C'est la fête !
Titre du 01/05/2021 : C'est la fête !
Scorpion : Emma (OUAT)
E : Emma Swan
Créature 38 : Sorcière
Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas
Prénom 49 : Emma
Quatre aspects de… Monet : La rue Montorgueil : Écrire une scène de fête ou un texte qui se déroule à Paris
158. « Bien. Parfait. »
44) 50 nuances de OUAT
9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, cassons les préjugés, elles ont dit, quatre aspects, 200 citations CDR, 50 nuances)
Geppetto se souvenait être déjà venu au commissariat, environ deux mois plus tôt, à une époque où il pensait encore que son nom était Marco.
Alors que Emma Swan, qu'il connaissait à peine et dont il ignorait qu'elle était la Sauveuse, tout comme il ignorait tout au sujet de la malédiction, s'y trouvait, étant arrivée en ville depuis peu.
Il se rappelait de ce qu'il avait dit, qu'il n'avait jamais pu avoir d'enfant.
Aujourd'hui, il se souvenait de tout, et surtout il se souvenait de la vérité, et dans ce lieu où il retournait à la recherche de Pinocchio, il sentait pleinement l'ironie le frapper au visage.
Ce qu'il avait dit n'était pas la vérité, il avait bel et bien un fils.
Un fils qu'il avait perdu pendant vingt-huit ans.
Et il n'avait pas la moindre idée d'où il pouvait bien se trouver.
Était-il quelque part, perdu dans ce vaste univers qu'était le monde sans magie ?
Était-il même seulement en vie ?
Se trouvait-il à Storybrooke, ou bien loin, très loin de la ville ?
Le détestait-il pour ce qu'il lui avait fait, pour l'avoir abandonné dans un monde qu'il ne connaissait pas en le chargeant d'une tâche bien trop lourde pour ses frêles épaules, lui qui n'avait que huit ans à l'époque, et qui avait été laissé seul pour s'occuper d'un bébé ?
Il ne regrettait pas ce qu'il avait fait pour sauver la vie de son enfant, mais il aurait compris si Pinocchio lui en avait voulu pour ça, pour l'avoir laissé tomber comme il l'avait fait.
Mais ça n'avait pas d'importance.
Tout ce qu'il voulait c'était serrer son fils dans ses bras et s'assurer qu'il allait bien.
Emma était venue à Storybrooke, et elle avait brisé la malédiction, alors ça voulait dire que son petit garçon avait réussi et qu'il avait mené sa mission à bien.
Pas vrai ?
§§§§
Graham vit clairement la panique apparaître dans les yeux d'August au moment où Geppetto franchit les portes du commissariat de Storybrooke.
On aurait dit un lapin pris dans les phares d'une voiture, et si avant c'était la main du shérif qui tremblait, désormais c'était celle du pantin de bois qui tremblait dans la sienne, et l'ancien chasseur s'y agrippa de toutes ses forces, pour l'empêcher de s'en aller.
Parce qu'il savait très bien que l'auteur ne rêvait que d'une seule chose là tout de suite, s'enfuir loin, très loin, tout comme il avait passé sa vie durant ces vingt-huit dernières années dans le monde sans magie, fuir à toutes jambes et ne jamais revenir.
Il était hors de question qu'il le laisse faire.
« Est-ce que vous savez où est mon fils ? Demanda Geppetto, et l'espace d'une seconde, Pinocchio souhaita presque avoir un cœur fait de sève et de bois et non de chair. »
Parce que alors peut-être qu'il ne l'aurait pas senti battre à cent à l'heure dans sa poitrine et cogner contre sa cage thoracique, tentant désespérément de s'en échapper.
Il avait peur.
Il avait tellement peur, et il n'était pas prêt, et il avait eu vingt-huit ans pour se préparer à ces retrouvailles, et pourtant il n'était pas prêt.
« August, essaya de dire Graham d'un ton rassurant, tu…
- Non, l'interrompit alors l'écrivain, la voix tremblante, Graham… je… Je peux pas. Je peux vraiment pas. C'est mon père et j'ai échoué, j'ai échoué à tellement de niveaux et j'ai si honte et je ne sais pas comment faire pour… pour me faire pardonner.
Le shérif soupira.
- Tu te souviens de ce que la fée bleue t'a demandé de toujours être quand tu étais petit ?
- Je… Oui, pourquoi ?
- Sincère, altruiste et courageux. Tu peux l'être encore, tu peux le faire en affrontant ton passé et en reconnaissant tes erreurs. Tu peux y arriver, et puis… c'est ton père. Que tu n'as pas vu depuis vingt-huit ans, et qui t'a perdu durant cette même période de temps. Tu lui dois bien ça. L'univers vous doit bien ça. À tous les deux. »
August essaya de lui sourire, et tenta de garder son calme.
Bien.
Parfait.
Il pouvait le faire.
Il pouvait y arriver.
§§§§
Il se souvenait avoir eu huit ans et avoir fait une promesse à son père.
Il se rappelait de l'armoire magique, de la fée bleue, et de son père lui disant droit dans les yeux qu'il allait devoir être très courageux et lui faisant promettre de toujours veiller sur Emma, et de faire en sorte de l'emmener à Storybrooke.
Vingt-huit ans plus tard, il se trouvait là, face à lui, en n'ayant rien à lui dire à part qu'il avait échoué et à quel point il était désolé de l'avoir tant déçu.
Et le voir ici, maintenant, toujours le même qu'avant alors qu'il avait lui-même grandi et tant changé, à sa recherche, lui serra le cœur et lui noua la gorge.
Graham avait raison, il ne pouvait pas lui faire ça, il ne pouvait pas fuir et faire comme si rien ne s'était passé, comme si après des décennies de séparation, il ne venait pas de revoir son père dont il avait presque fini par oublier le visage.
Se levant finalement, il se résolut enfin à lâcher la main du shérif pour se diriger lentement dans la direction de son père (il n'arriva même pas à déterminer si c'était à cause de sa jambe en train de se transformer en bois ou juste parce qu'il avait peur) et il se força à parler avant que son père ne parte ou que la peur ne l'empêche de prononcer le moindre mot.
« Papa, dit-il d'une voix faible, peu assurée et tremblante, presque une voix de petit garçon en un sens, alors qu'il était un adulte maintenant, et pourtant, cela fut suffisant pour que Geppetto l'entende et se retourne.
Une lueur d'espoir apparut dans les yeux du vieil homme.
- Pinocchio ? Demanda-t-il, n'osant y croire.
L'auteur se contenta de hocher la tête, incapable de prononcer un seul mot de plus, et l'ébéniste sourit, les yeux brillants de larmes.
- Mon fils, murmura-t-il avant de le serrer dans ses bras, et oh ça faisait si longtemps que quelqu'un ne l'avait pas étreint ainsi, ne l'avait pas fait se sentir en sécurité, à sa place, à la maison, chez lui, en vingt-huit ans d'existence dans le monde sans magie, ça ne lui était jamais arrivé.
Il n'avait jamais eu de famille, pas une seule fois, et la seule qu'il aurait pu avoir, il l'avait abandonnée et laissée derrière lui.
- Je suis tellement désolé, parvint-il à dire avant de fondre en larmes. »
§§§§
Graham avait mis du temps à réaliser que Archie était lui aussi venu au commissariat (ou bien devait-il l'appeler Jiminy Cricket désormais ? Il ne savait même plus maintenant que tout le monde avait enfin récupéré sa véritable identité) et quand enfin il avait remarqué sa présence, il avait su que c'était le moment.
« Est-ce que je peux vous parler ?
Le psychiatre sursauta, surpris d'être interpellé de la sorte alors qu'il assistait aux retrouvailles entre son ami et son protégé.
Puis en reconnaissant Graham, il sourit.
- Shérif ! Est-ce que tout se passe bien ?
- C'est… enfin disons que maintenant que la malédiction a été brisée les choses sont très confuses pour tout le monde, mais au moins ce n'est pas le chaos. Du moins pour l'instant.
- Tant mieux dans ce cas-là. Graham… D'ailleurs, je peux continuer de vous appeler Graham ?
Le chasseur fronça les sourcils.
- Comment ça ?
Le sort noir avait été brisé depuis si peu de temps, il avait eu à s'occuper de tant de choses et son esprit était préoccupé par d'autres détails de son passé.
Pas par son nom et lequel il était supposé porter maintenant qu'il savait qu'il était deux personnes et non plus une.
- Hé bien, maintenant que nous savons qui nous sommes à nouveau, nous pouvons reprendre notre identité précédente et véritable. Mais même si ceux que nous étions à Storybrooke n'ont jamais été réels, ça semblait l'être, et… certaines personnes, moi y compris, préfèrent garder le nom que leur a donné la malédiction. Et vous ?
- Je… je ne sais pas, avoua-t-il, je… Je n'avais pas de nom, dans la Forêt Enchantée. J'étais juste le Chasseur. Alors je crois… je crois que Graham me convient très bien comme nom.
Graham n'avait jamais existé, n'avait jamais été réel, et tous ses souvenirs étaient pour la plupart faux et mensongers, mais le shérif Graham n'était pas le chasseur.
Le shérif était un homme certes solitaire mais respecté et apprécié dans cette petite ville du Maine, ici, il avait le sentiment de compter, de faire quelque chose de bien.
De vraiment exister, et de ne plus être le prisonnier qu'il était devenu par le passé dans la Forêt Enchantée avant la malédiction, de ne plus être le pantin de la méchante reine.
Graham avait été créé par Regina, certes, mais il pouvait se réapproprier cette identité et faire en sorte qu'elle devienne la sienne, qu'il devienne quelqu'un d'autre que celui qu'elle avait voulu qu'il soit.
Il était Graham Humbert.
Il en avait la certitude maintenant.
Le regard d'Archie se fit bienveillant et compréhensif.
- Très bien. De quoi vouliez-vous me parler ?
- De ma thérapie.
Le regard du cricket se voila, et Graham sut qu'il avait compris.
- Oh. Par rapport à vos souvenirs retrouvés, c'est ça ? Maintenant que la malédiction a été brisée et que la magie a été ramenée…
- Je me souvenais avant, précisa-t-il, mais je… Enfin je ne pouvais pas en parler avant que… avant que tout le monde ne se souvienne, je…
- Je comprends. Je peux programmer un rendez-vous pour lundi prochain si vous le voulez.
Le poids qui écrasait encore sa poitrine jusque là s'allégea un peu.
- Oui, répondit-il, ça me convient parfaitement. »
§§§§
Il sentait la colère l'envahir peu à peu et il n'arrivait même pas à être surpris.
Parce que Regina lui avait arraché Belle pendant vingt-huit ans (oui, il l'avait chassée le premier mais elle voulait lui revenir et sans la méchante reine elle aurait réussi) et si il avait su qu'elle était toujours en vie il aurait pu tenter de faire en sorte qu'à défaut d'être heureuse avec lui, elle ne soit pas complètement malheureuse et misérable.
Mais il n'avait pas pu le faire, parce que son ancienne élève en avait décidé autrement.
Et il l'avouait, il avait envie de se venger.
Il aurait pu le faire, il le pouvait encore même, il était à nouveau le Ténébreux, sa magie chantait dans ses veines, comme autrefois, et les voix de ses prédécesseurs envahissaient régulièrement sa tête, l'exhortant à suivre ce sombre chemin qu'il avait déjà emprunté tant de fois.
Celui des ténèbres, celui de la vengeance cruelle, aveugle et sanglante.
Ça aurait été si facile, si simple de le faire, de céder, il pouvait faire appel au spectre, et Regina était sans magie (même si ça n'avait pas été le cas, il restait plus puissant qu'elle de toute façon), seule, isolée, vulnérable et enfermée à double tour dans une cellule.
Oui il pouvait parfaitement la tuer.
Quelque chose le retenait pourtant.
Belle.
Belle qu'il venait à peine de retrouver et qu'il ne pouvait pas perdre à nouveau, parce qu'il lui avait fait une promesse, celle de ne pas s'en prendre à Regina, de ne pas recommencer comme autrefois, de ne pas redevenir celui qu'il était avant.
Et elle savait, oh oui elle savait pour Gaston, pour sa mort injuste, elle savait ce qu'il avait fait, et il avait lu la déception dans ses yeux quand il lui avait raconté ce qu'il s'était passé, et il était tout sauf idiot.
Il savait que si jamais elle arrivait à le pardonner pour ça, elle ne le ferait pas une deuxième fois si jamais il retombait dans ses anciens travers.
Et il y avait Neal aussi, Baelfire, le petit garçon devenu homme qu'il venait à peine de retrouver, et qu'il ne supporterait pas non plus de perdre lui aussi, pas après deux cents de séparation qui venaient à peine de s'achever.
Il avait bien conscience que son fils lui en voudrait pour les mêmes raisons que Belle, et Belle saurait, oui elle saurait que c'était lui le responsable, et alors Neal saurait à son tour.
Et il les avait déjà perdus tous les deux à cause de ses propres actions autrefois, il ne voulait pas que ça recommence.
Alors il laissa sa dague et le médaillon de côté et renonça à son projet.
Qui sait, peut-être que le simple fait d'assister à sa chute serait suffisant pour qu'il se sente vengé.
§§§§
La dernière fois que Blanche-Neige était allée au commissariat, c'était pour payer la caution d'Emma, se souvint-elle.
C'était avant que tout ne bascule et qu'elle ne se souvienne de qui elle était réellement.
Que l'institutrice Mary-Margaret ne se rappelle avoir été la princesse Blanche-Neige.
Elle l'était toujours d'ailleurs, et elle était mère aussi, et ça semblait tellement fou, et elle…
Il y avait quelqu'un qu'elle devait revoir.
Quelqu'un qu'on lui avait arraché.
Quelqu'un à qui elle n'avait jamais pu dire au revoir.
Le Chasseur, celui qui lui avait sauvé la vie la première fois que son ancienne belle-mère avait essayé de la tuer, celui sans qui rien de tout ça n'aurait été possible, l'homme sans lequel Emma n'existerait définitivement pas.
Et elle n'avait jamais pu lui dire merci.
Elle n'en avait pas eu le temps, parce qu'elle devait fuir, fuir à toutes jambes et le plus loin possible, sans se retourner, pour que jamais la reine et ses soldats ne la retrouvent.
Elle n'avait jamais su réellement ce qui était arrivé à son Chasseur, le premier à s'être élevé contre Regina pour elle, le premier qui lui avait montré qu'elle pouvait être forte.
Elle savait qu'il était le prisonnier de la reine, bien sûr, et Charmant lui avait parlé de ce garde qui lui avait sauvé la vie à l'époque où elle était sous la malédiction du sommeil éternel, et elle avait su que c'était lui, mais après…
Elle n'avait plus eu de nouvelles.
Et maintenant elle savait où il était, qui il était et enfin, enfin elle allait pouvoir revoir son ami.
Le serrer dans ses bras et lui dire merci.
« Graham ? S'écria-t-elle alors et en croisant son regard, elle y vit de la surprise, mais aussi de la joie et il se leva aussitôt, s'écartant de la personne avec qui il était en train de parler (le nouveau venu en ville, August, si elle se souvenait bien) avant de se diriger vers elle.
- Blanche-Neige ? Lui répondit-il, presque incrédule, comme si il n'arrivait pas à croire qu'elle puisse vraiment être là, qu'ils soient tous les deux libres de la méchante reine, enfin, après tout ce temps, après plus de vingt-huit années, et même plus pour lui. »
Elle lui sourit et lui ouvrit les bras, dans lesquels il se jeta immédiatement, sans la moindre hésitation.
Elle ne lui demanderait pas ce que Regina lui avait fait autrefois, quand il était son prisonnier.
Pas tout de suite.
Pas aujourd'hui.
Non, aujourd'hui, elle allait juste savourer le fait qu'ils étaient tous les deux en vie et libres.
§§§§
Emma regarda l'intérieur du Granny's et sourit.
La situation était… particulière.
La malédiction était brisée, enfin, et personne ne savait exactement ce qui allait se passer par la suite, comment ils feraient pour gérer leur double identité, leurs souvenirs retrouvés, ou les vingt-huit ans de séparation d'avec leurs proches ou même de ce qui allait advenir de Regina.
Mais là, tout de suite, ça ne comptait pas, ça n'avait pas d'importance.
Pour l'instant, ils faisaient la fête, parce qu'ils y avaient bien droit, parce que enfin, ils étaient redevenus eux-même.
Ils penseraient à ce qu'il leur resterait à faire un autre jour.
Aucun d'eux n'aperçut le navire qui approchait peu à peu du port de Storybrooke, lentement et sans bruit.
A suivre…
