La magie ne fait pas des belles choses.

Titre du 13/12/2021 : La magie ne fait pas des belles choses

Gémeaux : Regina (OUAT)

R : Regina Mills

Créature 38 : Sorcière

Prénom 72 : Henry

Quatre aspects de… Jane Villanueva (JTV) : Triangle amoureux : Écrire sur un personnage qui hésite entre deux choix ou sur un trouple

26. « Je fais ce que je veux ! »

44) 50 nuances de OUAT

8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 200 citations CDR, 50 nuances)

C'était ironique, non ?

Autrefois, elle avait voulu apprendre la magie pour être libre, et aujourd'hui, elle constatait que c'était la magie qui en fin de compte lui avait volé sa mère.

(Elle comprenait pourquoi le fils de Rumplestiltskin détestait tellement la magie désormais.)

La magie mais aussi le pouvoir, l'ambition de sa mère, et ses propres choix qui l'avaient amenée à choisir la couronne à tout prix en sacrifiant tout le reste sur l'autel de ses intérêts égoïstes.

Quand il s'agissait pour elle de se sortir de la misère, de ne plus être aux yeux du monde la fille du meunier, d'assurer sa subsistance et celle de sa famille, elle pouvait comprendre alors son besoin d'être dure et impitoyable, d'être forte à n'importe quel prix.

Mais après ?

Une fois devenue princesse, une fois son but atteint et son ambition satisfaite, elle aurait pu le remettre à sa place, redevenir celle qu'elle était avant, toujours aussi ambitieuse mais avec un cœur battant à nouveau dans sa poitrine et ressentant des sentiments comme n'importe qui d'autre à sa place.

Elle aurait pu faire le choix de redevenir humaine.

Ça ne s'était pas passé ainsi, et elle le regrettait parce que si Cora avait fait des choix différents, peut-être que…

Ou peut-être pas.

Peut-être que ça n'aurait rien changé, que cette ombre grimaçante tapie dans l'ombre qu'était le Ténébreux aurait tout fait pour manipuler leurs destins et les amener là où il voulait qu'elles soient, mais malgré tout…

Elle aurait voulu que sa mère fasse des choix différents, qu'elle soit une meilleure personne.

(C'était ce que Henry voulait pour elle, et elle était bien décidée à tout faire pour y parvenir.)

L'amour est une faiblesse.

En un sens c'était vrai.

C'était son amour pour sa mère qui l'avait aveuglée autrefois, qui l'avait empêchée de voir la vérité en face alors qu'elle la connaissait parfaitement, qui l'avait poussée à haïr une enfant innocente.

Aujourd'hui, le voile qui recouvrait ses yeux s'était déchiré pour de bon, et maintenant elle savait.

Jamais plus elle ne la laisserait la manipuler sans rien faire.

« C'est votre seule réponse ? Lança-t-elle à sa mère. Parce que l'amour est une faiblesse ?

J'avais besoin d'amour, voulut-elle lui hurler, j'avais besoin d'une mère aimante, j'avais besoin de toi, et tu n'étais pas là.

Mais elle ravala ses hurlements, encore une fois, parce que c'était comme ça qu'elle avait été élevée, parce que sa mère lui avait appris à se taire, et qu'elle n'était pas sure d'avoir assez de courage pour pouvoir lui tenir tête.

- C'est la vérité, se contenta de lui répondre sa mère.

- J'aime mon fils, riposta-t-elle, et ça ne me rend pas faible pour autant.

Cora regarda les barreaux autour d'elle avec un sourire ironique.

- Serais-tu enfermée dans cette cellule si c'était réellement le cas ?

Regina encaissa la pique sans broncher.

Elle faillit se mettre à sourire.

Sa mère avait tellement tort.

La faiblesse, ce n'était pas s'être laissée enfermer, non, être faible, ça aurait été redevenir celle qu'elle était autrefois au lieu de se battre pour devenir une meilleure personne, ça aurait été choisir la voie de la facilité, là où elle avait choisi le chemin le plus long, le plus difficile et surtout le plus douloureux aussi.

Là où Cora voyait de la faiblesse, Regina, elle, voyait de la force.

Elle ne s'en étonna pas, sa mère n'avait jamais vu les choses de la même manière qu'elle.

- J'aurais dû vous tuer au lieu de vous bannir au Pays des merveilles.

- Mais tu ne le feras pas. Tu ne peux pas le faire, pas depuis cette cellule, et tu n'as toujours pas récupéré tes pouvoirs, je me trompe ?

L'ancienne souveraine serra les dents.

Comment pouvait-elle savoir cela, comment pouvait-elle être déjà au courant de tellement de choses, comment est-ce que…

- Comment êtes-vous arrivée jusqu'ici ? Et quand exactement ?

- Hier soir. En utilisant un haricot magique desséché à qui j'ai redonné ses pouvoirs grâce au lac Nostos. Tu peux remercier Killian Jones, c'est lui qui l'a trouvé lors de son expédition chez les géants avec Neal Cassidy.

Oh.

Elle comprenait mieux désormais.

- Qu'est-ce que vous comptez faire maintenant que vous êtes ici ?

Un sourire calculateur se dessina sur le visage de la rousse, comme si elle attendait depuis le début de la conversation que sa fille lui pose la question.

- Justement, c'est pour ça que je suis là… J'aimerais te proposer un marché.

- Je pense que je vais décliner, si vos marchés sont semblables à ceux que propose Rumplestiltskin, alors je risque de ne pas aimer la contrepartie qui sera exigée, ou le prix à payer, lui dit sa fille d'un ton sec.

- Crois-tu réellement que je suis en train de te demander ton avis ? Lui demanda sa mère d'une voix autoritaire et brutale, la même voix que celle qu'elle avait utilisée autrefois, des décennies plus tôt pour lui ordonner de sécher ses larmes parce que bientôt elle serait reine.

Je fais ce que je veux ! Voulut-elle lui répondre, parce qu'elle avait été reine, elle était devenue comme elle, elle avait fait ce qu'elle voulait, et pourtant, ce n'était toujours pas suffisant, et cela le serait-il jamais ?

Non, évidemment.

Alors elle ravala tous les mots qu'elle aurait voulu pouvoir lui dire, et se jura qu'un jour, elle le ferait.

Un jour elle oserait parler, elle lui crierait ses quatre vérités au visage.

Ce jour-là elle hurlerait et elle serait entendue.

- De quoi s'agit-il mère ?

Autant jouer à la fille obéissante pour savoir ce qu'elle comptait faire.

- De l'anéantissement de la famille de Blanche-Neige, bien sûr, et de tous ses alliés. Il est temps que tu redeviennes la souveraine crainte de tous, et que tu récupères tes pouvoirs ainsi que ta couronne.

La brune la regarda estomaquée, se demandant comment elle pouvait encore être surprise que sa mère ait un projet pareil.

Ou plutôt non.

Ce qui la surprenait, ce n'était pas ses intentions, c'était plutôt le fait qu'elle puisse croire une seule seconde qu'elle avait la moindre envie de la suivre là-dedans.

Son choc dut se voir parce que la noble lui sourit.

- Naturellement, je ferai en sorte que tu conserves la seule chose qui ait de l'importance pour toi dans cette ville en dehors du pouvoir, à savoir ton fils.

- Mon fils qui va me détester si jamais je touche à un cheveu de sa mère, de ses grands-parents ou de n'importe qui d'autre dans cette maudite ville.

Le sourire de sa mère s'accentua.

- Pas nécessairement.

- Que voulez-vous dire ? Fit Regina en fronçant les sourcils.

Elle savait que le jour où elle tuerait Emma, Blanche-Neige ou David, si jamais elle le faisait, il n'y aurait plus que de la haine pour elle dans le cœur de Henry, c'était l'une des raisons pour lesquelles elle se refusait de le faire.

- Te souviens-tu de mon sortilège ma fille ?

- Lequel précisément mère ? Vous en possédez tellement, ironisa-t-elle.

- Le Sortilège du cœur vide, te rappelle-tu de ses effets ?

Regina se figea et sentit son cœur se glacer.

Oh que oui elle s'en souvenait, elle s'en rappelait parce que ce sort lui paraissait déjà abominable à l'époque, et c'était toujours le cas aujourd'hui.

Elle savait que l'une des règles de la magie était qu'on ne pouvait pas forcer une personne à en aimer une autre sincèrement par magie.

Ce sortilège avait essayé de la briser, sans le moindre succès, parce que ce n'était aucunement réel ou vrai, bien entendu.

- Oui mère, lui répondit-elle la gorge nouée et en sentant la nausée l'envahir. Il force une personne à en aimer une autre.

- Je vois que tu as bien retenu mes leçons et celles de Rumplestiltskin, je suis fière de toi.

Mais elle avait aussi été fière d'elle quand elle était devenue la méchante reine, aussi, Regina ne put empêcher l'amertume de l'envahir au lieu de se réjouir qu'une de ses actions ait enfin trouvé grâce aux yeux de sa mère.

Pourquoi fallait-il qu'elle fasse cela, pourquoi fallait-il qu'elle gâche toujours tout, pourquoi fallait-il qu'elle transforme toujours ce qui aurait pu être bien dans sa vie en cendres ?

- Merci mère, répondit-elle pourtant, ravalant ses larmes et son dégoût, comme toujours.

Puis, la réalité de ce que sa mère avait l'intention de faire la frappa.

- Tu… tu as l'intention d'utiliser ce sortilège sur Henry ?

- Oui, tu seras gagnante sur les deux tableaux, tu conserveras son amour inconditionnel, comme autrefois quand il ignorait la vérité à ton sujet, et tu pourras te débarrasser de Blanche-Neige en même temps. »

Mais mère, pensez-vous encore qu'elle est la personne que je hais le plus au monde ?

Avant, la réponse aurait été oui, sans la moindre hésitation, parce qu'elle avait haï Blanche-Neige pour ne pas avoir à haïr sa mère, mais maintenant…

Maintenant elle haïssait aussi sa mère de toute son âme, et était incapable de l'aimer comme autrefois, de l'aimer tout court.

Et à sa grande honte, alors que l'idée faisait son chemin dans son esprit, ce ne fut pas l'horreur qui l'envahit d'abord.

Non.

Elle se sentit tentée d'utiliser le sortilège sur Henry, sur son propre fils.

Avait-elle donc si peu changée que ça ?

(Oui, bien sûr que oui, on ne changeait pas ainsi en seulement quelques mois, aussi facilement, et elle le savait bien sûr, mais voir ressurgir les ténèbres qui avaient obscurci son âme et son cœur était toujours un choc pour elle.)

Ça aurait rendu les choses plus faciles, elle aurait pu avoir les deux, la vengeance et l'amour, sans avoir rien à sacrifier à part le peu de décence et d'humanité qu'il lui restait, et pourtant le dégoût refit rapidement surface.

Parce que ça aurait été exactement ce qu'elle avait fait à Graham, voler à son fils sa liberté et son libre-arbitre, lui voler le contrôle qu'il avait sur sa vie, ça aurait été faire de lui son prisonnier à vie.

Et ce n'était pas parce qu'il n'en aurait pas conscience que ça rendrait cette situation moins abominable d'une quelconque façon, bien au contraire, après tout Graham avait oublié lui aussi, et pourtant ça ne l'avait pas empêché de souffrir.

Et elle avait fait une promesse à Henry.

Elle ne pouvait pas lui faire ça.

Même sa mère ne lui avait jamais infligé une chose pareille, malgré toute sa monstruosité.

Et pourtant, un doute se fraya subitement un chemin dans son esprit, parce que…

Et si c'était le cas ?

Et si sa mère avait utilisé sur elle le sortilège du cœur vide sans qu'elle en ait jamais conscience ?

La connaissant, elle en était tout à fait capable.

Mais Regina réalisa bientôt que ça ne pouvait pas être le cas, parce que le sort forçait la victime à aimer inconditionnellement et sans conditions la personne qui avait lancé le sortilège, et elle avait haï sa mère, elle s'était opposée à elle, jamais elle n'avait obéi sans y réfléchir à ses ordres, c'était bien ça qui avait causé sa perte.

Cela ne fit qu'entériner son choix.

Elle ne ferait pas subir ça à Henry.

Jamais.

« Je te laisse y réfléchir, fit sa mère avant de se téléporter hors du commissariat. »

C'était tout réfléchi.

Ou du moins, ça aurait dû l'être, le choix aurait dû évident et facile et pourtant il ne l'était pas, aucunement.

Elle ne voulait pas suivre sa mère, suivre celle qui avait réduit sa vie, ses rêves et ses espoirs en cendres, elle ne voulait pas redevenir la méchante reine, faire souffrir des gens à nouveau, son enfant adoré inclus, elle ne voulait pas le perdre à nouveau juste après l'avoir retrouvé.

Mais la méchante reine en elle voulait envoyer valser tout ça, laisser sa mère agir dans l'ombre, faire comme si elle ne savait rien, puis une fois que ce serait terminé, récupérer tout ce qui avait été à elle autrefois, mais elle était capable de lutter contre ça, contre cette part sombre d'elle-même qui n'aurait jamais dû exister, et de faire le bon choix.

Pas vrai ?

Alors dans ce cas-là, quand Emma et Graham rentrèrent au commissariat le lendemain matin, pourquoi se retrouva-t-elle incapable de dire aux deux policiers que sa mère et Crochet étaient arrivés à Storybrooke ?

A suivre…