Un seul regard.

Titre du 17/02/2022 : Un seul regard

Scorpion : Emma (OUAT)

E : Emma Swan

Créature 38 : Sorcière

Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas

Prénom 49 : Emma

Quatre aspects de… Neal Caffrey (White Collar) : Fédora : Écrire sur quelqu'un qui porte des chapeaux ou sur quelqu'un qui les déteste

171. « Où es-tu ? Où es-tu ? »

44) 50 nuances de OUAT

9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, cassons les préjugés, elles ont dit, quatre aspects, 200 citations CDR, 50 nuances)

« Est-ce que vous savez où est mon papa ? »

Depuis que la malédiction avait été brisée, approximativement une ou deux heures plus tôt dans la journée, Graham en avait vu passer des gens.

Des personnes venues lui demander ce qu'il se passait et à qui il avait expliqué que la malédiction venait d'être brisée par Emma Swan, la Sauveuse, que non ils ne pouvaient pas encore sortir de Storybrooke parce qu'ils n'étaient pas sûrs de ce qu'il se passerait alors et qu'il ignorait ce qui allait se passer dans le futur.

D'autres qui lui avaient demandé des renseignements pour retrouver des membres de leur famille dont ils venaient tout juste de se souvenir, après vingt-huit ans de séparation.

Il avait vu des retrouvailles émouvantes qui l'avaient même fait pleurer de joie.

Mais jusque là, jamais encore il n'avait d'enfant seule venir lui poser une telle question.

Il avait toujours vu des adultes dans l'ensemble, et ceux qui avaient des enfants étaient souvent accompagnés par ces derniers, et il semblait que dans l'ensemble, Regina avait laissé la plupart des familles réunies ensemble, ou du moins les parents avec leurs enfants.

Il ne connaissait jusqu'à ce moment-là que trois exceptions, Hansel et Gretel (que Regina avait réunis avec leur père avant la fin de la malédiction, et c'était tellement ironique, mais ça montrait aussi que peut-être, la méchante reine était réellement désireuse de changer), Pinocchio et évidemment, Emma.

Maintenant, il y en avait une quatrième, qu'il n'avait jamais rencontrée jusque là.

« Comment est-ce que tu t'appelles petite ? Lui demanda-t-il alors.

- Paige. Non, Grace, se reprit-elle, comme le faisaient la plupart des maudits qui venaient tout juste de retrouver la mémoire et étaient encore perdus entre deux identités, la réelle et la fictive, je m'appelle Grace.

Le nom fut comme un électrochoc, et le chasseur se remémora subitement où il avait déjà entendu ce nom.

Lorsque la malédiction n'était toujours pas brisée, et que lui, August, Regina, Rumplestiltskin et Jefferson cherchaient un moyen d'y parvenir, de faire en sorte que Emma croit en la magie, et qu'ils s'étaient racontés une partie de leurs histoires respectives.

Et Jefferson…

Jefferson avait bien une fille qui s'appelait Grace, pas vrai ?

Et dont il avait été séparé par la malédiction, pendant vingt-huit ans, condamné à se souvenir d'elle alors qu'elle l'avait oublié, et même avant en fait, quand la méchante reine l'avait piégé au Pays des merveilles, l'arrachant à Grace.

Où es-tu ?

Où es-tu ?

La pauvre enfant avait dû se poser la question tellement de fois dans la Forêt Enchantée, avant que la fumée violette n'emporte tout, et ses souvenirs de lui avec.

- Et dis-moi, comment… comment est-ce que ton père s'appelle au juste ? L'interrogea-t-il, juste pour être sûr.

- Jefferson, répondit-elle immédiatement, sans la moindre hésitation dans la voix. Mon père s'appelle Jefferson.

Graham sourit.

Il n'avait que peu côtoyé le chapelier fou finalement, ce dernier étant un homme plutôt renfermé et solitaire, mais il l'avait entendu parler de sa fille, il savait à quel point il l'aimait, et qu'il aurait probablement été prêt à absolument tout faire pour la retrouver.

- Je sais qui est ton père alors, dit-il, et il vit les yeux de la fillette scintiller, emplis d'espoir. Et je sais où il vit, j'ignore si il se trouve là-bas en ce moment, mais tu peux au moins commencer à chercher là-bas. Et tes parents, ajouta-t-il en écrivant l'adresse sur un morceau de papier, tes parents de Storybrooke je veux dire, ils sont au courant que tu le cherches ?

Elle acquiesça.

- Oui, ils savent. Ils ont conscience d'à quel point c'est important pour moi de le retrouver, parce que c'est mon père, mais ils m'ont aussi dit que si je voulais qu'on continue d'être une famille, même si ça n'avait jamais été réel, leur porte serait toujours ouverte pour moi.

Graham hocha la tête.

- Très bien, dit-il en lui tendant le bout de papier, et, avant qu'elle ne s'en aille, il ajouta. Ton père… il ne t'a pas abandonnée. Il a juste fait une erreur, et il en a payé le prix, il voulait rentrer à la maison, mais on l'en a empêché, jamais il n'a voulu te laisser seule. Ça me paraissait important que tu le saches.

- Je sais, lui répondit-elle avec la confiance et l'innocence tranquille de l'enfance, je l'ai toujours su, même quand on me disait qu'il ne rentrerait pas à la maison, je savais qu'il ne m'aurait jamais abandonnée. Mais… merci de me l'avoir dit. »

Puis elle s'esquiva, et il sourit en songeant que ça faisait bien longtemps qu'il n'avait pas eu l'impression d'avoir vraiment fait quelque chose de bien.

§§§§

En entendant les voix commencer à gronder, Regina ferma les yeux, essayant d'échapper à la réalité de ce qui allait lui arriver pendant au moins quelques secondes.

Puis, elle les rouvrit, et le monde n'avait pas changé durant ces dernières secondes, elle était toujours la méchante reine, sa malédiction venait d'être brisée, et ses victimes venaient réclamer vengeance, justice, voire les deux.

Mais Henry était sain et sauf, se répéta-t-elle, il était rentré à la maison, et c'était la seule chose qui comptait.

« Ils viennent pour moi, dit-elle, énonçant à voix haute ce que la Sauveuse et leur fils savaient déjà pertinemment, et la blonde fut sincèrement surprise de la voir prendre ça aussi calmement.

Elle n'avait pas tenté de s'enfuir, de se réfugier dans sa maison, ou même de se téléporter (encore que, même si Emma n'y connaissait rien du tout en magie, la brune n'avait pas l'air de l'avoir encore récupérée), elle semblait juste… s'être résignée à son sort.

Dans d'autres circonstances, si Regina n'avait pas été la méchante reine, Emma aurait eu de la peine pour elle.

- Ça me semble évident, oui, répondit la sorcière, ne trouvant rien d'autre à dire.

Elle ne s'attendait pas à ce que son ennemie tende ses mains vers elle.

- Je crois ne pas me tromper en pensant que c'est le moment pour toi de me passer les menottes, shérif, annonça-t-elle avec un sourire triste. »

C'était Graham le shérif, pas elle, mais Emma n'eut même pas la possibilité de lui rappeler ce détail, tant elle était abasourdie par ce que la mairesse venait de dire.

C'était ce qu'elle avait prévu de faire, oui, maintenant qu'elle savait à quel point tout était vrai, mais elle ne se serait pas attendu à ce que l'ancienne souveraine se rende ainsi aussi facilement sans combattre, pas après tout ce qu'elle avait entendu sur elle, tout ce que Regina lui avait dit à son sujet, sur son passé, ce qu'elle avait lu dans le livre de Henry.

Elle voulait vraiment changer alors.

Elle n'était pas sure que ce serait suffisant, pas après tout ce qu'elle leur avait fait, mais elle avait envie de croire que ça le serait.

- Très bien, dit Emma en hochant la tête. Elles s'étaient éloignées de Henry au début de la conversation. Il n'avait pas besoin d'entendre ça. Tu… tu ne vas pas résister c'est ça ?

Regina haussa les épaules.

- Et dis-moi, à quoi est-ce que ça me servirait exactement ? Je suis seule contre toute une ville et je n'ai pas de magie qui pourrait me permettre de me battre contre eux. Et puis, ajouta-t-elle, je doute que Henry prendrait bien le fait que je tente de tuer ses grands-parents et sa mère biologique. »

Elle plaisantait, bien sûr, une plaisanterie sombre et amère, mais Emma lut dans ses yeux cette vérité que Regina n'essayait même pas de cacher.

Si elle avait pu le faire, si elle avait pu les tuer avec sa magie et malgré tout garder Henry avec elle, elle l'aurait sans doute fait.

Si elle avait pu, elle les aurait tous tués sans la moindre hésitation, et sans doute aucun remords, elle l'aurait sans doute fait, ça, Emma n'en doutait pas une seule seconde.

La seule chose qui les séparait réellement d'une mort certaine était le fait que la brune n'avait plus sa magie, et aussi le fait qu'elle faisait ça pour Henry.

C'était tout simplement terrifiant.

Et Emma réalisa alors soudainement que même si ils ne se trouvaient pas dans la Forêt Enchantée, elle ne devait pas oublier une chose cruciale : Regina était toujours la méchante reine, même si elle avait commencé à faire des efforts pour changer, pour le bien de son fils.

Elle était toujours la même personne qu'autrefois, et ça n'effaçait aucunement ses actions du passé.

La femme cruelle qui avait ruiné d'innombrables vies, celle qui avait arraché et écrasé des cœurs, qui avait lancé une malédiction dans le seul but de punir une seule personne.

La femme qui avait essayé de tuer sa mère.

D'un seul coup, toute la peine qu'Emma ressentait pour elle s'évanouit en un instant.

Même si elles avaient collaboré ensemble pour sauver Henry et le ramener à la maison, elles étaient encore dans deux camps différents.

Ça non plus elle ne devait pas l'oublier.

Quand elle lui passa les menottes pour l'emmener dans une des cellules du commissariat, elle sentit la tristesse l'envahir pourtant.

Elle aurait aimé que les choses se passent autrement.

§§§§

Elle n'avait pas tout de suite vu qu'il était là.

D'un autre côté, le simple fait de réussir à amener Regina dans sa cellule sans encombres alors que les trois quarts des habitants de Storybrooke voulaient probablement la tuer et étaient peut-être même prêts à ériger un bûcher là tout de suite en plein centre-ville afin de le faire, avait déjà été suffisamment compliqué comme ça.

Puis, elle avait fermé la porte de la cellule à clef, s'était retournée, avait aperçu Graham, et soudainement, elle l'avait vu.

August Booth.

Ou plutôt Pinocchio.

Celui qu'on avait envoyé pour veiller sur elle et qui à la place avait préféré fuir et l'abandonner.

En voyant qu'il était blessé, elle supposa qu'il avait été frappé par quelqu'un et que ce quelqu'un était probablement Neal, et elle sentit la satisfaction l'envahir.

Savoir qu'on lui avait fait mal pour ce qu'il lui avait fait était assez réconfortant.

Elle croisa les bras, ne sachant même pas quoi dire.

« Pinocchio, c'est ça ? Se contenta-t-elle de lui dire d'une voix forte, les yeux emplis de rage.

Il se retourna et blêmit aussitôt en la reconnaissant.

Ils s'étaient au final peu parlés depuis son arrivée à Storybrooke, Emma étant bien trop occupée à essayer de trouver un moyen de retrouver Henry, et jamais il n'avait pu lui parler de son destin, de qui elle était, de la magie, de la malédiction ou même de ses parents, c'était toujours les autres qui l'avaient fait à sa place, à savoir Regina et Rumplestiltskin.

Donc ceux-là même qui étaient responsables de son sort, la vie était tout de même bien ironique.

Jamais il n'avait pu lui dire non plus à quel point il pouvait être désolé.

Il n'était pas sûr que cela fasse réellement une grande différence actuellement.

Pas alors qu'elle savait, qu'elle savait qu'il l'avait laissée tomber, qu'il l'avait envoyée en prison et que, pire encore, il l'avait volée, l'avait dépossédée de ce qui aurait dû être à elle.

- Bonjour Emma, lui répondit-il, sentant la peur l'envahir alors que son regard vert émeraude se posait sur lui, et qu'il pouvait y lire tellement de colère que ça lui fit mal.

Parce qu'il était l'un des responsables.

- Raconte-moi, lui ordonna-t-elle, et il se figea, surpris.

- Quoi ?

- L'histoire. Ton histoire, mon histoire. Je veux tout savoir, dans les moindres détails. Raconte-moi. Tu me dois bien ça.

Il hocha la tête.

- D'accord. Assieds-toi, ça risque d'être long. »

Et, sous le regard scrutateur de celle qu'il avait été incapable de protéger, il commença le récit du petit pantin de bois devenu un vrai petit garçon et à qui on avait confié une mission qu'il n'avait pas réussi à remplir.

§§§§

Les chapeaux.

Jefferson vivait entouré par les chapeaux depuis…

Depuis toujours finalement, dans son ancienne vie dans la Forêt Enchantée en tant que chapelier, dans sa prison au Pays des merveilles, et dans son autre prison dorée, ici, à Storybrooke, où il avait essayé tant bien que mal de reproduire le même chapeau, encore et encore, de lui redonner une magie qui n'avait absolument aucune existence dans ce monde.

Il avait essayé, encore et encore et encore, et il avait échoué lamentablement.

Lui qui avait été si fier de ses chapeaux et de son talent autrefois, il les haïssait désormais, il les détestait de toute son âme, il ne rêvait que d'une chose, pouvoir les foutre au feu et les détruire pour toujours, ne plus avoir à les voir de toute sa vie.

Et parfois, il voulait presque foutre le feu à cette foutue baraque, tout brûler et tout détruire, si il n'y avait pas eu Grace…

Oh Grace.

Sa petite fille, qu'il n'avait pas encore retrouvée malgré son désir de le faire, maintenant que la malédiction était pour de bon brisée, elle qu'il voulait tant revoir maintenant qu'elle se souvenait à nouveau de lui, Grace…

Grace méritait mieux que lui, elle méritait mieux qu'un père brisé à l'esprit en mille morceaux qui avait passé vingt-huit ans seul et totalement désespéré.

Il voulait être son père à nouveau, que tout redevienne comme avant, mais il le savait déjà, c'était impossible, plus rien ne serait comme autrefois, parce qu'il l'avait laissée, il l'avait laissée tomber, il l'avait abandonnée au moment où elle avait le plus besoin de lui, alors qu'il lui avait promis de rentrer à la maison.

Ce que Regina leur avait fait avait brisé bien trop de choses pour que ce soit réellement réparable.

Puis, il entendit quelqu'un frapper et quand il ouvrit la porte et vit qui se trouvait derrière elle, il fut soudainement incapable de respirer.

« Grace ?

Elle était là, elle était vraiment là, elle était réelle, et il avait rêvé de cet instant pendant vingt-huit ans, tellement de fois qu'il lui semblait irréel maintenant qu'il se produisait pour de vrai.

Sa fille était devant lui, elle l'avait retrouvé, elle était venue le chercher alors qu'elle aurait eu tous les droits de le détester et de ne plus jamais vouloir le revoir si elle l'avait voulu, et il se figea, stupéfait.

Elle était là.

Sa petite fille était rentrée à la maison, elle avait tenu la promesse qu'il n'avait jamais pu tenir, elle…

- Papa ! S'écria-t-elle en se jetant dans ses bras, et ce fut là seulement que son souffle revint enfin dans ses poumons et il la serra contre elle, craignant presque qu'elle ne s'évapore si il ne le faisait pas, avant de se mettre en sanglots. »

Il avait retrouvé sa fille.

Les choses étaient enfin revenues à leur place.

A suivre…