Un équilibre fragile

Le matin se leva doucement sur Los Angeles, enveloppant la ville de ses premiers rayons de soleil.

Eddie se réveilla avec un poids dans la poitrine, une sensation familière de trouble intérieur qui le hantait depuis quelques jours déjà. Il avait passé la nuit à retourner dans son lit, incapable de trouver le repos, son esprit tourmenté par des questions sans réponses.

Il se leva avec précaution, faisant de son mieux pour ne pas réveiller Marisol, qui dormait paisiblement à ses côtés.

Elle avait été un rayon de lumière dans sa vie ces derniers temps, apportant un réconfort bienvenu dans les moments difficiles. Pourtant, même sa présence réconfortante ne parvenait pas à dissiper complètement le trouble qui l'habitait.

Pourtant, elle avait tenté de le rassurer, que sa maladresse ne pouvait pas effacer autant d'années d'amitié, que Buck lui pardonnerait, qu'il lui suffisait de s'excuser et de l'accepter tel qu'il était, lui et sa relation et Eddie voulait vraiment faire ça.

Il espérait que Buck le lui permettrait.

Il se dirigea vers la cuisine, préparant le petit déjeuner pour lui, Christopher et Marisol, laissant le réconfort familier des tâches quotidiennes apaiser ses pensées turbulentes. Mais même la routine ne parvenait pas à chasser les tourments qui le hantaient.

Alors qu'il s'activait dans la cuisine, son esprit revenait encore et encore à Buck, à la situation délicate dans laquelle il s'était retrouvé.

Il se demandait ce que son ami pouvait bien penser de lui, s'il était en colère, blessé par ses paroles récentes. Il se sentait coupable de ne pas avoir réussi à gérer ses propres émotions, de les avoir laissées empiéter sur son amitié avec Buck.

Mais même dans son tourment, une part de lui ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi il se sentait si troublé par la relation de Buck avec Tommy.

Pourquoi cela le dérangeait-il autant de les voir ensemble, comme un couple ?

Tommy était vraiment génial et Buck… eh bien Buck était encore mille fois mieux. Alors pourquoi n'acceptait-il pas leur relation ? Il avait du mal à trouver une réponse à cette question, même après avoir passé des heures à retourner le problème dans sa tête.

Alors qu'il terminait de préparer le petit déjeuner, Marisol émergea de la chambre, un sourire chaleureux étirant ses lèvres lorsqu'elle le vit.

Elle s'approcha de lui, l'embrassant doucement sur la joue, avant de se glisser dans ses bras.

– Bonjour, mon amour, murmura-t-elle, sa voix douce et réconfortante.

– Bonjour, répondit-il, lui rendant son étreinte avec tendresse.

Marisol était un pilier de force dans sa vie, une source constante de soutien et d'encouragement. Elle avait été là pour lui dans les bons moments comme, plus récemment, dans les mauvais, et il ne savait pas ce qu'il ferait sans elle.

– Comment tu te sens ce matin ? demanda-t-elle, ses yeux sombres sondant les siens avec tendresse.

– Un peu perdu, avoua-t-il honnêtement. Mais ça va passer.

Elle lui sourit doucement, caressant doucement sa joue du bout des doigts.

– Tu sais que je suis là pour toi, quoi qu'il arrive, lui rappela-t-elle. Tu n'as pas à porter tout ça tout seul.

Il acquiesça, reconnaissant pour sa présence réconfortante, même s'il savait qu'il devait affronter ses propres démons intérieurs. Mais, il ne voulait pas voir cette relation se terminer comme la précédente avec Ana Florès, l'ancienne enseignante de Christopher.

Cette fois, il voulait que ça fonctionne.

Pendant qu'ils prenaient leur petit déjeuner, Eddie ne pouvait s'empêcher de se demander ce que Buck était en train de faire, s'il avait reçu son message, s'il était toujours en colère contre lui. Mais même alors que les pensées tourbillonnaient dans son esprit, il savait qu'il devait lui donner de l'espace, lui laisser le temps de réfléchir à ce qui s'était passé entre eux.

Puis, le téléphone d'Eddie sonna, le sortant de ses pensées tourmentées.

Il décrocha rapidement, espérant que c'était Buck, il était prêt à s'excuser et à réparer les choses entre eux. Mais ce n'était pas son ami au bout du fil, juste un démarcheur.

Le cœur lourd, Eddie termina son appel avec un soupir, sentant le poids de l'incertitude peser sur ses épaules. Il savait qu'il devait affronter les conséquences de ses actions, quelles qu'elles soient, mais il redoutait ce que cela pourrait signifier pour leur amitié.

Il se leva de sa chaise, laissant échapper un soupir, avant de sortir de la cuisine.

Il embrassa les cheveux de son fils en passant et Marisol s'attarda quelques secondes de plus entre ses bras. Maintenant qu'ils vivaient ensemble Eddie aurait dû se sentir comblé mais quelque chose lui semblait faux, comme anormal, décalé de la réalité.

C'était dérangeant.

– Tout ira bien, lui souffla-t-elle. Buck va te pardonner et tout redeviendra comme avant.

Il lui offrit un timide sourire avant de partir pour son quart.

Chaque pas vers l'extérieur était comme un pas vers l'inconnu, une brèche dans laquelle il plongeait sans savoir ce qui l'attendait de l'autre côté. Il était prêt à affronter Buck, à s'excuser et à essayer de recoller les morceaux de leur amitié sur le point de se briser, mais il craignait que ce soit déjà trop tard.

Arrivant à la caserne, Eddie se dirigea vers les vestiaires, son cœur battant la chamade dans sa poitrine. Il savait que Buck était là, quelque part, se préparant pour sa garde, et il se demandait comment il allait réagir à sa présence.

Lorsqu'il entra dans les vestiaires, il trouva Buck en train d'enfiler son uniforme, son expression sérieuse et concentrée. Eddie hésita un instant, son regard croisant celui de son ami, avant de s'approcher lentement.

– Hey Buck, commença-t-il d'une voix hésitante.

Buck leva les yeux vers lui, ses yeux bleus empreints d'une lueur de surprise et d'incertitude, avant de reprendre son activité.

– Eddie, dit-il simplement.

Il y avait quelque chose dans sa voix, quelque chose de distant, de réservé, qui ne ressemblait pas à Buck et qui fit serrer le cœur d'Eddie un peu plus fort. Il savait qu'il avait merdé, mais il espérait que Buck comprendrait, qu'il lui pardonnerait pour ses mots blessants.

– Je... Je suis désolé pour ce que j'ai dit…, commença-t-il, luttant pour trouver les mots justes. Je n'aurais pas dû dire ça, c'était déplacé. Je ne le pensais pas vraiment…

Buck le regarda un moment, son expression impassible, avant de hocher lentement la tête.

– C'est bon, Eddie, dit-il doucement. Ce n'est rien.

Il y avait quelque chose dans sa voix, une réserve, un détachement, qui fit frissonner Eddie jusqu'aux os.

Il savait que Buck était déçu, et même blessé par ses mots, mais il ne semblait pas prêt à en discuter plus loin.

– Je suis désolé, répéta Eddie, son cœur lourd de remords. Je ne voulais pas te blesser. Je ne sais pas ce qui m'a pris et…

Buck le regarda un moment, son regard bleu perçant le scrutant comme s'il cherchait quelque chose en lui. Puis, finalement, il hocha la tête.

– Je sais, dit-il simplement.

Il n'y avait pas de colère dans sa voix, pas de reproches. Juste une acceptation silencieuse de ses excuses, une résignation à mettre cette altercation derrière eux.

Eddie se sentit soulagé, mais aussi un peu déçu.

Il s'attendait à plus, à une réaction plus émotionnelle, peut-être même à un peu de colère de la part de Buck. Mais il semblait que leur amitié avait déjà été mise à rude épreuve, et il ne voulait pas la mettre davantage en péril.

– Je... Je vais te laisser tranquille, dit-il finalement, sentant un nœud se former dans sa gorge. J'espère vraiment qu'on pourra… dépasser ça ?

Buck lui lança un faible sourire, un sourire qui ne parvenait pas à atteindre ses yeux.

– Merci, Eddie, dit-il simplement. Pour tes excuses. Je dois aller voir Bobby, maintenant.

Eddie hocha la tête, se sentant plus seul que jamais alors que Buck s'éloignait.

Il savait qu'il avait fait ce qu'il pouvait pour s'excuser, mais il ne pouvait s'empêcher de se demander si leur amitié serait la même après ça.