Je n'ai pas peur de vous.

Poisson : Neal Cassidy / Baelfire (OUAT)

N : Neal Cassidy

Créature 38 : Sorcière

Prénom 41 : Neal

Quatre aspects d'… Histoires d'Angie : Drama : Écrire un texte qui se termine mal ou sur un personnage qui vit une épreuve compliquée

44) 50 nuances de OUAT

6 défis fusionnés (horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 50 nuances)

Au final, la discussion ne s'était pas si mal passée que ça au vu des circonstances.

Certes, Emma était toujours en colère contre lui, mais une fois le malaise dissipé entre eux, la conversation avait suivi un cours normal, un peu comme autrefois, comme avant, quand ils étaient amis et qu'ils étaient tous les deux la seule personne en qui l'autre avait confiance.

Aussi, quand il sortit du restaurant, il était de plutôt bonne humeur.

Bien évidemment, ça n'allait pas durer.

Et ainsi, pour la deuxième fois de la journée, alors qu'il croisait la route d'August Booth, il maudit une nouvelle fois la petitesse de la ville dans laquelle il se trouvait.

Sauf que, alors que le pantin de bois se dirigeait vers lui, il réalisa quelques secondes plus tard que ça ne pouvait pas être un hasard.

Et en effet, peu après, l'ancien résident de la Forêt Enchantée lui adressa quelques mots.

« Est-ce que je pourrais te parler ?

Apparemment la politesse était en option aujourd'hui, mais Neal n'eut même pas envie de le relever ou de s'en agacer, tout ce qu'il voulait c'était que cette conversation s'achève le plus rapidement possible alors même qu'elle n'avait pas encore réellement commencé.

- Tu peux toujours, lui rétorqua-t-il d'un ton sec et ironique, mais ça ne signifie pas que je suis obligé de t'écouter ou même d'en avoir quoi que ce soit à foutre.

Après avoir prononcé ces mots, il regretta presque de les avoir dits alors qu'il examinait plus attentivement Pinocchio.

Ce dernier n'avait semble-t-il définitivement pas envie d'être là, tout comme lui, et il y avait quelque chose d'autre, dans l'expression de son visage, comme si…

Comme si il souffrait.

Puis il perçut le mouvement de sa main gauche qui se posait sur sa jambe en permanence, et il ne put s'empêcher de froncer les sourcils.

Qu'est-ce qu'il se passait exactement ?

Il pensa brièvement à sa transformation progressive en pantin de bois, mais ça ne pouvait pas être ça, pas vrai ?

La magie était revenue et la fée Bleue était là, alors tout devait aller bien, non ?

- J'ai besoin de ton aide, lâcha immédiatement Pinocchio sans tenir compte de ce qu'il venait de lui dire.

Neal ne put s'en empêcher, il éclata instantanément de rire.

Lui, il venait lui demander de l'aide ?

Alors ça c'était vraiment la meilleure.

L'expression du visage du fils de Geppetto ne changea pas et Neal cessa finalement de rire.

- Putain. En plus de ça t'es sérieux en fait. Bon, c'est à quel sujet ?

August le regarda alors comme si il était un parfait idiot.

- C'est au sujet de ma jambe, quoi d'autre ?

Il fronça à nouveau les sourcils.

- Ta jambe ? Comment ça, je comprends pas.

- Je suis en train de me transformer en bois et ça n'a pas l'air de vouloir s'arrêter.

Un air de confusion totale apparut sur le visage de Baelfire.

- Mais attends… la magie est revenue et la fée Bleue a bien récupéré la mémoire non ? Alors je pensais que c'était réglé, ou sur le point de l'être. Et je sais que t'as merdé mais quant même, la connaissant, elle ne serait pas du genre à refuser de t'aider pour cette raison.

Il grimaça.

- Je suis déjà allé la voir, et je lui ai demandé si elle pouvait faire quelque chose pour moi. Elle m'a dit que sa magie ne pouvait rien faire pour moi.

Quoi ?

Neal ouvrit la bouche puis la referma sans rien dire, interloqué.

- Mais… mais c'est absurde ! S'exclama-t-il peu après. Enfin, elle… elle t'a littéralement donné la vie. C'est sa magie qui t'a créé, alors comment… comment est-ce qu'elle peut être incapable de faire quoi que ce soit ?

Ça n'avait absolument aucun sens.

Et il avait beau ne pas porter l'auteur dans son cœur, même si une partie de lui lui souhaitait de souffrir, il savait bien, objectivement, que son châtiment était absolument abominable et qu'il ne méritait aucunement ce qui était en train de lui arriver.

- Sa magie n'est pas assez puissante pour ça. Je ne sais pas si c'est parce qu'on est dans le monde sans magie ou pour une autre raison, mais… elle ne peut pas. C'est pour ça que je suis venu te voir.

Pourquoi lui au juste ?

Il n'y connaissait rien en magie, il détestait ça purement et simplement, il…

Oh.

La connexion se fit finalement dans son esprit, et il réalisa soudainement pourquoi il était venu le voir.

Son père était un sorcier immortel et l'un des plus puissants qui soit.

- Tu veux que je demande à mon père de régler ton problème de transformation progressive en pantin de bois, déduisit-il alors.

- Oui.

- Et tu préfères m'en parler à moi plutôt qu'à lui.

- Il voudra que je passe un marché avec lui et je préférerais éviter. »

Neal le comprenait étrangement.

Il acquiesça.

Il aurait pu dire non.

Il avait toutes les raisons de le faire, déjà parce qu'il ne lui devait absolument rien, ensuite parce qu'il lui en voulait encore, et enfin parce que ça aurait été l'occasion parfaite de le faire payer pour ce qu'il s'était passé dix ans plus tôt.

Après tout, si il était condamné à redevenir une marionnette parlante à défaut d'inerte (encore que, comment savoir ce qui arriverait une fois la transformation achevée ? Après tout ils étaient dans le monde sans magie, pas dans la Forêt Enchantée, la magie marchait probablement différemment ici), c'était bien par sa propre faute et à cause de ses actes, non ?

Alors il pouvait bien le faire payer pour ça, se venger de cette manière, ce ne serait que justice, pour lui mais surtout pour Emma.

Une part de lui-même, la plus sombre bien sûr, avait envie de le faire, de le laisser comme ça, dans cette situation de détresse et de désespoir, de le laisser se noyer dans la culpabilité, jusqu'à ce qu'elle l'étouffe et qu'il ne puisse plus respirer, probablement même au sens littéral.

C'était tentant de le faire, vraiment, et ça aurait été facile aussi, oh, si facile de le faire, un simple non, et c'était terminé, et savoir qu'il possédait ce pouvoir était à la fois grisant et terrifiant, et il était presque prêt à le faire, mais…

Mais…

Comment pouvait-il demander à son père de devenir un homme meilleur, un homme bon, si il n'en faisait pas de même ?

Et de toute façon, Pinocchio n'était pas le seul qui avait des choses à se reprocher dans cette histoire, et puis, si il voulait qu'Emma lui pardonne un jour, il devait apprendre à faire de même, apprendre à pardonner.

Même si ça devait impliquer d'aider un type qu'il ne pouvait pas voir en peinture.

Après plusieurs minutes de silence, il finit par soupirer.

« C'est d'accord, je vais lui parler. Et puis, comme ça, ça lui donnera l'occasion de me prouver qu'il essaie vraiment de changer.

August ne put s'empêcher de laisser échapper un soupir de soulagement.

- Merci. Et Neal… je sais que tu n'as pas voulu l'entendre hier, mais… je suis désolé pour ce qui s'est passé. Vraiment.

Neal lui envoya un sourire à la fois triste et ironique.

- Il est un peu trop tard pour ça, lâcha-t-il avant de partir. »

§§§§

Regina n'était vraiment pas surprise de voir débarquer Graham dans le commissariat.

Déjà parce que aux dernières nouvelles, il en était toujours le shérif, et surtout parce que, maintenant que la malédiction était brisée et qu'il se souvenait définitivement de tout, la confrontation entre elle et lui était de toute évidence inévitable.

Et en ce début d'après-midi, le commissariat était à l'heure actuelle complètement vide, aussi il n'y aurait personne à part eux pour assister à leur entrevue.

Et soudainement, alors que le regard blessé et accusateur du shérif se posait sur elle, elle comprit pour de bon que peu importe tous ses efforts pour devenir une meilleure personne, ça ne changerait dans le fond jamais rien.

Il y avait des choses qu'elle ne pourrait jamais se faire pardonner.

« Est-ce que tu sais ce que ça fait de se faire arracher le cœur ? Lui lança-t-il sans préambule, les bras croisés contre sa poitrine, comme si, alors même qu'il se trouvait à plusieurs mètres d'elle, qu'elle était enfermée et qu'elle n'avait plus sa magie, il craignait qu'elle ne le refasse à nouveau.

Elle n'essaya même pas de le rassurer en lui disant que ce n'était plus son intention, et ce même si elle avait eu à nouveau ses pouvoirs, parce que quelle raison avait-il de lui faire confiance au juste ?

Aucune, évidemment, et ils le savaient bien tous les deux.

- Non, lui répondit-elle avec honnêteté. Je ne le sais pas. »

Sa mère avait été cruelle avec elle, et Rumplestiltskin aussi, mais jamais ils ne lui avaient fait subir ça.

Sans compter qu'elle avait déjà arraché le cœur d'autres personnes, mais le sien, jamais.

(Ça devait sûrement être différent d'ailleurs parce que cette fois ce n'était pas le fait de quelqu'un d'autre, ce n'était pas une intrusion non désirée venant d'une autre personne, non, c'était un choix conscient et délibéré et pas une perte de contrôle.)

Alors non, contrairement à lui, elle ne savait pas ce que ça faisait, mais elle se souvenait de l'expression de son visage à l'époque, du désespoir et de la douleur, l'horreur à la simple idée de ne plus rien ressentir et de se faire contrôler, et elle se rappelait aussi de sa mère utilisant sa magie sur elle, alors elle avait une petite idée de ce qu'il devait éprouver.

La souffrance, elle connaissait, oui, mais pas ce type de souffrance, ce creux, ce vide dans la poitrine en permanence, ce sentiment de n'être plus rien à part un pantin dont on pouvait manipuler les fils à sa guise sans qu'il puisse y faire quoi que soit.

Elle aussi elle avait été prisonnière dans une cage (une cage dorée certes, mais ça restait toujours une cage), mais elle avait toujours eu un semblant de contrôle sur sa vie, même à l'époque où elle était encore mariée au roi.

Pas Graham.

Et c'était entièrement de sa faute.

Et si il n'y avait eu que ça…

« Je ne le savais pas, tu sais, enchaîna-t-il, avant que… avant que mes souvenirs ne me reviennent, petit à petit, que je ne sache qui j'étais réellement, le chasseur, je… Enfin je me doutais que quelque chose clochait, mais jamais je n'aurais imaginé ça.

- Graham, je…

Il ne la laissa pas terminer.

- J'aurais une question à te poser Regina. Est-ce que… durant la malédiction, est-ce que tu t'es servi de mon cœur ? L'as-tu utilisé pour me contrôler ?

- Oui, une fois. Au tout début, avant que je n'installe la frontière entre Storybrooke et le reste du monde, quand Kurt Flynn et son fils Owen sont venus ici.

Son regard se voila.

- Je me souviens de ça. Je crois. Tu l'as tué, pas vrai ?

Regina acquiesça.

Une autre famille qu'elle avait brisée en mille morceaux.

- Ça ne devrait pas me surprendre, dit-il avec amertume. Il n'y a pas eu d'autre fois ? Reprit-il.

- Non. Pas directement en tout cas, mais comme la malédiction obéissait d'elle-même à mes volontés et que ça concernait aussi presque tous les habitants je n'ai jamais eu à le faire après. Pas une seule fois.

Graham la regarda droit dans les yeux, cherchant la moindre trace de mensonge dans ces derniers, sembla ne pas en trouver et hocha la tête.

C'était vrai d'ailleurs.

Elle ne mentait pas.

- Alors quand… quand on couchait ensemble, qu'on était amants, si tant est que le terme soit réellement bien choisi au vu de la situation, lui dit-il avec froideur, tu n'as jamais… Est-ce que tu as déjà utilisé mon cœur pour ça ?

- Non. Parce que je n'en ai pas eu besoin. Parce que tu ne savais pas qu'en réalité tu n'avais pas le choix alors que tu pensais l'avoir.

Elle aurait été hypocrite si elle avait prétendu le contraire, si elle avait osé affirmé qu'il avait le choix, parce que si il n'avait pas oublié, si il s'était souvenu de la vérité, jamais il n'aurait accepté de passer une seule nuit dans son lit.

Malgré tout c'était différent de ce qu'il se passait dans la Forêt Enchantée.

Là-bas, il savait que son consentement lui avait été volé, qu'il était pieds et poings liés, alors qu'à Storybrooke il avait cru avoir le choix, et en un sens il l'avait, parce que si il lui avait dit non elle l'aurait accepté, mais puisque la malédiction lui avait tout pris, et qu'il croyait que ce qu'ils avaient ensemble était normal, il aurait été incapable de le faire.

Dieux, cette situation était si tordue et malsaine que Regina sentit la nausée l'envahir.

Et c'était elle la principale responsable.

- Ça ne change rien au fait que ce n'était pas ce que je voulais, que tu le savais et que ça ne t'a pas empêché de ne pas en tenir compte, l'accusa-t-il.

- Oui. Je sais. Et je suis désolée.

- Vingt-huit ans bordel ! Rugit-il soudainement.

Elle sursauta et recula en voyant la colère brûler dans ses yeux.

À nouveau, elle se demanda si à un moment, une de ses victimes allait décider qu'elle préférait la vengeance à la justice et allait choisir de l'exécuter dans sa cellule, ici et maintenant, froidement et sans la moindre hésitation.

C'était probablement tout ce qu'elle méritait après tout.

- Tu… tu as décidé de faire durer ça pendant vingt-huit ans, tu aurais pu arrêter bien avant, mais non, il a fallu que tu… Tu as fini par arrêter, c'est vrai, et tu m'as rendu mon cœur, mais ça n'efface pas tout le reste. Et même en admettant que je ne tienne pas compte de ces vingt-huit années, et crois-moi j'ai du mal à le faire, il y a l'avant. Quand, dans la Forêt Enchantée tu as fait de moi ton prisonnier, ton esclave, que tu m'as arraché le cœur simplement pour avoir sauvé la vie d'une innocente. Et tu… Regina tu m'as violé merde !

Elle le savait.

Bien sûr qu'elle le savait.

Elle le savait déjà à l'époque où elle était la méchante reine vivant dans un somptueux palais et essayant de toutes ses forces de tuer sa belle-fille, elle l'avait toujours su et n'en avait rien eu à faire à l'époque parce qu'elle voulait uniquement le punir, et se venger sur quelqu'un, n'importe qui et déverser toute sa haine, sa colère et sa rage sur quelqu'un et qu'il était là.

Et puis il y avait eu Storybrooke, et par moments la culpabilité avait commencé à l'envahir, et elle l'avait repoussée loin, le plus loin possible, et si Graham n'était pas devenu son petit-ami dans ce monde, c'était bien parce qu'ils se voyaient peu finalement, même si ça ne changeait rien à ce qu'elle avait fait.

Puis Henry avait commencé à l'accuser, et la culpabilité était revenue, plus forte que jamais, et maintenant que tout le monde se souvenait, elle commençait lentement à l'étouffer.

Ça aussi elle le méritait.

- Je voulais me venger. Et ce que j'ai fait… je suis sincèrement désolée. C'est impardonnable.

Il savait qu'elle était désolée, mais ce n'était pas suffisant.

Il doutait que ça le soit jamais.

- Je crois que je suis en train de tomber amoureux, lâcha-t-il soudainement, formulant enfin à voix haute une pensée qui était peu à peu en train de se former dans son esprit depuis quelques jours, et vraiment n'était-ce pas si ironique que ce soit à elle qu'il parle de ça en premier ? Mais le problème c'est toi. Parce que je suis incapable d'arrêter de penser à toi quand je suis avec lui.

Dans d'autres circonstances, ça aurait pu être touchant comme aveu, ou même romantique, mais ça ne l'était pas.

- Je revois ce que tu m'as fait, je me souviens, je me souviens de tout, je me souviens de la douleur, de la peur, et j'ai peur. Peur que ça recommence, ce qui est idiot parce que je sais qu'il ne me ferait jamais ça, et que même si ça arrivait, je peux me défendre maintenant, mais… Je sais pas comment faire pour ne plus être affecté parce que ce que tu m'as fait. Et je ne sais pas si j'y arriverai un jour.

Regina se souvint alors de la journée précédente, de la proximité entre le shérif et le nouveau venu en ville, de leur complicité apparente qu'elle avait déjà remarqué auparavant sans vraiment y faire attention, et soudainement, elle sut de qui il parlait.

- C'est August Booth c'est ça ?

Il acquiesça.

- Tu pourrais demander à oublier. Je suis sure que Rumplestiltskin pourrait te faire une potion d'oubli efficace.

Il secoua la tête.

- Non. Je ne veux pas revivre la même situation que durant la malédiction. Et de toute façon, ce genre de traumatisme, ça revient toujours à la surface. Et je veux qu'au moins une personne se souvienne de ce que tu as fait.

- Est-ce que tu vas me tuer Graham ?

Il sursauta, ne s'attendant probablement pas à cette question.

- Non. Je ne vais pas te tuer. Je ne suis pas un tueur, je ne suis pas… toi.

- Et les autres habitants ?

- Tout le monde te déteste et beaucoup souhaitent te voir morte. Tu auras un procès de toute évidence, et à ce moment-là… nous aviserons concernant ton sort.

Elle hocha la tête.

- Je vois. »

Son avenir ne s'annonçait pas brillant.

Mais ce n'était pas vraiment comme si elle s'attendait à autre chose.

§§§§

Le soir-même, Regina reçut une autre visiteuse.

Là aussi elle ne fut pas vraiment étonnée, mais elle ne put empêcher un mélange de haine, de tristesse, et de colère, de honte et de culpabilité de l'envahir alors qu'elle découvrait son identité.

Parce qu'il s'agissait de Blanche-Neige.

Apparemment elle aussi elle était venue régler ses comptes avec son ancienne belle-mère…

A suivre…