Tu sais.

Titre du 02/05/2021 : Tu sais

Gémeaux : Regina (OUAT)

E : Emma Swan

Créature 38 : Sorcière

Quatre aspects de… « Sawyer » James Ford (Lost) : Changement d'identité : écrire sur Arya Stark ou écrire sur quelqu'un qui utilise un autre nom que celui de sa naissance

44) 50 nuances de OUAT

6 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, quatre aspects, 50 nuances)

Regina comprenait Jefferson soudainement.

Oui elle savait, bien sûr qu'elle savait, c'était sa ville, sa malédiction après tout, c'est elle qui avait décidé de la manière dont les choses s'agençaient, du sort qui était réservé aux habitants, ou du moins de ceux dont elle voulait se venger en particulier.

Le chapelier fou était l'un d'eux.

Elle ne se souvenait que trop bien de ce qu'il lui avait fait, du tour cruel qu'il lui avait joué autrefois, des années plus tôt, lorsqu'elle était encore innocente et que tout ce qu'elle voulait, c'était voir l'homme qu'elle aimait en vie.

Sauf que Jefferson, le docteur Frankenstein et Rumplestiltskin avaient brisé ses espoirs en mille morceaux de même que le peu d'innocence qu'il lui restait, tout en lui apprenant une leçon terrible.

Le monde était un endroit cruel, et pour y survivre, elle allait devoir se montrer encore plus cruelle que lui.

(Une cruauté souvent démesurée et disproportionnée, mais ça, elle s'en fichait à l'époque.

Tout ce qui comptait, c'était sa vengeance, et rien d'autre.

Elle avait envie d'espérer que les choses seraient différentes cette fois.)

Il lui avait fallu du temps pour comprendre, beaucoup de temps, des années même, pour réaliser qu'elle avait été victime d'une supercherie, d'un mensonge, d'une cruelle farce devenue pour elle une tragédie quand elle avait su ce qui était arrivé.

Daniel n'était jamais revenu parce qu'ils lui avaient menti, parce qu'ils avaient joué avec elle, avec ses espoirs et ses illusions, et même si Rumplestiltskin l'avait reconnu peu de temps avant, ça ne changeait rien à la cruauté de ce qu'il lui avait fait.

Ça ne changeait rien du tout.

Alors elle les avait fait payer, elle les avait punis, elle avait arraché le docteur Frankenstein à son monde et lui avait ôté la mémoire, elle avait enlevé Belle à Rumplestiltskin, et Jefferson…

Elle l'avait piégé au Pays des merveilles, loin de sa fille, et lorsque la malédiction avait été lancée, elle s'était assurée non seulement du fait qu'il fasse parti du voyage mais aussi et surtout…

Qu'il se souvienne de tout, ce qui il était, de qui était Grace, et du fait qu'elle était loin de lui, sans avoir la moindre idée de qui il pouvait bien être pour elle, et encore moins de ce qu'elle était pour lui.

De son point de vue à elle, c'était un juste retour des choses.

Mais pour lui, et elle le savait, ça avait été un enfer sans fin.

Vingt-huit ans que cela durait, et ce n'était que maintenant qu'elle se rendait compte de ce qu'il avait dû ressentir durant tout ce temps séparé de Grace, avec deux vies dans la tête et en ayant le sentiment de devenir fou.

Elle comprenait sa douleur, et doublement, parce que Henry lui avait été pris, et parce que le seul moyen de le retrouver était de briser une malédiction en laquelle absolument personne ne croyait, à part elle, le Ténébreux, et Jefferson.

Autrement dit, elle n'avait aucun réel allié, pas à long terme en tout cas, une fois la malédiction brisée, Rumplestiltskin ferait tout ce qui était en son pouvoir pour retrouver son fils (ou se venger d'elle si jamais il apprenait qu'elle retenait Belle prisonnière, et elle se demandait si cela changerait quelque chose à sa situation si elle la libérait, ou si ça ne ferait qu'empirer les choses entre elle et l'immortel), quant à Jefferson…

Il la haïssait, et à raison.

Elle pouvait peut-être négocier une trêve, une alliance, mais elle doutait qu'elle tienne très longtemps, surtout qu'elle ne pouvait pas l'aider.

Grace, enfin Paige, enfin… bref, elle avait déjà des parents, et la mairesse ne pouvait juste pas la séparer de ces derniers parce qu'elle n'aurait pas compris.

Et vu à quel point Jefferson la détestait, et à quel point il devait probablement être désespéré après vingt-huit ans de solitude (et les années d'avant au Pays des merveilles aussi, elle ne les oubliait pas), elle savait qu'elle risquait beaucoup si jamais elle allait le voir.

Mais.

Mais elle n'avait pas vraiment d'autre choix, et si en dehors de Rumplestiltskin, il y avait bien quelqu'un qui s'y connaissait en magie et pouvait l'aider à ce sujet, c'était lui.

Elle soupira.

Elle n'avait plus qu'à espérer qu'il ne la tuerait pas sur place en la voyant.

§§§§

Il ne savait pas par quoi il serait accueilli en arrivant à Storybrooke, mais il ne s'attendait de toute évidence pas à ce que ce soit un silence complet.

Il n'aurait pas vraiment dû être surpris à ce sujet, après tout, il était tard et il faisait nuit, même si dans une ville où le temps ne passait jamais, ce genre de chose n'aurait pas dû avoir d'importance, enfin sauf si Emma…

Si Emma était enfin arrivée à Storybrooke, qu'elle était restée, et que le temps avait repris son cours normal.

Enfin, si…

La question ne se posait même pas, vu la douleur qui était actuellement en train de gagner chaque jour de plus en plus sa jambe gauche, qui était en train de se transformer en bois et condamnait ainsi le reste de son corps à faire de même, elle était forcément là.

Elle était là, elle était rentrée à la maison, et il n'avait pas été là pour l'aider.

Il ne savait pas exactement ce qui avait permis à la Sauveuse d'arriver là où elle devait être, mais il en était à la fois reconnaissant et déçu.

Parce que ça signifiait qu'il ne pouvait plus se cacher, mentir, ou fuir, faire semblant, ça voulait dire que tout ça, c'était réel, et surtout ça impliquait également le fait qu'il avait lamentablement échoué.

C'était bien pour ça qu'il redevenait un pantin de bois, inexorablement, sans être capable de stopper le processus d'une quelconque façon.

Sincère, altruiste et courageux.

Il n'avait été aucune de ces trois choses, pas quand il aurait dû l'être, pas quand ça concernait Emma ou la mission que son père lui avait confiée, pas lorsque c'était important, ou lorsque ça comptait.

Il avait juste fui, sans se retourner, vingt-huit ans plus tôt, comme le gamin effrayé qu'il était, et il n'était jamais revenu.

(À part quand elle avait six ans et il avait encore été incapable de faire quoi que ce soit pour l'aider, ou même plus tard, lorsqu'elle avait dix-sept ans et qu'il n'avait rien trouvé de mieux que de l'envoyer en prison, où elle serait encore plus seule que jamais.)

Il avait essayé d'oublier, il avait vraiment essayé, il avait choisi le déni plutôt que de faire face à la terrible réalité, celle où son père l'avait oublié et où il était loin d'être un héros.

Puis sa jambe s'était réveillée, August Booth était redevenu Pinocchio et le jour où il avait dû arrêter de se mentir à lui-même était enfin arrivé.

Et maintenant il était là, en train d'espérer que la quête pour laquelle il était censé se battre n'était pas déjà perdue d'avance.

La vérité, c'était qu'il n'avait pas la moindre idée du bordel dans lequel il venait tout juste de mettre les pieds.

§§§§

Trois semaines.

Henry avait disparu depuis déjà trois semaines lorsque Regina s'était finalement résignée à aller voir Jefferson (et elle était si préoccupée qu'elle n'avait pas remarqué qu'un inconnu était arrivé la veille à Storybrooke), et elle le regrettait déjà.

Peut-être était-ce le fait que la maison du chapelier était éloignée de tout et que personne ne pourrait l'entendre hurler si jamais ça tournait mal, ou le regard de pure haine que le père de Grace lui envoya quand il lui ouvrit la porte et la découvrit juste devant lui, ou peut-être même était-ce tout simplement un mélange des deux, toujours est-il qu'elle n'avait pas la moindre envie d'être là.

Mais elle le devait, pour Henry, pour essayer d'arranger les choses, de sauver ce qui pouvait encore l'être, pour elle-même, pour être une meilleure personne, et pour Jefferson aussi.

Tout son courage manqua de se briser en mille morceaux alors qu'elle croisait le regard de celui à qui elle avait tout pris.

« Madame la mairesse, fit-il avec une acidité qui ne la surprit même pas et qu'elle encaissa sans broncher. Qu'est-ce que vous faites ici, vous êtes encore venue me torturer ?

Il savait pour Henry, bien sûr, et la partie la plus sombre et la plus mauvaise de son être n'avait pu s'empêcher de se réjouir du coup qui la frappait.

Chacun son tour

- Non, rétorqua-t-elle, et vous savez très bien que ce n'est pas pour ça que je suis là.

Elle l'avait forcé à se souvenir, et il souffrait déjà assez comme ça, alors elle n'était pas venue pour le narguer une seule fois, contrairement à Mary-Margaret, pas alors qu'il se souvenait de la vérité.

De plus, il n'était pas la personne qu'elle haïssait le plus dans cette ville, loin de là.

- Oh vraiment ? Pourquoi alors ? Et j'oubliais, pourquoi aurais-je la moindre envie de vous écouter ?

Évidemment.

Ça ne pouvait pas être aussi facile, aussi simple que cela, et elle ne pouvait que s'en prendre à elle-même, parce que c'était entièrement de sa faute.

- Vous n'avez aucune raison de le faire, c'est vrai, admit-elle, et elle vit brièvement son masque d'indifférence et de rage se fissurer un peu, parce que ça, ce n'était pas la méchante reine qu'il connaissait, ni même la mairesse, c'était… Quelqu'un d'autre. Seulement, reprit-elle.

- Seulement quoi, ironisa-t-il, vous allez me faire arrêter si je refuse de vous laisser entrer et de vous écouter me dire je ne sais quoi ? Vous allez envoyer ce cher shérif Graham, le contrôler avec son cœur, comme votre mère le faisait autrefois ?

La nausée s'empara d'elle, et elle serra les poings.

Il savait frapper là où ça faisait mal, et surtout, il savait frapper juste.

Tout ce qu'il venait de dire n'était que la stricte vérité.

- Je lui ai rendu son cœur, affirma-t-elle et elle vit la surprise et le choc apparaître sur son visage quand il comprit qu'elle disait la vérité, avant que la haine ne refasse surface.

- Vous ne m'avez pas rendu ma fille, l'attaqua-t-il, et elle soupira.

- Jefferson, je ne peux pas.

- Oh vraiment ? Vous ne pouvez pas ou vous ne voulez pas ?

- Je… Est-ce que je peux rentrer ? Demanda-t-elle.

- Non, contra-t-il aussitôt.

- Pourquoi ?

- J'aime l'idée de vous laisser dans le froid, ça me donne l'illusion d'avoir du pouvoir sur vous.

Elle acquiesça, avant de croiser les bras.

- Très bien. La vérité, la voilà. Je suis la méchante reine, j'ai commis des actes terribles, et je vous ai pris votre fille à cause de ce que vous m'avez fait autrefois. Le mensonge et la manipulation, au sujet de Daniel, et il eut au moins la décence de ne pas nier et d'afficher un air coupable. Et je suis désolée. Sincèrement. Je sais que ça ne suffira pas, et je ne m'attends pas à votre pardon, parce que je ne le mérite pas et ma venue est intéressée c'est vrai, mais je suis véritablement désolée. Mais dans ces circonstances, je ne peux pas vous la rendre parce que…

- Parce que je ne suis pas son père d'après la malédiction, compléta-t-il avec amertume. Parce qu'elle a déjà des parents, une famille, et que je n'en fais pas partie.

- C'est ça, approuva-t-elle.

- Quel rapport ça a avec vous ?

- Henry a disparu.

- Oui, ça je sais… Et alors ?

Elle prit une profonde inspiration.

- J'ai parlé avec Rumplestiltskin…

- Oh, donc le Ténébreux n'a pas oublié ? Pourquoi ne suis-je même pas surpris ?

- Il a recouvré la mémoire quand Emma est arrivée en ville je pense. C'est la Sauveuse après tout, ça n'a rien d'étonnant. Il pense, et moi aussi, que… que Henry n'est pas à Storybrooke, ni en dehors de la ville, qu'il est… dans la Forêt Enchantée.

Les yeux du chapelier s'écarquillèrent de surprise.

- Quoi ?

- Il était dans la mine, quand il a disparu, et il doit y avoir des traces de magie là-bas et peut-être… Peut-être qu'un portail s'y est ouvert.

- Parce que la malédiction s'affaiblit peu à peu parce que la Sauveuse est ici ?

- Je pense que c'est ça, oui.

Avant, elle aurait repoussé la faute sur Emma, mais c'était elle qui avait provoqué la fuite de Henry, dans les faits, c'était elle la responsable.

- Et j'ai besoin de votre aide. Emma est la seule capable de nous permettre d'avoir accès à de la magie pour ensuite tenter de rouvrir le portail vers la Forêt Enchantée. Ce qui signifie…

- Que la malédiction sera bientôt brisée. Qu'elle la brisera, et que…

- Et que Grace se souviendra de vous. Que vous serez à nouveau son père.

Il la regarda avec suspicion.

- Vous seriez prête à faire ça ? À abandonner tout ça, tout ce que vous avez construit, arraché, volé, et à risquer de subir la haine des habitants quand il se souviendront de ce que vous leur avez fait ?

Elle soutint son regard sans broncher ni flancher.

- Pour Henry ? Toujours. Ce que je vous ai dit au Pays des merveilles tient toujours Jefferson… On abandonne pas sa famille. Je suis désolée pour ça aussi.

Il acquiesça.

- Je vais y réfléchir. Voir ce que je peux faire.

- Merci.

- Partez maintenant. »

Elle ne chercha même pas à négocier et fila aussitôt.

L'espoir était revenu en elle, et elle avait bien l'intention de ne pas le laisser partir.

A suivre…