Rêve ou réalité ?
Titre du 24/08/2021 : Rêve ou réalité ?
Bélier : Rumple (OUAT)
R - Rumplestiltskin (OUAT)
Créature 38 : Sorcière
Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas
Prénom 49 : Emma
Quatre aspects de... Zelena : Enfance tragique: écrire sur un personnage abandonné par ses parents ou écrire sur un personnage adopté qui a des parents abusifs
44) 50 nuances de OUAT
8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, cassons les préjugés, elles ont dit, quatre aspects, 50 nuances)
Warnings : Mentions de non-con.
C'était drôle comme un simple petit geste pouvait changer beaucoup de choses.
Dans un autre univers, celui où Henry Mills n'avait pas disparu, où il n'avait pas franchi un portail menant tout droit vers la Forêt Enchantée, où Regina et Emma Swan se faisaient toujours la guerre, le shérif Graham n'avait pas survécu.
Dans cet autre monde, cette réalité différente, il était mort, le cœur réduit en cendres par celle qui l'avait autrefois réduit en esclavage et lui avait ôté toute liberté.
Ça n'arriverait pas dans ce monde-là, et pour cela, il avait suffi qu'un petit garçon fasse un choix différent, que la magie intervienne et qu'une mère décide qu'elle pouvait faire la différence.
Ce qui avait donc entraîné toute une nuée de conséquences imprévues, dont la première étant celle-ci.
Le Chasseur avait récupéré son cœur.
Et surtout, il vivrait.
Henry avait disparu, était introuvable, était peut-être en danger, voire mort, mais Graham vivrait.
Si Regina avait su cela, difficile de savoir comment elle aurait réagi.
Mal sans doute.
De toute façon, ça n'avait plus d'importance désormais, le fait qu'elle perde le contrôle sur la ville, sur Graham ou sur qui que ce soit d'autre, ça aurait compté pour elle avant, mais plus maintenant.
Parce que Henry avait disparu, et que si jamais elle ne le retrouvait jamais, alors à quoi bon continuer à se battre contre ce qui était de toute façon apparemment destiné à inévitablement arriver ?
Elle avait lu le livre de contes, elle connaissait la prophétie qu'avait énoncée Rumplestiltskin vingt-huit ans plus tôt.
Qu'un jour, une Sauveuse viendrait pour mettre fin à la malédiction et tous les libérer de la prison dans laquelle la méchante reine les avait enfermés.
Qui aurait bien pu prévoir qu'elle serait celle qui l'aiderait à y mettre fin ?
Peut-être était-ce prévu depuis le début.
Peut-être le Ténébreux avait-il su, confusément, ce qui allait se passer, sans forcément en connaître tous les détails, il voyait l'avenir autrefois après tout, avant qu'ils n'arrivent dans le monde sans magie.
Regina sentit l'amertume l'envahir alors qu'elle pensait à la manière dont il l'avait manipulée pendant toutes ces années, se servant d'elle pour arriver à ses fins, la menant exactement là où il voulait qu'elle soit, sans qu'elle ne se rende compte de rien.
Et elle se sentit soudainement soulagée d'avoir mis la main sur sa si chère et si précieuse Belle des années plus tôt, à la fois parce qu'elle pouvait se venger de lui par ce biais, en le laissant dans sa souffrance alors qu'elle aurait pu la faire disparaître, et que ça lui fournissait un moyen de pression contre lui.
Mais ce ne serait que temporaire, et si son mentor apprenait la vérité et retrouvait ses pouvoirs, alors…
Elle ne donnait pas chère de sa vie.
Et au vu des circonstances, de ce qu'elle avait appris ces derniers temps, elle n'avait pas vraiment envie de libérer la princesse, et encore moins de dire à l'immortel que la jeune femme était toujours vivante, pas alors qu'elle pouvait se servir d'elle et qu'elle pouvait sauver sa vie dans un futur proche.
Tout cela commençait à lui donner mal à la tête, si Rumple était mis au courant de ce qu'elle avait fait, elle le connaissait, il ferait tout pour la faire payer.
Que pouvait-elle faire dans ce cas-là ?
Une sombre pensée prit alors place en elle, celle qui lui avait été autrefois suggérée par l'intention de Killian Jones de tuer un jour le Ténébreux une fois qu'ils seraient arrivés à Storybrooke (sauf que le pirate n'avait jamais fait le voyage jusque là), et qui se révélait terriblement tentante.
Et si…
Et si elle tuait monsieur Gold ?
Elle pouvait le faire, après tout, il n'avait pas de magie, et ce n'était qu'un vieil homme, il…
Elle secoua la tête.
Non.
Elle s'était promis à elle-même de changer, de faire les choses différemment cette fois-là, pour Henry, pour le fils qui s'était échoué dans un autre monde pour avoir simplement voulu avoir une preuve de ce qu'il avançait, du fait qu'il disait ni plus ni moins que la vérité.
Et elle avait déjà assez de sang sur les mains pour ne pas ajouter celui d'une autre personne.
Même si c'était le Ténébreux, le crocodile, même si il lui avait fait du mal, même si…
Même si il risquait de s'en prendre à elle une fois la magie revenue, et elle décida de tenter de trouver un moyen pour réussir à le neutraliser et à l'empêcher d'utiliser sa magie, elle n'avait pas vraiment envie de mourir après tout.
Avec un peu de chance, il serait trop heureux d'avoir retrouvé Belle et trop préoccupé par sa recherche de son fils perdu pour essayer de s'en prendre à elle.
Elle avait du mal à y croire.
Mais pour l'instant, ce n'était pas de ça dont elle devait se soucier.
Ce qui était important, c'était de retrouver Henry.
Enfin, si c'était seulement possible.
Rumplestiltskin avait mis deux cents ans pour parvenir à ouvrir un portail pour se rendre dans le monde où son fils se trouvait.
Elle espérait sincèrement qu'elle n'aurait pas à attendre autant de temps.
§§§§
La première fois que c'était arrivé, Graham n'avait pas compris ce qu'il lui arrivait.
Il dormait, et ce qu'il voyait ne faisait aucunement sens.
Il était dans la forêt, et il chassait, et il y avait un cerf mort juste devant lui, et il sentait la présence d'un animal juste à côté de lui, et c'était, c'était…
C'était un loup n'est-ce pas ?
Un putain de loup, le genre d'animal qu'on ne croise pas partout, et encore moins dans la forêt de Storybrooke, et même si c'était seulement un rêve, et qu'il savait qu'il n'était pas à Storybrooke, ça avait l'air tellement…
Tellement réel.
Pourquoi ?
Pourquoi rêvait-il qu'il chassait aux côtés d'un loup ?
Ça n'avait pas la moindre sens, ou une quelconque logique, et pourtant, et pourtant.
Pourtant, jamais il ne s'était aussi senti aussi lui-même que durant ce rêve-là.
Et il n'arrivait pas à comprendre pourquoi.
§§§§
C'était arrivé après que Regina lui avait rendu son cœur.
Non pas qu'il pouvait le savoir ou s'en douter, il ne savait rien après tout, il ne se souvenait plus de qui il était vraiment, alors comment…
Comment aurait-il pu comprendre ce qui provoquait ces étranges rêves et cauchemars alors qu'il avait perdu la mémoire ?
Peut-être était-ce l'irruption nouvelle et inattendue de la magie en lui (son cœur était enchanté après tout, et enfin revenu à sa place) ou le fait que la malédiction s'affaiblissait chaque jour qui passait, ou peut-être que le fait d'avoir été libéré de cette prison dont il ne voyait même pas les barreaux avait réveillé le chasseur qui était en lui.
Celui qu'il était autrefois, et qu'il était toujours en un sens, qui voulait seulement hurler de douleur, et pleurer tout ce qu'il avait perdu, tout ce que la reine lui avait pris, arraché, tout ce qu'elle avait brisé en lui.
Peut-être.
Après tout, quelle importance ?
Il rêvait, et ses rêves étaient en train de le réveiller.
Il était en train de se souvenir, sans le savoir.
C'est tout.
La deuxième fois, il n'avait pas compris non plus ce qu'il se passait.
Il y avait Mary-Margaret, les cheveux longs et vêtue d'une robe étrange, une robe de contes de fée ou la robe d'une riche princesse, qui lui tendait une lettre.
Il y avait lui, qui lisait la lettre, et qui pleurait, lui qui était vêtu d'une tenue de soldat et qui…
Qu'est-ce qui était en train de se passer exactement ?
Il avait vu Mary-Margaret courir, s'enfuir lorsqu'il lui avait dit de le faire, et plus tard, il avait vu un château, et une femme vêtue comme une reine s'était plantée devant lui.
Regina ?
Puis elle avait pris un objet dans sa main, et il avait reconnu ce que c'était, un cœur, et il avait su, sans même savoir comment il pouvait le savoir, que ce n'était pas un cœur humain, contrairement à ce qu'elle lui avait demandé, non, c'était le cœur d'une biche.
Elle l'avait compris, bien sûr, et ensuite, et ensuite…
Elle lui avait arraché le cœur.
C'était là qu'il s'était réveillé, en sursaut, les yeux écarquillés d'horreur, trempé de sueur et le cœur battant.
Il n'avait pas pu s'empêcher de poser sa main contre sa poitrine, juste pour s'assurer du fait qu'il était là, bien là, en train de battre, qu'il n'était pas sans cœur, qu'il n'était pas vide.
Il avait été envahi d'une certitude, celle que c'était bien le cas, qu'il ne ressentait plus cette sensation de creux et de vide, cette douleur lancinante qu'il n'arrivait pas à s'expliquer autrefois.
Il était redevenu lui-même, il était à nouveau complet, mais…
Mais ça n'avait pas toujours été le cas, n'est-ce pas ?
Est-ce que ça, ses rêves, est-ce que ça avait jamais été réel ?
Ou bien était-il seulement en train de devenir complètement fou ?
§§§§
La troisième fois avait définitivement été la pire.
Dans ses rêves, ou plutôt cauchemars, il n'était plus vraiment le chasseur, il n'était plus que la créature de la reine, sa chose, son jouet dont elle pouvait disposer à loisir.
Il était un soldat, vêtu d'un armure et d'un casque, de la même tenue que tous les autres, un parmi tant d'autres, il n'était qu'un pion, rien de plus, incapable de faire quoi que ce soit à part obéir.
Et ce même si il ne voulait qu'une seule chose, hurler, pleurer, et s'enfuir.
Il n'était rien, il n'était personne, il n'était qu'un prisonnier, il n'était là que pour souffrir pour avoir osé laisser la princesse s'échapper, il se voyait, exécutant ses ordres, contrôlé comme il l'était par Regina, la méchante reine, se souvint-il, parce qu'elle lui avait arraché le cœur.
Il se voyait et il la voyait elle, l'embrassant, couchant avec lui, se servant de lui, l'utilisant et l'abusant de toutes les manières possibles, alors que ce n'était pas ce qu'il voulait, et ils avaient fait des choses semblables à Storybrooke. Et ce n'était pas parce qu'il ne savait pas ce qu'il lui arrivait que ça ne rendait pas la situation tordue ou malsaine.
Ce qu'elle lui avait fait, ce qu'elle avait osé lui faire…
Il avait envie de vomir, lui qui avait cru, qui avait vraiment cru qu'elle était quelqu'un bien, lui qui avait oublié et qui maintenant se rappelait, il…
Oh dieux.
Elle l'avait violé.
Et tout était réel, ça l'était vraiment, la magie existait, la malédiction aussi, Henry avait eu raison, et il était le Chasseur.
Il s'était réveillé en hurlant, bénissant comme jamais le fait d'être seul chez lui, et il était parti vomir alors qu'il sentait tous ses autres souvenirs remonter à la surface.
Il avait fondu en larmes aussi, tremblant de tout son être alors qu'il retournait dans son lit, essayant de faire sens de tous ses souvenirs et de cette nouvelle identité qu'il venait à peine de récupérer, et qui ne faisait pas sens avec celle qu'il pensait avoir toujours connue.
Celle du shérif Graham.
Mais cette identité venait tout juste de voler en éclats, comme tout le reste, et ça faisait tellement mal.
Tellement mal qu'il lui fallut du temps avant de réaliser quelque chose.
Regina lui avait rendu son cœur.
Elle qui l'avait arraché autrefois, elle le lui avait redonné, l'avait remis dans sa poitrine, perdant alors son moyen de le contrôler, et elle lui avait rendu sa liberté aussi.
Ça n'effaçait pas ce qu'elle avait fait, mais il ne put s'empêcher de se questionner à ce sujet.
Pourquoi avait-elle fait cela ?
Il sut alors qu'il devrait aller lui parler, peu importe à quel point il savait qu'il n'était pas prêt à une nouvelle confrontation avec elle.
Il avait besoin de réponses.
§§§§
Emma ne l'écouterait pas.
Elle ne le croirait pas non plus.
Cela, August s'en était rapidement rendu compte dès le lendemain de son arrivée en ville, dès qu'il avait à nouveau croisé le regard vert de la Sauveuse.
Ce n'était même pas une histoire de croyance, ou de scepticisme, ça n'avait rien à voir avec la magie, le fait que ce monde en soit dépourvu, qu'elle ait grandi dedans et que pour elle cette dernière ne pouvait pas exister.
Non, c'était tout simplement à cause d'une chose.
Henry avait disparu.
Henry, son fils, celui qu'elle avait abandonné, apprit-il alors, et qui l'avait retrouvée, qui l'avait ramenée à Storybrooke, à la maison, et qui savait pour la malédiction et c'était bien pour ça qu'il avait disparu, pour trouver dans la mine une preuve de ce qu'il affirmait, de ce en quoi il croyait.
Henry Mills le fils adoptif de la méchante reine, et n'était-ce pas si merveilleusement ironique que l'enfant de celle qui avait jeté la malédiction soit celui qui justement allait tout faire pour y mettre fin ?
Henry…
Le fils d'Emma, âgé de dix ans.
Pinocchio n'était pas un idiot, il savait compter, et de toute façon, il avait du mal à croire que ça puisse être une simple coïncidence.
Avec des gens comme eux, ce n'en était jamais.
Est-ce que c'était le fils de Neal ?
Est-ce qu'elle était déjà enceinte lorsque lui et l'ancien enfant perdu l'avaient envoyée en prison ?
Est-ce qu'ils auraient pu faire les choses différemment ?
Il n'avait pas envie de se défausser de ses responsabilités, et de prétendre que le destin l'avait voulu, parce que ça aurait été faire preuve de lâcheté et qu'il ne voulait plus être lâche, mais aussi parce que…
Si c'était le destin qui guidait leurs vies, alors ça voulait dire que rien n'avait changé, et qu'il n'était toujours rien de plus qu'une marionnette dont on pouvait tirer les fils à loisir, qu'on pouvait manipuler comme on le voulait.
Et il n'était plus censé être Pinocchio maintenant.
Il était August.
Et si la culpabilité de ce qu'il avait fait autrefois était déjà assez douloureuse comme ça, elle ne faisait qu'empirer encore plus avec ce nouvel élément dans l'histoire.
Je suis désolé Emma.
Je suis tellement désolé.
Il grimaça de douleur alors que sa jambe se rappelait à son bon souvenir, et il soupira.
Finalement, peut-être méritait-il ce châtiment.
Mais pas les habitants de Storybrooke.
Pas son père.
Mais puisque Emma n'était pas prête à l'écouter, que Henry avait disparu, à qui pouvait-il faire appel ?
Son visage se ferma alors qu'un nom lui venait à l'esprit.
Rumplestiltskin.
Avec un peu de chance, le père de Neal accepterait de l'aider, à condition qu'il se souvienne.
Et le connaissant, c'était plus que probable.
Il n'avait plus qu'à espérer qu'il aurait le temps de convaincre Emma avant de s'être totalement transformé en bois.
A suivre…
