Hurlements.
Titre du 28/05/2022 : Hurlements
Bélier : Rumple (OUAT)
R - Rumplestiltskin (OUAT)
CRÉATURE 66 : Le Ténébreux
Prénom 41 : Neal
Quatre aspects d'… Ikki du Phénix (Saint Seiya) : Phénix : écrire sur un perso immortel ou écrire sur un perso qui frôle la mort
192. L'horreur de son récit flotta quelques instants dans l'air.
44) 50 nuances de OUAT
8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 200 citations CDR, 50 nuances)
Les souvenirs, ça craignait franchement.
Surtout les siens, surtout ceux qui le hantaient depuis maintenant des siècles, et qui provoquaient les cauchemars qui hantaient ses nuits, ceux de la Forêt Enchantée, le départ de sa mère, sa fausse mort, puis sa vraie, la guerre des ogres, son père se transformant peu à peu en monstre, dévoré comme il l'était par les ténèbres.
Et puis, surtout, il y avait le Pays Imaginaire.
C'était de ça qu'il rêvait le plus souvent à vrai dire, c'était l'endroit dont il avait le plus de souvenirs, où il avait passé le plus de temps.
C'était aussi l'endroit où il avait eu le plus mal au cours de sa longue vie.
Aussi, quand il se leva ce matin du lundi 16 janvier 2012, ce fut après avoir, encore une fois, très mal dormi.
Peut-être devait-il écouter le conseil de Belle et aller voir un psy, tout comme elle-même le faisait depuis que la malédiction était brisée, et comme son père aurait dû le faire lui aussi, entre les centaines de souvenirs que contenaient sa mémoire et les voix dans sa tête…
Bon ça lui ferait sûrement bizarre de se faire psychanalyser par Jiminy Cricket en personne, mais son père était le Ténébreux, son ex petite-amie était la fille de Blanche-Neige et du prince Charmant, et il avait côtoyé la fée bleue et Peter Pan ainsi que la fée Clochette, il n'était plus à ça près.
Il le ferait sûrement, plus tard, quand Cora et Crochet auraient enfin été mis hors d'état de nuire.
Un rire triste faillit lui échapper en y repensant.
Lui qui avait cru qu'il aurait enfin à nouveau la paix en passant d'un monde à l'autre, il avait eu bien tort à ce sujet, encore une fois.
D'abord Crochet, et après ce serait quoi ou plutôt qui, Peter Pan ?
Une frisson d'horreur le traversa.
Non, ça n'allait pas arriver, le destin ne pouvait pas être aussi cruel que ça, vraiment.
Il décida de ne plus y repenser, ce n'était pas comme si il pouvait y faire quelque chose de toute façon.
Quand il se rendit à la boutique de son père, ce fut en ayant une idée bien précise en tête.
Lorsqu'il le vit, le visage de Rumplestiltskin s'illumina, et parfois, quand il le regardait, c'était comme si il n'était pas vraiment sûr qu'il soit réellement là, ni même qu'il allait rester, comme si il doutait à chaque instant que tout ça soit réel.
Lui aussi ressentait ça, chaque jour qui passait, il craignait que tout cela ne soit en réalité qu'un rêve et qu'un jour, il ne se réveille dans la réalité, au Pays imaginaire à nouveau, de retour en enfer, pour être confronté au sourire grimaçant de Félix, ou pire encore, à celui de Peter Pan.
(Et la deuxième image était rendue bien pire encore par le fait qu'il savait désormais que celui-ci était en réalité son grand-père et que cela n'avait aucunement pesé dans la balance, que ça n'avait pas compté quand ce dernier l'avait enlevé, l'avait arraché à sa famille, qu'il l'avait retenu prisonnier pendant si longtemps et torturé encore et encore et encore jusqu'à ce qu'il ne reste presque plus rien de lui.)
Mais ils étaient là, ils étaient vraiment là et c'était réel.
« Bonjour Neal, qu'est-ce que je peux pour toi ?
- Je voudrais qu'on discute de deux ou trois trucs. Comment ça avance à propos de Cora, Regina et Crochet ?
Son père haussa les épaules.
- Pour l'instant, rien du tout. Crochet ne s'est pas montré et n'a rien tenté, ce qui ne me surprend pas, quand à Cora je ne l'ai pas revue non plus, et j'ignore où Regina se cache. Sans doute avec sa mère et le pirate.
Ici, ils faisaient comme si ils n'étaient au courant de rien, ainsi, si la reine de cœur les espionnait, elle continuerait de croire à la fable qu'ils lui avaient concocté.
- Je vois. Donc en résumé on a rien du tout ?
- C'est ça. À part attendre, on ne peut rien faire de plus à ce sujet, je vais continuer d'entraîner Emma Swan à devenir une sorcière, mais en dehors de ça, et les rechercher, je ne peux rien faire de plus. Je comptais aller au port dans la journée, au cas où je trouverai le navire de Jones.
- Je viendrai avec toi.
Ça ferait mal, c'est vrai, mais au moins ça rendrait ça définitivement réel.
Son père acquiesça.
- Y avait-il autre chose ? Non pas que je n'aime pas passer de temps avec toi, mais…
- En fait oui. Je suis venu te parler du problème de la barrière.
- Oh. Les gens maudits qui perdent en la mémoire en la franchissant, oui j'en ai entendu parler.
Le sorcier bénit alors le fait que son fils ne se soit pas trouvé dans le monde sans magie finalement, parce que dans le cas contraire, ça aurait signifié devoir trouver un moyen de quitter Storybrooke sans perdre la mémoire, chose qu'il n'avait pas à faire.
- Il n'y a eu qu'une personne de touchée mais il risque d'y en avoir d'autres si jamais des gens franchissent la frontière par erreur.
- Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ? Lui rétorqua son père.
Neal ferma brièvement les yeux.
Ce n'était même pas dit de façon méchante, juste brutale, la vérité nue et sincère, parce que c'était ce que Rumplestiltskin était devenu, ne se préoccupant plus que lui-même, de ceux à qui ils tenaient et de ses propres intérêts.
Pragmatique.
C'était le mot qui symbolisait sans doute le mieux le Ténébreux, et c'était une partie de son père que Baelfire haïssait, surtout alors qu'il se souvenait de l'homme qui avait arrêté une guerre à lui tout seul alors qu'il aurait pu se contenter de sauver la vie de son petit garçon.
- J'aimerais que tu t'en préoccupes justement, lui répondit-il d'un ton sec, pas seulement parce que les gens risquent d'oublier qui ils sont réellement, ce qui en soit est déjà tragique, et serait incroyablement injuste après ce qu'ils ont déjà tous traversé, mais parce que dans l'état actuel des choses, personne ne peut quitter la ville sans perdre la mémoire. Hormis ceux qui n'ont pas été maudits, comme moi, Emma, Henry, August, Cora, Crochet et Regina. Ce qui veut dire que tout le monde est prisonnier ici, et toi comme moi on sait mieux que n'importe qui ce que ça fait d'être prisonnier dans une cage, lâcha-t-il avec froideur.
Rumple soupira.
Il comprenait la colère de son fils, et il savait qu'il lui avait fait une promesse, à lui comme à Belle, et il entendait bien la tenir.
Mais on ne se débarrassait pas de plusieurs siècles de mauvais réflexes et de mauvaises habitudes en seulement quelques jours, et lui comme son fils en avaient parfaitement conscience.
- Je t'écoute.
Un sourire amusé apparut sur le visage de son fils.
- Je pense que la suite va pas vraiment te plaire.
L'antiquaire fronça les sourcils.
- Comment ça ? Qu'est-ce que tu as en tête ?
L'expression sur le visage de son fils ressemblait un peu à celle qu'il avait lorsqu'il était sur le point de conclure un marché avec une personne qui n'aurait pas d'autre choix que d'accepter ce qu'il avait à lui proposer.
Il lui ressemblait finalement plus qu'il ne le prétendait en fin de compte.
- J'ai parlé avec les fées et elles…
- Non, refusa formellement son père. »
Neal ne put s'empêcher d'éclater de rire, parce que cette réaction était tellement prévisible.
Il n'était à Storybrooke que depuis quelques jours, mais la haine que Rumplestiltskin éprouvait pour les fées était connue de tous, et le jeune homme savait très bien pourquoi. Et il n'aurait sans doute pas dû en rire, mais c'était son histoire à lui aussi, et il valait sans doute mieux en rire qu'en pleurer.
(Et pleurer sur son abandon, il ne l'avait que trop fait autrefois jusqu'à ce qu'il n'ait plus de larmes, alors il avait caché sa tristesse de toutes ses forces, derrière un masque et fait comme si ça ne le touchait pas.
Et puis son passé lui était revenu en plein visage et le masque avait commencé à lentement se fissurer, semblant parfois à deux doigts d'exploser.
Ce n'était pas encore arrivé, mais un jour ça viendrait.
Et ce jour-là, ce serait à lui de ramasser les morceaux et d'espérer les recoller ensemble.)
« Je n'ai même pas fini de t'expliquer mon idée, reprit-il, avant que son père ne l'interrompe à nouveau.
- C'est hors de question. Je refuse de ne serait-ce qu'envisager l'idée. Tu sais bien ce que la fée Bleue a fait à notre famille.
- Elle ne nous a rien fait de mal, lui répondit-il. Je sais qu'elle n'est pas parfaite, loin de là, et qu'elle a merdé au cours de sa vie. (Oh que oui il le savait, il connaissait Clochette après tout. Il savait ce que Regina était devenue en partie à cause d'elle, parce qu'elle n'avait rien fait pour l'aider.) Mais ce jour-là, quand elle m'a donné le haricot magique, elle a vraiment voulu nous aider. Et quand je suis tombé dans le portail, c'était toi le responsable. Pas elle. Même si c'était un accident. Alors s'il te plaît, laisse-moi finir. Elles ont de la magie elles aussi, et en dehors de Cora, Regina, sans doute d'Emma, et de toi, ce sont les seules personnes puissantes en magie. Elles sont en train de travailler sur un moyen de régler le problème de la barrière, et de rendre la mémoire à ceux qui l'ont perdu ou risqueraient de la perdre. Et je voudrais… je voudrais que tu les aides dans cette entreprise. S'il te plaît.
Son père balaya sa suggestion d'un geste de la main.
- Les fées sont des créatures méprisables qui prétendent aider les gens alors qu'elles ne les conduisent qu'au malheur.
- Tu dirais pas ça si tu t'étais fait sauver la vie par l'une d'entre elles, lui répliqua son fils la voix emplie de rage et les poings serrés.
Qu'il haïsse la fée Bleue, soit, il en avait tout à fait le droit, mais il ne lui permettait pas de parler de ce dont il ne connaissait rien.
Son père le regarda avec surprise.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Voilà, c'était le moment.
Celui où il allait dire tout ce qu'il n'avait pas encore pu dire à son père jusque là.
Et il avait mal, il avait encore mal, son dos, et ses bras, ses jambes et tout le reste, alors même que la douleur s'était évanouie depuis des siècles, que les cicatrices avaient presque toutes disparues, ce n'était qu'une douleur fantôme, mais c'était comme si le simple d'y penser suffisait à la réveiller, comme autrefois.
Comme si, finalement, il n'avait jamais fui.
Comme si une part de lui-même était toujours là-bas, prisonnière des ombres et des monstres.
- Tu croyais vraiment que… qu'en m'enlevant ton père, ton cher père, allait se contenter de me mettre dans un coin et de m'oublier aussitôt arrivé ? Non, bien sûr que non… Je suis resté au camp des enfants perdus, et j'y suis resté longtemps. Tu n'es pas à le seul à avoir des blessures tu sais.
- Neal…
Il ne laissa pas son père terminer sa phrase, et montra son épaule gauche à son père qui ne put manquer la longue cicatrice blanche qui s'y trouvait.
Presque invisible certes, mais toujours là malgré le temps passé.
- Y en a quelques autres, mais sans une fée il en resterait sûrement beaucoup plus… cracha-t-il à son père.
- Tu veux dire que… qu'ils t'ont…
- Torturé ? Finit-il à sa place en remontant sa manche. Ouais, et pas qu'un peu. Quand je me suis tiré du camp, j'étais couvert de sang et je tenais à peine debout. C'est Clochette qui m'a récupéré, et sans elle… je serais sûrement mort. C'était juste un jeu pour Peter Pan, Félix et les autres… On se demande pourquoi je me suis enfui.
Il avait hurlé pourtant.
Ses hurlements avaient résonné dans toute l'île pendant des heures, des jours, des semaines, des mois malgré tout et cependant personne n'était jamais venu.
Crochet n'était jamais venu le chercher, il n'était jamais venu pour lui, il n'était jamais venu pour le sauver.
L'horreur de son récit flotta quelques instants dans l'air.
Son père blêmit.
- Je ne savais pas.
Son fils haussa les épaules comme si ce n'était rien.
- Tu pouvais pas savoir. Mais maintenant tu sais. Je… je me posais une question d'ailleurs. Ton père… il… il devait bien savoir qui j'étais, non ? Il a pas pu me choisir au hasard.
C'était une question qui hantait Rumplestiltskin depuis qu'il savait que son fils avait passé une bonne partie des deux derniers siècles au Pays Imaginaire.
Pourquoi son père avait-il enlevé son propre petit-fils ?
- Quand tu es arrivé là-bas, il ne t'a pas dit pourquoi tu étais là ?
- Non. Enfin, un d'eux a regardé un papier sur lequel devait être dessiné le visage d'un autre enfant je suppose, mais comme ce n'était pas moi… enfin je ne sais pas ce qui me serait arrivé si ça avait été moi celui qu'ils cherchaient.
L'immortel fronça les sourcils.
Ça devenait de plus en plus complexe cette histoire.
Et tordu.
Son père quoi.
Il se jura d'essayer d'y réfléchir une fois l'affaire Crochet et Cora enfin réglée.
- Je ne sais pas non plus, avoua-t-il.
- Ce que je veux dire, c'est que Clochette est une fée et elle est une des meilleures personnes que j'ai rencontrées de toute ma vie, alors… essaie de leur laisser une chance.
- Neal. Je suis le Ténébreux. Je suis les ténèbres incarnées, c'est ce que je suis littéralement, c'est ma nature, je ne peux rien y changer. Alors qu'elles sont la lumière. Jamais elles ne voudront de mon aide.
- Justement, le contredit son fils. Prouve leur le contraire. Prouve leur qu'elles ont tort et que tu peux faire quelque chose de bien, comme tu l'as fait en arrêtant la guerre autrefois, en réussissant là où elles avaient échoué. Prouve moi que j'ai raison de te faire à nouveau confiance.
Ce fut là qu'il sut qu'il était perdu pour de bon.
Il soupira et acquiesça.
- Très bien… C'est d'accord, je veux bien essayer.
Et les dieux savaient à quel point ça lui coûtait de dire ça…
Son fils se mit à sourire.
- Merci papa… Ça compte beaucoup pour moi.
Son père le serra alors dans ses bras.
- Je suis désolé Neal… Je suis tellement désolé.
Pardon de ne pas avoir pu te sauver quand tu avais le plus besoin de moi.
L'ancien enfant perdu le serra contre lui lui aussi.
- Moi aussi je suis désolé. J'aurais voulu que les choses se passent autrement.
- On devrait aller au port maintenant, histoire de voir où il a bien pu cacher son Jolly Roger. »
Donc après avoir parlé de son passé, il allait devoir y faire face physiquement ?
Merveilleux…
A suivre…
