Merci beaucoup pour vos retours, j'en ai besoin et je vous en remercie, cela m'encourage. J'aurais voulu poster plus tôt, mais malheureusement FF était hors service quand j'ai essayé de le faire. Nous approchons bientôt de la fin, et j'ai quelques idées pour la partie 2. Qu'en pensez-vous ? Merci à vous et bonne soirée.

C'était… mécanique, oui. Elle fixe le plafond de cette chambre grise, insipide. L'aube perce peut-être, ou bien est-ce déjà huit heures ? La soirée, un vrai foutoir. Pas complètement ratée, non, elle a connu pire avec Ron, jeune. Un fiasco total. Mais dire que cette nuit avec Severus s'est bien passée ? Non, vraiment pas. Une froideur de bistouri, une mécanique sans âme. Pas de tendresse, pas de chaleur. Mais Severus n'est pas tendre, c'est un Serpentard, évidemment. Mais à ce point ? Elle ne pige pas. Ils s'aiment, non ? Elle l'aime, c'est sûr. Mais lui, pourquoi ce mur de glace ? Pourquoi cette distance après avoir franchi la porte ? Elle est perdue, blessée. Est-ce sa faute à elle ? A-t-elle fait quelque chose de travers ? Faire l'amour avec quelqu'un sous occlumencie, c'est ça, alors ?

Les pensées se bousculent, des éclats de la nuit, des bribes de gestes automatiques, de regards vides. Elle cherche un sens à cette froideur. Rien ne colle. Severus, cet homme qu'elle aime, pourquoi se mure-t-il ainsi ? Elle voudrait crier, le secouer, comprendre. Mais elle reste figée, les yeux rivés au plafond. Le cœur lourd.

Elle se demande si c'est elle qui a merdé. Si quelque chose en elle le repousse. Une douleur sourde monte, une question qui tourne en boucle. Pourquoi ce vide, cette distance ? Elle repense aux moments de complicité, à ces instants volés, où tout semblait si simple, si vrai. Et maintenant, ce gouffre entre eux. Elle aimerait que tout redevienne comme avant, retrouver cette chaleur. Mais là, dans cette chambre froide, tout semble impossible.

Elle est serrée sur un côté du petit lit une place, il lui tourne le dos. Serrée contre le bord, elle sent chaque ressort du matelas comme autant de piqûres. Lui, figé, muré dans son silence, lui tourne le dos, son corps tendu, distant. Comme deux étrangers dans la nuit, dans le même lit. Elle cherche le moindre signe, un geste, un mot, quelque chose pour briser cette glace. Rien. Juste ce silence pesant, cette distance glaciale.

Lui, il fixe ses chaussettes qui traînent par terre, éparpillées comme des miettes de sa vie morcelée. La tête vide, trop de pensées l'ont épuisé. Il est là, allongé, à contempler ce fouillis, trop fatigué pour penser à quoi que ce soit, surtout pas à Hermione. Surtout pas à elle. Alors il se force, il s'oblige à penser à autre chose. Biggins, les cours, les colles distribuées cette semaine. Une retenue à 17h avec deux Gryffondor. Il est à jour dans ses copies, oui, il devrait donner un devoir aux Troisièmes Années. Se réapprovisionner en griffes de paresseux, aussi. Il y a tant à faire, tant de détails à régler.

La chambre, interminable, les avale. Hermione sent les larmes monter, elle refuse de les laisser couler. Pas devant lui. Pas maintenant. Elle repense à leur histoire, aux moments où tout était simple, où un regard suffisait pour tout dire. Aujourd'hui, elle se heurte à ce mur, cette barrière invisible mais infranchissable. Elle se demande ce qui a changé, ce qui a brisé cette complicité. Chaque minute qui passe alourdit, chaque seconde éloigne un peu plus cet homme qu'elle aime.

Severus, lui, s'enfonce dans ses pensées, essaie de fuir ce moment, de s'échapper de cette réalité. Il se perd dans les tâches banales, les soucis du quotidien, pour éviter de penser à elle. Il sent qu'il la blesse, mais il est incapable de faire autrement. Ses démons le rongent, le paralysent. Et surtout, il faut changer les draps. Il ne peut pas supporter que ces draps sentent Hermione. Deux nuits qu'elle dort ici, deux nuits de trop. Il ne doit pas penser à elle, à ça. Il se répète que c'est un moment à effacer, à oublier. Peut-être devrait-il mettre ce souvenir en flacon, l'arracher de sa mémoire. Une idée radicale, extrême, mais ces sentiments-là, c'est poison pour son équilibre. Sentiments, c'est du désordre, c'est du chaos.

Severus, il sait, il se connaît. Il est fait de rigueur, de contrôle, de discipline. Laisser Hermione pénétrer cet univers, c'est inviter le désastre. Parce que l'amour, c'est le début de la fin pour lui, c'est l'ouverture aux failles, aux blessures béantes.

Mais en même temps, comment se sortir de cette situation ? Parce qu'il n'est vraiment pas doué avec le sexe faible. Il a déjà eu des rapports, oui, mais c'était toujours chez l'autre, pour pouvoir partir en pleine nuit, disparaître avant l'aube, effacer sa trace. Surtout ne jamais revoir la personne. Mais là, c'est plus compliqué. Là, la personne vit à deux tableaux du sien. Dans le même château.

Severus se sent piégé. Il n'a jamais su comment s'y prendre avec les femmes. Une maladresse chronique, une incapacité à comprendre, à communiquer. Toujours de trop alors il préfère ne pas être assez. Dans le doute ? Et maintenant, il est là, face à un dilemme qu'il ne sait résoudre.

Il se sent sans repères.

Alors il fixe ses chaussettes, il se perd dans ces pensées triviales, il s'accroche à ces détails insignifiants pour ne pas sombrer dans ses émotions. Il se dit qu'il tiendra, qu'il survivra. Il doit juste ne pas penser à elle.

Elle sait qu'il ne dort pas. Elle n'est même pas sûre qu'il essaie de faire semblant. Alors elle est vexée, un peu. Mais elle a un ego, Hermione. Elle refuse de rester là, à se sentir humiliée. Elle sort de ce foutu lit qui fait vraiment mal au dos, avec une détermination froide. Elle sort nue de cette chambre de merde, sa culotte volant derrière elle dans un geste de défi. Elle ne fait pas attention à ; si Severus a bougé ou non.

Elle se rhabille rapidement dans le salon, ravale son amertume, tentant de maintenir un semblant de dignité. Dans la salle de bain, elle efface d'un doigt le mascara qui a coulé durant la nuit, se trouve affreuse dans le miroir. Les cheveux en bataille, le visage fatigué. Elle a envie d'hurler dans un coussin, de laisser exploser cette frustration accumulée.

Mais Hermione est pragmatique, elle a ses méthodes pour gérer les crises. Une option simple, peu coûteuse, et très efficace : une douche, un thé, et une bonne sieste. Cela devrait suffire pour remettre de l'ordre dans son esprit. Elle prend ses affaires, et sort dans le couloir des professeurs en faisant bien attention à ne croiser personne. Ce n'est absolument pas le moment.

Sa fierté est blessée, son cœur un peu plus encore.


Dès qu'il entend sa porte se fermer, il s'en veut. Il n'aurait jamais dû céder hier. Voilà où ça le mène, de se laisser aller. Il n'aurait jamais dû l'embrasser. On n'embrasse pas sa collègue, Severus ; no zob in job. C'est pas compliqué, putain. Encore à poil, il retire tous ces draps. Ça part direct pour une bonne session de nettoyage. Il retourne tout. Draps, taies et même housse de matelas. Et une fois que sa chambre ressemble à un champ de bataille, le linge de lit écroulé par terre, c'est son tour à lui de se laver. Il sent. Il sent un peu la transpiration, il sent le sexe, il sent la transpiration d'Hermione et son parfum. Il lui faut une douche !

Il file à la salle de bain, l'eau coule déjà avant même qu'il y soit. Seul le bruit du jet résonne, couvrant ses pensées. Il se regarde un instant dans le miroir, fatigué, hanté par ses propres erreurs. C'est ça, Severus, cède aux pulsions et récolte le chaos. Il grimace, dégoûté par son reflet, par cette faiblesse qu'il se découvre. L'eau brûlante lui tombe sur la peau, effaçant les traces de la nuit, les souvenirs imprégnés.

Il frotte fort, presque avec rage, comme pour se purifier de cette culpabilité, de ce désir qu'il ne comprend pas. Ses pensées se heurtent. Hermione. Son parfum, sa chaleur, sa peau, sa présence. Une erreur, mais une erreur si humaine, si douloureusement humaine, si douloureusement tendre. Il ferme les yeux, laisse l'eau l'engloutir, emporter avec elle la confusion, l'angoisse, le regret.

Quand il sort de la douche, sa peau rougie par la chaleur, il se sent à peine mieux. La salle de bain est envahie de vapeur, au moins il ne voit plus son reflet dans le miroir. Il s'enroule dans une serviette, fixe un instant le vide. Le linge de lit est toujours là, éparpillé.

Pas de retour en arrière, juste avancer, affronter les conséquences.


Hermione, voyez-vous, n'agit que par frustration, par orgueil démesuré. C'est vil, immature, ça lui colle à la peau comme une vieille rancune. Que voulez-vous ? Elle a d'autres soucis, dit-elle. Pure fiction. Elle traverse un dimanche creux, pas grand-chose à faire, plus de labo, juste à se morfondre dans son bureau. Ah, il faut trouver un cadeau pour l'anniversaire de la petite Victoire, mais rien de quoi remplir sa journée.

Que faire ? Elle pourrait prendre les tours de retenue de Remus, ravi de les refourguer. Mais elle erre, se noie dans l'ennui et la frustration, ajoutant des tâches inutiles à un emploi du temps déjà vide. Ses appartements sont rangés. Pas de répit, pas de satisfaction, juste cette amertume qui la ronge, la pousse à agir sans réfléchir, à s'enfoncer dans cette spirale infernale. Elle sait qu'elle a tord. Mais elle a besoins de digéré, juste un peu de temps.


« Miss Granger ne dort pas ici ce soir, Severus ? » grince Phineas depuis son tableau. La chambre est plongée dans le noir, il doit être minuit. Demain, il donne cours, il faut bien qu'il dorme un peu. Mais Severus n'y arrive pas, il réfléchit trop. Alors, quand il entend la voix de Phineas, il soupire.

Allongé sur son lit, Severus fixe le plafond invisible, puis se redresse, grogne un peu, puis jette un coup d'œil vers le tableau.

« Taisez-vous, Phineas. » murmure-t-il, sa voix rauque brisant le silence.

Phineas, imperturbable, le regarde avec un sourire narquois. « Oh, Severus… Ce n'est qu'une question. »

Severus se lève, traverse la pièce en quelques pas rapides. Il tire les rideaux pour laisser entrer un peu de la pâle lumière de la lune. La chambre prend une teinte argentée, froide, presque surréaliste. Il se tourne vers le tableau, son regard sombre.

« Vous aimez tant tourmenter les vivants ? » demande-t-il, ses mots lourds de reproches.

Phineas ricane doucement. « C'est ma petite distraction. »

Severus secoue la tête, désabusé. Il retourne vers son lit, s'assoit sur le bord, la tête entre les mains. L'image d'Hermione hante ses pensées, sa présence, son absence. Entre la raison et l'émotion.

« Une potion de sommeil sans rêve, voilà ce qu'il me faudrait, » murmure-t-il pour lui-même.

« Un leurre temporaire. » commente Phineas, moqueur.

Severus l'ignore, son esprit fatigué glissant lentement vers une décision. Il se lève, marche jusqu'à son bureau, ouvre un tiroir et sort une petite fiole. Il la regarde un instant, comme si elle contenait toutes les réponses. Puis, il retourne au lit, s'allonge, les yeux fermés.

« Elle non plus n'arrive pas à dormir. » grince Phineas.

Severus serre les dents, agacé. « Vous espionnez donc tout le monde ? »

« Peu de distractions à cette heure-ci, » répond Phineas avec un sourire narquois dans la voix.

« Et dormir ?

— Rater ceci ? Non merci. » rétorque Phineas, sa voix pleine d'une ironie mordante.

Severus soupire, une lassitude infinie pesant sur ses épaules. « La vie privée, vous connaissez habituellement.

— Vous n'avez pas de vie privée pour moi, Severus. Je sais juste m'éclipser quand vous pensez que je suis absent. »

Severus se redresse légèrement, fixant le tableau avec une intensité mêlée de frustration et de fatigue. « Et vous faites souvent cela ? M'observer à mon insu ? »

Phineas ricane doucement, sa voix résonnant dans la chambre sombre. « Rassurez-vous, vous n'êtes pas le seul. En revanche, j'ai pu constater hier le désastre.

— Je ne vous savais pas voyeur, » grogne Severus, ses mains se crispant sur les draps.

« Je passais par là, je n'ai pas regardé. » répond Phineas avec une pointe de nonchalance.

Severus ferme les yeux, essayant de chasser l'image d'Hermione, de ses propres regrets.

« Vous n'avez rien de mieux à faire que de me tourmenter ? » demande Severus, la voix lourde de reproches.

« Disons que vous êtes une source de divertissement inépuisable.» réplique Phineas avec un ton léger.

Severus secoue la tête, désabusé. « Je n'ai pas besoin de distractions supplémentaires. »

« Peut-être, vous semblez en créer suffisamment par vous-même, » lance Phineas, son rictus presque audible.

Severus se tourne sur le côté, dos au tableau, cherchant désespérément un peu de répit. « Laissez-moi en paix, Phineas.

— Il y a des choses que tout le monde voit sauf vous deux. Il s'agirait de se parler pour éviter plus de ridicule.

— Ça n'a jamais tué personne, » réplique Severus avec une pointe de défi.

« Vous êtes bien placé pour savoir ce qui ne tue pas, Severus. » rétorque Phineas, avec une insistance acide.

« Allez vous faire foutre… » grogne t-il, la colère montante.

Phineas, imperturbable, ajoute avec un sourire dans la voix : « Elle trouve que tu sens bon. »

Severus reste immobile, ses pensées tourbillonnant, un mélange de frustration et de confusion. Il serre les dents, cherchant à ignorer cette dernière remarque, mais les mots de Phineas résonnent en lui, troublants.

« Vous ne pouvez pas vous mêler de vos affaires, n'est-ce pas ? » murmure-t-il, sa voix à peine plus qu'un souffle.

Phineas sourit dans son cadre, sa silhouette aristocratique tranchant avec l'obscurité de la chambre. « Considérez cela comme un conseil, Severus. Parfois, il faut savoir écouter. »

Severus, épuisé, ferme les yeux, espérant que l'épuisement finira par l'emporter. Mais les paroles de Phineas continuent de tourner dans son esprit, une boucle incessante de réflexions et de doutes.

« Vous aimez vraiment jouer les trouble-fête, » murmure-t-il, sa voix à peine audible.

« Simplement une observation, » rétorque Phineas, toujours moqueur. « Vous êtes un homme intelligent, Severus. Peut-être est-il temps de cesser de fuir ce qui est évident. »

Severus inspire profondément, tentant de chasser les pensées intrusives. « Vous n'êtes qu'un tableau. Vous n'avez plus aucune idée de ce que c'est que de vivre avec ces dilemmes.

— J'hésitais justement à vous dire qu'elle sortait de ses appartements… Devrais-je ? Quel dilemme !

— Elle peut bien sortir si elle veut. Ça ne me regarde pas. » Severus répond, agacé.

Mais alors, il entend quelqu'un toquer à sa porte. Son cœur rate un battement. Une fraction de seconde, il espère que c'est une hallucination, un fruit de son imagination troublée. Il se lève, hésitant, les pas lourds de fatigue et de confusion. Dans son cadre, l'ancien directeur observe silencieusement, un sourire sur les lèvres.

« Phineas, allez tourmenter quelqu'un d'autre, » marmonne Severus en sortant de sa chambre.

Il est devant la porte principale de ses appartements. Et ça retoque. Il hésite.

« Severus, ouvre-moi, s'il te plaît. »

Il le fait. Elle est là. Tout autant en pyjama qu'il l'est lui-même. Elle penche la tête sur le côté.

« Tu me fais rentrer ?

— Rebecca m'a demandé tôt demain matin, ce n'est pas une bonne idée.

— Et rester comme ça n'est pas une bonne idée non plus. » Elle le dépasse et s'installe sur son canapé. Il la regarde, circonspect.

« Un thé ? » propose-t-il, sarcastiquement, mécaniquement. Il déteste ça. Devoir improviser, surtout sur ce genre de sujet ; il aime quand c'est prévisible, certain, cohérent. Là, ça ne l'est pas. Il s'occupe les mains pour ne pas avoir à commencer la conversation. Mais elle ne bronche pas et l'attend sur le canapé.

Il met l'eau à chauffer, sort deux tasses, des gestes mécaniques, presque automatiques. Hermione reste silencieuse, l'observant, patientant. Le bruit de l'eau bouillante emplit la pièce, une distraction bienvenue dans ce silence tendu.

Severus se sent mal à l'aise, comme s'il était sur le point de franchir une ligne invisible.

Il prépare le thé, prend une grande inspiration et rejoint Hermione sur le canapé, une tasse à la main. Elle accepte la tasse avec un sourire, mais ses yeux restent graves, emplis de questions sans réponses.

« Je t'écoute, » dit-il enfin, brisant le silence lourd.

Hermione le fixe, cherchant une lueur de compréhension dans ses yeux. « Je suis désolée d'être partie comme ça ce matin, j'aurais dû essayer de parler.

— Excuses acceptées. » répond-il, mécanique.

Elle le regarde, incrédule. « C'est tout ?

— Que veux-tu que je dise ? » Il détourne légèrement le regard, mal à l'aise.

« Ce que tu ressens, ce que tu en penses, ce que tu veux. » Sa voix tremble légèrement.

« Oh, je ne ressens rien, je suis Severus. Je ne veux rien que ma tranquillité. » Il croise les bras, tentant de se protéger comme il peut.

Hermione se redresse, la frustration visible sur son visage. « Ne te cache pas derrière tes sarcasmes avec moi.

— Alors quoi ? » Son ton est sec, défensif.

« Pourquoi est-ce que tu compliques tout ? Est-ce que je me suis trompée sur toute la ligne ? Est-ce que nos proches aussi ? Même les fantômes, les tableaux et ces putains d'élèves ? »

Severus soupire, exaspéré. « Si tu veux une réponse, sois plus précise.

Elle se lève, les yeux brillants de larmes contenues. « Oh diable, Severus, ne joue pas au con ! Je t'aime. Alors maintenant, soit tu me dis que je ne t'évoque qu'indifférence, dégoût et mépris comme tu le montres si bien en ce moment, ou tu t'expliques ! »

Le choc de ses mots le frappe de plein fouet. Il reste figé, les yeux fixés sur elle, cherchant à articuler une réponse. Les émotions tourbillonnent en lui, se heurtant à ses murs de défenses.

Hermione, le souffle court, attend, espérant une réaction, un signe. « Dis quelque chose, Severus, n'importe quoi. »

Il inspire profondément, ses mains tremblant légèrement. « Hermione, je... » Les mots lui échappent, glissants, insaisissables. « Non, » sa voix plus fragile qu'il ne le voudrait. « Tu te trompes. »

Elle se redresse, ses yeux s'emplissent de détermination. « Je me trompe ? Comment veux-tu que je me trompe ? Je te dis que je t'aime. Point. Il n'y a pas d'erreur, de marge de fiabilité ou de quoi que ce soit. C'est un fait, ce que je ressens. Soit tu l'acceptes, soit non. »

Il secoue la tête, luttant pour reprendre contenance. « Mais c'est impossible enfin. Tu te rends bien compte que ce n'est pas rationnel ?

— Comment veux-tu que ça le soit ? Ce sont des sentiments.

— Tu n'as jamais été amoureuse, tu confonds l'attachement dû à un... coït et les véritables sentiments. » Hermione pense très fort que ce n'est pas avec de genre de 'coït' qu'elle risque de tomber amoureuse. Mais le dire tout haut n'est pas une bonne idée.

Hermione sent une colère froide monter en elle. « Est-ce que tu arriverais à être plus méprisant ? Ou tu es à ton maximum ? »

Severus serre les poings, les jointures blanchissant. « Tu ne comprends pas.

— Non, visiblement, mais éclaire-moi de ta lumière… »

Il détourne le regard, incapable de soutenir ses yeux brûlants de colère et de douleur. « Tu ne peux pas m'aimer. Tu es une femme jeune, belle, intelligente, empathique.

— Vas-y, continue, je n'ai pas l'impression d'être il y a treize ans quand Tonks draguait Remus. »

Severus se raidit, son visage se durcissant. « Mais c'est le cas ! Ne te moque pas de moi, je ne suis pas aussi gentil que Lupin.

— Ça m'arrange, je ne suis pas amoureuse de Remus. Par contre, je le suis d'un foutu sorcier bourru, grognon et totalement aveugle.

— Eh bien, arrête ! »

Elle avance d'un pas « C'est ce que tu as fait quand Lily t'a mis un râteau il y a vingt-cinq ans ? Tu as arrêté comme ça ? » Elle claque des doigts à la fin de sa phrase.

Les mots frappent Severus , il vacille légèrement, cherchant ses appuis. « Ce n'est pas la même chose.» murmure-t-il, ses yeux fuyant les siens. « Elle ne m'a jamais mis de râteau.

— C'était tout comme. Alors maintenant, soit tu me dis que tu aimes toujours Lily ou quelqu'un d'autre, soit tu me dis que tu ne m'aimes pas, ou bien tu t'expliques.

— Mais je suis bien incapable de te dire ce que tu veux entendre ! »

C'est bien vrai. Severus, incapable de lui dire qu'il l'aime, comme une plaie ouverte qu'on ne saurait montrer. Trop de risques, trop de vulnérabilité. Non, ça il ne peut pas. Même si elle est drôle, brillante, fascinante, belle à en perdre la tête. Impossible.

Parce qu'il aime Hermione mais qu'il est Severus.

Néanmoins il ne comprend pas que ses mots cachent des abîmes. Hermione, elle, saisit autre chose. Son regard passe de la colère à la tristesse, une lueur de désespoir. Elle détourne les yeux, fixe sa tasse de thé, prête à éclater en sanglots. Garder sa dignité devient une épreuve herculéenne, alors qu'elle réalise qu'elle s'est lourdement trompée depuis le début. Elle a cru aux murmures des autres. Severus est un homme, bon sang. Elle aurait dû y penser davantage. Depuis des semaines, c'est toujours elle qui a pris les devants, et lui, il s'est laissé faire, profitant de chaque instant. Phineas avait raison : Severus prend ce qu'on lui offre sans plus.

Elle se sent idiote, son ego piétiné. Elle n'aurait jamais dû présumer des sentiments de Severus. Après tout, c'est un génie, clairvoyant et déterminé. Il sait ce qu'il veut, et ce n'est clairement pas elle. Eh bien, tant pis. Elle ne va pas se ridiculiser davantage. Pas question. Elle avale son thé d'un coup sec, retenant les larmes qui montent. Pleurer, oui, mais pas devant lui. Elle en a fini avec cette chimère.

Hermione pose sa tasse avec détermination, rassemblant ce qu'il lui reste de fierté. Elle respire profondément, se redresse, refuse de montrer la moindre faiblesse. Une dernière fois, elle jette un coup d'œil à Severus, prête à affronter une nouvelle réalité, sans illusions.

Severus, immobile, observe le changement d'attitude. Son visage se ferme, ses épaules s'affaissent légèrement. Elle se lève, tentant de masquer ses émotions. « Très bien, » dit-elle, sa voix presque froide. « J'ai compris. »

Il sent une panique sourde monter en lui. « Hermione, attends...

— Non, » coupe-t-elle, son ton tranchant comme une lame. « Je crois que tout est clair maintenant. Merci pour le thé. »

Severus reste là, muet et perdu. Les mots lui échappent. Il n'a jamais eu à confesser quoi que ce soit, jamais. Les sentiments, c'était aux autres de les deviner, de les supposer. Peu importait si c'était vrai ou faux. Peu importait si cela se traduisait en actes.

Il la regarde déposer sa tasse dans l'évier, puis revenir. Une éternité s'étire en silence, lourde et pesante.

« Tu pars ? On n'a pas fini. » dit-il en se redressant, une lueur d'espoir vacillant dans ses yeux.

« Tout a été dit, je crois, » répond-elle, glaciale.

« Tu viens ici pour discuter, et au moment où j'essaie de te dire quelque chose, tu pars ?

— Que veux-tu que je te dise ? Tu ne veux pas de moi, tu ne veux pas de moi. Tu n'as pas à justifier pourquoi. Maintenant, laisse-moi un peu de dignité, s'il te plaît, et laisse-moi partir aussi. »

Il reste figé, son monde s'effondrant silencieusement autour de lui. Hermione, déjà en route vers la porte, ne se retourne pas. Les mots qu'il aurait pu dire, les gestes qu'il aurait dû faire, tout cela lui semble maintenant si dérisoire.

« Mais de quoi tu parles ? » murmure-t-il, la voix tremblante.

« Je suis bien incapable de te dire ce que tu veux entendre ! » réplique Hermione, citant ses propres mots, la colère mêlée de tristesse.

« Oui. Parler de sentiments m'est inconnu et je ne suis pas en capacité d'en parler. Les déclarations enflammées, tu n'en auras pas parce que je n'en ferai pas. Pas parce que ça n'existe pas, mais parce que je ne sais pas le faire, et que je ne me sens pas capable de le faire. » Il fait une pause, elle a l'air perdue. « J'ai cru que tu le devinerais, ça. »

Hermione s'arrête, tourne légèrement la tête, un espoir presque imperceptible dans ses yeux. « Deviner ? Mais je suis pas un putain d'Auror, moi ! » Elle râle, la Hermione, ses yeux brûlants de tension mal contenue, l'index pointé comme une arme sur Severus. Elle trépigne, incapable de rester en place.

Severus la regarde, un sourcil haussé, l'air plus maussade que jamais. « Je… »

Elle coupe net, pas question de lui laisser le moindre répit. « Est-ce qu'à un quelconque moment tu t'es demandé comment je pourrais deviner ce que tu voulais me faire deviner ? » Sa voix tremble un peu.

Severus, lui, ne bouge pas d'un pouce, impassible comme une tombe. « Je ne pouvais pas deviner que tu ne devinerais pas ce que je voulais te faire deviner… »

Elle soupire, exaspérée, levant les yeux au ciel. « Est-il possible de se parler sans sous-entendus, juste deux minutes ? C'est épuisant de devoir décortiquer toutes les couches de ce que tu dis et surtout de ce que tu ne dis pas. »

Il hoche la tête, lentement, machinalement. « Je peux le concevoir. »

Un sourire furtif éclaire le visage de Hermione, ses épaules se relâchent, la tension s'évapore un instant. « Conçois alors. » dit-elle, un sourire timide aux lèvres.

Severus se penche légèrement en avant, une lueur sarcastique dans le regard. « Puisqu'il faut formuler les choses dans leur plus grande clarté et sans ambiguïté pour madame… » Il sourit en coin, un sourire presque cruel. « Non, Hermione, tu ne m'indiffères pas, non tu ne me dégoûtes pas, non je ne te méprise pas. Par ailleurs, je ne suis pas plus amoureux de Lily ou de qui que ce soit d'autre. »

Elle fronce les sourcils, son esprit s'agite, cherchant à percer les non-dits. Mais est-il amoureux de qui que ce soit d'autre que Lily ou d'elle ? Elle se perd dans ses pensées. « Je n'ai aucune raison pour t'envoyer paître à part peut-être le fait que je trouve que tu as des goûts en matière de choix de partenaire on ne peut plus douteux, mais qui suis-je pour te reprocher cela ? » Il conclut, malicieux.

Elle ne peut s'empêcher de sourire. « Le premier concerné. »

Il acquiesce, résigné. « Eh bien, je m'en contenterai. Quoi qu'il en soit, il y a quelque chose. Aie de la pitié pour moi et ne me force pas plus à verbaliser quoi que ce soit. Car si je dois être tout à fait honnête… » Son visage se tord, une grimace de douleur intérieure. « Non Hermione, je ne te vois pas comme une collègue, et vraiment pas comme une amie. Et ce depuis plusieurs années. »

Le cœur de Hermione se serre un peu, comme une corde qu'on étrangle. Depuis combien de temps espérait-il ? Elle se perd dans ses pensées, son regard fixe, lointain. Et elle, dans tout ça ? Se murmure-t-elle, les sourcils froncés, cherchant à comprendre.

Il attendait qu'elle se rende compte de quelque chose en se faisant passer pour son ami ? Et si ça n'avait pas été réciproque, il aurait attendu comme ça longtemps ? Elle se mordille la lèvre, son esprit tourbillonnant entre son ego un peu blessé et sa raison. Puis, elle se redresse, ses mains tremblantes se crispant sur les accoudoirs du fauteuil. Il n'a jamais eu un comportement déplacé, jamais sous-entendu grand-chose, se dit-elle pour se rassurer. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Et elle est bien contente que, là tout de suite, il ne la considère pas comme une collègue.

Les câlins, ce n'est jamais le fort de Severus. Il en reçoit peut-être un par an, parfois plus, souvent moins. C'est généralement Remus qui le fait au Nouvel An. Il déteste ça, mais que peut-il faire ? Le repousser par terre ? Il a essayé une fois, c'était très drôle. Mais Hermione, il n'a pas du tout envie de la repousser. Elle enfouit sa tête dans son cou, juste au niveau du col de sa chemise de nuit. Il plie les genoux pour qu'elle puisse atteindre cette hauteur. Ses mains à lui sont sur sa taille, l'autre dans son dos. Sa tête repose sur la sienne.

« Tu es bien sûre qu'il y a un quoi que ce soit ? Là tout de suite, je n'ai pas envie de revenir en arrière.

— Il y a définitivement un quoi que ce soit. » Severus pense qu'il a bien choisi le mot "définitivement", parce que là, il est foutu et ce, définitivement.

« Bien, que tu ne parles pas de ton 'quoi que ce soit' est une chose, mais est-ce que j'ai le droit de verbaliser le mien ?

— Tu as tous les droits.

— Bien, parce que je t'aime, alors ça m'aurait vraiment peinée de ne pas pouvoir te le dire. »

Il sourit dans ses cheveux. Le câlin dure un moment. Combien de temps ? Il ne sait pas. Cinq, six minutes ? Peut-être plus. Le temps qu'il passe dans les bras d'Hermione, il décide que ça ne se compte pas.

Déjà parce qu'elle sent bon, qu'elle est douce et moelleuse et qu'il ne veut pas que cela s'arrête. Il respire son parfum, un mélange de shampoing, de coton et de badiane. Hermione commence à bouger sa tête, doucement, presque timidement. Son nez glisse contre son cou, effleurant sa cicatrice. Elle la caresse du bout des lèvres, une caresse tendre et audacieuse. Juste à la base du cou, là où la peau est fine et sensible.

Elle tente le loup, un peu, elle le sait. Mais quitte à jouer, autant jouer un peu plus gros.

Il ne dit rien, ses lèvres scellées. Lentement, ses mains se mettent en mouvement, remontant le long du cou. Ses doigts effleurent sa peau, hésitants, mais déterminés. Hermione sent son souffle, léger, presque imperceptible, qui frôle son visage. C'est alors que, pour la première fois —car elle a décidé que la veille ne comptait plus—, il prend l'initiative de l'embrasser. Ce baiser n'a rien à voir avec les fois précédentes. Il est lent. Ses lèvres se posent sur les siennes, une pression douce, presque imperceptible. C'est calme, tendre, doux. Qui contraste violemment avec la froideur de la nuit précédente.

Terriblement chaste, ce baiser est respectueux, peut-être trop pour Hermione. Elle ressent cette retenue, mais pour l'instant, elle s'en contente. Elle ferme les yeux, se laissant bercer par l'inattendue. Il y a une chaleur nouvelle dans ce baiser, quelque chose de plus, quelque chose de mieux.

Leurs lèvres se séparent doucement, mais il reste là, tout proche, son front contre le sien. Elle le regarde, il n'y a plus d'Occlumencie. Elle aime ça, Hermione, quand il ne l'utilise pas, quand il se laisse aller à être simplement humain, vulnérable. Elle n'a pas vraiment de doute sur le fait de se prendre un râteau à l'instant T. Parce que les yeux de Severus brillent d'une lueur qu'elle aime.

« Je sais pas si je pourrais les dire un jour, les mots que tu veux entendre.

— J'en ai rien à foutre s'ils ne viennent jamais. Je t'aime. »

Il rit un peu, une tentative maladroite pour dissimuler la gêne qu'il ressent. Ce ne sont pas les mots qui le gênent, mais son incapacité à les lui rendre. Il la serre contre lui, plus fort, comme pour s'ancrer dans cette réalité nouvelle et terrifiante. Hermione ferme les yeux, savourant cet instant de paix volée. Severus jette un coup d'œil à l'horloge, le temps leur échappe.

« Hermione, il serait peut-être temps qu'on aille se coucher.

— Je peux rester ?

— Non.

— Ah.

— Non, j'aimerais qu'on évite pour l'instant d'aller dans ma chambre.

— Je comprends. Et puis je déteste ton matelas. Mon lit est plus grand et bien plus confortable.

— Justement, on y va ?

— Ah Je préfère ça, oui. »

Ils restent encore un moment ainsi, enlacés, savourant le silence et la chaleur de l'autre. Hermione sent le cœur de Severus battre contre son oreille, un rythme irrégulier mais apaisant.

Severus, de son côté, lutte contre ses démons. Tout lui hurle de se méfier, de garder ses distances, mais quelque chose en lui s'est brisé, ou peut-être réparé, il ne sait dire.

Alors ?