L'obscurité arrive.
Titre du 17/10/2021 : L'obscurité arrive
Gémeaux : Regina (OUAT)
R : Regina Mills
Créature 38 : Sorcière
Prénom 49 : Emma
Quatre aspects d'Odin – mythe nordique : Dieu de la magie et du savoir : Écrire sur Loki ou sur un sorcier avec un grand savoir.
91. A présent, elle savait la vérité, et l'aigreur de la bise n'était plus rien en comparaison de ce qu'elle ressentait au creux de son ventre.
44) 50 nuances de OUAT
8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 200 citations CDR, 50 nuances)
Storybrooke…
Vingt-huit ans qu'ils attendaient cela, qu'ils essayaient d'enfin venir dans le monde sans magie, et des semaines, des mois qu'ils tentaient de trouver un moyen, un portail, quelque chose, n'importe quoi.
Et enfin, ils y étaient arrivés.
Ils étaient là, où personne ne les attendait, ils n'étaient pas supposés avoir réussi après tout, pas après ce qu'il s'était passé chez le géant, pas alors que Neal et Henry ignoraient que Crochet avait récupéré un haricot magique desséché et surtout qu'il était parvenu à le faire fonctionner à nouveau en utilisant la magie du lac Nostos.
(Ils ne savaient même pas si l'enfant et l'adulte avaient réussi à trouver un portail à ouvrir pour rentrer chez eux en fait.)
Il avait dû revenir au camp ensuite, trouver un moyen de faire en sorte que Cora puisse sortir de sa prison sans que qui que ce soit ne s'en rende compte, avant d'aller au lac et de jeter le haricot dans ce dernier une fois que la sorcière lui avait rendu ses propriétés magiques.
Ça leur avait pris du temps, mais en fin de compte, ça avait payé.
Ils étaient allés dans le lac, ils avaient franchi le portail, et maintenant ils étaient là.
Ils étaient là et personne ne le savait.
Et Crochet s'en réjouissait, il était un pirate, il travaillait souvent ainsi, tapi dans l'ombre.
Il ne savait pas encore quand ou comment il allait frapper Rumplestiltskin, mais il allait le faire, et ce serait encore mieux si le vieux crocodile ne s'attendait à rien, ne le voyait pas venir, lui qui se targuait pourtant de tout voir.
La seule chose qui le préoccupait dans tout ça, c'était Baelfire.
Enfin, Neal.
Si il avait réussi à rentrer, ce qui était une hypothèse probable, alors il y avait une chance (ou un risque selon le point de vue) qu'il se trouve également à Storybrooke.
Il n'avait aucun moyen de savoir pour l'instant si le jeune homme était parvenu à partir de la Forêt Enchantée, mais en un sens, même si ça risquait de contrarier ses plans, il l'espérait secrètement, au moins un peu.
Il ne méritait définitivement pas de rester bloqué dans un monde où il n'avait aucune envie d'être, d'être encore une fois un prisonnier, tout comme…
Tout comme deux cents plus tôt quand il l'avait livré à Peter Pan…
Voilà pourquoi il n'avait pas cherché à les poursuivre, pas cette fois, pas après ce qu'il lui avait fait autrefois.
Ce ne serait certainement pas suffisant pour que Baelfire accepte un jour de le pardonner pour sa trahison, mais en le laissant partir, la deuxième fois, il espérait pouvoir se racheter pour ce qui était arrivé au Pays Imaginaire, au moins un peu.
Il n'avait pas révélé non plus l'identité de celui qui n'était plus un inconnu pour lui à Cora pour cette même raison, et parce qu'il savait qu'elle aurait fait tout ce qui était en son pouvoir pour se servir de cette information contre Rumplestiltskin.
Il voulait s'en prendre au Ténébreux, mais il n'avait pas la moindre intention d'embarquer son fils dans toute cette histoire, il méritait de rester loin de tout ça.
Aussi, il espérait sincèrement que Neal ait fait ce qui paraissait le plus probable et le plus logique, et qu'il ait fui loin, très loin de son père en arrivant de nouveau dans le monde sans magie.
(Malheureusement pour lui, Neal Cassidy n'avait jamais été la plus logique des personnes.)
En voyant une boule de feu se former dans la main de la reine de cœur, il réalisa alors qu'il y avait de la magie à Storybrooke.
Et que donc son ennemi avait très probablement récupéré la sienne.
Bon…
Il n'avait plus qu'à mettre la main sur sa dague dans ce cas-là.
§§§§
Le lendemain.
Blanche-Neige aurait aimé pouvoir continuer de vivre dans le déni.
Ça aurait été plus simple comme ça, elle aurait pu ignorer le problème, ne pas y penser, ne pas se soucier de ce qui était arrivé autrefois, dans la Forêt Enchantée.
Ne pas être une nouvelle fois confrontée à une autre horreur perpétrée par son ancienne belle-mère, même si celle-ci remontait à vingt-huit ans désormais.
Mais elle devait savoir.
Parce que Graham avait été seul à l'époque, seul dans cet immense château vide et froid, prisonnier de la méchante reine et que personne ne l'avait jamais aidé.
Parce qu'elle n'avait pas pu le sauver.
Elle avait essayé pourtant, et si elle était parvenue à survivre à sa belle-mère, jamais elle n'avait réussi à secourir le chasseur, à l'arracher des griffes de la sorcière, et ça avait été l'un de ses plus grands regrets.
Maintenant il allait bien, il était sauf, mais ce n'était pas grâce à elle.
Et même si elle ne voyait rien de ce que Regina lui avait fait, elle le savait.
Pour lui avoir sauvé la vie autrefois, il avait forcément dû en souffrir.
La reine avait bien tué des gens qui ne lui avaient rien fait juste parce qu'ils avaient voulu protéger Blanche-Neige, alors comment avait-elle traité quelqu'un qui lui avait désobéi ?
Cette question hantait la princesse depuis qu'elle avait récupéré la mémoire.
« Graham ? L'interrogea-t-elle le lendemain, une fois la fête passée et alors que d'autres questions quant à leur avenir à tous commençaient déjà à se poser. Est-ce que je pourrais te parler ?
Il lui sourit, et elle se demanda depuis combien de temps exactement il faisait semblant, semblant que tout allait bien, semblant d'être heureux, depuis combien de temps au juste il portait un masque sur le visage.
Elle savait qu'il se souvenait de qui il était depuis plus longtemps qu'eux, avant que la malédiction ne soit brisée, et pourtant elle n'avait rien vu, elle n'avait vu aucun changement chez lui, alors même qu'il bataillait pour ne pas se perdre entre deux identités qui n'avaient rien à faire ensemble.
Elle se demanda comment il avait fait pour tenir sans s'écrouler.
- Oui bien sûr, qu'est-ce qu'il y a ?
Ils n'étaient pas au commissariat ni même en ville, mais en forêt, comme durant leur première rencontre, et elle espérait que cet environnement familier et rassurant rendrait ce qu'elle avait à lui demander moins douloureux à évoquer.
Mais elle ne se faisait guère d'illusions non plus, elle savait déjà que cette conversation serait difficile, pour tous les deux.
- D'abord, je voudrais te dire merci. À nouveau.
La veille quand ils s'étaient retrouvés, elle l'avait remercié, encore et encore, le cœur débordant de gratitude, parce qu'il lui avait sauvé la vie, et que sans lui, rien de tout cela n'aurait été possible.
Et elle tenait à ce qu'il le sache, qu'il ne l'oublie jamais, parce que après tout ce qu'il avait perdu, tout ce qu'il avait sacrifié pour sa famille… il méritait bien ça.
Il se contenta de lui sourire, acceptant ses remerciements, et en un sens, ça lui brisa le cœur.
Elle voulait pleurer, lui demander pardon de ne pas avoir pu le sauver, d'avoir été tellement incapable de le protéger, et elle ne savait même pas exactement ce qu'il avait vécu, et ça la rongeait de l'intérieur.
Elle voulait le serrer dans ses bras et lui dire que tout irait bien, mais elle ne pouvait même pas être sure de ça, parce que qui lui disait que Rumplestiltskin allait se tenir tranquille, ou que Regina n'allait pas récupérer ses pouvoirs du jour au lendemain et décider de tous les tuer pour garder Henry pour elle toute seule ?
Ou même que Cora et Crochet ne trouveraient pas un moyen d'ouvrir un portail vers leur monde ?
C'était une possibilité qui pouvait raisonnablement arriver, et ils avaient déjà assez d'ennemis et d'ennuis comme ça, ils n'avaient pas besoin que d'autres se rajoutent.
Graham était son allié et son ami, et pourtant, encore une fois, elle n'était pas sure de parvenir à le protéger.
- Et aussi, ajouta-t-elle d'une voix tremblante, je voulais te poser une question.
En voyant son air sérieux et grave, il sut que ça devait forcément être important, avec probablement un lien avec la malédiction ou la ville ou tout autre chose.
- Je t'écoute.
Elle regarda la forêt autour d'eux, pour se donner du courage.
Oh comme les choses avaient changé depuis la dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés dans une situation similaire.
Eux aussi ils avaient changé.
- Qu'est-ce que Regina t'a fait ?
Elle le vit se figer et blêmir, alors que son visage se décomposait, et elle sut alors, elle sut que c'était bien pire que tout ce qu'elle avait jamais pu imaginer.
Elle ne voulait plus savoir soudainement, et pourtant elle savait qu'elle le devait.
Elle devait faire ça pour lui, alors elle essaya de ne pas flancher.
- Il faut que je sache, si jamais tu es d'accord pour en parler, mais je dois savoir, parce que je me souviens maintenant, et tu as été son prisonnier pendant si longtemps, et je ne sais pas ce qui t'es arrivé et ça me rend malade parce que… je me sens responsable.
- Ce n'est pas de ta faute, l'interrompit-il immédiatement, ça n'a jamais été ta faute, et ça ne le sera jamais, tu m'entends Mary… Blanche-Neige ?
Elle acquiesça.
- Je sais oui, mais… Elle sentit un sanglot monter dans sa gorge. Tu étais seul et moi je n'étais pas là, et je suis tellement désolée, et je… Je sais que ça va me faire mal, mais je dois savoir, alors s'il te plaît, dis-moi. Graham, qu'est-ce qu'elle t'a fait ?
Il rit alors.
Un rire douloureux et triste, qui lui brisa le cœur en mille morceaux.
- Par quoi est-ce que je commence au juste ? Demanda-t-il, une question qui n'attendait pas vraiment de réponse, et qui lui permettait uniquement de retarder l'inévitable.
- Je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas.
Elle aurait voulu pouvoir remonter le temps et empêcher tout ça.
Mais puisqu'aux dernières nouvelles c'était impossible, elle essaya de réprimer son sanglot et les larmes qui commençaient à lui monter aux yeux pour l'écouter.
Et ce fut là qu'il parla, lâcha les mots, terribles, affreux, l'acre et douloureuse vérité, les mots qui tranchent et blessent la chair sans la moindre pitié.
- Elle m'a arraché le cœur.
Elle aurait dû s'y attendre.
Ça n'empêcha pas l'horreur et l'effroi d'envahir tout son être pour glacer tout son corps, parce que seigneur dieu, c'était si… cruel.
La princesse savait que son ancienne belle-mère arrachait des cœurs, elle le savait depuis des années, mais d'ordinaire, c'était pour tuer des gens, elle avait même tué son propre père pour lancer la malédiction, mais qu'elle l'ait fait pour le punir, le contrôler, ça lui faisait tellement mal.
A présent, elle savait la vérité, et l'aigreur de la bise n'était plus rien en comparaison de ce qu'elle ressentait au creux de son ventre.
Et le pire, c'était qu'elle savait qu'il n'y avait probablement pas que ça.
- Je suis désolée Graham. Je suis tellement désolée.
Elle se souvenait avoir failli tuer Regina autrefois, après avoir bu la potion du Ténébreux, lorsque son cœur s'assombrissait peu à peu et que la vengeance était la seule chose qui restait présente dans son esprit, et que Charmant en avait complètement disparu.
En rétrospective, elle aurait préféré aller jusqu'au bout, et maintenant qu'elle avait entendu ça, la perspective de son cœur se noircissant pour toujours après le meurtre de la souveraine lui semblait être un prix bien peu cher payé si cela avait permis de débarrasser le royaume de ce monstre.
(Serait-elle devenue une nouvelle Regina après ça ?
Est-ce que David, ou les nains, ou Scarlett, auraient été obligés de l'enfermer voire de la tuer pour l'empêcher de nuire à nouveau ?
Et surtout, ça aurait signifié qu'Emma n'aurait jamais existé.
Elle préféra ne pas penser à ça.)
- Et elle a… elle a… »
Il lui raconta tout.
Et Blanche-Neige sentit tout ce qu'elle avait pu ressentir de positif ou d'aimant envers Regina Mills peu à peu disparaître pour toujours.
Après tout ce qu'elle avait fait, comment pourrait-elle jamais la pardonner un jour ?
Elle avait essayé ces dernières semaines, elle avait vraiment essayé de devenir une meilleure personne, de changer, de rendre aux habitants de Storybrooke les vies qu'elle leur avait volées, mais elle ne l'avait fait qu'en étant au pied du mur, et surtout, trop tard, et ce n'était pas assez.
Ce n'était pas suffisant, et surtout, cela ne le serait sans doute probablement jamais, même si elle se repentait sincèrement et honnêtement pour ses crimes, jamais ce ne serait assez pour qu'elle accepte de la pardonner.
Pas alors que, pas alors qu'elle…
Blanche-Neige avait envie de vomir.
(Et aussi, ça voulait dire qu'il devait la côtoyer maintenant qu'elle était incarcérée, qu'il devait voir en permanence celle qui avait détruit sa vie et fait de lui son prisonnier.)
Elle avait soudainement envie de reprendre son arc pour aller au commissariat et ficher une flèche tout droit dans le cœur de la mairesse déchue.
Elle ne le ferait pas.
Parce qu'elle n'était pas une tueuse, elle n'était pas Regina.
Et pour Henry aussi.
Mais désormais, elle saurait, oh oui elle saurait, et surtout, elle n'oublierait pas.
Et elle veillerait, elle observerait attentivement, guettant le moindre faux pas venant de la méchante reine.
Et à ce moment-là, elle frapperait si besoin.
Il était hors de question qu'elle prenne le risque de la laisser à nouveau s'en prendre à sa famille.
Plus jamais.
Et si la lutte devait continuer, alors soit.
Elle serait là.
Toujours.
A suivre…
