Faire face au passé.

Titre du 17/09/2023 : Faire face au passé

Poisson : Neal Cassidy / Baelfire (OUAT)

N : Neal Cassidy

Jean Darling (OUAT)

Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas

Prénom 41 : Neal

Quatre aspects d'… Isabela (Encanto) : Grande sœur : Écrire sur un Weasley ou sur quelqu'un qui a des frères / sœurs

44) 50 nuances de OUAT

8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, cassons les préjugés, elles ont dit, quatre aspects, 50 nuances)

Jean et Michel attendirent le lendemain avant de sortir en ville.

En un sens, ils avaient toujours autant de mal à y croire.

Qu'après toutes ces années, tout ce temps à attendre d'enfin pouvoir trouver le chemin de cette ville cachée au reste du monde sans magie, ils soient enfin parvenus à la trouver.

Qu'ils allaient finalement réussir à récupérer Wendy aussi, après en avoir été séparés pendant près de littéralement deux siècles.

Ils ne l'avaient pas vue depuis cette nuit fatale où elle avait décidé de faire appel à l'ombre pour retourner au Pays Imaginaire et retrouver Baelfire, le ramener avec eux, à la maison, parce qu'elle ne supportait pas l'idée qu'il puisse être prisonnier alors qu'eux-mêmes étaient libres grâce à lui et à son sacrifice.

Par la suite, ils n'avaient plus eu affaire qu'au visage sinistre et grimaçant de Peter Pan, ou à son intermédiaire Félix.

Ils ne savaient même pas si elle allait bien, ils avaient entendu sa voix, quelques fois et brièvement, et c'était la seule chose qui leur permettait de savoir qu'elle était encore en vie.

Mais ce n'était pas la même chose qu'autrefois, quand elle était encore avec eux, et qu'elle s'était d'un seul coup jetée dans le vide en poursuivant une quête insensée.

Jean se souvenait distinctement l'avoir entendue leur dire juste avant de partir qu'elle rentrerait bientôt.

Oh si elle avait su alors à quel point elle se trompait, et ce que son choix aurait comme conséquences pour leurs vies et leur futur…

Ça n'aurait sans doute rien changé à sa décision, parce que sa grande sœur était courageuse, bien plus courageuse qu'il ne le serait jamais.

(Alors que c'était lui l'adulte et elle l'enfant désormais, que leurs rôles étaient inversés à cause de la magie et du temps, c'était définitivement le monde à l'envers.)

Alors qu'ils s'approchaient de l'école à l'heure de la sortie des élèves, ils n'eurent aucun mal à reconnaître Henry Mills comme étant le garçon du dessin qu'on leur avait montré.

Ils ignoraient qui au juste avait fait ce portrait, ou même d'où il venait exactement, mais il était très ressemblant.

Il était là.

Il était bien ici, en ville, comme Félix le leur avait dit, et tout ce qu'ils avaient à faire désormais, c'était l'enlever et l'emmener au Pays Imaginaire pour ensuite le livrer à Pan.

Et le pire dans tout ça, c'est qu'ils ne savaient même pas pourquoi.

Ils n'avaient pas la moindre idée de ce que Peter Pan avait l'intention de lui faire, pourquoi il le cherchait, pourquoi au juste il le cherchait depuis si longtemps.

Ça aurait dû les terrifier.

En un sens, c'était le cas, Jean savait que Michel était très perturbé d'ignorer quel était son but, mais Jean…

Jean, lui, n'en avait rien à faire, ou plutôt, il faisait comme si c'était le cas, parce que c'était bien facile comme ça.

Tout ce qu'il voulait, c'était que ça s'arrête, que le cauchemar cesse enfin, qu'il n'ait plus à être comme son frère à la merci de ce monstre sans cœur et sans âme.

Il voulait seulement qu'on lui rende sa sœur, que sa famille autrefois brisée soit à nouveau réunie, il voulait pouvoir pleurer ses parents et son enfance volée en paix, laisser le passé derrière lui et ne plus jamais y repenser de toute sa vie, ne plus avoir affaire à Peter Pan et à ses sbires durant le reste de son existence.

Apparemment, l'univers avait décidé du contraire.

Les deux londoniens ne restèrent pas longtemps pour ne pas paraître suspects, ils n'avaient rien à faire là après tout, c'était une école et ils n'avaient pas d'enfant à récupérer, et il valait qu'on ne les remarque pas, qu'on ne les soupçonne pas d'espionner.

(Parfois, Jean se demandait quel genre de vie ils auraient pu vivre si les choses avaient été différentes, si Baelfire et Wendy n'avaient pas disparu, si lui et Michel n'étaient pas devenus immortels et condamnés à une quasi-solitude qu'ils ne pouvaient pas briser.

S'ils auraient pu fonder une famille, être des gens normaux, s'ils auraient pu être heureux.

Ce qui lui fendait le cœur, c'était le fait qu'il ne pourrait jamais le savoir.)

Seulement, ils restèrent suffisamment longtemps pour voir un père en particulier venir récupérer son fils.

Un visage qu'ils ne connaissaient que trop bien désormais, après avoir veillé sur lui de loin durant plusieurs années.

Le visage de Baelfire.

Neal Cassidy.

Il ne leur fallut qu'une fraction de secondes pour comprendre en les voyant interagir brièvement.

Neal Cassidy était le père d'Henry Mills.

Et il était à Storybrooke.

Ce n'était pas prévu ça.

(Bordel, Félix et Pan leur avaient dit que Baelfire ne serait pas là, qu'il ne serait pas impliqué, et Jean n'arrivait même pas à savoir si c'était juste une information qu'ils ignoraient la dernière fois qu'ils les avaient contactés ou s'ils leur avaient menti délibérément.

Il ne savait pas laquelle des deux options lui aurait fait le moins mal.)

Ils s'éloignèrent rapidement, et Jean tenta d'esquiver le regard de son petit frère, de faire comme si de rien n'était, comme s'il n'avait rien vu, comme si ça ne comptait pas.

(Alors que ça comptait, bien sûr, évidemment, ça comptait plus que tout, au moins autant que Wendy parce que Baelfire avait été sa famille autrefois, et le simple fait de savoir qu'il était là et qu'il allait à nouveau souffrir à cause de ce maudit gamin immortel suffit à lui faire monter les larmes aux yeux.

Lui qui pensait ne plus avoir de larmes à verser à force d'avoir trop pleuré par le passé, il s'était bien trompé.

Ça aurait pu être réconfortant, de constater qu'il avait réussi à rester humain, qu'il ressentait toujours des émotions, qu'il n'était pas vide, mais son cœur hurlait à la mort aussi il n'arriva pas à réellement considérer ça comme une victoire.)

Ce fut Michel qui le força à s'arrêter, là où Jean aurait aimé continuer à marcher, et même courir, fuir loin de tout ça, de cet enfer, de ce jeu vicieux et tordu instauré par Peter Pan auquel il se trouvait incapable d'échapper, échapper à la douleur, retourner à cette époque où il ignorait que la magie existait et où tout était bien plus simple.

« Jean… Se contenta-t-il de lui dire, de sa voix d'adulte, et son grand frère se figea.

Malgré le temps, malgré les siècles, malgré leurs âges respectifs, il entendait toujours sa voix de petit garçon effrayé qui ne comprenait pas pourquoi Wendy et Baelfire étaient partis et qui lui demandait quand ils allaient revenir.

Et sa grand sœur n'était plus là, et Baelfire non plus, et leurs parents ne comprenaient pas où ils étaient passés, alors que lui savait, mais ils n'auraient rien écouté, ils ne l'auraient pas cru, et c'était à lui de prendre la place de l'aîné de leur adelphie désormais, mais il était trop jeune pour ça.

Il n'était qu'un enfant, un enfant qui avait peur de ne plus jamais revoir sa sœur de toute sa vie.

Un enfant dont la famille était désormais en lambeaux et qui n'avait aucune idée de quoi faire pour arranger les choses, pour réparer ce qui ne pouvait plus l'être.

Ça n'aurait pas dû se passer comme ça, ça n'aurait jamais dû arriver.

Il serra les poings de toutes ses forces, il n'allait pas pleurer, non il ne pleurerait pas, pas une fois de plus, il allait tenir, il devait tenir, parce que s'il pleurait, alors il ne s'arrêterait plus jamais et il s'effondrerait et Michel…

Michel avait besoin que son grand frère soit fort pour lui.

- Jean, répéta son frère d'une voix plus forte, sans doute pour attirer son attention. Ce… ce n'était pas prévu. Il n'était pas censé être là. Ils nous avaient promis de ne pas l'impliquer.

Ce sont des menteurs Michel, voulut lui hurler Jean, mais il avait hurlé tant de fois par le passé qu'il avait désormais peur que sa voix ne finisse par se briser à force.

- Ça ne change rien, lâcha-t-il, prétendit-il, prononçant des mots auxquels il ne croyait même pas lui-même.

Michel se plaça devant lui, les bras croisés et les sourcils froncés.

Ils étaient hors de la ville désormais, assez loin de la frontière, dans un lieu où avec un peu de chance, personne ne pourrait les entendre.

- Mais Jean, il s'agit de Baelfire ! De notre ami ! Et Henry…

Henry n'était qu'un visage autrefois, juste une figure anonyme parmi tant d'autres, une simple victime de plus du sorcier immortel.

Maintenant, il était plus que ça, il était aussi un nom, un enfant innocent, l'enfant de quelqu'un qu'il connaissait, et il était réel.

- C'est son fils ! Insista son petit frère avec obstination. On ne peut pas lui enlever son fils, on n'a pas le droit ! On ne peut lui faire ce que Peter Pan nous a fait en nous enlevant Wendy, ce… Ce ne serait pas juste !

- Ah parce que ce qu'on a vécu c'était juste peut-être ? Explosa finalement Jean.

Derrière ses lunettes, il ne voyait plus le monde qu'en flou.

Il lui fallut quelques secondes pour réaliser finalement qu'il avait fini par se mettre à pleurer en fin de compte, malgré tous ses efforts.

- Tu crois que c'est ce que je veux ? Que j'ai envie d'enlever un gamin innocent à sa famille ? Que je veux que l'histoire se répète ? Que Baelfire soit à nouveau séparé d'un membre de sa famille ? Que je veux lui infliger ça après tout ce qu'il a déjà vécu ? Bien sûr que non ! Mais si on veut avoir un jour une chance de récupérer Wendy, alors on n'a pas d'autre choix.

Michel le regarda avec tristesse avant de soupirer.

- Il doit forcément y avoir un autre moyen. Si on… si on leur parlait, si on leur expliquait la situation, peut-être qu'ils pourraient nous aider.

- Contre lui ? S'exclama Jean, incrédule. Non. Impossible. Et il saura si on parle. Il sait toujours tout.

Il aurait aimé ne pas exprimer autant d'amertume, mais il fallait bien que son petit frère comprenne que leur combat était déjà perdu d'avance.

- Alors puisque c'est la seule voie, poursuivit-il, tout ce qu'on a à faire, c'est… c'est trouver où leurs haricots magiques se trouvent, en voler, enlever Henry et faire ce qu'on a à faire. Et Wendy nous sera rendue.

Du moins il l'espérait.

Il avait grandi depuis l'époque où il croyait encore que l'ombre qui venait visiter leur chambre d'enfant la nuit ne leur voulait aucun mal.

Son petit frère hocha la tête.

- Ce serait mal, se contenta-t-il de dire et Jean se trouva incapable de le contredire à ce sujet.

Il ne savait pas ce que Peter Pan comptait faire au juste avec le garçon, mais il savait déjà qu'il ne lui voulait pas de bien, et quoi qu'il advienne, il aurait son sang sur les mains.

Mais ça n'avait pas d'importance.

Pour sauver Wendy, il était prêt à tout, si c'était le seul moyen.

Et il était évident que c'était le cas.

Ça ne l'empêcha pas de verser quelques larmes supplémentaires en songeant qu'il allait trahir l'un des seuls amis qu'il avait jamais eu et qui soit encore en vie.

Je suis désolé Baelfire.

Par les dieux, je suis tellement désolé.

Même penser au sourire radieux de Wendy une fois qu'elle serait libérée et qu'ils seraient enfin réunis ne fut pas suffisant pour le réconforter.

Alors qu'il rentrait à nouveau en ville, il souhaita presque être capable comme certains sorciers de s'arracher le cœur.

Ainsi, il ne serait sans doute pas senti aussi mal en songeant à ce qu'il serait obligé de commettre comme crime dans le futur…

A suivre…