En effet, à Seattle, comme dans d'autres États, il est possible de demander un divorce pour fraude basé sur des allégations de violence conjugale avérée. Si la violence conjugale inclut des actes de viol, il est également possible d'entamer une procédure judiciaire spécifique contre les violences conjugales auprès d'un tribunal spécialisé, comme l'unité des crimes sexuels.

C'est ce qu'expliqua Regina Mills à Emma Swan, toujours assise en état de choc, aux côtés de Miranda, qui devenait un appui émotionnel important.

Le juge, de son côté, en avisa la partie adverse. Lui expliquant que le divorce serait prononcé rapidement. En revanche, il lui demanda d'en aviser son client, sans justifier qu'une plainte pour viol serait posée par les autorités compétentes.

À son retour dans ses bureaux, Regina Mills envoya un email au capitaine de l'unité des crimes sexuels de Seattle, le capitaine Jamie Morris.

« Chère Capitaine Morris,

Je me permets de vous contacter pour solliciter votre aide dans une affaire délicate concernant un cas de viol conjugal.

J'ai récemment été contactée par une femme qui a été victime de violences conjugales de la part de son conjoint. Après avoir examiné les éléments de son dossier, il semble que ces violences incluent des agressions sexuelles répétées, constituant ainsi un cas de viol conjugal.

Compte tenu de la nature grave et complexe de cette affaire, ainsi que de l'expertise de votre unité dans les enquêtes sur les crimes sexuels, je suis convaincue que votre collaboration serait extrêmement précieuse pour aider ma cliente à obtenir justice.

Je souhaiterais donc discuter avec vous de la possibilité de travailler ensemble pour entamer une procédure judiciaire visant à poursuivre le conjoint de ma cliente pour viol conjugal. Je suis consciente que votre emploi du temps est chargé, mais je crois fermement que notre collaboration pourrait permettre de faire avancer cette affaire de manière significative. Je me mettrai bien volontiers en lien avec votre substitut du procureur.

Si vous êtes disposée à discuter de cette affaire en personne ou par téléphone (et j'espère que vous le serez), je suis flexible quant à l'organisation d'une réunion à votre convenance. Je reste également à votre disposition pour fournir tout document ou information supplémentaire dont vous pourriez avoir besoin.

Dans l'attente de votre réponse,

R. Mills. »

Les jours suivants furent compliqués pour Emma, qui resta cloîtrée dans sa chambre, enfermée dans un mutisme que Miranda n'arrivait pas à briser.

En tant que maîtresse de maison, Miranda Kley s'occupa avec grand soin de son hôte. Elle prépara tous les repas de Emma et s'assura de les lui apporter, restant parfois à ses côtés pour être sûre que tout soit mangé. Elle put échanger par téléphone de son inquiétude avec son amie de longue date, Regina Mills.

« Je sens son mal-être. Elle ne me parle que peu. Tu crois qu'il y aurait pu avoir autre chose ? » demanda la femme inquiète.

« Écoute, Miranda. J'ai beaucoup discuté avec Emma. Je ne peux que supposer, tout en gardant la confidentialité de mon travail. Cela remue beaucoup de mauvais souvenirs pour Emma. Puis le voir, son regard, son sourire si machiavélique... Elle se rend peut-être compte qu'elle a perdu quelques années auprès de la mauvaise personne. Ne penses-tu pas ? »

« Si, puis je pense qu'elle commence à prendre conscience de ce qui va suivre. D'ailleurs, as-tu pu avoir un retour de l'unité spéciale ? »

« Oui. Le dossier leur a été transféré. Nous sommes dans l'attente d'une date. Je vais les relancer. Une seule bonne nouvelle, dans un horizon sombre : c'est que le juge Nolan soutient notre affaire. Le divorce sera donc bien prononcé, dans les jours à venir. »

« Voudrais-tu passer chez moi pour aviser Emma de cette bonne nouvelle ? Cela lui fera peut-être du bien de te voir, de recevoir de la compagnie. »

« Je vais y penser. Je te remercie. »

Au lendemain de cette conversation, Regina Mills se gara dans les locaux de la police de Seattle, dans le quartier de Downtown, à la frontière du quartier de Greater Duwamish. Arrivée devant le bâtiment imposant, elle franchit les portes avec assurance. Les couloirs résonnaient des voix étouffées des agents de police en pleine action. Regina s'avança avec détermination, son esprit focalisé sur une seule chose : obtenir justice pour une victime de violence conjugale.

Elle trouva enfin le bureau du capitaine de l'Unité des Crimes Sexuels. D'un coup ferme, elle frappa à la porte et entra sans attendre d'invitation. Le capitaine leva les yeux de ses dossiers, surpris par cette intrusion.

« Que comptez-vous faire ? Et quand comptez-vous le faire ? » déclara-t-elle d'une voix ferme.

« Maître Mills ! Cela faisait bien longtemps que vous ne m'aviez pas offert une telle entrée. Nous allons ouvrir une enquête et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour traduire le coupable en justice », assura-t-il.

Un sentiment de soulagement envahit Regina. Enfin, des mesures concrètes étaient prises pour protéger sa victime et poursuivre son agresseur.

« Je vous remercie, capitaine. » déclara-t-elle avec gratitude. « Je serai en attente de votre retour concernant les prochaines étapes de l'enquête. »

« Évidemment. Même si je me doute que vous n'avez pas oublié notre façon de travailler. Notre équipe est presque au complet. Peut-être que vous pourriez aller voir notre ADA. Il est actuellement avec notre psychiatre. »

« Je m'y rends de ce pas. À bientôt, Capitaine Morris. »

« À bientôt, Mills. »

Comme l'avait mentionné le capitaine Morris, cela faisait en effet une éternité que l'avocate ne s'était pas présentée dans ces locaux. Mais ce temps-là était révolu, affilié maintenant à une autre activité, à un autre combat.

Elle traversa le bureau des enquêteurs et les salua de loin. Elle continua sa marche et longea le long du couloir. Elle toqua à la porte, attendant cette fois-ci l'autorisation d'entrer. Ne connaissant aucune des deux personnes présentes dans ce bureau, elle se présenta.

« Enchantée, Maître Mills. J'ai beaucoup entendu parler de vous et j'espérais qu'un jour nos chemins se croisent. Je suis Casey Olia, substitut du procureur, et voici mon collègue Azel Knut, psychiatre et profileur de la police de Seattle. »

« Enchantée. Je suis heureuse de vous rencontrer tous les deux. Je viens de déposer une affaire auprès du Capitaine Morris, concernant un viol conjugal. »

« Vous parlez de l'affaire Swan et Jones ? » demanda la substitut du procureur.

« Exactement. Vous avez lu le dossier ? »

« Oui, le capitaine m'a transféré le dossier, me demandant de m'y pencher après notre affaire en cours. »

« Je me permets d'insister. Miss Swan est en procédure de divorce. J'aimerais qu'une enquête approfondie contre la famille Jones soit réalisée. »

« Chose qui n'est pas facile. Mais nous nous efforcerons de nous en occuper le plus rapidement possible. Nous essaierons de travailler en transversalité, car je suppose que vous connaissez davantage la victime. »

« La survivante. » justifia Regina Mills.

Il ne lui en fallut pas plus avant de remercier l'équipe et de se diriger vers la sortie. Une fois de retour à son bureau, elle se plongea dans ses dossiers en cours et les procédures dont elle devait se préoccuper. Elle mit aussi à jour ses dossiers, justifiant de sa demande faite au juge.

Regina hésita un temps, à savoir si elle devait ou non se rendre au chevet d'Emma Swan. Elle avait quelques bonnes nouvelles pourtant à lui annoncer. Emma n'avait pas l'obligation d'assister à la procédure de divorce, qui allait être rapidement gérée grâce au juge Nolan, qui ne reculait devant rien. L'injustice étant l'un de ses combats principaux, ni le pouvoir ni l'argent de la famille Jones ne lui feraient changer d'avis.

Il s'était permis un jour une confidence auprès de la jeune diplômée qu'était Regina Mills, il y a de cela quelques années :

« La justice est peut-être aveugle, mais elle n'est pas entièrement sans cœur.»

Une phrase que n'avait jamais oubliée sa protégée. Ensemble, juge et avocat partageaient de grandes et belles valeurs fondamentales à la profession.

Regina Mills dut traiter une avalanche d'e-mails urgents et des documents nécessitant son approbation immédiate. La fatigue s'accumulait, et chaque geste lui demandait un effort supplémentaire. Ses tempes pulsaient sous le poids de la tension.

Finalement, après avoir passé en revue les derniers détails d'un contrat en début de soirée, elle se laissa tomber sur sa chaise, épuisée. Mais sa journée n'était pas terminée. Un dernier engagement l'attendait : traverser tout Seattle pour rendre visite à l'une de ses protégées. L'inquiétude la rongeait, car d'ordinaire, elle se serait précipitée chez elle pour voir son fils. Pourtant, ce soir, quelque chose la poussait irrésistiblement vers cette femme.

Le trajet en voiture à travers les rues éclairées par les néons fut long et monotone, mais les pensées de Regina tourbillonnaient. Elle se demandait ce qui l'attirait autant vers cette Emma.

En arrivant à destination, l'avocate se sentit envahie par un mélange de fatigue et de détermination. Elle savait que son soutien pouvait faire toute la différence pour Emma et Miranda. Malgré l'épuisement qui lui plombait les épaules, Regina trouva en elle le courage de frapper à la porte, prête à offrir une écoute attentive et une aide précieuse. Car au fond, c'était cela sa véritable mission : être une source de force et de soutien, même dans les moments les plus sombres.

« Gina ! Je ne pensais pas te voir ce soir. Je croyais que tu y avais renoncé. »

« Je suis désolée. J'avais du travail à terminer. »

« Je comprends. Entre, entre. » Miranda embrassa rapidement son amie avant de l'entraîner vers la cuisine. « As-tu mangé ? »

« Non. Pas encore. Mais je suis là surtout pour voir Emma. »

« Nous n'avons pas encore dîné non plus. Tu te joins à nous ? »

« Eh bien, avec plaisir. Tu me permets d'aller la voir avant ? »

« Oui, à l'étage. Porte à gauche, au fond du couloir. Je nous prépare à manger en attendant. »

Regina se dirigea vers l'escalier central, qu'elle avait pu voir à son arrivée. Une fois devant la porte, elle ne sut ce qui pouvait l'inquiéter ainsi. Elle prit une grande inspiration et toqua.

« Entrez. »

L'avocate passa la tête dans l'embrasure de la porte pour lui signifier que c'était elle, et non pas Miranda.

« Vous me permettez ? J'espère que je ne vous dérange pas ? »

« Entrez. Je suis ravie de vous voir. »

« Vous avez l'air bien mieux que la dernière fois où nous nous sommes vues. »

« Oui, j'ai pu me reposer. Et vous, toujours aussi magnifique. »

Regina resta hagarde face à ce compliment, et lui sourit de toutes ses dents.

Emma incita son avocate à s'asseoir au bout du lit. Elle resta assise en tailleur au milieu de son lit, écoutant attentivement ce qu'elle était venue lui dire.

Dans le silence feutré de la chambre, les lumières tamisées caressaient les courbes élégantes de la pièce, créant une ambiance intime et chaleureuse. Assises en face l'une de l'autre, Emma se sentait à la fois nerveuse et captivée par la présence envoûtante de son avocate, Regina Mills. Les souvenirs douloureux de son passé d'abus sexuels semblaient lointains alors qu'elle se laissait emporter par la chaleur réconfortante de l'attention de Regina.

Regina, assise de l'autre côté du bureau, dégageait un charisme indéniable, sa voix douce et apaisante enveloppant Emma d'un sentiment de sécurité et de confiance. Pourtant, il y avait quelque chose de plus dans le regard profond de la femme brune, quelque chose qui faisait battre le cœur de Emma un peu plus fort, quelque chose qui lui faisait ressentir un désir qu'elle n'avait jamais imaginé possible.

Alors que Regina parlait avec passion de la façon dont elle défendrait Emma dans la salle d'audience, Emma ne pouvait s'empêcher de remarquer les traits délicats de son visage, la façon dont la lumière dansait sur ses cheveux sombres. Elle se surprit à imaginer ce que ce serait que de toucher ses lèvres, de sentir sa chaleur contre la sienne.

Luttant contre les émotions tumultueuses qui bouillonnaient en elle, Emma rassembla son courage et se leva de sa chaise. Elle s'approcha lentement de son avocate, son cœur battant la chamade dans sa poitrine. Les yeux de Regina s'élargirent légèrement d'étonnement alors que Emma posait une main hésitante sur sa joue.

« Emma... », murmura Regina, sa voix à peine plus qu'un souffle.

Emma ne dit rien en réponse. Elle se contenta de plonger son regard dans celui de Regina, cherchant une réponse, une permission, dans les profondeurs de ses yeux sombres. Et puis, avec un frémissement à peine perceptible, Emma pencha la tête et pressa ses lèvres contre celles de Regina dans un doux et timide baiser.

Pour un instant qui semblait durer une éternité, le monde entier sembla s'arrêter alors que Emma et Regina s'abandonnaient au doux frisson de leur étreinte. Les barrières qui les avaient séparées semblaient fondre, laissant place à un lien fragile mais puissant, forgé dans le feu de leur désir mutuel.

Quand elles se séparèrent enfin, Emma sentit un sourire timide étirer ses lèvres alors que Regina la regardait avec une tendresse infinie dans ses yeux. Dans cet instant magique, Emma sut qu'elle avait trouvé en Regina Mills bien plus qu'une avocate.

Après quelques minutes, qui auraient pu durer une éternité, Regina Mills brisa le silence et ce jeu de regards. Elle se leva.

« Nous devrions descendre. Miranda a dû nous préparer à dîner. »

« Vous restez ? »

« Oui. »