Fiou, je viens de passer une semaine compliquée ! J'avance trop vite au travail, alors je vais devoir passer à la semaine de quatre jours... j'avoue que niveau sous-sous, ça m'arrange pas... Mais niveau écriture, oui :D
En passant : ahaha, pauvre Drago qui va se faire bolosser même par les lecteurs, maintenant XD
guest : Drago ne sait plus du tout comment agir, et il est complètement incohérent xD
Drago s'assit et ouvrit l'opercule du premier plat à lui passer sous la main. L'ombre de Potter glissa sur la table, il y eut le grincement d'une chaise qu'on tirait, le « pouf » d'un corps qui s'y laissait tomber, et puis plus rien. Le silence et l'immobilité. On aurait entendu un Porlock cligner des yeux.
Drago touilla l'espèce de bouillie brune, affreusement conscient du bruit de sa fourchette raclant le carton, puis porta une cuillerée du mélange à ses lèvres avant de grimacer.
« C'est dégueulasse ? fit aussitôt une voix paniquée en face de lui. Je vais chercher deux plateaux au…
– C'est juste piquant, Potter. Je ne m'y attendais pas. »
La silhouette face à lui s'était levée. Elle se rassit.
« C'est bon ?
– C'est correct. »
Drago reprit une bouchée, par politesse, puis reposa son couvert. Depuis trois semaines, il se nourrissait exclusivement de poisson cru et de biscuits apéritifs volés dans la salle de repos des gardiens. Ce mélange de piment, de citron, d'ail, de poisson était loin d'être mauvais, mais il avait l'impression de sa langue était en train de fondre dans sa bouche.
Il leva enfin les yeux et croisa le regard ahuri de Potter.
Presqu'aussitôt, celui-ci baissa la tête, s'empara d'un plat à son tour, y fourra sa fourchette, et enfourna une ration de riz dans sa bouche. Il mâcha à peine avant d'avaler en produisant un bruit de déglutition parfaitement répugnant.
Drago se força à ouvrir une autre barquette dans laquelle il découvrit de minuscules boulettes de viande. Il en piqua une et la porta à sa bouche, gêné par le regard insistant de Potter qui suivait le moindre de ses gestes. Dès qu'il eut avalé son morceau, Potter l'imita en s'emparant d'une autre boite dont il faillit renverser le contenu sur la table tant ses gestes étaient maladroits.
Drago picora aussi peu que Potter s'empiffra, comme s'il était absolument indispensable que la moyenne de leurs appétits s'équilibre.
Au bout d'un moment, Potter trouva le courage de parler, à nouveau :
« Shacklebolt a donné son autorisation. Si c'est okay pour les maîtres d'œuvre, on pourra commencer les travaux la semaine prochaine.
– Bien. »
Un autre plat, une nouvelle tentative de communication :
« Ils ont refait l'atrium du Ministère. Tu sais, la Fontaine de la Fraternité Magique ? Il y avait des discussions pour savoir s'il fallait la remettre en place. C'était une tannée, parce que ni les centaures, ni les Elfes de Maison ne voulait participer au débat, mais… »
Drago attendit la fin de l'histoire pour répondre d'un « Une bonne chose de faite, je présume. »
Potter enchaîna :
« L'artiste qui a été choisi est un Gobelin, et encore une fois, ça a posé problème parce que… »
Drago se rappelait leur premier repas ensemble, quand Potter lui avait conté en long, en large et en travers les aventures de sa défunte chouette. Il était probable que Potter y songe également, de son côté de la table : C'était lui qui faisait tout le travail de sociabilisation. Drago répondait laconiquement.
Quand même tous les desserts eurent été testés, Drago se leva, rassembla les plats sous sa baguette, et les fit léviter devant lui pour aller entreposer ce qui restait dans le frigo. Potter le suivit jusqu'à la cuisine.
« Tu veux du thé ? proposa-t-il.
– Non. »
Drago se rinça les mains à l'évier, s'essuya lentement dans un torchon, puis, face au robinet en inox qui déformait son reflet, il articula :
« Je te crois, Potter.
– Okay… »
Drago ferma les yeux, soupira.
« Ça ne change rien. Je ne t'aime pas. Je ne suis même pas intéressé.
– Okay.
– Tu dois arrêter ça. Tu te fais du mal.
– Ça me va. Je mérite bien de souffrir un peu. »
Drago tourna la tête. C'était le sourire tordu et penaud. Celui qui fonctionnait sur le monde entier sauf sur lui.
« Ça ne sert à rien, expliqua Drago. Tu n'obtiendras rien de moi
– Je cherche pas à obtenir quoi que ce soit.
– Qu'est-ce que tu attends, alors ?
– Juste de te voir aller mieux. Ça fonctionne un peu, non ? »
Le sourire tordu et penaud, les yeux verts et tristes, la posture crispée, le corps tendu, prêt à réagir, malgré les mains fourrées dans les poches.
« Il y a forcément quelque chose que tu espères y gagner, insista Drago.
– Je viens d'y gagner un repas avec toi. Pour être honnête, j'espérais pas tant… »
·
Là aussi, il y avait quelque chose de réconfortant.
Potter n'avait pas réellement espéré le faire craquer, ou du moins, pas si tôt. Son obstination avait eu pour but de le laisser réagir au moment de son choix, pas de hâter ce moment. L'attitude d'un petit enfant borné, pas d'un despote. Ridicule mais rassurant.
Deux jours plus tard, lors d'une pause de midi, il retourna dans les appartements du Directeur pour finir les plats abandonnés dans le frigo. Il prit son temps, vérifia l'heure, compta les minutes…
Potter ne vint pas le déranger. Il ne l'espionnait plus.
Par acquis de conscience, il laissa tout de même sa clochette sur le canapé toute l'après-midi… Pas plus de résultat. En retournant la chercher, le soir, quelques minutes avant l'heure supposée du retour de Potter chez lui, il était plus stressé que craintif ou belliqueux : Il ne savait pas trop quelle excuse il pourrait inventer s'il était surpris sur place.
Les appartements étaient vides, et la clochette n'avait pas bougé.
Il la récupéra en se mordillant les lèvres, remit à leur place les deux livres qui avaient quitté leur emplacement, changea les buches dans la cheminée, vérifia l'heure, et attendit pour redescendre que le cours de Patronus soit quasiment achevé.
Son arrivée dans le Hangar ne fut quasiment pas remarquée – il y avait toujours beaucoup de fumée et de mouvement pendant les leçons – et il rejoignit son groupe de mauvais élèves en vérifiant l'attitude de Potter au passage. Celui-ci était occupé à expliquer quelque chose à cinq ou six Surveillants plus avancés qui suivaient son discours avec attention. Il faisait de grands gestes avec sa baguette, et l'éclat et la luminosité de son cerf magnifique variait en suivant son rythme.
« Oh, Malfoy ! Les autres font être tellement dég, quand elles sauront que t'étais là ! »
Drago salua Wihelma Vine et se mit en position en sachant que ce ne serait pas de jour-là qu'il obtiendrait un résultat : Cette pipelette lui laissait rarement l'occasion de se concentrer. Peu importait, puisqu'il n'était pas venu pour ça.
Au bout d'un moment, la montre moldue de Potter émit son bip désagréable. Drago ne l'entendit pas – il y avait toujours un brouhaha de conseils, d'exclamations encourageantes, joyeuses ou déçues, sans compter les mannequins et les cibles qui tombaient, se déchiraient ou grinçaient – mais il vit le propriétaire de la dite-montre regarder son poignet d'un air surpris, tripoter le bracelet, puis esquisser l'inspiration de l'annonce de la fin des cours en regardant autour de lui.
Il se figea quand ses yeux rencontrèrent ceux de Drago.
Aussitôt, le détenu détourna le regard et fixa l'extrémité de sa baguette. Celle-ci n'émettait qu'un mince filet de fumée argentée, son manque de concentration ne lui permettant pas plus. Après quelques secondes, il osa un nouveau coup d'œil en direction de Potter. Celui-ci remuait les lèvres sans prononcer un mot, comme un idiot, et ce fut son tour de détourner le visage.
Le cours dura une demi-heure de plus qu'à l'accoutumée. Au bout d'un moment, les sourires de connivence furent remplacés par des petites remarques sur « le Chouchou du Directeur ». Le visage de Potter devint cramoisi, mais son sourire se renforça. Il finit tout de même par prendre une nouvelle inspiration et entama un « Bon, les gars, on va… »
Drago n'en entendit pas davantage. Il quitta la salle immédiatement et retourna dans sa cellule.
Il lui fallut sortir son couteau moldu et reprendre la gravure de sa souche pour se calmer.
Le lendemain, il vint un peu plus tôt.
Le surlendemain, il se cacha à la Patinoire. Potter ne vint pas le déranger.
Le jour d'après, il assista au cours dans son entièreté.
Les jours suivants aussi.
On sentait que Potter ne savait pas trop comment agir à ces moments-là. Au début, il osait à peine s'approcher. Quand il venait enfin donner quelques conseils au groupe, il passait quelques minutes avec chaque élève, mais se contentait pour Drago d'un « Continue comme ça » ou d'un « Ça s'améliore ». Un jour, il fit mine de vouloir toucher son bras pour modifier sa posture. Un regard menaçant le fit reculer, et il se cantonna dès lors à des conseils un peu plus construits mais sans contact.
Drago se faisait l'impression d'être l'une de ces créatures monstrueuses que le Survivant affectionnait – un hippogriffe, un dragon, un loup-garou, un putain de sombral… – et de se faire apprivoiser, à moitié malgré lui.
Il continuait d'observer son visage, son corps, son attitude…
Potter n'était pas à proprement dire hideux… C'est simplement qu'il n'avait aucun attrait. Si Drago tentait de s'imaginer l'embrassant, ou faisant l'amour avec lui, il n'éprouvait absolument rien : Ni dégout, ni révulsion, ni l'ombre de la moitié d'un début d'excitation. C'était comme assister à l'accouplement morne et froid de deux grenouilles.
Il commençait à comprendre ce que Wihelma Vine avait dit de sa relation avec son ex-époux : Même Waren lui semblait un choix de partenaire plus intéressant que Potter. Au moins y-avait-il, avec lui, un espoir de voir les choses s'améliorer ou se finir.
Un matin, il reçut d'Italie un petit colis comportant trois grimoires, une jolie lettre rédigée sur le papier le plus blanc qu'il ait jamais vu, et une seconde, chiffonnée en forme de souris.
Quelques temps auparavant, Drago avait osé s'ouvrir à Rosier de la situation. Il avait la sensation de ne pas avoir grand-chose à perdre en se plaignant auprès de cet homme qu'il connaissait mal et qui vivait à une distance telle qu'elle était rassurante. Poser les mots sur le papier l'avait soulagé d'une façon étrange, qu'il avait du mal à définir. Le retard dans la réponse de Rosier l'avait de nouveau inquiété…
Et pourtant, en dépliant la petite souris, il découvrit la missive la plus longue qu'on lui ait jamais écrite : Rosier s'était renseigné, avait été consulter les Professori spécialistes du sujet, avait lu leurs thèses, avait acheté les ouvrages qui lui avaient paru les plus pertinents, et les lui envoyait désormais.
Drago observa les trois grimoires, bouche bée.
Rosier n'était pas un ami, se répéta-t-il plusieurs fois. Il caressa le cuir épais des couvertures du bout des doigts. Il n'était pas un ami, mais ça commençait à y ressembler.
Comme toujours, la lettre se terminait par un Post Scriptum évoquant le sort de Lucius Malfoy :
« Il a été puni deux semaines pour avoir levé la main sur Lizzy. Je l'ai finalement autorisé à t'écrire une lettre, à condition qu'il y confesse ses fautes et s'excuse. J'ai promis de te la transmettre. Ceci dit, je ne crois pas qu'il soit sincèrement repentant. Je pense tout de même qu'il m'apprécie de plus en plus. »
Drago hésita longtemps à ouvrir l'enveloppe blanche. Il s'en occupa le lendemain matin, juste avant d'aller à l'infirmerie. Il voulait que Nguyen vienne prendre de ses nouvelles s'il avait du retard au laboratoire, s'il réagissait mal au contenu de la lettre.
Ses doigts tremblaient quand il déplia le parchemin et reconnut l'écriture élégante.
« Mon fils,
J'ai frappé un Elfe de Maison, et c'était mal. Je regrette. Tu dois comprendre qu'il m'arrive de faire des erreurs. Il ne faut jamais en venir à la violence. Je l'ai immédiatement regretté.
Je te connais, et je sais que toi aussi espères qu'il me pardonne.
Ton père ».
Drago sourit doucement. Les déchirures indiquaient que la lettre avait été consultée par une tierce personne avant d'être glissée dans l'enveloppe, et l'identité de cet individu ne laissait aucun doute. Lucius Malfoy avait toutefois laissé un message codé à son fils : Un léger tremblement sur certains apex désignait les mots importants :
« Mon fils, »
« Je regrette. Tu dois » « venir » « immédiatement »
« Je te » « pardonne »
« Ton père »
Par acquis de conscience, il vérifia le dos du parchemin, la tranche, l'observa à la lumière d'une flamme, chercha dans le rythme des déliés une autre cachette…
Lucius Malfoy n'avait rien laissé de plus que cet ordre et cette espèce d'aplanissement concernant leurs fautes respectives…
Drago replia la lettre et la rangea dans sa bibliothèque de carton avant de se rendre au laboratoire.
Il avait repris un rythme agréable, il se sentait en sécurité, et s'il n'était pas franchement heureux, il se sentait en revanche à mille lieux d'être malheureux. Il répondrait à la lettre – c'était là le devoir d'une personne polie et responsable – mais il n'avait aucune intention de tomber à nouveau sous la coupe de Lucius Malfoy. Si Rosier s'amusait de la situation, alors la détresse de son prisonnier lui importait bien peu au final.
Et puis il y eut Kieran Price.
Alors ? Haissez vous déjà Kieran Price avant même qu'il apparaîsse ?
Il y a qqes temps, j'ai écrit un OS pour un évènement du discord hp potterfictions... c'est de l'angst, et un Harry-Neville tout triste, mais j'en suis contente et on m'en a dit du bien !
Il est lisible ici :
Http (deux points) (slash) (slash) archiveofourown (point) org (slash) works (slash) 53989282
