Je peux changer.

Titre du 21/07/2022 : Je peux changer

Gémeaux : Regina (OUAT)

R : Regina Mills

Créature 38 : Sorcière

Prénom 72 : Henry

Quatre aspects de… Modern Family : Famille : Écrire sur un repas de famille ou une scène entre un grand parent et son petit enfant

44) 50 nuances de OUAT

7 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 50 nuances)

Alors qu'elle voyait le regard d'Emma se poser sur différents endroits de la pièce dans laquelle ils venaient tous les trois d'entrer, à savoir le salon, l'endroit où elle avait accueilli la Sauveuse pour la première fois, elle sut qu'elle pensait à exactement la même chose qu'elle.

La manière dont cette première rencontre s'était déroulée.

Ce qui s'y était passé, la façon dont elle avait agi, ignorant encore qui elle était vraiment, faisant tout pour la chasser loin de chez elle, hors de sa vie, pour que tout redevienne comme avant, normal.

Elle aurait dû savoir dès le début que ça n'arriverait pas, que ce geste désespéré de Henry qui était allé jusqu'à Boston tout seul, par ses propres moyens, malgré le danger qu'il pouvait courir loin de chez lui, parce qu'il n'avait plus personne vers qui se tourner, ne s'arrêterait pas là.

Que ce n'était que le début de sa chute, qu'elle aurait beau faire pour essayer de colmater les fissures dans son petit monde soi-disant parfait, celles-ci ne cesseraient jamais de grandir, jusqu'à ce que tout explose.

Si elle n'avait été qu'une mère adoptive craignant que la mère biologique de son fils ne vienne pour essayer de prendre sa place et de le lui reprendre, son comportement aurait pu être excusé.

Mais elle était la méchante reine aussi, et elle avait tenté de chasser celle qu'elle voyait comme une ennemie alors qu'elle ne cherchait qu'à l'aider.

Ironiquement, elle avait réussi d'ailleurs.

Cette première rencontre, cette façon dont elle avait agi vis-à-vis de la princesse, elle ne pouvait pas l'effacer ou la changer.

Mais elle pouvait faire en sorte que le futur se passe mieux.

Elle pouvait changer.

Et ce dîner n'était que le premier pas dans la bonne direction qu'elle espérait être suivi par bien d'autres.

Tout se passerait bien.

Il le fallait.

Et elle pouvait le faire, y arriver.

Tout irait bien.

Elle avait envie d'y croire en tout cas, même si elle n'avait aucune idée de ce qu'elle devait faire pour que ce dîner soit le plus normal possible.

Mais aucune d'elles n'était véritablement normale après tout.

Pas vrai ?

§§§§

Ce fut Henry qui les sauva.

Le petit garçon leur évita de rester coincés dans un silence gênant et embarrassant en leur racontant ses journées d'école de la semaine précédente (parce que oui, Cora ou pas, il avait continué de se rendre à l'école, même si les choses étaient clairement plus calmes et apaisées depuis que la reine de cœur était morte) tout en répondant à leurs questions ou en réagissant à leurs remarques.

Ce qui permit d'empêcher le vide de s'installer dans la conversation, au moins pendant un moment, et au moins, quand ils mangeaient ils n'avaient pas forcément à parler.

Et alors, Regina réalisa finalement qu'en fin de compte, avec une certaine stupéfaction, qu'au-delà de leur conflit et de leurs piques autour de Henry, ou des plans formés ensemble pour le retrouver ou pour combattre Cora, elle et la Sauveuse n'avaient en fait rien à se dire.

Ça n'aurait pas dû l'étonner, elle n'avait jamais appris à la connaître au-delà des informations qu'elle savait sur elle et son passé, n'avait jamais voulu le faire, parce que le faire c'était risquer de s'attacher à celle qui était son ennemie, et vue l'attitude qu'elle avait eue envers elle après son arrivée il était tout à fait normal qu'Emma n'ait pas voulu le faire non plus.

Seulement voilà.

Elles n'étaient plus ennemies désormais, ou du moins elles s'efforçaient de ne plus l'être.

Mais elle et Emma n'étaient pas amies non plus.

Comment auraient-elles pu l'être ?

Alors que la blonde ne savait qui elle était réellement, ce qu'elle avait fait, depuis si peu de temps et qu'elle avait à peine eu le temps de l'assimiler, alors quant au fait de la pardonner ou de commencer à l'apprécier, n'en parlons même pas.

Emma était une quasi-inconnue pour elle, alors même qu'elle la connaissait et la côtoyait depuis plus de trois mois.

Le fait qu'elle se soit entourée de murs n'aidait pas non plus, et Regina savait bien qu'elle en était en partie responsable.

Mais maintenant, les choses étaient différentes, elle voulait devenir son amie, pour de vrai, pas seulement pour Henry ou pour se faire pardonner de ce qu'elle lui avait fait endurer en tant que méchante reine, mais parce qu'en se battant à ses côtés, elle s'était attachée à elle, bien malgré elle.

Elle avait découvert une femme forte et courageuse, une héroïne, une mère prête à tout pour son fils même si elle ne le connaissait pas, et qui contrairement à elle ne lui avait pas fait du mal ni n'avait tenté de le manipuler ou de lui mentir.

Emma Swan, contrairement à elle, était quelqu'un de bien, et ce malgré toutes les épreuves qu'elle avait pu traverser.

Et Regina l'admirait sincèrement pour ça.

Elle laissa la conversation dériver ensuite sur Storybrooke et comment les habitants s'habituaient à leur nouvelle vie, surtout maintenant que Cora et Crochet ne les menaçaient plus, intervenant plusieurs fois mais sans jamais changer de sujet.

Ne parlant pas de ce que ça pouvait lui évoquer concernant la Forêt Enchantée.

Parce que parler de Storybrooke, c'était choisir la voie de la facilité.

Ne pas parler du passé.

Ne pas parler de l'enfance d'Emma, de sa vie dans la rue ou ballottée de famille d'accueil en famille d'accueil, elle qui aurait dû être une princesse et grandir dans un château sans jamais manquer de rien et vivre dans une famille aimante qui l'aurait élevée avec amour et protégée des dangers du monde.

Ne pas parler des crimes de Regina, du sang qui tâchait ses mains, des fantômes qui la hantaient encore et toujours.

Ne pas parler du sort noir, des vies brisées, de ce qui ne pourrait jamais être réparé, de la douleur, de la souffrance.

Ne pas non plus parler de Regina elle-même, de ses propres souffrances et blessures ou de ses cicatrices, des mauvais traitements de Cora ou de sa vie en tant que reine en deuil et enfermée dans une cage dorée, mariée à un homme qu'elle n'aimait pas et pleurant en silence celui qu'on lui avait arraché sans que personne à part son père ne voit ou ne se soucie de sa peine.

Ne pas parler de ce vide dans son cœur qu'elle n'avait pas été capable de combler avant d'adopter Henry.

Elle devrait le faire un jour, très certainement.

Mais pas aujourd'hui.

Pas alors que la trêve entre elle et Emma était encore si fragile, elle les avait aidés face à Cora, certes, mais ça n'effaçait pas le reste, ça n'excusait rien.

Emma non plus n'en parla pas, et la brune ne parvint pas à déterminer si c'était uniquement parce que Henry était là et qu'elle voulait le préserver ou juste parce qu'elle ne voulait pas aborder le sujet.

Quelle que soit la réponse, l'ancienne mairesse lui en était reconnaissante.

Et au final, malgré ses peurs, ils finirent par discuter tous ensemble, presque comme si de rien n'était, comme…

Comme une famille.

Ce qu'ils auraient sans doute été s'il n'y avait eu ni magie ni malédiction, juste une famille normale constituée de deux mères et de leur enfant (et de Neal peut-être aussi qui sait ? Elle ne savait pas exactement quelle place il aurait eu dans cette configuration, le connaissant trop peu. Aurait-il aussi abandonné Emma dans un univers sans magie ?).

Les choses auraient sans doute été plus simple comme ça, elles n'auraient pas été la méchante reine et la Sauveuse, non, elles auraient été deux mères essayant de composer avec l'autre mère de leur fils, la mère adoptive et la mère biologique tentant de faire ce qui était le mieux pour Henry.

Ou alors deux mères divorcées ou séparées l'une de l'autre qui essayaient de renouer avec leur ex-femme ou ex-petite-amie pour le bien de leur fils.

Regina aimait bien cette dernière image, parce que dans cette version de l'histoire, elle n'était pas celle qui avait ruiné la vie d'Emma, ici, personne n'avait eu le cœur arraché, personne n'avait été abandonné, personne n'avait souffert, personne n'avait perdu la mémoire.

Personne n'avait été arraché à son monde de naissance.

Et elle n'était pas un monstre.

Dans cet univers, les monstres existaient toujours mais au moins ils ne pouvaient pas agir comme bon leur semblait, ils n'avaient pas la magie pour parvenir à leurs fins.

Ici, Emma ne la détestait pas, et elles étaient amies, ici, elles s'étaient aimées, et elles étaient toutes les deux les mères de Henry, elles l'avaient toujours été, elles l'avaient élevé ensemble.

Ici, pas de conflit, pas de tentative de meurtre, pas de disparition dans un autre monde.

Ici, les choses n'étaient pas faciles mais bien plus simples et moins douloureuses.

Regina secoua imperceptiblement la tête pour chasser cette image qui était certes très belle mais qui ne verrait jamais le jour.

Parce que quels que soient ses efforts, leur relation ne serait jamais normale et si elle arrivait déjà à devenir amie avec Emma, ce serait déjà un miracle.

Elle se contenterait de ça, c'était bien plus que ce qu'elle méritait.

Et si voir Emma et Henry discuter ensemble, agir comme une mère et son fils, riant ensemble, formant ce lien dont ils avaient été privés pendant si longtemps, lui réchauffa le cœur pour des raisons qu'elle ne put ou ne voulut s'expliquer et lui donna envie de les considérer comme sa famille, tous les deux et malgré leur passé troublé, eh bien, ça ne regardait qu'elle et personne d'autre.

Et si aussi, alors qu'ils passaient au dessert (elle avait choisi de faire un gâteau au chocolat, pas un chausson aux pommes, vu leurs différents dans le passé à cause de ce fruit, elle avait jugé plus prudent de choisir autre chose pour un premier dîner pour ne pas faire passer ça pour une provocation), Emma lui sourit en réalisant qu'elle avait ajouté de la cannelle à sa recette parce qu'elle savait que tout comme Henry elle aimait ça, et que ça lui provoqua des papillons dans le ventre, elle décida de ne pas y penser.

De laisser ce sentiment de côté parce que de toute évidence, ce n'était rien du tout.

§§§§

Le dîner s'était bien passé en fin de compte, malgré les craintes de Regina, et même si elle savait qu'ils avaient volontairement laissé de côté les sujets sérieux susceptibles de créer du conflit, ou de provoquer de la rancœur et du ressentiment, et qu'elle savait aussi qu'elles devraient finir par en parler, elle était heureuse du résultat.

Et surtout, elle voulait que ce genre d'événement se reproduise.

Storybrooke était de nouveau calme, même s'ils ignoraient encore pour combien de temps, et Regina faisait tout pour changer et s'amender, alors peut-être que si elle voyait Emma et Henry plus souvent, les choses s'amélioreraient entre eux.

Qu'ils apprendraient à être une vraie famille, malgré le passé qui flottait perpétuellement entre eux, leur rappelant malicieusement et narquoisement qu'il leur restait encore un long chemin à parcourir.

Ils ne seraient jamais une famille normale, c'était une évidence, déjà parce que l'arbre généalogique d'Henry leur empêchait de l'être par sa complexité et sa simple existence, mais aussi parce qu'il n'y avait rien de normal dans le fait d'avoir dans sa famille la méchante reine, Blanche-Neige, le prince Charmant, la Sauveuse, et Rumplestiltskin qui était aussi la Bête et le Crocodile et beaucoup d'autres choses (trop), sans oublier Belle de La Belle et la Bête.

Cela Regina le savait, et Emma aussi, mais malgré tout la blonde semblait bien déterminée à faire en sorte que ça marche, malgré ce que Regina avait fait.

Regina ne méritait pas d'être sauvée, la sorcière en avait parfaitement conscience, mais ça n'avait pas empêché la princesse de le faire malgré tout, malgré elle.

Alors, même si ce dîner n'était qu'un tout petit pas, au moins, c'en était un dans la bonne direction.

Emma lui en voulait encore, elle le voyait bien.

Mais elle essayait et c'était bien plus que ce que n'importe qui d'autre aurait fait à sa place.

« Merci, lui dit-elle alors qu'elle lui disait au revoir, Henry étant déjà remonté dans la voiture après lui avoir dit au revoir.

(De toute évidence, il avait encore un peu de mal à faire comme si rien n'était arrivé ou à rester avec elle pendant un long moment, et même si ça lui déchirait le cœur elle comprenait.

Il avait besoin de temps.

Elle allait lui en laisser, autant qu'il en aurait besoin.)

Emma lui sourit.

- Merci à toi. C'était un super dîner.

- Je sais qu'on n'a pas parlé des questions qui fâchent, lui dit Regina. De ce qu'il va se passer après, maintenant que ma mère est morte et que je suis à nouveau libre. On va devoir le faire, tôt ou tard.

Emma lui envoya un regard grave.

- Je sais. Ce serait déjà fait si les choses avaient été plus simples, si la seule chose que j'avais à faire, c'était te passer les menottes. Sauf que ce n'est pas le cas.

- Parce que tu penses que je tenterai de m'enfuir avec mes pouvoirs ?

- Ça oui. Et parce que tu essaies de changer, vraiment. Que je ne sais pas comment juger quelqu'un qui a fait des choses dont le monde sans magie ne connaît même pas l'existence. Que je n'arrive déjà pas à savoir comment gérer Storybrooke et tout le bordel qui va avec et que… J'ai envie de te pardonner mais je ne sais vraiment pas si je vais pouvoir.

- Je sais.

- Et il y a Henry aussi, et le fait qu'on soit toutes les deux ses mères et ah ah, si on m'avait dit que je me retrouverais dans cette situation après être arrivée à Storybrooke en pensant n'y passer que quelques heures, je n'y aurais pas cru, ajouta-t-elle, tentant de détendre l'atmosphère.

Regina rit.

- Oui, je comprends. À ce sujet… j'aimerais parler à Neal. À propos de Henry, c'est son père et il compte faire partie de sa vie maintenant et je le connais à peine et je voudrais savoir comment on va faire pour s'organiser, de la manière la plus normale qui soit, du moins si c'est possible dans cette ville.

Cette fois, ce fut au tour d'Emma de rire.

- Je vois. Je vais le contacter dans ce cas.

- Un café chez Granny's lundi après-midi, ça lui irait ?

Emma hocha la tête.

- C'est parfait. Hum… au revoir.

Ces derniers mots avaient été lancés sur un ton gêné, comme si elle ne savait pas encore comment se comporter avec elle, et Regina comprenait parfaitement pourquoi.

Ça viendrait, un jour, elle se le promettait.

- Au revoir, lui répondit-elle avant de rentrer et d'aller se coucher, le cœur léger pour la première fois depuis la mort de sa mère. »

Qui sait, songea-t-elle avec espoir, peut-être les choses allaient réellement finir par s'arranger ?

A suivre…