Une tempête arrive au large.
Titre du 09/03/2022 : Une tempête arrive au large
Bélier : Rumple (OUAT)
R - Rumplestiltskin (OUAT)
CRÉATURE 66 : Le Ténébreux
Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas
Prénom 41 : Neal
Quatre aspect de… Galadriel (LOTR) : Nenya : Écrire sur le Wakanda ou écrire sur un objet/sort/élément de protection
44) 50 nuances de OUAT
8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, cassons les préjugés, elles ont dit, quatre aspects, 50 nuances)
Emma était venue avec eux.
Tant mieux.
Neal n'était pas sûr qu'il aurait été capable de faire face à cette épreuve en étant seul avec son père.
(Et pourtant, malgré tout, le paradoxe c'était que c'était lui qui avait voulu venir, qui avait décidé de lui-même de chercher le Jolly Roger alors qu'il aurait pu rester chez son père, ou dans sa boutique, ou même avec son fils, ou Belle ou n'importe qui d'autre dans Storybrooke, mais non.
Il avait choisi d'y retourner, volontairement, de son plein gré, de rouvrir cette plaie déjà à vif qui n'avait en un sens jamais guéri, peut-être pour pouvoir être sûr qu'il était vraiment là, pour réduire en cendres pour de bon le dernier espoir qu'il avait de pouvoir être débarrassé de lui pour toujours, lui qui avait cru que ce serait le cas quand il l'avait abandonné au géant.
Peut-être n'était-ce pas que pour ça.
Peut-être qu'il voulait aussi retourner sur ce navire qui avait autrefois été sa maison, le dernier endroit où il s'était réellement senti chez lui lorsqu'il était encore Baelfire.
Peut-être voulait-il seulement dire adieu aux derniers pans de son enfance qui s'était achevée pour toujours de manière brutale le jour où il avait appris la vérité sur sa mère et sur le pirate à qui il avait pourtant fait confiance et qui l'avait malgré ça trahi et abandonné.)
Parce que bientôt, il allait recevoir son passé en plein visage et que ça allait être tout sauf agréable.
Les images affluaient déjà dans son esprit, le faisaient depuis quelques minutes, depuis qu'il avait enfin parlé à son père de ce que le Pays Imaginaire lui avait infligé de pire, et ce sans qu'il parvienne à les en empêcher, sans qu'il ait le moindre contrôle sur elle ou sur ses pensées.
Il avait essayé pourtant, il avait vraiment essayé de ne pas y repenser mais c'était impossible.
Avant même de revoir le navire, il le revoyait déjà en esprit, il se revoyait dessus, il revoyait l'équipage, il revoyait Crochet, il revoyait les bons moments passés sur ce bateau, avant la trahison, il revoyait le moment de vérité, celui où en quelques secondes il avait absolument tout perdu.
Il sentit aussitôt ses yeux le brûler, et il s'y refusa catégoriquement.
Non.
Non, il n'allait pas pleurer, il n'allait pas verser une seule larme pour un homme qui avait passé son temps à lui mentir, à lui cacher la vérité, qui n'avait jamais tenu à lui, qui s'était uniquement servi de lui et qui l'avait trahi et abandonné une fois qu'il avait percé ses mensonges à jour.
(Et pourtant, et pourtant, sa petite escapade dans la Forêt Enchantée lui avait bien montré que dans d'autres circonstances, dans une autre vie, lui et le pirate auraient pu être amis.
Mais il lui avait fait bien trop de mal pour que ce soit encore possible, et il risquait de lui en faire encore, et surtout, il connaissait sa véritable identité désormais, alors aucun retour en arrière n'était possible maintenant.)
La voix de son père le tira de ses pensées.
« Est-ce que vous le voyez miss Swan ? Demanda-t-il à Emma.
- Je ne le vois pas du tout non, s'agaça la Sauveuse.
Un sourire amusé apparut sur le visage du Ténébreux.
- Justement miss Swan, c'est là tout le principe du sortilège de dissimulation que cette chère Cora a lancé sur le Jolly Roger… On ne peut pas voir ce qu'elle a caché, à moins d'être doté de pouvoirs magiques et de pouvoir défaire ce sort…
- Hé bien on dirait que pour l'instant j'en suis incapable, parce que là tout de suite, je ne sens rien du tout, et je n'ai pas spécialement envie de chercher à l'aveuglette en jetant mon pied dans le vide et en risquant à tout moment de tomber dans l'eau, je tiens à rester au sec.
Malgré la boule qui lui nouait la gorge et l'estomac, et ses yeux qui commençaient à piquer à cause des larmes qu'il refusait encore de laisser sortir, Neal parvint malgré tout à sourire.
C'était tout Emma ça, pragmatique et efficace avant tout.
- On vous comprend parfaitement sur ce point, lui rétorqua le sorcier. Je ne pense pas que vous soyez prête à défaire ce genre de sortilège, c'est tout, après tout, vous venez à peine de commencer votre formation.
Puis, d'un geste de la main gauche, il fit s'évanouir en un instant le sortilège de protection qu'avait jeté Cora sur le navire, et Emma et Neal purent alors se rendre compte qu'ils se trouvaient… juste à deux mètres du navire, et devant lui.
Et pourtant, ils n'avaient rien vu, et n'auraient pu le faire que si ils s'étaient un peu plus approchés, si il avaient touché la coque du navire ou avaient essayé de monter sur le pont, mais comme l'avait dit Emma, chercher partout sans savoir où aller n'aurait servi qu'à leur faire perdre du temps.
- Ouah, commenta cette dernière, c'est… impressionnant.
Rumplestiltskin renifla, amusé.
- Vous dites ça maintenant, mais bientôt, ça vous apparaîtra comme une simple formalité, un sortilège mineur.
- Ouais, peut-être, reconnut-elle, mais en tout cas… pas aujourd'hui. »
Mettre le pied sur le pont du Jolly Roger n'avait rien à voir avec la première fois où il l'avait fait.
Parce que, alors il faisait nuit, la nuit noire et quasi éternelle qui régnait toujours sur l'île elle-même, noyée sous les ombres comme elle l'était alors en permanence, il était glacé, trempé par l'eau de l'océan dans lequel il avait failli se noyer, il avait encore de l'eau dans les poumons, il était seul, perdu, et surtout il avait peur.
Il n'avait que quatorze ans, il venait tout juste d'être arraché à ceux qu'il considérait désormais comme sa famille, et il n'avait pas la moindre idée de ce qui allait bien pouvoir lui arriver.
Aujourd'hui, il n'avait plus peur, ou du moins essayait-il de s'en convaincre.
Maintenant, il était juste en colère.
Il ne fit pas attention aux commentaires d'Emma ou à ceux de son père, tout ce qu'il voyait alors qu'il regardait ce foutu navire c'était tout ce qui avait été et ne serait plus jamais, tout ce qu'il avait brièvement chéri et aimé puis perdu pour toujours.
Ce qu'il regardait, ce qui reprenait vie sous ses yeux actuellement, c'était un passé qui n'avait jamais été qu'un mensonge tout compte fait, et ça ne rendait ses souvenirs que plus amers encore.
Quand il repensait à son enfance avec son père, il se sentait triste, bien sûr, mais pas trahi, parce que son père, pour tous les défauts qu'il pouvait avoir, l'avait sincèrement aimé.
Crochet et son équipage n'avaient jamais fait autre chose que de se servir de lui, et il ne l'avait compris que trop tard.
Sans qu'il s'en rende compte, ses pas le menèrent tout droit au gouvernail, là où le pirate lui avait appris à naviguer, où il avait gravé les lettres avec son crochet pour lui indiquer les différentes directions possibles, le nord, le sud, l'est, l'ouest.
Ça non plus il ne l'avait pas oublié.
Les lettres avaient été barrées depuis, sans doute juste après qu'il l'ait livré à Pan et ses enfants perdus, il les avait barrées, avait essayé de les effacer, de les faire disparaître pour toujours, de faire comme si elles n'avaient jamais existé, comme si ce n'était jamais arrivé, comme si ça n'avait jamais compté à ses yeux.
(Mais c'était bien le cas, parce que ça n'avait jamais compté pour lui, qu'il n'avait jamais compté, pas vrai ?)
Cela lui fit plus mal qu'il ne l'aurait cru et ce fut à ce moment-là qu'il sentit une larme rouler le long de sa joue.
Et merde.
Pour réussir à ne pas pleurer, c'était raté.
§§§§
« Ils ont trouvé le navire, leur annonça Cora avec l'air de celle qui savait déjà que ça allait finir par arriver, alors qu'elle sentait le sortilège de protection lancé sur le navire être réduit à néant.
Elle n'était pas inquiète cependant, à la fois parce qu'elle avait toujours su, dès le moment où Rumplestiltskin avait refusé son offre, que ce ne serait qu'une question de temps, que d'ici peu toute la ville saurait qu'ils étaient là, mais aussi que le navire du pirate serait tôt ou tard découvert.
Ce moment venait tout juste d'arriver.
Elle ne s'en plaindrait pas, ça leur donnerait de quoi s'occuper et réfléchir, lui donnant le temps de mettre son plan en place.
(C'était d'ailleurs pour ça que, dès qu'elle avait pu le faire, une fois sa fille éloignée, elle avait téléporté la cage qui se trouvait sur le vaisseau au loin, très loin, là où ils ne pourraient pas la trouver, où ils ne penseraient même pas à chercher, surtout si ils n'étaient pas au courant de son existence.
Il y avait des choses que Rumplestiltskin et Regina n'avaient pas besoin de savoir, pas encore…)
- Malgré votre sort de protection ? S'étonna Crochet. Comment est-on censés faire pour battre le Ténébreux si il peut se défaire de vos sorts si facilement ? Je vous rappelle que de nous trois, vous êtes la seule à pouvoir faire de la magie, et que nous n'avons toujours pas mis la main sur sa fichue dague. Nous sommes pieds et poings liés, c'est même un miracle qu'il ne nous ait pas encore trouvés alors qu'il sait où nous sommes.
Le pirate commençait à s'impatienter, et Regina n'en était pas étonnée, cela faisait des siècles qu'il avait envie de pouvoir prendre sa vengeance contre son crocodile, elle comprenait qu'il en ait marre d'attendre.
Cora aussi s'impatientait, elle le sentait bien, même si c'était moins visible, mais c'était elle qui l'avait élevée, et elle avait appris à décoder la moindre de ses expressions, et à déterminer avec certitude si la tempête était à deux doigts de la menacer et d'éclater.
Le moment ne tarderait pas.
- Je n'ai pas encore dit mon dernier mot. Il faut juste que Regina retrouve ses pouvoirs. »
À vrai dire, la méchante reine avait un avantage sur sa mère.
Elle connaissait le monde sans magie, elle connaissait son fonctionnement, alors que la reine de cœur venait tout juste d'arriver, n'y avait jamais mis les pieds avant cela, aussi, là où elle aurait su exactement quoi faire dans la Forêt Enchantée, au Pays des merveilles ou tout autre monde pourvu entièrement de magie (Storybrooke n'était qu'une exception et même là la magie marchait différemment), ici, ce n'était pas le cas.
Et Regina avait tout fait pour en profiter le plus possible, lui donner des pistes qui ne marcheraient pas en sachant que cela ne pouvait pas fonctionner et en croisant les doigts pour que la sorcière ne s'en rende pas compte.
Ce temps-là était sur le point de se terminer pour de bon.
Elle avait fait tout ce qu'elle pouvait pour retarder ses plans le plus possible, mais maintenant…
Il était hors de question de reculer, de ne serait-ce que de risquer que sa mère ait le moindre petit soupçon au sujet de sa loyauté envers elle.
- À ce propos, j'ai peut-être une idée, dit-elle alors, feignant d'hésiter, ce qui n'était pas totalement un mensonge, après tout elle et Rumplestiltskin n'avaient aucune assurance que leur idée pourrait marcher réellement.
Cora fronça les sourcils.
- Ah oui ? Demanda-t-elle, sceptique, presque comme si elle n'était pas vraiment sure que sa fille soit réellement capable de trouver une idée valable et crédible.
Et malgré elle, Regina se sentit blessée, et autrefois, elle aurait tout fait pour prouver à sa mère qu'elle avait tort, qu'elle pouvait y arriver, mais plus maintenant.
Elle n'avait plus envie de le faire, et en un sens, c'était réconfortant.
Peut-être allait-elle réellement parvenir à se libérer pour de bon de son emprise après tout.
- Oui. Je n'ai aucune certitude, et peut-être que je me trompe, mais… en parlant d'objets magiques, il se trouve que je me suis souvenue d'un ouvrage dont je ne me suis pas servie depuis des années, que je n'ai utilisé qu'à mes débuts de sorcière, lorsque Rumplestiltskin m'enseignait la magie… votre livre de sortilèges mère.
C'était une chance que cela remonte à si longtemps, parce que dans le cas contraire, Cora n'aurait sûrement pas oublié, mais au vu de la lueur qui s'alluma dans ses yeux, c'était le cas, et un sourire se dessina sur ses lèvres.
- Effectivement… Ça pourrait marcher. Où se trouve-t-il actuellement ?
- Je ne sais pas, mentit-elle, je n'ai jamais eu besoin de magie avant que la malédiction ne soit brisée, et après je n'ai pas eu l'occasion d'aller voir dans mes affaires ou les votres dans notre caveau, il se trouve peut-être ici… ou alors c'est Rumplestiltskin qui l'a en sa possession.
Le visage de sa mère se ferma immédiatement.
- J'ose espérer pour toi que ce n'est pas le cas, dit-elle avec froideur et le regard dur, presque accusateur, comme si c'était de sa faute.
Et alors qu'elle était une jeune femme adulte, qu'elle était mère, qu'elle avait été reine, mairesse, qu'elle était une sorcière crainte par des milliers de personnes, elle eut pourtant l'impression de se faire gronder telle une enfant qui avait fait une bêtise, et elle se recroquevilla instinctivement et involontairement sur elle-même.
- Oui mère, se contenta-t-elle de répondre, comme la petite fille obéissante qu'elle n'était plus.
Sa peur, elle au moins, n'était pas un mensonge.
- Bien. Le caveau est-il protégé par magie ?
- Pas par la mienne, et Rumplestiltskin n'avait aucune raison de s'en approcher, puisque j'ai passé un marché avec lui pour obtenir le Sort noir, tout ce qui était à lui à l'époque et qui n'est pas resté dans la Forêt Enchantée se trouve chez lui depuis que Storybrooke a été créée.
Elle aurait dû savoir à l'époque qu'elle était en train de se faire avoir.
- Parfait. Allons-y. »
Et d'un geste de la main, elle les téléporta tous les trois dans le caveau familial des Mills.
§§§§
Rumplestiltskin avait été malin.
Mettre le livre de sortilèges bien en évidence et à la vue de tous aurait semblé suspect, le cacher dans un endroit impossible à trouver alors qu'apparemment tout le monde hormis Regina avait oublié son existence l'aurait été tout autant.
Non, il se trouvait parmi les affaires de Regina, celles qu'elle avait emportées de la Forêt Enchantée et qui symbolisaient l'époque où elle était la reine.
Où elle était un monstre.
(Elle en était encore un mais là c'était différent, elle voulait changer.)
En un sens, elle aurait presque préféré qu'il ne soit plus là, qu'il ait disparu, ait été réduit en cendres parce qu'elle aurait pu continuer à faire traîner les choses, mais non.
Le Ténébreux avait bien rempli sa part du marché.
C'était Crochet qui avait trouvé le livre, et en le prenant en main, Regina avait tout fait pour s'empêcher de trembler.
Parce que là, nichée sous son crâne, il y avait la peur que, une fois sa magie récupérée, elle redevienne exactement comme avant, que les quelques efforts qu'elle avait faits ne soient subitement réduits à néant parce qu'elle était trop faible pour y arriver, comme elle l'avait été autrefois.
Elle prit une profonde inspiration, ouvrit le livre de sortilège, souffla sur les mots inscrits sur le papier, et…
Ses yeux se mirent à briller et elle sentit la magie à nouveau envahir son corps et brûler comme autrefois dans ses veines.
Ça lui fit du bien.
Devant elle, sa mère se mit à sourire.
Regina détesta immédiatement ce sourire parce qu'elle savait parfaitement ce que ça signifiait.
« Nous allons enfin pouvoir commencer, se réjouit la reine de cœur. »
Et la brune sut alors que son pressentiment avait été juste.
Une tempête se préparait et allait bientôt déferler sur Storybrooke.
Et elle n'était pas sure que qui que ce soit y soit réellement préparé.
A suivre…
