- Alors, Severus, que donne le rituel ?
- Les résultats sont déconcertants. Voyez, Albus, s'il était vivant, l'orbe serait complètement blanche et émettrait un vif rayon lumineux en sa direction. Si l'orbe était resté noir, cela aurait signifié son décès. Comme vous pouvez le voir, la coloration est ambiguë et, bien qu'un rayon lumineux apparaisse de manière sporadique, il est relativement faible et n'apparaît jamais au même point.
Le Directeur lissa sa barbe, pensif. Il connaissait ce rituel et, surtout, il connaissait son professeur de Potion et savait que celui-ci n'avait commis aucune erreur.
- Étrange. La bonne nouvelle est qu'Harry n'est pas mort. Peut-être est-il derrière de puissantes barrières qui interagissent avec le rituel ? Quoiqu'il en soit, nous ne pouvons pas faire plus pour le moment, je le crains. Nous serons fixés lors de l'envoi des lettres d'admission dans quelques années.
Severus hocha sombrement de la tête, ce rituel avait été leur seul espoir. Ce qui ne signifiait pas qu'il ne passerait pas son temps libre à chercher toute la Grande Bretagne magique comme moldue dans l'espoir qu'il n'apparaisse quelque part entre temps.
.oôO 8 ans plus tard Oôo.
- Albus ! Albus !
La Directrice adjointe se précipita dans le bureau directorial d'une manière bien inhabituelle pour cette femme habituellement distinguée.
- Minerva ?
Le professeur MacGonagall tenait dans sa main une enveloppe qu'elle plaça sur le bureau sans plus de cérémonie.
Dumbledore se pencha et ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il lu l'adresse inscrite dessus.
M. Harry Yama Potter-Peverell
Manoir Peverell
Chambre de l'Héritier
Emplacement incartable
- Ce n'est pas tout Albus, j'ai reçu une demande de Lord Peverell lui-même afin que nous demander d'envoyer une escorte pour l'achat des fournitures d'Harry le jour de son anniversaire. Je m'en serais chargée mais, avec la rentrée qui approche, tout mon emploi du temps est plein. Il en est de même pour les autres directeurs de maison.
- Hmm… C'est également mon cas. Si seulement nous avions su plus tôt, je me serais arrangé mais Poudlard et le Magenmagot me prennent tout mon temps. Je sais que c'est inhabituel mais je pense envoyer Rubeus, j'en toute confiance en lui.
- Est-ce bien prudent, Albus ? Rubeus a bon cœur mais il n'est connu ni pour sa discrétion ni pour son pragmatisme.
- Je sais bien Minerva mais je n'ai personne d'autre en qui j'ai confiance de disponible. Pouvez-vous informer Severus de ce développement ? Le pauvre a passé huit ans à chercher Harry sans jamais perdre espoir, il est temps de le rassurer.
- Bien sûr, Albus.
La Directrice adjointe se hâta vers les cachots. Elle avait vu son collègue s'épuiser à visiter les orphelinats Moldus, à ratisser les rues des principales villes anglaises, à explorer les squats où se réfugiaient des enfants. À chaque fois qu'il rentrait bredouille, Minerva voyait son collègue se renfermer sur lui-même. Lui qui n'était pas joyeux par nature semblait sombrer de plus en plus dans la dépression à chacun de ses échecs pour trouver le fils de son amie d'enfance et à chaque enfant dans une situation malheureuse qu'il croisait.
Elle entra sans préambule dans ses quartiers. Heureusement, il était présent, penché sur un chaudron.
- Minerva ? Que me vaut cette visite ?
- La lettre d'admission d'Harry Potter a été éditée. Il vit apparemment au Manoir Peverell en compagnie de Lord Peverell lui-même.
- Lord Peverell ? Il m'a toujours semblé que ce nom s'était éteint.
- On dirait bien que ce n'est pas le cas. Il est communément admit que les Potter en sont les derniers descendants. C'est un soulagement, Harry n'a dû manquer de rien et surtout pas de sécurité, le manoir est incartable.
- Aaah. Évidemment, j'aurais dû m'en douter, cela semble tellement évident maintenant. Un manoir aussi ancien doit avoir des barrières incroyablement fortes. Espérons seulement que nous n'allons pas recevoir un enfant aussi pourri gâté que le fut son père au même âge.
- Severus, je vous avertis, ne partez pas sur des préjugés. Harry n'a, pour ainsi dire, jamais connu James.
D'un hochement de tête, le professeur de Potions acquiesça. Après toutes ces années à chercher l'enfant, il avait perdu l'animosité qu'il aurait pu avoir s'il n'avait pas croisé autant d'enfants en situation de détresse.
Il avait fait ce qu'il avait pu pour aider les enfants qu'il avait rencontré dans les squats et avait discrètement soigné quelques enfants mal en points dans les orphelinats mais voir tout ce malheur lui avait fait ouvrir son horizon. Oui, lui-même avait eu une enfance malheureuse mais il avait vu tellement pire pendant ses recherches qu'il avait énormément relativisé.
.oôOÔOôo.
Suite à la réponse de la Directrice adjointe, Lord Peverell avait fixé un rendez-vous avec Hagrid pour qu'il attende Harry au Chaudron Baveur.
C'est donc un demi-géant très nerveux qui attendait au bar. Le Directeur lui avait donné des consignes assez strictes qu'il avait noté sur un papier afin de ne rien oublié. Rubeus en était reconnaissant car il avait eu peur d'oublier quelque chose.
En premier, une visite à la banque pour retirer des fonds pour ses achats puis la liste des boutiques et l'ordre dans lesquels ils devaient les visiter afin d'optimiser les quelques heures entre l'arrivée d'Harry et l'heure à laquelle Lord Peverell avait demandé qu'il soit retourné.
Il ne savait pas si le jeune garçon allait venir par la porte ou par la cheminette donc il s'était assis stratégiquement entre les deux.
Un petit rire juste à côté de son oreille le fit sursauter. C'est alors qu'il se rendit compte d'un léger poids sur son épaule. Il leva la tête et fut extrêmement surpris de voir un jeune garçon aux cheveux longs d'un noir de jais tranquillement assis sur son épaule, les jambes se balançant de manière infantile.
- Bonjour monsieur Hagrid ! J'espère que vous ne m'avez pas attendu trop longtemps !
- Ha… Harry ? C'est toi ?
- Yup, c'est moi.
Le garçon descendit d'un saut et se tint debout devant Rubeus qui l'observa un long moment. Les cheveux complètement noirs, parfaitement lisses, contrastaient beaucoup avec une peau d'albâtre sans défaut. Il n'avait même pas la cicatrice sur le front qu'il avait vu lorsqu'il avait apporté bébé Harry au logement de sa tante. Ses yeux verts n'avaient pas la teinte émeraude de Lily mais le vert vibrant qui faisait penser au sort qui avait tué celle-ci. Ils étaient entourés de longs cils épais qui en renforçaient la profondeur.
- Monsieur Hagrid ?
L'homme se reprit.
- Pardon Harry. C'est juste que tu ressembles pas à ce à quoi je m'attendais. J'étais sûr que tu ressemblerais à ton père, au moins au niveau des cheveux. Tous les Potter ont eu des cheveux en tignasse, impossible à faire tenir en place. Je suis surpris de voir tes cheveux si lisses. Allez, ne traînons pas, Lord Peverell nous a donné trois heures pour tout faire.
L'homme fit signe à l'enfant de le suivre dans l'arrière cour du bar. Une fois l'entrée de l'Allée ouverte, les deux se dirigèrent vers la banque.
Les gobelins gardant l'entrée du bâtiment furent surpris de voir un enfant sorcier se courber en les saluant avant de sentir la magie qui émanait de lui. Un sourire féroce fit son apparition sur leur visage avant qu'ils ne saluent le garçon avec respect, étonnant Hagrid qui n'avait jamais vu les créatures agir ainsi.
Il était encore tôt dans la journée donc la banque était relativement vide, ce qui permit à Hagrid et Harry de rapidement trouver un gobelin libre.
Le demi-géant fouilla ses poches pour trouver la clé qui lui avait été confiée par Dumbledore pendant quelques secondes avant que le garçon ne l'informe qu'une nouvelle clé avait été faite quelques années auparavant à la demande de son gardien. Ils furent ainsi rapidement accompagnés jusqu'au coffre d'Harry qui remplit une bourse avec enthousiasme.
- Yama ne me laisse jamais acheter ce que je veux d'habitude mais il m'a autorisé à prendre les meilleurs articles aujourd'hui. D'après lui, il vaut mieux dépenser plus la première année pour avoir du matériel qui durera longtemps plutôt que de prendre moins cher mais devoir tout remplacer avant la fin de mes études.
Une fois sortis de la banque, Hagrid jeta un œil à sa liste et emmena l'enfant à la boutique de Madame Guipure afin que celle-ci prenne ses mesures. En chemin, l'homme observa l'enfant. Celui-ci semblait sautiller lorsqu'il marchait, comme le ferait un enfant bien plus jeune. Il remarqua également qu'il semblait éviter les zones trop ensoleillées, longeant les murs et se déplaçant principalement à l'ombre. Avec une peau aussi claire que la sienne, peut-être qu'il craignait les coups de soleil.
Hagrid fit entrer Harry dans la boutique avant de lui dire qu'il avait une course rapide à faire et qu'il serait de retour à temps pour le récupérer à la fin des mesures.
Madame Guipure fit monter le garçon sur un piédestal et lui demanda de patienter car elle avait un autre jeune homme à mesurer.
Harry se tourna vers le garçon blond qui se tenait droit sur son propre piédestal.
- Bonjour ! Tu vas à Poudlard, toi aussi ?
Le blond se tourna vers lui et le regarda des pieds à la tête d'un œil critique. Il sembla s'arrêter à ses vêtements qui, sans être extrêmement coûteux, étaient de bonne qualité.
- Bonjour. Oui, je rentre en première année à la rentrée. Je m'appelle Malfoy, Draco Malfoy.
- Oh, serais-tu un descendant d'Armand Malfoy ? Celui qui est arrivé en Angleterre avec Guillaume le Conquérant ?
- Oui, tout à fait, répondit Draco, surprit. Puis-je connaître ton nom ?
- Je suis Harry Potter-Peverell ! Dis, tu crois qu'on pourra voler sur des balais en dehors des cours de vol ? Je sais qu'on ne peut pas emmener nos propres balais mais j'adore me promener en volant !
- Pev… Mais je croyais qu'il n'y avait plus de Peverell en Angleterre depuis que la lignée n'a produit que des filles qui ont perdu le nom en se mariant ?
- C'est super compliqué mais il est toujours resté quelqu'un pour porter le nom et le titre lorsque seules des filles naissaient. C'est comme ça.
- Si tu le dis… Et pour te répondre, je ne sais pas du tout si c'est possible de voler si on n'est pas dans une équipe de Quidditch. Personnellement, je trouve cela ridicule que l'on ne puisse pas apporter son balais lorsqu'on est en première année. Tout ça à cause des Nés-moldus, je suis sûr.
Harry ne répondit pas et sembla se perdre dans ses pensée. Il regardait partout en se balançant sur les talons. Draco l'observait. Il semblait que le jeune Potter-Peverell ne savait pas tenir en place plus de quelques secondes.
Madame Guipure termina rapidement les mesures du blond qui partit en le saluant poliment. Il ne vit même pas le gigantesque homme qui faisait de grands signes à Harry à travers la vitre tant il était perdu sans ses réflexions à propos du garçon très bizarre qui ne ressemblait en rien à ce qu'on imaginait d'Harry Potter.
Lorsqu'Harry sortit finalement de la boutique, Hagrid lui présenta une cage contenant une magnifique chouette entièrement blanche.
- Bon anniversaire Harry. Quand je l'ai vue, j'ai immédiatement pensé à toi.
- Oh ! Qu'elle est belle ! Merci monsieur Hagrid ! Bonjour toi, chantonna le garçon en se penchant vers la cage, tendant doucement le doigt.
- Fais attention, le vendeur m'a dit qu'elle avait tendance à pincer ceux qui passait le doigt… Oh.
La chouette avait regardé le doigt qui était passé entre les barreaux de sa cage avant de pencher sa tête afin qu'il puisse la caresser.
Le courses furent rapidement faites. Tout d'abord, ils passèrent acheter une malle dans laquelle Harry investit un grand nombre de galions. Hagrid voulut protester que la malle que le garçon avait sélectionné était bien trop chère mais celui-ci lui expliqua qu'il en prenait une chère mais utile. Elle avait plusieurs compartiments, disposait d'un sort d'allègement permanent et pouvait être rétrécie et agrandie sans avoir besoin d'une baguette. Le demi-géant avoua qu'elle était bien plus pratique que les malles de base qui devenaient vite encombrées et lourdes.
Ils allèrent ensuite acheter le reste du matériel de première année. Harry insista sur le fait qu'il devait prendre le double des ingrédients de potion au cas où il aurait besoin de s'entraîner ou de refaire des potions qu'il aurait raté. Il insista également pour acheter plus de livres que ceux demandés dans la liste, allant juste qu'à aller dans la boutique de livre de seconde main à la recherche de livres qui ne seraient plus édités.
Lorsque les trois heures accordées par Lord Peverell furent écoulés, Hagrid raccompagna Harry au Chaudron Baveur. Le garçon lui dit joyeusement au revoir et se dirigea vers la cheminée.
Hagrid regarda le garçon partir dans les flammes vertes avant de lui-même se rendre à la cheminette pour rentrer à Poudlard. Il savait qu'il allait devoir raconter son excursion au Directeur ainsi qu'à Minerva et Severus. Tous les trois avaient été désolés de ne pouvoir accompagner Harry pour sa première visite du Chemin de Traverse.
Plus que quelques semaines avant la rentrée, pensa Rubeus. Il avait hâte de voir dans quelle maison allait être réparti Harry. Il avait l'impression qu'il ne suivrait pas ses parents à Gryffondor.
