Confrontation
Eddie était assis dans la salle de repos du 118, tapotant nerveusement sur son téléphone portable. Il était en colère, frustré et surtout, profondément blessé. Buck avait été remplacé par Simmons pour leur quart de travail, et il n'avait même pas eu la décence de répondre à ses messages.
C'était comme s'il l'évitait délibérément, comme s'il ne voulait plus avoir affaire à lui.
Il pestait intérieurement contre la situation, se demandant ce qu'il avait bien pu faire pour mériter un tel traitement. Il avait essayé de mettre ses sentiments pour Buck de côté, de les ignorer et de continuer comme si de rien n'était, mais cela devenait de plus en plus difficile chaque jour.
Il en crevait jour après jour, en réalité.
C'était devenu trop difficile mais Eddie avait compris, Buck avait besoin de quelqu'un de présent dans sa vie, de quelqu'un qui l'aimait de façon exclusive. Eddie avait finalement décidé qu'il était cette personne.
Il avait mis fin à sa relation avec Marisol, le matin même.
Elle avait beaucoup pleuré avant de partir et Christopher n'avait pas réellement compris pourquoi il avait fait ça mais Eddie ne pouvait plus mentir sur ses sentiments. Il ignorait si ça ferait revenir Buck vers lui mais au moins, maintenant, il était au clair avec ce qu'il ressentait.
« Où es-tu Buck ? » pensa-t-il, serrant les poings de frustration.
Sa colère montait à mesure qu'il repensait à la façon dont Buck l'évitait, à ses tentatives infructueuses pour entrer en contact avec lui. Il avait besoin de lui parler, de clarifier les choses, mais Buck semblait délibérément le ghoster.
Il se demandait s'il n'avait pas poussé les choses trop loin mais il était prêt à tout pour le récupérer et il savait que Buck allait revenir. Il devait revenir. Il ne pouvait pas en être autrement.
C'était Buck et Eddie, ça avait toujours été Buck et Eddie et pas Buck et Tommy.
Il descendit dans la baie pour trouver quelque chose à faire pour s'occuper. Alors qu'il pestait intérieurement, il fut surpris par l'arrivée de Tommy. Eddie leva les yeux, ses pensées tourbillonnant déjà dans sa tête, se demandant pourquoi Tommy était ici.
Était-il arrivé quelque chose à Buck ?
Son rival s'avança vers lui, une expression sérieuse sur le visage. Il ne perdit pas de temps avec des banalités, allant droit au but.
– Toi, commença-t-il d'une voix calme mais ferme, en le montrant du doigt. Tu vas laisser mon petit-ami tranquille.
Eddie se sentit glacé jusqu'aux os.
Buck avait tout raconté à Tommy. Toutes les paroles échangées, tous les sentiments exposés. Son cœur battait la chamade, son esprit en ébullition alors qu'il réalisait l'ampleur de la situation.
Il avait mis Buck dans une position impossible, l'obligeant à choisir entre lui et Tommy, et maintenant, il devait affronter les conséquences de ses actes.
Tommy le fixa d'un regard dur, attendant visiblement sa réponse. Eddie se sentit pris au piège, comme s'il avait été mis sur le banc des accusés, sans même avoir eu la chance de se défendre.
– Je ne sais pas ce que tu espérais en demandant à Evan de me quitter pour toi, poursuivit-il. Mais ça ne pouvait pas bien se finir pour toi.
– Parce que tu te penses mieux que moi, hein ?
– Mais qu'est-ce que tu crois, en fait ? s'énerva Tommy se rapprochant de lui les poings serrés. Qu'il te suffit de lui dire un petit « Je t'aime » comme ça en passant pour qu'il te tombe dans les bras ? As-tu la moindre idée de l'état dans lequel il était quand il est rentré hier soir ? hurla-t-il.
Le cœur d'Eddie fit un bond dans sa poitrine alors qu'il réalisait ce que Buck avait dû ressentir. Il sentit une vague de panique l'envahir alors qu'il essayait de trouver les mots justes pour répondre.
Il ne voulait pas le faire souffrir.
– T'as été trop loin, cette fois, poursuivit Tommy.
– Je n'ai jamais voulu…, tenta-t-il avant d'être interrompu par un regard glacial de la part de Tommy.
– Ferme-là ! dit-il d'une voix dure. Je veux que tu laisses Evan tranquille. Plus de messages, plus d'appels, plus de tentatives de le voir.
Eddie sentit la colère monter en lui, son propre sentiment de frustration se mêlant à l'ordre catégorique de Tommy.
– Et pourquoi je ferais ça ? répliqua-t-il, sa voix montant d'un ton. Parce que tu me le demandes ?
Tommy se rapprocha, son expression devenant encore plus dure. Il se tint face à Eddie, les yeux brûlants d'intensité.
– Parce que si tu veux qu'on garde des rapports cordiaux, tu vas devoir le faire, dit-il, sa voix vibrante de menace contenue.
Eddie sentit son sang bouillonner dans ses veines.
Il ne voulait pas être le seul à abandonner, à reculer. Il voulait clarifier les choses avec Buck, et il n'allait pas laisser Tommy l'en empêcher.
– Et si je ne veux pas garder un quelconque rapport avec toi ? cracha-t-il, ses mots remplis de colère refoulée. Tu crois quoi ? Que je veux rester ami avec toi ? Je ne veux rien de toi. Je veux seulement Buck.
À peine avait-il fini sa phrase que Tommy l'attrapa par le col de son uniforme, le plaquant violemment contre le camion à côté d'eux.
– Je t'interdis de l'approcher, cracha-t-il, son visage à quelques centimètres seulement du sien. Ou, tu auras affaire à moi.
Eddie sentit son cœur battre la chamade dans sa poitrine alors qu'il faisait face à la fureur de Tommy. Mais même dans cet instant, même avec Tommy qui le menaçait de toute sa stature, tout ce qu'il pouvait penser, c'était à Buck.
– Je ne reculerai pas, murmura-t-il, sa voix chargée de détermination.
Avant que la situation ne dégénère davantage, Chimney et Hen arrivèrent, séparant les deux hommes et les empêchant de s'attaquer physiquement. Ils parvinrent à calmer les esprits, mais l'atmosphère électrique perdura dans le garage.
– Laisse-le tranquille, le prévint-il encore.
– Pas temps qu'il ne me le demandera pas lui-même, cracha Eddie.
Eddie resta là, son esprit tourmenté par la confrontation, ses sentiments pour Buck en ébullition. Il savait qu'il devait trouver un moyen de parler à Buck, de régler les choses une fois pour toutes.
Il évita ses collègues pour le reste du quart, campant sur ses positions.
Pour lui, c'était Tommy qui s'immisçait dans sa vie, lui qui foutait le bordel dans sa relation avec Buck.
Tommy avait tous les torts.
Eddie termina son quart de travail, rangeant les derniers équipements et se changeant avant de partir. Alors qu'il s'apprêtait à quitter la caserne, quelque chose attira son attention : la Jeep de Buck était garée sur le parking.
Cela voulait forcément dire que Buck était arrivé, sans qu'il ne le remarque. C'était sa chance pour le voir, lui parler.
Sans vraiment réfléchir, Eddie se dirigea vers le bureau de Bobby, son cœur battant un peu plus vite dans sa poitrine, certain d'y retrouver Buck. Il se tenait devant la porte, hésitant un instant, avant de tendre l'oreille pour écouter.
À l'intérieur, il entendit des voix étouffées.
Il reconnut immédiatement celle de Buck, mais il ne pouvait pas distinguer les mots exacts. Pourtant, l'émotion dans sa voix était palpable, un mélange de tristesse et de désespoir.
Intrigué et inquiet, Eddie décida d'écouter un peu plus longtemps. Il se glissa silencieusement le long du mur, se rapprochant de la porte pour mieux entendre.
– Je l'ai perdu, Bobby, sanglotait Buck, sa voix brisée par les larmes. J'ai tout gâché.
Eddie sentit un pincement au cœur en entendant la détresse dans la voix de son amour. Il ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qui avait pu se passer pour que Buck soit dans un tel état.
Est-ce que Tommy l'avait quitté ?
– Tu as dû faire un choix impossible, Buck. Tu as choisi ce que tu pensais être le mieux pour toi, répondit Bobby d'une voix douce, empreinte de compréhension. Parfois, les choix que nous faisons ne sont pas faciles, mais ils sont ce que nous pensons être justes sur le moment.
– J'aime tellement Tommy, je me sens tellement vivant avec lui, tellement bien. Il me voit, moi, pas ce gamin stupide accro à l'adrénaline, il voit le vrai moi. Il sait comment me rassurer. A chaque fois que je dis que je suis cassé, il dit que je suis seulement un peu cabossé et que ça fait mon charme. Il est bon pour moi, Bobby. Je crois… Je crois qu'il est l'homme de ma vie.
– Je sais, Buck.
– Mais Eddie est mon meilleur ami.
– Il n'avait pas le droit de te demander de choisir, affirma Bobby. Tu ne méritais pas ça et il va devoir comprendre qu'un véritable ami ne fait pas ça.
Buck renifla, essayant de reprendre le contrôle de ses émotions.
– J'ai tellement mal de l'avoir perdu, que notre amitié soit brisée. Je ne suis pas sûr de pouvoir lui pardonner ça mais… Maintenant, j'ai perdu aussi Christopher. Il va le tenir loin de moi. Je le considère comme mon fils et… ça fait tellement mal.
– Je sais fils, souffla Bobby. Je sais.
Eddie sentit son cœur se serrer à l'entente de ces mots.
Il réalisa soudainement l'ampleur de la douleur que Buck ressentait. Il avait pensé que son ultimatum était la solution, mais maintenant il comprenait qu'il avait fait une énorme erreur. Il ne pouvait pas laisser Buck souffrir comme ça, même s'il était en grande partie responsable de cette souffrance.
Il devait affronter la réalité brutale de la situation : Buck était avec Tommy, et il devait apprendre à vivre avec cela, aussi douloureux que cela puisse être.
Pour le bonheur de l'homme qu'il aimait, il était prêt à tout, même à être malheureux pour le reste de ses jours.
