La journée avait mal commencée pour Ronald.
Les jumeaux avaient caché sa malle et, le temps qu'il la retrouve, sa mère lui avait crié dessus pour l'avoir perdue. Elle n'avait même pas voulu écouter lorsqu'il a tenté de lui expliqué que c'était une blague de Fred et George.
Ensuite, il avait dû écouter Percy discourir à propos de Poudlard comme si son cadet n'en avait jamais entendu parler.
Enfin, il avait dû faire face aux larmes de sa petite sœur qui voulait aller avec lui à l'école et ne voulait pas rester seule à la maison avec leur mère. Il savait bien qu'il aurait ressenti la même chose à sa place. Il aimait beaucoup sa mère mais ce n'était pas pareil en aillant personne avec qui jouer pendant la journée.
Ils partirent donc en retard du Terrier et arrivèrent tard à la gare de Londres.
Comme tous les ans, sa mère fit exprès de dire quelques mots clés à voix haute. Quand il était plus petit, il ne comprenait pas pourquoi elle faisait ça. Après tout, comment pouvait-elle oublier le numéro de la voie alors que cela faisait plusieurs années qu'elle accompagnait ses enfants et qu'elle-même avait pris le Poudlard express pendant sept ans ? C'est Bill qui avait fini par lui expliquer que les Nés-Moldus étaient parfois perdus et ne savaient pas comment passer la barrière pour rejoindre le quai 9 3/4. Quand ils l'entendaient dire le numéro de la voie ou d'autres mots clés, soit ils venaient lui demander conseil, soit ils observaient leur famille entrer par la barrière avant de faire de même.
Une fois qu'ils eurent attendu quelques minutes, ils passèrent finalement à travers la barrière.
Le Poudlard express n'était pas une nouveauté pour Ron qui avait accompagné ses grands frères pendant des années mais le fait de savoir qu'il allait enfin monter dedans fit monter des émotions en lui qui lui donnèrent presque les larmes aux yeux.
Il savait que ça n'allait pas être facile. Il était le sixième Weasley à entrer à Poudlard. Ses grands frères avaient déjà tout fait pour se distinguer. Bill avait été préfet puis préfet-en-chef, Charlie avait été préfet et capitaine de l'équipe de Quidditch, Percy venait d'être nommé préfet et se distinguait par son sérieux et Fred et George étaient les grands blagueurs avec grand nombre de retenues mais aimés de tout le monde. Même Ginny n'aurait pas ce problème, elle se distinguait juste en étant la seule fille de la famille.
Il aimait profondément sa famille mais parfois, il avait l'impression que rien de ce qu'il pourrait faire ne le ferai sortir de leur ombre. Rien ne pourrait impressionner ses parents vu qu'ils avaient déjà des enfants qui l'avaient fait avant.
Après de longues embrassades, il monta enfin dans le train en traînant sa lourde malle.
Percy était déjà parti dans le compartiment des préfets et les jumeaux avaient rejoint leur ami Lee. Ils lui avaient bien proposé de les accompagner mais Lee avait apporté une tarentule et rien que l'idée de se trouver dans le même compartiment qu'une grosse araignée donnait des frissons à Ron. Même si Fred s'était excusé et se sentait très coupable d'avoir transformé sa peluche préférée en monstre à huit pattes, le mal était fait et la phobie s'était installée.
Il passa plusieurs compartiments déjà occupés par plusieurs élèves avant d'en croiser un qui semblait vide. Il entra, tirant sa malle. Il s'apprêtait à la soulever pour la mettre dans le porte-bagage lorsqu'il sursauta, lâchant lourdement la malle.
Dans le porte-bagage, allongé sur le dos avec une jambe se balançant dans le vide et les bras croisés derrière la tête, se trouvait un garçon. Il semblait endormi, une magnifique chouette blanche posée sur son ventre. L'animal regardait Ron d'un air impérieux, semblant le mettre au défi de réveiller son humain.
Ron se demandait s'il ne valait pas mieux qu'il aille chercher un autre compartiment mais il commençait à se lasser d'en chercher un où il pourrait être tranquille. C'était toujours bruyant chez lui donc il espérant pouvoir passer un voyage calme. D'autant plus qu'il avait compris d'après ce que lui avaient raconté ses frères que la Salle commune des Gryffondors était toujours bruyant, elle-aussi. Et tous les Weasleys étaient répartis à Gryffondor, apparemment.
Il prit donc la décision de poser sa malle par terre entre les sièges avant de s'installer sur une banquette. S'il ne faisait pas de bruit, il ne réveillerait pas le garçon et l'oiseau n'aurait aucune raison de l'attaquer. Il savait que certaines chouettes étaient extrêmement territoriales et elles avaient des talons assez acérés pour vraiment faire mal.
Une fois installé, il se demanda ce qu'il allait bien pouvoir faire. Il n'aimait pas trop ça mais il semblait que la lecture serait le seul loisir auquel il pourrait s'adonner pour le moment. Du moins jusqu'à ce que le garçon brun ne se réveille.
Il fut surpris d'entendre l'autre occupant marmonner dans son sommeil.
- Nan, Susie, on peut pas. Jeremy t'a déjà dit qu'il… Mmhmmnnn Gabriel arrête de chanter… Quoi Fritz, qui ?
Le garçon ouvrit soudainement les yeux. Il tourna la tête et porta immédiatement son regard sur Ron qui avala bruyamment sa salive.
- Mmhmm… Bonjour ?
- Euh, salut. Désolé si je t'ai réveillé.
- Mmmnon, t'inquiète pas. C'est Fritz qui m'a dit que j'étais plus seul.
- Fritz ? C'est le nom de ta chouette ?
- Hein ? Non, elle, c'est Edwige.
La chouette hulula doucement avant de s'envoler pour se poser sur le porte-bagage au dessus du rouquin.
Le brun roula du porte-bagage et tomba lourdement sur la banquette située sous lui. Il se redressa lentement dans une position semi-assise.
- 'scuse, j'ai pas bien dormi la nuit dernière. Trop excité à l'idée d'aller à Poudlard.
- Pas de problème, répondit le roux en lui tendant la main. Je m'appelle Ron, Ron Weasley.
L'autre garçon serra la main de Ron.
- Moi, c'est Harry. Dis, tu savais que si on entend une chouette hululer à la pleine lune, c'est qu'une personne malade va rendre son dernier soupir ?
Le jeune Weasley se tourna lentement vers la chouette, le regard suspicieux.
- Non, non, je ne savais pas.
- C'est peut-être une croyance moldue… Mon gardien ne fait pas trop la différence entre les moldus et les sorciers. C'est du pareil au même en ce qui le concerne.
Les deux garçons discutèrent un moment des croyances chez les moldus et les sorciers. Harry semblait particulièrement intéressé par les sombrals. Cela lui semblait stupide qu'un animal soit supposer porter malheur juste parce qu'on ne peut pas les voir tant qu'on n'a pas vu quelqu'un mourir. C'est avant de les voir qu'on a le malheur, pas après. Les sinistros le firent rire, au grand dam du rouquin qui croyait dur comme fer que d'en voir un signifiait qu'on allait bientôt mourir.
Harry venait de sortir sa baguette après que Ron lui ai demandé de la voir pour la comparer à la sienne lorsque la porte du compartiment s'ouvrit. Une jeune fille aux cheveux bouclés entra sa préambule.
- Est-ce que l'un d'entre vous aurait vu un crapaud ? Neville a perdu le sien… Oh, vous allez faire de la magie ? J'ai testé quelques sorts pendant les vacances et j'arrive à en faire quelques uns.
- Non, on n'allait pas faire de magie. Et tu n'as pas le droit de faire de magie en dehors de l'école jusqu'à ta majorité.
- En fait, Ron, tant qu'on n'est pas arrivé, on a le droit. La Trace se pose sur nos baguettes lorsque nous entrons dans les barrières magiques du château. Enfin, on peut faire autant de magie sans baguette qu'on veut quand on veut.
Ron et la jeune fille regardèrent Harry avec étonnement.
- On peut faire de la magie sans baguette ? Je n'ai rien lu là-dessus, pourquoi ce n'est écrit nulle part ?
- Tu n'as jamais fait de magie accidentelle ?
- Si, bien sûr, comme tous les enfants, j'imagine.
- Et tu avais une baguette ?
- Évidemment que non.
- Donc tu as déjà fait de la magie sans baguette. Il faut juste apprendre à canaliser la magie accidentelle pour en faire ce qu'on veut. Après, comme on peut faire de la magie avant d'arriver à Poudlard, tu veux que je te montre un sors que mon gardien m'a appris ? C'est pour montrer l'espérance de vie qu'un être vivant. Plante, animal ou humain, ça marche pour tout. Ça veut pas dire que ça montre quand quelqu'un va mourir, c'est juste combien de temps a l'être vivant si aucun accident ou aucune maladie ne le tue avant. Au fait, tu t'appelles comment ?
La jeune fille avait les yeux exorbités. On lui avait souvent reprochée de parler d'une traite sans respirer mais Harry battait son record.
- Euh… Je suis Hermione Granger. Il existe vraiment un sort pour montrer l'espérance de vie de quelqu'un ?
- Oui mais comme je …
Harry fut interrompu par l'ouverture de la porte du compartiment. Un grand garçon roux à lunettes entra.
- Miss Granger, avez-vous trouver le crapaud de M. Londubat ? Oh, Ron, tu es là. Et qui êtes-vous, jeune homme ?
Ron avait rougi intensément. Pourquoi son grand frère vouvoyait-il Hermione et Harry ? Quel coincé !
- Bonjour grand frère de Ron ! Je suis Harry ! J'allais montrer un sort à Hermione, tu veux voir ?
- Euh, ah. Je suis Percival Weasley. Comment avez-vous su que j'étais le grand frère de Ronald ?
- Ben, t'as les mêmes cheveux que lui et vous vous ressemblez beaucoup. Et comme t'es plus grand… Bon, vous voulez voir mon sort ?
Ron expliqua rapidement le sort qu'Harry voulait montrer pendant que celui-ci sautillait sur place sur sa banquette. Percy ne le connaissait pas et se montra curieux.
- Ce n'est pas de la magie noire, au moins ?
- Je sais pas. Mon gardien m'a dit qu'il n'y a pas de magie noire ou blanche, juste l'intention qui compte. On peut faire très mal avec de la magie blanche si on l'utilise mal. En tout cas, mon sort ne risque pas de faire de mal. Ça ne prédit pas l'avenir, ça dit juste combien de temps PEUT vivre un être vivant.
- Très bien. Mais sur quoi allez-vous l'utiliser ? Sur nous, ce serait un peu bizarre.
- Je l'ai déjà fait sur Edwige, ça m'a dit qu'elle pouvait vivre encore dix-huit ans si tout se passe bien.
Ron sortit de sa poche un gros rat gris qui dormait jusque-là.
- C'est Croûtard, c'était le rat de Percy avant moi. Je pense qu'il n'a plus une longue espérance de vie vu qu'il est déjà vieux mais on sait jamais.
Il posa le rat, qui s'était rendormi, sur la banquette. Percy et Hermione s'étaient assis à côté d'Harry pour mieux voir.
Harry se plaça face au rat et fit une vague en sa direction avec sa baguette. Une vapeur blanche apparut au-dessus du rongeur. Petit à petit, elle prit la forme de chiffres. Un quatre et un huit.
- Euh, Harry, ça veut dire quoi ?
- Ça montre le nombre d'années qui restent. Il doit y avoir un problème pourtant je suis sûr de l'avoir fait correctement.
- Comment un rat pourrait avoir une espérance de vie de plus de cinquante ans ? Il est déjà extrêmement vieux pour un rat !
Percy réagit rapidement en pétrifiant le rat au grand choc de Ron. Il sortit en trombe du compartiment, laissant les trois élèves de première année pantois. Il revint quelques minutes après avoir une jeune fille blonde qui portait déjà sa robe pour l'école et arborait une cravate jaune et noire.
- Bonjour les jeunes, je suis Penny Haywood, septième année à Poufsouffle. Percy m'a dit que vous aviez rencontré une anomalie ?
- Bonjour Penny ! Je suis Harry ! J'ai fait un sort qui montre l'espérance de vie sur le rat de Ron et ça a montré qu'il avait une espérance de quarante-huit ans. C'est pas normal pour un rat, même si on en prend vraiment soin. Percy a fait quelque chose qui a figé Croûtard.
La jeune fille se pencha sur le rat avant de hocher de la tête.
- Je vais le garder avec moi, pour être sûre qu'il ne sorte pas de sa pétrification. Je l'apporterait au professeur MacGonagall qui enseigne la Métamorphose, elle pourra peut-être trouver ce qui cloche avec ce rat. Vous devriez bientôt revêtir vos robe, on arrive d'ici une heure. Au fait, vous ne sauriez pas si quelqu'un a perdu un crapaud ? J'en ai un qui est venu dans mon compartiment il y a quelques heures.
- Oh, ce doit être le crapaud de Neville, je vais aller le chercher ! Au revoir Ron, au revoir Harry !
Les deux jeunes filles sortirent du compartiment, suivies de Percy qui décida qu'il avait eu assez d'émotion pour le voyage.
Ron et Harry reprirent leur conversation après quelques minutes de silence. Ils discutèrent des maisons de Poudlard et Ron fit part de son malaise quant au fait d'être réparti avec ses frères. Harry le rassura qu'il s'en sortirait où qu'il soit réparti et que, s'il ne voulait vraiment pas être avec ses grands frères, il pouvait toujours essayer d'aller dans une autre maison.
Finalement, la journée de Ron tournait plus étrangement qu'il ne l'avait pensé. Il avait le sentiment de s'être fait un véritable ami en Harry mais il ne savait pas trop quoi penser à propos de Croûtard. Il espérait que le professeur pourrait expliquer la bizarrerie de ce qui avait été révélé.
Lorsque le train ralenti, les deux garçons s'étaient changés dans leur robe noire. Dans quelques instants, ils arriveraient enfin à Poudlard et seraient répartis. Ron espérait de tout son cœur pouvoir rester avec son nouvel ami.
