Ouf, je peux à nouveau accéder à mon compte. Je suis désolé du retard mais je n'arrivais plus à accéder au site depuis vendredi, c'est pour cela que ce chapitre n'est posté qu'aujourd'hui. Bref, assez de parlotte, je vous laisse découvrir ce nouveau chapitre en espérant que vous l'apprécierez.


Point de vue d'Éridanie

Cela fait maintenant deux semaines depuis mon retour à Poudlard et malheureusement autant de temps qu'arrivent à mes oreilles des rumeurs toutes plus folles les unes que les autres sur mon passage à l'infirmerie et l'implication des aurors dans cette histoire.

Une fois c'est James qui a fait appel à son père pour pouvoir jouer les chevaliers servants ensuite, rumeur vite partie puisque ni lui ni moi ne nous étions adressé la parole depuis que j'étais revenue. Une autre fois c'était une vengeance dû aux actions de ma famille durant la guerre, le lendemain c'était une histoire de filtre d'amour qui avait mal tournée, ensuite il se racontait que mon sang avait des propriétés particulières et ainsi de suite. C'était de pire en pire et j'étais à deux doigts de frapper le prochain élève qui allait venir me demander si telle ou telle rumeur était vraie.

Heureusement mes amis m'ont vite changé les idées et avec les vacances de Noël qui arrivent bientôt, je me sens beaucoup plus détendue, même si je ne peux me défaire du fait que j'ai trouvé étrange la manière dont mon père s'est comporté avec Harry Potter et du stress qui me tient depuis que j'ai entendu leur dernière conversation.

D'ailleurs en parlant de stress ou d'attitude bizarre, celle d'Enzo m'interpelle depuis quelques temps. Il a toujours été protecteur, à la limite du paranoïaque avec Sally et moi mais depuis mon empoisonnement il ne fait rien du tout, bien sûr il est présent et à l'écoute mais il ne s'inquiète pas dès que je mets de la nourriture dans ma bouche ou il ne vérifie pas chacun de mes produits de beauté, comme il l'aurait fait l'année dernière.

Est-ce qu'il se serait rendu compte de son comportement plus qu'agaçant et aurait mûri ? Non ça m'étonnerait beaucoup... quoi que... maintenant que j'y pense il n'est pas venu à l'infirmerie lors de ma chute de balai il y a quelques semaines. Je pensais tellement à mon histoire avec James que j'ai occulté ce détail. C'est très inhabituel pour lui, pour ne pas dire totalement impossible.

D'autant plus que depuis quelques jours j'ai remarqué qu'il était bien plus calme et posé qu'avant, oh il n'a jamais été du genre blagueur, mais il avait du mal à rester en place.

– Éridanie...

Mon prénom murmuré si près de mon oreille me fait sursauter brusquement et je me retourne aussitôt pour découvrir le responsable.

– Enzo, tu m'as fait peur.

– Oui c'est ce que j'ai cru comprendre, mais il fallait bien te sortir de tes rêveries parce que je t'ai appelé plusieurs fois avant que tu ne réagisses enfin. Me répond-t-il avec une pointe d'humour.

Un fin sourire s'installe sur mes lèvres et Enzo me le rend tout en s'installant en face de moi. Il sort ensuite ses affaires et nous nous plongeons tous les deux dans nos devoirs. Après deux bonnes heures de bûchage intensif nous décidons qu'il est temps de faire une pause.

– Au fait Éri, à quoi pensais-tu avec autant d'intensité tout à l'heure avant qu'on ne commence à travailler ? Me demande-t-il tout en s'étirant.

– A toi.

Je me couvre aussitôt la bouche, très gênée d'avoir répondu de façon aussi directe.

– Enfin je me faisais la réflexion que tu avais changé ces derniers temps et que tu avais mûri et je me demandais quelle était la raison, parce que c'était agréable de te voir comme ça, tu sembles plus adulte et plus « homme » et ça te donne du charme et...

Voyant la mine de plus en plus amusé d'Enzo devant mon explication, je décide de me taire. Il me lance un regard séducteur et rouge de honte, je baisse la tête et cache mon visage avec mes mains.

– Alors comme ça j'ai du charme ?

– Je t'en supplie tait-toi, c'est déjà suffisamment embarrassant comme ça.

Enzo éclate aussitôt de rire, heureusement que nous sommes dans un coin reculé de la bibliothèque, ainsi personne ne peut nous entendre.

– C'est plutôt moi qui devrais être gêné. Dit-il après que son rire soit passé.

– Et pourquoi ça je te pris ? Fis-je en relevant la tête.

– Parce que tu remarques seulement maintenant que je suis un homme. Me répond-t-il tout à fait sérieux.

Je dois faire une tête bizarre parce qu'il continu ses explications sans me laisser le temps de répondre.

– D'abord on se connaît depuis presque toujours Éri et moi je t'ai toujours vu comme une femme, ma meilleure amie certes, mais une femme quand même. Ensuite t'entendre dire que tu ne me considérais pas comme un homme avant aujourd'hui peut me vexer ou me gêner, tu ne crois pas ? N'as-tu pas remarqué que j'ai grandi ? Que j'ai pris du muscle ? Je ne suis plus le frêle petit garçon que j'étais durant l'enfance. Pour finir, n'importe quel garçon de Poudlard serait gênéd'entendre ce genre de compliments de la part d'une des plus belles filles de l'école, si ce n'est la plus belle.

Alors que j'étais mal à l'aise dû à la culpabilité durant la première partie de son explication, sa dernière phrase me fit monter le rouge aux joues encore plus rapidement que tout à l'heure.

– Que...Qu'est ce qui te prend de dire ça ?

– C'est la vérité Éri, tu es belle et beaucoup de garçons ont été ravi de ta séparation d'avec Potter.

– Je ne te crois pas.

Enzo me lance un regard furieux et referme son livre d'un geste sec.

– Écoute moi bien Éridanie Aquilae Malfoy, tu vas arrêter de te rabaisser et ouvrir grand tes oreilles. Frank Londubat, le fils du professeur et accessoirement capitaine de l'équipe de Poufsouffle veut sortir avec toi depuis plus de deux ans, Gidéon Nott, le grand frère de Sally et le plus grand séducteur de Poudlard a des sentiments pour toi depuis sa sixième année et continue à en avoir malgré le fait qu'il ait quitté l'école depuis deux ans. Fred Weasley, oui je parle bien du batteur vedette des faucons de Falmouth, a chargé Lily Potter de badigeonner d'empestine les affaires de son frère parce qu'il a toujours trouvé que tu étais une perle et qu'il a voulu te venger. Henri Bones, le Serdaigle de sixième année considéré comme un génie des potions, rêverai d'être ne serait-ce qu'ami avec toi et il y en a beaucoup d'autres qui pensent la même chose. Je ne te parle même pas de tous les crétins comme Foucher qui veulent te mettre dans leur lit, alors rentre toi bien dans le crane Éridanie Aquilae Malfoy que tu es magnifique et désirable. Tous les garçons que je viens de te citer n'attendent qu'un geste, un mot de ta part pour rappliquer dans la seconde.

Enzo termine sa tirade à bout de souffle et range précipitamment ses affaires dans son sac avant de se diriger vers la sortit d'un pas rapide et furieux.

Je le suis du regard mais suis incapable de bouger, complètement sonnée par ce que je viens d'entendre. Je n'ai même pas le réflexe de fermer la bouche que j'avais ouverte durant le discours d'Enzo.

Il se passe je ne sais combien de temps avant que je reprenne finalement pied dans la réalité. C'est l'appel de la bibliothécaire indiquant la fermeture qui me sort de ma léthargie. Voyant que le soleil est couché, je me dépêche de rassembler mes affaires et sors rapidement de la bibliothèque. Je marche ensuite de façon automatique, encore sonné par tout ce que m'a révélé Enzo.

Mon corps me fait l'impression d'être en plomb tellement il est lourd, je ne sais pas où je vais, je n'arrive pas à réfléchir, tout est embrouillé dans ma tête, je me contente de marcher sans avoir de destination.

Épuisée, je m'arrête finalement dans un couloir et m'assois par terre, laissant mon sac choir de mon épaule. Je ramène mes jambes contre ma poitrine et les entours de mes bras avant d'enfouir ma tête à l'intérieur.

Je me sens tellement sens dessus-dessous, trop de choses tourbillonnent en moi, je ne sais même pas par où commencer.

D'abord il y a eu la trahison de James puis notre rupture, ensuite ma chute où James m'a sauvé la vie ce qui nous a permis après de nous expliquer. J'ai donc appris qu'il ne m'avait pas trahi mais j'ai décidé de ne pas me remettre avec lui et ça a été une décision très douloureuse. Puis il y a eu son comportement qui bien que c'était pour me protéger m'a fait mal.

Par la suite il y a eu ma tentative d'empoisonnement et je serais peut-être morte si Albus ne m'avait pas vu jeter des mouchoirs pleins de sang au feu. Une fois mon séjour à Sainte-Mangouste passé, Harry Potter est venu me parler de l'enquête et j'ai appris que quelqu'un cherchait à me tuer.

Pour finir, Enzo m'a révélé que beaucoup de garçons plus qu'intéressants avaient des sentiments pour moi sans que je ne remarque quoi que ce soit alors que je les connais tous et certains avant Poudlard, me faisant l'effet d'être insensible ou complètement aveugle.

Tout ça...c'est beaucoup trop pour une seule personne.

– Éridanie ? Qu'est-ce-que tu fais là ?

Je relève la tête et croise le regard d'une personne que je n'ai pas du tout envie de voir en ce moment.

– Franck...

Ma voix est si faible qu'elle est à peine audible, j'ai même du mal à la reconnaître. Franck aussi semble déstabilisé de constater mon état de faiblesse.

– Eh, qu'est ce qui ne va pas ma belle ? Demande-t-il en s'agenouillant devant moi.

– Je...

Mais je suis incapable de sortir un autre mot tellement ma gorge se noue.

– Qu'est-ce-qui se passe Éridanie ? Tu as l'air vraiment mal en point.

Sans réfléchir une seule seconde aux conséquences, je me jette sur Franck et le serre dans mes bras de toutes mes forces, sauf que j'ai pris tellement d'élan qu'il doit se rattraper avec ses mains pour éviter de nous faire tomber.

J'entends Franck baragouiner des choses sans queues ni têtes, probablement dû à la surprise de mon action, d'ailleurs même moi je ne me reconnais pas dans ce que je viens de faire, je ne me comporte pas comme ça en temps normal, mais là, plus qu'à d'autres moments, j'ai vraiment besoin de réconfort.

Sans que je ne bouge de ma position, Franck se décale et s'appuie contre le mur, nous permettant ainsi d'être plus stable, puis je sens ses bras s'enrouler lentement autour de moi et me serrer peu à peu.

Nous restons ainsi peut-être quelques minutes, jusqu'à ce que je sente une larme dévaler ma joue. Effrayée à l'idée qu'il puisse me voir pleurer je m'écarte vivement de Franck et tourne la tête de manière à cacher mon visage afin de l'essuyer. Ce que je n'avais pas prévu par contre c'est le reniflement involontaire que je produis et qui alerte tout de suite Franck sur la raison de mon éloignement.

– Éridanie...

– Non ne dit rien, s'il te plaît, ne dis rien. Fis-je d'une voix tremblante tout en me retournant pour le regarder dans les yeux.

– J'aimerais pourtant avoir un début d'explication si ce n'est pas trop demandé. Tu ne vas pas bien et même si on s'apprécie, on n'est pas vraiment ami alors te voir te jeter dans mes bras me fait penser que tu es à bout, même si j'ai adoré ce moment soit dit en passant.

C'était vraiment la dernière chose à dire, alors sous les yeux consternés de Franck, j'éclate en sanglots.

– Oh non non non, je ne voulais pas te faire pleurer Éridanie, excuse-moi, pardon.

Franck me reprend aussitôt dans ses bras et me frotte le dos tout en continuant de s'excuser. Il se passe bien un quart d'heure avant que je n'arrive à cesser de pleurer et cinq minutes supplémentaires pour que je me reprenne totalement. Je m'écarte ensuite du torse de Franck et de sa chemise désormais trempée.

– Je suis désolée Franck, je ne sais pas ce qui m'a pris. Dis-je d'une petite voix.

– Tu as craqué tout simplement, avec tout ce qui t'es arrivé ces derniers temps ce n'est pas surprenant, rassure-toi, ce n'est pas dramatique, au contraire, tout le monde a besoin de lâcher prise à un moment ou à un autre, ça prouve qu'on est humain. Me répond-t-il d'une voix douce.

– Je vois que le moulin des rumeurs de Poudlard est arrivé jusqu'à toi.

– En même temps difficile de louper ce genre de chose, rassure-toi je ne connais pas les détails, juste les grandes lignes.

– C'est déjà bien assez à mon goût. Dis-je en grognant.

Il pouffe et sort un mouchoir de son pantalon afin d'essuyer les traces de mes larmes.

– Qu'est-ce-que tu dirais d'aller manger maintenant ? Parce que le dîner va bientôt se terminer et que c'est toujours plus agréable d'aller se coucher le ventre plein, à moins que tu ne préfères rester seule.

J'ouvre la bouche avec l'intention de lui répondre mais rien ne sort, sans doute parce que je ne sais pas quoi dire comme je n'ai aucune idée de ce que je veux faire. Au final je baisse la tête sans avoir répondu.

– Est-ce-que ça te va si je t'emmène dîner aux cuisines ?

– Pardon !? Tu sais comment y aller ?

– Bien sûr.

Il me fait un clin d'œil accompagné d'un grand sourire et se relève avant de me tendre la main.

– Allez lève-toi Éridanie, le sol n'est guère un siège approprié pour une reine.

Je souris à mon tour et attrape sa main. Une fois debout je ramasse mon sac et le remet sur mon épaule avant de suivre Franck.

– Dois-je en conclure que vous êtes mon escorte messire.

– Si c'est pour que vous ayez le sourire, j'accepte avec plaisir majesté.

Je perds aussitôt la bonne humeur que j'avais retrouvée, je sais qu'il a sans doute dit cela pour être gentil mais les paroles d'Enzo sont encore très présentes dans ma tête.

– Hey Éridanie, qu'est ce qui se passe ? Qu'est-ce-que j'ai dit ?

– Je...Je t'expliquerais durant le repas d'accord ?

Tout de même un brin septique, Franck acquiesce et nous entraîne dans le dédale des couloirs de l'école. A ma grande surprise, nous nous arrêtons à l'étage des Poufsouffle devant un tableau représentant une coupe de fruits.

– Maintenant majesté, auriez-vous l'obligeance de fermer les yeux, je tiens à rester quelque peu mystérieux.

Je m'exécute, légèrement amusé par tout le cérémonial de Franck. Un petit bruit plus tard et je sens une main prendre la mienne.

– Je peux ouvrir les yeux ?

– Un petit instant encore et fais attention, il y a un escalier devant toi.

Précautionneuse, j'avance à petits pas jusqu'à sentir une marche. Je serre un peu plus fort la main de Franck et m'avance franchement vers les cuisines.

Petit à petit, je perçois le bruit des casseroles et marmites qui s'entrechoquent, l'odeur de pudding et de roast beef, les piaillements des elfes de maison et la douce chaleur qui doit constamment régner en ces lieux.

– Maintenant tu peux ouvrir les yeux. Me dit Franck avec une tendre impatience.

Je fais ce qu'il me dit et découvre un spectacle vivant que je n'avais encore jamais vu. Une centaine d'elfes s'agite en portant poêles, casseroles et marmites, des plats plus appétissants les uns que les autres s'étalent devant mes yeux et les rires des cuisiniers résonnent dans la pièce aussi spacieuse que la grande salle.

– C'est... fabuleux. Dis-je d'une voix émue.

– Pourtant d'après ce que je sais, tu devrais être habituée aux elfes de maison non ?

– Nous en avons à la maison c'est vrai mais ils sont si discrets que je ne peux jamais les observer quand ils font leur travail.

– Et... excuse-moi de te demander ça mais... sont-ils payés ?

Je ne m'attendais tellement pas à ça que j'éclate d'un rire aussi nerveux que bruyant. Aussitôt, une dizaine d'elfes se précipitent vers nous, demandant s'il nous faut quelque chose, faisant des courbettes ou présentant des plateaux remplit de victuailles. La situation est tellement incongrue que cela renforce encore plus mon hilarité et je ris à m'en rouler par terre.

Une fois ma crise passée et que Franck ait congédié les elfes, je remarque qu'il me regarde les yeux écarquillés et la bouche ouverte, ce qui me donne à nouveau envie de rire. Puis la réalité de la situation me frappe et je me fige d'horreur.

– Franck, s'il te plaît, ne parle à personne de ce que tu as vu à l'instant.

Ma phrase semble le sortir de son ahurissement.

– Pourquoi je ne dois en parler à personne Éridanie ? Tu as juste ris.

– C'est très important Franck, il ne faut en aucun cas que ce que tu viens de voir ne s'ébruite dans le château.

– Mais... pourquoi ?

– Ne pose pas de question et promets-moi de n'en parler à personne... je t'en supplie. Dis-je en terminant ma phrase dans un murmure.

Franck m'observe, incertain de la marche à suivre. Je peux comprendre qu'il soit déboussolé, voir perdu, après tout c'est sans doute la première fois qu'il me voit ainsi. Intérieurement je pris pour qu'il garde le silence sur ce qui s'est passé ici et ne pose pas plus de question, mais je sais que c'est utopique, alors je concentre mes prières sur le premier point.

– Je ne saurais dire si tu es une énigme ou au contraire un livre ouvert Éridanie Malfoy.

Intriguée par ce qu'il vient de dire, je hausse un sourcil.

– Là à l'instant tu m'as suppliée de ne rien dire mais ton visage était impassible comme si tu t'en fichais, à l'inverse de ta voix qui était tremblotante. Je t'ai toujours vu arborant un air neutre ou à la limite un léger sourire moqueur, même devant les remarques blessantes que peuvent te faire nos condisciples. Je me suis même parfois demandé si tu savais exprimer ce que tu ressentais et là je te découvre riant à gorge déployé, plus épanouie que je ne t'avais jamais vu.

Anxieuse tout au long de son discours, j'attends fébrile qu'il termine ce qu'il a à dire.

– Je veux bien me taire sur ce que je viens de voir Éridanie, même si je ne comprends pas pourquoi, mais à une seule condition.

Contrariée par ce que je viens d'entendre je réplique vivement.

– C'est du chantage !

– Je vois plutôt cela comme un marché. Me contre Franck avec un sourire amusé.

– Ça reste du chantage. Dis-je ne voulant pas lâcher le morceau.

– Peu importe non ? L'essentiel c'est que cela nous convienne à tous les deux.

Je grogne très légèrement, ne voulant pas lui donner la satisfaction d'approuver son argument.

– Dis-moi d'abord ta condition, j'aviserais ensuite.

– Je veux la revoir.

– Pardon ?

Je comprends de moins en moins ce qui peut se passer dans la tête de Franck. Il m'a toujours fait l'effet d'un gars gentil et intelligent, qui va droit aux buts et rit facilement. Sauf que je le découvre à l'instant manipulateur et avouant des choses à demi-mots. Finalement, est-ce-que je le connais vraiment ?

– Je veux te voir.

– Mais... je suis en face de toi.

– Non, je ne veux pas voir cette espèce d'image que tu présentes à tout le monde, celle que je veux voire c'est la vraie Éridanie Malfoy, celle que j'ai entraperçu quand tu as ri à gorge déployée.

Je me ferme aussitôt et lui jette un regard glacial.

– Je ne sais pas de quoi tu te protèges Éridanie, mais je peux te jurer que je ne me moquerais pas de toi et puis ce n'est pas comme si Voldemort allait revenir à la vie. Plaisante-t-il.

– Tu parles sans savoir Franck, je me moque complètement de ce qu'un simple étudiant peut penser de moi. Dis-je d'une voix extrêmement froide.

Douché par ma réflexion il reprend prudemment.

– Alors pourquoi ne te laisses-tu pas aller ?

Décidée à avoir la paix, je lâche une demi-vérité.

– Parce que je refuse de montrer ce que je suis aux personnes qui ne le méritent pas.

A présent, persuadée qu'il avait laissé tomber l'idée de dîner avec moi, je reprends mon sac et me tourne afin de remonter les escaliers.

– Suis-je une des personnes qui ne le méritent pas ?

Surprise par le ton doux de Franck, je m'arrête mais ne me retourne pas.

– Tu ne m'as jamais prouvé que tu le méritais.

– Alors laisse-moi essayer.

Doucement il prend ma main et la tire lentement vers lui pour que je redescende. Poussée par une inexplicable pulsion, je n'oppose aucune résistance.

– Va t'asseoir à la table qui se trouve à l'écart s'il te plaît, je reviens avec de quoi manger.

Me surprenant moi-même, je fais ce qu'il dit sans penser à répliquer. Il revient quelques minutes plus tard avec de la nourriture, comme il l'avait annoncé. Après l'avoir posée sur la table, il me fixe du regard et ouvre la bouche.

– Il y a quelque chose que je me suis toujours demandé à ton sujet.

Je hausse un sourcil, lui indiquant de continuer.

– Quel est ton deuxième prénom ?

– Tu es sérieux ?

Je ne peux retenir l'incrédulité de mon ton face à cette question plus que banale.

– Très sérieux, j'ai entendu plusieurs fois Albus appelé ton frère Scorpius Hypérion Malfoy alors je me demandais quel était ton prénom complet.

– Aquilae, Éridanie Aquilae Malfoy. Fis-je dans un soupir.

– Toujours les constellations ?

– Traditions.

– C'en est une belle.

– Celle-là oui...

Je referme tout de suite la bouche avant d'en dire trop, heureusement Franck semble n'avoir rien remarqué.

– D'ailleurs, par rapport au fait de me taire sur ta crise de rire. Fait-il en attrapant un morceau de poulet.

– Oui ? Dis-je suspicieuse.

– Je change ma condition, j'aimerais juste passer du temps avec toi.

Je lui réponds par une moue septique.

– C'est la vérité Éridanie. Je veux te prouver que tu peux être toi-même avec moi.

– Tu risques d'attendre longtemps.

– J'ai le reste de l'année avant de partir de Poudlard.

– Ça ne sera peut-être pas suffisant.

– Je prends le risque.

– Je croyais que c'était les Gryffondors qui étaient butés.

– Mon père en était un, je dois avoir récupéré ça de lui.

Un petit sourire naît sur mes lèvres et je concentre ensuite mon attention sur la nourriture. J'attrape le plat de carpes et en découpe un gros morceau avant d'en mettre une petite partie dans ma bouche.

– C'est bon n'est-ce-pas ?

– Oui, la nourriture des elfes est toujours délicieuse. Fis-je après avoir avalé mon morceau de poisson.

– As-tu déjà mangé une autre cuisine que celle des elfes ?

– Oui, bien sûr, je suis allée au restaurant après tout.

Franck plonge ses yeux dans les miens suite à ma réponse, j'ai l'impression désagréable qu'il m'analyse.

– Si tu as quelque chose à dire vas-y, c'est gênant d'être fixé comme ça par quelqu'un.

– En fait je me faisant juste la réflexion qu'on a vraiment été élevés de manières différentes. Moi par exemple je ne vais pratiquement jamais au restaurant, c'est mes parents qui cuisinent à la maison et parfois on les aide avec ma sœur jumelle Alice.

– Je vois et j'imagine que l'apprentissage de la danse et des bonnes manières vous passent au-dessus.

– Tout à fait, si tu voyais nos repas de famille avec mes cousins qui mangent la bouche ouverte ou qui attrapent la viande à main nues tu ferais un infarctus.

Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres.

– Je pense que toute ma famille en ferait un. Toi par contre je suis prête à parier que tu t'ennuierais à mourir dans les réceptions aristocratiques auxquelles je participe depuis mon enfance.

– C'est fort probable en effet, quoique s'il y a un bon buffet, je pourrais toujours me remplir la panse.

– Dans ce cas tu deviendrais le sujet des commérages de la soirée, dans ce genre de réceptions il est de coutume de ne manger que périodiquement de très petites bouchées. Dis-je amusée.

– Mais qu'est-ce-que vous faites pour vous amuser alors ? Réplique-t-il très surpris.

– On ne s'y amuse pas vraiment, on y va pour entretenir nos relations et montrer le prestige de notre famille.

– Barbant, j'imagine qu'il faut y être habitué pour réussir à supporter ce genre de chose.

– Ou ne pas avoir le choix. J'ai quelques fois assisté à des réceptions au ministère de la magie et à chaque fois je voyais des adultes aux visages renfrognés qui semblaient vouloir être n'importe où ailleurs.

– Comme mon père par exemple ?

– Oui, d'ailleurs il traîne toujours ou presque avec Harry Potter et...

Ma bonne humeur s'évanouit soudain à l'évocation de ce nom et je tourne la tête pour ne pas croiser le regard de Franck. D'une voix douce, il ramène mon attention vers lui.

– C'est son fils ou son enquête qui te fais perdre ta bonne humeur ?

– Son enquête. Dis-je d'un visage impassible. Je ne sais pas ce que tu as entendu à ce sujet mais je préfère ne pas en parler, ce n'est pas très agréable de savoir que sa vie est menacée.

Je sais que je mens mais il n'est pas question que qui que ce soit sache la vérité sur les sentiments que m'inspire encore James.

Franck m'observe sans prononcer le moindre commentaire, je ne sais pas s'il me croit mais appuyer d'avantage ma réponse ne ferais que le rendre suspicieux.

– Très bien je ne te demanderais rien de plus à ce sujet, enfin pour l'instant.

Du regard, Franck m'indique qu'il ne changera pas d'avis et qu'il est préférable de discuter d'autre chose.

Pour me donner une contenance, je recommence à manger mon poisson et me sert en petits légumes. De son coté, Franck termine son poulet et se sert une bonne portion de pommes de terre qu'il engloutit rapidement.

Une fois nos assiettes vides, on regarde autour de nous, remarquant qu'au fur et à mesure de notre repas, la cuisine s'est vidée de son personnel.

– Ils sont gentils, ils nous ont laissé des desserts, tu as vu ?

– Tu as encore faim avec tout ce que tu as mangé ?

– Ma chère, je suis un sportif émérite, il est donc normal que j'aie besoin de carburant.

– Ton moteur va finir par exploser.

– Bien sûr que non, il est aussi bien entraîné que moi.

– Rappelle-moi combien de fois Poufsouffle a gagné la coupe de Quidditch depuis sept ans ?

Je sais que c'est cruel de lui rappeler que sa maison n'a jamais gagné de toute sa scolarité mais voir son air renfrogné renforce mon hilarité.

– Tu t'attendais à quoi ? Tu m'as tendu une perche.

– Oui bon, parlons d'autres choses. Bougonne Franck.

C'est ainsi qu'on a passé le reste de la soirée dans les cuisines à parler et même à rire. J'ai découvert en Franck une personne attentionnée, bien plus drôle qui n'y paraît, légèrement manipulatrice et obstinée, mais qui ne renferme pas une once de méchanceté.

On s'est tous les deux réveillés le lendemain sur la table de la cuisine où on avait mangé, après un petit-déjeuner rapide, on est finalement sorti, avec une promesse de se revoir dans la journée.

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Eh oui, Éridanie a beau paraître forte, elle est humaine et avec tout ce qui lui est arrivé, elle allait bien finir par craquer un jour ou l'autre comme l'a fait remarquer Franck. Franck qui est arrivé à point nommé d'ailleurs, Franck qui a remonté le moral de notre héroïne, Franck qui a, selon Enzo, des sentiments pour elle...

Vous aurez les réponses à ces remarques dans le prochain chapitre qui sera du point de vue d'Albus. Passer une bonne semaine.