Quand le temps nous rattrape.

Titre du 30/06/2020 : Quand le temps nous rattrape

E : Emma Swan

CRÉATURE 66 : Le Ténébreux

123. « Je peux me débrouiller seul[e]. »

Emma crut qu'elle allait se mettre à hurler.

La mine s'était écroulée.

Et si Henry était à l'intérieur… s'il y était encore… s'il était blessé, ou même pire encore, mort…

Elle ne savait pas ce qu'elle ferait.

Il ne fallait pas qu'elle y pense, pas maintenant, pas tant qu'il restait une chance que les choses se terminent bien (elle ne croyait pas aux contes de fées, ni aux fins heureuses, mais là tout de suite, elle priait sincèrement pour un miracle), elle devait tenir.

Une part d'elle-même n'avait pas envie de savoir en vérité, ne voulait pas connaître la vérité, aurait bien aimé pouvoir rester un peu plus longtemps dans l'ignorance et faire comme si tout allait bien.

C'était bien ce qu'était Emma Swan après tout, cela faisait des années qu'elle se cachait derrière des murs, et elle aurait préféré pouvoir rester dans le déni, mais elle connaissait Henry.

Elle connaissait son fils, pour autant que Regina comptait continuer de lui refuser ce statut qui était pourtant le sien, elle savait qu'il n'y avait qu'un seul endroit où il aurait pu aller après avoir entendu les paroles blessantes d'Archie, et c'était la mine.

Parce qu'il était tellement têtu et obstiné, et qu'il voulait si fort lui prouver que la malédiction était réelle qu'il était même prêt à se mettre en danger en poursuivant une simple chimère.

Elle pouvait comprendre qu'il ait un fort besoin d'y croire, c'était encore un enfant, et il n'avait pas perdu toutes ses illusions, contrairement à elle, et c'était une bonne chose, vraiment, mais…

Si c'était pour que ça tourne ainsi, alors il fallait vraiment que ça s'arrête, qu'il cesse de croire à ces histoires de méchante reine, de Sauveuse, de fées, de Ténébreux et autres contes de fées qui n'avaient rien de tangible ou de réel.

Peu importe, ce n'était pas important, pas pour l'instant, là, tout de suite, ce qui importait, c'était de retrouver Henry.

C'était de s'assurer qu'il soit sain et sauf.

Elle croisa rapidement le regard de Regina, et pour une fois, elle ne lut aucune animosité dans son regard.

Elles étaient sur la même longueur contrairement à d'habitude, ce qui comptait, c'était Henry, et rien d'autre, aujourd'hui, elles n'étaient plus des ennemies.

Non, elles étaient des mères qui voulaient seulement être réunies avec leur fils.

Tout simplement.

(Pourquoi avait-il fallu qu'elles en arrivent à une telle extrémité pour enfin réussir à s'entendre ?)

§§§§

Graham n'arrivait pas à comprendre ce qu'il lui arrivait.

Henry avait disparu, depuis déjà quelques heures, la mine venait tout juste de s'effondrer en partie, voire peut-être même complètement pour ce qu'il en savait, et pourtant…

Il ne ressentait absolument rien.

Ce n'était pas normal, tout le monde autour de lui était inquiet, voire paniqué, même ceux qui savaient le mieux le dissimuler pour garder un visage impassible, et n'importe qui ne le connaissant pas aurait sans doute pensé qu'il faisait de même, sauf que…

Ce n'était pas le cas.

Et ce n'était pas non plus comme si il ne ressentait pas d'inquiétude parce qu'il était certain qu'Henry allait s'en sortir, il n'avait aucune certitudes à ce sujet.

L'enfant avait disparu, et si il était bien comme Emma, Regina et Archie le pensaient, dans les mines, mines qui venaient de s'écrouler, alors le retrouver ne serait pas une partie de plaisir, loin de là.

Et pourtant, même s'il n'avait aucun moyen de savoir où il se trouvait, il ne ressentait, malgré lui, aucune inquiétude.

Il aurait dû.

Il aurait dû, mais ce n'était pas le cas, et ça recommençait.

La première fois qu'Henry avait disparu, partant pour Boston pour retrouver sa mère biologique, il avait ressenti ce même vide, ce creux au cœur, comme s'il n'y avait absolument rien.

Et ça faisait mal en un sens, parce qu'il ne ressentait absolument rien du tout, et que ce n'était pas normal.

Il entendait bien son cœur battre quand il posait sa main sur son torse, et pourtant, quelque chose sonnait faux dans tout ça, comme si il avait à la fois un cœur, et n'en avait pas, ce qui était juste absurde.

Ce qui faisait mal aussi, c'est que la situation était grave, et ne tournait pas autour de lui, mais autour d'Henry, et de ses deux mères, et pourtant, malgré cela, il arrivait à penser à lui, c'était d'un égoïsme insupportable.

Il ne put pourtant se débarrasser de cette étrange impression.

Il ne ressentait absolument rien.

Pourquoi ?

Pourquoi est-ce qu'il ne ressentait rien ?

Mettant ses doutes de côté, il poursuivit ses recherches avec les autres.

§§§§

Il n'y avait au final fallu que quelques heures pour qu'absolument tout bascule.

Mary-Margaret était en train d'en faire le cruel constat, alors que, accompagnée de David Nolan, elle participait aux recherches auxquelles la plupart des habitants de Storybrooke participaient également.

Henry avait disparu, et tout comme Archie, elle se sentait responsable de la situation.

Henry était son élève, il était sous sa responsabilité, et qui plus est, c'était elle qui lui avait offert le livre de contes, elle qui lui avait dit de s'accrocher au monde de l'imagination, elle qui était responsable de la situation, et voilà où ça les avait menés.

Le petit garçon était très certainement en danger, et ça lui déchirait le cœur.

Là tout de suite, la question de ses sentiments naissants pour David n'avait plus réellement d'importance.

Tout ce qu'elle voulait, c'était retrouver l'enfant qui croyait un peu trop en la magie pour son propre bien.

§§§§

Loin de toutes ces considérations, Henry observait son environnement avec un certain émerveillement.

À première vue, il ne s'agissait que d'une simple forêt, rien de plus, mais lui savait bien dans son cœur que c'était bien plus que cela, c'était la Forêt Enchantée !

Là d'où sa famille et tous ceux qui l'entouraient venaient, un monde magique, plein de magie et de choses qu'il ne connaissait qu'à travers son livre de contes.

Et si le livre retranscrivait bien l'endroit où il se trouvait, de même que les illustrations, cela n'avait définitivement rien à voir avec le fait d'y être réellement, pour de bon, en vrai.

Je peux me débrouiller seul.

Il en était sûr et certain, et maintenant qu'il se retrouvait là où il avait toujours rêvé d'aller, il en oubliait sa famille à Storybrooke, il avait même fini par oublier qu'il ne pourrait très probablement pas refaire le même chemin dans le sens inverse.

Là tout de suite, il n'arrivait qu'à se concentrer sur le fait qu'il avait eu raison et qu'il se trouvait dans la Forêt Enchantée, le monde de sa mère, de ses grands-parents, un monde où il n'était pas censé aller mais où il s'était retrouvé par un concours de circonstances.

À vrai dire, il n'était pas vraiment inquiet, un portail s'était bien ouvert pour le laisser passer, un autre finirait bien par s'ouvrir à un moment.

Pas vrai ?

En attendant, il ferait ce qu'il avait toujours rêvé de faire, explorer ce monde inconnu qu'il connaissait pourtant sur le bout des doigts grâce à son livre.

Théoriquement.

Sortant le livre de son sac, il le feuilleta, avant d'arriver à la page qui l'intéressait.

La carte de la Forêt Enchantée.

Et, sans hésiter une seule seconde, essayant de se repérer au milieu des arbres, il tâcha de retrouver le château du Ténébreux.

A suivre…