Chapitre 7.

Il la tenait fermement contre lui, comme jamais il n'aurait pu tenir qui que ce soit. Étant donné la force qui l'avait traquée vers le fond, il était de l'ordre du miracle qu'elle soit encore avec lui à l'heure actuelle.

Néanmoins, il ne pouvait que réaliser qu'Hermione tremblait comme une feuille, plus encore que lui malgré le manteau épais qu'elle avait sur les épaules. Et même si cela ne faisait que quelques secondes à peine que le Titanic n'était plus à flot, son cri d'adieu depuis les bas fonds créé par le métal se tordant sous la pression de l'eau, ce son caverneux, comme sorti d'outre-tombe lui donnait des frissons bien pire encore que ceux produits par le froid.

« On doit trouver, quelque chose, auquel t'accrocher, dit-il en claquant des dents. »

Les cris de peur recouvraient presque intégralement sa voix, et ce n'était que parce qu'elle avait encore son oreille près de son visage qu'elle comprit ce qu'il venait de dire.

Severus plissa les yeux au loin, et voyait d'ici la lueur des derniers canots de sauvetage sur l'horizon.

« Ils vont revenir, trembla Hermione en expirant une buée blanche. »

Severus avança avec difficulté, mais abandonna bien vite. Il avait trop froid pour bouger, sans compter sur les centaines de gens en train de s'agiter, son gilet qui le gênait et le noir complet de cette horrible nuit d'avril. Il porta ainsi Hermione plus encore contre lui, et son sang manqua de le quitter lorsqu'il vit l'état de ses mains autour de son gilet. Elle parvenait à peine à s'y accrocher, et il préféra le faire lui-même.

Son souffle demeurait court, et chaque expiration lui était douloureuse. Pourtant, il aurait tout donné pour communiquer le peu de chaleur restante dans son corps à celle qui tenait dans ses bras, fermement accrochée autour de son cou.

Son visage se trouva proche du sien, et son regard parvint enfin à accrocher celui de la jeune femme.

Elle avait si mal à la tête, aux pieds, aux mains, son corps entier semblait hurler alors qu'elle avait l'impression que des milliers de lames lui transperçaient la peau.

« Pourquoi, articula-t-il difficilement, es-tu restée ?

_ Parce que, continua-t-elle, la voix tremblante. La vie est courte. Tu n'es parti… »

Hermione peinait à parler, les lèvres sèches, bleues et le visage si blanc. En tentant de s'accrocher avec plus de force, ce qui remua un peu l'eau autour d'eux.

« Tu n'es parti qu'une heure, mais ça m'a suffit… Ça m'a suffit pour comprendre que j'avais… besoin de toi, finit-elle par réussir à prononcer.

_ Tu… Tu méritais mieux… mieux que de t'attacher à un homme… comme moi.

_ Au… contraire. »

Hermione trouva la force de lui sourire un peu, même si son visage la tiraillait et qu'elle ne sentait presque plus son corps.

Severus amena sa main difficilement vers ses cheveux depuis lesquels se formait déjà une fine couche de glace.

« Tu dois… regretter de m'être tombé dessus… ce soir-là, lâcha-t-il.

_ C'est sûrement… la meilleure chose qui me soit arrivée. »

Severus soupira en fermant les yeux un instant. Le temps lui paraissait si long. Et s'endormir était extrêmement tentant, surtout à cette heure, après tant de temps à courir, et chercher à sauver sa misérable vie, celle d'Hermione et de tous les autres.

« Reste, entendit-il. »

C'est alors que ses paupières se rouvrirent précipitamment.

« Pas maintenant, articula-t-elle difficilement. Ne me laisse pas… Je te réveillerais, s'il le faut.

_ Ton sens du courage… m'impressionne tu sais. »

Elle avait envie de sourire, elle avait envie de l'embrasser, elle avait tellement envie qu'ils soient ailleurs, au chaud.

Peu à peu, les cris se calmaient tout autour d'eux, le silence les aspirant avec plus d'agonie que l'eau n'avait englouti le navire. Hermione ferma elle aussi les paupières un instant, pour reprendre ses esprits.

« On voit… on voit les étoiles, lui dit-il. Reste, sinon… je ne pourrais plus te les apprendre.

_ D'accord… d'accord professeur, murmura-t-elle, la voix chevrotante.

_ Promet le.

_ Je… promets. »

Snape posa alors sa joue sur le dessus de sa tête, avant de trouver la force de la remonter un peu contre lui.

Il la sentait partir en arrière, avant de se redresser, luttant contre le sommeil qui l'attirait sournoisement.

Désormais, elle ne tremblait plus, et Severus se sentit un peu rassuré par cela.

« Si… si seulement j'avais le pouvoir de… te réchauffer, et… allumer… la lumière, s'égara-t-il. »

Hermione ne répondit que par un grognement approximatif, alors que sa respiration ralentissait peu à peu. Elle trouva tout de même la force d'enlacer ses doigts aux siens. Severus quant à lui, rassemblait tout son contrôle pour maintenir les yeux ouverts, mais bientôt, tout devenait étrangement flou autour de lui.

« On va y arriver, mmmh ? marmonna-t-il en la sentant couler un peu contre lui. Je t'apprendrais… »

xXx

Elle avait chaud.

Comment pouvait-elle avoir si chaud ?

« Severus, murmura-t-elle, à semi consciente. »

La tête reposant sur une chose moelleuse, le corps engourdi, Hermione n'entendait plus le bruit des vaguelettes, mais des sortes de reniflements, ainsi que quelques murmures. Elle ne trouva pour autant que peu la force d'ouvrir les paupières.

Merlin, elle était tellement fatiguée.

Seule la voix de son professeur de potions parvenait désormais à ne pas la faire sombrer dans un long sommeil.

xXx

Depuis combien de temps n'avait-elle rien dit ?

Le silence était si pesant, ne régnait que le bruit des vagues si calmes, un sifflet au loin venant de cesser de fonctionner.

De nouveau, l'homme se réveilla, manquant de se mettre une claque sur la joue. Il ne pouvait pas s'endormir, pas comme ça, pas si vite, surtout en la tenant ainsi dans les bras. Les siens ne parvenaient même plus à s'accrocher à lui, mais ses mains restaient figées sur son gilet comme deux statues de pierre. Alors qu'il bougeait un peu son visage contre ses cheveux, ses boucles glacées lui chatouillèrent le nez. Son parfum se perdait déjà dans l'odeur iodée de la mer.

« Hermione… articula-t-il de nouveau. »

xXx

« Oui… murmura-t-elle, en laissant tomber sa tête, comme si son corps n'était devenu que chiffon, les yeux clos. »

Ne demeurait dans la classe que de lourds sanglots, mais la directrice était sans doute dans le pire état émotionnel que tous les étudiants de cette classe réunis. Elle ne reprit contact que partiellement avec la réalité lorsqu'elle entendit le prénom de son collègue franchir la bouche de la jeune femme allongée à côté d'elle.

Alors, elle s'arrêta de pleurer -ou presque-.

« Elle se réveille, chuchota Sybille. »

Et pourtant, c'était comme si elle lui répondait. Minerva fronça alors les sourcils vers Poppy qui n'y comprenait guère plus.

Rêvait-elle ?

Pourtant, les images devant les yeux éplorés de tous ne montraient qu'un spectacle plus abominable encore.

Severus Hart, Snape, qui sait ? Tenant dans ses bras le corps d'Hermione, blanche, inerte.

Morte.

xXx

« Je sais… Je sais que c'est… le pire moment pour… te dire ça. Et… Je ne l'ai jamais dit à personne, mais je… je t'aime. Je t'aimerais, dans tous les mondes où… tu seras, avec moi, répéta-t-il. »

Severus ne tremblait plus, mais il ne la lâchait pas pour autant. Ses membres étaient si froids qu'il aurait pu tout aussi bien rester figés à jamais dans cette position. Et pourtant, sa tête refusait de se laisser aller.

xXx

« Vous me détestez, marmonna-t-elle. »

xXx

« Je ne t'ai jamais détesté, répondit-il. »

xXx

Poppy s'avança vers le maître des cachots qui était glacé, donnant toute sa chaleur à Hermione Granger qui transpirait désormais à grosses gouttes. La magicomage jeta un regard vers la vision devant elle, son cœur se serrant devant Severus Hart tentant de redonner de la chaleur au corps déjà inerte d'Hermione Marshall.

« Pourquoi ? souffla Hermione Granger, flottant entre deux eaux. »

xXx

« Parce que… je te voulais… toi… depuis que tu m'es… tombé dans les bras. »

xXx

« C'est vrai ? »

xXx

Hermione pleura silencieusement tandis que le corps de Severus venait de se soulever. Ce fut alors comme si elle sentait sa main quitter la sienne.

xXx

« Revenez, murmura-t-elle en un sanglot. »

xXx

Un officier le tenait à bout de bras, hurlant sur le seul passager présent dans le canot ainsi que son collègue de l'aider.

« Prenez-la d'abord, marmonna Severus, semi conscient.

_ Détachez-les, infirma l'autre marin sans entendre les paroles de l'homme qu'il repêchait. Elle est morte.

_ Non, marmonna Severus. Elle m'a… parlé… »

Il voulut ouvrir les paupières, mais c'était comme si son visage entier était recouvert de glace. Sa main fermement accrochée à la sienne coula autour de la sienne avant qu'il n'entende le bruit de l'eau ainsi que son poids le quitter.

« Redonnez-la moi, murmura-t-il. Elle va… avoir… froid.

_ Tenez bon Monsieur.

_ Il est encore plus glacé que l'eau, aspira l'un des officiers avec horreur.

_ Hermione… marmonna-t-il en entrouvrant les yeux. »

Il se sentit alors aspiré dans un puits sans fond, et dans un sommeil plus lourd qui ne laisserait, cette fois, aucune place à un réveil.

xXx

La vision s'éteignit soudainement et la fumée s'évapora de la pièce. C'est alors que les étudiants pleurant tous à chaudes larmes remarquèrent l'état précaire dans lequel se trouvait leur professeur de potions.

L'homme était recouvert de plusieurs couches de couverture, mais tremblait tellement que ses dents claquaient et ses lèvres étaient aussi blanches que le reste de sa peau.

« Hermione, chuchota-t-il entre deux eaux.

_ Elle est là Severus, chuchota Minerva. »

Mais l'homme ne répondait pas. Toujours assez mal en point, il continuait malgré tout d'user de sa magie pour réchauffer Hermione Granger, quitte à se vider de sa propre énergie vitale.

Minerva tenta un sort, tout comme Poppy, mais rien ne changea la situation.

« Severus, réveillez-vous, tenta de nouveau Poppy, effrayée.

_ Amenez la lui, s'exclama soudain Lavande en se levant d'un bond. »

L'ensemble des élèves glapirent leur approbation face à cette idée.

Harry n'attendit pas l'aval de la directrice, ni d'ailleurs plus de temps pour porter son amie afin de la glisser tout près du corps de son professeur. Encore sonnée par sa vision, Hermione se laissa couler comme un pantin, la tête encore ballante.

La voyant dans cet état, Ron sortit enfin de sa léthargie pour se précipiter sur sa meilleure amie. Cela suffit alors pour que l'ensemble de la classe suive le même mouvement, avant même que Minerva ne proteste face à cette foule compacte qui se ruait vers eux.

« Hermione, c'est nous, l'appela Harry, en vain. Tu es revenue.

_ Elle est brûlante, murmura Ron.»

Drago intervint alors en poussant quelques étudiants pour prendre la main si glacée de son directeur de maison et la diriger vers celle de la jeune femme.

« Elle est là, lui souffla-t-il. »

L'état de Snape se stabilisa enfin lorsque ses doigts frôlèrent ceux de la jeune femme, sa main si chaude. Il arrêta peu à peu de se vider de sa magie, sans pour autant trouver la force de sortir de ce demi-sommeil.

Alors vite, Poppy le retira de nouveau pour lever leur corps afin de les porter jusqu'à l'infirmerie.

« Non, murmura Snape. Laissez-la… »

Mais l'homme ne put répondre d'avantage et se laissa tomber dans l'inconscience avant que son corps ne soit ballotté ailleurs.

xXx

Il faisait désormais nuit dans l'immense château de Poudlard.

Hermione reposait dans ce lit dont elle sentait désagréablement les ressors, juste au bout de l'infirmerie dont les portes étaient closes. Elle était épuisée, par cet après-midi, cette vision qui, visiblement, n'aurait duré que trois heures alors qu'elle avait l'impression d'avoir perdu plusieurs jours de son existence, à revivre ceux d'une autre.

Une autre femme, une autre Hermione, qui lui ressemblait pourtant tellement.

Merlin, elle se souvenait de tout, de… presque tout, en réalité. Plus les heures de la nuit avançaient, et plus ses souvenirs ne demeuraient que quelque peu lointains, comme si elle n'avait fait que rêver.

Et peut-être était-ce mieux ainsi, étant donné la fin horrible dont elle avait écopé. C'était Harry et Ron qui avaient dû se répéter, plusieurs fois pour qu'elle soit sûre de ne pas avoir imaginé toutes ces choses.

Elle se demandait pourquoi ils n'étaient pas en colère, d'ailleurs. La situation était si improbable, si terrible. Elle était tombée amoureuse de leur détesté professeur de potions dans une autre vie, et elle en était morte… C'était en tentant de se sauver l'un l'autre, cherchant à défier la nature elle-même qu'ils avaient acquis leurs pouvoirs dans cette existence. Enfin, c'était la théorie retenue. A moins que ce ne soit le sauvetage de ce bébé ? Le portrait de Dumbledore avait murmuré qu'il s'agissait peut-être de Corvus Lestrange V. Merde. Quelles avaient été les probabilités pour qu'une telle chose arrive ?

Néanmoins, ce n'était plus la question principale qui l'obsédait, du moins, plus depuis quelques minutes.

Elle n'avait pas revu le professeur Snape, pas depuis qu'il lui avait dit de boire la potion avant qu'elle ne s'endorme brutalement. Mais elle savait qu'elle était sortie de sa vision difficilement, d'un part à cause de la brutalité de cet instant traumatisant qu'elle venait de revivre, mais aussi parce qu'il n'avait tellement pas pu supporter sa mort qu'il avait usé de sa magie pour tenter de la réchauffer, en vain, et que cela s'était répercuté sur sa propre température qui avait grimpé en flèche.

Pire encore, c'était comme si leurs deux mondes s'étaient rejoints, le temps de quelques minutes, quelques secondes. Ce dernier échange, lui, était imprimé dans sa tête. Et depuis, des tas de choses se bousculaient en elle, beaucoup de questions, sans réponses.

Hermione n'aimait guère cela, n'y étant que peu coutumière. Elle supposait que c'était la raison pour laquelle elle ne dormait pas.

Il fallait aussi dire que le confort moindre dans lequel elle se trouvait n'aidait pas à trouver le sommeil : sans compter sur le lit, ce sont ses vêtements trempés de sueurs qui avaient du lui être retirés pour laisser place à cet horrible pyjama blanc. Et Merlin, elle avait toujours aussi chaud !

Hermione songea que Poppy devait avoir pris de l'âge pour monter le chauffage de la sorte, avant qu'un gémissement plaintif ne sorte des lieux déserts.

La Gryffondor fronça alors les sourcils dans le vide avant de se décider, prudemment, à se redresser. Il n'y avait rien, ni personne. Mais ce bruit la fit se lever. Elle avança à tâtons dans l'obscurité de la pièce, marchant sur ce carrelage pourtant frais. Puis, elle se planta devant un paravent, qui n'aurait pu être qu'un paravent ordinaire si cette voix ne venait pas de marmonner de drôle de choses de nouveau.

Alors, Hermione avança sa main et réalisa qu'un sort d'illusion y avait été jeté. Elle tâtonna le tissu, et parvint à le dégager pour faire face à nul autre que son professeur de potions, allongé sur le même genre d'horrible literie dans lequel elle venait de s'extirper.

Sans réfléchir, elle fronça les sourcils et s'avança timidement vers lui. Elle ne l'avait jamais vu dans un tel état.

Severus Snape était toujours resté si digne, si inflexible, et même lorsque Nagini lui avait tranché la gorge, il n'avait flanché qu'une seconde à peine devant le regard affolé que Harry lui avait accordé.

Elle avait été hantée de nombreuses fois par ce souvenir, mais rien n'égalait cet instant. Hermione baissa son regard en marchant lentement vers lui, plissant sa bouche en constatant les nombreuses couches de couvertures qui le recouvrait. Seuls ses bras étaient sortis, et il frissonnait. Machinalement, Hermione passa sa main sur la laine de couvre lit, avant de la retirer vivement lorsqu'elle effleura son bras, si frais.

Hermione resta plantée là un court instant, le souffle coupé avant de réaliser, avec un mélange d'émotion et de frisson, d'inquiétude, de terreur dirait-elle même, qu'il continuait de lui communiquer un peu de sa chaleur malgré tout.

« Je… articula-t-elle en un murmure. »

L'homme semblait si profondément endormi, elle s'en préoccupa tout autant. Était-il seulement conscient ?

Merlin, une partie d'elle lui en voulait d'avoir tant insisté pour faire cette maudite expérience. Se rendait-il compte de ce qu'il faisait ?

Hermione soupira doucement, avant de fermer les yeux.

« Je vais… Je vais bien, finit-elle par dire en se raclant la gorge. Vous n'avez pas besoin de faire ça. »

Mais cela n'eut aucun effet.

Snape ne sortit pas pour autant de son sommeil.

Elle s'était attendue à ce qu'il ouvre les paupières, la fusille de ses pupilles habituellement si sombres, qu'il lui assène une remarque acerbe de sa voix aiguisée, avant de l'envoyer paitre. Mais rien ne se passa. Elle continuait d'avoir chaud, confortablement chaud, certes. Et lui, ne semblait pas au bord de la mort, mais guère assez en forme pour sortir de sa léthargie, et encore moins capable de se réchauffer par lui-même.

Hermione tourna le visage autour d'elle plusieurs fois.

Poppy n'était pas là. Il fallait dire qu'il était si tard. Et aucun sort de réchauffe n'avait parvenu à lui faire reprendre ses esprits. Elle le savait, car Ron le lui avait confessé, suivi par Lavande ainsi que quelques camarades que Minerva avait dû chasser pour qu'elle puisse se reposer.

Hermione hésita alors, avant de glisser sa main sur la sienne, paisiblement. Sa paume se posa sur la plat glacé de sa main, et elle osa serrer ses doigts près des siens.

Elle ne pouvait rester insensible face à cela, même si ça n'avait rien de rationnel, même si cette vie n'était plus la sienne.

« Professeur, chuchota-t-elle. »

La Gryffondor sentit sa vision se troubler par une naissance de larmes. Ce qu'ils avaient vécu était au-delà de l'horreur, du réel, que cela concerne le naufrage, comme… comme tout le reste.

Alors, autant tout essayer, non ? Parce qu'il fallait qu'il se réveille, oui il le fallait.

La jeune femme s'avança, profitant de la présence d'une chaise pour s'y asseoir. Sans plus réfléchir, elle se laissa couler vers lui, amenant sa tête jusqu'à son torse.

Hermione ferma ainsi les yeux, bercée par les battements de cœur lents, réguliers de son maître de potions qui sembla enfin se réchauffer.

Elle sentit son nez prendre une inspiration profonde dans ses boucles, avant que ses doigts ne bougent enfin, juste un peu. Puis, son bras glissa autour de sa taille, et Hermione quitta lentement sa chaise pour s'allonger à côté de lui, dans ce lit si exigu.

A quoi jouait-elle ? Elle ne préférait pas y penser. Son corps ne lui obéissait plus, ni sa tête d'ailleurs. Et peut-être en demeurait-il de même pour Snape qui glissa son bras autour de sa taille avec mollesse. Hermione amena une de ses jambes entre les siennes et ferma les paupières.

« C'est… vous ? demanda-t-il, encore endormi. »

Hermione sourit un peu malgré elle. Elle fit couler sa main sur son torse, afin de prendre la sienne et d'y entrelacer ses doigts.

« Oui… murmura-t-elle. »

Elle le sentit prendre une nouvelle inspiration, plus profonde et se sentit étrangement bien, et sereine, tant que le sommeil la rattrapa soudain, comme si elle ne pouvait plus lutter contre lui.