Une personne responsable.

Titre du 30/11/2021 : Une personne responsable

Poisson : Neal Cassidy / Baelfire (OUAT)

N : Neal Cassidy

CRÉATURE 66 : Le Ténébreux

Prénom 41 : Neal

Quatre aspects de… Sylvie Laufeydöttir (Marvel) : Loki : Écrire sur un mensonge ou sur un personnage qui a été trahi par les siens

44. La rage de [Lilith] se fit si brûlante qu'elle aurait été capable de réduire une ville en cendres.

44) 50 nuances de OUAT

8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 200 citations CDR, 50 nuances)

Tout s'était passé si vite que Graham n'avait eu le temps de ne rien voir venir.

L'instant d'avant, il était en train de surveiller les environs de Storybrooke au cas où des gens viendraient l'interroger suite à la fin de la malédiction tout en discutant avec August, et puis l'instant d'après un inconnu complètement enragé avait surgi et avait frappé August.

Qu'est-ce que quoi ?

Qu'est-ce qu'il venait de se passer là ?

Alors que August se relevait, en sang (Emma s'était retenue en un sens quand elle avait frappé Neal, parce que Henry était là, mais pas lui. Ça faisait des semaines qu'il ruminait sa colère contre lui alors qu'il était piégé dans la Forêt Enchantée, il était temps que ça sorte), l'ancien enfant perdu le vit vaciller pendant quelques secondes avant de reprendre appui sur sa jambe gauche, celle à nouveau faite de bois et il grimaça.

Et Neal se souvint de ce qu'il lui avait dit au sujet de son corps qui était en train de se retransformer en bois et que ça avait commencé par sa jambe gauche.

Est-ce que ça lui faisait mal ?

Il l'espérait bien.

Le fils de Geppetto le regarda alors, stupéfait, presque comme si il avait vu un fantôme, ce qui ne l'étonna pas, il n'était pas censé être déjà là après tout, la malédiction venant à peine d'être brisée.

« Neal ? S'écria-t-il, les yeux écarquillés de surprise. Qu'est-ce que tu fais là ? Comment ça se fait que… que tu sois déjà à Storybrooke ? Tu étais censé…

- Ouais, ouais je sais, l'interrompit-il, une fois la malédiction brisée tu m'aurais envoyé une carte postale pour me prévenir, tout ça, je suis au courant. Disons juste que les choses ne se sont pas exactement déroulées comme prévues, mais bon tu sais comment est la vie, on vit son existence tranquille à New York, puis on tombe par accident dans un portail magique pour atterrir dans son monde de naissance, la routine quoi.

August fronça les sourcils.

- Quoi ? Comment ça tu t'es retrouvé dans la Forêt Enchantée ?

- Oui je sais j'ai pas de bol, que le même accident se produise deux fois durant ma putain de vie, quelles étaient les chances franchement ? Mais c'est arrivé, parce que l'univers me déteste apparemment mais ça je le savais déjà. Et puis j'ai rencontré Henry et découvert que c'était mon fils aussi.

Le sang d'August se glaça dans ses veines.

Oh.

Ce n'était définitivement pas prévu ça.

Il avait eu raison au sujet de Henry finalement.

- Tu… tu sais pour Henry ?

Le regard de Neal se fit de glace.

- Tu savais August ? Est-ce que tu savais que Henry était mon fils ?

Le pantin de bois secoua la tête.

- Non, avoua-t-il, honnête, je ne le savais pas, quand je suis arrivé à Storybrooke, il avait déjà disparu et quand j'ai su que c'était le fils d'Emma et qu'il avait dix ans, enfin… je l'ai supposé. C'était ce qui semblait être le plus logique.

- Et tu n'as pas pensé à, je ne sais pas, me le dire ? Avant que je ne tombe dans le portail je veux dire, après, ça aurait été légèrement plus compliqué.

Il n'y avait pas à proprement parler de réseau téléphonique dans la Forêt Enchantée.

- J'y ai pensé oui, parfois, et puis j'y ai renoncé. Tu penses vraiment que ça aurait fait une différence si je te l'avais dit ?

Dix ans plus tôt, ça aurait tout changé.

Mais maintenant…

Rien n'était moins sûr.

- Je ne sais pas, reconnut-il, mais je… J'aurais aimé le savoir.

Ça n'aurait rien changé mais au moins il aurait su, il aurait eu toutes les cartes en main pour faire un choix.

- Mais bon c'est pas pour Henry et mon lien avec lui que je t'ai frappé. C'est pour autre chose. Parce que tu as abandonné Emma, pendant ces dix dernières années, tout comme moi je le reconnais mais toi… tu avais une mission.

- Et comme tu peux le voir, je suis en train de le payer cher, siffla August en posant une main sur sa jambe gauche, même si elle a brisé la malédiction.

- Et on ne peut pas dire que tu y sois vraiment pour grand-chose, ironisa Neal, plus par méchanceté gratuite que parce qu'il pensait que c'était vrai.

- J'ai essayé pourtant, je…

- Tu ne lui as jamais envoyé l'argent des montres, finit enfin par l'accuser Neal, les poings serrés de rage.

C'était sans doute ça qui le mettait le plus en colère dans toute cette histoire, parce que tout le reste, tout ce que Pinocchio avait fait, soit il le comprenait parfaitement, soit c'était des choses qu'il avait lui-même faites à la blonde, alors franchement il admettait qu'il n'était pas mieux que lui à ce sujet, mais ça, ça…

Ça, il peinait encore à y croire, et à l'accepter, parce qu'il lui avait demandé une seule chose, de ne faire qu'une seule chose, en plus d'envoyer les clefs et les papiers de la voiture à la Sauveuse, c'était de lui envoyer l'argent des montres, et il ne l'avait pas fait.

Il lui avait menti et c'était Emma qui en avait fait les frais, en avait payé les conséquences, encore une fois.

La rage de Neal se fit si brûlante qu'il aurait été capable de réduire une ville en cendres.

Pendant dix ans, il avait cru que Emma avait pu repartir de zéro après sa sortie de prison, qu'il avait au moins pu lui offrir ça à défaut de lui dire la vérité, et après lui avoir fait tellement mal, mais en réalité…

En fait, l'habitant de la Forêt Enchantée n'avait rien fait de tout cela, et alors même qu'ils s'étaient revus avant qu'il n'aille à Storybrooke, il n'avait même pas eu le courage de lui avouer la vérité, alors même qu'il avait eu l'occasion de le faire.

Sincère, altruiste et courageux.

Neal comprenait mieux soudainement pourquoi il était en train de se retransformer en bois, vue la vie qu'il avait menée dans le monde sans magie.

Pinocchio se figea, interdit.

- Comment est-ce que tu es au courant ?

Neal éclata alors d'un rire sans joie.

- Et tu n'essaies même pas de le nier en plus, bravo… J'ai parlé à Henry et il m'a donné les détails de la sortie de prison d'Emma… il m'a dit qu'elle n'avait jamais reçu l'argent, et qu'elle n'avait rien à sa libération. Alors j'ai additionné deux plus deux et apparemment j'avais raison, dit-il avec amertume.

Il serra les poings, essayant de résister à l'envie de lui en coller une à nouveau.

- Je suis…

- Non, le coupa Neal, frémissant toujours de rage, ne me dis pas que tu es désolé. Pas à moi en tout cas. C'est Emma qui mérite de recevoir tes excuses. D'accord ? Et moi je vais juste… je sais même pas en fait, Emma me déteste, je déteste mon père et je ne sais pas encore si je vais réussir à être un père pour mon fils ! C'est merveilleux non ?

August grimaça à nouveau de douleur, il lui avait vraiment fait mal en le frappant bordel.

- Ce sera tout ?

Neal hocha la tête.

- Ouais, je pense. De toute façon ça m'étonnerait que j'ai réellement envie de te revoir dans les prochains jours, et on a plus rien à se dire, dit-il avant de s'éloigner. »

Graham, qui avait assisté à l'échange sans intervenir, n'y comprenant absolument rien du tout, se tourna vers celui qu'il considérait désormais comme son ami, avec un air interloqué sur le visage.

« Est-ce que je pourrais savoir ce qu'il vient de se passer ? »

Pinocchio soupira.

Ça allait être une longue conversation.

§§§§

Pinocchio avait déjà fait l'expérience de la douleur, de nombreuses fois.

Rien que la souffrance qu'il expérimentait en permanence à cause son corps qui se transformait chaque jour de plus en plus en bois, sa jambe qui n'était plus de chair mais d'écorce et de sève, la dissonance entre ces deux parties de lui-même qui n'avaient plus rien à voir mais qui étaient pourtant lui toutes les deux.

Alors à côté de cet enfer-là, le coup de poing de Neal n'était absolument rien en comparaison.

Mais tout de même, ça faisait malgré tout sacrément mal.

Et Graham ne s'était pas trompé à ce sujet, le poussant à venir avec lui au commissariat pour qu'il puisse soigner sa plaie.

« Tu es sûr que c'est une bonne idée que tu partes ? Avait pourtant dit le pantin de bois, inquiet. On aura peut-être besoin de toi ici.

Graham avait haussé les épaules.

- T'en fais pas, si jamais ils veulent me parler ils savent qu'ils peuvent aller au commissariat me voir, et sinon les bonnes sœurs… je veux dire les fées, ont déjà pris le relai.

August regarda autour de lui et put constater que c'était le cas, et en voyant la fée bleue parmi elles, il sentit son cœur se serrer.

Dieux, il avait tellement dû la décevoir…

- D'accord, acquiesça-t-il finalement, je te suis. »

Le shérif lui sourit et August sentit alors son cœur se mettre à battre plus rapidement pour une raison qu'il ne comprit pas.

§§§§

Cette sensation était… étrange.

Quand exactement est-ce que quelqu'un avait réellement pris soin de lui pour la dernière fois ?

August eut beau chercher, chercher et encore chercher tout au fond de sa mémoire, il ne trouva finalement qu'une seule réponse.

La dernière fois, il était encore un petit garçon vivant dans la Forêt Enchantée avec son père et le dernier qui s'était réellement occupé de lui, c'était Geppetto.

Il y avait eu des gens bien sûr, dans le monde sans magie, mais il ne s'était jamais attaché à eux, et surtout il avait fui, fui, fui encore et encore sans se retourner, sans jamais réellement se rapprocher de qui que ce soit.

Il avait été seul pendant tellement longtemps qu'il avait fini par oublier ce que ça faisait d'être proche de quelqu'un.

Et tous ces gens-là n'avaient aussi jamais su qui il était réellement ou d'où il venait.

Graham, lui, savait.

Avec lui, il n'avait pas besoin de porter un masque en permanence ou de mentir.

Et ça c'était… réellement reposant.

Il grimaça soudainement de douleur alors qu'il sentait la brûlure du désinfectant sur son visage.

Ouais ça, ça lui avait vraiment pas manqué.

« Aïe ! Se plaignit-il alors, arrachant un sourire amusé au shérif.

- Ça ne pique pas tant que ça quant même.

- J'aimerais bien t'y voir, marmonna-t-il, c'est pas toi qui te trouve à ma place. Et il m'a fait vachement mal aussi.

Le sourire de Graham disparut alors.

- Qui c'est ce type au juste ? J'avoue que je n'ai pas vraiment tout compris de ce qu'il s'est passé tout à l'heure.

- C'est l'ex d'Emma. Le père de Henry. Oh et le fils de Rumplestiltskin aussi.

Le shérif cligna des yeux, éloignant temporairement sa main du visage d'August.

- Oh ça fait un peu trop d'informations à la suite là, pause, reviens en arrière… Le gars qui t'a frappé c'est l'ex petit-ami d'Emma Swan ?

- Ouais.

- Et le père de Henry, ça encore je visualise, mais… le fils de Rumplestiltskin ? Sérieusement ?

- Le destin a un sens de l'humour sacrément tordu.

- Ça, je te le fais pas dire… Et tu, enfin… pourquoi… Qu'est-ce qui s'est passé ?

Pinocchio soupira.

- Comme tu le sais déjà, j'ai été envoyé dans ce monde pour accompagner Emma, la guider et faire en sorte qu'elle devienne la Sauveuse et brise la malédiction à l'âge de vingt-huit ans. J'ai échoué dans cette tâche, par trois fois, et c'est pour ça que je me retransforme en bois en ce moment même. Les deux premières fois, j'étais sans doute excusable, parce que j'étais un enfant et que j'avais peur, que je n'avais aucune idée de comment faire pour aider Emma, mais la troisième fois… je l'ai envoyée en prison.

Et alors, Graham se souvint de ce que Regina avait fait à son adjointe quand elle était arrivée à Storybrooke, la manière dont elle avait réussi à déterrer son passé de prisonnière pour l'afficher aux yeux de tous, et il sursauta.

- Quoi ? Comment est-ce que… En quoi tu es responsable de ce qui est arrivé ?

Il connaissait déjà une partie des erreurs du pantin de bois.

Mais celle-là, il ne savait absolument rien à son sujet.

- Pour résumer, Neal, après son arrivée dans le monde sans magie, est devenu un voleur pour survivre, et il a notamment volé des montres d'une grande valeur. Lui et Emma avaient prévu de les récupérer, de les vendre et de s'enfuir au Canada ensemble. Mais je me suis interposé. »

Puis il lui raconta la suite de l'histoire, l'enchaînement de ses mauvaises décisions, celles de Neal et la manière dont la blonde princesse en avait fait les frais, et, alors que le chasseur continuait de soigner sa plaie, il vit le visage de ce dernier peu à peu se fermer.

Il était en colère, évidemment, il tenait à Emma après tout, et August savait pertinemment qu'il avait toutes les raisons de l'être, parce que ce qu'il lui avait fait…

Sincère, altruiste et courageux.

Ces mots le hantaient depuis tellement de temps, ces trois adjectifs qui auraient dû le définir et qu'il n'avait jamais réussi à être depuis qu'il avait atterri dans le monde sans magie.

Graham prit une profonde inspiration.

« Je pense que tu as fait des erreurs. Beaucoup d'erreurs. Que tu as merdé, et Emma méritait clairement mieux mais toi aussi parce que tu n'étais qu'un gosse franchement et ça n'aurait jamais dû tomber sur toi. Tu vas avoir beaucoup de mal à te faire pardonner, de toute évidence, dit-il avec franchise, mais si jamais Emma réussit à pardonner Regina pour ce qu'elle lui a fait, et que tu essaies vraiment de gagner son pardon, je pense que… tu peux y arriver. Et de toute façon, ajouta-t-il en désignant sa jambe gauche du regard, tu es déjà en train de payer pour ce que tu as fait.

August lui sourit, les yeux embués d'émotion, bien conscient qu'il ne méritait clairement pas tant d'indulgence, et acquiesça.

- Merci.

- Je t'en prie, lui rétorqua Graham avant de finaliser son pansement. Et voilà, c'est bon tu es comme neuf.

- Merci beaucoup. J'espère qu'il ne m'a pas trop abîmé, dit-il, essayant de plaisanter pour détendre l'atmosphère.

- Oh ne t'en fais pas pour ça, ton charme est toujours intact, dit le shérif, ne plaisantant qu'à moitié.

Et puis August lui sourit à nouveau et ce ne fut que là qu'il réalisa à quel point ils étaient proches, et il se recula, troublé.

Depuis quand n'avait-il pas été proche de quelqu'un comme ça, de cette manière, physiquement ou même émotionnellement ?

La dernière fois, ça avait été…

Oh.

La dernière fois, ça avait été avec Regina, et alors que des flashs de sa « relation » avec elle (si tant est qu'on puisse réellement l'appeler ainsi) dans le monde sans magie comme dans la Forêt Enchantée envahissaient son cerveau, il se tourna, et serra les poings en essayant de maîtriser le sanglot qui était en train de monter dans sa gorge.

Pourquoi ?

Pourquoi fallait-il qu'elle revienne toujours le hanter et que ce qu'elle lui avait fait lui collait encore à la peau, pourquoi n'arrivait-il pas à s'en détacher ?

Pourquoi avait-il fallu qu'elle lui fasse mal à ce point-là, au point où il ne pouvait pas se rapprocher un tant soit peu d'une personne sans que ce qu'elle lui avait fait subir le hante ?

Et puis, soudainement, une nouvelle information le frappa.

La malédiction avait été brisée, ce qui signifiait que tout le monde se souvenait.

Ça incluait Archie Hopper dans le lot.

Jiminy Cricket.

Le psychiatre de la ville, qui maintenant savait que la magie existait, et qui ne le regarderait plus comme si il était fou si jamais il lui parlait du fait qu'il avait vécu sans cœur pendant plus de vingt-huit ans.

Il avait déjà commencé une thérapie avec lui, mais maintenant, oui, maintenant il pouvait absolument tout lui dire et enfin avancer.

Il pouvait le faire, il pouvait guérir, se débarrasser de sa douleur, et qui sait, aller de l'avant, réussir à se reconstruire.

« Est-ce que ça va ? Finit par lui demander August, inquiet par son silence.

- Oui, lui mentit Graham. Ça va. Je vais bien. »

Ce n'était pas vrai, bien sûr, mais le pantin de bois n'avait pas à partager son fardeau.

Il pouvait le faire.

Il pouvait réussir à tenir et ne pas s'effondrer.

Il le devait.

A suivre…