Je te détestais.
Titre du 05/08/2020 : Je te détestais.
Scorpion : Emma (OUAT)
R : Regina Mills
Créature 38 : Sorcière
Prénom 49 : Emma
Quatre aspects de… Sweeney Todd (Sweeney Todd) : Rasoirs : écrire sur un personnage qui sait manier des lames ou sur un personnage masculin se rasant
44) 50 nuances de OUAT
7 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 50 nuances)
Elle avait déjà commencé à le faire en réalité.
Ça n'avait pas été simple au début, de laisser de côté la haine qu'elle lui inspirait par sa simple présence, par le fait qu'elle était une menace pour la vie qu'elle s'était construite avec Henry, sans oublier le fait qu'elle était la Sauveuse, mais…
Mais Henry avait disparu, et à partir de là, haïr la blonde était soudainement devenu quelque chose de tellement futile qu'elle n'avait pas réussi à continuer de le faire.
Emma n'était pas Blanche-Neige, objectivement, Regina n'avait aucune raison de la détester (en réalité, c'était même plutôt l'inverse parce que Emma avait toutes les raisons du monde de la haïr, sauf qu'elle ne le savait pas), et maintenant qu'elles avaient toutes les deux un but commun, ça compliquait encore plus les choses.
Elle était supposée la détester, c'était comme ça que les choses marchaient, que leur monde fonctionnaient, parce que Regina était la méchante et Emma la gentille, parce qu'elles étaient dans des camps opposés et qu'elles n'étaient pas supposées être alliées d'une quelconque façon.
Sauf que…
Sauf que Regina avait adopté le fils de la Sauveuse, et ça avait tout changé.
Elle se demanda si Rumplestiltskin avait su à l'époque, même sans avoir ses souvenirs, si, comme le rusé crocodile qu'il était, il avait vraiment tout prévu, tout planifié, tout orchestré jusqu'aux moindres détails, au point de lui faire croire que toutes les décisions qu'elle avait jamais prises venaient d'elle alors qu'elles venaient sans doute de lui.
Encore ce sentiment de se faire manipuler comme un pantin, une marionnette dont on tirerait les fils sans même qu'elle s'en rende compte un seul instant.
C'était très désagréable.
Ironiquement, l'idée même de devenir amie avec Emma Swan, alors même que le destin semblait s'y opposer de toutes ses forces, lui semblait être une bonne façon de contrer cette impression qu'elle avait d'avoir perdu le contrôle.
Si elle pouvait au moins faire ça, puis retrouver Henry…
Si seulement elle pouvait y arriver.
Aussi, lorsque l'enfant avait disparu, elles avaient commencé à travailler ensemble, main dans la main.
Et Regina avait essayé de changer ce qu'elle pouvait modifier.
D'arranger ce qui pouvait l'être.
Elle avait mis discrètement Jim sur le chemin de Kathryn (parce que Blanche-Neige et David n'étaient pas les seuls à avoir souffert à cause de la malédiction, ça avait été aussi le cas d'Abigail et de son prince) et elle ne savait pas si ils filaient le parfait amour, mais au moins, ils avaient une chance de se retrouver et de tout recommencer.
Elle avait réuni Ava et Nicholas avec le père dont ils ne se souvenaient pas et elle ne savait pas si cela serait suffisant pour qu'elle se fasse pardonner, mais au moins, là, elle pouvait se dire qu'elle avait essayé de faire les choses bien.
Et c'était quelque chose.
Elle avait fait du mieux qu'elle pouvait, vidant chaque jour son caveau, cœur après cœur, les rendant à leurs propriétaires légitimes quand elle le pouvait (parce que certains de ces cœurs n'étaient pas à elle, mais à sa mère, et oh cela voulait-il dire que ceux qui les avaient perdus étaient encore dans la Forêt Enchantée ? Elle ne savait pas si elle devait être horrifiée pour eux ou soulagée d'avoir une preuve que leur monde existait encore et que Henry avait donc pu y trouver un refuge), réunissant ceux qui avaient été séparés.
Elle avait cessé d'essayer de séparer Mary-Margaret et David, et même si les choses étaient encore compliquées, ils semblaient s'être retrouvés.
Ça lui fit moins mal qu'elle ne l'aurait cru.
(Sans doute parce que maintenant, sa vengeance n'était plus ce qui comptait le plus pour elle, même si elle savait que sa haine pour la brune princesse ne s'éteindrait sans doute jamais complètement.)
Et elle était devenue amie avec Emma.
D'abord elles avaient été alliées, deux mères complètement perdues qui ne pouvaient se raccrocher à rien si ce n'est à l'autre, et à l'espoir d'enfin retrouver leur fils disparu, et puis peu à peu, la rancœur s'était effacée et avait laissé place à autre chose.
Aujourd'hui, Henry avait disparu depuis plus d'un mois, et, en ce début de mois de décembre, Regina Mills pouvait affirmer avec certitude qu'elle était amie avec Emma Swan.
Avant, elle en aurait ri, n'y aurait pas cru.
Maintenant, elle voulait juste retrouver son petit garçon et que sa vie redevienne comme elle l'était autrefois.
Sauf que ça n'arriverait jamais, même si Henry rentrait sain et sauf à la maison, si il avait vraiment été dans la Forêt Enchantée, comme elle le pensait, alors…
Alors ça voudrait dire qu'il avait vu le monde dont ils venaient tous et qu'il saurait qu'il avait raison depuis le début.
Cela, elle le savait depuis longtemps, mais elle ne pouvait s'empêcher d'y songer, parce que cela la terrifiait, la perspective que son fils ne la haïsse encore plus qu'il ne le faisait déjà l'empêchait de dormir.
Mais l'idée même qu'il puisse mourir dans cet autre monde, loin d'elle, sans qu'elle ait pu lui dire à quel point elle était désolée ou combien elle l'aimait, était encore plus effrayante.
Reviens-moi s'il te plaît, l'implorait-elle.
Rentre à la maison s'il te plaît, et ne me déteste pas trop, ou plutôt si tu me détestes, reviens parmi nous quant même je t'en supplie.
Rentre à Storybrooke.
Je veux changer, je suis en train de le faire, j'essaie de ne plus être un monstre, mais reviens-moi je t'en prie.
Ce jour-là, elle et Emma allaient déjeuner ensemble au Granny's, et puisqu'elles n'avaient absolument aucune autre piste au sujet de la disparition de Henry, elles avaient décidé de ne pas en parler.
Peut-être espéraient-elles toutes les deux que si elles n'en discutaient pas, alors ce ne serait plus réel, et que le problème disparaîtrait de lui-même.
Oh, si seulement les choses avaient été aussi simples…
L'ambiance était étrange, après tout, elles n'y étaient pas encore totalement habituées, mais…
Mais Regina le reconnaissait, si Henry avait été là, et qu'ils avaient été tous ensemble, elle aurait été sincèrement heureuse.
(Pourquoi fallait-il que rien de tout cela ne soit réel ?
Pourquoi est-ce que tout ce qu'elle était en train de construire était condamné à s'effondrer un jour comme un château de sable, dès qu'elle apprendrait la vérité sur elle ?
Elle ne savait pas pourquoi cette perspective lui faisait si mal, pourquoi la simple idée qu'Emma puisse à nouveau la regarder avec de la haine dans les yeux lui déchirait le cœur.)
C'était facile en fin de compte d'être simplement Regina Mills dans ce monde et de ne plus être la méchante reine, de ne plus être haïe pour ce qu'elle avait fait, et en un sens, c'était comme si elle redevenait Regina, la princesse innocente qu'elle était encore avant que Daniel ne se fasse tuer sous ses yeux.
Et ce qui était en train de lui arriver lui prouvait que peut-être, celle qu'elle était autrefois et qu'elle pensait morte pour toujours ne l'était pas complètement.
Peut-être.
§§§§
Si quelqu'un avait pu lire dans les pensées de Neal Cassidy à cet instant précis, cette personne serait sans doute tombée sur quelque chose qui pouvait se résumer par :
Oh mais putain c'est pas vrai mais c'est quoi ce bordel ?
Ce qui était un bon résumé de la situation.
Les trucs bizarres, ça, Baelfire en avait l'habitude, il venait de la Forêt Enchantée après tout, et avait vécu dans trois mondes différents, dont deux pourvus de magie.
Il avait vu des ogres, des fées, il avait vu son père devenir immortel et un sorcier et ne plus avoir une apparence humaine, il avait ouvert un portail vers un autre monde grâce à un haricot magique, il avait vu la magie à l'œuvre de nombreuses fois. Il avait été capturé par l'ombre de Peter Pan, il avait rencontré Peter Pan, il était allé au Pays Imaginaire, s'en était échappé, il avait aussi vu des sirènes, il avait été confronté à la sombre magie des lieux, et il avait réussi à en partir en utilisant l'ombre magique de celui qui l'avait amené là-bas.
Bref…
Les machins magiques ça le connaissait, et il n'aimait vraiment pas ça, c'était pourquoi il était heureux de vivre dans le monde sans magie, au moins là-bas, pas de magie, pas de sorciers, pas de risque de se faire attaquer par une créature bizarre, rien que du normal et du rationnel.
Enfin ça, c'était ce qu'il croyait avant, jusqu'à maintenant, ça ne s'était jamais démenti, et puis…
Et puis ce fichu portail s'était ouvert de nulle part et il était tombé dedans, évidemment.
Et merde.
Ça ne pouvait arriver qu'à lui ce genre de chose, bien entendu, de toutes les milliards de personnes vivant dans le monde sans magie, ou même de tous les millions d'habitants de New York, il fallait que ce soit dans son appartement que ce maudit portail s'ouvre.
D'ailleurs, comment se faisait-il qu'un putain de portail magique se soit ouvert chez lui ?
Il vivait dans le monde sans magie, merde quoi !
Est-ce que l'univers avait décidé de lui pourrir la vie à lui personnellement ?
Ce n'était pas vraiment le genre de chose qui était censée arriver.
Et pourtant il était là, dans la Forêt Enchantée, de retour de deux cent ans en arrière, comme si rien ne s'était passé, comme si il n'était jamais parti.
(Et en un sens, c'était presque le cas.
D'une certaine manière, il était toujours le jeune garçon de quatorze ans à qui son père avait fait une promesse, qui l'avait brisée et qui lui avait appris ce qu'était la trahison.
Ce n'était pas une sensation très agréable.)
Parce que lorsqu'il était tombé, il avait pensé à ce monde, bien sûr, c'était celui où il était né, où il avait grandi, et quitte à devoir choisir entre deux maux (parce que bien sûr il n'avait pas pu choisir un autre endroit du monde sans magie, non, ce n'était pas comme ça que ça marchait les portails), il avait choisi le moins pire et clairement il préférait ce monde au Pays Imaginaire.
Ce qui ne réglait pas son problème, à savoir qu'il n'avait pas la moindre idée de comment rentrer chez lui, il était dans la Forêt Enchantée, il n'avait pas de pouvoirs, et aux dernières nouvelles, il n'y avait plus le moindre haricot magique.
Super…
Lui qui pensait qu'il n'aurait plus jamais à revivre de changement involontaire d'un monde à l'autre de toute sa vie, il s'était bien trompé.
Il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus longtemps, puisque, quelques minutes après son arrivée, il sentit une douleur profonde à la tête l'envahir, signe qu'un objet contondant était rentré en contact avec son crâne d'une manière brutale (une pierre probablement) et il perdit connaissance peu de temps après.
Bien trop perdu dans ses pensées et son incompréhension, ainsi que dans le bordel qu'était devenu sa propre tête, il ne s'était pas rendu compte qu'il n'était plus seul.
Alors qu'il s'écroulait, un sourire apparut sur le visage de celui qui venait de l'assommer.
Il ne savait pas de qui il s'agissait, mais il venait tout juste de surgir d'un portail, et était habillé étrangement, alors avec un peu de chance, il était la clef du passage de la Forêt Enchantée vers le monde sans magie, vers cette étrange ville nommée Storybrooke.
Vers le crocodile.
Vers sa vengeance.
Oh, il avait hâte d'enfin réussir à partir de là et d'enfoncer son crochet dans le cœur de son vieil ennemi.
(Ce qu'il ne savait pas encore, c'est que les choses allaient s'avérer être bien plus compliquées que prévues.)
A suivre…
