Porté disparu.

Titre du 07/08/2021 : Porté disparu

Poisson : Neal Cassidy / Baelfire (OUAT)

H : Henry Mills

Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas

Prénom 41 : Neal

Quatre aspects du… Mythe d'Énée, héros de la guerre de Troie – mythe grec : Au devant de la scène : Écrire sur Neville Londubat (HP) ou écrire sur un personnage secondaire qui devient principal

44) 50 nuances de OUAT

7 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, elles ont dit, cassons les préjugés, quatre aspects, 50 nuances)

Il fallut environ une semaine à Neal Cassidy avant de rencontrer pour la première fois Henry Mills.

Le temps qu'il arrive au château (le château de la reine Blanche-Neige et du roi David d'après ce qu'il avait entendu, donc les parents d'Emma, et le simple fait d'arpenter ces lieux renforçait sa tristesse et sa culpabilité, parce que c'était là qu'elle aurait dû grandir mais ce n'était jamais arrivé), qu'il y prenne ses marques, qu'il en apprenne plus sur cet environnement qu'il redécouvrait à peine.

Il avait aussi rencontré de nouvelles personnes, et avait essayé de se renseigner sur comment ouvrir un portail entre leurs deux mondes, ce qui s'était révélé être un échec complet, il comptait se rendre durant les prochains jours au château de son père (il fallait déjà qu'il sache où il se trouvait par rapport au palais où il était), espérant trouver quelque chose d'utile à ses recherches.

Et puis il avait entendu dire qu'un jeune garçon était lui aussi arrivé depuis quelques semaines du monde sans magie, et il avait alors compris qu'il y avait définitivement quelque chose qui ne tournait vraiment pas rond dans l'univers.

Qu'il se soit retrouvé face à un portail, passait encore, il avait probablement l'un des karmas les plus pourris de l'univers, mais que ce soit aussi arrivé à quelqu'un d'autre et ce seulement un mois avant lui ?

Ce n'était pas une coïncidence, c'était un signe, il en avait la certitude.

Et il ne put s'empêcher d'espérer que peut-être, si jamais deux portails s'étaient ouverts, comme ça, de nulle part, dans le monde sans magie, peut-être…

Peut-être qu'ici aussi, dans la Forêt Enchantée, cela se produirait de nouveau, et qu'il pourrait rentrer chez lui.

Il avait du mal à y croire, mais ce n'était pas comme si il avait réellement d'autre solution actuellement.

Bizarrement, l'enfant n'avait pas l'air plus effrayé ou surpris que cela quant au fait de se retrouver dans un monde pourvu de magie, et certes, cela faisait déjà un mois qu'il était là, mais tout de même.

En un mois à Londres, il n'avait pas réussi à s'habituer au monde sans magie, alors qu'il était plus âgé que lui et savait à peu près ce qui l'attendait, alors comment est-ce qu'il pouvait aussi bien réagir alors qu'il était loin de chez lui et de tout ce qu'il avait jamais connu ?

C'était tout bonnement incompréhensible.

« Comment tu peux être aussi calme ?

Henry se tourna vers lui, un air curieux sur le visage, avant de froncer les sourcils.

- Comment ça ?

Désormais, ils étaient tous les deux vêtus d'habits typiques de la Forêt Enchantée, et personne n'aurait pu dire juste en les voyant qu'ils venaient du monde sans magie, mais Neal savait bien que c'était lui.

Henry Mills.

Le garçon qui avait franchi un portail, qui était probablement porté disparu chez lui, qui était littéralement passé d'un monde à l'autre et qui pourtant agissait comme si absolument tout était normal.

Comme si il avait juste changé de pays et qu'il pouvait rentrer chez lui à tout moment, et qu'il n'était pas coincé dans un autre monde, sans la moindre certitude de pouvoir revoir les siens un jour.

Neal soupira et s'assit à côté de lui.

Il prit une profonde inspiration.

Ça risquait d'être une longue conversation.

- Tu viens bien du monde sans magie, c'est ça ?

- Oui. J'y suis né et j'y ai vécu durant toute ma vie jusqu'il y a encore un mois, effectivement. Pourquoi ?

- Tu… Tout ça enfin, ça ne te surprend pas ? Pas du tout ? Le portail, les châteaux, le monde de contes de fée, l'existence de la magie, tu… Tu n'es pas étonné ? Pas du tout ?

Il y avait quelque chose qu'il n'arrivait pas à comprendre là dedans.

Henry se contenta de hausser les épaules, comme si il ne comprenait pas sa confusion.

- C'est parce que je savais déjà que la magie était réelle avant de venir ici.

Neal haussa un sourcil stupéfait, avant de se figer, sous le choc.

- Quoi ? Comment c'est possible ? Les gens du monde sans magie ne sont pas censés savoir qu'elle est réelle, j'en sais quelque chose.

Wendy avait été une exception, à la fois parce qu'elle avait vu la magie à l'œuvre avec l'ombre de Pan et le Pays Imaginaire, et parce qu'elle l'avait rencontré lui, qui venait de la Forêt Enchantée, mais en dehors d'elle et de ses frères, il n'avait rencontré personne qui y croyait.

Jusqu'à aujourd'hui.

- Comment vous en savez autant sur ce monde au juste ?

- J'en viens, lui rétorqua Neal. Enfin en réalité, je suis né ici, et après plusieurs voyages dans différents mondes, j'ai fini par arriver dans le monde sans magie, et à y rester. Enfin, jusqu'à la semaine dernière, marmonna-t-il avec une certaine amertume qu'il ne parvint pas à cacher.

Les yeux de Henry se mirent à briller d'intérêt et d'excitation.

- Vous avez voyagé dans plusieurs mondes ?

Définitivement il ne comprenait pas ce gosse, d'un autre côté, il n'avait pas eu à endurer deux cents ans au Pays Imaginaire, il était toujours innocent et naïf, c'était encore un enfant.

Lui, Baelfire, Neal Cassidy, il avait beau n'avoir physiquement parlant qu'une trentaine d'années, il avait en réalité vécu durant deux cents ans, et parfois, comme tout de suite, il se sentait terriblement vieux.

C'était une chose que Henry ne pouvait de toute évidence pas comprendre, et il espérait qu'il n'aurait jamais à le découvrir de toute sa vie.

- Ouais, confirma-t-il en hochant la tête, un conseil, évite le Pays Imaginaire, ça craint. Alors que Henry allait probablement lui poser de nouvelles questions, il décida de changer de sujet. Bref… Comment tu as su ? Pour la magie ?

- Grâce à mon livre.

Malgré lui, Neal ne put s'empêcher de sourire.

- Quel livre ? Quoi, tu as lu Harry Potter et tu t'es dis que c'était réel ?

Le jeune garçon secoua la tête, avant de sortir un objet de son sac.

- Non, ce livre. Mon livre de contes. C'est… un livre de contes de fée mais pas les contes habituels du monde sans magie, ils… Ils racontent une autre histoire. Et cette histoire est réelle.

En se saisissant de l'ouvrage, Neal n'avait pas la moindre idée de ce qu'il allait bien pouvoir découvrir en le lisant.

Alors qu'il le feuilletait, il sentit un frisson glacé l'envahir lorsqu'il tomba sur une image de son père, et le nom Rumplestiltskin, racontant sa vie alors qu'il passait un marché avec la princesse Belle afin de l'aider à sauver son royaume des Ogres qui le menaçaient, et oh, comme cette histoire résonnait avec la sienne là tout de suite.

Il blêmit.

« Putain de merde, mais c'est quoi ce bordel ? Ne put-il s'empêcher de laisser échapper malgré lui. »

Il continua de lire, et découvrit rapidement qu'il n'était pas dans le livre, son histoire remontait sans doute à trop loin, et il ne put empêcher son sentiment de malaise de l'envahir parce que c'était bien trop précis et détaillé pour ne pas pouvoir être réel.

En arrivant à la toute fin, où il manquait quelques pages, il repéra des mentions de la malédiction, et après plusieurs minutes de réflexion, alors qu'il connectait tous les fils entre eux, d'un seul coup, il comprit.

- La malédiction… Murmura-t-il. Évidemment…

- Vous savez pour la malédiction ? Comment ?

- C'est… une longue histoire.

(Il n'avait pas vraiment envie de repenser à son lui de dix ans plus tôt, de sa rencontre avec un certain pantin de bois et d'une décision qu'il n'avait jamais cessé de regretter depuis le jour où il l'avait prise.)

Il secoua la tête, chassant les souvenirs et essayant de les enfouir là où était leur place, tout au fond de sa tête.

Ce n'était pas comme si il allait revoir August de sitôt, ou encore moins Emma…

Pas vrai ?

(Ah ah.

Si l'ironie avait eu un corps, elle se serait sûrement immédiatement mise à rire.)

- Mais oui, je suis au courant, je sais pour Storybrooke.

- Alors vous me croyez quand je dis que c'est réel ?

En croisant le regard de Henry, Neal y vit alors une certaine peur et une fragilité qu'il n'y avait pas vue avant, ainsi que de la résignation, comme si…

Comme si il avait l'habitude qu'on ne le croit pas, et ses soupçons se retrouvèrent confirmés, parce que, si il savait pour la malédiction, si il vivait dans un endroit lié à la magie (ce qui expliquait l'ouverture du portail) mais dans le monde sans magie, et où la magie n'était pas censée exister, et où on ne le croyait pas quand il en parlait, où les gens étaient très certainement maudits…

Il soupira, lui qui avait cru pouvoir y échapper, il s'avérait que finalement, il allait être obligé de s'y confronter, même indirectement, même si il était toujours décidé à ne pas aller dans cette ville, et à ne revoir ni son père, ni Emma, ni August (surtout pas lui), mais il devrait tout de même en parler, et y penser.

Alors que ce n'était surtout pas ce qu'il voulait faire, mais Henry avait besoin de soutien, et il était là, alors autant que ça vienne de lui.

- Oui Henry. Bien sûr que je te crois. Pourquoi ?

Il haussa les épaules.

- Parce que… Parce que dans le monde sans magie, personne ne m'a jamais cru.

- Tu viens de Storybrooke, pas vrai ?

Henry acquiesça.

- J'ai été adopté, et depuis que je suis petit, je sais que quelque chose n'est pas normal, et je ne savais pas ce que c'était avant que Blanche-Neige… Mary-Margaret Blanchard ne me donne le livre de contes. Et là j'ai su.

- Et tu y a crus tout de suite, comme ça ?

- Oui, lui répondit Henry, je ne saurais pas vraiment expliquer pourquoi, j'ai juste… J'ai su tout de suite.

Neal n'arrivait pas à comprendre comment une telle chose pouvait être possible, mais il n'avait jamais réellement compris le fonctionnement de la magie non plus, et la magie était tout sauf rationnelle par essence, alors que sa croyance ne le soit pas non plus était sans doute logique finalement.

- Bien, maintenant que je sais d'où tu viens et pourquoi tu crois en la magie, et en la malédiction… Je sens que je vais regretter ma prochaine question, marmonna-t-il avant de soupirer. Qu'est-ce que tu fabriques ici ? Moi, je suis arrivé là par accident, un portail s'est ouvert dans mon appartement et je suis tombé dedans, mais, et toi ?

- Un portail s'est ouvert chez vous ? Fit Henry en fronçant les sourcils. Mais… Vous vivez bien dans le monde sans magie, et pas à Storybrooke, c'est ça ?

- Oh que oui, crois-moi petit, si je vivais à Storybrooke, je le saurais…

- Alors… comment ?

Neal haussa les épaules.

- Honnêtement ? J'en sais rien, vraiment, je vis à New York, il n'y a pas de magie là-bas, et pourtant… Pourtant c'est arrivé.

- Peut-être que ça signifie que la magie est en train de faire surface dans le monde sans magie ? Supposa Henry avec une note d'espoir dans la voix.

Neal ne put s'empêcher de frissonner, il avait fui la Forêt Enchantée justement pour fuir la magie, pas pour qu'elle revienne dans sa vie alors qu'il ne l'avait pas demandé !

- Peu importe, ce n'est pas comme si on y pouvait réellement quelque chose… Alors, comment tu es arrivé ici ?

- Hé bien, j'étais dans les mines et je…

Baelfire cligna des yeux, estomaqué.

De quoi ?

- Attends, que, comment… Quelle mine ? Il va falloir que tu reviennes en arrière là, parce que je vais avoir besoin de plus de contexte en fait.

- Ma mère adoptive, elle me fait voir un psy, depuis quelques temps, parce qu'elle veut que j'arrête de croire en la malédiction, sa malédiction, elle…

Neal fronça les sourcils, intrigué.

- Comment ça sa malédiction… Tu veux dire que… tu es le fils adoptif de la méchante reine ?

Il acquiesça.

- Oui. Et ma mère biologique, c'est Emma Swan, c'est la Sauveuse, celle qui doit briser la malédiction, je l'ai ramenée à Storybrooke, mais elle non plus elle ne me croit pas.

Cette fois, Neal eut l'impression que son cerveau allait exploser, et son souffle s'arrêta pendant quelques secondes, et son cœur rata un battement tandis que ses mains se mirent soudainement à trembler.

Sa mère c'était Emma Swan ?

Sa mère, c'était Emma, la femme qu'il avait aimée, mais trahie et abandonnée, c'était…

Quoi ?

Comment est-ce que…

Comment est-ce que ça se faisait qu'il tombe précisément sur le fils de son ex, tout comme il avait fallu qu'il recroise à nouveau le pirate qui avait juré de tuer son père ?

Pourquoi est-ce que l'univers le détestait autant ?

Il prit une profonde inspiration, essayant de chasser sa stupeur et ses larmes, et de ne rien laisser paraître.

Henry n'avait pas besoin de savoir ça.

- Et donc, tu…

Intérieurement, il bénit sa voix de ne pas avoir tremblé.

- Archie, mon psy, il… Il m'a dit que la malédiction, n'était pas réelle, sauf que cette fois… cette fois ça m'a fait vraiment mal alors j'ai voulu chercher une preuve et je suis allé dans les mines, qui s'étaient ouvertes depuis peu et qui étaient en partie effondrées.

Neal n'était pas un père, mais il avait le sentiment que n'importe quel parent aurait été effaré en entendant une chose pareille.

- Tu as quoi ? Tu veux dire que tu es allé tout seul dans une mine sans surveillance en risquant que quelque chose te tombe dessus et te blesse, voire te tue ?

- … Oui ?

L'ancien enfant perdu soupira.

- Je suis à court de mots, vraiment… et donc ?

- J'ai vu un portail s'ouvrir et je l'ai franchi.

- C'est tout ?

- C'est tout.

- …

- …

Et puis, soudainement, un détail frappa Neal.

- Attends une seconde, si j'ai bien compris, tu… Tu y es allé de ton plein gré c'est ça ? Tu n'es pas tombé dedans, tu as décidé de franchir ce portail vers l'inconnu, juste… comme ça ?

- Oui.

Neal le regarda avec des yeux ronds.

- Tu… tu as vraiment…

Il ne put jamais finir sa phrase, et ne put s'empêcher d'éclater de rire.

Mais c'était un rire tout sauf joyeux, parce que lui, il était passé d'un monde à l'autre plusieurs fois au cours de sa longue vie, et ce n'était pas une expérience qu'il avait envie de revivre alors que Henry, lui, il, il…

- Tu es complètement inconscient ma parole ! S'exclama-t-il alors. Tu… Déjà, tu imagines ce qu'il se serait passé si la malédiction avait détruit la Forêt Enchantée et que le portail n'avait débouché sur absolument rien du tout ? Tu serais sans doute mort, ou bien tu serais arrivé sur une terre désolée sans rien ni personne et aucun moyen de retourner à la maison !

- Je…

- Et puis même, tu as survécu, très bien, bravo, mais et après ? Comment est-ce que tu comptes rentrer chez toi ? Tes mères doivent être mortes d'inquiétude, tu as pensé à elles ? Comment tu as pu faire ça, vraiment, comment tu as pu partir comme ça sans te retourner, sans prévenir personne ?

- Parce que je voulais qu'on arrête de me prendre pour un fou ! Parce que je voulais avoir une preuve que je ne me trompais pas, que j'avais raison ! Je voulais voir de la magie, et avoir une certitude, trouver un moyen de briser la malédiction. Ça fait vingt-huit ans que ça dure, que personne ne fait rien et je voulais juste faire quelque chose de bien, être un héros et ne plus les voir tous souffrir sans rien pouvoir faire !

Soudainement, Neal eut l'impression de se voir lui-même à quatorze ans, perdu, seul, désespéré, juste un gosse qui voyait son père sombrer dans les ténèbres sans pouvoir faire quoi que ce soit pour y remédier, et il sentit son cœur se serrer.

Il soupira.

- Écoute Henry… Je comprends, vraiment, seulement… Maintenant, toi et moi, on est coincés, sans doute pour longtemps, sans avoir de moyen de rentrer chez nous, alors… C'est normal que je m'inquiète pour toi et pour ta famille.

- Et vous alors ? Lui demanda Henry. Vous aussi il y a des gens chez vous qui attendent votre retour ?

Neal aurait aimé, vraiment.

Mais la vérité, c'est que ce n'était pas le cas, c'était que là-bas, à New York, dans son appartement vide et silencieux, absolument personne ne l'attendait.

Il était seul, il n'avait aucune famille (et toutes les familles qu'il avait eues avaient disparu, lui avaient été enlevées, il avait été trahi, ou bien c'était lui qui était parti), il n'avait personne.

- Non, lui répondit-il avec tristesse, ayant du mal à chasser les larmes qui lui brouillaient les yeux. Personne ne m'attend là-bas. »

Et ce n'était pas quelque chose qui allait changer de sitôt.

A suivre…