. » dit-il fermement.

« Hmm… » fit simplement le garçon à la peau mate, il était conscient que le père de sa petite-amie n'avait pas tort, mais il ne pouvait et ne voulait pas rester sans rien faire.

« Et pour poursuivre ce que je disais, à la base Kagura avait demandé à des chaînes locales de diffuser la photo de Kazuha. La photo devait être diffusée hier soir, mais nous avons décidé de tout annuler par crainte qu'il lui fasse réellement du mal. »

« Vous voulez faire croire que vous êtes convaincus que Kazuha est bien…morte ? »

« C'est ça. » confirma-t-il. « En ne nous exprimant plus via les médias, ils vont penser que nous avons décidé de faire notre deuil en toute discrétion, ils vont quand même se douter que la police recherchera pendant un temps, le corps de Kazuha dans Tokyo. Mais ils ressentiront moins de pression, s'ils veulent quitter la ville en l'emmenant, car ils penseront que les routes ne seront pas surveillées. Et s'ils le font, c'est là qu'ils seront piégés, car nous avons déjà envoyé la photo de Kazuha aux préfectures les plus proches de Tokyo. Donc s'ils décident de partir par la route, la police sera aux aguets. »

« Espérons qu'on attrape vite cette bande de salaud… » jura-t-il. « Et sinon…vous avez obtenu des informations de Muranishi ? » questionna-t-il pour savoir si cet interrogatoire avait vraiment servi à quelque chose.

« Il a dit qu'il n'y était pour rien dans l'agression des filles. Il a reconnu les avoirs croisées peu avant le début de la représentation, mais il a assuré qu'il ne s'en était pas pris à elles. » déclara-t-il alors qu'il se leva et commença à marcher dans la pièce. « Cependant, il a été mis en garde-à-vue. »

« Pourquoi ? » demanda-t-il avec étonnement.

« La police de Tokyo est allé fouiller dans sa maison et dans sa voiture hier soir et apparemment, on y aurait trouvé des cordes dans son coffres et un pistolet. Quand on lui a demandé pour quelle raison gardait-il une arme dans sa voiture, il a préféré se taire. »

« Une arme ?! Des cordes ?! »

« Oui. Mais mise à part le fait d'avoir nié son implication dans l'agression des filles, il n'a pas voulu parler. Je ne sais pas si tu étais au courant, mais à la base Megure-keibu l'a convoqué parce qu'il aurait envoyé des lettres de menaces concernant Todô Hiroto. »

« Oui j'étais au courant. »

« Eh bien, même quand on l'a interrogé sur le sujet il est resté muet. » dit-il. « Même face à ton père, il n'a pas voulu dire quoi que ce soit. » ajouta-t-il légèrement amusé en sachant que beaucoup de criminels, craquait facilement devant le grand Hattori Heizô. « Mais il sera bien obligé de parler à un moment donné, car le directeur du théâtre nous a remis ces lettres de menaces et nous avons demandé une analyse graphologique avec des documents qui contenaient son écriture. On ne devrait pas tarder à recevoir les résultats. »

« Je vois. » répondit-il alors qu'il était de nouveau en pleine réflexion. « Je ne pense pas qu'il s'agisse de lui…pour moi il voulait surtout s'en prendre à cet acteur. Pour moi, celui qui est impliqué est Amamiya… » se dit-il. « J'ai raté autre chose ? En fait depuis combien de temps de je dors ? » questionna-t-il en sortant de sa réflexion.

« Il est exactement 9h43. » répondit-il après avoir regardé sa montre. « Tu as été inconscient pendant à peu près 16h. »

« Quoi ?! » fit-il la bouche béante, alors qu'une infirmière entra dans sa chambre avec son chariot de soin.

« Bonjour Hattori-kun, je vois que tu es réveillé, je vais prendre ta température et ta tension. » salua-t-elle en souriant alors qu'elle s'approchait de lui, tandis que Ginshiro se décala pour laisser la femme faire son travail. « Tu n'as plus de fièvre, mais ta tension est encore un peu basse. » déclara-t-elle après avoir terminé de l'examiner. « Je vais aller te chercher ton petit-déjeuner, pour que tu puisses reprendre un peu de force. »

« Et quand est-ce que je pourrais sortir ? » demanda-t-il avec impatience.

« Le docteur passera te voir en fin de matinée, mais si tout va bien tu pourras sortir en fin de journée. Après ça, il faudra que tu te reposes quelques jours et… »

« En fin de journée ?! » Il commença à s'énerver.

« Heiji-kun… » intervint froidement le subordonné de son père, ce qui calma immédiatement l'adolescent. « Veuillez l'excusez, il est assez nerveux en ce moment. » dit-il en s'adressant à l'infirmière.

« Ce n'est pas grave. » répondit-elle compréhensive. Elle semblait avoir l'habitude des patients têtus et impatient de sortir. « Je reviens avec ton plateau Hattori-kun. » ajouta-t-elle avant de quitter la pièce.

Ginshiro observa le jeune homme qui avait l'air frustré de devoir rester une journée entière à l'hôpital.

« Ecoute Heiji-kun, il est important que tu te reposes un peu. A ton arrivée tu avais beaucoup de fièvre, tu étais épuisé physiquement et probablement mentalement vu le stress que tu as accumulé ces derniers temps…et avec le choc que tu as eu en voyant cette photo… » Il se râcla la gorge avant de reprendre. « En tout cas, quand tu es arrivé à l'hôpital, tu as commencé à délirer alors que tu étais à moitié inconscient, les médecins ont dû te sédaté et t'ont administré des antibiotiques pour faire baisser ta température. » Il regardait l'adolescent avec une certaine compassion dans le regard.

Heiji ne savait pas quoi lui répondre, il n'était pas du genre à parler de sa santé ou aimer la compassion à son égard.

« D'accord. » répondit-il simplement en baissant les yeux.

« Et pour répondre à ta première question… » poursuivit-il devinant que le jeune homme préférait aborder le sujet qui l'intéressait vraiment. « …Mouri-san a dû être obligé d'admettre que le couple qui s'étaient assis avec les filles et Conan-kun ce soir-là, n'avait rien à voir avec l'agression. Après les avoirs interrogés avec…insistance… » commença-t-il alors que le détective lycéen pouvait parfaitement deviner que Kogoro n'avait pas dû être tendre avec ce couple qu'il pensait tant coupable. « En fait, ces personnes ont récemment emménagé à Tokyo, ils ne connaissent personne et ils n'ont jamais posé de problème avec la justice. » Il soupira, baissa la tête et mit ses mains dans ses poches, avant de regarder de nouveau le petit-ami de sa fille. Enfin bon, qui suis-je pour le juger, quand on est père et qu'il arrive quelque chose de grave à son enfant, on a tendance à…perdre son sang-froid et à agir n'importe comment. » avoua-t-il en regardant le détective lycéen avec un visage désolé.« Tu sais si je ne suis pas avec eux pour le moment, c'est pour deux raisons. D'abord c'est pour rester un peu avec Kagura, car je veux éviter de la laisser seule trop longtemps, je ne veux pas qu'elle reste seule à se ronger les ongles en attendant des nouvelles. Et la seconde raison…c'est parce que je voulais prendre de tes nouvelles. » finit-il par admettre.

« Je… » Il était déstabilisé.

« Je suis vraiment désolé de t'avoir frappé et t'avoir accusé, après avoir appris la disparition de Kazuha, j'étais hors de moi…je n'aurais pas dû… »

« C'est bon, pas la peine d'en parler. » fit l'osakien la tête baissée. « Je n'aurais pas dû partir en la laissant… » ajouta-t-il à voix basse alors que la culpabilité qu'il avait tenté d'enfouir en lui était revenue.

« Eh bien…Toi et Kazuha, vous êtes pareils…Vous aimez perdre votre temps à culpabiliser. Tu sais, jusqu'à présent elle s'en veut pour l'accident qui avait causé ton amnésie. » Il secoua tristement la tête.

« C'est cette histoire stupide…qui est à l'origine de notre dispute. » se dit-il.

« Heiji-kun. » commença-t-il sérieusement. « Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé entre vous et ça ne me regarde pas. Surtout qu'elle et toi, vous vous disputez pour des broutilles depuis votre enfance… » Il esquissa un léger sourire amusé. « Mais il y a une chose que je sais, c'est que tu l'aimes…sincèrement et je sais… enfin j'ai bien vu que tu es capable de mettre ta vie en danger pour elle. Tu es même allé mettre ta santé en péril pour enquêter sur sa disparition et rien que pour ça, tu as tout mon respect. » avoua-t-il en regardant le petit-ami de sa fille droit dans les yeux.

« M-Merci. » Était tout ce qu'il pouvait dire face aux déclarations de Ginshiro. Bien qu'il connaissait l'homme depuis longtemps, il ne lui avait jamais parler avec autant de sincérité. Les fois où ils discutaient c'était surtout pour parler d'affaires, vite fait de la pluie et du beau-temps…Même le jour où il avait officialisé sa relation avec Kazuha, le subordonné s'était juste contenté de sourire et de lui donner une tape amicale sur l'épaule, mais là…il lui avait clairement fait part de son admiration à son égard.

« Hattori-kun. Ton petit-déjeuner ! » annonça l'infirmière en passant la porte de sa chambre, avec un chariot contenant un plateau repas.

Son entrée avait brisé l'atmosphère de gêne qui s'était installé dans la pièce après les derniers mots du père de Kazuha.

« Merci. » dit l'adolescent une fois que la jeune femme eut posé le plateau devant lui. Bien qu'il n'avait rien dit sur le sujet, il ressentait le besoin de se mettre quelque chose sous la dent. Il ne savait pas si c'était le fait d'avoir de nouveau de l'espoir pour Kazuha, mais il sentait qu'il avait retrouvé un peu l'appétit. Alors une fois son repas devant lui, il n'hésita pas à attraper sa cuillère pour déguster sa bouillie de riz.

« Je vais te laisser manger et te reposer. » dit Toyama, une fois que l'infirmière eut quitté la chambre et en voyant l'adolescent manger avec appétit.

« Toyama-keibu attendez ! » lui dit-il alors que le subordonné de son père s'apprêtait déjà à sortir.

« Oui ? »

« Je pensais que vous alliez continuer à me parler de l'avancer de l'enquête. » déclara-t-il en arrêtant de manger. A présent qu'il s'était remis des paroles de Ginshiro, il était de nouveau d'attaque pour écouter s'ils avaient eu d'avantage d'éléments, surtout sur la personne qu'il suspectait en particulier…

« Je suis désolé, mais je pense que je t'en ai suffisamment dit pour le moment. » répondit-il embarrassé.

« Quoi ?! »

« Quand j'ai dit à ton père que j'allais te rendre visite, il m'a dit que si jamais tu te réveillais, il valait mieux te parler le moins possible de l'enquête. » Il se gratta la nuque. « Il te connait tu sais, il sait que si je te raconte certains détails, tu es capable de t'échapper en douce de l'hôpital pour continuer à enquêter. »

« Saleté d'oyaji… » grommela-t-il en serrant ses points, en constatant qu'une fois de plus son père avait anticipé ses réactions.

« Tu sais même s'il ne te le montre pas, il était réellement inquiet quand tu t'es évanoui dans ses bras. »

« Je n'ai pas besoin de son attention ! » dit sèchement l'adolescent en détournant le regard. « D'ailleurs où est-il lui et Ku…Conan-kun ? »

« Ton père tu le devineras est avec Megure-keibu et Conan-kun je l'ignore, mais quand il est parti du commissariat, il semblait vraiment épuisé. En même temps, je pense que cette affaire est trop lourde pour un enfant de cet âge. Je veux dire je reconnais que Conan-kun est un enfant brillant, mais…il ne devrait pas s'investir autant. » soupira-t-il avec un air préoccupé.

« Il est fort, je ne m'inquiète pas pour lui. » répondit Heiji. Malgré le fait qu'il se soit disputé avec son meilleur ami la veille, il avait et aurait toujours de l'admiration à son égard. De plus, il lui était profondément reconnaissant d'avoir redonné à tout le monde de l'espoir sur le fait que Kazuha soit potentiellement…non qu'elle soit en vie !

« Si tu le dis. » lui répondit Toyama assez troublé par la réponse du jeune homme qui semblait considérer le petit-garçon de sept ans comme son égal. « Bon à présent, je vais te laisser, je vais rejoindre ton père. Kagura va rester à l'hôpital, si tu as besoin de quoi que ce soit… »

« Elle est surtout là pour me surveiller. » devina-t-il en haussant un sourcil.

« Oui et non. C'est ton père qui lui a demandé de rester un peu auprès de toi après ton admission ici, mais en vérité, elle t'a veillé toute la nuit. » dit l'homme.

« Vraiment ?! » fit-il assez surpris. « Je vais la remercier. »

« Tu fais bien. » lui accorda l'homme.

« Je voulais juste vous faire part d'une déduction et après promis je vous laisse partir. ».

« Quoi donc ? »

« Je suspecte Amamiya-san, d'être le faux-médecin qui a tenté de s'introduire dans la chambre de Ran-chan. »

« Pourquoi penses-tu ça ? » demanda-t-il en fronçant les sourcils.

« Comme vous devez le savoir, hier avec le gamin nous sommes allés au théâtre mener l'enquête. »

« Oui c'est ce que j'avais cru comprendre, d'après ce que je sais, c'est vous qui avez convaincu Amamiya-san d'aller témoigner. » confirma-t-il alors que son expression s'assombri rien qu'en repensant que le vigile avait pris beaucoup de temps avant d'avouer qu'il était un témoin clé.

Heiji exposa ainsi son hypothèse, en racontant au préalable le fait que lors de son récit du moment où il a trouvé Ran, l'homme semblait mentir sur le fait qu'il était allé chercher une bouteille d'eau. Il poursuivit en disant que plus tard, son mensonge avait été confirmé, quand ils avaient su qu'Amamiya avait raconté à sa petite-amie qu'il était allé chercher sa montre.

« …Sa petite-amie nous a également raconté son problème avec l'alcool qu'il a eu dans le passé. Comme vous devez le savoir il a eu des problèmes avec la justice à cause de ça. Mais ce que vous ignorez peut-être c'est qu'il s'est battu dans un bar après avoir bu du saké. De ce fait, avec ces éléments, Ku…enfin Conan-kun et moi avions conclu après que c'était probablement du saké qu'il était allé chercher dans sa voiture. Comme la bouteille de saké, que ce faux-médecin avait dans sa poche. »

« Heiji-kun, tu es conscient que le saké est l'un des alcools les plus incontournable du Japon ? »

« Je sais. » admit-il la tête baissé.

« Et je ne vois pas pour quelle raison, il se serait rendu à l'hôpital déguisé en médecin, pour voir Ran-chan. »

« J'ai en fait émis l'hypothèse qu'il avait menti dans son témoignage. Qu'en réalité, il aurait assisté à l'agression des filles, alors qu'il sortait pour récupérer son saké. »

« Tu veux dire qu'il aurait vu l'agresseur ? »

« Oui. » confirma-t-il en hochant la tête. « Et je pense que l'agresseur ce serait ce fameux vigile à lunettes dont le gamin à parler ou du moins quelqu'un proche de lui qu'il chercherait à couvrir. »

« Et il serait allé voir Ran-chan dans quel but ? »

« D'après ce que j'ai pu voir, ce mec est juste un menteur et un lâche, je ne pense pas qu'il lui voulait du mal. Je pense plus qu'il voulait plus s'assurer, qu'il n'était pas mouillé dans une affaire criminelle, c'est pour cela qu'il s'informait sur son état. » termina-t-il en frottant ses yeux pour chasser la fatigue.

« Tous ce que tu as dit se tient. » déclara Toyama après avoir écouté la théorie du jeune homme. « Surtout qu'à nous aussi, il nous a dit qu'il était allé chercher une bouteille d'eau, mais s'il a dit autre chose à sa petite-amie…En tout cas, vu qu'il a trainé pour apporter son témoignage ça fait de lui un suspect, donc je pense qu'on peut obtenir un mandat pour perquisitionner sa voiture et si l'on retrouve effectivement, une bouteille de saké, il faudrait voir avec les enfants, si cette bouteille correspond à celle qui se trouvait dans la poche du faux-médecin, car il ne faut pas oublier qu'il y a plusieurs déclinaisons. » pensa-t-il à haute voix et avec la main sur le menton.

« Alors vous allez l'interpeller ? »

« Je te tiendrais, au courant quand tu iras mieux. »

« Mais… »

« Je dois y aller j'ai du pain sur la planche. Quant à toi repose-toi ! » Cette fois-ci il quitta la pièce rapidement, sans même laisser le temps à Heiji d'en placer une.

« Merde ! » jura l'osakien qui aurait voulu obtenir plus d'informations, mais il savait aussi que Ginshiro n'aurait pas désobéi aux ordres de son père concernant le fait qu'il devait lui dire le moins de choses possible concernant l'enquête. « Hors de question que j'attende sagement. » se dit-il en recommençant à manger. « Je ne sais pas ce que ce type à l'intention de faire à Kazuha, ni pour quelle raison il a essayé de nous faire croire qu'elle était morte, mais il ne vaut mieux plus traîner à la retrouver. Premièrement, il faut que je trouve mon téléphone, je pense que la première chose à faire est d'appeler Kudô. » se dit-il alors qu'il était à présent assis sur le bord de son lit. « Sûrement dans le tiroir. » Il regarda la table de chevet qui se trouvait près de lui. Avec difficulté, à cause de sa perfusion qui le gênait, il réussit tant bien que mal à atteindre le tiroir. Malheureusement, il ne trouva rien. « Merde ! » jura-t-il à haute voix. « Oyaji a dû dire à Toyama-han ou à Obasan de prendre mon téléphone. Mais s'il croit que ça va m'empêcher de m'échapper. » Il commença à attraper sa perfusion afin de l'enlever.

« Heiji-kun, que fais-tu ? » surgît soudainement une voix féminine qui le fit sursauter et interrompre par la même occasion ce qu'il était en train de faire.

« Kisaki-sensai ?! » dit-il avec de gros yeux en reconnaissant sa nouvelle visiteuse.

« Tu allais arracher ta perfusion ? » demanda-t-elle avec un air surpris en s'approchant de lui.

« Euh…Elle me gêne… » mentit-il en détournant le regard.

« Tu mens très mal. On te l'a déjà dit ? » soupira-t-elle tristement. « Toyama-keibu est venu me voir, avant de se rendre dans ta chambre, il a dit qu'à ton réveil, il était fort probable que tu tentes de t'échapper. J'imagine que je suis arrivée au bon moment ou plutôt au mauvais moment pour toi ? »

« Hmm… » Il baissa les yeux d'un air abattu et frustré.

« Heiji-kun…Fais confiance à la police, fais confiance à ton père, ils vont retrouver Kazuha-chan. » dit-elle en mettant une main sur son épaule. « Quant à toi, repose-toi, pour reprendre des forces. »

« On me l'a déjà dit… » grommela-t-il une fois de plus. « Mais vous au moins, votre fille n'a pas disparu, vous êtes au courant de son état, vous pouvez la voir quand vous… » Il s'arrêta réalisant ce qu'il était en train de dire à la femme qui avait sa fille dans le coma. « Je suis désolé, je ne voulais pas… » s'excusa-t-il en voyant la tristesse dans le regard d'Eri. Il avait été impulsif et ses mots avaient dépassé sa pensée, mais il n'avait voulu en aucun cas blesser qui que ce soit par ses paroles.

« Ne t'inquiète pas. Je comprends que tu sois assez irritable au vu de la situation. » Elle s'efforça de sourire, malgré la peine qu'elle ressentait.

« Pardon quand même. En plus Ran-chan est toujours… »

« Son état s'améliore. » dit-elle d'un ton rassurant.

« Vraiment ? »

« Oui d'après le médecin, on aurait dit qu'elle se bat pour aller mieux. Son état s'est considérablement amélioré ces douze dernières heures. Ils vont peut-être la sortir du coma aujourd'hui. » poursuivit-elle avec enthousiasme.

« C'est super ! Ça signifie qu'elle pourra nous dire ce qui lui est arrivé à elle et à Kazuha ! » réalisa-t-il avec une lueur d'espoir dans les yeux.

« Sûrement. En tout cas, c'est pour cela que je suis venue dans ta chambre en premier lieux, je voulais également l'annoncer à Toyama-keibu, mais à ce que je vois, il est déjà parti. »

« Oui. Il est allé rejoindre mon père et Megure-keibu. »

« Je vois. Et son épouse n'est pas avec toi ? D'après ce qu'il m'a expliqué, elle devait veiller à ce que tu ne t'échappes pas, mais d'après ce que j'ai vu en arrivant… »

« Je ne sais pas. » Il haussa les épaules, mais en y repensant il trouvait étrange que Kagura ne soit pas revenue.

« Je vois. Tu pourrais lui donner ceci quand elle viendra. » demanda-t-elle en tendant un papier qu'elle avait sorti de la poche de sa veste.

« Qu'est-ce que c'est ? » questionna-t-il en prenant ce qu'elle lui tendait.

« Une photo de Kazuha-chan, je l'ai trouvé hier après-midi, à la cafétaria, j'ai supposé que Toyama-keibu ou Kagura-san avait dû la perdre, quand nous nous trouvions là-bas hier matin. Dans tous les cas, ils ont de la chance que ce soit moi qui sois tombée dessus. » termina-t-elle alors que le détective de l'Ouest était en train de regarder la photo en question.

Il n'avait jamais vu ce cliché de Kazuha, sur ce dernier, elle posait en effet dans un Kimono coloré, elle tenait une ombrelle devant un cerisier. Cependant, il était évidant pour le détective que ce cerisier n'était qu'une toile de fond et que l'adolescente posait dans le studio d'un photographe. De plus il y avait plusieurs détails qui l'interpelait. Premièrement, la qualité de l'image ne semblait pas être récente et cela malgré le fait que l'adolescente paraissait avoir exactement le même âge qu'elle avait actuellement. Deuxièmement, le sourire que faisait la jeune fille sur cette photo, ne ressemblait pas à celui de sa petite-amie, il était…différent. Par la suite, il retourna l'image pour voir s'il y avait quelque chose d'inscrit, une date ou n'importe quoi. Il y avait effectivement une inscription, seulement 'H.M'.

« Kisaki-sensei vous avez… » commença-t-il avant d'être interrompu par la sonnerie de téléphone de l'avocate.

« Oh c'est Conan-kun ! » dit-elle en regardant son portable qu'elle tenait dans sa main. « Excuse-moi deux secondes. » fit-elle en décrochant. « Allô Conan-kun ? »