10. Hiver (2p!RusCan)

L'heure était aux grandes gelées canadiennes, celles qui bloquaient les circulations et obligeaient à rester chez soi sous peine de ne pouvoir rentrer. Pour Matt, ce n'était pas un problème ; il en avait l'habitude, c'était bien des hivers de son pays dont il s'agissait. Et puis, il le fallait bien, quand il n'y avait plus de bois pour se chauffer. Sa réserve de bûche n'était pas très loin de son chalet, mais ce jour-là, en raison d'une forte tempête de neige on n'y voyait pas à deux mètres, alors tenter de s'y rendre sans encombre relevait du miracle.

Mais cela ne découragea pas pour autant le Canadien qui, muni d'un épais manteau de laine, d'une longue écharpe bien chaude et de bottes fourrées, se décida à ramener une bonne dizaine de bûches chez lui.

À peine la tête dehors, une bourrasque lui fouetta le visage. Il marcha d'un pas sûr et décidé quoi qu'un peu titubant à cause du vent fort. Il ne savait combien de temps s'était passé entre le moment où il était sorti et le moment où il arriva devant l'abri à bois. Il attrapa cinq-six bûches sous ses bras, mais savait qu'il ne pourrait en prendre davantage, il était déjà épuisé et le voyage de retour s'annonçait rude. Il se mit alors en tête de regagner son foyer, mais cela se révéla encore plus difficile qu'il ne l'avait prévu. Le vent était si fort, et le poids des bûches était si lourd. Tout à coup, c'était comme si toute ses forces lui étaient retirées, il ne pouvait plus faire un pas de plus et il tomba à genoux dans la neige. Toutes les bûches se répandirent à côté de lui. Matt ignorait ce qu'il lui arrivait, jamais il n'avait était aussi affaibli par une tempête de neige. Il essaya tant bien que mal de se relever en attrapant deux-trois bûches afin de pouvoir se réchauffer une fois arrivé, mais deux pas plus loin, il s'écroula à nouveau.

Il ne vit pas tout de suite l'ombre qui s'approchait au loin car il pouvait à peine voir à un mètre. Ce n'est que quand deux yeux rouges brillants le regardèrent de très près qu'il comprit qu'il y avait quelqu'un. Il reconnut bien vite la haute stature de l'inconnu et cette lueur à mi-chemin entre la mélancolie et la rage perpétuelle ; Viktor. Le grand Russe s'accroupit à côté de lui et se mit à ramasser les bûches. Puis, il attrapa le Canadien d'une main et le mit sur son épaule. Matt ne s'en étonna même pas. Quelques minutes plus tard, tous les deux se retrouvaient pelotonnés sous une épaisse couverture devant un bon feu de bois, s'embrassant et se caressant pour se réchauffer comme il se doit.