Lendemain brutal.

Titre du 26/12/2020 : Lendemain brutal

Bélier : Rumple (OUAT)

R - Rumplestiltskin (OUAT)

CRÉATURE 66 : Le Ténébreux

Prénom 41 : Neal

Quatre aspects des… Maraudeurs : Peter Pettigrew : Écrire sur un personnage qui se sent de trop ou sur un traître.

108. Elle sentit quelque chose s'installer au creux de son ventre – une chose désagréable et sombre qui lui donnait l'impression d'être une voleuse.

44) 50 nuances de OUAT

8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 200 citation CDR, 50 nuances)

La situation était pour le moins inhabituelle.

Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas vu son père pratiquer la magie que d'une certaine manière, c'était comme une redécouverte pour lui que de voir le Ténébreux lancer à nouveau un sortilège, comme autrefois dans la Forêt Enchantée.

Pourtant, étrangement, contrairement à autrefois, ce n'était pas la peur ou la méfiance qui l'animaient alors qu'il y assistait.

Peut-être était-ce parce qu'il avait grandi, que la magie ne lui faisait plus aussi peur qu'autrefois, qu'il la haïssait toujours mais moins parce qu'il avait conscience qu'ils pouvaient en avoir besoin, et aussi parce que cette fois-ci, son père faisait quelque chose de bien en utilisant ses pouvoirs.

Personne n'allait souffrir, pas de marché extorqué à une quelconque âme désespérée qui n'avait pas d'autre choix que de pactiser avec le diable pour s'en sortir, pas de magie noire pour ce qu'il en savait, non.

Son père allait juste aider quelqu'un parce que c'était la bonne chose à faire, parce que son fils le lui avait demandé, pas parce que ça servait ses intérêts.

Aussi, alors qu'il voyait ça, même si ça ne voulait pas dire que la partie était encore gagnée, Neal ne put s'empêcher d'espérer que ça signifiait que son père était définitivement sur la bonne voie.

Lorsque August était entré dans la boutique, Baelfire n'avait pas été surpris en voyant que Geppetto était là, c'était son père, c'était normal, en revanche, il s'étonna que voir que Graham était également là lui aussi.

Seulement, il n'y fit pas plus attention que ça, préférant se concentrer sur son père et le sortilège qu'il allait bientôt lancer.

§§§§

La douleur devenait chaque jour de plus en plus intolérable.

Plus le temps passait, plus Pinocchio avait envie d'arracher cette jambe de bois gangrenée dont l'infection se répandait de plus en plus dans le reste de son corps, le contaminant peu à peu, et bientôt, bientôt il ne pourrait plus rien faire pour y remédier, pour empêcher sa transformation complète.

Il ne voulait pas que ça se produise, il ne voulait pas redevenir un pantin de bois.

Il ne voulait plus être Pinocchio.

Aussi, en se rendant dans la boutique de l'antiquaire, il n'avait pas pu s'empêcher de grimacer de douleur à chaque pas, sentant sa jambe gauche l'élancer à chaque mouvement qu'il faisait, devant se retenir de hurler alors qu'il traînait ce poids mort.

Tout ce qu'il voulait, c'était que la douleur s'arrête.

Rien de plus.

Quand il sentit la main de Graham se glisser dans la sienne en signe de réconfort, il sentit l'espoir l'envahir à nouveau, parce que rien qu'avec ce simple geste, il sentait son cœur battre la chamade, battre à toute vitesse, et si il battait, si il ressentait des choses, alors ça voulait dire qu'il était toujours vivant, qu'il n'était pas qu'une coquille vide faite de bois.

Et ça, c'était bien.

Il vivait, il respirait, il ne faisait pas que survivre, il ressentait aussi, de la joie, de l'espoir, de l'amour, de l'amour pour son père, et un amour naissant pour le shérif aussi, et après avoir été si seul pendant des années, enfin il ne l'était plus.

Il allait y arriver, il devait y croire.

(Il se demanda brièvement si son père se doutait un peu de ce qui était en train de se passer, de ce qui était peut-être en train de naître entre eux, avant de se dire qu'il valait mieux pour lui de ne régler qu'un problème à la fois.)

§§§§

Au final, il n'avait fallu que quelques secondes pour qu'enfin tout rentre dans l'ordre.

Rumplestiltskin s'était emparé de sa dague et il n'avait suffi que d'un seul geste de sa part pour que soudainement, tout le bois qui se trouvait en lui disparaisse comme… enfin non pas comme, littéralement par enchantement.

Et il avait été humain à nouveau, enfin complet, et pour la toute première fois depuis l'arrivée d'Emma à Storybrooke, il se sentit à nouveau capable de respirer normalement, sans sentir le moindre poids étouffant sur sa poitrine.

Il n'aurait plus à avoir peur, à craindre que tout ne s'écroule du jour au lendemain, il pouvait avoir une vie à nouveau normale, enfin aussi normale que puisse être la vie d'un ancien pantin de bois qui avait été créé par magie et qui vivait dans une ville de contes de fées.

Il se mit à sourire, le cœur léger.

« Merci, dit-il à l'immortel.

- C'est plutôt mon fils que vous devriez remercier monsieur Booth, lui rétorqua monsieur Gold.

August se tourna vers Neal.

- Merci Neal, répéta-t-il, préférant ne rien ajouter de plus. »

Si le jeune homme n'avait pas accepté ses excuses l'autre jour, il n'y avait aucune raison pour que ce soit différent aujourd'hui.

L'ancien enfant perdu se contenta de hocher la tête en lui envoyant un sourire poli, sans rien ajouter d'autre.

Non pas qu'August s'attendit à quoi que ce soit d'autre de sa part, ni qu'il pensa mériter quoi que ce soit.

§§§§

Lorsqu'ils sortirent de la boutique, Neal se tourna vers son père.

« Merci d'avoir fait ça alors que tu n'y étais pas obligé. Merci d'avoir accepté de l'aider.

- Tu me l'avais demandé. Et puis… j'ai beaucoup de choses à me faire pardonner alors j'imagine que c'est un bon départ.

Son fils sourit avant de redevenir sérieux.

- Je suis d'accord… Je pense qu'il faut qu'on parle.

- De quoi donc ?

- De la magie, assena-t-il.

Il ne fut pas surpris de voir son père se tendre en entendant ses mots, puis, Rumplestiltskin soupira.

- Est-ce que tu…

- Je ne vais pas te demander d'y renoncer si c'est ce qui t'inquiète.

Le sorcier haussa un sourcil surpris.

- Je vais te poser une question toutefois… est-ce que tu aurais ramené la magie même si tu n'avais pas eu besoin de le faire ? Que tu n'avais pas eu à ramener Henry ?

- J'avais l'intention de le faire, pour te retrouver. Mais… oui. Je l'aurais ramenée à Storybrooke quel que soient les circonstances.

Neal hocha la tête, semblant s'attendre à cette réponse.

- Pourquoi ?

Parce que je reste le Ténébreux.

Ce n'était pas parce que les voix de ses prédécesseurs n'étaient pas revenues le hanter lorsque ses souvenirs lui avaient été rendus que ça signifiait qu'il n'était plus le sorcier immortel d'autrefois, monde sans magie ou pas.

- Parce que c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour ne plus être faible, admit-il, parce que sans magie, je ne suis rien.

Ce n'est pas vrai, voulut lui rétorquer Baelfire, même sans magie tu restes mon père, tu n'es pas rien.

L'univers lui démontrait le contraire pourtant, et il se souvenait de leur vie dans la Forêt Enchantée, avant que son père ne devienne un sorcier craint par tous.

Mais il se souvenait aussi d'autres choses.

- C'est faux. Et tu le sais très bien. Tu étais encore humain quand tu as attaqué le château du duc si mes souvenirs sont bons. Mais… je peux comprendre.

Lui aussi aurait aimé pouvoir utiliser la magie au Pays Imaginaire pour s'enfuir ou se défaire de ses ennemis, ou lorsqu'il était retourné dans la Forêt Enchantée contre son gré.

Tout compte fait, si il y avait de la magie dans le monde sans magie, autant l'avoir de leur côté plutôt que l'inverse.

Et puis soudainement, il réalisa qu'il pouvait dire à son père une chose à laquelle il avait pensé après sa chute, des années après, une fois qu'il avait enfin compris où résidait réellement le cœur du problème.

- Ça n'a jamais été la magie le problème.

Son père le regarda, stupéfait.

- Quoi ?

- Ou du moins pas le seul. Ce n'était pas que pour ça que j'avais peur de toi quand tu es devenu le Ténébreux, avec ta magie tu as fait des choses biens, tu as stoppé la guerre des ogres, tu as sauvé des gens… C'est après que ça a merdé. Quand les ténèbres ont commencé à tout détruire et à corrompre ce qu'il y avait de bon en toi.

- Je suis littéralement le Ténébreux Neal.

- Je sais. Ce que je veux dire c'est que si j'ai peur ce n'est pas à cause de la magie elle-même mais de ce qu'elle peut faire de toi, une nouvelle fois, j'ai peur que ça recommence. J'ai peur parce que autrefois je n'ai pas pu te sauver tes ténèbres et que je ne veux pas te perdre à nouveau.

- Tu avais quatorze ans et tu étais seul. Tu n'aurais rien pu faire.

- Ça ne change rien au fait que j'ai échoué.

Rumplestiltskin soupira, se disant que peut-être, il était temps enfin de lui dire ce qu'il n'avait jamais eu la force de lui avouer, quand il avait encore quatorze ans et que son seul objectif était de protéger son fils des dangers du monde, y compris ceux qui venaient de son propre père.

- J'entends des voix, avoua-t-il, et c'était la toute première fois qu'il le disait à quelqu'un, non ?

En face de lui, Nimue lui envoya un sourire amusé et il l'ignora.

Neal sursauta.

- Comment ça ?

- Quand je suis devenu le Ténébreux, j'ai vu les ombres de mes prédécesseurs, et par moments je les vois toujours, ils sont là à me parler, essayant de me faire choisir la voie des ténèbres. À force, j'ai fini par réussir à les ignorer, mais je n'arrive jamais à les chasser complètement.

Son fils se figea, et ses yeux s'agrandirent d'horreur.

- Tu veux dire que… que… que pendant tout ce temps… tu entendais leurs voix ? Quand j'étais là, puis quand j'ai disparu, tu as dû lutter contre eux pendant presque deux cents ans, te battre contre ton propre esprit, afin de réussir à ne pas devenir fou ?

Son père acquiesça et ne s'attendait définitivement pas à sentir quelques secondes plus tard son fils le serrer dans ses bras au point de risquer de l'étouffer.

- Oh papa, murmura-t-il en sentant son cœur se briser, je le savais déjà mais maintenant je le réalise entièrement, tu… tu as dû te sentir tellement seul.

Et ce alors qu'il n'était littéralement pas seul dans sa tête, quelle douloureuse ironie…

Seulement, une fois l'étreinte terminée, il ne put s'empêcher de se poser une question.

- Mais alors… ça veut dire que quand tu as ramené la magie à Storybrooke… tu savais ce qui se passerait ?

Il hocha la tête.

- Le prix à payer et le risque qui l'accompagnait me paraissaient bien peu en comparaison de ce que ça m'apporte. Ne t'en fais pas pour moi, je suis capable de garder le contrôle.

- Papa… Je voudrais que tu me fasses une promesse. Pas celle de toujours garder le contrôle, mais celle que… si jamais tu te sens vaciller, tu… tu me le diras, à moi ou à Belle. Est-ce que tu me le promets ?

- Je peux te promettre ça oui.

- Tu l'as dit à Belle, pour les voix ?

- Non. Je ne voulais pas l'effrayer.

À sa grande surprise, son fils se mis à sourire.

- Papa… Elle est tombée amoureuse de toi en sachant ce que tu es, qui tu es et ce que tu as fait. Si elle devait avoir peur de toi, ça ferait bien longtemps qu'elle se serait enfuie. »

Rumplestiltskin se mit à sourire.

Peut-être avait-il raison à ce sujet.

§§§§

Elle aurait dû le leur dire depuis longtemps.

Elle le savait pourtant, elle le savait depuis le moment où Cora avait quitté l'endroit et qu'elle avait su que la meilleure chose à faire était de dire à Emma et à Rumplestiltskin que la reine de cœur et le capitaine Crochet étaient arrivés dans le monde sans magie.

Pourtant, elle n'y arrivait pas.

C'était la meilleure décision possible, pas uniquement en terme de moralité, mais aussi pour protéger Henry, parce qu'elle connaissait sa mère, elle avait tué son fiancé autrefois, elle serait bien capable de faire de même avec son fils.

Pour elle, l'amour était une faiblesse, et si elle décidait que l'affection qu'elle avait pour Henry était une faiblesse de plus qu'elle se devait d'éliminer afin de rendre sa fille plus forte, d'après sa logique tordue ?

Et si la part sombre d'elle aurait pu accepter de laisser tomber ses efforts de rédemption contre une promesse d'avoir ce qu'elle avait autrefois, elle se refusait de laisser quoi que ce soit de néfaste arriver à son petit garçon.

Malgré tout, quelque chose en elle l'empêchait de parler, et elle n'arrivait pas à savoir quoi.

Et, alors qu'elle regardait Emma et Graham travailler, inconscients qu'ils étaient encore que le fragile équilibre qu'ils s'efforçaient de préserver allait bientôt s'effondrer sur lui-même dans peu de temps, elle sentit quelque chose s'installer au creux de son ventre – une chose désagréable et sombre qui lui donnait l'impression d'être une voleuse, une menteuse, et une traitresse aussi.

Ce fut à ce moment-là précisément, le mercredi 11 janvier 2012, à dix-sept heures, qu'elle décida d'arrêter de se taire.

Il était temps pour elle de briser le silence.

« Emma ? Est-ce que tu peux demander à Rumplestiltskin de venir ici s'il te plaît ? Je dois lui parler, ainsi qu'à toi et à Graham. »

Tout ce qu'elle espérait, c'était que sa mère n'ait jamais vent de ce qu'elle était sur le point de faire…

A suivre…