Une nuit sans fin.
Titre du 16/08/2021 : Une nuit sans fin
Gémeaux : Regina (OUAT)
R : Regina Mills
Créature 38 : Sorcière
Prénom 49 : Emma
Quatre aspects des… Péchés capitaux : Colère : Écrire sur une dispute ou sur une personnage usant la violence physique
180. « C'était vous. »
44) 50 nuances de OUAT
8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 200 citations CDR, 50 nuances)
La première question de son ancienne belle-fille prit Regina par surprise.
« Est-ce que tu te souviens du jour où je t'ai sauvé la vie ?
Ce n'était pas seulement la question en elle-même qui était surprenante, il y avait le reste aussi, la façon dont l'ancienne institutrice lui parlait désormais, elle la tutoyait, là où elle l'aurait vouvoyée autrefois, en l'appelant madame Mills ou madame la mairesse.
Sans oublier le fait qu'elle la regardait droit dans les yeux, appuyée contre le mur et les bras croisés, sans la moindre peur, juste de la détermination ainsi que de la colère qui lui aurait presque fait peur si elle n'avait pas été la méchante reine.
Disparue, envolée la timide et impressionnable enseignante qu'elle pouvait terroriser en seulement quelques mots, Mary-Margaret Blanchard n'était définitivement plus.
Et Blanche-Neige l'avait remplacée.
Une preuve de plus qu'elle avait définitivement perdu.
La brune prit quelques secondes pour réfléchir à cette phrase, et en conclut rapidement qu'elle n'en avait aucune idée.
- Lequel précisément ?
C'était arrivé au moins deux fois pour ce qu'elle s'en rappelait, lorsque la princesse l'avait sauvée de ses propres soldats, et lorsque devenue reine elle avait décidé de ne pas l'exécuter alors que c'était ce que tout le monde voulait qu'elle fasse.
Peut-être aurait-elle dû la tuer ce jour-là, les choses auraient été bien différentes alors.
- Celui où je ne savais pas que c'était toi.
Oh…
Oui, celui-là.
Le jour où Rumplestiltskin avait utilisé la magie pour changer son apparence et où, privée de ses pouvoirs elle avait dû se reposer sur Blanche-Neige pour pouvoir survivre, où elle avait pu voir de ses yeux à quel point elle était haïe de tous.
Où elle avait cru pendant un infime moment que peut-être elle pourrait se réconcilier avec elle avant que l'horreur de ses crimes ne gâche tout encore une fois, parce que c'était bien ce qu'elle faisait, non ?
Elle détruisait tout ce qu'elle touchait.
- Je croyais vraiment à l'époque que tu pouvais te racheter, qu'il était encore possible pour toi de… de redevenir quelqu'un de bien. Qu'il n'était pas trop tard. Elle éclata d'un rire qui ressemblait plus à un sanglot qu'autre chose. J'étais une pauvre idiote naïve, pas vrai ? Tu as dû bien rire intérieurement en m'entendant raconter tout ça.
- Non, protesta immédiatement Regina, non pas pour se défendre mais parce que c'était la pure vérité. »
Elle se dit alors soudainement qu'elle n'avait pas pu se défendre à l'époque, qu'elle n'en avait pas eu le temps, et que plus tard la haine avait finalement terminé d'empoisonner son cœur au point où elle n'avait plus jugé nécessaire ou même important de le faire.
Ça n'aurait rien changé, ça n'aurait rien excusé, mais elle aurait juste voulu pouvoir lui dire…
Moi aussi j'étais sincère.
Elle aussi elle avait voulu ça, elle aussi elle avait voulu qu'elles reforment une famille, oublier sa haine et sa douleur, tout recommencer à zéro.
Mais elle avait déjà trop de sang sur les mains alors pour que ça puisse être réellement possible.
« Non, répéta-t-elle, au début… Au début je voulais… Je voulais te tuer, admit-elle, et il n'y avait aucune surprise ou horreur dans les yeux de Blanche, et dieux, quand donc s'était-elle habituée à ce que sa belle-mère soit un monstre ? Se demanda soudainement Regina.
Tu l'as emprisonnée et privée de ses souvenirs pendant vingt-huit ans, évidemment que c'est toi le monstre, lui souffla sa conscience.
C'était toi le monstre, et ça a toujours été toi.
C'est toujours toi d'ailleurs, et tout ce que tu feras jamais n'y changera rien.
- Mais tu m'as sauvé la vie, tu as pris soin de moi, et je… quand tu m'as parlé de pardon et de rédemption, je me suis surprise à me dire, oui j'aimerais bien ça. Que tu te battes pour moi malgré ce que j'avais fait, que tu me sauves. Je t'ai menti sur qui j'étais, sur mes intentions, mais… mais pas sur ça. Je te le promets. Il était sûrement déjà trop tard, même à l'époque. Peut-être qu'il a toujours été trop tard pour moi, dit-elle avec tristesse.
Avant qu'elle ne bascule, qu'elle ne tue Léopold puis qu'elle ne lance le chasseur à la poursuite de la princesse, là, elle aurait sûrement pu être sauvée, mais maintenant ?
Elle en doutait, et surtout, elle doutait que qui que ce soit veuille le faire, hormis peut-être Henry.
Blanche-Neige hocha la tête, des larmes dans les yeux.
- J'aimerais croire le contraire, croire que tu peux être sauvée, mais… je pense que je n'y crois plus.
Qu'un infime part d'elle y croit encore après tout ce qui s'était passé, tout ce qu'elle lui avait fait subir, était déjà miraculeux.
- Blanche-Neige, je… je suis désolée.
Elle était sincère, malgré toute la haine qui emplissait encore son cœur.
Elle était sincèrement désolée.
La fille de Léopold s'essuya les yeux.
- Je sais ce que tu as fait à Graham.
Regina se figea, interdite.
Oh.
Ça aussi elle aurait dû s'y attendre.
- C'est l'une des nombreuses raisons pour lesquelles je refuse de te faire confiance. Peut-être que tu es sincère, peut-être que grâce à Henry et à sa disparition tu veux réellement changer, mais… ça ne change rien à ce que tu as fait, ce que tu nous as fait, ce que tu as fait à ma famille, à David, Emma et à moi, à tous les autres, et à ce que tu peux faire encore. Je tenais juste à ce que tu le saches.
Regina acquiesça.
- Je comprends. »
Étaient-ce des regrets dans les yeux de son ennemie ?
Regina n'arrivait pas à voir autre chose, même si une part d'elle-même aurait préféré y voir de l'espoir, comme autrefois, quand tout n'était pas encore perdu.
(Mais elle avait tué l'espoir, comme tout le reste.)
« Au revoir Regina, j'espère… j'espère que tu es vraiment sincère. »
Puis elle sortit de la pièce et Regina s'autorisa enfin à s'écrouler.
Si elle avait pu remonter le temps et tout changer, elle l'aurait fait.
Cependant, elle n'eut pas le temps d'y penser plus longtemps qu'une voix résonna à nouveau dans le silence du commissariat de Storybrooke.
« Hé bien ma fille, je dois t'avouer que je ne m'attendais pas à une telle déchéance de ta part. »
La prisonnière sursauta, sentant un frisson glacial envahir tout son être alors qu'elle entendait cette voix qu'elle aurait cru ne jamais avoir à entendre à nouveau de toute sa vie.
Elle se leva, blême, et elle savait que ça risquait d'arriver, elle n'avait seulement jamais cru que ça se produirait pour de vrai.
« Mère ? S'exclama-t-elle stupéfaite.
Sortant de l'ombre, Cora lui sourit.
- Bonjour Regina. »
§§§§
C'était un cauchemar.
C'était l'histoire qui se répétait encore une fois, comme des décennies plus tôt, quand sa mère les avait surpris elle et Daniel dans les écuries alors qu'ils allaient s'enfuir et qu'elle se croyait hors de danger, à deux doigts de la liberté.
Mais c'était sans compter sur sa mère, bien décidée une fois de plus à détruire sa vie.
À la différence que cette fois-ci, elle était bel et bien prisonnière, enfermée dans une cage et entourée par des barreaux, incapable une nouvelle fois de s'échapper de sa prison, une prison dans laquelle elle était entrée de son plein gré.
Peut-être était-ce en cela qu'elle différait de la cellule dans laquelle sa mère l'avait jetée pieds et poings liés, la dernière fois, elle n'avait pas eu le choix.
(Elle ne l'avait pas plus maintenant, mais elle avait choisi le moins pire des deux, celui qui lui permettrait peut-être de devenir un jour une meilleure personne.)
Se reprenant une fois le choc passé, elle déclara d'une voix glaciale et qu'elle espérait royale et pleine de dédain :
« J'imagine que j'aurais dû m'y attendre.
Elle n'était plus une petite fille effrayée désormais, ni une adolescente facilement manipulable que sa mère pouvait utiliser à sa guise, elle n'était plus un pion, et elle ne le serait plus jamais.
Elle était Regina Mills, elle était la méchante reine, elle était la mairesse de cette ville, et sa mère lui avait posé de force cette couronne sur sa tête alors autant que ça lui serve un tant soit peu à quelque chose.
Il était hors de question qu'elle ait à nouveau peur d'elle, ou du moins, il ne fallait pas qu'elle le lui montre.
- Et moi qui espérais te faire une surprise, déclara Cora avec le sourire aux lèvres, d'une voix qui aurait pu sembler aimante pour n'importe qui ne la connaissant pas.
Mais Regina savait qui elle était, elle ne connaissait que trop bien toute la noirceur et les ténèbres nichées en elle, celles qui se trouvaient dans son propre cœur et qu'elle voyait dans ses yeux à chaque fois qu'elle se regardait dans le miroir.
Elle avait fait de nombreuses erreurs au cours de sa vie, mais la pire d'entre elles était sans conteste sa décision de faire payer Blanche-Neige pour le crime commis par la reine de cœur.
L'amertume l'envahit alors qu'elle constatait que celle qui avait tué son fiancé était toujours vivante, alors même qu'elle était persuadée encore peu de temps auparavant de l'avoir vue morte.
- Je suis heureuse de m'y être attendue, parce que dans le cas contraire la surprise aurait été encore plus désagréable.
- Voyons Regina, ce n'est pas là une façon d'accueillir ta mère.
Regina faillit éclater d'un rire sinistre en entendant cela.
Pour qui se prenait-elle par les dieux ?
Comment osait-elle ?
- Vous… Vous plaisantez j'espère !
Comment avait-elle jamais pu avoir de l'affection pour cette femme, comment avait-elle pu la laisser la manipuler à l'époque, comment avait-elle pu se laisser avoir par sa mère, par ce monstre ?
(Comment avait-elle pu la laisser la faire détester une gamine de dix ans alors qu'elle-même avait été manipulée aussi aisément par elle ?)
Elle avait déjà vu son vrai visage à l'époque, mais maintenant, ce dernier lui apparaissait encore plus clairement, maintenant qu'elle avait admit qu'elle était elle-même un monstre et qu'elle voulait changer.
Et la sentence qui en résultait était irrévocable.
Tout l'amour qu'elle avait jamais pu ressentir pour elle s'était pour de bon envolé.
- J'aurais préféré que ce soit vous, enchaîna-t-elle immédiatement, et Cora haussa un sourcil surpris. Quand j'ai jeté le Sort Noir, j'aurais voulu que ce soit votre cœur qui doive être écrasé, j'aurai aimé que ce soit vous la chose que j'aime le plus au monde. Mais… après ce vous avez fait à Daniel, comment aurais-je pu continuer de vous aimer comme avant ? De vous aimer autant que j'aimais papa ? C'était impossible.
- Je l'ai fait pour ton bien ma chérie.
La gorge de Regina se noua.
Toujours les mêmes excuses qui revenaient encore et encore.
- Pour mon bien. Bien sûr. Pour le votre vous voulez dire.
Toute sa vie, elle n'avait été rien de plus qu'une marionnette que sa mère croyait pouvoir utiliser et manipuler comme elle le voulait, sans jamais lui laisser le choix, sans jamais se demander ce qu'elle pouvait bien vouloir.
Et si Rumplestiltskin avait fait la même chose lui aussi, au moins, il l'avait fait dans le but de retrouver son fils perdu, et maintenant qu'elle était mère, qu'elle avait été dans la même situation que lui, elle pouvait comprendre ce genre de motivation.
Sa mère, elle, n'avait toujours agi que pour le pouvoir, et ça lui donnait envie de vomir.
- Je pensais que tu aurais fini par comprendre que je n'ai toujours agi que dans ton intérêt Regina.
La jeune femme serra les poings.
- Si je pouvais le faire, je vous tuerais sur le champ.
- Oh nous n'avons pas fait tout ce chemin jusqu'ici pour que je me fasse tuer par toi, c'est une évidence.
Regina fronça les sourcils.
- Nous ? Puis elle comprit. Oh. Crochet je suppose.
Cora sourit.
- Lui-même.
- Dites-moi mère, que lui avez-vous promis pour qu'il accepte de vous suivre ? Pour qu'il ne vous tue pas ?
- Je lui ai dit la vérité tout simplement, toutes ces choses que tu lui cachais.
Elle devait l'admettre, elle avait raison à ce sujet.
D'elles deux, sa mère n'était pas la seule à être une menteuse.
- Et puis, il a essayé tu sais… de me tuer. Mais c'est difficile d'arracher le cœur de quelqu'un quand ce dernier n'est pas à sa place. »
Regina ne mit que quelques secondes à comprendre, et l'électrochoc qui la traversa lui fit l'effet d'une gifle en plein visage.
Et soudain, en un instant, pour elle, tout s'éclaira.
Sa mère vivait sans cœur depuis des années, et cette froideur, cette intransigeance, cette cruauté, ce sentiment que jamais elle ne l'avait aimée, qu'elle ne pourrait jamais être suffisante pour elle…
Tout s'expliquait.
Et, l'espace de quelques fugitives secondes, elle se demanda ce qui se passerait si elle remettait le cœur de sa mère à sa place, si ça pourrait changer quoi que ce soit.
Puis elle réalisa rapidement que non, que sa mère ferait le choix de se l'enlever à nouveau si elle le pouvait la connaissant, et que de toute façon, ça n'effacerait rien de ce qu'elle avait fait.
« Vous vous être arraché le cœur vous-même, volontairement… Quand ?
- Peu de temps avant mon mariage avec ton père.
Alors ce n'était pas de sa faute si elle n'avait jamais pu l'aimer…
- Pourquoi ?
- Parce que l'amour est une faiblesse. »
Pourquoi n'était-elle même pas surprise de cette réponse ?
Regina regarda l'heure indiquée sur l'horloge et soupira.
Ça allait être une très longue nuit.
A suivre…
